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Graal

Données générales

Date de stabilisationLieu de la stabilisationLieu d’utilisation principalÉquivalents approximatifsÉléments d’ensemble
1180 (Perceval ou le Conte du Graal)FranceOccident Coupe de Jamshid Armes du Christ
Nourriture d’immortalité

Descriptions

Présentation

► Issu de la littérature médiévale et mentionné pour la première fois par Chrétien de Troyes in Perceval ou le Conte du Graal lors de l’épisode du Roi pêcheur, le Graal est un important symbole pour le christianisme ésotérique et en tant que continuateur du Chaudron d’abondance et de résurrection du Dagda, pour le christianisme celtique en particulier. On a également rapproché ce motif de légendes hunniques et sarmates.

↪ D’abord plat creux porté par une jeune fille chez Chrétien, l’objet est initialement et selon Wauchier de Denain, capable d’offrir à chaque chevalier de la Table ronde le plat qu’il préfère, se rapprochant par là du symbolisme de la Cornucopia. Boron l’associera au calice de la première cène et vase dans lequel Joseph d’Arimathie, dont il réinterprète l’histoire, recueille le sang du Christ.

↳ Le Graal est notablement développé par l’embranchement païen du Parzival d’Eschenbach qui identifie le précieux objet à une pierre lapsit exillis que Waite in Le Graal sacré, histoire et symbolisme identifie à l’émeraude frontale de Lucifer. Bien ultérieurement, Thomas Malory identifia cette émeraude comme étant la matière constitutive du plat qu’il conçoit en outre, en forme de coupe. Eschenbach situe le Graal au château de Montsalvage, bâti par le roi Titurel en Sauveterre : De vaillants chevaliers ont leur demeure à Montsalvage où l’on garde le Graal. Ce sont les Templiers, ils vont chevauchant au loin en quête d’aventure indique l’ermite Trevrizent à Parzival.

↪ Puis, depuis son utilisation par Robert de Boron in Le Roman de l’histoire du Graal, notion qu’il tira de l’Évangile de Nicodème, il symbolise les significations qu’on lui connaît communément : la force vitale du Christ ainsi que la grâce divine qui en découle pour celui qui peut le boire. Il porte alors l’idée du sacrifice christique et incarne à la fois le saint calice et par voie de conséquence, le calice de la messe en tant que contenant d’une part du Saint-Esprit et d’autre part du saint sang du sauveur.

■ On a voulu faire dériver le mot "graal" du Grc. κρατήρ (kratḗr) {mortier, bol à mixer le vin}. On trouve un rapprochement de sens avec Le Cratère du Corpus Hermétique ou Hermès fait dire à Dieu : Baptisez-vous, si vous le pouvez, dans le cratère, vous qui croyez que vous retournerez à celui qui l’a envoyé, vous qui savez pourquoi vous êtes nés.. Un autre rapprochement serait à observer avec le khetemet, vase scellé et igné contenant les lymphes d’Osiris qui est caché dans la Ro-Sétaou, région difficile d’accès de l’au-delà. La possession de ses secrets rend immortel.

■ Corbin a fait remarquer dans son Islam Iranien, les convergences que l’on peut noter entre les "amis de Dieu" d’orient et d’occident, c’est-à-dire des musulmans qui privilégient le symbolisme ésotérique et la quête initiatique et des chrétiens chez qui prédomine la chevalerie spirituelle et mystique. En outre, la quête du Graal ressemble au Récit des choses étranges et merveilleuses qu’il avait contemplées et vues de ses yeux dans l’île Verte située dans la mer Blanche (XIII) de Alî ibn Fâzl Mâzandarânî.

I. Sens général

↪ Ainsi, le Graal ou plutôt le liquide qu’il contient, est nourriture d’immortalité : il en détient toutes les qualités car il est capable de nourrir et d’offrir le don de vie par la guérison et l’immortalité, d’éclairer l’entendement par l’illumination spirituelle et enfin, il fait bouillir d’une invincible puissance.

↳ En somme, par son influence céleste, absorbeur et cristallisateur d’étoiles, tombe et fontaine sacrée, allégorie de la vierge Marie, aether contenant le verbe du christ, il apporte délivrance de la condition Humaine, c’est-à-dire la vision du plan spirituel, en somme, la plénitude et le salut de l’âme par l’obtention du noyau d’immortalité, centre de la table ronde, depuis lequel tout émane et sur lequel tout est bâti.

Interprétations

► Les recherches universitaires et la littérature ésotérique à son sujet est fort abondante ce qui émaille son réseau de significations d’une symbolique riche qui se résume alors dans une large synthèse. Aussi, il fait l’objet d’un nombre considérable de spéculations en fonction du point de vue à partir duquel ont démarré les différentes réflexions : on a voulu l’identifier à une personne ou un lieu, une lignée ou encore une partie du corps Humain. On l’a encore associé aux templiers et aux cathares comme en témoignent pour Roché ou Gadal, les peintures rupestres du Château de Montréal-de-Sos 🗎⮵.

↪ Le Graal est fondamentalement lié à la lance de Longinus et lorsque les deux objets, importantes Armes du Christ, chaudron de Dagda et lance de Lug, sont mis en relation on pensera immédiatement à la dualité cercle et axe.

↪ Lors de la rencontre avec le Roi pêcheur, Chrétien associe également deux chandeliers d’au moins dix bougies et un tailloir d’argent, probablement la patène recouvrant le calice sacré. Ces indications ont poussé certains auteurs à mettant les ustensiles en parallèle avec le symbolisme du caducée ou d’un point de vue anatomique avec la colonne vertébrale et un crâne en coupe horizontale, rejoignant ainsi la version de Peredur ab Evrawc et les traditions orientales.

I. Conditions

Incarnation de la quête spirituelle en elle-même, son obtention exige des conditions intérieures spécifiques qui sont, outre l’attitude contemplative tournée vers les réalités spirituelles, d’abord la sincérité d’intention qui confine l’amour et ensuite, l’ardeur dans le désir de le découvrir qui confine à la foi. La notion d’un point de vue chevaleresque est également dans le service désintéressé à autrui, amour spontané perdu par l’Homme lors de son incarnation et permettant de faire circuler la force céleste dans le pressoir Humain : à mesure que l’on dépense horizontalement ses forces, on accentue la réception de la transcendance verticale.

↪ Le Graal est ainsi un récipient ésotérique, crée par Dieu le Père et modelé par le Christ et ses apôtres, gardé par Arthur et ses chevaliers sous l’impulsion de Merlin. Il contient une eau véritable qui étanche la soif fondamentale de l’Homme mais qui ne peut être atteinte ou bien assimilée que lorsque un être à atteint un degré suffisant de pureté et d’exaltation, équilibre de Galaad entre le fougueux Bohort et le naïf Perceval.

separateur

■ Il y a un certain nombre de publications intéressantes en ligne, 𝕍 tout de même d’abord :

L’Évolution mystique du Graal in Bulletin de l’Association Guillaume Budé (15, pp. 68-82), Louis Stinglhamber, 1956 Lien vers le document sur Persée

Recherches sur les origines indo-européennes et ésotériques de la légende du Graal in Cahiers de Civilisation Médiévale (30, 117, pp. 45-63), Jean-Claude Lozachmeur, 1987 Lien vers le document sur Persée

Perceval le Gallois, Brân le Méhaigné et le symbolisme du Graal in Revue belge de Philologie et d’Histoire (62-3, pp. 463-473 ), Claude Sterckx, 1984 Lien vers le document sur Persée

Le Saint Graal et les rites eucharistiques in Romania (218, pp. 174-194), Eugène Anitchkof, 1929 Lien vers le document sur Persée

● Ainsi que Les Romans du Graal et le culte du Précieux Sang in Tabularia (Études), Edina Bozoky, 2009 Lien vers le document sur OpenEditions