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Aurore des Philosophes (L’)
Aurora Philosophorum


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
ecr. Gerhard Dornpubl. 1577Littératurepubl. AllemagneAlchimieNon applicable

■ La plupart du temps, plusieurs notes accompagnent le texte sur internet, n’ayant pu déterminer leur source d’origine, nous nous abstenons de les reproduire.


Texte : PSI (est-ce celle de Gorceix ?).

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Aurora Philosophorum c’est-à-dire La belle aurore des sages, vraisemblablement écrite en latin par le très instruit Gerhard Dorn et dédiée à Théophraste Paracelse.

Chapitre I - De l’origine de la pierre philosophale.

Le premier inventeur de tous les arts, c’est Adam, Adam qui a eu de tout une parfaite connaissance, avant et après la chute, connaissance qui lui a permis de prédire la destruction et l’engloutissement du monde sous l’eau du déluge. Voilà pourquoi ses descendants ont dressé deux tables de pierre, dans lesquelles ils ont gravé tous les arts naturels, en les consignant au moyen de caractères secrets et occultes, auxquels ils donnèrent le nom de hiéroglyphes : cela afin que leurs descendants aussi pussent avoir connaissance de telles prédictions et afin qu’ils pussent en tenir compte, lorsqu’ils envisageraient le temps des périls futurs.

De ces tables, Noé ensuite en trouva une au pied du mont Ararat en Arménie, quand se fut retirée l’eau du déluge. Elle consignait le cours aussi bien du firmament supérieur que du globe ou de la sphère inférieure, en même temps que le cours des planètes. Ensuite, cette connaissance et cette science universelles se sont répandues par fragments, en morceaux différents.

Mais leurs forces s’en sont trouvées à ce point amoindries que pareille dispersion eut pour conséquence la spécialisation.

Entendons que l’on devint soit astronome, soit mage, soit kabbaliste, soit alchimiste. Le forgeron Abraham Tubal-Caïn, maître de toutes les opérations sur le bronze et sur le fer, et, de surplus, prodigieux astrologue et arithméticien, importa cet art d’Égypte en terre de Canaan, car les Égyptiens étaient parvenus à de telles hauteurs que ce sont eux qui transmettaient aux autres nations et aux autres peuples le savoir-faire, la sagesse et l’art en ces domaines. Ainsi, grâce à son art de la vraie magie et de la sagesse des choses naturelles, le saint patriarche et le respectable Jacob teinta de couleurs différentes ses brebis, avec des taches multicolores, en mettant au moment de la reproduction des baguettes écorcées dans les abreuvoirs, afin que l’imagination excitée des bêtes à la vue de ces baguettes en assimilât les images et leur fît concevoir des petits mouchetés de toutes les couleurs cela se passait- en l’an 2499 après la création du monde. Les Chaldéens, les Hébreux, les Perses et les Égyptiens ont de tout temps fait apprendre à leurs chefs, à leurs supérieurs et à leurs grands prêtres, en sus de la théologie, de l’instruction sur les questions divines, les arts libéraux, les arts naturels qu’ils considéraient comme une philosophie, comme une sagesse suprême. C’est ce qui se passa dès l’époque de Moise : des médecins et des apothicaires, qui étaient aussi des mages et des connaisseurs de la nature, étaient capables de se prononcer sur les problèmes de santé, dans le cas notamment de la lèpre, et ils pouvaient prescrire les médicaments propres au maintien d’un bon état physique. Ces médecins mêmes furent élus à la prêtrise. Moise en personne fut instruit dans les écoles d’Égypte, par le soin assidu et par l’attention de la fille du Pharaon, en toutes sortes d’arts de qualité, et son instruction a été si poussée qu’il devint, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres, « puissant dans la sagesse » (7, 22). De même, Daniel a sucé pour ainsi dire dès l’enfance l’art et les enseignements des Chaldéens, et il reçut un enseignement de trois ans, lui et ses compagnons, en écriture et en langue chaldéennes, comme le montrent ses prophéties et l’interprétation des mots : Mené Mené Teqél et Parsîn, en l’an 2429 après la création du monde (Daniel, S, 26). Ses paroles, c’est par l’esprit prophétique et par l’art kabbalistique qu’il a fallu les comprendre et les expliquer. Cet art et cette sagesse kabbalistiques ont été très communs et très courants chez Moise et chez les prophètes, par transmission orale, par enseignement du père au fils. Mais ce ne sont pas seulement les enfants d’Israël mais aussi les anciens sages qui ont tiré de cet art naturel, profond et secret la connaissance exacte du Seigneur Dieu, et qui, grâce à lui, ont pu pratiquer plus rigoureusement et mieux ses commandements et ses lois. L’on trouve dans les livres de Samuel que les Berelistes refusèrent de faire cause commune avec le diable et de lui obéir. La volonté divine leur communiqua alors des visions et des apparitions authentiques dont nous informerons plus amplement dans le livre sur les choses célestes.

Ce don merveilleux n’a donc été donné et accordé qu’aux prêtres et aux bienheureux qui ont fidèlement pratiqué les commandements de Dieu.

Les Perses pratiquaient également l’usage que voici : n’étaient élus rois et n’étaient élevés à pareille dignité que les hommes instruits et fort sages, consacrés aussi bien par leur réputation que par leurs actes, ce que prouve et démontre également le nom qu’ils conféraient à leurs rois : ils les disaient « sophoi », c’est-à-dire sages. Tels étaient justement les trois mages venus d’Orient, qui rendirent visite à Jésus-Christ en venant du levant et qui avaient reçu le titre de connaisseurs de la nature. Aussi les Égyptiens, après avoir recueilli cette magie et cette philosophie des Chaldéens et des Perses, ont-ils également voulu que leurs prêtres et leurs chefs sondassent et apprissent cette sagesse avec zèle, ce qui leur a permis de puiser un profit qui leur valut l’admiration de tous les peuples voisins. Voilà pourquoi Hermès est vraiment et véritablement Trismégiste, entendons, le plus grand, le plus puissant, le plus sage, lui qui, et comme après lui, Zoroastre, fut roi, prêtre, prophète, maître sage et avisé pour tout ce qui a trait à la nature.

Chapitre II - Où il est expliqué que les Grecs ont appris auprès des Égyptiens une part importante de ladite sagesse et que cet art ensuite, de là, est venu jusqu’à nous.

Quand le fils de Noé, vingt-sept ans après le déluge et environ en l’an 1680 du monde, eut pris possession du tiers du monde, cet art se mit à s’épanouir en Chaldée, en Perse, avant d’être propagé en Égypte. Quand les Grecs idolâtres et superstitieux eurent flairé la mèche, les plus nobles et les plus intelligents d’entre eux se rendirent en Chaldée et en Égypte, afin de puiser et afin d’apprendre •ladite sagesse dans leurs écoles. Mais comme ils ne trouvaient pas goût à l’enseignement de la parole divine par la sainte Bible et par la loi de Moïse, comptant sur leur raison et sur leur entendement propres, voulant dépasser Dieu en habileté et en intelligence, ils s’écartèrent du fondement et des fondations de tous les arts naturels, secrets et cachés, sombrant dans la suffisance, comme nous pouvons lé constater dans leurs livres, quand ils parlent et quand ils traitent de l’enseignement de Moïse en termes méprisants, fabulants et moqueurs. De plus, les Égyptiens avaient coutume de ne pas exposer leurs enseignements de qualité en matière de sagesse tout de go et en plein jour, mais par le biais de figures et d’énigmes, de mots obscurs et de récits étrangers, récits que le grand poète Homère consigna par la suite en vers, avec un art merveilleux. Pythagore vint ensuite, et y ajouta de nombreux extraits de Moïse et de l’Ancien Testament, de même qu’Hippocrate, Thalès et Milet, Anaxagore, Démocrite et d’autres qui les ont pratiqués et qui y font fait montre de leur intelligence, bien qu’aucun n’eût possédé la véritable et authentique astrologie, géométrie, arithmétique et médecine, entendons, la connaissance des astres, de la terre, des nombres et de la médecine, et bien qu’ils n’eussent possédé aucune explication exacte et vraie. C’est que leur propre orgueil et leur présomption les entravèrent, les précipitèrent dans l’erreur, car, dès qu’ils eurent compris quelques bribes des Chaldéens et des Égyptiens, ils éclatèrent de fierté, se fiant à leur intelligence plus qu’il n’était dans leur nature, se mettant à préciser la tradition par une masse de trouvailles subtiles et faussement inventées, osant écrire leur propre philosophie en s’appuyant sur les subtiles élucubrations de leur cerveau. Cette philosophie, elle ne s’est pas seulement imposée chez eux, elle s’est ensuite répandue chez les Latins qui, pas moins que les Grecs, une fois qu’ils en ont été quelque peu instruits, ont eux aussi voulu faire montre de leur intelligence, ajoutant leurs annexes, leurs ornements et leurs corrections. Cette soi-disant philosophie s’est alors répandue à partir d’eux dans toute l’Europe, imprégnant la quasi-totalité des académies et des hautes écoles, que l’on a fondées pour la servir et pour y instruire la jeunesse. Aujourd’hui encore l’instruction qu’on en donne est si opiniâtre qu’ils s’y accrochent comme s’il s’agissait de Dieu, oubliant Moïse et les prophètes, la défendant et la respectant jusqu’à verser leur sang pour elle, pas seulement en Allemagne, dans toutes les autres nations également. Si quelqu’un formule des propositions conformes a la vraie philosophie, à la philosophie authentique fondée sur la parole divine, mais contraires à la leur, il n’est pas seulement l’objet du mépris, des moqueries et des rires, il est même l’objet de poursuites. Le vieux proverbe a toujours sa valeur : le monde veut être dupe. Qu’il en soit fait selon leur volonté !

Chapitre III - Ce que les Égyptiens. ont enseigné dans leurs écoles.

Les Chaldéens, les Perses et les Égyptiens ont eu des secrets de la nature une connaissance identique, une religion et un service divin également identiques, et les différences n’étaient que des différences de nom. Les Chaldéens et les Perses nommaient ainsi leur enseignement « sophia » et « magia », c’est-à-dire la vraie sagesse. Les Égyptiens, dont le service divin reposait sur l’offrande, appelaient leur sagesse le salut de la prêtrise. Ils enseignaient jadis dans leurs écoles simultanément la magie des Perses et la théologie des Égyptiens. Mais malgré la multitude des écoles et des hommes de science, en Arabie, en Afrique et en Grèce, Albumazar, Abenzagel, Geber, Rhasis, Avicenne, chez les Arabes, chez les Grecs, Machaon, Podalire, Pythagore, Anaxagore, Démocrite, Platon, Aristote et Rodianus, nombreuses ont été les dissensions, et, pour les raisons évoquées, le manque d’harmonie avec l’authentique et la vraie philosophie et sagesse des tiens. Pour ces raisons, Pythagore a refusé le titre de « sage », prétendant qu’il n’avait pas une connaissance suffisante de la sagesse et du salut pratiqués par les prêtres égyptiens, et que son instruction en la matière était véritablement incomplète. Et bien qu’Anaxagore en eût tiré de profonds mystères, comme il parait dans les disputes qu’il a laissées après sa mort à propos de l’or et de la pierre d’or, il n’empêche que, sur bien des points, il est en contradiction avec les Egyptiens.

C’est la raison pour laquelle lesdits auteurs ont eux aussi refusé le titre de « sages » ou de « mages ». Ils ont suivi l’exemple de Pythagore, en s’attribuant le titre de « philosophes », d’amateurs de la sagesse. « Philosophie » en effet signifie : amour, penchant pour la sagesse. De fait, ils n’en ont acquis que de petites étincelles, l’ombre seule pour ainsi dire de la vraie magie, celle des Perses et des Égyptiens. C’est Moïse, Abraham, Salomon, Adam, Élie, les mages venus d’Orient adorer jésus, et les autres prophètes, qui étaient les mages, les sages vrais et authentiques, sages et kabbalistes instruits par le Verbe de Dieu dans les choses célestes et naturelles. De ces arts et de cette sagesse, les Grecs n’ont eu que peu d’expérience, voire quasiment aucune. C’est la raison pour laquelle nous délaissons, méprisons et dédaignons à juste titre la soi-disant sagesse grecque, construction imaginaire créée de toutes pièces, qui s’écarte sous tous les angles de ces arts authentiquement vrais dont le fondement et dont la base sont le Verbe divin.

Chapitre IV - En quoi ont consisté la magie et la sagesse des Chaldéens, des Perses et des Égyptiens.

Nombreux sont ceux qui se sont fait fort non seulement d’explorer mais aussi de mettre en pratique et dans l’usage public - ils ont échoué jusqu’aujourd’hui - la sagesse la plus secrète des mages, des Chaldéens, des Perses et des Egyptiens. Nombreux sont à notre époque ceux qui la célèbrent et la qui placent très haut, malgré leurs contradictions apparentes et multiples, le très savant Trithème, l’abbé de Sponheim, l’Anglais Bacon et Cornelius Agrippa dans leurs publications sur la magie et sur la kabbale, nombreux aussi, sans qu’ils s’en expliquent, leurs détracteurs. Or, la vraie et authentique « magie » est un art et une pratique qui permettent d’accéder à la connaissance des éléments, à celle des propriétés des corps composés et des produits élémentaires, à celle de leurs pouvoirs et de leurs opérations cachées. La kabbale, quant à elle, de par le contenu de son intelligence secrète, montre la vraie route, le vrai chemin qui permettent à l’homme d’accéder au Seigneur Dieu, qui explique comment se conduire avec lui et ce qui, dans son Verbe, doit être annoncé et révélé. Bref, la kabbale, dialogue sacré avec Dieu, est pleine de mystères célestes, cependant que la magie, elle, est la sagesse des mystères naturels. Cette dernière, en effet, instruit de la manière dont il convient, se fondant sur les choses naturelles, de pronostiquer et de prévoir présent et avenir, avant de décrire les opérations des choses naturelles en connaissance de cause. Cette connaissance concerne toutes les créatures, les corps autant célestes que terrestres, intérieurs autant qu’extérieurs, elle concerne également les énergies et les opérations secrètes que recèle chaque chose, leur destination et leur vocation premières, et les propriétés dont elles sont en fin de compte dotées. Tels sont en effet les liens qui rattachent et qui relient les choses célestes aux choses terrestres, tangibles dans leurs opérations et dans leurs actions. Cette liaison, cet influx des énergies célestes dans les corps inférieurs terrestres et élémentaires ont reçu des mages et des sages le nom de « Gamahea », qui désigne les fiançailles et le mariage des énergies et des propriétés célestes et des corps terrestres inférieurs, comme s’il s’agissait d’un homme et d’une femme. C’est ainsi que se produit le très remarquable mélange de tous les corps célestes et terrestres, du soleil et des planètes, des végétaux, minéraux et animaux, c’est-à-dire, des plantes, bêtes et métaux. Certes, le diable a mis tout son zèle et tout son sérieux dans son désir d’obscurcir et d’enténébrer ladite lumière. ’Son échec n’a pas été total: il en a privé la Grèce presque entière, introduisant chez les païens spéculations et fantasmes humains, et des blasphèmes à l’égard du Dieu tout-puissant et du fils qui est né en lui. C’est que la magie authentique et vraie tire son origine du Ternaire divin et de la trinité divine. Aussi Dieu, dans sa toute-puissance, a-t-il marqué de ce Ternaire ou chiffre trin toutes les créatures, gravant en elles de son doigt divin cette trinité secrète et hautement cachée, si bien que rien parmi toutes les choses naturelles en tout ce monde ne peut être trouvé ni présenté qui soit dépourvu et dépouillé des secrets de cette divine trinité et qu’on ne puisse rendre visible et pour ainsi dire apparente. C’est que, comme le dit l’apôtre Paul aux Romains (1, 20), la créature désigne pour ainsi dire le créateur, elle permet de le connaître. Or l’alliance du Ternaire divin, épandue par la substance tout entière de toutes les choses essentielles, est indissoluble, c’est d’elle que nous puisons à partir des quatre éléments également le mystère de la nature tout entière. Le Ternaire en effet, ou chiffre trin, produit avec le Quaternaire magique, ou le chiffre quart, le Septénaire parfait, chiffre sept doté de nombreux mystères. Et lorsque ce Quaternaire repose au sein du Ternaire, la lumière jaillit à l’horizon de l’éternité, et elle nous offre le lien tout entier qui nous unit à Dieu, notre Père céleste. S’ajoutent ensuite toutes les énergies et opérations de toutes les créatures, et leur usage, préfiguré dans leurs mystères, signes, caractères et figures, si bien qu’il n’est pas de point, le plus infime qui soit, qui demeure caché, et qu’il soit impossible de manifester par un examen attentif. Dès que le Quaternaire et le Ternaire s’élèvent en effet enfin dans le Denaire, c’est l’entrée dans l’unité qui se produit. Voilà en quoi consiste la sagesse secrète et cachée de chaque chose, sagesse qu’a révélée le Dieu tout-puissant aussi bien en son Verbe que dans les créatures, œuvres de ses mains, afin que les hommes eussent une connaissance véritable de ces domaines que nous exposons par ailleurs en détail.

Chapitre V - De la plus noble substance et de l’essence de toute chose.

Par leur sagesse, les mages ont confirmé qu’il fallait que toutes les créatures fussent conduites à la substance unifiée et à l’essence, qu’elles fussent portées, comme ils l’expriment, par purifications et purgations, à un degré tel de subtilité qu’elles endossassent une nature céleste, une propriété cachée qui fit merveille. Ils ont d’abord considéré qu’il fallait dans un premier temps convertir en terre ladite substance, avant que n’en sortît, par la plus haute des séparations et purifications magiques, une substance absolument parfaite. Celle-ci devait, à la suite de préparations difficiles et réalisées avec art, passer des substances végétales en minéral, de minéral en nature métallique, avant que ne fût transformée et élaborée à partir de l’essence des métaux parfaits l’essence céleste et éternelle, essence qui comprend en elle l’opération de toutes les créatures célestes et terrestres. Les Arabes comme les Grecs ont fini par avoir accès à ces mystères cachés et à ces secrets, par les caractères secrets et les descriptions hiéroglyphiques des Perses et des Égyptiens, et après avoir saisi et compris cette science d’une certaine manière, et souvent pas du tout, ils n’en ont pas moins acquis une pratique et une expérience qui leur ont permis de voir de leurs yeux bien des merveilles. Mais parce que les opérations surnaturelles et célestes ont un fondement bien plus profond et bien plus caché que ce que pouvait comprendre leur entendement, ils n’ont pas voulu appeler ce mystère le mystère supra-céleste, de l’avis et à la manière des mages, mais seulement le mystère de la philosophie, ou bien, selon l’avis de Pythagore, la pierre des philosophes. Aussi tous ceux qui l’ont obtenue l’ont-ils masquée en utilisant des noms fort étranges, des comparaisons et des figures embrouillées et trompeuses, afin que leurs descendants en ignorassent au moins la matière et ne pussent en avoir la moindre connaissance.

Chapitre VI - Des différentes et multiples erreurs concernant la matière, sa découverte et sa vraie connaissance.

Les philosophes ont attribué à ladite matière de la pierre des noms merveilleux et énigmatiques, qu’ils ont empruntés par comparaison à bien d’autres domaines, ce qui fait dire à Arnaud de Villeneuve dans son Rosaire qu’il est très difficile et très pénible de découvrir la matière de la pierre : car ils l’ont nommée végétale, c’est-à-dire verdoyante, minérale, c’est-à-dire métallique, animale, c’est-à-dire vivante et provenant d’animaux. Il est évident qu’il ne faut pas prendre ces termes à la lettre, comme en ont suffisamment conscience ceux qui ont l’expérience de ces mystères célestes, et comme le prouve l’exemple de la lunaire de Raimond Lulle, dont les fleurs ont de merveilleux pouvoirs. Il montre à tous .les vrais philosophes qu’il ne s’agit pas là de réaliser par ce moyen une projection métallique ou une préparation de ce type, mais qu’il faut appliquer son intention et ses efforts à des matières différentes, plus secrètes. De la même manière, ils ont donné à la matière un autre nom, celui de « martegon », arbrisseau auquel ils ont attribué une opération alchimique cachée, quand il ne s’agit en propre que d’une comparaison sous forme d’énigme. C’est la cause d’importantes erreurs à propos des sèves végétales grâce auxquelles de nombreux chercheurs se font fort de coaguler le mercure avant de le transformer en argent au moyen d’un liquide fixateur, pensant qu’ils parviendraient au grand art, s’ils réussissaient sans apport métallique. Et si certains fluides ou sèves végétales peuvent conduire à ces résultats, c’est exclusivement à cause de la graisse, de la résine et du soufre terrestre qu’ils contiennent à profusion. Cette graisse attire l’humidité mercurielle voisine, elle se mélange avec sa substance et elle la coagule, mais sans utilité ni profit. Le soufre grossier, extérieur et combustible que contiennent les végétaux est tout à fait impropre en réalité à la projection parfaite, comme nous en avons fait l’expérience au prix de beaucoup de peine et à grands frais. Même si certains ont réussi la coagulation à partir de la sève blanche et laiteuse du tithymale, de par le mercure épais, corrosif et durable qu’il contient - à cette sève ils ont donné habituellement le nom de lait virginal -, il s’agit là d’un fondement faux et vide qui n’a aucune durée. De même pour le jus de chélidoine dont la couleur jaune a l’aspect apparent de l’or : ils se sont faussement imaginés qu’en l’arrachant à une certaine époque, ils pouvaient en extraire l’âme ou la quintessence, préparer grâce à elle la teinture coagulante susceptible de réaliser la transmutation métallique, ce qui n’est qu’imagination pure et source de folles erreurs.

Chapitre VII - De l’erreur de ceux qui cherchent, comme nous venons de le dire, la pierre philosophale dans les végétaux.

Certains prétendus alchimistes ont fait cuire le jus desséché de la chélidoine, jusqu’à ce qu’il formât un liquide épais, et ils l’ont mis au soleil afin qu’il se coagulât en une masse dure qu’ils ont ensuite réduite en une poudre de couleur noire, et projetée sur le mercure afin d’obtenir la transmutation en or. Mais c’est en fait travail vain et fou. D’autres ont ajouté à cette poudre du sel ammoniacal, d’autres du colcotar de vitriol, pensant parvenir par ce moyen au vrai but et à la bonne fin. Ils l’ont dissoute dans de l’eau jaune, afin que le salmiac de la teinture pénétrât la substance mercurielle. Ce fut l’échec. D’autres ont pressé du jus de persicaire, de pulicaire, de crapaudine, de serpentaire, des feuilles de saule, de la cataputia, herbes à merveilles ou ricin, de l’ortie et autres, ils l’ont enfermé durant plusieurs jours dans un récipient en verre avec du mercure et déposé dans de la cendre. Le mercure a été réduit en cendre et en poussière, mais en vain, sans utilité ni profit. Ces bons compagnons ont donc été trompés, pour avoir seulement entendu crier la populace qui prétend que celui qui réussirait à coaguler le mercure sans y adjoindre de métaux parviendrait à coup sûr à l’art, comme nous venons de le dire.

Nombreux ont été donc ceux qui, avec art, ont extrait des végétaux du sel, de l’huile et du soufre, mais en vain, perdant effort et travail. Il est en fait impossible de réaliser à partir de ces sels, huile et soufre une coagulation du mercure, une coction ou une teinture parfaites. Si les philosophes ont comparé la matière à un arbre à sept branches d’or, c’est qu’ils ont voulu faire comprendre que celle-ci contient en elle, dans sa semence et dans son sperme, les sept métaux, tous cachés en elle. Voilà pourquoi ils ont dit leur matière « végétale ». D’autre part, de même que les abeilles portent des fleurs multiples en un temps précis, de même c’est au moment de la floraison que la matière de la pierre révèle ses belles couleurs. Troisièmement : parce que la terre philosophale engendre une matière sous forme d’un surgeon qui sort de la terre spongieuse et qui élève vers le ciel le fruit de son arbre, ils ont prétendu que le combat tout entier avait lieu au sein de la nature des végétaux et de ce qui croît, point en leur matière ; (Retranscription corrompue, "dernièrement ?") parce que leur pierre contient une âme, un corps et un esprit, comme ce qui verdit et comme ce qui croît.

Chapitre VIII - De ceux qui cherchent la pierre philosophale dans les animaux.

Nombreux sont les philosophes de cette espèce qui ont symboliquement appelé leur matière lait virginal », et, de par sa couleur de rose, sang bénit, qualificatifs qui conviennent uniquement aux prophètes et aux enfants de Dieu. Aussi les sophistes ont-ils recueilli cette matière philosophale dans le sang des animaux ou des hommes qui se nourrissent de viande. D’autres ont cherché dans l’urine, dans l’urée, dans les cheveux, les oeufs de poule, le lait et les coquilles d’œuf, espérant tous pouvoir fixer le mercure. Certains ont extrait un sel de la fiente puante, pensant qu’il s’agissait là de la matière de la pierre. D’autres, ils sont légion, ont cru que la matière consistait en ces petites pierres contenues dans le vinaigre. D’autres ont fait mariner la peau des oeufs dans un bain alcalin concentré, y ont ajouté des coquilles d’œuf pilées et calcinées, pensant que c’était là le vrai mystère de la fixation du mercure. D’autres, comparant le blanc de l’œuf à l’argent et son aune à de l’or, en ont fait leur matière, y ajoutant du sel d’ammoniac, du sel courant et du tartre calciné, mettant le mélange à putréfier dans un verre fermé et au bain-marie, jusqu’à ce que la couleur blanche se transformât en le plus beau des rouges, semblable au sang. Ils l’ont ensuite distillé jusqu’à obtenir une liqueur ou un jus fétides, totalement inutiles et impropres à l’œuvre recherchée. D’autres ont putréfié le blanc et le jaune d’œuf, jusqu’à production d’un serpent, d’un basilic qu’ils ont ensuite pulvérisé par le feu. Ils ont obtenu une poudre toute rouge, qu’ils ont voulu utiliser comme teinture, belle œuvre dont le cardinal Gilbert dans son traité a été l’auteur et l’initiateur. D’autres ont utilisé la bile des veaux et autres animaux, ils l’ont salée et fait macérer dans du sel courant avant de la distiller en un liquide. Ils y ont ensuite ajouté du ciment en poudre, pensant réaliser par cette belle œuvre la teinture des métaux, et ils ont appelé cette opération « part pour part ». Mais quand ils eurent achevé, ce n’était que de la caillebotte ! D’autres, suivant l’art des Vénitiens, à ce que l’on dit, ont enfermé dans un creuset une vingtaine de lézards qu’ils ont, en les affamant, rendus malheureux et fous au point qu’ils se sont entre-dévorés, à l’exception d’un seul survivant qu’ils ont nourri de limaille et de cuivre, pensant que cet animal possédait par sa seule digestion le pouvoir de réaliser la transmutation espérée. Enfin, ils ont calciné ces animaux en une poudre d’un rouge igné, s’imaginant que c’était la véritable teinture d’or. Mais c’était démence, pure folie et duperie. Il y eut même d’autres compagnons délirants qui ont trouvé dans des truites qu’ils avaient fait frire de l’or, et qui ont pensé que c’était là la découverte des découvertes : ils n’ont pas vu que ces poissons vivaient dans des ruisseaux et dans des fleuves qui charrient parfois des morceaux et des paillettes d’or, comme le Rhin - à de nombreux endroits, il existe des orpailleurs qui ramassent, qui nettoient et qui isolent l’or de ces graviers -, que ces poissons attrapaient et mangeaient ces paillettes que l’on trouvait parfois dans leurs entrailles. Ces trompeurs et ces fourbes, on les voit souvent dans les cours des princes où ils ont leur séjour habituel, et où ils finissent par être attrapés, ce qui est justice : nous en avons encore des exemples tout frais. J’insiste donc sur cet avertissement, sur ce fidèle rappel : on ne doit pas chercher et on ne trouve pas la matière des philosophes dans les animaux. Si les philosophes ont néanmoins l’habitude d’appeler leur pierre,, animale », c’est qu’au moment de la dernière opération, la matière exsude du creuset goutte à goutte par la force de ce noble feu secret et plein d’ardeur une liqueur, une sève d’une couleur sombre et ténébreuse. Aussi profèrent-ils la prédiction que voici : les derniers temps verront sur terre et au monde la venue d’un homme absolument pur, qui permettra la rédemption du monde. Grâce aux gouttes de sang couleur de rose qu’il aura versées, il lavera le péché du monde, il le purifiera, il le nettoiera de toutes ses immondices. Aussi n’ont-ils pas jugé mal venu d’appeler dans ce contexte leur pierre « animale », ou vivante. Mercure s’entretient de ces mystères avec le roi Calid. Aux prophètes et aux enfants de Dieu seuls, dit-il, est accordé de connaître la raison de ce qualificatif. Dans le sang de cette pierre est cachée l’âme de la pierre. Il dit ailleurs que cette pierre est composée et constituée d’un corps, d’un esprit et d’une âme. Voilà pourquoi ils l’ont également appelée « microcosme », c’est-à-dire petit monde, parce qu’elle recèle l’analogie de tout ce que contient le monde entier : autre raison de ce qualificatif, comparable au nom que Platon donna au monde, celui de« grand animal».

Chapitre IX - De ceux qui ont cherché la pierre des sages dans les minéraux.

Viennent également quelques sots qui pensent que la pierre se différencie en trois genres, en trois types : végétal, animal, minéral. Ils ont donc cherché la pierre dans les minéraux. Cette opinion diffère beaucoup de l’opinion des sages qui veillent à ce que leur pierre soit à la fois végétale, minérale et animale. Il faut bien prêter attention à la différenciation naturelle du sperme et de la semence naturels en genres et en espèces différents : soufre, sel, borax, nitre, ammoniac, alun, arsenic, eau de cuivre, tuthie, orpiment, magnésie, réalgar, cinabre, minium, antimoine, etc. Mais, dans l’ensemble aussi bien qu’individuellement, la nature n’a obtenu ni réalisé notre matière. Certes, certaines espèces revêtent un aspect merveilleusement semblable à la transmutation des métaux imparfaits en métaux parfaits. Une longue expérience et une pratique assidue du feu révèlent en effet de merveilleuses transformations de la matière minérale, pas seulement dans les couleurs, mais aussi pour ce qui est du passage d’une matière à l’autre, d’une essence à l’autre, de l’imperfection à la perfection. Et cependant, bien que la nature par le moyen des métaux et après préparation atteigne une perfection relative, les philosophes se refusent à concéder que la matière de leur pierre philosophale provient de quelque métal, même s’ils la disent « minérale ». Les trompeurs sophistes ont saisi l’occasion, et ils se sont mis à torturer, à supplicier, à martyriser le mercure par tous les moyens, sublimant, coagulant, précipitant, fixant, extrayant par de l’eau-forte, et autres jongleries. Ce ne sont là que fausses routes. Nous devons fuir comme le poison ces préparations minérales sophistiques, purgations, fixations des esprits et des métaux. Toutes les préparations de notre pierre décrites par Geber, par Albert le Grand et autres, avec leurs purgations, analyses, sublimations, conjonctions, solutions, ascensions, coagulations et incinérations, ne sont que sophismes, séducteurs et inutiles, au même titre que leur trépied, athanor, four à réverbérer, creuset, réservoir à putréfier, fumier de cheval, cendres et autres, au même titre également que leurs cucurbites, pélicans, cornues, fioles, instrument à réverbérer, etc. Il en va de même pour la sublimation du mercure en blanc et en rouge par l’action des esprits minéraux du vitriol, du salpêtre, de l’alun, de la limaille de fer et autres, témoins les folies, jongleries et rêveries imaginaires que nous conte Jean de Roquetaillade, le grand sophiste, dans son traité sur la pierre philosophale blanche et rouge. Fuyons aussi les préparations particulières de Geber, purs sophismes également, avec ses sept sublimations, mortifications, et revivifications du mercure, ses préparations à base d’urines et ses travaux. de fossoyeurs, tous aussi erronés les uns que les autres. D’autres se sont fait fort de fixer le mercure minéral et métallique par le soufre, mais en vain. J’ai certes vu par une fixation semblable que le mercure était transformé en un corps métallique qui ressemblait tout à fait à du bon argent, mais dès l’épreuve du creuset, l’affaire était découverte : ce n’était que fausseté et duperie.

Chapitre X - De ceux qui ont cherché la pierre et les procédés particuliers dans les métaux.

Quelques sophistes ont cru qu’ils pouvaient sublimer à sept reprises le mercure, avant de le dissoudre de nouveau autant de fois, et qu’ils pouvaient en tirer une huile fixe à l’aide d’une eau corrosive, huile capable de mener à la perfection les métaux imparfaits : travail vain et illusoire. D’autres ont purgé à sept reprises le vitriol, le calcinant, le dissolvant, le coagulant, lui ajoutant deux parts de sel ammoniacal. Par sublimation, ils l’ont réduit en une eau jaune, et ils l’ont coagulé par cette eau après adjonction d’un tiers de mercure. Puis ils ont réalisé une nouvelle sublimation de ce mercure, à sept reprises, écartant le vitriol et le sel ammoniacal : le mercure s’est transformé en une pierre. Ils ont appelé cette pierre obtenue à partir du vitriol «soufre rouge», «soufre des philosophes», et ils ont poursuivi la pétrification par solution et coagulation ; mais ils n’en ont pas moins totalement échoué lors de la projection.

D’autres ont réalisé la coagulation de ce mercure grâce à l’eau d’alun, ils ont obtenu une motte compacte qu’ils ont ensuite fixée par des eaux idoines, niais le résultat a été le même. Les sophistes ont ainsi imaginé bien des voies, bien des chemins afin de fixer le mercure, mais tous en vain, car rien n’est ni parfait ni constant dans le mercure. Il est donc vain et illusoire de lui associer, par des procédés de sophistes ou selon des méthodes inventées pour l’occasion, des minéraux, car ce mercure n’en devient que plus mauvais, plus vivace, plus apte à un surcroît d’impureté qu’à la perfection. De par cette relative imperfection, ne cherchons pas à partir du mercure la matière des philosophes. Si le mercure doit parvenir à la perfection, ce ne sera pas par des procédés sophistiques. C’est impossible, car il n’est rien en lui qui puisse être incité ou contraint à acquérir la perfection en suivant les méthodes indiquées. Certains ont utilisé de l’arsenic sublimé à maintes reprises, puis dissous dans de l’huile de tartre et fixé, voulant lui donner un état fixe qui permette la transformation du cuivre en argent. Mais cela n’a produit que jongleries et méthodes de sophistes. C’est que l’arsenic ne peut être fixé que si l’opérateur a une connaissance suffisante de l’esprit qui réalise la teinture, et sur ce point, tous les philosophes n’ont fait que dormir, et se sont tous fait fort d’en tirer quelque chose. Que celui qui ignore cet esprit ne se fasse aucun espoir de pouvoir fixer l’arsenic et de pouvoir acquérir une quelconque énergie issue de la transmutation parfaite ! Ses acheteurs comme ses vendeurs sont devenus de faux monnayeurs. Sachez tous que ce blanchiment évoqué repose sur un fondement erroné. Le cuivre opère un blanchiment faux et trompeur qui ne blanchit, ne transforme ni ne change rien. Les sophistes ont ajouté à ce cuivre déguisé son poids d’argent, ils l’ont vendu aux orfèvres et aux faux-monnayeurs. Certains faussaires ont utilisé l’arsenic rouge à la place du blanc, mais ils n’ont obtenu que de la caillebotte, et leur art faux les a conduits à la ruine. Qu’on prépare l’arsenic de la manière que l’on veut, l’on n’en fera jamais rien de plus qu’un blanchissant ! D’autres ont poursuivi, prenant du soufre ordinaire qu’ils ont calciné avec du vin, de la lessive, de l’urine corrosive, nuit et jour jusqu’à blanchiment. Ils l’ont ensuite sublimé à maintes reprises avec du sel ordinaire et des coquilles d’œuf, mais, malgré sa blancheur, il est toujours demeuré combustible. Ils ont alors pensé pouvoir fixer en or par cette méthode le mercure rouge, mais en vain. Il en est sorti, il est vrai le plus beau et le meilleur cinabre que je n’eusse vu de mon vivant. Certains ont cru pouvoir le fixer par de l’huile de soufre, par génération et par fixation : le résultat en a été un beau produit, mais ce n’était pas ce qu’ils avaient désiré et souhaité.

D’autres ont pris du soufre vulgaire, lui donnant la forme et l’aspect d’un foie, puis ils l’ont fait cuire, en ajoutant de l’huile de lin, de tournesol et de brique, avant de le répandre sur du marbre, lui donnant la couleur du foie, le distillant à feu doux dans de l’huile jaune. C’est alors qu’ils se sont aperçus à leurs dépens qu’ils n’avaient rien fait qui fût utile pour une transformation de l’argent en or, comme ils l’avaient escompté.

À la foule des minéraux correspond une foule de préparations. Je n’en cite plus aucune, il faudrait tout un traité. Méfions-nous tout autant de l’huile sophistique du vitriol et de l’antimoine, ainsi que de toutes les huiles extraites des minéraux, aussi bien des minéraux parfaits, or et argent, qu’imparfaits. Certes leurs effets naturels sont grands et puissants, mais fort peu connaissent les procédés vrais et authentiques. Méfions-nous également des préparations sophistiques du mercure, de l’arsenic et du soufre ordinaires, par sublimation, descente, fixation par le vin, le salpêtre, le tartre, le vitriol, le sel ammoniacal, pour ne citer que les procédés décrits dans les livres des sophistes. Evitez également les teintures sophistiques extraites des marcassites et du safran ferreux, duperie que les sophistes nomment habituellement « part pour part », ainsi que l’argent fixe et autres jongleries. Même s’ils parviennent parfois à obtenir une lueur extérieure de vérité - la fixation de l’argent n’en demande pas moins que peu de peine et peu de zèle -, leur manière de procéder et la forme qu’ils utilisent au cours de leurs préparations sont nulles et dénuées de force. Pris de pitié pour les praticiens honnêtes, je n’ai pas voulu renoncer à l’art, j’ai voulu révéler le vrai fondement de cette philosophie et ses trois procédés secrets particuliers, par l’arsenic, par le vitriol, par l’antimoine, moyen qui permet d’indiquer la voie droite et la vraie projection, sur le mercure et sur les métaux imparfaits.

Chapitre XI - De l’arcane et du secret authentique, vrai, parfait et original, tiré de l’arsenic et conduisant à la teinture blanche.

Certains ont écrit que l’arsenic était composé de mercure et de soufre, d’autres de terre et d’eau, d’autres ont dit que dominait en lui la nature du soufre, si bien que sa partie la plus intime avait pour caractère et pour propriété de blanchir le cuivre rouge, de telle sorte qu’une préparation appropriée pouvait le conduire à la perfection et le transformer en teinture : mais point de la manière qu’indiquaient les fallacieux sophistes, Geber dans sa Somme de perfection, Albert le Grand, Aristote le chimiste dans son Livre du parfait magistère, Polidore et Râzi. Tous ces écrivains en effet, tous autant qu’ils sont, se trompent, et, comme la vérité leur est inconnue, ils écrivent par ambition des préceptes et des recettes de ce type, dénués de toute valeur. L’arsenic contient trois esprits naturels : l’un volatil, l’autre combustible, le troisième corrosif, qui pénètre tous les métaux. Ce dernier esprit blanchit le cuivre et le rend spongieux au bout de quelques jours, par un art qui est entre les mains de ceux qui utilisent et qui pratiquent les arts du feu. Le second esprit, lui, est cristallin, doux et aimable. Le troisième, séparé des autres, peut opérer une teinture. Les vrais philosophes cherchent à utiliser pour la vraie projection des sages ces trois propriétés naturelles de l’arsenic. Les barbiers et les chirurgiens qui soignent les plaies ont recours à l’esprit cristallin et doux, qu’ils séparent de l’esprit capable de teinture, pour traiter et pour soigner les plaies, abcès, peste, pustules et autres, doucement, rapidement et subtilement. Si cependant pur et impur, volatil et fixe, incombustible et combustible ne sont pas séparés et dissociés par l’esprit de la teinture au moyen d’une teinture secrète, la projection réalisée sur le mercure, sur le cuivre, sur le minerai et autres métaux imparfaits n’aura ni le profit ni les résultats escomptés. Tous les philosophes ont habituellement caché et masqué le mieux possible ce mystère suprême. Cet esprit capable de teinture, il faut en effet que tu le sépares des autres comme indiqué, que tu le conjugues ensuite avec l’esprit de lune en opérant une digestion générale de 3 2 jours, jusqu’à l’apparition d’un corps nouveau. Si on le tient jusqu’à 40 jours naturels dans la chaleur du soleil jusqu’à son embrasement, c’est alors qu’apparaîtra l’esprit blanc, qui a une forme secrète et parfaite et qui est capable de teinture, en même temps que susceptible de projection. En appliquant, selon la forme de préparation, une part pour 16 parts du corps imparfait, la lune apparaîtra dans tout son éclat et dans toute sa perfection, comme si elle venait de sortir des mince.

Chapitre XII - Du mystère du vitriol et de la teinture rouge, et comment extraire celle-ci de celle-là.

Les philosophes ont tenu en très haute estime parmi les minéraux le noble vitriol que Dieu a doté de merveilleux pouvoirs, qu’ils ont tenu cachés par figures et par énigmes. Par exemple cherche la terre intime, et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée, la vraie médecine. Par « terre », ils ont désigné le vitriol lui-même, par l’intimité de la terre sa douceur et sa rougeur. Dans le vitriol •intérieur et caché en effet se trouvent une terre subtile, une sève très odorante, une huile d’une pureté parfaite. Mais cette extraction ne peut se réaliser ni par calcination ni par distillation. C’est que le vitriol ne doit pas être dépouillé de sa viridité, car, dès que cela se produit, son arcane et ses pouvoirs diminuent et s’éteignent même totalement. Notons ici que non seulement les minéraux, mais les végétaux aussi et autres, qui possèdent une viridité manifeste, recèlent en leur intérieur une huile aussi rouge que le sang, qui est leur essence. Ce qui prouve que les distillations des apothicaires sont vaines, inutiles et folles, car elles ne savent ni ne peuvent extraire cette rougeur du sang des végétaux. Or, la nature, dans sa prévoyance, transforme toutes les eaux des végétaux en une couleur jaune, puis ensuite en une huile rouge sang; mais cela met du temps à se réaliser, alors que la cause de la destruction de la viridité est justement la trop grande hâte et précipitation des praticiens qui n’ont ni fondement ni science de la distillation véritable. C’est qu’ils ignorent que la nature trouve sa force et sa propre énergie, et c’est d’elle-même qu’elle rectifie la noble viridité et qu’elle la mène à la rougeur. Par exemple, le vin blanc opère sa propre digestion, qui lui confère une couleur jaune d’or, il transforme peu à peu et de lui-même la viridité du raisin séché, cachée sous la couleur bleuâtre. Voilà pourquoi, si la viridité des végétaux et des minéraux se perd à cause de la paresse des praticiens, c’est aussi l’essence la plus noble et la plus secrète, l’esprit de l’huile et du plus précieux des baumes, qui se perd également et simultanément.

Chapitre XIII - Comment mener le vitriol à la teinture rouge.

Le vitriol recèle bien des imperfections, argiles, glaires, scories. Il est donc nécessaire d’extraire et de rectifier sa viridité par l’eau jusqu’a ce que soit écartée toute impureté terrestre. Une fois réalisées ces extractions, il faut surtout bien veiller à ne pas placer la matière au soleil, car la viridité se dégraderait en lividité et l’arcane serait englouti. Garde donc la matière fort bien couverte dans une salle à bonne température, bien à l’abri de la poussière, opère ensuite la digestion quelques mois durant dans un verre fermé, jusqu’à ce qu’apparaissent plusieurs couleurs, puis la couleur rouge. Ne pense cependant pas que ce procédé suffise à fixer la couleur rouge et qu’il ne faille pas encore purger la matière des impuretés intérieures et terrestres qu’elle recèle. Il faut donc prendre du vinaigre et rectifier, jusqu’à l’éloignement radical des impuretés terrestres, des scories, des dépôts, rectification véritable et parfaite de la teinture de laquelle doit être extraite l’huile bénite. Il faut, une fois que la matière a été enfermée dans un verre et placée dans l’alambic, bien luter les raccords avec de la poix et de la résine, pour que les esprits ne partent pas, esprits qu’il faut tout doucement extraire à feu doux dans la distillation de l’huile. Cette huile est bien plus agréable et attirante que n’importe quel baume que l’on peut trouver dans les pharmacies, car elle a perdu tout mordant. Au bout du cucurbite et sur son fond, tu trouveras une terre toute blanche, étincelante comme de la neige, garde-la avec soin, à l’abri de toute poussière. Cette terre a été totalement débarrassée de sa rougeur. C’est alors que se déroule un mystère extrêmement grand, le mystère des noces célestes et supranaturelles, noces de l’âme purifiée et lavée à l’extrême par le sang de l’agneau et du corps purifié, étincelant et blanc comme neige. Le voilà le vrai mariage céleste et supra-naturel qui permettra à l’homme de prolonger sa vie jusqu’au dernier jour que Dieu lui aura fixé ! Ainsi l’âme et l’esprit du vitriol, sa fleur, sont unis à son corps purifié et joints ensemble pour l’éternité. Mettez notre terre feuilletée dans un récipient en verre et déversez peu à peu l’huile. Le corps saisira alors, il accueillera en un instant son âme. Le corps alors nourrit grand désir de l’âme, et l’âme se réjouit du fond du cœur, quand elle accueille le corps. Place cette conjonction et cette composition dans un fourneau secret, et laisse-les-y 40 jours. À l’issue de l’opération tu trouveras une huile d’une excellente qualité et d’une merveilleuse perfection, capable de transformer en or le mercure et le métal imparfaits. Pour ce qui est de la multiplication et de l’accroissement : prends deux parts du mercure corporel, verse trois parts égales d’huile produite, laisse-lez 40 jours ensemble. Dans cette proportion de poids et selon cet ordre, pourra se produire une multiplication à l’infini.

Chapitre XIV - Des secrets de l’antimoine pour la préparation de la teinture rouge et dans la transmutation.

L’antimoine est le bain authentique et vrai de l’or. Les philosophes l’ont appelé le bain qui éprouve l’or. Quant aux poètes, ils ont dit que Vulcain avait lavé Phébus, entendons le soleil, de toute impureté, et qu’il avait été totalement purifié, purifié à la perfection. Cette naissance provient en effet du mercure et du soufre les plus nobles qui soient, et elle possède l’espèce et le genre du vitriol, dans sa force métallique et dans son éclat. Quelques philosophes l’ont appelé le plomb blanc ou tout simplement le plomb. Prends donc de l’antimoine, le meilleur qui soit et autant que tu veux, dissous-le dans sa propre eau-forte, jette-le dans l’eau froide, ajoute un peu de safran de fer afin qu’il rejoigne son lieu qui est le fond du vase. Dans ces conditions seulement, il déposera déchets et impuretés. Ainsi dissous, il acquiert une beauté absolument magnifique. Place-le dans un verre, lute le récipient parfaitement, ou bien mets-le dans un récipient en terre en ajoutant de la tuthie calcinée et sublimée et règle le feu. Prends bien garde cependant à ce qu’il ne fonde pas et à ce que la trop grande chaleur ne fasse éclater le verre. Avec une livre d’antimoine, l’on peut obtenir au bout de deux jours une parfaite sublimation. Place le sublimé dans un verre avec un tiers d’eau, lute bien le vase afin que les esprits ne s’échappent pas, place-le sur un trépied secret, et conduis ton feu régulièrement comme le soleil en plein été, dix jours durant en augmentant avec prudence car, si la chaleur augmentait trop, le verre se briserait et le fourneau exploserait. Au moment où la vapeur et la fumée enfermées s’élèvent, de nombreuses couleurs, des couleurs variées apparaissent, et il faut modérer le feu jusqu’à ce que la matière rougisse, avant de la dissoudre dans un vinaigre fort qui élimine les déchets. Soutire de nouveau le vinaigre, dissous-le de nouveau dans de l’eau distillée ordinaire, répète l’opération avant de distiller le dépôt à feu fort, très soigneusement dans un verre fermé. C’est alors que tout le corps de l’antimoine s’écoulera, sous forme d’une huile toute rouge, tel un beau rubis, goutte à goutte, dans le verre que tu auras raccordé, et il se répandra une odeur extrêmement agréable, extrêmement douce. Le voilà le très grand arcane de l’antimoine philosophique, qu’il faut hautement respecter parmi les mystères des huiles. Voici maintenant la manière pour obtenir une huile à partir de l’or : fonds de l’or, le meilleur qui soit, et dans la quantité que tu veux, dissous-le dans un esprit-de-vin rectifié, c’est-à-dire dans de l’eau-de-vie, soutire cette eau à plusieurs reprises et opère la dissolution jusqu’au dernier stade possible, garde ensuite la dernière solution et l’esprit-de-vin, fais circuler pendant un mois avant de distiller trois ou quatre fois dans l’alambic l’or volatil et l’esprit-de-vin, jusqu’à ce qu’il coule dans le verre que tu auras raccordé et jusqu’à ce qu’il atteigne son essence suprême d’une demi-once. Ajoute à cet or dissous dans ces conditions une once entière d’huile d’antimoine : cette huile retiendra l’or dans le bain-marie, l’or ne pourra plus s’éloigner facilement, même si l’eau-de-vie a été soutirée. Ainsi tu auras le plus haut mystère de la nature et tu ne pourras rien trouver qui lui soit comparable. Unis et assemble les deux huiles dont nous venons de parler, enferme-les dans des verres, place-les sur un trépied durant un mois philosophique et chauffe le tout à feu doux et régulier. Si le feu est tempéré dans la proportion exacte et convenable, l’œuvre sera achevée en 3 1 jours, et conduite à la perfection. Grâce à cette œuvre, le mercure rouge et tous les autres métaux imparfaits peuvent acquérir la perfection de l’or.

Chapitre XV - De la projection, comment la réaliser par le mystère de l’antimoine.

En cette œuvre de la projection, l’on ne peut définir aucun poids certain, même si la teinture de toutes les matières est extraite dans une certaine proportion et avec les instruments qui conviennent. Cette médecine teinte jusqu’à 30, 40, mais aussi 60, 80, 100 parts de métal imparfait, mais tout dépend du degré de purification et du zèle du praticien, pour ce qui est de son effet. Les cuivres ont différents degrés de pureté et on ne peut pas fixer de poids certain pour la projection. Remarquons aussi qu’il arrive que l’opération prenne trop de teinture : il faut alors améliorer l’erreur et la faute en ajoutant une proportion plus importante de corps imparfait. Si l’on a pris trop de matière, si la teinture n’a pas la force nécessaire, si la matière n’arrive pas à pénétrer tout à fait, l’on peut corriger la faute commise soit à l’aide de la coupelle et du vase à sublimer, soit par un lavage à l’antimoine rouge. Rien donc sous ce rapport qui puisse retenir ou entraver l’opération. Que l’on se représente cependant, ce que les philosophes ont omis de dire ou qu’ils ont caché avec zèle, que l’essentiel est dans la projection avant tout la revivification et la résurrection des corps imparfaits.

Certains parlent de leur nature spirituelle, disant que les métaux ne sont pas des métaux ordinaires, puisqu’ils vivent, puisqu’ils ont une âme. Voici comment opérer la vivification Découpe 10, 20, 40 livres autant que tu veux, de cuivre ou de minerai en minces lamelles, prends une petite masse d’arsenic et de tartre, brûlé et calciné, mélange le tout et place-le dans un vase; puis calcine 24 heures durant. Sors le tout, pulvérise, lave et purifie ton cuivre autant que tu peux. Répète trois ou quatre fois la calcination que tu as engagée, et l’ablution. Le cuivre par ce moyen perd le vert-de-gris épais qui adhérait, et il se trouve purifié de son soufre impur. Veille bien à ne pas réaliser et obtenir cette calcination avec du soufre ordinaire, car tout ce qu’il y a de bon dans le métal se trouverait corrompu, mauvais, maléfique. Ajoute dix marcs de cuivre purgé à un marc de fin argent ! Pour réaliser l’opération, le ferment doit être parfait, afin que la médecine puisse progresser, plus tôt et plus vite, par l’œuvre de la projection, et afin que le corps imparfait pénètre plus facilement, par élimination de toutes les parties de l’argent qui risquent de contrarier l’œuvre. Si la projection doit se faire, il est nécessaire que la transmutation de la pierre rouge à la teinture rouge passe par l’or, puis par l’argent, ou autre métal purifié, comme nous l’avons dit. Alors naît l’or le plus pur.

Chapitre XVI - De la matière universelle de la pierre des sages.

Lorsque des végétaux ont été tués, ils peuvent revêtir une nature minérale, par confrontation des deux minéraux, soufre et sel, et il peut finalement en sortir des métaux parfaits. En effet, dans les veines métalliques et dans les minerais, on trouve des végétaux qui, avec le temps et la chaleur continue du soufre, se dépouillent de leur nature végétale pour revêtir la nature minérale. Cela se produit d’habitude de par la nourriture particulière de ces végétaux : quand ils sont contraints en effet d’emprunter leur alimentation et leur nourriture au soufre et au sel terrestres, ce qui était végétal en eux entre alors dans un minéral parfait, et cette condition minérale engendre parfois par changement de degré une essence minérale parfaite. Mais revenons-en à la pierre philosophale dont la matière, de l’avis de certains, est extrêmement difficile d’accès et demeure dans l’obscurité. Pour approfondir la méthode et la voie d’accès, les intentions et les pouvoirs des choses annexes, le mieux et le plus sûr consistent dans un premier temps à déterminer très assidûment et très précisément la racine, l’origine et la semence, à s’efforcer d’acquérir cette connaissance. Il est donc utile et nécessaire de considérer les principes avant de voir selon quelle méthode et selon quelle voie, par quels moyens enfin la nature se décide à passer de l’imperfection au but et au terme de la perfection. Pour cette réflexion, il est très profitable de savoir que toute chose créée jaillit de trois principes initiaux, mercure, soufre et sel, autrement dit, eau naturelle, soufre et sel mêlés et unis, volatils en certains corps, fixes en d’autres. Chaque fois que le sel corporel est mêlé en mercure spirituel et au soufre animé et vivifiant, pour former un corps unique, la nature commence à opérer dans les minéraux qui se trouvent sous la terre, la terre qui joue alors le rôle de vaisseau. Sous l’action d’un feu séparateur, le soufre grossier, immonde est séparé du soufre pur, la terre du sel, et les vapeurs et nuages noirs qui s’élèvent du mercure pur, en préservant les éléments premiers, subtils et purs. Soufre, sel et mercure sont alors promis l’un à l’autre et unis pour former un corps constant. Les sages tiennent cette opération pour le mélange et pour la réunion de trois en un, corps, âme et esprit. Lorsque cette union est achevée, il en sort un mercure pur qui parcourt les conduits aérifères, les passages secrets et les veines de la terre. Ce mercure rencontre le soufre universel du chaos, il le coagule conformément à la nature et aux conditions du soufre. Ce soufre n’en est pas moins volatil sous tous ses aspects, et un siècle de cuisson suffirait à peine pour qu’il en sortît un métal. Telle est l’origine de l’opinion commune confirmée par les mineurs : le mercure et le soufre, c’est l’eau et le soufre des métaux. Seulement ce n’est ni le mercure ni le soufre ordinaires qui composent la matière des métaux, mais le mercure et le soufre philosophiques, innés et incorporés dans les métaux parfaits et dans leurs formes, faisant qu’ils ne fuient jamais le feu et qu’ils ne peuvent être gâtés par l’énergie qui corrompt les éléments. Or ce mercure, notre mercure, il doit désormais, et de l’avis de tous les philosophes, être modéré, dompté par la dissolution du mélange naturel. Ce qui signifie littéralement que notre mercure doit être extrait, extirpé des corps parfaits et des énergies des planètes terrestres, ce que confirme Hermès quand il dit : « Le soleil et la lune sont les racines de cet art. » Le fils d’Hamuel dit : « La pierre philosophale est une eau coagulée de soleil et de lune » Il est donc clair comme le soleil que la matière de la pierre n’est autre que le soleil et la lune, l’or et l’argent. On peut donc prouver et conclure que chaque chose engendre son semblable, et que, de même qu’il n’existe que deux pierres, la blanche et la rouge, il n’existe pas plus de deux matières, l’or et l’argent, promis l’un à l’autre, unis par mariage, de nature et d’art. Nous savons, nous voyons qu’homme et femme ne peuvent rien engendrer sans le mélange de leurs semences ; de même notre lune ne peut concevoir ni engendrer le soleil, ni le soleil sa femme, la lune, sans mélange de leurs deux semences. Mais les philosophes ont également conclu qu’un troisième élément était nécessaire, la semence vivifiante à la fois de l’homme et de la femme sans l’union nuptiale desquels l’œuvre tout entière était nulle et fallacieuse. Or cette semence, c’est le mercure, non pas le mercure ordinaire, mais le mercure des philosophes qui, par la naturelle conjonction des deux corps, le soleil et la lune, saisit en lui dans l’union les deux natures. Autrement et auparavant, l’œuvre n’est ni capable ni susceptible d’être conçue, fécondée, d’engendrer, de par l’énergie et le pouvoir de l’homme de la femme. Les philosophes ont donc été conduits à dire que ce mercure était composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme, qu’il héritait de la nature et de la propriété dé tous les éléments, et leur intelligence vive en a conclu que la pierre était animale. C’est pourquoi ils lui ont donné le nom d’Adam, d’Adam qui tient caché en son corps son Eve invisible, dès l’instant où tous deux se trouvaient unis par l’énergie du Dieu suprême, du maître d’œuvre de toutes les créatures. Il est donc juste de dire que le mercure philosophique n’est rien d’autre que le corps le plus secret et le plus caché des deux corps stimulés, point par le mercure ordinaire. Les sages ont donc bien fait de prétendre que ce mercure recelait tout ce qu’ils cherchaient. Almadir le philosophe dit que nous extrayons notre mercure d’un corps parfait, qu’il est doté de deux propriétés naturelles parfaites et qu’il demeure tel quel : il manifeste sa perfection extérieure en résistant au feu, et ses perfections extrinsèques écartent ses imperfections intrinsèques. Ce passage du subtil philosophe désigne la matière adamique de la pierre, le contenu du microcosme et l’unique matière uniforme de tous les philosophes, propos précieux et hautement respectables sans rien de superflu ni de faible. En fin de compte, la matière de notre pierre philosophale n’est rien d’autre qu’un mercure igné parfait, extrait avec l’aide de la nature et de l’art, préparé avec l’aide de l’art, le véritable Adam hermaphrodite, le microcosme. Mercure, le plus sage de tous les philosophes, a dit notre pierre « orpheline ». C’est que notre mercure recèle les perfections, l’énergie, les vertus du soleil et de l’or, c’est qu’il parcourt les voies et les maisons planétaires, toutes sans exception. Et, en sa nouvelle naissance, il acquiert l’énergie et la puissance des choses supérieures et inférieures, dont il réalise, pour ainsi dire, l’union nuptiale, comme le montrent et sa blancheur et sa rougeur.

Chapitre XVII - De la préparation de la matière de la pierre philosophale.

La matière exige surtout que l’homme philosophique accède à la substance et à l’essence mercurielles et spermatiques, pour que la pierre philosophale puisse être engendrée. Notons ici tout particulièrement que les préparations ordinaires de Geber, d’Albert le Grand, de Thomas d’Aquin, de Roquetaillade, de Polydore et autres, ne sont que solutions, sublimations et calcinations particulières qui n’ont rien à voir avec notre œuvre universelle, qui, elle, n’a besoin que d’une chose unique, à savoir du simple feu philosophique, le plus secret de tous. Voilà pourquoi les philosophes disent : « Le feu et l’esprit animé, l’Azoth, suffisent pour l’œuvre toute entière ». Pour ce qui est de ces préparations qu’exposent les philosophes, putréfaction, distillation, sublimation, calcination, coagulation, coloration en blanc et en rouge, création, fixation, etc., sache bien qu’en son œuvre universelle, c’est la nature elle-même qui réalise ces opérations dans la matière stimulée, et non pas l’opérateur et le labourant, point dans le feu ordinaire cependant, mais dans le vaisseau philosophique et sous un feu uniforme, si bien que l’œuvre au blanc et l’œuvre au rouge sortent d’une racine unique, sans le moindre intermédiaire. La dissolution, la coagulation, la coloration en blanc, en rouge, en jaune, en noir, les noces, tout cela s’opère de soi-même. L’œuvre se conçoit en elle-même, elle se dresse et elle se conçoit pour soi-même lors de la cuisson, lors du passage au four et lors de l’ébullition. Toutes ces opérations en fait ne sont qu’une opération unique, que réalise le seul feu philosophique. Quelques philosophes ont certes dissous l’or, ils l’ont rendu volatil par la quintessence du vin, portée à son degré supérieur, et ils ont cru, mais a tort, que c’était là la vraie, la véritable matière philosophique volatile. Certes, il ne faut pas mépriser le secret qui peut conférer au corps métallique parfait une substance volatile et spirituelle, mais les procédés qu’ont par la suite utilisés les moines, Lulle, Richard l’Anglais et Roquetaillade, et autres, pour séparer, pour dissocier les éléments, sont faux, erronés : ils ont cru que l’or libérait de cette matière des énergies subtiles, spirituelles et élémentaires que l’on pouvait isoler, puis rassembler de nouveau par calcination, puis par rectification alors qu’il n’en est rien, et que c’est peine perdue. Même en effet s’il est possible de séparer les éléments d’une certaine manière, il n’en est pas moins impossible de faire passer par séparation chaque élément convenablement séparé dans un autre élément, puis de rassembler ensuite les parties par circulation en pélican ou par distillation. Mais l’élément demeure toujours volatil d’une certaine manière, or potable comme ils disent. Claire est la raison de l’échec de leurs projets : la noble nature ne se laisse nullement contraindre, mépriser, séparer par des dissolutions humaines de ce type, par l’emploi de la terre, des verres et des instruments. C’est elle, toute seule et pour elle-même, qui connaît les opérations et le poids de ses éléments et qui en réalise la séparation, la rectification et la copulation sans l’aide ni le secours, ni l’intervention d’un seul labourant, à une condition unique, à savoir que la matière soit maintenue dans le feu et dans le vaisseau secret. L’homme à lui seul jamais ne sera capable de séparer les éléments. Même si l’apparence est là, ce ne sera jamais un don véritable de Dieu. Que l’on dise ce que l’on veut de Raimond Lulle et de son or angélique ! C’est en elle-même que la nature a son séparateur propre, qui conjugue à nouveau ce qui est séparé et sans la moindre aide de l’homme. C’est ce séparateur qui connaît au mieux la proportion de chaque élément, point l’homme ni Dieu sait quels flambards terrestres et séducteurs avec leurs recettes fausses et inutiles, leurs fabulations sur l’or volatil. La voilà l’opinion des philosophes. Après avoir donc placé la matière dans le feu secret, après en avoir réalisé l’incubation sous une douce et modérée chaleur philosophique bien régulière, commencent la corruption, le pourrissement et le noircissement, opération qu’ils nomment putréfaction, noirceur, tête de corbeau. À la matière qui monte et qui descend, ils ont donné le nom de distillation, d’ascension et de descente, à la dessiccation ou dessèchement le nom de coagulation, au blanchiment celui de calcination. Lorsque la chaleur rend la matière blanche et volatile, ils ont parlé de cération, de fixation, quand elle cesse de s’élever et se dépose dans un état liquide. C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’il convient de comprendre les opérations philosophiques.

Chapitre XVIII - Des instruments et vaisseaux philosophiques.

Les prétendus philosophes ont mal compris le vaisseau philosophique secret, caché, surtout Aristote l’alchimiste, point le philosophe grec de l’Académie, quand il a dit qu’il fallait utiliser trois vaisseaux pour la cuisson de la matière : métallique pour la première séparation et le premier degré, en verre pour le second degré de la coagulation et du blanchiment, en terre pour le troisième degré et la fixation. En réalité les philosophes n’ont besoin que d’un vaisseau unique pour toutes leurs opérations et jusqu’à la perfection de la pierre rouge. Seulement, parce que notre matière est la racine unique des deux pierres, la blanche et la rouge, il convient que notre vaisseau soit constitué de façon à ce que les corps célestes puissent en lui gouverner la matière. Les influences célestes invisibles et les impressions astrales sont en effet un moment nécessaire de l’œuvre, autrement, il serait impossible de réaliser la pierre orientale, perse, chaldéenne ou égyptienne. C’est Anaxagore qui a reconnu les énergies de tout le firmament et prédit qu’une grande pierre descendrait du ciel, ce qui se produisit après sa mort. Les kabbalistes tout particulièrement savent que notre vaisseau doit avoir une proportion exacte, une mesure géométrique exacte, une forme circulaire particulière permettant à l’esprit et à l’âme de notre matière, une fois séparés de leur corps, de s’élever toute seule vers les hauteurs célestes. Si le vaisseau est plus étroit, plus large, plus haut ou plus bas que ne l’exigent les esprits et les âmes qui dominent et qui agissent, la chaleur de notre feu philosophique secret, très vif en soi, poussera alors la matière, trop fortement stimulée, à une action beaucoup trop violente qui fera exploser le vaisseau en mille morceaux, non sans danger, pour le corps et pour l’âme du labourant. S’il est trop étroit au contraire, si la chaleur de la préparation ne peut agir sur la matière, l’œuvre sera inutile, vaine. Notre vaisseau philosophique doit donc être préparé avec beaucoup d’assiduité et en fonction de la matière. Seuls le comprendront suffisamment ceux qui ont mené à la première essence la première solution de notre matière fixe et parfaite. Que le labourant regarde bien, avec attention, ce que la matière produit, ce qu’elle dégage au cours de la première solution. Il est important et difficile de décrire la forme et la configuration du vaisseau : il doit être tel que l’exige la nature, à chacun de le vouloir et de le découvrir, de telle sorte que la nature, à partir de la noble terre philosophique, puisse des hauteurs célestes produire son fruit dans le corps terrestre. Il doit donc avoir une forme, une configuration qui lui permette pt d’abriter la séparation, la putréfaction opérées par le feu, qui permettent à chaque élément de posséder un endroit où se fixer, de telle sorte que le soleil et les autres planètes puissent réaliser leur opération autour de la terre élémentaire, et que leur révolution ne soit ni entravée ni perturbée par un mouvement trop rapide. Il faut donc une proportion juste et droite des parties évoquées, pour ce qui est de la rondeur et de la hauteur. Quant aux instruments qui permettent la première purification des corps minéraux, verres pour la fusion, soufflets, pinces, coupes, plats, creusets, cendriers, cucurbites, heaumes pour les eaux-fortes, ils n’ont leur utilité que lorsqu’on aborde la dernière œuvre de la projection.

Chapitre XIX - Du feu secret et caché des sages.

Nous connaissons la magnifique et excellente formule des philosophes : « Le feu et l’azoth te suffiront », entendons le feu naturel secret et caché, et l’esprit animé et vivifiant suffisent pour réaliser l’œuvre. Le feu seul, c’est de fait toute l’œuvre, et la profusion toute entière de l’art. Ceux qui font un feu de charbon pour y chauffer leur vaisseau commettent de graves fautes et erreurs. Certains encourent également l’échec en utilisant la chaleur du fumier de cheval : par le feu direct du charbon, l’on a pu sublimer la matière, mais point la dissoudre. D’autres ont réglé leur chaleur à l’aide de lampes, d’ampoules et de mèches, prétendant que c’était là le feu philosophique caché et véritable, celui qui leur permettrait de forger leur pierre philosophale. D’autres ont suivi la méthode du bain, des oeufs de fourmi, de la cendre de genièvre, de la chaux-vive, de l’esprit-de-vin, du vitriol, de la soude, d’autres ont opéré comme Thomas d’Aquin des travaux sur l’eau-de-vie. Blasphème, erreur que de prétendre que Dieu et les anges ont besoin de ce feu, qu’ils sont obligés de recourir à ce feu !

N’est-ce pas en effet blasphème, n’est-ce pas en effet mensonge énorme, mensonge manifeste que d’affirmer que Dieu, le Dieu tout-puissant, ne peut se passer d’un feu élémentaire, du feu de l’eau-de-vie ? Honte qu’un tel homme ait pu proférer des propos semblables. Toutes ces chaleurs évoquées, produites par les méthodes, par les feux que nous avons décrits, sont toutes incapables, inutiles pour notre œuvre. Veille bien à ne pas te laisser séduire par Arnaud qui traite du feu de charbon : il se trompe. Mieux vaut dans ce cas les propos d’Almadir, pour qui les rayons invisibles et les flammes de notre feu sont amplement suffisants, et pour qui le feu intérieur caché dans la matière est l’opérateur universel. Un autre philosophe prend l’exemple de la chaleur céleste qui, se réfléchissant, permet la coagulation et l’amélioration du mercure, et dont les mouvements incessants et permanents permettent la génération et l’engendrement des métaux. Il continue ainsi : Prépare un feu vaporeux, nébuleux, durable, capable de permettre digestion et cuisson, qui ne fasse pas de flammes, qui ne réalise ni volatisation ni ébullition, mais qui soit enfermé et entouré d’air, qui ne consume ni ne détruise, mais qui altère et pénètre. En voilà assez dit, et en termes assez clairs sur toutes les méthodes et les formes de préparation et de conduite du feu: tu le comprendras bien, si tu es un vrai philosophe, un vrai scrutateur des arcanes. Tels sont les propos de Salmanazar. Notre feu est un feu corrosif qui recouvre en quelque sorte l’air au-dessus de notre vaisseau d’un nuage, nuage dans lequel sont cachées les raies du feu secret, de notre feu secret. Or l’œuvre n’aboutit à rien en l’absence de cette rosée du chaos, de la formation de ce nuage humide. Almadir ajoute : Si le feu ne réchauffe pas l’or par une chaleur humide, si les fumées ne montent ni ne descendent à travers les brumes de la montagne, dans la tempérance et dans la décence, nous ne serons dignes ni de la pierre blanche ni de la pierre rouge des sages. Formules et propos qui révèlent tous l’authentique et le véritable feu philosophique des sages.

Bref, la matière de ce feu qui est le nôtre est, comme lors du réchauffement du chaos, allumée, réchauffée par un esprit, par une vapeur bien décente et conforme qui est son contraire, sous l’effet du feu visible, qui s’élève, et c’est ainsi qu’est éveillée notre matière philosophique. Cette chaleur, pénétrant notre vaisseau dans la mesure prévue, par un mouvement générateur naturel et parfait, continue sans arrêt, avec constance, d’exercer son effet dans le bon ordre, dans la mesure, jusqu’au terme fixé, et elle parvient finalement avec l’aide et avec le secours de Dieu au terme de ses recherches et de son désir.

Chapitre XX - De la fermentation et de la pondération philosophiques.

Les philosophes ont opéré de multiples recherches sur l’art de la fermentation, raison principale qui justifie le serment fait par certains à Dieu et aux philosophes de ne révéler leur secret ni par allégories, ni par paraboles, encore moins ouvertement, d’autant plus que l’aïeul de tous les philosophes, Hermès, le très célèbre, a suffisamment dévoilé cette fermentation dans le septième livre de son traité. Il dit en effet que le ferment ne peut provenir que de la pâte, qu’il dirige la confection de l’œuvre, entrave la combustion, retarde le flux de la teinture, donne aux corps force et solidité, avant d’accroître et d’accomplir l’union et la réunion. Puis il conclut que c’est là la clef, le terme de toute son œuvre. Le ferment donc n’est rien d’autre que la pâte, le ferment de l’or n’est que de l’or, de l’argent que de l’argent. D’autres philosophes veulent que le ferment soit l’âme, qui ne peut rien produire sans être préparée selon les règles de l’art, véritablement, comme il convient. Certains zélateurs ardents de cet art cherchent l’art dans le soufre ordinaire, dans l’arsenic, la tuthie, l’orpiment, le vitriol, et autres, mais en vain. Indifférente est en effet ici la matière, la substance cherchée et extraite. Il faut donc observer que ledit ferment ne suit pas le vœu et le désir de ces zélateurs ardents, mais exclusivement les voies naturelles indiquées. Pour ce qui est maintenant du poids, disons qu’il est double, le poids naturel et celui que l’art détermine. Le premier réalise son effet et son opération dans la terre, par la nature et par son harmonie, Arnaud en parle. Si l’on ne met pas assez de terre, ou plus que la nature en peut endurer, l’âme étouffe et elle ne peut engendrer ni fruit ni fixation. Même chose pour l’eau qui, mal dosée, provoque des dommages : son superflu humecte la nature, son absence dessèche et endurcit. Même chose pour une trop grande quantité d’air qui dépasse le nécessaire : la teinture réalise une impression trop forte, et, dans le cas contraire, le corps devient livide. Un surplus de feu brûle la matière, si le feu est plus doux que nécessaire, il ne peut dessécher, dissoudre ou bien réchauffer les autres éléments. Voilà en quoi consistent tout le débat et tout l’art du poids élémentaire. Pour ce qui est du poids fixé par l’art, il est extrêmement secret, il est compris, indus dans l’art magique des poids. Il repose en effet entre l’esprit, l’âme et le corps, comme disent les philosophes, dans le soufre qui régit l’œuvre entière. L’âme en effet attire fortement le soufre, elle le désire, l’observe, veille sur lui dans la nécessité. Notre matière en effet est unie, reliée au soufre rouge fixe, auquel est confié le tiers du régime jusqu’à l’œuvre finale. C’est lui qui permet la multiplication infinie de l’opération de la pierre, c’est lui qui, proportionnellement au feu et au poids, dans la matière, en tout et partout, demeure sans modification ni transformation d’un seul degré. Quand la matière est ainsi préparée, quand elle a son poids proportionnel, il convient de l’enfermer parfaitement avec grande délicatesse dans son vaisseau philosophique, de la sceller, de la confier au feu secret dans lequel se lèvera alors l’or philosophique qui, illuminera de son éclat tout ce qui désire, tout ce qui, impatiemment, attend la lumière.

Voilà comment nous voulons brièvement conclure le grand mystère de la noble pierre philosophique dont nous avons tout dit, rendant grâces, honneur, louange éternelle et célébration au Dieu tout-puissant pour la grâce importante, pour le bienfait qu’il a accordé par la révélation de la pierre, tout en conduisant à ouvrir le trésor suprême que ne peut payer tout le bien de ce monde. Que Dieu nous accorde sa grâce et sa bénédiction, ainsi soit-il !