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Explication et commentaire d’Agathodémon sur l’Oracle d’Orphée


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Agathodémonecr. III Littératureecr. GrèceMysticisme
Alchimie
Non applicable

► Les fragments ici réunis sont dus au travail de recherche, de compilation et de traduction de Marcelin Berthelot et Charles-Émile Ruelle. Les textes traduits du grec, viennent de l’ouvrage Collection des anciens alchimistes grecs, 1887 1888. Ils ont principalement utilisé pour leur travail le Manuscrit de Saint Marc (Gr.Z.299 Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre bs. Bibliothèque Marcienne) datant du X XI.


Texte et traduction : du grec ancien au français, Marcelin Berthelot, in Collection des anciens alchimistes grecs, 1887. | bs. Bibliothèque Universitaire de livres rares de Thomas Fisher (Toronto, Canada). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre Lien vers l’œuvre

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ENIGME DE LA PIERRE PHILOSOPHALE
D’APRÈS HERMÈS ET AGATHODÈMON

J’ai neuf lettres et quatre syllabes ; entends-moi. Les trois premières syllabes ont chacune deux lettres. L’autre syllabe contient le reste des lettres cinq sont muettes (consonnes). Le nombre total exprimé renferme seize centaines, plus trois ; plus quatre fois treize : sachant qui je suis, tu seras initié à la divine sagesse que je contiens.

AGATHODÉMON, HERMÈS ET DIVERS
ORACLE D’ORPHÉE
EXPLICATION ET COMMENTAIRE D’AGATHODÉMON SUR L’ORACLE D’ORPHÉE

Agathodémon à Osiris, salut !

1. J’écris dès ce moment pour toi ce quatrième livre, d’après l’oracle antique ; or si tu comprends, si tu interprètes avec intelligence, viens ici près de nous, toi-même, en quittant cette ville de la sottise ; viens nous entendre directement : nous te prescrivons devenir à Memphis, en t’éloignant de la sottise. Je t’exposerai les commentaires de l’oracle, je t’expliquerai ce qui s’y rattache et tout ce que les auteurs en ont dit, et je le commenterai.

2. Sache, Osiris, que l’oracle commence par le jaunissement, laissant de côté le blanchiment. Mais il n’a pas négligé le jaunissement. Pourquoi? On doit l’interroger avec réflexion sur ce qu’il a voulu dire, et c’est d’après les dispositions de son esprit qu’on interprète l’oracle. Or Orphée se proposait d’opérer le blanchiment. Toutes les eaux sont préparées par lui avec l’appareil distillatoire) et la kérotakis, ainsi que toutes les parties de l’opération du jaunissement, je veux dire l’eau du soufre natif, et les autres préparations convenables ; il cherche à accomplir l’opération par le seul mélange de la scorie formée ultérieurement.

3. Ainsi ce qu’on cherchait, l’oracle l’a exposé. Ce qui manquait aux sages pour accomplir l’œuvre, l’oracle l’a complété : il a rendu arsénical le mélange en le tournant vers le jaune, et il a agi sur les autres produits, chacun d’après son mode propre. Quant au blanchiment, personne n’a daigné le mentionner, excepté moi. Je l’ai décrit de bien des manières, et je le décris encore une fois, en commençant par la consultation de l’oracle. Voici ce texte ; « Il convient d’obtenir le pouvoir précieux que tu recherches, par la force des prières, et la chaleur des supplications adressées, ô prêtre, à ton propre nourricier : pour obtenir la puissance du livre et être maitre de la force de l’or, grave mes discours sur des tablettes ».

4. « (Emploie) le cuivre brûlé ; il doit être fortement lavé, et brûlé de nouveau. Après ce second traitement, mets-le en petits morceaux et projette-le sur de très bel argent. Fais pénétrer chaque corps volatil, autant que possible. Prends en quatrième lieu la terre de Sinope, la coquille de l’œuf, la cadmie, l’or, la terre de Macédoine et le misy (je parle de celui d’Asie) : Tu fais fondre ensemble et tu obtiens l’or. »

Ainsi (s’exprime) l’oracle très ancien, contenu dans le grand livre déposé par terre (?). Ce livre transmet les commentaires de la voix vénérable, et sa tradition montrera, ainsi que l’expérience, la bonne manière d’agir dans la projection, l’information mystérieuse (à cause des jalousies), l’information opportune, les moments propices et tout ce qui concerne l’art.

5. Ainsi le premier précepte de l’oracle (concerne) le blanchiment du cuivre, tiré des minerais lévigés, broyés et brûlés, jusqu’à ce qu’ils prennent la consistance de la cire. Or (ce que nous appelons) l’os du cuivre se compose des quatre corps suivants : cuivre, fer, étain, plomb. À ces métaux essentiels, on ajoute le soufre blanc. Ces (substances) demandent une macération préalable, depuis le mois de méchir jusqu’au 15 du mois pharmouthi, 41 jours ; puis le lavage, l’ébullition, l’édulcoration, la clarification, le mélange en proportion voulue, la purification. Les quatre corps seront purifiés, jusqu’à ce que tu les obtiennes dans un état parfait. Ensuite ils seront mélangés, suivant la proportion de poids convenable. Voici ces poids : cuivre, 4 livres ; fer, 1 livre ; étain, 2 livres 1/2 ; plomb, 2 livres 1/2. Pour cette dose de cuivre (?), prends 1 livre d’argent : c’est l’agent fixateur.

6. Dans les autres écrits on trouve divers poids, mélanges et opérations ; mais celles-ci sont bonnes ; elles ne sont nullement inutiles ou vaines. En effet, les uns mélangent tous les corps métalliques (de façon à les réunir) en un seul ; ils obtiennent de la scorie et font alors l’opération… Les autres obtiennent des (résultats) convenables, en s’y prenant d’une autre façon : ils commencent par purifier le cuivre, autant que possible, et ils y mêlent ensuite l’argent, après avoir fait agir l’arsenic sur le fer, en opérant comme avec le cuivre ; et après l’avoir ramolli, ils opèrent le mélange. Ils fondent (alors) l’étain et le plomb ; ils projettent les métaux dans un fourneau à désagrégation. Après avoir fait griller, ils pulvérisent et lavent : de cette façon ils obtiennent le sidérochalque. D’autres encore opèrent sur le plomb, et l’emploient pour désagréger les métaux : ils opèrent un mélange intime avec l’étain, et projettent le produit ; ils délaient semblablement, le plomb et l’étain ; puis ils mélangent et lavent. On délaie préalablement (dans) une assiette, puis on opère dans les autres (récipients). En effet, si la couleur noire n’est pas enlevée au plomb par lavage et décantation, il n’y a rien ; or elle disparait par décantation, lors du lavage et de l’ébullition effectuée avec ce métal ; puis vient la fixation ; puis les séparations, puis la décomposition, puis l’extraction.

7. Ainsi le plomb, uni avec les espèces essentielles, est projeté une seconde fois avec l’argent, pour le jaunissement. Tantôt on désagrège les métaux ; tantôt on les délaie ensemble ; on les soumet à l’extraction, et on recourt aux mille moyens indiqués dans les écrits (des auteurs), car l’art est vaste. Toutes les parties, les scories, et les matières appelées efflorescences (sont employées). Le plomb est travaillé au moyen de la liqueur acide et de la liqueur d’or : entends tout ce qui convient, au sujet du précepte inscrit dans cette ligne. Quant à la chrysocolle, à la terre de Sinope, à la cadmie, ce sont li, avec le plomb, ce que j’ai appelé les espèces essentielles. Cela signifie le misy asiatique, l’eau divine préparée avec le soufre natif tantôt une partie (du liquide distillé), tantôt la totalité. La portion dont il s’agit est celle qui renferme les herbes, celle obtenue au moyen de la chaux et qui dissout tout, ainsi que la partie grillée des (substances) jaunes, la partie décomposée. Quant à la portion (qui reste et qui est) tirée de la totalité, après que tu as délayé la portion transformée par l’action préalable du cuivre, et que tu l’as extraite, lorsque tu as fait agir la vapeur sublimée et la gomme, puis mis à part, en faisant écouler l’amalgame (liquéfié), de façon à obtenir cette matière jaunie dont j’ai déjà parlé, alors fais bouillir cette portion ; répète l’opération par trois fois ; puis projette le produit.

8. Les anciens écrits contiennent toutes les recettes assemblées confusément ; or toutes ces choses vont t’être expliquées en bloc : voici ce que c’est. Prenant une marmite de terre crue, fais la sécher au soleil, pendant dix jours ; puis, prenant de l’ocre et du bleu, une partie de chaque, délaie dans du vinaigre pur, en consistance de miel : enduis-en la marmite à l’intérieur. Fais-y cuire de la sandaraque, en quantité convenable ; puis, prenant de la rouille de cuivre, délaie-la dans l’urine d’un enfant Impubère et enduis de nouveau la marmite, à sa partie supérieure. Lute et fais cuire pendant trois jours. En retirant (le contenu), tu trouveras un produit pareil à de l’orge grillé. Projette-le sur de l’argent noirci, ou sur de l’or noirci, avant qu’il soit refroidi. Une partie d’ocre, et une partie d’étain produisent la même apparence, lorsqu’on les applique sur le fer en proportions égales. La magnésie produira aussi le même effet ; — on la mêle par moitié avec le soufre apyre ; — ce mélange fait par moitié, est mis (en digestion) dans une marmite, pendant deux jours. Ensuite, délaye avec de la couperose et de l’écume d’huile de ricin, pendant trois jours ; fais cuire et projette l’or. Cette matière noircit ainsi une partie d’argent.

L’ESPÈCE EST COMPOSÉE ET NON PAS SIMPLE
ET QUEL EN EST LE TRAITEMENT

1. S’agit-il d’une chose simple ou composée, quant à sa nature, dans l’art appelé chez les maîtres l’art naturel? Par nature, la soudure d’or est une chose simple, un genre simple, d’après le divin Hésiode et d’après Aratus ; c’est elle qui est désignée comme une tête d’or, d’après le prophète divin Daniel ; comme un chœur d’or, d’après Hermès Trismégiste ; mais ce n’est pas là ce que l’on doit entendre par l’unité cherchée. L’art en réalité ne doit avoir ni un objet simple, ni un objet composé de parties ; car si les parties comportaient un seul et même traitement, et ne différaient en rien les unes des autres, elles ne seraient pas les parties d’un tout complet. En effet, toute partie naturelle ou artificielle apporte à l’œuvre complète quelque chose qui lui est spéciale ; sans elle, le Tout se trouverait incomplet, comme il est facile de le voir dans les parties du corps, dénommées lieux chez Galien. C’est ainsi qu’on peut l’entendre dire : « on nomme lieux les parties du corps ». Si quelqu’une de ces parties spéciales fait défaut, la composition sera trouvée incomplète ; soit qu’elle ait subi (seulement) le délaiement, ou la cuisson, ou la calcination, ou la décomposition opérée dans le bain-marie, chauffé avec un feu de sciure de bois ; ou bien dans le vase à bec d’oiseau ; ou bien (lorsqu’elle est déposée) sur la kérotakis ; ou dans l’alambic chauffé à feu nu ; et cela, qu’il s’agisse de la diplosis opérée au moyen du mercure, selon le procédé de Marie, ou de toute autre sorte de traitement.

2. Si donc toute partie naturelle, ou artificielle apporte quelque chose à l’œuvre complète, il faut aussi qu’elle l’apporte au Tout ; car la préparation exécutée sur les parties (séparément) ne répond pas aux proportions que doivent exister dans le traitement (complet). Le Tout en diffère ; de même que l’arbre haut de deux coudées n’est pas changé en un (arbre) de trois coudées, par un simple accroissement (de sa hauteur ?). Mais si chacune des parties profite au Tout, examinons leur relation réciproque. C’est le mercure qui, en s’élevant dans les chapiteaux des récipients, produit le Tout par l’iosis ; de même que le mélange des couleurs sur la kérotakis (palette) des peintres est nécessaire à l’art pour reproduire l’animal entier. De même aussi la magnésie, exposée sur la kérotakis à l’action désagrégatrice et dissolvante, s’écoule dans les récipients inférieurs, le soufre étant mêlé au soufre, lequel amène à la perfection la matière sulfureuse qui le reçoit.

3. Certains prennent le texte dans un autre sens. En effet, Hermès, disent-fis, désigne les soufres comme combustibles ; Démocrite regarde les matières sulfureuses comme tinctoriales et fugaces. Elles sont retenues par le mercure qui leur est congénère. (C’est pourquoi) les maîtres appellent le mercure le tombeau d’Osiris : ce qui signifie l’amortissement (du mercure et des métaux), causé par la macération. Il est nécessaire que l’eau de soufre mercurifiée, c’est-à-dire le liquide sulfureux, soit évaporée par la digestion dans le fumier de cheval. En effet Zosime dit : « Dans tout l’art, ce qu’il y a d’essentiel, c’est le catalogue des espèces liquides ».

4. Après la décomposition, il n’y a plus rien à faire, selon quelques-uns ; le Panopolitain dit que quelques-uns ne s’occupaient plus de rien après l’iosis, tandis que lui parle (encore) du soufre, de l’eau de soufre et du mercure. Quant à nous, nous demandons : Pourquoi le grand Zosime, dans son traité inscrit sous la lettre S, en répondant à cette objection, a-t-il prescrit d’avoir recours au cuivre? Le cuivre a été apporté ; il était parfait de tout point, il était pénétré (par le principe colorant) et n’admettait plus rien. Voulant éveiller leur esprit, il leur présentait la chrysocolle et les teintures, appelant or l’iosis, laquelle est appelée aussi jaunissement. Il s’agissait encore de la composition qui produit la couleur blanche (l’argent) ; car il en est aussi question : mais ce qu’il y a de préférable, c’est l’or (ou la chrysocolle). En effet, (l’or est comparable au) soleil, dont la lumière éclaire les sphères supérieures et les sphères inférieures c’est-à-dire les sphères supérieures en tout temps, mais les sphères inférieures par intermittence ; attendu que l’ombre du cône de la terre s’étend jusqu’à la sphère de la planète Mercure. Or il en est ainsi de l’or produit par l’opération de l’iosis ou du jaunissement, et la sphère où s’exerce l’action du mercure est préférable à celles qui sont situées au-dessus ou au-dessous.

5. Pourquoi donc n’introduisait-il pas une autre opération? En effet, ce n’est pas sur l’or naturel que porte l’explication des anciens, ainsi qu’il est évident d’après leur langage. Car en quoi l’or a-t-il besoin d’être teint? Et pourquoi ajoutait-il : « Un grand nombre ayant trouvé du cuivre amené à perfection dans les temples, ne le teignaient pas, attendu qu’une autre opération avait eu lieu dès le principe ». Et encore, en d’autres termes : « Le sens de tous les écrits n’a été réalisé que dans l’appareil pour traiter le cuivre ». Au sujet du traitement opéré au moyen de cet appareil, le même auteur s’exprime ainsi, en vue du but que l’art se propose.

FABRICATION
PRINCIPALEMENT CELLE DU TOUT

1. Maintenant, comme l’obscurité de la question soulevée de part et d’autre n’a pas été dissipée, Il convient de vous décrire, dès l’abord et par ordre, la fabrication du Tout, (et celle) de la gomme d’or. La partie jaune, le jaune d’œuf bouilli, est délayé exactement dans la gomme d’or (préparée par) notre art. On n’opère pas dans un mortier et avec un pilon, mais dans des appareils à digestion, en forme de mamelles, où l’on soumet à l’action de la chaleur la gomme d’or. Or les (matières) délayées avec cette substance s’unissent à celles dont on a enlevé l’ombre (?). Ces choses, une fois unies entre elles, sont nettoyées à deux reprises. Quant à ce qui reste à la partie inférieure, on le fait réagir de nouveau sur le (contenu) de la partie supérieure. Cela ne se fait pas dans les appareils de digestion, munis de tubes (distillatoires) ; mais dans les appareils terminés par des parties arrondies. On opère à une chaleur douce, pendant 40 jours, plus ou moins, jusqu’à ce que la réaction amène le produit à une apparence invariable.

2. Le cinabre, torréfié dans des marmites lutées de tous côtés, produit le mercure, lequel s’appelle l’eau divine, l’eau blanche, le liquide argentin. Il accomplit par là les oracles d’Apollon

Pareil à un laurier vierge, il s’élève lui-même dans les couvercles des marmites.

On l’y trouve, après le feu éteint, et on le recueille ; car il fuit le feu. On obtient de même le mercure avec du cinabre artificiel, matière rare, c’est-à-dire trouvée rarement je veux parler du cinabre obtenu par voie sèche et torréfaction convenable ; aussi peut-il être appelé vraiment sec. Il s’agit surtout de celui que l’on appelle desséché et facilement volatil, employé dans l’épreuve des âmes. Étant devenu un esprit éthéré, il s’élance vers l’hémisphère supérieur ; il descend et remonte, évitant l’action du feu, jusqu’à ce que, arrêtant son essor de fugitif, il soit parvenu à un état de sagesse.

Tant qu’il n’est pas arrivé à ce terme, il est difficile à retenir et il est mortel. C’est de lui qu’Apollon dit dans ses oracles :

Et un esprit plus noir, humide, pur.

3. Le mercure, étant fixé, fixe ; étant retenu, il retient ; or il est dit que telle est la fin de l’art. Le savant Zosime l’a proclamé : « Il est fixé par une vapeur semblable. » C’est aussi ce dont parle le Philosophe naturaliste (disant) : « Les matières sulfureuses teignent et se volatilisent ; mais elles sont retenues par le mercure, leur congénère ; car le soufre demeure jusqu’à ce qu’il soit combiné, jusqu’à ce que les matières sulfureuses soient dominées par leurs semblables, les matières liquides par le liquide correspondant ». Voilà pourquoi Zosime disait, dans son livre des Clefs : « Ainsi la vapeur est retenue par une autre nature et lui obéit, attendu que la nature domine la nature ».

Ceux qui contemplent ces choses, dit Démocrite, s’écrient : « O natures célestes, créatrices des natures ! O natures grandioses, qui triomphez des natures par les transmutations ! » Il nomme natures célestes les appareils sphériques, dans lesquels on opère la décomposition et la distillation des eaux : je ne parle pas seulement des premières eaux séparées (par distillation), mais aussi des dernières, qui ne sont plus conformes à la mesure, étant mélangées nécessairement aux (matières) non décomposées. Soit que tu en rejettes une (quantité) égale, ou bien un peu moindre, ou bien un peu plus grande, il n’y aura pas préjudice.

5. Il vaut mieux projeter en moindre quantité le cuivre dans la composition restante, attendu que Démocrite dit : « Mais il faut qu’elle contienne aussi un peu de soufre apyre, afin que la préparation pénètre à l’intérieur ». Il entend par ces mots : « un peu de soufre apyre », le produit incombustible, c’est-à-dire le cuivre. Et encore lorsqu’il dit qu’un quart d’argent suffit pour purifier le cuivre, il appelle asèm le cuivre, à cause de son caractère inconnu. Il appelle aussi cuivre, la première eau, qui communique une teinte sombre et fugace, en l’assimilant au cuivre obscurci. En effet, le cuivre ne se produit jamais sans ombre, comme le dit Marie ; à moins que l’on n’en fasse disparaître l’ombre, en la détruisant par un traitement convenable.

AUTRE TRAITEMENT

1. Quelques-uns se sont illustrés en opérant ainsi ; d’autres faisaient bouillir ou torréfiaient le Tout ; ils cassaient et divisaient (les œufs) avec leurs coquilles ; enlevant les enveloppes, et jetant dans un mortier le blanc et le jaune, ils les délayaient ensemble, et ajoutaient une nouvelle partie de jaune d’œuf par-dessus le jaune, ou bien, au contraire, par-dessus le blanc. Ainsi Zosime dit « Pour le blanc, prends deux parties de chaux, et pour le jaune, le double aussi 4e safran et de chélidoine. Car si nous rendons κροκός oxyton et que nous ne le rendions pas baryton (κρόκος), c’est-à-dire si nous ne le rendons pas paroxyton, nous entendrons clairement ce qui est expliqué.

2. Après avoir exécuté ensuite, suivant les mêmes proportions, la composition des eaux, dans les appareils en forme de mamelles, on délaie convenablement dans un mortier. Puis, après avoir donné la consistance de l’huile, ou du vin, ou de la bière, on partage en deux, et, sans recourir au feu, on laisse déposer, se rappelant la (formule) : Laisse en bas, et il se fera ». Après le temps prescrit, on opère la distillation des eaux natives. C’est là le comaris scythique et le cuivre rouillé.

3. Pétasius leur rend témoignage, en écrivant : « Or quelques-uns ont opéré l’iosis dans les appareils ; au lieu de (dire) : Ils ont extrait le cuivre au moyen des appareils. Après avoir mélangé les unes et les autres (matières), je veux dire la feuille altérée et la feuille non altérée, ils les ont exposées deux ou trois fois à la chaleur du fumier. Ils ont obtenu l’objet désiré, nous dit-il, soit de cette façon-ci, soit de celle-là, soit autrement. L’expérience l’enseignera. Porte-toi bien, dans le Seigneur.

QU’EST-CE QUE LA CHAUX DES ANCIENS ?

1. La chose étant ainsi et la nature fixant (le mercure ?), arrivons à la fameuse chaux des anciens. À la différence du calcaire des pierres converti en chaux, celle-ci ne blanchit pas ; au contraire, elle noircit. En effet, cette espèce étant délayée, et le liquide naturel étant mis à part, la matière qui reste au fond dans le plat est torréfiée et noircie ; c’est alors qu’on la nomme chaux.

On la reprend et on l’unit avec sa propre âme. On la place (alors) pendant 15 jours, sur un fourneau en bon état, soumis à une chaleur modérée : elle s’élève par sublimation en dehors du fourneau et se sépare des vapeurs retenues dans l’appareil. Elle produit ainsi l’eau divine tirée de la chaux, si le sublimé est blanc ; mais s’il est jaune, c’est Peau divine native. En effet, les deux liquides (qui en dérivent) ne diffèrent entre eux que par la couleur ; ils pénètrent, teignent et fixent de la même façon.

Suivant la quantité du premier feu, les produits varient, surtout s’ils dérivent d’une matière unique, jaune ou blanche. En effet, Hermès, le grand dieu, dit que la chrysocolle opère tout dans les premiers (feux) ; tandis que la grande chaleur du feu exerce sa puissance dans la première réduction en mercure pour parfaire le Tout. Si cette première (chaleur), n’opère pas, la seconde n’a aucune influence appréciable. Celle-ci expose à un grand insuccès, non seulement parce qu’elle est la mère (cause génératrice) des vapeurs fugitives, mais aussi parce qu’elle n’amène pas toujours la couleur cherchée.

SUITE DU MÊME TEXTE

Quelques-uns soumettent à la sublimation la rouille du cuivre, jusqu’à ce qu’ils aient consommé presque toute la scorie, en l’épuisant à plusieurs reprises : ils pulvérisent, projettent et subliment, conformément à la parole d’Agathodémon disant : « Prends des vapeurs et encore des vapeurs ».

On trouve que le premier (produit) est jaune ; le second, blanc, et le troisième, noir.

AUTRE TRAITEMENT DE LA CHAUX

1. Quelques-uns emploient l’eau jaune dans les iosis ; ou bien ils extraient l’eau blanche en une fois, suivant la nature des produits, ils exposent la première substance aux vapeurs ; puis la seconde séparément, après l’iosis. Car il disait qu’il n’est pas avantageux de réitérer l’introduction du mordant et celle des produits additionnels dans les liquides : ce qui importe, c’est la combinaison des corps, la spécialité des appareils, le changement produit au moyen de la kérotakis, et le nombre des jours (employés) pour la décomposition.

2. Il arrive que la rouille de cuivre, en raison de l’excès des vapeurs sublimées, non seulement est noircie, et teinte de la couleur des corps solides, mais se trouve complètement consommée. Dans ce cas, les opérateurs mélangeaient aussitôt le produit avec d’autres sublimés, de couleur semblable au cinabre, et le mettaient à part. La vapeur précédente, mélangée à la vapeur du mercure, en assure la fixation ; et par suite elle peut à son tour être retenue par une autre nature.

AUTRE PROCÉDÉ DE FABRICATION DE LA CHAUX

D’autres ont employé seulement la chaux blanche pour la décomposition. Sur le comaris blanc ils projetaient les eaux blanches, provenant des appareils ; sur le comaris jaune, ils projetaient les eaux jaunes. Après avoir fait digérer dans le creuset, pendant trois jours, ils enlevaient le produit et l’appliquaient à des matières fraîches de même espèce ; de même que ceux qui opèrent après le trente-deuxième (jour) pour la pourpre. En effet Hermès disait que les anciens connaissaient une pourpre et une pierre de couleur pourpre : c’était la rouille du cuivre. Ainsi Hermès, écrivant à Pausiris, lui disait : Si tu trouves la pierre couleur de pourpre, sache que c’est celle (dont je parle) ; or tu en possèdes la description, ô Pausiris, gravée avec soin dans ma petite Clef.» Cependant Hermès n’a point composé d’ouvrage spécial sur la teinture des pierres, ou de la pourpre ; mais sa « petite Clef » traite du comaris, selon les deux formules ; elle servait à éclaircir la difficulté de la rouille. Il s’est d’ailleurs beaucoup occupé de la chaux.

AUTRE ARTICLE SUR LA CHAUX

Quelques-uns mélangeaient la chaux avec des eaux semblables, pendant une heure environ ; ils l’enlevaient (ensuite) et l’emportaient, en disant que c’était là la teinture du plomb de Marie, qui opère en un jour. Ils trouvaient ceci exposé dans le passage de Zosime : « Mais la partie utile de la pierre… ». Et ils pensaient que c’était là la décomposition et l’iosis. Voilà pourquoi Démocrite écrit : « Or quelques-uns opéraient l’iosis dans les appareils… paroles que Pétasius interprétait ainsi : « Au lieu de dire : ils faisaient de la rouille de cuivre au moyen des appareils » ; et, prenant cette eau, ils l’unissaient à une autre eau, qui en était aussi extraite, et dans laquelle il y avait de la chaux ostracite ; ils en employaient une quantité égale à celle-ci ; car le Philosophe dit : Prends une partie de ce qui te sera indiqué par la suite et autant de la liqueur d’or, c’est-à-dire de la fleur d’or et de la coquille d’or. Hermès parlait de la même (matière), comme d’une chose précieuse aux noms multiples : « Ainsi, en prenant une partie, et en y ajoutant de l’eau de soufre natif et un peu de gomme, tu teindras toute sorte de corps ». Il suivait la même marche pour les deux eaux (blanche et jaune).

AUTRE ARTICLE

D’autres, unissent la cendre des premières eaux avec les vapeurs sublimées qui en proviennent, dans la proportion environ d’une cotyle à une once ; puis ils partagent le produit en deux ; ils arrosent pendant une heure environ et enlèvent l’eau. Ils ajoutent encore une autre (proportion de cendre) ; ils arrosent et enlèvent. Une troisième fois, mélangeant le produit avec de la cendre, ils reprennent les vapeurs (ainsi traitées) et (les mélangent aux sublimés restés dans l’appareil, sublimés blancs ou jaunes ou d’autre sorte, sans s’occuper de la proportion. En agissant (ainsi), ils suivent le grand Zosime, qui dit : « De toute façon, en en employant plus ou moins, tu ne feras jamais mal ; car c’est là la marche de la fabrication, la seule chose cherchée depuis des siècles ».

AUTRE ARTICLE

Quelques uns filtraient les scories, comme on le fait dans la fabrication du savon. Ils répétaient l’opération deux et trois fois en un seul jour, les unissant aux eaux de même espèce et de même couleur. Car ils disaient qu’il suffit de la première action du sublimé.

AUTRE ARTICLE — LA FABRICATION

Certains opéraient, non en un jour, mais en neuf jours, distillant par tiers les eaux employées. Ils mettaient en œuvre une proportion égale et pareille d’eaux, et ils gardaient pour employer au moment de la teinture.

AUTRE TRAITEMENT

D’autres procédaient ainsi ils extrayaient les vapeurs du troisième produit ; alors ils prenaient deux parties (onces?) du résidu qui en provenait et ils y ajoutaient un cotyle (de la vapeur) ; ils conservaient cette préparation.

CONCLUSION DE LA FABRICATION

Quant à moi, ayant recueilli les travaux de tous, je dis que Zosime n’avait pas tort de dire, en écrivant à Théosébie : « En effet, c’est un grand maure que l’expérience ; elle indique toujours aux gens de sens les choses avantageuses, d’après les résultats démontrés ».

Tel est le discours sur la chaux, saur le tout-puissant calcaire, le corps invincible et le seul utile : celui qui l’aura trouvé, d’après la méthode exposée plus haut, triomphera de la maladie incurable de la misère. — Portez-vous bien, amis et serviteurs du Christ notre Dieu.