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La Perfection de sagesse du diamant coupeur
वज्रच्छेदिकाप्रज्ञापारमितासूत्र (Vajracchedikā Prajñāpāramitā), 金剛經 (Jīngāng jīng), Sūtra du Diamant


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
𝔏 Bouddhaecr. 868Littératureecr. ChineMysticisme
Mahayana
Non applicable

► Il est l’un des texte mahayana les plus connus avec le Sūtra du Cœur. Ces deux textes sont contenus dans le recueil Perfection de la sapience {Prajñāpāramitā}, contenant des textes du mahayana centré sur la sagesse transcendante. Il est particulièrement important dans les écoles chan et zen.

◆ La copie la plus vieille conservée au Musée britannique [Or.8210/P.2 Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre], date de 868 ce qui en fait le livre imprimé sur bois le plus ancien connu qui soit complet.

◆ Tout comme le Sutra du Lotus, le texte fut traduit par Kumarajiva. Cela lui permit de clarifier non seulement le sens du texte, qui n’était plus simplement mot à mot, mais aussi de l’éloigner des traductions chinoises antérieure teintées de taoïsme.


Traduction : du sanskrit au chinois, Kumarajiva, .

Traduction : du chinois à l’anglais, Charles Patton, .

Traduction : de l’anglais au français, MP, 1998.

séparateur

(1) Ainsi l’ai-je entendu. À une époque, le Bouddha se trouvait près de Shravasti dans le bosquet de Jeta de la propriété d’Anathapindika avec une grande compagnie de mille-deux-cents-cinquante moines. À midi, l’Honoré du Monde mit son kasaya, prit son bol à aumônes et s’en alla dans la grande cité de Shravasti pour mendier. Dans cette ville il mendia avec succès et puis rentra dans son lieu de résidence pour manger son repas. Ayant rangé son kasaya et son bol, et lavé ses pieds, il prépara son siège et s’assit.

(2) À cette époque, le vénérable Subhuti faisait partie de cette grande assemblée. Il se leva alors de son siège, dénuda son épaule droite, posa le genou droit en terre, et, pressant ensemble les paumes de ses mains, il s’inclina devant le Bouddha. "Elle est extraordinaire, Honoré du Monde, l’habile bienveillance de l’Ainsi Venu pour les bodhisattvas et son habile confiance en eux. Honoré du Monde, à quoi les bons fils et les bonnes filles qui aspirent à la suprêmement inégalée bodhicitta doivent-ils se tenir? Comment devraient-ils régler leurs pensées?"
Le Bouddha répondit, "Excellent, excellent! Subhuti, comme tu l’as dit, l’Ainsi Venu est habilement bienveillant pour les bodhisattvas, et habilement confiant en eux. Si maintenant tu écoutes attentivement, je vais t’expliquer à quoi les bons fils et les bonnes filles qui aspirent à la suprêmement inégalée bodhéité devraient ainsi se tenir, et comment ils devraient ainsi régler leurs pensées."
"Oui, Honoré du Monde, j’écouterai avec joie."

(3) Le Bouddha dit à Subhuti, "Les bodhisattva-mahasattvas devraient ainsi régler leurs pensées : ’là où il y a toutes sortes d’êtres -- qu’il s’agisse de créatures formées dans une matrice ou écloses d’un œuf ; qu’elles soient nées dans l’eau ou proviennent d’une transformation ; qu’elles possèdent ou pas une forme ; qu’elles possèdent la pensée ou pas ; qu’elles ne soient ni dépourvues ni pourvues de pensées -- je ferai en sorte qu’elles entrent toutes dans le nirvâna non-résiduel, les libérant ainsi. En libérant ainsi les innombrables êtres sans limites, en réalité, il n’y a pas d’êtres qui atteignent cette libération’. Quelle en est la raison? Subhuti, si un bodhisattva croit qu’il y a un égo, une personne, des individualités séparées ou une âme ; dans ce cas il n’est pas un bodhisattva."

(4) "De surcroît, Subhuti, un bodhisattva dans le Dharma ne devrait s’attarder nulle part lorsqu’il agit avec compassion. C’est-à-dire ne pas s’attarder dans les formes de la compassion ; ni s’attarder dans le son, l’odeur, le goût, la sensation ou l’idée de la compassion. Subhuti, un bodhisattva devrait ainsi faire preuve de compassion, sans s’attarder à de telles apparences. Pourquoi cela? Si un bodhisattva ne s’attarde pas aux apparences de la compassion, sa sainte vertu ne peut pas être calculée.
"Dis-moi, Subhuti. Peux-tu mesurer le ciel de l’orient?"
"Non, Honoré du Monde".
"Peux-tu mesurer tout l’espace qui se trouve au sud, à l’ouest, au nord, les quatre directions entre zénith et nadir?"
"Non, Honoré du Monde".
"Subhuti, la sainte vertu d’un bodhisattva qui ne s’attarde pas aux apparences de la compassion est de cet ordre, encore une fois, elle est telle. Subhuti, les bodhisattvas devraient ne s’en tenir qu’à cette instruction".

(5) "Subhuti, qu’en penses-tu? Est-il possible de décrire l’Ainsi Venu? Peut-il être reconnu par les caractéristiques corporelles?"
"Non, Honoré du Monde ; il n’est pas possible d’obtenir la vision de l’Ainsi Venu par le moyen des signes corporels. Quelle en est la raison? L’Ainsi Venu a expliqué que les signes corporels ne sont pas des signes corporels [de l’Ainsi Venu]". Alors, le Bouddha dit, "Subhuti, les signes possédés par les mortels sont tous vides et illusoires. Si l’on voit que ces signes ne sont pas des signes [de l’Ainsi Venu], alors on peut voir l’Ainsi Venu".

(6) Subhuti demanda au Bouddha, "Honoré du Monde, ne peut-on se demander s’il y aura-t-il toujours des êtres en qui surgira une foi authentique à entendre les mots de cet enseignement?"
Le Bouddha répondit à Subhuti, "Ne dis pas ça. Dans les derniers cinq-cents ans [de l’ère du Dharma] après la mort de l’Ainsi Venu, ceux qui maintiendront ces préceptes et cultiveront la sainteté pourront, grâce à ces passages, donner naissance à l’esprit fidèle, parce qu’ils sont sincères. Il faut savoir que ces gens [de cette époque] n’auront pas été avec un bouddha, ni deux, ni trois, quatre ou cinq bouddhas lorsqu’ils planteront leurs bonnes racines. Ils auront accompli cette plantation avec d’incommensurables dizaines de millions de bouddhas. En entendant ces passages, ne fut-ce qu’en une seule récitation, il donneront naissance à une foi pure. Subhuti, l’Ainsi Venu sait et voit pleinement ceci dans tout être qui atteint ainsi une aussi incommensurable vertu. Et pourquoi? Parce que ces êtres ne retomberont pas dans les obstructions, la perception d’un égo individuel, celle d’une existence séparée, celle d’une âme, ni celle d’une personne. Ils seront libres de la perception des dharmas tout autant que de celle des non-dharmas. Pourquoi cela? Si les esprits de ces êtres devaient appréhender les apparences, ceci créerait l’attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à une âme, et à une personne. Si elles devaient assumer l’apparence des dharmas, ceci créerait l’attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à une âme, et à une personne. Si elles devaient assumer l’apparence des non-dharmas, ceci créerait l’attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à une âme, et à une personne. C’est pourquoi on ne devrait pas percevoir les dharmas, et c’est pourquoi on ne devrait pas percevoir les non-dharmas. C’est ce que veut dire l’Ainsi Venu lorsqu’il déclare, ’O moines! Sachez que mon Dharma ainsi exposé est comme un radeau de bambou. Le Dharma honoré doit être abandonné, et bien plus encore ce qui n’est pas le Dharma’ ".

(7) "Subhuti, qu’en penses-tu? L’Ainsi Venu a-t-il atteint la suprêmement inégalée bodhéité [l’Illumination Parfaite qui Transcende les Comparaisons]? Dispense-t-il un enseignement du Dharma?"
Subhuti répondit, "Ainsi que je comprend l’enseignement précis du Bouddha, il n’existe aucun Dharma précis qu’on appelle la ’suprêmement inégalée bodhéité’. De plus, il n’y a aucun Dharma précis que puisse exposer l’Ainsi Venu. Pourquoi cela? De tous les dharmas exposés par l’Ainsi Venu, aucun ne peut être perçu ni exprimé, puisqu’il n’existe ni dharmas ni non-dharmas. Pourquoi est-ce le cas? Tous les Sages, par le moyen du Dharma inconditionnel, opèrent des discriminations"

(8) "Subhuti, qu’en penses-tu? Si une personne remplissait les trois mille mondes avec les sept trésors -- or, argent, lapis-lazzuli, cristal, agathe, perles rouges et cornaline -- pour en faire l’aumône, les mérites de cette personne seraient immenses, n’est-ce pas?"
Subhuti répondit, "Immenses au-delà de toute imagination, Honoré du Monde. Même si, en vérité, il n’y a pas d’existence séparée sur laquelle les mérites puissent s’accumuler. C’est pour ça que l’Ainsi Venu a dit que ces mérites seraient immenses".
"Si donc, encore une fois, il y a une personne qui reçoit et soutient ce qui se trouve dans ce sûtra, ne fut-ce que quatre vers, et qu’elle l’explique à une autre personne, les mérites de cette personne dépasseraient l’exemple précédent. Pourquoi cela? Subhuti, chacun des bouddhas qui atteint le Dharma de la suprêmement inégalée bodhéité est le produit de ce sûtra. Subhuti, ce qu’on appelle le Dharma du Bouddha n’est donc pas le Dharma du Bouddha".

(9) "Subhuti, qu’en penses-tu? Celui-qui-entre-dans-le-courant (srota-apanna) peut-il produire cette pensée ’J’ai mérité la récompense de celui-qui-entre-dans-le-courant’?" Subhuti répondit, "Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? ’Celui-qui-entre-dans-le-courant’ est le nom de celui qui entre dans le courant [de la vie sainte], qui n’entre nulle part : il n’entre pas dans les formes, ni dans les sons, ni les odeurs, les goûts, les sensations ni les idées. Celui-là est appelé ’Celui-qui-entre-dans-le-courant’ "
"Subhuti, qu’en penses-tu? Celui-qui-ne-doit-renaître-qu’une-fois (sakrdagama) peut-il produire cette pensée -- ’J’ai mérité la récompense de celui-qui-ne-doit-renaître-qu’une-fois’?" Subhuti répondit, "Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? ’Celui-qui-ne-doit-renaître-qu’une-fois’ est le nom pour une arrivée de plus [dans ce monde mortel], et en réalité, il n’y a pas d’arrivée future. Celui-là est appelé ’Celui-qui-ne-doit-renaître-qu’une-fois’ "
"Subhuti, qu’en penses-tu? Celui-qui-ne-doit-pas-revenir (anagamin) peut-il produire cette pensée -- ’J’ai mérité la récompense de celui-qui-ne-doit-pas-revenir’?" Subhuti répondit, "Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? ’Celui-qui-ne-doit-pas-revenir’ est le nom pour celui qui ne doit pas renaître, et il n’y a en réalité aucune non-renaissance. C’est pourquoi on l’appelle ’Celui-qui-ne-doit-pas-revenir’ "
"Subhuti, qu’en penses-tu? Un arhat peut-il produire cette pensée -- ’J’ai atteint l’éveil de l’arhat’?" Subhuti répondit, "Non, Honoré du Monde. Pourquoi donc? En réalité, il n’existe pas de dharma appelé ’arhat’. Honoré du Monde, si un arhat devait produire cette pensée -- ’J’ai atteint l’éveil de l’arhat’, ce serait alors à cause de l’attachement à un égo individuel, à une existence séparée, à des êtres sensibles, à une âme.
Le Bouddha a déclaré que j’ai atteint, sans discussion, un samadhi qui est parmi les meilleurs. C’est le meilleur parce que j’ai renoncé au désir d’être un arhat. Je ne formule pas la pensée -- ’J’ai renoncé au désir d’être un arhat’. Honoré du Monde, si, de moi-même, je formulais la pensée -- ’J’ai atteint l’Eveil de l’arhat’ -- l’Honoré du Monde n’aurait pas dit de Subhuti qu’il est cet heureux pratiquant forestier, parce qu’en réalité, Subhuti ne pratique nulle part. Et c’est pourquoi on l’appelle ’Subhuti, l’heureux pratiquant forestier’."

(10) Le Bouddha dit, "Subhuti, qu’en penses-tu? Dans le passé, quand l’Ainsi Venu se trouvait avec le bouddha Dipankara, le Pleinement Illuminé, a-t-Il appris quelque doctrine de lui?"
"Non, Honoré du Monde. Quand l’Ainsi Venu se trouvait avec le bouddha Dipankara, il n’y avait en réalité aucune doctrine à apprendre".
"Subhuti, qu’en penses-tu? Les bodhisattvas sont-ils l’ornement des terres du bouddha?
"Non, Honoré du Monde. Pourquoi cela? L’ornement des terres du bouddha est un non-ornement. C’est appelé ’ornement’."
"C’est pour ça, Subhuti, que les bodhisattva-mahasattvas devraient vraiment expérimenter l’esprit pur. Un tel esprit ne discrimine pas et ne porte pas de jugement sur les formes : il ne discrimine pas et ne porte pas de jugement sur les sons, les odeurs, les saveurs, les sensations ou les idées. Un bodhisattva doit développer un esprit qui ne forme aucun attachement ou aversion pour quoi que ce soit.
"Subhuti, suppose qu’un homme soit doté d’un corps aussi grand que le mont Sumeru. Qu’en penses-tu? Son existence personnelle serait-elle grande?"
Subhuti répondit, "Incroyablement grande, Honoré du Monde. Et pourquoi donc? Parce que le Bouddha a déclaré qu’un non-corps est un grand corps".

(11) "Subhuti, suppose qu’il y avait autant de fleuves Gange qu’il y a de grains de sable dans le lit du Gange lui-même. Qu’en penses-tu? Est-ce que l’ensemble de leurs grains de sable serait nombreux?"
"Nombreux, certes, Honoré du Monde. Il serait impossible de compter tous les fleuves Gange, et encore moins le total combiné de tous les grains de sable dans eux tous!"
"Subhuti, je vais te dire une grande vérité. Si de bons fils et de bonnes filles, eux-mêmes aussi nombreux que les sables de ces fleuves Gange, remplissaient trois mille mondes avec les sept trésors pour en faire l’aumône, il en découlerait de nombreux mérites, n’est-ce pas?"
"Incroyablement nombreux, Honoré du Monde". Ne fut-ce que tous ces fleuves Gange seraient si nombreux qu’il en seraient innombrables. Combien plus encore le seraient leurs sables?"
Alors le Bouddha déclara, "Pourtant, Subhuti, si un bon fils ou une bonne fille ne devait recevoir et retenir que quatre lignes de ce sûtra, et l’expliquer à quelqu’un d’autre, le mérite de cette personne surpasserait l’exemple qui précède".

(12) "Qui plus est, Subhuti, là où ce qui est dit dans ce sûtra est respecté, même s’il ne s’agit que de quatre lignes de vers, il faut faire savoir que tous, dans chaque monde, qu’il s’agisse de dieux, d’hommes ou de titans, devraient faire des offrandes de soutien à cet endroit tout comme si c’était un sanctuaire bouddhique. Et combien plus encore si quelqu’un peut le recevoir, le garder, le lire et le réciter entièrement!"
"Subhuti, il faut qu’on sache que cette personne accomplira le plus haut, le meilleur et le plus extraordinaire des dharmas Si ce sûtra canonique se trouve en sa maison, celle-ci serait comme celle du Bouddha, si elle est honorée par les disciples."

(13) Alors Subhuti demanda, "Honoré du Monde, par quel nom ce Discours devra-t-il être connu? Comment devrons-nous le recevoir et le conserver?"
Le Bouddha répondit, "Ce Discours devra être connu comme Vajracchedika Prajna Paramita -- Le Coupe-vitres en Diamant de la Sagesse transcendentale -- C’est avec les mots de ce titre que vous devriez le recevoir et le conserver. Pourquoi donc? Subhuti, le Bouddha dit que c’est la perfection de la sagesse, de sorte que ce n’est pas la perfection de la sagesse".
"Subhuti, qu’en penses-tu? L’Ainsi Venu dispense un enseignement du Dharma, n’est-ce pas?"
Subhuti répondit au Bouddha, "Honoré du Monde, l’Ainsi Venu ne dispense aucun enseignement".
"Subhuti, qu’en penses-tu? Les atomes des trois-mille mondes sont nombreux, n’est-ce pas?"
Subhuti réplica, "Incroyablement nombreux, Honoré du Monde".
"Subhuti, l’Ainsi Venu a dit que les atomes ne sont pas des atomes. Ils sont appelés ’atomes’. L’Ainsi Venu a expliqué que les mondes ne sont pas des mondes. Ils sont appelés ’mondes’. Subhuti, qu’en penses-tu? Peut on voir l’Ainsi Venu par le moyen des trente-deux signes?"
"Non, Honoré du Monde. On ne peut pas obtenir la vision de l’Ainsi Venu par le moyen des trente-deux signes. Pourquoi donc? L’Ainsi Venu a expliqué que les trente-deux signes ne sont pourtant pas des signes. Ils sont appelés les ’trente-deux-signes’."
"Subhuti, suppose qu’il y ait de bons fils et de bonnes filles qui, avec leurs vies aussi nombreuses que les sables du Gange, faisaient l’aumône ; et suppose encore qu’il y ait une personne qui, ne comprenant et ne retenant que quatre lignes de ce sûtra, l’expliquerait à quelqu’un d’autre, son mérite serait incomparablement plus grand".

(14) À ce moment, en entendant prononcer ce sûtra, Subhuti obtint tout soudain une profonde compréhension de sa signification. Alors, en essuyant ses larmes, il s’adressa au Bouddha en disant, "Il est extraordinaire, Honoré du Monde, que le Bouddha expose un discours canonique si incroyablement profond! Il y a longtemps que mon œil de sagesse a été ouvert ; mais de ce jour jusqu’à celui-ci, jamais je n’avais entendu une aussi merveilleuse explication de la nature de la Réalité Fondamentale. Honoré du Monde, si jamais une autre personne entend ce sûtra d’un esprit pur et confiant, alors en elle naîtra le signe de la réalité. Il faut savoir que cette personne aura entièrement accompli le mérite le meilleur et le plus extraordinaire. Honoré du Monde, ce signe de réalité est en effet le non-signe. C’est pourquoi l’Ainsi Venu a dit qu’il est appelé le ’signe réel’. Honoré du Monde, ayant ainsi entendu ce sûtra canonique, et l’ayant sincèrement compris, le recevoir et le conserver ne présente plus aucune difficulté. S’il doit venir au monde dans les derniers cinq-cents ans [de l’ère du Dharma] des êtres qui entendent ce sûtra avec foi et compréhension, qui le reçoivent et le préservent, quel remarquable accomplissement que sera cette liberté! Pourquoi cela? Ces personnes seront libres de l’idée d’une entité-égo, libres de l’idée d’une âme personnelle, libres de l’idée d’un être individuel ou d’une existence séparée. Pourquoi donc? Parce que l’idée d’une entité-égo est ce non-signe. L’idée d’une personne, d’un être sensible et d’une âme sont ce non-signe. Pourquoi? Parce que laissant là toutes les apparences, on les appelle des bouddhas."
Le Bouddha dit à Subhuti, "Oui, oui! S’il y a encore une personne qui entend ce sûtra et n’est ni étonnée, ni alarmée ou effrayée ; il faut savoir que cette personne deviendrait très extraordinaire. Pourquoi donc? Subhuti, l’Ainsi Venu a expliqué que la première perfection n’est pourtant pas la première perfection. On l’appelle la première perfection. Subhuti, la perfection de la persévérance (kshanti), comme l’a dit l’Ainsi Venu, n’est pas la perfection de la persévérance. Pourquoi donc? Subhuti, lorsque dans le passé mon corps a été coupé en morceaux par le roi Kalinga, j’étais à l’époque libre d’attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Pourquoi cela? Lorsqu’à cette époque j’avais été coupé en morceaux et démembré, s’il y avait eu un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme, la colère et l’indignation seraient montées en moi. Qui plus est, Subhuti, je me rappelle que dans les dernières cinq cents incarnations, j’avais été un ascète pratiquant la persévérance. Dans cette incarnation, j’étais libre d’attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Subhuti, les bodhisattvas doivent quitter tous les signes lorsqu’ils entreprennent la suprêmement inégalée bodhéité. Ils ne doivent pas s’attacher aux formes lorsqu’ils formulent cette pensée. Ils ne doivent pas s’attacher aux sons, aus odeurs, aux saveurs, aux sensations, ou aux idées lorsqu’ils formulent cette pensée. Ils ne doivent s’attacher à rien lorsqu’ils forment cette pensée. S’ils devaient avoir un attachement dans cette pensée, alors il deviendrait un non-attachement. C’est pourquoi le Bouddha a dit que les pensées du bodhisattva ne doivent pas s’attacher aux formes de l’aumône. Subhuti, c’est en faisant en sorte de sauver tous les êtres sensibles que les bodhisattvas doivent faire l’aumône. Le Ainsi Venu a dit que tous les signes sont donc le non-signe. De plus, il a dit que tous les êtres sensibles ne sont donc pas êtres sensibles. Subhuti, les discours de l’Ainsi Venu sont véridiques, vrais, et donc ni faux ni contradictoires. Subhuti, le Dharma que l’Ainsi Venu a atteint n’est ni vrai ni faux. Subhuti, si les pensées d’un bodhisattva s’attachent aux dharmas lorsqu’il fait l’aumône, ce serait comme une personne qui entrerait dans l’obscurité, et serait ainsi incapable de rien voir. Si les pensées d’un bodhisattva ne s’attachent pas aux dharmas lorsqu’il pratique l’aumône, ce serait comme une personne qui, grâce à la luminosité du soleil, verrait toutes les différentes formes. Subhuti, s’il devait se produire dans le monde que de bons fils et de bonnes filles soient en mesure de recevoir, retenir, lire et réciter ce qu’il y a dans ce sûtra, alors ils deviendront des Ainsi Venus. Par la sagesse transcendante du Bouddha qui voit et connaît pleinement ces gens, je puis dire que tous obtiendront la réalisation complète de ce mérite incommensurable.

(15) "Subhuti, suppose qu’il y ait de bons fils et de bonnes filles qui, au matin, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône ; qui, dans l’après-midi, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône ; qui, au soir, en nombre égal aux sables du Gange, se donnent en aumône ; et ainsi pendant d’incommensurables milliards de kalpas, se donnent en aumône. Suppose encore qu’il se trouve une personne qui entende ce sûtra canonique d’un esprit confiant qui n’est pas contrariant, sa sainteté dépasserait celle des autres. Combien plus encore s’il le copie, le reçoit, le retient, le lit et le récite dans son intégralité, pour en donner ensuite des explications détaillées aux autres! Subhuti, pour parler essentiellement, ce sûtra possède une signification qui ne peut pas être comprise, et dont l’incommensurable mérite ne peut pas être mesuré. L’Ainsi Venu le propose pour faire avancer le grand véhicule ; il le propose pour faire avancer le suprême véhicule. S’il se trouve une personne qui puisse recevoir, retenir, lire et réciter ce sûtra et l’expliquer abondamment à d’autres, l’Ainsi Venu sait et voit pleinement que de telles personnes obtiendront toutes entièrement la réalisation d’un mérite qui ne peut être mesuré, ne peut être exprimé, n’a pas de limites et est inconcevable. C’est pour cela que de telles personnes portent ainsi la bodhi suprêmement sans pareille de l’Ainsi Venu. Pourquoi donc? Subhuti, si on trouve de la satisfaction dans les dharmas inférieurs, il s’agit d’un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme. Dans ce cas, il ne pourrait pas y avoir d’accord avec le fait de recevoir, retenir, réciter ou expliquer ce sûtra à quelqu’un d’autre. Subhuti, où que ça se trouve, en quelqu’endroit que ce soit, s’il s’y trouve ce sûtra, chacun de tous les mondes, que ce soit celui des dieux, des humains ou des titans, devrait faire des offrandes pour son soutien. Il faut qu’on sache que cet endroit est alors un sanctuaire. Tous devraient le vénérer en en faisant le tour dans le sens des aiguilles d’une montre, en y jetant des fleurs et en y brûlant de l’encens.

(16) "Qui plus est, Subhuti, si de bons fils ou de bonnes filles qui reçoivent, retiennent, lisent et récitent ce sûtra devaient être insultés ou méprisés, c’est qu’ils auraient dans leurs vies précédentes commis des actes mauvais et qu’ils seraient en conséquence tombés dans cette voie des souffrances. C’est pour cela qu’ils sont insultés et méprisés par les autres dans cette vie. Lorsque les actes mauvais de la vie précédente auront été extirpés, ils atteindront la bodhi suprêmement sans égale. Subhuti, je me rappelle que dans un passé d’innombrables asankhya kalpas, avant d’avoir été avec le bouddha Dipankara, j’avais rencontré quatre-vingts-quatre trillions de nayutas de bouddhas, avais donné à tous des offrandes, et avais accompli leur travail sans erreur inutile. Suppose, encore, qu’il y ait quelqu’un qui, dans la dernière époque superficielle, soit capable de recevoir, retenir, lire et réciter ce sûtra, et en obtenir le mérite. Le mérite que j’ai eu en donnant des offrandes à tous ces bouddhas ne vaudrait pas le centième de ce mérite. Même un milliardième de ce mérite serait une estimation insuffisante. Subhuti, si je devais énoncer pleinement l’étendue des mérites des bons fils et bonnes filles qui, au cours de la dernière période superficielle, recevront, retiendront, liront et réciteront ce sûtra, l’esprit de certaines personnes dans cette assemblée en serait perturbé, il se mettraient à douter et cesseraient de croire. Subhuti, il faut qu’on sache que la signification de ce sûtra est inconcevable. Le fruit de sa récompense aussi est inconcevable.

(17) À ce moment, Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, comment doivent se comporter ceux et celles qui entreprennent la suprêmement inégalée bodhéité, comment doivent-ils régler leurs pensées?"
Le Bouddha dit à Subhuti, "Les bons fils et les bonnes filles qui entreprennent la suprêmement inégalée bodhéité formeront la pensée, ’je vais libérer tous les êtres sensibles. Les ayant libérés, il n’y aura pas d’êtres sensibles qui auront été libérés’. Pourquoi? Subhuti, si un bodhisattva avait un attachement à un égo individuel, à une personne, à une existence séparée, et à une âme, alors il ne serait pas un bodhisattva. Pourquoi ça? Subhuti, en vrai, il n’existe pas de suprêmement inégalée bodhéité. Subhuti, qu’en penses-tu? Lorsque l’Ainsi Venu se trouvait avec le Bouddha Dipankara, il avait atteint la suprêmement inégalée bodhéité, n’est-ce pas?"
"Non, Honoré du Monde. Tel que j’ai compris ce veut expressément dire le Bouddha, quand le Bouddha se trouvait avec le bouddha Dipankara, il n’avait en rien atteint la bodhi suprêmement inégalée."
Le Bouddha réplica, "Oui, oui! Subhuti, en vrai, il n’existe pas de dharma qu’aurait atteint l’Ainsi Venu dans la suprêmement inégalée bodhéité. Subhuti, suppose qu’il y ait un dharma qu’aurait atteint l’Ainsi Venu dans la suprêmement inégalée bodhéité. Alors, le bouddha Dipankara ne m’aurait pas confié la prédiction ’Toi, dans une vie à venir, tu apparaîtras en tant que bouddha nommé Shakyamuni’. C’est parce qu’en réalité, il n’existe pas de dharma dans l’obtention de la suprêmement inégalée bodhéité. C’est pour cette raison que le bouddha Dipankara m’a confié cette prédiction qui disait, ’Toi, dans une vie à venir, tu apparaîtras en tant que bouddha nommé Shakyamuni’. Pourquoi cela? Pour quelqu’un qui est un Ainsi Venu, tous les dharmas se valent. Suppose que quelqu’un dise que l’Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, en vrai, il n’existe pas de dharma dans l’obtention par le Bouddha de la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, la bodhi suprêmement inégalée atteinte par l’Ainsi Venu est une [voie] médiane, sans vérité ni fausseté. C’est pour ça que l’Ainsi Venu dit de tous les dharmas qu’ils sont tous le Dharma du Bouddha. Subhuti, ce qu’on appelle ’tous les dharmas’, n’est donc en rien tous les dharmas. C’est pour ça qu’on l’appelle ’tous les dharmas’. Subhuti, prend par exemple cette personne dont le corps est ancien et grand".
Subhuti répondit, "Honoré du Monde, l’Ainsi Venu a dit que la personne dont le corps est ancien et grand, n’a pourtant pas un grand corps. On l’appelle simplement un grand corps".
--"Subhuti, un bodhisattva est aussi tel. Si quelqu’un devait former les mots ’Je vais libérer tous les innombrables êtres’ alors, on ne pourrait pas l’appeler un bodhisattva. Pourquoi donc? Subhuti, en réalité, il n’existe pas de dharma dont le nom serait ’bodhisattva’. C’est pour ça que le Bouddha a dit que chacun des dharmas est sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme. Subhuti, si un bodhisattva devait dire ’Je vais orner la terre du Bouddha’ ; alors ce ne serait pas quelqu’un qu’on pourrait appeller un bodhisattva. Pourquoi ça? Parce que l’Ainsi Venu a dit que l’ornement de la terre du Bouddha, est un non-ornement, on l’appelle ’ornement’. Subhuti, si un bodhisattva pénètre et traverse le Dharma sans égoïsme, l’Ainsi Venu a dit qu’on pouvait vraiment l’appeller un bodhisattva.".

(18) "Subhuti, qu’en penses-tu? L’Ainsi Venu possède-t-il l’œil de chair?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu le possède".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? L’Ainsi Venu possède-t-il l’œil divin?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu le possède".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? L’Ainsi Venu possède-t-il l’œil de sagesse?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu le possède".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? L’Ainsi Venu possède-t-il l’œil du Dharma?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu le possède".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? L’Ainsi Venu possède-t-il l’œil du Bouddha?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu le possède".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? Prends les sables du Gange. Le Bouddha a parlé de ces sables, n’est-ce pas?"
"Oui, Honoré du Monde, l’Ainsi Venu en a parlé".
"Subhuti, qu’en penses-tu ? Comme il y a de sable dans un seul Gange, suppose qu’il y ait des fleuves Gange en nombre égal à celui de ces sables, si on avait des terres de Bouddha en nombre égal à celui des sables de tous ces fleuves, ces terres seraient nombreuses, n’est ce pas?
"Incroyablement nombreuses, Honoré du Monde."
Le Bouddha dit à Subhuti, dans ces terres se trouvent des êtres sensibles avec diverses sortes d’esprits, que l’Ainsi Venu connaît parfaitement. Pourquoi donc? L’Ainsi Venu a dit que les esprits ne sont pas des esprits et sont de ce fait appellés "esprits". Subhuti, il est impossible de retenir l’esprit passé, impossible de tenir l’esprit présent, et impossible de saisir l’esprit futur car en aucune de ses activités l’esprit n’a-t-il de substance ou d’existence.

(19) "Subhuti, qu’en penses-tu? Suppose que quelqu’un remplisse trois-mille mondes avec les sept trésors pour en faire l’aumône. Cette personne, avec cette cause et ces conditions, obtiendrait de nombreuses bénédictions, n’est-ce pas?"
"Oui, Honoré du Monde? Cette personne, avec cette cause et ces condition, obtiendrait d’incroyablement nombreuses bénédictions
"Subhuti, si cet acte béni avait été réel, l’Ainsi Venu n’aurait pas dit que cette personne obtiendrait de nombreuses bénédictions. Puisque l’acte béni n’est pas, l’Ainsi Venu dit donc que la personne en obtiendrait de nombreuses bénédictions".

(20) "Subhuti, qu’en penses-tu? Peut-on reconnaître le Bouddha par la forme parfaite de son corps?"
"Non, Honoré du Monde. On ne doit pas reconnaître l’Ainsi Venu par la forme parfaite de son corps. Pourquoi ça? L’Ainsi Venu a dit que la forme parfaite de son corps n’est pas la forme parfaite d’un corps. On l’appelle forme parfaite d’un corps."
"Subhuti, qu’en penses-tu? Peut-on reconnaître le Bouddha par les signes parfaits?"
"Non, Honoré du Monde. On ne doit pas reconnaître l’Ainsi Venu par les signes parfaits. Pourquoi ça? L’Ainsi Venu a dit que les signes qui sont parfaits ne sont pas des signes qui sont parfaits. On les appelle des signes qui sont parfaits."

(21) "Subhuti, ne dis pas que l’Ainsi Venu forme cette pensée, "J’obtiendrai une explication du Dharma. Ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Si quelqu’un dit que l’Ainsi Venu possède une explication du Dharma, alors elle aura diffamé le Bouddha, parce qu’elle est incapable de comprendre les raisons de mon discours. Subhuti, le Dharma oral n’a pas de Dharma qu’on puisse exprimer. On l’appelle Dharma oral."
Alors, le Vénérable Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, ne peut-on se demander s’il y aura-t-il toujours dans les générations à venir des êtres sensibles en qui surgira une foi authentique à entendre les mots de cet enseignement?"
Le Bouddha répondit à Subhuti, "Ce ne sont pas là des êtres sensibles, sans qu’on puisse dire qu’ils ne sont pas des êtres sensibles. Pourquoi donc? Subhuti, les êtres sensibles qui sont êtres sensibles, a dit l’Ainsi Venu, ne sont pas des êtres sensibles. On les appelle seulement ’êtres sensibles’."

(22) Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, est-ce parce rien n’est atteint nulle part que le Bouddha a atteint la bodhi suprêmement inégalée ?"
Le Bouddha répondit, "Oui, oui! Subhuti, dans ma bodhi suprêmement inégalée, il n’y a vraiment pas le moindre Dharma qu’on puisse obtenir. C’est ça qu’on appelle la bodhi suprêmement inégalée".

(23) "Qui plus est, Subhuti, le Dharma est égal, n’ayant ni haut ni bas. C’est ce qu’on appelle la bodhi suprêmement inégalée. C’est grâce au fait d’être sans égo individuel, sans personne, sans existence séparée, et sans âme, et par la mise en œuvre de tous les bons dharmas qu’on atteint la bodhi suprêmement inégalée. Subhuti, ce qu’on dit être de bons dharmas, l’Ainsi Venu a expliqué qu’ils étaient des non-dharmas. Ils sont appellés ’bons dharmas’ ".

(24) "Subhuti, suppose que tout comme les monts Sumerus des trois-mille mondes, une personne ait accumulé des montagnes des sept trésors de dimensions et en nombres semblables à ceux de ces monts Sumeru, pour fins d’aumône. Si une personne, reçoit, retient, lit et récite ce sûtra de Perfection de Sagesse, ne fut-ce que quatre lignes, et l’explique à quelqu’un d’autre, l’action sainte de la première n’atteindrait pas le centième de la sienne. Un milliardième, même, n’en serait pas une estimation suffisante.

(25) "Subhuti, qu’en penses-tu? Dirais-tu que l’Ainsi Venu forme la pensée, ’Je sauverai les êtres sensibles’? Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? En vrai, il n’y a pas d’êtres sensibles que puisse sauver l’Ainsi Venu. S’il y en avait, alors l’Ainsi Venu aurait un égo individuel, une personne, une existence séparée, et une âme. Subhuti, l’Ainsi Venu a expliqué qu’un égo individuel n’est pas un égo individuel. Les hommes mortels considèrent leurs personnes comme étant un égo individuel. Subhuti, l’Ainsi Venu a expliqué que les hommes mortels ne sont pas des hommes mortels. On les appelle ’hommes mortels’ ".

(26) "Subhuti, qu’en penses-tu? Peut-on examiner l’Ainsi Venu au moyen des trente-deux signes?" Subhuti répondit, "Oui, oui. Au moyen des trente-deux signes, on examine l’Ainsi Venu." Le Buddha dit, "Subhuti, si, au moyen des trente-deux signes, on examine l’Ainsi Venu, cet Ainsi Venu est alors un saint roi qui fait tourner la Roue [du Dharma]". Subhuti dit au Bouddha, "Honoré du Monde, l’Ainsi Venu, si je comprend bien ce que veut dire le Bouddha, ne doit pas être examiné au moyen des trente-deux signes." À ce moment, l’Honoré du Monde proclama ce gatha, disant,
"Si par la forme on regarde l’Ainsi Venu "Ou que par le son de ma voix on le cherche "On suit une voie corrompue "Et l’on ne peut reconnaître l’Ainsi Venu".

(27) "Subhuti, suppose que tu devais former la pensée ’Parce que ce n’est pas au moyen des signes parfaits que l’Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée’. Subhuti, ne forme pas cette pensée, ’Parce que ce n’est pas au moyen des signes parfaits que l’Ainsi Venu a atteint la bodhi suprêmement inégalée’. Subhuti, suppose que tu devais former la pensée ’Entreprendre la bodhi suprêmement inégalée, c’est le Dharma oral du nihilisme’. Subhuti, ne forme pas cette pensée. Pourquoi donc? Parce qu’on ne peut pas prétendre qu’entreprendre la bodhi suprêmement inégalée soit le Dharma d’une conception nihiliste.

(28) "Subhuti, suppose qu’un bodhisattva remplissait autant de mondes qu’il y a de grains de sable dans le Gange avec les sept trésors, et les accumulait pour en faire l’aumône. Suppose encore qu’il se trouve quelqu’un qui sache que tout dharma est sans égo et qui en atteigne la complète persévérance. Ce bodhisattva surpasserait l’obtention des mérites du premier. Subhuti, la raison en est que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits".
Subhuti s’adressa au Bouddha, en disant, "Honoré du Monde, comment se fait-il que les bodhisattvas ne reçoivent pas de bienfaits?"
"Subhuti, on ne doit pas s’attacher avec avidité à la composition des bienfaits des bodhisattvas. C’est pourquoi ils sont dits ’ne pas recevoir de bienfaits’ ".

(29) "Subhuti, s’il se trouvait quelqu’un pour dire que l’Ainsi Venu va, vient, s’assied ou s’étend ; cette personne ne comprendrait pas ce que je veux expressément dire. Pourquoi donc? L’Ainsi Venu n’a pas d’endroit d’où venir, et n’a pas non plus d’endroit où aller. C’est pourquoi il est appelé un Ainsi Venu."

(30) "Subhuti, suppose que de bons fils et de bonnes filles devaient moudre les trois-mille mondes en grains de poussière. Qu’en penses-tu? Ces grains seraient nombreux, n’est-ce pas?" -- "Incroyablement nombreux, Honoré du Monde. Et pourquoi? Si ces myriades de grains existaient réellement, le Bouddha ne parlerait pas de myriades de grains de poussière. Pourquoi cela? le Bouddha a dit que ces grains ne sont pas des grains de poussière. On les appelle grains de poussière. Honoré du Monde, l’Ainsi Venu a dit que les trois mille mondes ne sont donc pas composés de mondes, on les appelle ’mondes’. Pourquoi donc? Si ces mondes existaient réellement, alors ils apparaîtraient comme un seul conglomérat. L’Ainsi Venu a déclaré que l’apparence d’un seul conglomérat n’est pas l’apparence d’un seul conglomérat. Ça s’appelle ’un seul conglomérat’."
"Subhuti, l’apparence d’un seul conglomérat n’est donc pas exprimable. Seuls les hommes ordinaires s’attachent avidement aux agissements de leurs propres personnes."

(31) "Subhuti, suppose que quelqu’un dise que le Bouddha a parlé du point de vue de l’égo, du point de vue de la personne, du point de vue des existences séparées, ou du point de vue de l’âme. Subhuti, qu’en penses-tu? Cette personne comprend-elle ce que je veux expressément dire?"
"Non, Honoré du Monde. Cette personne ne comprendrait pas ce que l’Ainsi Venu veut expressément dire. Pourquoi donc? L’Honoré du monde a dit que la perception d’un égo individuel, d’une personne, d’une existence séparée, et d’une âme ne sont donc pas la perception d’un égo individuel, d’une personne, d’une existence séparée, et d’une âme."
"Subhuti, dans la bodhi suprêmement inégalée, tous les dharmas devraient ainsi être connus, conçus et en conséquence fidèlement compris comme les apparences non-nées des dharmas. Subhuti, l’Ainsi Venu a dit que les mots ’apparences des dharmas’ ne sont donc pas les apparences des dharmas. On les appelle ’apparences des dharmas’."

(32) "Subhuti, suppose que quelqu’un remplisse d’innombrables asankhyas de mondes avec les sept trésors et les accumule pour en faire l’aumône. Et suppose que de bons fils et de bonnes filles entreprennent la bodhéité, ne retenant de ce sûtra que quatre lignes, en en recevant, retenant, lisant et récitant et donnant aux autres des explications détaillées. Leurs mérites dépasseraient ceux de l’autre. Comment pourraient-ils donner aux autres des explications détaillées? Sans s’attacher aux apparences de l’absolu, sans agitation. Pourquoi cela?
"Tous les dharmas existants et conditionnés "Sont des rêves, des illusions, des bulles, des ombres ; "Comme la rosée et aussi comme l’éclair, "Ainsi doit-on les considérer."
Quand le Bouddha eût fini de prononcer ce sûtra, le Vénérable Subhuti, les bhiksus, bhiksunis, upasakas, et upasikas, et tous, dans les mondes des dieux, des humains et des titans qui avaient entendu les enseignements du Bouddha furent grandement exaltés. Sincèrement, ils reçurent et transmirent la pratique du sûtra de Perfection de Sagesse du Diamant [Coupant].