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Le Verger d’honneur et jardin de plaisance


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Hamsecr. f.XV d.XVILittérature (tech.)publ. FranceAlchimieNon applicable

► Ce texte peu connu à été diffusé PSI puis repris à divers endroits, nous supposons qu’il a été tiré d’un recueil, ? du Ms.1091 Lien vers le catalogue de Wellcome ou du ms. 0457(7.1) Lien vers le catalogue de la Bibliothèque universitaire de Bologne.

■ Comme nous n’avons pas pu consulter de ms. original, nous laissons le texte tel que trouvé (avec quelques corrections) et ne pouvons en conséquence, assurer l’intégrité du texte.


Texte : én. du Verger d’honneur et jardin de plaisance, ans. 2010, PSI.

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Au nom de Dieu, le père tout puissant, ici est déclaré l’ouvrage, science des philosophes, par laquelle on pourra parvenir à l’intelligence de la pierre des philosophes, laquelle fut créée aussitôt que l’homme fut fait, non qu’elle fut en sa parfaite vertu et bonté ; mais la matière était faite, laquelle après les philosophes ont gouvernée par art et fait venir en sa bonté et valeur, et puis en ont usé à leur volonté, laquelle matière nous appelons terre philosophique, parce qu’elle ne vient, sinon par le mayen des philosophes.

Car il n’y a personne qui la connaisse, s’il n’est philosophe naturel, et bien qu’elle soit en tous lieux et visible à tous, si est qu’elle est à tous inconnue. Sachez donc que quand elle sort de sa minière, elle est rouge comme sang par la chaleur qui est en elle ; car elle abondant dans une minière, abonde aussi sa chaleur et sans icelle, il n’y a aussi aucune chaleur ; et pourtant, la terre philosophale porte aussi toute sa chaleur avec soi, et donne vie à la minière, et contient en soi corps, âme et esprit.

Et tout ce qui a esprit a sang et participe sa nature des quatre éléments. Il est chaud et sec du feu, l’air qui est chaud et moite, et l’eau qui est moite et froide, la terre qui est froide et sèche. Ainsi contient naturellement les quatre éléments et les quatre complexions d’argent vif, soufre, soleil et lune en puissance et invisiblement, et néanmoins valent mieux que le soleil, la lune, le mercure et le soufre vulgaires, car ils sont morts, n’ayant puissance d’engendrer, et ceux de notre pierre sont vifs ; et peuvent engendrer, ayant corps, âme et esprit.

Et sort de sa minière rouge comme sang, clair comme mercure vulgaire. Ce pourquoi on le nomme mercure philosophale : et quand ledit mercure, ou terre philosophale a demeuré demi-heure hors de sa minière, elle s’arrête en elle et surnage. Alors elle se peut séparer de plusieurs parties, de manière qu’il sort de ladite terre une eau citrine, laquelle faut jeter ; car c’est sa superfluidité ; et elle demeure pure et nette pour faire notre pierre. Les philosophes ont appelé cette minière fontaine contenant sept ruisseaux principaux ; et la terre philosophale qui en sort, ils l’ont appelée eau de vie, et à bon droit, parce qu’elle donne vie à la minière dont elle sort, comme le sang au corps humain.

Car le sang manquant, l’homme n’a plus âme, ni esprit, et l’esprit du sang est la rosée philosophique qui le suit et le tient clair humide et coulant ; et sans ladite rosée philosophique, il demeurerait sec et caillé dans les veines du corps, et tant qu’il coule, l’âme y demeure et donne vie au corps et usage de raison.

Mais s’il est privé du sang, l’homme meurt et retourne en terre de laquelle il fut créé ; laquelle, si tu savais, a de très grandes et souveraines vertus. Car quand Dieu le créa, il lui donna médecine pour se guérir de toutes les infirmités qui peuvent advenir au corps humain, afin d’éviter la mort jusqu’à la fin des jours que Dieu lui termina. Or donc, si l’on savait les grandes médecines qui se peuvent faire du corps humain, on ne le laisserait pas ainsi pourrir et enterrer ; mais on en prendrait la substance, et on la gouvernerait comme les anciens faisaient par leur bon entendement ; et plusieurs biens restent à être faits à cause de la brièveté de la vie humaine et maladies qui adviennent par l’excès de débauche et de lubricité. L’homme néanmoins porte sa médecine et ne sait point se guérir.

Sachez donc que moi, étudiant en médecine au collège, je servais un grand médecin juif et très docte qui faisait des cures extraordinaires tous les jours, guérissait lèpre et toute autre maladie, de sorte qu’il était tenu pour saint et qu’il faisait des miracles. Moi, en voyant tout cela, je priai Dieu qu’il me donne l’amour de mon maître, afin qu’il m’enseigna par l’expérience la médecine ; et il me pressait toujours à étudier sur la composition du corps humain, tant pour la médecine que pour le secret des philosophes.

Et me montrant grandes expériences, quant à la médecine ordinaire mais non point touchant le secret des philosophes. Sinon, de la voir mettre en opération et médecine. Et voici de lui les merveilles que je ne pouvais croire. Dans l’espace d’un mois, il commença à faire un sirop pour lui qui était vieux et caduc, et me jura qu’il avait 200 ans, ce que je ne pouvais croire ; et quand il l’eut fait, il me l’enseigna, lequel je t’enseignerai aussi ci-après, et fit un bain en certain signe et influence, lors de la conjonction de la Vierge dans lequel il se baigna par 40 jours, tenant bon régime, et usant de son sirop ou médecine faite du corps humain, comme je le dirai, tellement que je le voyais survenir jeune de jour en jour ; et au 40ème, il semblait un homme de 20 ans.

La barbe blanche tomba et il recouvra toutes ses forces et chaleurs précédentes ; et il se promettait de vivre autant que fit jamais homme, si Dieu le permettait et laissait faire à nature par le moyen de son bain et médecine. Alors je le priai plus que jamais de me déclarer le secret des philosophes. Il me répondit qu’il ne se déclarait pas même de père à fils, si la personne n’était pieuse et savante ; qu’il le ferait cependant mais qu’il n’était pas temps de me déclarer le secret de la pierre philosophique ; que j’étudiasse comme il m’avait dit et recommandé le corps humain, que je trouverais ce que je lui demandais.

Je prie congé de lui, et m’en vin à la ville de Strasbourg, et là me mis à chercher le secret de la pierre philosophale. Et me souvenant du sujet du corps humain, je trouvai le sujet de ladite pierre ; mais après je fus deux ans à apprendre à gouverner le feu et le moyen de distiller les quatre éléments qui est le principal de toute la matière. Enfin, me souvenant du feu des anciens philosophes, je trouvais ce que je demandais.

Sachez que je veux assimiler toute la génération de la pierre à celle de l’homme. Afin que tu comprennes bien, sache donc que le sperme de l’homme est du sang le plus pur qui soit en lui, lequel étant en la matrice de la femme, se putréfie. Au bout de 40 jours, se fait une masse de chair humaine, de laquelle se forme puis le cœur, le cerveau, le foie et membranes et les parties, et enfin tout le corps de l’homme, lequel se nourrit dans le ventre de la femme jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour rompre le développement et naître au monde. Et cela au bout de neuf mois, où la femme le fait naturellement.

Après se nourrit et allaite de son lait, tant qu’il soit fort et grand pour prendre et digérer de la viande plus solide. Ainsi tu vois naturellement comme l’homme engendre l’homme, et chacun son semblable.

Sache que les philosophes ont appelé l’homme mercure, car comme le mercure est le sperme de tous les métaux, aussi l’homme est le sperme de l’homme. Et la femme est appelée terre à cause que l’enfant s’engendre et se nourrit dans le ventre de la femme, comme les métaux et plantes se nourrissent dans la terre ; et l’on appelée terre vive et justement car elle a puissance d’engendrer plus noble et excellent fruit que l’autre terre qu’ils ont appelée terre morte.

Ils ont aussi appelé l’homme soufre et la femme mercure ; l’or soleil et l’argent lune, comme étant les plus nobles de tous les sept métaux, ainsi que ces deux sont les plus nobles planètes du zodiaque. Ils ont encore dit qu’à plus forte raison, on doit appeler l’homme soleil et la femme lune, que non pas les métaux qui sont faits pour leur servir, comme aussi tout ce qui est dessus la terre, comme Dieu l’a commandé lui-même.

Nous devons donc prendre la terre philosophique en notre dite minière pure et nette sans immondicité laquelle s’appelle mercure philosophale, auquel sont en puissance soleil et lune, et lequel mercure contient le sperme de l’homme et médecine des métaux. Comme le sang fait le sperme de génération de l’homme, s’il est mis dans la matrice de la femme, soit de sa nature engendrer son semblable, et au contraire, s’il est mis ailleurs qu’en son lieu ordonné, il n’en fait ni profite aucunement : de même si notre terre philosophale est mise en sa droite matrice, elle doit engendrer un élixir, ou médecine pour guérir toutes les infirmités du corps humain et la lèpre des métaux imparfaits.

Ainsi au contraire, si elle est mise ailleurs que dans sa mère, ou matrice légitime, jamais on fera génération et ne viendra à perfection. Car nous savons et connaissons plusieurs personnes non philosophes qui ont connu la matière et le vrai sujet de la pierre, et y ont travaillé suivant leur intelligence ou le procédé des livres qu’ils avaient, ont séparé les quatre éléments par distillation, ont fait paraître plusieurs couleurs par putréfaction, et les trois principales couleurs qui sont le noir, le blanc et le citrin par calcination, néanmoins ils n’ont rien trouvé de perfection ; et la cause est qu’ils avaient mis ladite terre philosophale hors de sa vraie mère, ou matrice, et n’a rien produit du tout.

C’est pourquoi ils ont méprisé le vrai sperme de la dite pierre et ont composé des livres faux selon leur fantaisie. Lisez donc les livres des vrais philosophes et adeptes ; retenez bien mes paroles et vous parviendrez à ce que vous désirez. Sachez qu’il n’y a aucun métal sur la terre auquel abonde en soi le vrai sperme ou mercure pour engendrer le noble roi florissant en honneur et richesse qui est la vraie pierre philosophale.

Ainsi c’est celle que j’ai dit qui est rouge comme du sang, et le prenez de vos propres mains, quand vous voudrez, et tant que vous voudrez, sans détruire la minière. Prenez donc dudit sperme, ou terre philosophale, et la mettez dans une fiole ; qu’elle soit à demi pleine seulement, afin que les éléments puissent bien se distiller à l’aise, bien fortement bouchée, que rien ne puisse entrer si sortir, laquelle mettez à feu très lent, c’est-à-dire au feu de cheval, tellement qu’il en ait de l’épaisseur d’un pied de tous côtés dessus et dessous, et l’y laisserez pendant 40 jours, puis lui augmenterez le feu de mois en mois, en distillerez les quatre éléments qui est le principal de toute l’œuvre.

Et si vous baillez le feu comme il faut, au bout de 40 ou 50 jours, vous commencerez à voir plusieurs et diverses couleurs, et toute la matière prise en un pain tout troué avec quelques étincelles blanches. Et quelquefois, la matière est toute noire au dessous, et tout autour vous y verrez une eau fort claire, laquelle est un signe de perfection, car c’est le vrai mercure lequel circuit et environne la matière pour parvenir à engendrer le noble fils, ou fruit.

Quelquefois, vous verrez la matière verte et de plusieurs autres couleurs, ce qui dénote que les éléments commencent à distiller ; et devant que la matière devienne parfaitement noire, vous y verrez plusieurs petites blancheurs, comme d’œufs de fourmis au fond de la fiole.

Et sachez que jusqu’à ce que toute l’eau soit bue et l’humide consumé, il n’y aura aucune perfection ; et à peine sera-t-elle bue en deux ou trois ans. Je te dis que si au bout de 40 ou 50 jours tu vois cette humidité consumée, il ne faut plus aller en avant dans l’œuvre ; car la matière est brûlée. Il faut en prendre d’autre et recommencer, en lui donnant chaleur égale à celle de la mère qui porte son enfant. Il ne faut pas aussi qu’elle soit moindre car cela retarderait l’œuvre, bien qu’elle ne se gâterait pas.

Quand au bout de deux ans ou plus vous verrez l’humidité consumée et que la matière prendra la noirceur qui est l’élément de la terre, alors commencera à se former le noble dauphin, auquel continuerez sa chaleur qui est sa nourriture, comme il convient. Au bout de 36 ou 38 mois, plus ou moins, selon le feu que vous lui donnerez, verrez ledit corps et matière blanche comme la neige, bien sublimée en dignité, où elle sera élixir au blanc pour faire projection, étant la pierre au blanc parfaite qui est la couleur de l’air, ou attribué à l’air en cet art.

Si vous voulez poudre au rouge, il faut continuer le feu de degré en degré, jusqu’à ce qu’elle ait acquis la couleur qui est attribuée au feu en cet art ; et lors vous aurez l’élixir, ou pierre accomplie au rouge, laquelle tant plus demeure au feu, et plus augmentera sa vertu. Car elle est de la nature de la salamandre qui se nourrit au feu : et lors sera engendré un roi à triple couronne, comme vrai empereur, florissant en honneur et richesse, desquels il fournira plus que tous les rois de la terre.

Vous verrez son effet dans la projection qui vous sera déclarée. Mais, parce que plusieurs philosophes ont erré faute de bon régime du feu et droite séparation des quatre éléments, à cause qu’ils avaient diverses sortes de feu, comme de réverbère, de sublimation, de rotation, de lampe, de bain-marie, feu de putréfaction au fumier de cheval, et quand ils avaient putréfié 40 jours, ils en tiraient les quatre éléments par distillation, puis faisaient venir les trois philosophales couleurs par calcination, et ne trouvaient rien, parce qu’ils ne lui donnaient par la matrice, ventre ou chaleur due, et qu’ils excédaient celle du ventre de la mère.

La distillation qui se fera à feu de bois ou de charbon ne réussira jamais. Ce pourquoi si vous voulez administrer la vraie chaleur de la femme, il faut que vous fassiez deux trous en terre qui aient cinq pieds de profondeur et deux ou trios de largeur, l’un desquels il faut remplir de fient de cheval frais et ensevelir votre fiole au beau milieu, comme j’ai dit, et au bout de 12 à 15 jours, remplissez l’autre fosse de fient fraîche, et y mettez au milieu votre fiole comme dessus, et continuez ce régime jusqu’à la fin de l’œuvre.

Car il n’y a point d’autre feu plus approchant du ventre de la femme que celui-là. Ce pourquoi les philosophes l’appellent philosophale, tous l’ayant trouvé, et ne se servant point d’autre pour notre art, et le cachant tant qu’ils peuvent. Car c’est la chose la plus secrète.

C’est donc en icelui que se distillent les quatre éléments en un seul vaisseau bien secret et bien luté, sans l’ouvrir davantage pour rien ajouter, ni diminuer, sans y faire aucune trituration des mains, ni sublimation, ni calcination, ni distillation, sinon de lui continuer le même feu, comme j’ai dit jusqu’à la fin de sa perfection, et qui sera prêt pour en faire projection et conserver le corps en santé, et guérir les lépreux de toutes maladies avec le bain de jeunesse.

Fermentation

Après que la pierre philosophale est devenue rouge, ou vermeille, et quelquefois brune ou jaune, laissez-là néanmoins en son feu pour sept semaines parce qu’il y a sept métaux et sept vertus de multiplication et fermentation avec le mercure vulgaire.

Plusieurs philosophes ont écrit différentes sortes de fermentations et projections de la pierre philosophale, néanmoins ils ne mettent pas toutes les vertus et puissances qu’a la dite pierre ; mais moi qui les ai éprouvées, je dis qu’il y en a 7 sur le mercure comme dit ici, lequel vaut mieux qu’aucun des autre métaux. Car si vous vouliez la fermentation sur le métal, à grande peine en pourriez vous jouir sous le marteau.

Prenez donc du mercure et le lavez bien avec sel et +. Après mets-en cent onces dans un + sur le feu. Quand il commence à bouillir et fumer, mets-y une once de ta pierre ou élixir, il fera quelque bruit et jettera quelques fumées. Quand cela sera passé, le mercure sera congelé et frangible en très rouge médecine, une once de laquelle jetterez sur 100 onces de mercure lavé et bouillant au creuset, et sera encore médecine de laquelle jetterez encore sur 100 onces de mercure ; et cela 7 fois, comme j’ai dit.

À la septième, une once jetée sur 100 d’étain, plomb et cuivre. Pour le blanc sur ces trois métaux, et sur 100 de lune pour l’or, et aurez or meilleur que celui de la minière.

Nota : Quand la médecine aura monté jusqu’à 7 fois, prends en une portion, et mets en vase de verre et la fais cuire au feu philosophale, jusqu’à ce qu’elle soit venue de la couleur qu’elle était auparavant la projection. Tu peux la fermenter encore avec mercure lavé jusqu’à 7 fois, comme j’ai dit de la 1ère, et faire projection après sur de l’argent.

Ainsi tu pourras digérer une partie de la médecine en la multipliant ainsi à l’infini. Rendons grâce à l’Eternel qui a donné à l’homme la matière et le pouvoir de la rendre parfaite pour lui servir de médecine.

Le bain de jeunesse et le sirop pour user avec la médecine

Prends au mois d’avril ou mai fleurs de romarin en grande quantité et les mets dans un grand vaisseau de verre bien bouché, et l’ensevelie profondément auprès d’une rivière pendant 40 jours. Après les mets au feint de cheval, jusqu’à ce qu’elles soient dissoutes en eau.

Puis coule ladite eau par un linge net, en l’exprimant doucement. Puis mets ladite eau avec son vase au soleil 2 mois et tant qu’elle devienne épaisse comme sirop ou huile qu’on appelle baume, lequel garderez bien chèrement pour les nécessités. Il faut faire grande quantité d’eau de romarin, c’est-à-dire des feuilles et fleurs par l’alambic, et la garderez pour le besoin.

Après au 1er jour du signe de Vierge, faites un bain. Mettez-y une partie de l’eau de romarin, trois parties de bon vin blanc et trois parties d’eau commune. Faites le tout échauffer et les mettez dans une cuve à propos dans laquelle vous mettrez force feuilles de romarin, et entrerez dans la baignoire à sept ou neuf heures du matin et n’en sortirez qu’à cinq heures du soir.

Il faut que les portes et fenêtres soient bien fermées et étoupées, que nul vent n’y puisse entrer. Il ne faut point sortir de la chambre des dits 40 jours que vous prendrez les bains. Chaque matin, comme vous aurez demeuré au bain, prendrez un grain de notre médecine susdite du sang mêlé avec deux cuillerées de sirop de fleurs de romarin, ne mangeant, ni ne buvant de deux heures après ; et en tout temps que vous prendrez les bains, la médecine et le sirop qui sera l’espace de 40 jours, vous observerez le régime qui va être prescrit.

Avant d’entrer au bain, il faut bien se purger par le conseil d’un bon médecin, puis se faire saigner de la veine du foie, et durant le bain, userez de bouillons en coulis de bon chaperon, veau et mouton hachés menus, comme pour un malade, de poulet, perdrix, pigeons, cailles, mouton, chapon, jeunes levreaux et lapins rôtis, et boire vin rouge plutôt que du blanc, parce qu’il fait meilleur sang.

Ne point manger poisson, fromage, laitage, vous pourrez manger amandes, pruneaux, raisins, confis au sucre, et œufs frais mollets. En continuant ce régime, vous serez infailliblement au bout des 40 jours ramené en force et vigueur comme si vous n’aviez que 25 ans.

Épitre déclarative de l’auteur aux philosophes

Je vous prie de croire que je suis véritable. C’est tout mon traité du verger d’honneur. S’il y a quelques termes obscurs, je veux vous les expliquer à cette heure. Notez qu’au lieu que j’ai parlé de la substance du corps humain, c’est la nourriture, la vie d’icelui : et quand elle est séparée, il meurt. C’est le sang.

Quand j’ai dit que l’humidité ne sera consommée que de 16 ou 20 mois, et quelquefois de trois ans : mais pour cela, ne laissez pas de poursuivre votre œuvre jusqu’à ce qu’elle soit toute consommée, car autrement, ne verriez rien en aucun perfection. Notez que si vous voyez au bout de 24 ou 25 premiers jours de l’eau et de la terre philosophale dans le vase, c’est un signe que le feu n’a point brûlé les fleurs de la matière et vous pouvez vous réjouir.

Notez que la longueur de la perfection de l’œuvre vient le plus souvent de n’avoir nettoyé bien la terre des philosophes de ses superfluités : et quelquefois, demeurera 5 ou 6 ans, sans y voir aucune perfection, et quoique ses superfluités soient bien séparées toujours l’œuvre est fort longue, mais on verra la fin.

Si au bout des 6 premiers mois votre terre n’est dissoute en eau ou huile, il faut remuer le vaisseau jusqu’à ce que la matière soit dissoute, car cela abrège le temps de 7 ou 8 mois.

En cas où vous ayez fait tout cela, si est ce que l’humide demeure long temps à être consommé, et cela quand ladite terre est sortie d’une minière qui n’est pas bien saine et disposée, et malgré cela elle demeure long temps à être consommée, l’ordre de la nature le voulant ainsi, et Dieu, pour voir si votre intention persiste dans le bien.

Vous ne verrez aucune perfection jusqu’à ce que toute l’humeur soit tournée en blancheur sèche qui est la perfection au blanc. Si la terre est d’une minière bien disposée et saine, elle viendra toute en blancheur en forme d’huile épaisse, avant que toute l’humidité soit consumée, laquelle huile se congèlera en forme de couleur rouge comme dit est.

Depuis qu’elle commencera à rougir, il lui faut continuer le feu deux mois en suivant l’augmentation de dix en dix jours, comme ont fait les bons philosophes, et comme nous l’entendons. Puis faites la fermentation sans laquelle vous ne pourrez connaître la vertu et puissance de la pierre. Si vous savez bien faire, vous la multiplierez jusqu’à l’infini ; et vous le pourrez à la fin par le feu, si ce n’est pas faute de nourriture, sans laquelle ladite pierre meurt de faim, ne pouvant plus engendrer aucun fruit.

Mais avec nourriture, vous en ferez projection sur les métaux imparfaits. Sur quoi les anciens philosophes ont dit que le sujet était une chose vile que le pauvre et le riche pouvaient avoir ; que sans elle, personne ne pouvait vivre, ce qui est vrai.

Ainsi, aux temps passés, la dite science était tant manifestée que plusieurs bergers, en gardant leurs brebis faisaient la pierre des philosophes. Ce qui fut cause qu’ils furent excités par la noblesse. Depuis ont été rares ceux qui y sont parvenus, et encore ont-ils écrit si obscurément qu’il est impossible de les entendre.

Quand la pierre a été au rouge, ils l’ont appelée pierre philosophale ou médecine du corps humain. Depuis qu’on a fait la fermentation par le mercure, ils l’ont appelée médecine des métaux, et non du corps humain, comme elle était devant. En ladite terre philosophale, depuis qu’elle est mise au régime du feu philosophale, elle croit de jour en jour en bonté et vertu, et verrez qu’elle deviendra pesante comme plomb qui est un très beau secret. Retiens bien mes paroles car en ce faisant, vous le trouverez véritable.

C’est ici la fin de mon livre et traité du verger d’honneur, priant qu’il inspire et donne esprit à tous ceux de notre art philosophique et naturel, et lui accorde le moyen de le poursuivre.

Ainsi soit-il
S.g.P.m.D.Hes
Sanguis hominis sani, oetatis anno XXX

Et dans une très petite parcelle de sa confection, pour l’usage et les effets qui en résultent, une seule goutte prise dans un bouillon réveille la chaleur naturelle et l’humide radical, les augmente et fortifie. Il n’y a pas d’accès extrême et de paroxysme voisin de la mort qui ne cède à la 5ème goutte dans trois prise et potions différentes.

Le fruit de la confection est un fruit rouge comme un rubis, ou de couleur du plus fin grenat, ou pavot champêtre que l’on résout en élixir, ou huile rouge. Son odeur est l’ambre et le musc. Toutes les plus saines odeurs ne peuvent arriver à cette harmonie. Elle les surpasse toutes, réjouit le cerveau et le cœur admirablement, et charme nos facultés et nos sens d’une façon délicieuse.

C’est pourquoi son nectar a été nommé l’ambroisie céleste, car il n’y a pas sous le ciel un remède comparable à pouvoir l’égaler tant en puissance qu’en vertu admirable, non seulement à cause de ses mérites, mais encore à cause de sa simplicité.

Cette médecine universelle est le véritable baume, ou catholicon de la nature. Elle a été le sujet des éloges que Salomon et tous les sages ont fait de la sagesse, qu’ils ont dit, la vie de toute chair et la santé du cœur, l’arcane céleste qui prolonge la vie au-delà des bornes ordinaires, le remède salutaire qui comble l’homme des jours heureux et des plus longues années, etc.

SOLI DEO GLORIA

Note de marge : Observez que vous devez tirer votre terre philosophale d’une minière que le soleil n’ait fait que 25, 30 ou 35 révolutions pour le plus, autrement votre terre n’aurait pas toute sa force et vertu. La nature décline à ce temps-là. De plus, il y a une saison dans l’année plus propice qui est au printemps, depuis le 15 Avril jusqu’à la fin mai. Voilà le temps plus sûr pour avoir la terre avec toute sa force et vertu, ayant participé aux influences des deux luminaires qui sont le soleil et la lune.