🔍
Bouton_Accueil

Abraham ben Samuel Aboulafia
Raziel, Zacharie

Données générales

PériodeLieu
GénéralXIIIEspagne
Naissance1240Saragosse, Espagne
Décès 1291 (51 ans)? Comino, Malte
Cause
Inhumation

DomaineCourantOrdre
Qabale (extatique)
Mysticisme
Judaïsme
Qabale classique

RelationsNom
Influence
ParHassidisme médiéval
Sepher Yetzirah
Éleazar de Worms
Hillel ben Samuel
Moïse Maïmonide
DiscipleJoseph ben Abraham Gikatilla
SurṬaiṭazaḳ Joseph
Critiqué parḤayyaṭ Judah ben Jacob

Repères biographiques

I. Histoire

■ On lui connaît bon nombre d’informations biographiques et pour cause : il en émaille sa production littéraire. La plupart des informations dont l’on dispose sont par ailleurs issues de ces mêmes écrits. Il aura justement consigné une partie de sa biographie dans son Livre du Trésor de l’Éden caché.

► Il passe sa jeunesse à Tudela (province de Navarre) où son père lui enseigne la théologie hébraïque et la grammaire. À 18 ans, son père décède et il décide de se rendre en Israël en quête du fleuve Sambation afin de retrouver les dix tribus perdues et réunifier le peuple d’Israël. Néanmoins le conflit entre Mongols et Mamelouks le repousse eu Europe et il passe dix ans en Grèce - où il se marie - et en Italie.

↳ Il étudie la médecine et la philosophie sous la direction de Hillel ben Samuel, avant de s’enfoncer dans la qabale notamment et comme beaucoup de ses pairs, via Maïmonide. Il écrira un commentaire de son Guide des égarés, commentaire qui fut parmi les premiers à interpréter le célèbre texte sous un jour mystique. Industrieux et fin écrivain, il réunit autour de lui des disciples.

► À 31 ans, il est à Barcelone, étudiant toujours plus la qabale. Il s’astreint à une ascèse et à des pratiques rituelles, à l’emploi du notarikon, de la guématrie et du tserouf. Il pense alors avoir obtenu le nom de Dieu et la perception directe des réalités cachées et partant, l’état de Messie. Il part pour la région de Castille, y répand sa doctrine et commence à rédiger plusieurs ouvrages prophétiques.

► À 40 ans, obéissant à une voix intérieure, il décide d’aller visiter le Pape afin de le convertir à sa doctrine messianique, son but étant à terme de réunir les trois religions du livre. Le pape ayant eu vent de ses intentions l’accusa d’être un fanatique et ordonna qu’on le brûla vif. Le décès du pontife lui évitera cette déconvenue. En effet, arrivé aux portes du Vatican et apprenant la nouvelle, il tourna les talons. Il fut néanmoins jeté en prison durant un mois par les franciscains avant d’être relâché.

↳ Il continua à partager ses connaissances en Espagne, se faisant disciples mais aussi adversaires qui peu encouragés par une attitude qu’ils jugent trop zélée, le poussent à se retirer sur l’île de Comino où il écrit son dernier ouvrage avant de s’éteindre. Il aimait signer ses œuvres "Raziel" ou "Zacharie", pseudonymes dont la valeur numérique est la même que "Abraham".

II. Pensée

Figure importante du judaïsme médiéval qui influença l’œuvre théosophique du Zohar (d’aucuns prétendirent qu’il en est l’auteur), Aboulafia propose une méthode kabbalistique inédite, un mysticisme pratique qu’il appelle qabale prophétique et qu’il tente de relier à la prophétique de Maïmonide.

↳ Ascèse psychique focalisée sur les différentes modalités du verbe, cette pratique insiste sur l’aspect mystique du devekuth. Par le truchement de la science de la combinaison des lettres {Hokhmath ha-Tseruf} qui est l’étude et la contemplation (tant esthétique qu’essentielle) des lettres hébraïques, il pratique une magie intérieure ayant pour fin la fusion avec Dieu par l’entremise de la méditation et d’une harmonie extatique qu’il compare lui-même à la musique. Si pouvoir on doit tirer de cette ascèse, c’est celui qui prophétique, permet de voir au-delà du voile des apparences en se séparant du sensible et en entrant dans la pensée pure : en déliant l’âme.

↳ Car en dépit de sa réputation post-mortem de magicien, Aboulafia est fort critique envers l’occultisme. Formulant son système à l’aide d’une pensée limpide et d’intuitions profondes, il produit une mystique raisonnée comparable au yoga. Malgré les mises en garde des rabbins orthodoxes, il étend son influence dans les cercles de la qabale mystique aujourd’hui encore.

III. Documents pertinents

𝕍 Métaphysique des idées et mystique des lettres : Leibniz, Böhme et la Kabbale prophétique in Revue de l’histoire des religions (213, 4 pp. 265-292), Susanne Edel, 443-466. Lien vers le document sur Persée

Œuvres choisies

  • Le Livre du Signe {Séfer ha-’Oth}, 1285 1288.

  • L’Épître des Sept voies {Seva netivot ha-Tora}, XIII.
  • La Lumière de l’intellect {Or ha-sékhél}, XIII.
  • Livre des Paroles respectueuses {Séfer Imrey Shefer}, XIII.
  • Livre du Trésor de l’Éden caché {Eden ha-ganouz}, XIII.

Citations

Il est bien connu que les lettres de l’alphabet hébreu n’ont aucune vibration propre, et par conséquent, le Saint béni soit-Il institua dans la nature, en accord avec l’Intellect, les pouvoirs dans la bouche afin d’amener les lettres à leur prononciation, selon la forme de leur existence telle que dans ce livre. Et les points voyelles furent établis dans les lettres afin de montrer la vibration de la prononciation en leur traduction à partir du livre de la bouche. Ainsi, les vibrations sont essentiellement les lettres de la bouche, et accidentellement, les lettres dans le livre. Et jointes en lui (le livre) par la nécessité de lieux pour les différentes vibrations, car rien ne peut vibrer sans un lieu et un temps. Les éléments d’espace sont les dimensions, et les éléments du temps sont les cycles par lesquels on mesure ses divisions, comme l’année, les mois, les jours, etc. Et puisque les dimensions existent, une personne doit savoir comment doser la prononciation de chacune des lettres.
La Lumière de l’Intellect
Il faut fondre toutes les langues dans la langue sainte afin qu’il apparaisse que chaque parole qu’on prononce par la bouche et par les lèvres puisse être considérée comme étant composée des lettres saintes qui sont au nombre de 22.
Le Livre du Signe
Vav-Hé-Yod-Hé est la combinaison du Nom. Il est suffisant pour l’homme qui connaît son chemin, lorsqu’il sait se revivifier en lui. Car Sa Connaissance est la cause de toute vite éternelle. Ainsi, le cœur de mon cœur parle à mon cœur occulte : "Écris les sentiers du Nom dans les combinaisons inversées et directes, connues par les sages de la langue". Ce sont les noms des Temples qui sanctifient les esprits, éveillant les puissance, illuminant celui qui en est digne, à la pleine compréhension de toute l’abondance qui préserve le sage et ses disciples, le saint et le juste, du peuple de la terre, des enfers en-dessous. Voici le Nom glorieux et redoutable qu’il a crée en Lui : Sang est son Nom, mâle et femelle, nom du père et de la mère dans la grandeur de Son Nom, avec puissance, scellés ensemble.
Le Livre du Signe