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La Barrière sans porte🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
無門關 (Wúménguān)


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
comp. Wumen Huikaipubl. 1228LittératureComp. ChineChanNon applicable

► L’édition originale comporte outre les 48 koan, un commentaire et un verset de Wumen pour chacun d’eux ainsi qu’un épilogue final. Nous n’avons retranscrit ici que les koan en eux-mêmes. Dans les éditions ultérieures, il y a également un 49 koan ajouté par Anwan [Cheng Ch’ing-Chih]. Enfin, en 1230, Tsung-shou ajoute trois poèmes au commentaire du koan 46.

► C’est avec le Recueil de la falaise bleue, l’une des base de travail les plus importantes de l’école rinzai. Cette école est l’une des trois déclinaison japonaise du chan et fait grand cas de la tradition des koan. Le Livre de l’équanimité et le Trésor de l’Oeil du Vrai Dharma, autres recueils importants de koan n’étant pas de la lignée de Linji Yixuan (Rinzai) mais de Caodong (Soto), sont de moindre importance.

◆ Les deux autres écoles de zen plus tardives d’un siècle et d’un millénaire que sont soto et obaku sont respectivement focalisées sur le zazen pour l’une(1) et sur un syncrétisme entre le chan et L’école de la terre pure(2) pour l’autre.


1. Spécifiquement depuis le XVIII.

2. Branche importante du mahayana.


Texte et traduction : Traduction du chinois au français, Jacques Prestreau. Sur sa page Lien vers le site, il a par ailleurs ajouté le koan supplémentaire d’Awan et ses propres annotations.

séparateur

1. Le chien de Joshu

Un moine demanda à Joshu :
Un chien a-t-il la nature de Bouddha ?
Mu ! répondit Joshu.

2. Le renard de Hyakujô

Un vieil homme, au milieu des moines, assistait chaque jour aux discours de Hyakujô sur le zen. À la fin de chaque séance les moines se retiraient, et lui aussi.
Mais un jour il resta seul avec Hyakujô après le départ des moines. Celui-ci lui demanda :
Qui es-tu ?
Le vieil homme répondit :
Je ne suis plus un être humain. Mais je le fus il y a bien longtemps. J’étais un maître du ch’an et je vivais sur cette montagne entouré de mes élèves. Un jour l’un d’eux me demanda si l’homme illuminé était ou non encore soumis à la loi des causes et des conséquences. Je lui répondis : "L’homme illuminé n’est pas soumis à la loi des causes et des conséquences." Mais ma réponse était la preuve d’un profond attachement, et je devins un renard* pour cinq cent renaissances. Et je suis encore un renard aujourd’hui. Peut-être que tu pourras me délivrer de cet état par tes paroles, et ainsi je sortirai enfin de ce corps de renard… S’il te plait, dis-moi si l’homme est soumis à la loi des causes et des conséquences ?
Hyakujô répondit :
L’homme illuminé est UN avec la loi des causes et des conséquences.
À ces mots le vieil homme fut illuminé. Il rendit hommage à Hyakujô en disant :
Me voila délivré. Je ne suis plus un renard. Mais c’est dans ma demeure que je dois quitter mon corps, dans la montagne. Je te prie de bien vouloir célébrer des funérailles de moine.
Et le vieil homme partit.
Le lendemain, Hyakujô donna au moine supérieur l’ordre de célébrer les funérailles d’un moine.
Mais personne n’était malade ces jours-ci ! Que veut donc nous dire notre maître ? se demandèrent les moines.
Après le repas du soir, Hyakujô emmena les moines dans la montagne. Dans une grotte, il leva de son bâton le cadavre d’un vieux renard et célébra la cérémonie de la crémation.
Un jour, des années plus tard, Hyakujô relata aux moines cet événement relatif à la loi des causes et des conséquences. Parmi les moines présents se trouvait Obaku, qui demanda à Hyakujô :
Je comprends bien que jadis une personne est devenue renard pour cinq cent renaissances parce qu’elle avait donné une réponse erronée, mais explique-moi… si on pose de nombreuses questions à un maître et qu’il donne toujours la bonne réponse, qu’adviendra-t-il alors de ce maître ?
Hyakujô répondit :
Viens devant moi, je vais te répondre.
Obaku se présenta devant Hyakujô… et gifla le maître, car il se doutait que c’était la réponse que celui-ci allait lui faire ! Hyakujô éclata de rire et félicita Obaku pour sa perspicacité. Puis il conclut :
Je pensai que les étrangers avaient une barbe rouge. Maintenant je sais qu’ils ont une barbe rouge !

3. Le doigt de Gutei

Gutei avait une manie. Lorsque son maître Tenryu posait une question à ses élèves, il levait son doigt.
Un jour, un autre élève décida de l’imiter. À son tour celui-ci se mit à lever son doigt à chaque fois qu’on lui posait une question.
Gutei remarqua le manège. Un jour il surprit l’imitateur et lui coupa le doigt ! Celui-ci hurla de douleur et s’enfuit en courant. Gutei le rattrapa pour le calmer.
Lorsque Gutei retourna son camarade vers lui, il leva son propre doigt… et soudain son camarade réalisa l’éveil.

4. La barbe de Boddhidharma

Wakuan se posa une question incongrue en voyant une peinture représentant Boddhidharma :
Pourquoi donc n’a-t-il pas de barbe ?

5. L’arbre de Kyôgen

Kyôgen a dit :
Le zen est comme un homme qui, s’accrochant désespérément à un arbre par les dents au-dessus d’un précipice, ses mains ne s’agrippant plus à rien, ses pieds ne reposant plus sur rien, entendrait soudain quelqu’un lui demander "Eh, l’ami ! Pourquoi Boddhidharma est-il venu d’Inde en Chine ?" S’il ne répond pas il échoue à sa mission, et s’il répond il tombe et se tue.

6. La fleur de Bouddha Buddha

Le Bouddha Shâkyamuni était assis face à une assemblée sur le Mont des Vautours et s’apprêtait à prononcer un sermon quand il vit près de lui une petite fleur. Il la cueillit puis, la levant sous son nez, il la fit tourner entre ses doigts.
Ce fut là tout le contenu de son sermon.
Perplexe, la foule resta silencieuse. Seul Mahâkashyapa comprit et sourit.
Le remarquant, le Bouddha Shâkyamuni dit alors :
J’ai le trésor de l’œil du vrai dharma, le pur esprit du Nirvâna, l’essence véritable de ce qui n’a pas de forme, le grand chemin du dharma. Tout ce qui ne peut se dire par des mots mais se transmet par l’enseignement. Et cet enseignement, en cet instant ici et maintenant, je le transmets à Mahâkashyapa.

7. Va laver ton bol !

Un moine s’adressa à Joshu :
Maître, je suis novice. Instruis-moi, je te prie.
Joshu répondit par une question :
As-tu fini ton repas ?
Oui, répondit le moine.
Alors, va laver ton bol !

8. La roue de Keichu

Getsuan, entouré de ses élèves, leur demanda :
Keichu, grand fabricant de roues, vient de faire deux belles roues d’une cinquantaine de rayons chacune. Mais qu’adviendrait-il de ces roues si on leur enlevait le moyeu central ? Et si Keichu avait fabriqué ses roues sans moyeu, serait-il un grand fabricant de roues ?

9. Un bouddha qui n’était pas un bouddha

Un moine posa à Seijô la question suivante :
Maître, on dit qu’il a vécu un bouddha avant l’Histoire connue. Mais ce bouddha, assis en méditation pour une durée de dix existences, ne parvint pas à réaliser la Haute Vérité, et ne put donc se libérer du cycle des existences. Pourquoi ?
Seijô répondit :
Ta question contient sa réponse !
Le moine renchérit :
Mais puisque ce bouddha était en méditation, pourquoi n’a-t-il pas atteint la bouddhéité ?
Seijô répondit :
Il n’était pas un bouddha !

10. Seizei seul et pauvre… ou le vin du zen

Un moine du nom de Seizei posa à Sozan la question suivante :
Je suis Seizei. Je suis seul et pauvre. Me donneras-tu ton aide ?
Sozan répondit :
Tu as le zen, qui est le meilleur vin de Chine ! Après en avoir bu trois coupes tu persistes encore à dire qu’elles n’ont même pas mouillé tes lèvres ?

11. Joshu pose une question

Joshu alla voir un moine sur son lieu de méditation et lui posa la question suivante :
Ce qui est, qu’est-ce ?
Pour toute réponse, le moine leva son poing.
Joshu rétorqua :
Là où l’eau est peu profonde les navires ne passent pas !
Le lendemain Joshu retourna voir le moine sur son lieu de méditation et lui posa la même question :
Ce qui est, qu’est-ce ?
Pour toute réponse, le moine leva son poing.
Joshu répondit alors :
Bien donné, bien pris ! Bien tué, bien sauvé !

12. Le monologue de Zuigan

Tous les matins Zuigan entretenait un monologue :
Maître !
Oui Monsieur !
Deviens sobre !
Oui Monsieur !
Et cesse d’être naïf !
Oui Monsieur !

13. Tokusan et la Vérité Ultime

Sa méditation terminée, le Maître Tokusan alla aux cuisines, son bol à la main. Seppo était entrain de cuisiner pour le repas de midi. Il aperçut Tokusan et lui demanda :
On n’a pas encore appelé pour le repas. Où vas-tu avec ton bol ?
Tokusan repartit donc avec son bol.
Seppo le cuisinier en parla à Gento. Et Gento conclut :
Le vieux maître Tokusan n’a pas encore atteint la Vérité Ultime !
Tokusan eut vent de cette remarque de Gento et lui demanda de venir le voir. Il lui dit simplement :
Nous ne vivons pas le zen de la même façon.
Le lendemain, Tokusan donna un enseignement très différent de son habitude. Ganto dit alors :
Je crois au contraire que le vieux Tokusan a atteint la Vérité Ultime. Et je pense même que dans toute la Chine personne ne le surpasse !

14. Nansen coupe un chat en deux

Maître Nansen remarqua des moines de deux pavillons se quereller à propos d’un chat. Prenant le chat il leur dit :
Une seule parole juste et le chat sera sauvé !
Devant le silence des moines… il trancha le chat en deux !
Joshu, qui avait été absent, revint le soir. Nansen lui demanda alors ce qu’il aurait fait.
Sans dire un mot, Joshu ôta une de ses sandales et la posa sur sa tête.
Nansen lui dit alors :
Si tu avais été là… le chat serait encore en vie !

15. Trois coups de bâton pour Tôzan

Tôzan se rendit chez Maître Ummon. Ummon lui demanda :
D’où viens-tu ?
Je viens du petit village de Satô.
Et dans quel temple étais-tu cet été ?
Hoji Ji, au sud du lac.
Ah bon… Et quand en es-tu reparti ? continua Ummon, entretenant un dialogue d’une banalité affligante.
À la fin de l’été…
Hmmm ! Tu mérites trois coups de bâton, mais, va… je te pardonne !
Le lendemain Tôzan revint voir Ummon et s’inclina de respect devant lui. Il s’enquit :
Hier tu m’as fait grâce de trois coups de bâton… mais je ne comprends pas ce qui les justifiait.
Mais tu es bon à rien ! Tu ne fait qu’aller d’un temple à l’autre !
À ces derniers mots, Tôzan fut illuminé.

16. Le monde est si vaste !

Ummon s’adressa aux moines :
Le monde est si vaste ! Et vous répondez à l’appel d’une cloche ! Et vous vous habillez de robes de cérémonies !

17. Les excuses de Chu

Chu, surnommé Kokushi, précepteur de l’Empereur, appela son assistant :
Oshin !
Oui !
Oshin !
… Oui ?
Oshin !
… Oui ?!?
Oshin, je devrais te présenter mes excuses pour t’avoir appelé plusieurs fois… mais je crois que c’est plutôt à toi de me présenter tes excuses !

18. Trois livres de lin

Tôzan était entrain de peser du lin, quand un moine vint lui demander ce qu’est le Bouddha ?
Ce lin pèse trois livres ! répondit Tôzan.

19. Faut-il étudier la voie ?

Joshu demanda à Nansen :
Qu’est-ce que la voie ?
La vie quotidienne EST la voie ! répondit Nansen.
Peut-on l’étudier ?
Plus tu essaies de l’étudier plus tu t’en éloignes !
Mais si je ne l’étudie pas, comment saurais-je ce qu’est la voie ?
La voie n’appartient pas au monde de la perception ni au monde de la non-perception. La connaissance est illusion, et la non-connaissance est pure folie. Si tu veux suivre le chemin qui mène au-delà du doute, tu dois être aussi libre que le ciel ! Le ciel, tu ne dis pas qu’il est bon et tu ne dis pas qu’il est mauvais !

20. La parole de l’homme illuminé

Shôgen se demanda :
Pourquoi l’homme illuminé n’utilise-t-il pas la parole pour enseigner ?
Et un enseignement peut-il se transmettre sans les mots ?

21. De la bouse séchée

Un moine vint voir Ummon pour lui demander ce qu’est le Bouddha ?
De la bouse séchée ! répondit Tôzan.

22. Transmission

Kashyapa ?
Oui, Ananda.
Le Bouddha t’a donné la kasâya de la transmission. Que t’a-t-il donné d’autre ?
Ananda…
Oui, mon frère ?
Maintenant tu peux abaisser mon signe de prêche et élever le tien !

23. Quand tu ne penses ni au bien ni au mal…

Lors de son entrée dans la lignée des patriarches, le sixième patriarche Hui Neng (Eno) reçut du cinquième patriarche Hung Jen (Kônin) le bol et la robe que les patriarches se sont transmis de génération en génération depuis Bouddha.
Puis Hui Neng quitta de nuit le temple sur les conseils de Hung jen.
Mais un moine jaloux, envieux, nommé E Myo, suivit Hui Neng pour lui dérober le précieux trésor.
Remarquant qu’il était suivi, Hui Neng posa la robe et le bol sur le chemin et laissa E Myo venir. Puis il lui dit :
Ces objets ne sont que des symboles. Il ne peuvent pas justifier qu’on se batte pour eux. Si tu les veux, prends les.
E Myo voulut s’emparer des précieux objets, mais il ne parvint même pas à les soulever. Ils étaient aussi lourds que les montagnes !
Honteux, E Myo dit alors :
Je t’ai suivi parce que je voulais l’enseignement, pas ces trésors matériels. Enseigne-moi, s’il te plait !
Hui Neng lui demanda :
Quand tu ne penses ni au bien ni au mal, quel est ta vraie nature ?
À l’écoute de ces mots, E Myo fut illuminé. Soudain transpirant abondamment, il pleura et se prosterna, disant au patriarche :
Tu m’as donné les mots qu’il me fallait, et leurs sens secrets se sont révélés à moi. Est-il un enseignement plus profond encore ?
Hui Neng répondit :
Ce que je t’ai dit n’a rien d’un secret ! Quand tu EST ta propre nature, ce secret est évident !
E Myo dit alors :
J’ai vécu beaucoup d’années sous la conduite de Hung Jen notre cinquième patriarche, sans découvrir ma nature profonde. À tes simples mots, j’ai trouvé la source ! Lorsqu’une personne boit de l’eau elle sait par elle-même si l’eau est chaude ou froide. Puis-je t’appeler "mon Maître" ?
Hui Neng répondit :
Nous avons étudié ensemble sous la conduite de Hung Jen notre cinquième patriarche. Appelle-le "mon Maître" si tu veux. Mais surtout garde précieusement ce que tu as trouvé !

24. Sans parler, et sans rester silencieux

Un moine vint voir Fuketsu et lui demanda :
Sans parler, et sans rester silencieux, comment puis-je exprimer la Vérité ?
Fuketsu répondit :
Je me souviens des printemps du sud de la Chine… Les oiseaux chantaient au milieu d’immenses champs de fleurs parfumées.

25. Prêcher du troisième fauteuil

Dans son rêve, Kyôsan se rendit au pays pur de Maitreya. Arrivé dans la demeure de Maitreya, il se vit assis dans le troisième fauteuil. Là, il entendit une voix annoncer :
Aujourd’hui l’homme qui est assis dans le troisième fauteuil prêchera à l’assemblée.
Kyôsan se leva et dit :
La vérité de l’enseignement du Mahâyâna est transcendante. Elle est au-delà des mots, au-delà de la pensée. Comprenez-vous cela ?

26. Le rideau de bambou

Hôgen, supérieur du monastère de Seiryô, s’apprêtait à faire un discours avant le repas du soir, lorsqu’il remarqua que le rideau de bambou, qui avait été baissé pour la méditation, n’avait pas été relevé ensuite. Deux moines se levèrent dans l’assemblée pour enrouler le rideau. Observant l’effort des deux moines, il dit alors :
L’état du premier moine est correct, l’état du second l’est moins…

27. Pas l’esprit, pas le bouddha, pas les choses

Un moine demanda à Nansen :
Existe-t-il un enseignement qui n’ait jamais été prêché ?
Oui, répondit Nansen…
Lequel ? demanda le moine.
Ce n’est pas l’esprit. Ce n’est pas le bouddha. Et ce ne sont pas des choses non plus.

28. La lumière dans les ténèbres

Tokusan était un élève de Ryutan. Un soir il vint visiter le Maître dans son pavillon. Il resta longtemps avec lui à lui poser de nombreuses questions. Soudain le Maître dit :
La nuit est déjà bien avancée ! Veux-tu bien me laisser, s’il te plait ?
Tokusan s’inclina respectueusement et ouvrit le rideau pour repartir. Il remarqua alors :
Il fait vraiment sombre dehors !
Ryutan lui offrit une chandelle pour éclairer ses pas, et l’alluma. Au moment où Tokusan la prit… il souffla dessus et l’éteignit. À cet instant précis, l’esprit de Tokusan s’illumina !
Qu’as-tu découvert ? demanda Ryutan.
Désormais je ne douterai plus des paroles du Maître, répondit Tokusan.
Le lendemain, Ryutan fit son sermon aux moines :
Il y a un moine parmi vous dont les dents sont comme des sabres et la bouche comme un bol de sang ! Si vous le frappez violemment avec un bâton, il ne se retournera même pas pour vous remarquer. Un jour, il gravira la plus haute montagne et portera là-haut mon enseignement.
Ce même jour, devant le pavillon où il avait l’habitude d’enseigner, Tokusan brûla tous ses commentaires sur les sûtras. Puis il dit :
Tous ces enseignements sont obscurs comparés à l’illumination ! Ils sont aussi futiles qu’un cheveu dans l’immensité du ciel. La connaissance de ce monde peut bien être profonde, comparée à l’illumination elle est comme une goutte d’eau dans l’océan ! Puis il quitta définitivement le monastère.

29. Ni le vent, ni le drapeau

Deux moines discutaient ferme à propos d’un drapeau.
L’un disait :
C’est le drapeau qui bouge !
L’autre rétorquait :
C’est le vent qui bouge !
Hui Neng passa par là, et coupa court !
Ce n’est ni le vent, ni le drapeau… C’est votre esprit qui bouge !

30. L’esprit EST le Bouddha !

Dai Bai demanda à Baso :
Qu’est-ce que le Bouddha ?
Baso répondit :
L’esprit EST le Bouddha !

31. Joshu et la vieille femme

Un moine en voyage, rencontrant une vieille femme, lui demanda la route vers le temple de Taizan. Le vieille femme répondit :
C’est tout droit !
Le moine continua son chemin. L’observant, la vieille femme pensa mentalement "Pfff… Encore un moine bien banal !"
Lorsque le moine rapporta à Joshu cette rencontre et la réponse de la vieille femme, celui-ci déclara :
J’irai la voir demain.
Le lendemain, Joshu alla effectivement croiser la vieille femme, et il lui posa la même question… et reçut la même réponse.
De retour, Joshu annonça :
J’ai compris cette vieille femme !

32. Sans mot et sans absence de mots

Un philosophe demanda au Bouddha :
Sans mot et sans absence de mots, peux-tu me dire la vérité ?
Le Bouddha garda le silence.
Alors le philosophe s’inclina respectueusement et remercia le Bouddha :
Par ta compassion j’ai dissipé mes illusions et j’ai atteint la vraie voie.
Plus tard, Ananda demanda au Bouddha ce que le philosophe avait atteint. Le Bouddha répondit : La seule ombre d’un fouet fait galoper un bon cheval.

33. L’esprit N’EST PAS le Bouddha !

Un moine demanda à Baso :
Qu’est-ce que le Bouddha ?
Baso répondit :
L’esprit n’est pas le Bouddha !

34. Apprendre n’est pas la voie !

Nansen dit :
L’esprit n’est pas le Bouddha !… et apprendre n’est pas la voie !

35. L’âme de Seijô

Goso se posa la question suivante :
La jeune chinoise Seijô a deux âmes. L’une est chez elle, toujours malade. L’autre est à la ville, mariée, avec deux enfants. Laquelle est la véritable âme de Seijô ?

36. Rencontre avec un maître

Goso posa la question suivante :
Quand tu rencontres un maître sur ton chemin, tu ne peux pas lui parler… mais tu ne peux pas non plus le regarder en silence. Alors que fais-tu ?

37. La queue du buffle

Goso se posa la question suivante :
Lorsqu’un buffle s’échappe de son enclos pour se précipiter vers le bord d’un ravin, ses cornes passent, sa tête passe, ses sabots passent, tout passe… sauf la queue. Pourquoi la queue ne peut-elle pas passer ?

38. Un chêne dans le jardin

Un jour, un moine demanda à Joshu :
Pourquoi Boddhidharma est-il venu en Chine ?
À cela, Joshu répondit :
Un chêne dans le jardin !

39. Etre dans sa propre voie

Un disciple dit un jour à Ummon :
L’éclat du Bouddha illumine tout l’Univers.
Aussitôt, Ummon demanda :
Tu récites le poème de quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?
Oui.
Tu as quitté ta voie !!!
Plus tard Shishin, un autre maître, demanda à ses élèves :
À quel moment ce disciple a t’il quitté la voie ?

40. La cruche renversée

Hyakujô cherchait un moine capable de diriger un nouveau monastère. Il dit à ses élèves que celui d’entre eux qui répondrait la mieux à une question serait désigné.
Il plaça une cruche pleine d’eau au sol au milieu de la pièce et demanda :
Qui peut me dire ce qu’est ceci, à part me dire que c’est une cruche ?
Le moine Supérieur se risqua :
Personne ne pourrait dire que c’est une sandale de bois !
Isan, le simple moine cuisinier, ne dit rien. Il renversa la cruche… et sortit !
Hyakujô sourit et dit au moine Supérieur :
Tu as perdu !
Isan fut nommé maître du nouveau monastère.

41. Dialogue entre Boddhidharma et Hui Ko

Boddhidharma est assis face au mur. Hui Ko est debout derrière lui dans la neige, se plaignant de la douleur de son bras.
Mon esprit n’est pas en paix, Maître. Je t’en prie, accorde la paix à mon esprit…
Apporte-moi ton esprit, et je le pacifierai pour toi, répond Boddhidharma.
Je cherche mon esprit, Maître… mais je ne peux le trouver.
Alors ton esprit est déjà en paix.

42. Une femme en Samadhi

Cela se passe à l’époque du Bouddha Shakyâmuni.
Manjushri se rendit à l’assemblée des bouddhas. Quand il arriva là-bas, l’assemblée était finie et chaque bouddha était reparti dans son pays. Tous… sauf une femme qui n’avait pas bougé, restée en profonde méditation.
Manjushri demanda à Shakyamuni :
Comment fait-elle pour atteindre un tel état de méditation ? Moi même j’en suis incapable !
Shakyâmuni répondit :
Sors-la du Samadhi et demande-lui toi même…
Manjushri tourna trois fois autour de la femme puis fit claquer ses doigts. Elle ne bougea pas. Alors par ses pouvoirs extraordinaires il la transporta dans le plus élevé des trois mondes supérieurs et l’appela de toutes ses forces… en vain.
Voyant cela, Shakyâmuni dit :
Cent mille Manjushri ne pourraient la troubler. Mais dans une région profonde, au-dessous des mille deux cent millions de terres, se trouve le plus petit des boddhisattvas, nommé Momyo (Avidya). Il peut la sortir de sa profonde méditation.
Shakyâmuni avait à peine fini de parler que le boddhisattva Momyo apparut, s’inclinant et lui rendant hommage. Shakyâmuni lui demanda de sortir la femme de sa profonde méditation.
Le boddhisattva s’approcha de la femme et fit claquer ses doigts… et la femme sortit de sa profonde méditation.

43. Le kyôsaku de Shuzan

Shuzan montra son kyôsaku aux moines, et dit :
Si vous appelez cela un petit bâton, vous n’exprimez pas la réalité. Si vous ne l’appelez pas un petit bâton vous niez sa nature. Alors… comment appelez-vous ceci ?

44. Le bâton de Bashô

Bashô dit un jour à son disciple :
Quand tu auras un bâton… je te le donnerai. Mais si tu n’as pas de bâton… je te le retirerai !

45. Qui ?

Hôen posa la question suivante :
Les bouddhas du passé et du futur sont tous ses serviteurs… Mais de qui ?

46. Au-delà du sommet du mât

Sekitô demanda : Comment monter encore lorsqu’on est arrivé tout en haut d’un mât de cent pieds ?
Un maître zen dit :
Celui qui s’est assis tout en haut d’un mât de cent pieds a atteint une certaine hauteur… mais il n’est pas encore libre ! Il doit encore continuer à monter pour apparaître de tout son corps dans les dix régions du monde.

47. Trois barrières

Tosotsu érigea trois barrières que les moines devraient franchir.
La première barrière est l’étude du zen. Le but de l’étude du zen est de connaître ta vraie nature. Quelle est ta vraie nature ?
La première barrière franchie, la seconde permet de se libérer de la vie et de la mort. Quand s’éteint la lumière de tes yeux, devenant un cadavre, peux-tu te libérer de la vie et de la mort ?
La seconde barrière franchie, la troisième te permet de savoir où tu es. Ton corps étant maintenant séparé en quatre éléments, où es tu ?

48. La canne de Kembô et l’éventail d’Ummon

Un moine demanda à Kembô : Tous les bouddhas des dix régions de l’univers avancent sur le chemin unique du nirvâna. Mais où commence ce chemin ?
Kembô leva sa canne et dessina dans l’air l’idéogramme du chiffre UN, disant :
Le voici.
Puis le moine posa la même question à Ummon. Ummon, qui tenait un éventail à la main, dit :
Cet éventail ira jusqu’au trente-troisième ciel et là il frappera le nez de la déité qui y règne. De même le Dragon de la Mer de l’Est perce le nuage chargé de pluie avec sa queue.





Version: 2.0
Maj : 29/11/2024