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Le Livre des Douze Portes🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf absente Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
Liber duodecim portarum, Compound of Alchymy


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
George Ripleypubl. 1470 1471Littératurepubl. AngleterreAlchimieNon applicable

DOPoFD, nous traduirons le tableau et le convertirons au format html.

🕮 Bosc, ref.374:2 (in Quadriga aurifica),1315,1316 (recueil) : Les Douze Portes est un de ses traités le plus connu, on sait que ces Douze Portes ne sont que des opérations de la science hermétique. — 1. La calcination. — 2. La solution. — 3. La séparation. — 4. La conjonction. — 5. La putréfaction. — 6. La coagulation. — 7. La cibation. — 8. La sublimation. — 9. La fermentation. — 10. L’exaltation. — 11. La multiplication. — 12. La projection..

🕮 Caillet, ref.9447 (1).

🕮 Dorbon-Aîné, ref.4148 : Traduction, demeurée inédite, d’une belle écriture, du principal traité alchimique de Ripley : le « Duocecim portarum axiomata philosophica » qui parut en 1613 dans le « Theatrum chemicum » puis en 1707 dans la « Bibliotheca chemica » de Manget.

🕮 Lenglet Du Fresnoy, ref.641 : […] Les 12 portes de Riplée sont : 1. La calcination. 2. La solution. 3. La séparation. 4. La conjonction. 5. La putréfaction. 6. La coagulation. 7. La cibation. 8. La sublimation. 9. La fermentation. 10. L’exaltation. 11. La multiplication. 12. La projection. Telles sont les opérations de la science hermétique ; c’est aux artistes à les bien entendre et à les pratiquer, s’ils peuvent.

🕮 Ouvaroff, ref.867 (recueil),869.


Texte et traduction : de l’anglais au français, ? Chanoine Verdunoy, d.XX.

Illustration : én. du Livre des Douze Portes, 1591. | bs. Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits (New Haven, États-Unis). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits

Tableau : én. du Livre des Douze Portes in Méthodique Bibliothèque Chimique, 1702. | bs. Bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich (Zurich, Suisse). Lien vers le catalogue Lien vers e-Rara/Manuscripta

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Prologue

Au commencement Dieu créa toutes choses de rien, en une masse confuse contenant en soi toutes choses indifféremment, de laquelle, il fît une claire distinction en six jours.

Or il doit en être ainsi en notre Magistère, car il a sa source en une seule chose ; aussi les Philosophes l’appellent-ils petit monde, un et triple, Magnésie, Soufre et Mercure, proportionnés par Nature.

Quelques-uns uns s’émerveilleront d’une chose tant admirable, et demanderont qu’est ce que peut être notre Pierre, parce que les Philosophes disent que les oiseaux et les poissons nous l’apportent, que chacun l’a, et qu’elle est en tous lieux, en vous, en moi, et en chaque chose, et en tout temps.

À quoi je réponds que c’est certainement Mercure, non le vulgaire qu’on vend aux boutiques, et qu’on nomme Argent vif, mais un Mercure sans lequel rien ne peut être. En quoi tous les Philosophes s’accordent, c’est pourquoi les Ignorants nous accusent à tort, lorsqu’ils disent que nous le celons. Mais ils sont dignes de blâme eux-mêmes, puisque étant ignorants, ils se mêlent de la Philosophie.

Voilà pourquoi si tu ne connais notre Mercure, et d’où tu dois le chercher, garde-toi bien d’entreprendre notre Œuvre. Mais si tu me crois, je t’enseignerai quel est ce Mercure, qui t’es si caché et si nécessaire, je ne t’en scellerai rien, ni ne te tromperai point ; mais il se trouve plus proche en d’aucunes choses qu’en autres. Prends donc garde à ce que j’écris car si tu ne parviens pas à sa connaissance, je n’en serai pas la cause, puisque je t’enseignerai la vérité, qui est : Qu’il y a trois Mercures, qui sont les Clefs de cette Science, que le grand Raymond Lulle appelle ses Menstrues, sans lesquels certes rien ne se fait : dont deux sont superficiels, et le troisième essentiel de Soleil et de Lune, et desquels je te déclarerai incontinent les propriétés. Mais ce Mercure qui est l’essentiel des autres métaux, est le principal fondement de notre Pierre.

Nos Menstrues ne sont point visibles au Soleil ni à la Lune, et n’apparaissent point à la vue, mais à l’effet. Celui-ci est la Pierre que nous entendons, et que comprendront aussi ceux qui connaissent bien nos Secrets. C’est une substance et une âme lucide et resplendissante du Soleil et de la Lune, et une subtile influence par laquelle la Terre reçoit splendeur.

Car qu’est ce que l’Or et l’Argent, sinon autre chose que terre resplendissante, pure, blanche et rouge, de laquelle, si l’on ôte la splendeur, elle sera de peu d’estime. Nous appelons tout le composé notre Plomb. Ceux-ci sont en somme tous nos Menstrues.

Avec le premier nous calcinons naturellement les Corps parfaits, savoir le Soleil et La Lune. Mais nul corps immonde n’entre, excepté un que les Philosophes appellent vulgairement leur Lion vert, lequel est le moyen de conjoindre les teintures avec perfection, entre le Soleil et la Lune, de quoi Geber rend bon témoignage.

Avec le second, qui est un humide végétable, revivifiant ce qui était auparavant mort, jaçois que dans les deux principes matériels et formels, se doivent dissoudre les corps parfaits, autrement peu profiteront. C’est pourquoi il est nécessaire que tu connaisses ces Menstrues, sans lesquels il ne se peut faire ni vraie calcination, ni naturelle dissolution.

Avec le troisième, qui est une humidité très permanente, incombustible et onctueuse en sa nature, l’Arbre d’Hermès est brûlé en cendre. C’est notre feu naturel très certain, notre Mercure, notre Soufre, notre Teinture monde, notre Ame, notre Pierre élevée avec le vent, et engendrée en terre. Imprime bien ceci en ta mémoire.

J’oserai même te dire, que cette Pierre est la vapeur ponticiale du métal ; mais il te faut être habile pour l’acquérir, car ce Menstrue est invisible, combien qu’avec la seconde Eau philosophique, par la séparation des Eléments, il peut apparaître à la vue en forme d’Eau claire.

De ce même Menstrue par labeur exubéré, il s’en peut faire le soufre de Nature, pourvue qu’il soit naturellement accué et circulé en pur Esprit. Alors avec lui tu pourras dissoudre ta masse par diverses manières, comme par la pratique je te ferai entendre ci après, et te déclarerai beaucoup de choses.

Pour le principal fondement considère, quelles sont ces Eaux mercuriales ; car il faut que tu aies ta calcination augmentant et non diminuant l’humide radical, jusqu’à ce que ta masse par fréquente subtiliation flue légèrement, comme cire sur le métal. Alors dissous-la avec ton Menstrue végétable, jusqu’à ce que tu en tire une huile de couleur lucide et alors ce Menstrue sera visible.

De notre subtil Plomb rouge, il se tire une huile de couleur d’Or, ou à lui semblable, que Raymond Lulle étant fort vieil, disait être de plus grand prix que l’Or même ; dont il fit de l’Or potable, qui le revivifia entièrement, comme l’expérience peut le faire voir.

Car cette huile et ce Menstrue végétable se peuvent tellement circuler ensemble, et tellement exubérer par l’Art, qu’il s’en fait une Pierre céleste de nature tant ignée, que sortant de là, nous l’appelleront notre basilic, et le grand Elixir de vie, d’un prix inestimable ; lequel comme la vue du basilic tue son objet. Ainsi celui ci tue le Mercure crud, quand il est jeté sur lui. Tellement qu’incontinent, et comme en un clin d’œil, ce Menstrue teint de teinture stable et permanente, tous les corps imparfaits, en vrai Sol ou en vraie Lune. Ainsi tu dois gouverner ta masse, tant blanche que rouge.

L’or potable se fait aussi en cette manière, non d’or vulgaire calciné, mais de notre seule Teinture qui ne s’évanouit point, tirée de notre Masse avec le Menstrue circulé. Toute fois la calcination naturelle, se doit faire avant que ton Or se puisse dissoudre. Cela te soit dit avant toutes choses.

Je te diviserai donc ce petit Traité en douze chapitres et en deux récapitulations, laissant toutes répétitions superflues et m’étudiant seulement à donner une véritable connaissance de la Théorie et de la Pratique, en telle sorte que quiconque voudra tirer lumière de mes écrits, puisse aisément parvenir à son dessein.

Le premier chapitre traitera de la Calcination, le deuxième de la Dissolution secrète, le troisième de notre Elémentale Séparation, le quatrième de la Conjonction matrimoniale, le cinquième de la Putréfaction, le sixième de la Congélation albificative, le septième de la Cibation, le huitième montrera le secret de la Subtiliation, le neuvième traitera de la Fermentation, le dixième de la Cération et Exaltation, la onzième de notre merveilleuse Multiplication, et la douzième de la Projection. Après quoi viendront les deux récapitulations.

Priant Dieu qu’il lui plaise de me faire la grâce, que tous ceux qui lui sont fidèles, et qui aiment cette Science, puissent comprendre ce Magistère.

DE LA CALCINATION
Porte Première

CALCINATION est purgation de notre Pierre, la restaurant par sa propre chaleur naturelle, de sorte néanmoins qu’elle ne perde rien de son humeur radicale. En premier lieu elle amènera notre Pierre à solidité naturelle. Je vous avertis de suivre les Philosophes, et de ne point travailler comme font ordinairement les Sophistes, de soufre et de sels préparés en diverses manières.

Car ni par corrosifs, ni par faire feu seul ni par vinaigre, ni par Eaux ardentes, ni par la vapeur du plomb tu ne feras jamais rien. Et quiconque s’étudie à la calciner ainsi, doit hardiment retirer sa main de cette Science, jusqu’à ce qu’il entende mieux notre Calcination.

Parce que par telles sophistications frivoles, les corps sont détruits, et que l’on diminue l’humidité de notre Pierre ; car quand les corps sont brûlés en poudre seiche comme cendre, ou des os brûlés, nous ne faisons compte de telles chaux. Mais nous multiplions l’humide radical en notre Calcination, sans en rien diminuer ; et par ce moyen notre Pierre est Calcinée, selon l’intention des Philosophes, et la notre.

Et pour le fondement de notre Calcination, nous devons travailler seulement de genre avec genre, car genre avec genre est inclination appétible. Celui qui ne sait pas cela, est aveugle en cette Science, et vaquera incertain, comme les nuées des cieux agitées par le vent, parce qu’il n’aura pu comprendre nos paroles.

Nous faisons une chaux onctueuse, blanche et rouge ; mais auparavant, conjoints genre avec genre, car chaque genre répond à sa semence. L’homme engendre l’homme, et la bête une autre bête. Prends garde à une chose, si tu veux obtenir notre Secret, qui est que tout Esprit se fige avec la chaux de son genre. Si tu retiens bien cette leçon, tu feras un grand profit en notre Science.

Or il faut que notre Masse soit parfaite fusible, après qu’elle est tirée de notre Chaux onctueuse, autrement elle ne servirait de rien. Mais cela n’arrive que par un longtemps, ainsi que les Prophètes l’écrivent. Car nous mettons un an, attendu qu’en moindre temps notre Chaux ne peut être capable de fusion, avec couleur qui ne s’évanouisse point. Quant à la perfection, il faut que tu y prennes garde, car plusieurs s’y sont trompés : c’est pourquoi afin que tu ne gâte pas ton œuvre fais que les Corps soient subtilement lavez avant que de les joindre, avec le Mercure par égale proportion, savoir une partie de Soleil et deux de Lune, jusqu’à ce que tout soit réduit comme en bouillie.

Alors fait ton Mercure, dont tu joindras quatre parties au Soleil, et deux à la Lune comme il appartient. Ainsi tu commenceras ton œuvre en figure de trinité, c’est à dire trois parts et autant d’Esprit, et pour l’unité de la substance spirituelle, une partie plus d’esprit que de la substance corporelle.

Selon l’appertoire de Raymond Lulle, c’est la vraie proportion, et qui m’a autrefois été montrée par mon Docteur. Mais Roger Bacon prit trois parties d’Esprit pour une partie du Corps, pour laquelle chose j’ai veillé plusieurs nuits, avant que de l’avoir aperçue. L’un et l’autre est vrai, prends lequel tu voudras.

Si ton Eau est aussi égale en proportion avec la terre, en chaleur mesurée, il en sortira un nouveau germe, tant blanc que rouge, en pure Teinture ; laquelle durera au feu perpétuellement, jusqu’à ce que le vif revivifie le mort, Faits donc de Trinité Unité, sans discussion ni division.

Et c’est là très certaine et très bonne proportion, car moins il y aura de la partie spirituelle, et plus facilement se fera la dissolution ; plutôt que par si grande abondance d’Eau tu noyé la Terre, laquelle chose gâte toute l’œuvre. Pour cela prends garde au lut des potiers, et ne faits jamais le ventre trop liquide.

Regarde comme ce lut, qui est la pâte dont ils font leurs pots, est tempéré, et la manière dont ils se servent pour le calciner. Et aie toujours en mémoire que jamais la Terre ne soit suffoquée par l’Eau. Seiches ton humidité par chaleur fort tempérée, aide ta dissolution avec l’humidité de la Lune, et ta Congélation avec le Soleil, et tu as fait.

En cette manière tu convertiras les quatre natures en la cinquième, laquelle est parfaite et la plus tempérée de toutes. Mais c’est chose dure de résister à nu-pieds contre l’éperon de fer ou d’acier, comme plusieurs font, quand ils entreprennent des choses si grandes qu’ils ne les peuvent comprendre.

Qu’est-ce qu’ils pensent trouver au sang, aux œufs et au vitriol ; s’ils entendaient bien ce que c’est que Philosophie, ils ne seraient pas si aveugles qu’ils sont, que de chercher l’Or ou l’Argent hors de leurs espèces : car comme le feu est commencement de faire Feu, aussi l’Or est commencement faire Or. Si donc tu veux faire Or ou Argent par la Philosophie, ne prends point pour cela ni œufs, ni sang, mais Or et Argent, lesquels il faut que tu calcines naturellement et prudemment, et alors ils produiront nouvelle génération de leur genre ; lequel ils augmenteront, comme font naturellement toutes choses.

Et encore qu’il fût vrai qu’il y eut quelque profit à travailler sur des matières qui ne sont point métalliques, auxquelles il se trouve des couleurs agréables, comme au sang, œufs, urine, vin et aux moyens Minéraux tirés des minières ; il faudrait premièrement que les éléments fussent putréfiés, séparés, conjoints par mariage, avec les éléments des corps parfaits, ce qui ne se peut.

Premièrement fait la rotation de tes Eléments, et convertis avant toutes choses la Terre en Eau, et après tu feras de ton Eau air, par lévigation, et ton Air tu le réduiras en Feu, et alors tu seras maître de tout notre Magistère, tant grand que petit, car tu auras déjà tourné la roue des Eléments alentour, ayant bien aperçu le sens de nos écrits.

Cela fait retourne la roue en arrière, et convertis ton feu en Air, l’Air en Eau, et l’Eau en Terre, autrement tu travailleras en vain. Mais en cette façon tu conduiras notre Pierre à tempérament, quand de quatre natures contraires il en est composé une, après qu’elles auront été par trois fois circulées, et ainsi ta base ou Masse sera parfaitement consommée.

C’est pourquoi sous l’humidité de la Lune, et sous la râleur tempérée du Soleil, tes Eléments sont tôt réduits en cendres ; et alors tu auras obtenu tout le Magistère. Rends grâces à Dieu de ce que ton œuvre est commencée, car en cela tu auras le vrai signe qui t’apparaît en la noirceur, qui est appelé la teste ou le bec du Corbeau. D’autres la nomment cendre de l’arbre d’Hermès, et d’aucuns l’appellent crapaud qui se soûle de la Terre ; par laquelle l’Esprit est emprisonné, mortifié et tout infect de venin. Certes il y a des noms quasi infinis, car de chaque chose moyenne à la vue, elle prend un nom, jusqu’à ce qu’elle commence à devenir blanche et lucide, et alors elle a des noms plus convenables. Ainsi selon les choses blanches et rouges on lui donne différons noms.

Tu es maintenant entré dans la première Porte de l’œuvre des Philosophes, en laquelle ils habitent ; avance-toi prudemment pour pourvoir entrer dans les autres, et viens à la Seconde.

DE LA DISSOLUTION
Deuxième Porte

LA Dissolution fait paraître ce qui auparavant était caché à la vue, et par la vertu de notre premier Menstrue, clair et lucide, qui a atténué et subtilié les choses, qui étaient auparavant spécifiées, auquel Menstrue nos Corps s’évanouissent et sont subtiliés de leur seiche et dure compaction, pour être remis naturellement en leur première matière. Ils sont un en genre, mais en nombre il n’en est pas de même. Ainsi donc le Soleil en est le père et la Lune la mère, et Mercure est le moyen. Ces trois et non plusieurs sont notre Magnésie, notre Adrop et non d’autres, et il n’y a ici rien que frère et sœur, c’est-à-dire agent et patient. Soufre et Mercure, co-essentiel à notre intention.

Entre ces deux en qualités contraires est engendré un moyen admirable, qui est notre Mercure et Menstrue onctueux, notre Soufre secret, lequel opère invisiblement et brûle les Corps avec plus grande violence que le feu, jusqu’à ce qu’ils soient dissous en Eau minérale : ce que nous appelons Nuit, à cause des ténèbres du Septentrion.

Mais, possible n’entends-tu pas encore parfaitement comme je pense le vrai Secret de la Dissolution des Philosophes. C’est pourquoi je te prie de concevoir sagement mes paroles, car je te dirai quelle elle est. Notre Solution est cause de notre Congélation : car la dissolution d’une partie corporelle est cause de la congélation de l’autre partie, qui est spirituelle.

Nous dissolvons en Eau qui ne mouille point les mains, car quand la Terre est entièrement réduite en cendres, alors l’Eau est congelée ; parce que les Eléments sont tellement enchaînés, que quand le Corps est altéré de sa première forme, immédiatement il s’y en introduit une autre nouvelle, parce qu’en Nature il n’y a rien vide de forme.

Je te veux ici montrer un Secret, qui est le fondement de tous les Secrets, lequel si tu ignores, tu ne feras que perdre ton temps, ta peine et ta dépense, qui est que tant plus grande quantité de Terre et moins d’Eau tu auras, tant mieux et plutôt la Solution tu verras. Prends garde comme la glace se résout en eau, car elle était eau auparavant ; par même moyen derechef notre Terre est réduite en Eau, et l’eau par la Terre est congelée, à tout jamais, car selon les Philosophes tout Corps métallique a été autrefois Eau minérale.

C’est pourquoi avec l’Eau ils sont tous réduits en eau, en laquelle naturellement il y a des qualités répugnantes avec diversité. Il faut donc savoir que substance se convertit en substance, et une qualité en l’autre, jusqu’à ce que la contrariété soit réduite en parfaite unité. Car l’Ecriture nous témoigne que quand la Terre sera troublée, les montagnes seront jetées au plus profond de la mer. Ainsi aussi à la fin nos Corps seront convertis en eau.

Car nos Corps qui ont pris leurs noms des Planètes ne sont pas mal comparés aux montagnes ; c’est pourquoi afin que tu ne viennes à souffrir dommage, jette nos Corps au plus profond du Mercure, alors tu verras un beau spectacle, car tout se convertira en poudre impalpable.

Alors les Corps ont perdu leur première forme, mais une autre immédiatement leur est introduite : tu peux penser que tu n’as pas perdu ton temps, comme plusieurs, quoi que Doctes, ont fait, d’autant qu’ils ne savent point le Secret de notre Philosophie.

Je dirai seulement encore un mot, c’est que chaque Corps a trois dimensions, savoir la hauteur, la largeur, et la profondeur, par lesquelles continuellement notre roue est tournée. Saches que les entrées sont en Occident, en poursuivant plus outre au Septentrion. Si tu es Sage, là nos Luminaires perdront entièrement leur clarté, car ils doivent demeurer 90 nuits sans clarté dans les ténèbres du purgatoire.

Prends incontinent ton cours vers l’Orient passant auparavant par diverses couleurs ; et en cette manière l’hiver et le Printemps sont passés. Tache donc de monter en Orient où le Soleil se lève avec une claire Lumière ; ce qui se fera avec grande délectation, car là ton œuvre se blanchit en splendeur fort lucide.

Ensuite d’Orient monte au Midi, là où il repose en sa chaise ignée, car là est la moisson ; c’est à dire la fin de l’œuvre laquelle est accomplie selon ton désir ; car après l’éclipse le Soleil luit avec rougeur en son hémisphère, triomphant en sa gloire comme Roy et Empereur, sur Mercure et sur les Métaux.

Tout cela se doit faire en un seul vaisseau de verre, de forme semblable à un œuf, et bien clos du sceau d’Hermès.

Après tu dois savoir la mesure du feu, laquelle ignorée toute ton œuvre se perd ; c’est pourquoi fait en sorte que ton Verre ne soit jamais plus chaud que tu ne le puisse tenir sur la main, aussi longtemps que tu voudras, et ce durant la Dissolution. Et garde-toi bien de jamais l’ouvrir, ni le mouvoir depuis le commencement jusqu’à la fin. Et si tu fais autrement, jamais ton œuvre ne se fera. C’est pourquoi garde bien cette doctrine.

Maintenant allons la troisième Porte, puisque celle-ci est remplie.

DE LA SÉPARATION
Troisième Porte

SEPARATION divise une chose de l’autre, le subtil du gros, l’épais du délié ; mais regarde que tu mettes à part la Séparation manuelle, car c’est affaire à un fol de faire ainsi, puisque hors notre Séparation il n’y a nul profit. Aussi la nature ne cesse jamais de faire division des Qualités élémentaires, jusqu’au cinquième degré, et qu’elles soient toutes transmuées.

La Terre passe en l’Eau en couleur noire et livide, et l’Eau après en Air en vraie blancheur, et l’Air en Feu, et il n’y a point davantage d’Eléments. De là notre Pierre est faite par un art délectable. De cette Séparation, j’ai besoin d’écrire qu’elle se définit ainsi : Séparation est une quadruple dispersion des quatre Eléments.

De cette Séparation j’en trouve semblable figure au Livre des Psaumes de David : Dieu a tiré de la Pierre un fleuve d’Eau vive, et d’une Pierre très dure abondance d’huile. Ainsi feras-tu de notre Pierre précieuse, si tu es Sage. Car tu en trouveras de l’huile incombustible et de l’Eau, et pour cela il ne faut pas souffler le charbon.

Mais bien par chaleur lente, et la nourrir premièrement par Feu humide, et après sec, en tirant le flegme avec patience, puis après les autres natures sagement. Dessèche la Terre jusqu’à ce qu’elle ait soif en la calcinant, autrement tu travailleras en vain. Et alors fais qu’elle boive derechef son humidité.

Ainsi il te faudra faire souvent séparation, divisant la matière en deux parties, tellement que tu sépareras le subtil du gros, jusqu’à ce que la Terre demeure au fond en couleur livide. Cette Terre est tellement fixe, qu’elle peut endurer toute violence du feu ; l’autre partie est volatile et spirituelle, mais toutes ces choses se doivent convertir en une. Alors tu distilleras l’huile et l’Eau par l’Eau, car par l’aide d’icelle tu recevras motion ou mouvement ; mais prends bien garde de ne pas gâter ton œuvre, faute d’avoir bien fermé ton Verre, c’est pourquoi ferme-le du sceau d’Hermès, en faisant fondre le haut du vaisseau et le bouchant alors de soi même.

L’Eau avec laquelle tu dois revivifier la Pierre doit être distillée souvent de fois, et par soi seulement, avant mie tu œuvres avec elle. Tu pourras connaître aisément à le vue quand elle sera purgée de ses fèces immondes, qu’aucuns pensent multiplier avec Saturne et autres substances que nous rejetons.

Distille la donc jusqu’à ce qu’elle soit nette et déliée comme Eau, ainsi qu’il appartient, et de couleur céleste claire et lucide, retenant sa figure et sa pondérosité. Avec icelle Hermès a humecté son arbre avec son verre, et a tait croître en hauteur des fleurs de diverses couleurs délectables à voir.

Cette Eau peut être comparée à la vipère venimeuse, dont on fait la thériaque Médicinale, car c’est un venin de très puissante fureur, et l’on ne peut s’en imaginer de plus nuisible ; c’est pourquoi il est souvent recherché des apothicaires, mais personne ne sera infesté de ce venin, après qu’il sera en confection de notre Médecine. Car alors comme puissante et vraie thériaque, elle vaut beaucoup pour repousser les venins, et par œuvre montre choses merveilleuses, en préservant plusieurs de Mort à vie, garde-toi de la mêler avec aucuns corrosifs. Choisis la pure et fluente, si tu en veux faire chose profitable.

C’est une chose merveilleuse de la Nature, et sans laquelle rien ne se peut faire. C’est pourquoi Hermès l’appelle son vent, à cause du vol facile qu’elle prend du Soleil et de la Lune, faisant avec elle incontinent notre Pierre volatile revivifiant le mort et donnant la vie au Soleil, et à la Lune, au mari et à la femme.

Lesquels s’ils n’étaient revivifiés par l’Art, et que leur graisse ne fût extraite avec l’Eau, et par ainsi que le subtil ne fût séparé de l’épais, jamais tu ne mènerais cette œuvre à effet. Si tu veux donc faire profit certain, fais sortir les oiseaux de leur nid, et après remets les en repos dans leur nid.

L’Eau convient bien avec l’Eau, et elles montent ensemble, et les Esprits avec les Esprits, car ils sont d’un même genre, et quand ils seront montés, fais qu’ils descendent. Ainsi tu diviseras ce que la Nature avait auparavant lié et uni, en convertissant le Mercure essentiel en vent. Sans laquelle naturelle et subtile séparation, jamais ne s’accomplira parfaite génération.

Maintenant afin que par mon aide tu ouvres et entre en cette Porte, je te veux déclarer le dernier Secret. Il faut que ton Eau soit sept fois sublimée, autrement il ne se ferait point de naturelle dissolution, ni ne verras aucune putréfaction, semblable à la poix liquide ; aussi n’apparaîtront les couleurs faute de Feu qui agisse dans ton Verre.

Il y a quatre sortes de Feux, qu’il te faut connaître, savoir naturel, innaturel, contre nature, et élémentel, qui brûle le bois, desquels nous usons et non de plus. Le Feu contre nature doit extraire les Corps, c’est notre Dragon brûlant plus violemment que le Feu d’enfer. Le Feu de nature est le troisième Menstrue, ce Feu est naturellement en toutes choses. Le Feu naturel s’appelle occasionné, comme est la chaleur des cendres qui vaut à putréfier. Sans ces sortes de Feux tu ne pourras rien conduire à putréfaction, tellement que la matière se puisse séparer, afin qu’ensemblement tout soit proportionné à une nouvelle conjonction.

C’est pourquoi fais Feu dedans ton verre, qui brûle les Corps plus que le Feu élémental : si tu veux faire profit de nos Secrets. Alors tes semences se pourriront et germeront par l’aide du Feu occasionné, afin qu’après naturellement elles puissent être séparées.

La Porte de séparation étant ainsi gagnée, tu pourras procéder plus outre vers la Porte de la secrète Conjonction, laquelle tu garderas bien dedans le fort. Cette Porte est fermée à double serrure, comme tu entendras par ce qui suit.

DE LA CONJONCTION
Quatrième Porte

APRÈS la Séparation par laquelle les Eléments de notre Pierre sont séparés, s’ensuit le traité de la secrète Conjonction, qui conjoint les natures répugnantes en parfaite Unité, et totalement les accorde et noue ensemble, en telle sorte que l’un ne s’enfuit point de l’autre quand ils sont pressés par le Feu : tant est ferme et stable entre elles leur Conjonction. C’est pourquoi les Philosophes la définissent ainsi : La Conjonction n’est autre chose qu’une copulation des qualités séparées, ou bien une prégnation des principes. Mais d’aucuns mêlent les Corps avec le Mercure vulgaire, qui se vend chez les apothicaires, duquel il est impossible de diviser les Eléments, et ainsi ils se dévoient et se trompent.

Car jusqu’à ce que l’âme soit purgée et séparée de son péché originel avec l’Eau, et purement spiritualisée, tu ne peux commencer la vraie Conjonction. Divise donc l’âme du Corps, et alors elle causera une conjonction perpétuelle de la partie corporelle et de la spirituelle.

Les Philosophes font mention de deux Conjonctions, l’une grosse qui incrude les Corps avec le Mercure. Mais laissons celle là, et passons à la seconde, en laquelle les parties restantes sont tellement liées et réduites à parfaite température, qu’entre elles après cela il n’y a jamais de répugnance.

C’est pourquoi la Séparation ainsi faite est cause de la vraie conjonction de l’Eau et de l’Air, avec la Terre et le Feu. Tellement que chaque Elément peut être conduit en l’autre, et demeurer ainsi à toujours selon son désir. Fais comme les potiers avec l’argile, et le lut, tempère l’épais non trop liquide. Ainsi tu parviendras plutôt à la Dessiccation.

Mais il y a quatre sortes de Conjonctions, la première est double, qui consiste en l’Agent et le Patient, le Mâle et la Femelle, le Mercure et le Soufre vif, la matière et la forme, le délié et l’épais unis ensemble. Certes cette instruction peut t’aider beaucoup à bien faire notre Conjonction.

La seconde manière est appelée triple, parce qu’elle est une conjonction faite de trois choses, du Corps, de l’Ame et de l’Esprit, jusqu’à ce qu’ils soient unis ; laquelle trinité tu dois conduire à l’unité, car comme l’Ame est le lien de l’Esprit, ainsi faut-il que le Corps conjoigne l’Ame à soi. N’oublie donc pas ce que je viens de te dire.

La troisième Conjonction qui est la dernière, est de conjoindre les Eléments de sorte qu’ils demeurent ensemble. Les Philosophes l’ont appelé quadruple, spécialement Guido de Montanos dont le nom est célèbre. Ainsi par la voie la plus commode, maintenant en cette notre Conjonction, il faut assembler les quatre Eléments en due proportion, lesquels auparavant étaient séparés l’un de l’autre.

Comme la Femelle a quinze veines et le Mâle seulement cinq, nécessaires à l’acte de génération, ainsi dois tu entendre que dans notre Conjonction le Mâle, qui est notre Soleil, a trois parties de son Eau, et la Femelle neuf, qui sont trois au regard de lui. Alors le semblable se réjouira avec son semblable, et ils demeureront toujours ensemble.

Je te dis donc de ne faire qu’une grosse Conjonction. car rarement les paillardes portent elles des Enfants. Aussi tu ne parviendras pas à notre Pierre si tu ne fais coucher la femme seule dans un lit, tellement que quand elle a conçu du Mâle, sa matrice doit être alors fermée à tout autre.

Car quiconque ajoute crud sur cuit, ouvre son vaisseau et laisse refroidir sa matière, tant s’en faut qu’il nourrisse le sperme conçu : au contraire il gâte son œuvre et se trompe. C’est pourquoi si tu veux qu’il réussisse à bien, ferme bien ta matrice, et nourris bien ta semence de chaleur tempérée et continuelle.

Et quand ton vaisseau aura demeuré cinq mois, tellement qu’après les éclipses la lumière apparaisse, alors tu augmenteras aussitôt la chaleur et la continueras jusqu’à ce que la Pierre reluise de couleur perlucide : et alors tu pourras ouvrir ton vaisseau et nourrir l’enfant (lequel t’es maintenant né) de lait et de viande toujours de plus en plus.

Car maintenant l’humidité et la sécheresse sont tellement tempérées, que la Terre a reçu l’impression de l’Eau, en sorte qu’elles ne peuvent jamais être séparées, et l’Eau a donné ingrés à la Terre, tellement que volontiers elles demeurent ensemble, et l’Eau s’est acquis la force rétentrice de la Terre, dont les deux ne font plus qu’un et jamais ils ne se contrarient.

Ainsi notre intention dépend de deux choses, savoir de l’humidité et de la sécheresse, qui sont deux contraires. En la sécheresse qui mène l’humidité à Fixation, et en l’humidité qui donne liquéfaction à la Terre, afin que des deux ainsi tempérés il en aisse une température, non pas tant épaisse qu’est le Corps, ni si déliée que l’Eau.

La Solution et la Conjonction sont les deux principes de cette Science difficile, et en sont les principaux fondements. Il y a toutefois d’autres principes tous excellents, lesquels je te montrerai aussi ci-après, mais venons à la cinquième Porte

DE LA PUTRÉFACTION
Cinquième Porte

DANS la Putréfaction le Ferment ni la Semence ne se peuvent multiplier ; elle se fait seulement par une action continuelle de Chaleur sur le Corps, non manuelle, toutefois, ainsi que le grain de froment, lequel suivant le témoignage de Jésus Christ même, ne se peut multiplier si après être jeté en terre il ne meurt, et ne pourrit. De même aussi si notre Matière ne pourrit elle ne se peut nullement altérer, ni ses Eléments ne se peuvent diviser, et conséquemment leur Conjonction ne peut être faite. C’est pourquoi afin que tu ne perdes pas ton temps, entends bien les principes de notre Putréfaction, avant que tu entreprennes cette Œuvre.

La Putréfaction se peut ainsi définir, savoir que c’est l’occision des Corps et la division de trois choses en notre composé, conduisant à corruption les Corps occis, et puis après les rendant aptes à génération. Car toutes les choses qui sont en terre, sont engendrées par la continuelle rotation ou mouvement des Cieux.

Et par tant mêlés les Eléments et les égalés prudemment, en les tenant à chaleur tempérée, et prenant toujours garde que par trop de chaleur ils ne soit incinérés en poudre seiche, rouge et inutile : mais en poudre noire semblable au bec du Corbeau, au bain chaud, ou bien en notre fient, les tenant avant toute chose en chaleur humide, jusqu’à ce que 90 nuits soient passées.

Incontinant après la noirceur t’enseignera qu’ils se hâtent et préparent à Putréfaction, et de là en avant, après diverses couleurs, se mèneront à parfaite blancheur et ainsi ta semence se multipliera en sa nature.

Faites qu’ils s’embrassent et se baisent l’un l’autre, et comme des enfants se jouent et se culbutent haut et bas ; et quand leurs linceuls sont sales il faut alors que la femme ait soin de les laver, laquelle souvent par débilité s’évanouira, et à la fin mourra avec tous ses enfants, et ira en purgatoire pour purger le péché originel

Quand ils y seront, peu à peu ils augmenteront leurs peines avec chaleur, toujours de plus en plus du Feu continuel, lequel ne doit jamais cesser. Le fourneau pour cela doit être proprement fait, lequel les Sages appellent Athanor, qui garde une chaleur tempérée, comme il est besoin, avec laquelle la Matière naturellement se putréfie.

De ce principe, Guido, homme savant, dit : que par Putréfaction le Compost corporel meurt, et selon Morien et autres, ressuscite par nouvelle régénération en Corps simple et Spirituel, et que si la chaleur et l’humidité n’étaient en mouvement continuel, le sperme ne demeurerait point en la matrice, et par ainsi il ne se ferait nulle génération.

C’est pourquoi au commencement tu prendras nos Pierres et les enseveliras chacune au sépulcre l’un de l’autre ; et fait un mariage entre elles, afin qu’elles couchent ensemble durant six semaines : alors donne leur de quoi nourrir leurs semences conçues, ne se levant point cependant de leurs sépulcres, lequel Secret ignoré fait que plusieurs sont trompés.

Attendez le temps de cette conception avec chaleur douée, la noirceur te dira quand elles se mourront, car en ce temps là elles s’enfleront ensemble, comme poix liquide, et bouillonneront, se rassirent et pourriront. Là t’apparaîtront couleurs resplendissantes semblables à l’arc-en-ciel, qui seront merveilleuses à voir. Et alors l’Eau commence à se dessécher.

Car es Corps humides la chaleur opérant tempérément, engendre la noirceur avant toutes choses, laquelle est le signe de la vraie Conjonction et de la certaine Putréfaction. Souviens-toi de cela, car alors tu ne peux faillir de venir à parfaire altération. Et ainsi convient d’entrer par la Porte de la noirceur, si tu veux gagner la lumière permanente, c’est à dire la blancheur.

Car le Soleil à son lever est obscur, et passant par les Eaux du déluge de Noé sur la terre, qui dura 150 jours avant que toutes les Eaux se fussent retirées. Ainsi nos Eaux comme les Sages entendent, passeront, afin que tu puisses dire avec David, les fleuves sont devenus secs. Fais ton profit de ceci.

Après cela Noé planta la vigne qui fleurit et porta des grappes ; or quand tu auras obtenu cela tu n’as que faire de craindre, car en cette manière notre Pierre germera et fleurira. Et incontinent après que 30 jours seront passés, tu auras des grappes aussi rouges que le Rubis, qui est notre Adrop, notre Cinabre, et notre Plomb rouge.

Comme les Ames après les peines passagères de cette vie, sont menées en paradis, où il y a toujours une vie joyeuse ; ainsi sera notre Pierre après avoir été purgée en purgatoire, de son obscurité, c’est-à-dire en blancheur très puissante d’Elixir.

Afin que tu parviennes plutôt à Putréfaction, prends cet exemple pour conclusion, car tous les Secrets de la Putréfaction sont cachés en cela. Le Chêne qui est continuellement sous l’Eau ne s’y pourrira pas aisément (ainsi que je l’ai éprouvé) car au bout de cent ans tu le trouveras aussi entier que devant. Mais si tu le tiens aucune fois moite et aucune fois sec, comme on le regarde par expérience dans les bâtiments, tu verras que par succession de temps le chêne pourrira. Ainsi en accordant notre intention, il faut aucune fois que notre arbre soit brûlé du Soleil, et en même temps ou incontinent alors qu’il soit réfrigéré d’Eau. Et de cette sorte tu le mèneras à pourrissement ; d’autant qu’être maintenant sec, maintenant humide, maintenant en grande chaleur, et maintenant froid, sera que bientôt et fort aisément se pourrira et amènera ton or à pourriture. Tu traiteras donc le Corps comme je t’ai dit, mais en le putréfiant avec chaleur ne sois pas trop hâtif, afin que tu ne cherches ton gain dans les cendres.

C’est pourquoi tire de la Terre ton Eau, et fais qu’avec elle ton Ame monte ; et alors jette la bas derechef à la Terre, afin qu’elle puisse souvent monter et descendre. Mais défends ton Verre de chaleur violente, et de froid soudain : et fais que le Feu soit si tempéré, que ta matière ne se vitrifie point par les côtés.

Sois Sage à choisir ta matière : ne te soucie et ne prends point de Sels, de Soufre vulgaire, ni de moyens minéraux. Car quoique disent les Artistes, notre Soufre et notre Mercure est seulement es Métaux ; lesquels aucuns appellent huiles. Eaux, Oiseaux et Bêtes, et de beaucoup d’autres noms, afin que les littéralistes n’entendent jamais notre Pierre.

Notre Pierre est appelée l’aliment de ce Monde, laquelle conduite par Art comme Nature le requiert, sera très riche, et son accroissement se multipliera en son espèce, selon ton dessein.

Plusieurs travaillant au gré de leur fantaisie en plusieurs sujets, aux quels il y a apparence de belles teintures, tant blanches que rouges. Mais étant mises au Feu elles s’envolent : et tels rompeurs de verres et de vaisseaux, se font mourir tous les jours par poisons, se gâtent les yeux par la fumée et leurs longues veilles, leurs habits sont sales et usés, et sentent le soufre de partout ; ils se salissent les mains par leurs fréquents corrosifs qu’ils manient, ils ont les yeux chassieux et la face toute maculée. En un mot ils souffrent beaucoup de maux, et dépensent inutilement leur argent, ou plutôt celui d’autrui.

D’aucuns travaillent en urine et d’autres en suie, et d’autres en œufs, en sang, en écailles d’œufs, et en fientes, et ainsi consomment leur temps en vain, rompant plusieurs vaisseaux de différentes formes, tant de fourneaux, tant de sels et poudres, Eaux, Huiles, et autres sortes qu’ils appellent matière première ; en divisent et séparent les Eléments, sans pouvoir comprendre que toutes choses ne sont qu’une, car leur séparation ne vaut non plus que les autres choses ci-dessus dites. Cependant ils ont la témérité de se vanter qu’ils ont trouvé notre Mercure et notre Soufre vif, en quoi ils s’abusent très fort. Ils parlent de l’homme rouge et de la femme blanche, et que c’est une chose singulière pour l’Elixir de la Quintessence ; comme aussi de l’Elixir de Vie tiré du miel, des menstrues, de la chélidoine, dont ils divisent aussi les Eléments, parce qu’ils n’entendent point ce que c’est que Philosophie naturelle.

Mais pour vous, prenez garde de ne vous point servir de chose qui soit de grand coût, gardez-vous des grandes dépenses, et souvenez vous que chaque semblable produit son semblable, comme Dieu l’a ordonné.

En peu de paroles tu connaîtras si quelqu’un a connaissance de notre Pierre, s’il dit qu’il ne faut qu’une chose, qu’un Verre et non plus. Sois homme de bien et craignant Dieu, et sur toutes choses ne révèle ton secret à personne quand tu le sauras, mais sois secret et fait comme si tu ne savais rien.

DE LA CONGÉLATION
Sixième Porte

CONGELATION est un endurcissement de choses molles en couleur blanche, et une confixation des Esprits qui étaient volatils. Il ne te faut pas beaucoup soucier comment tu congèleras, car les Eléments sont incontinent noués ensemble, pourvu que la Putréfaction ait été naturellement faite.

La Congélation se fait en diverses manières des Esprits et des Corps dissous en Eau lucide, ou des Sels dissous par deux ou trois fois, et puis Congelés en une matière fluente, des quelles Congélations les fols se raillent, comme différentes des leurs. Car aucuns dissolvent divisant manuellement les Eléments puis les congelant en poudre seiche. Mais telle congélation n’est point en notre intention, car elle est du tout contraire à notre Œuvre ; parce que la notre ne craint point le Feu, et qu’elle y demeure onctueuse, qu’elle est abondante et teinture, et qu’étant congelée elle ne se liquéfie point à l’air ni en Eau. Car si cela arrivait notre Œuvre serait alors détruite.

D’ailleurs on ne Congèle point notre Pierre en si dure Pierre que le cristal ou le verre, qui ne se fondent que par la grande violence du Feu ; mais comme cire qui se fond incontinent sans souffler. C’est pourquoi prends garde que tu ne soie trompé, car telle congélation ne s’accorde point avec notre intention, parce qu’elle ne coule point, et qu’elle retourne derechef en Eau comme font d’ordinaire les Sels congelés. Or telles Congélations ne conviennent qu’aux Sophistes.

Mais saches que ta Médecine ne peut jamais naturellement fluer, ni être congelée, que premier tu ne l’aie putréfiée et purifiée, et que tu ne fixes les Eléments de notre Pierre jusqu’à ce qu’ils soient congelés ensemble, et qu’ils fluent facilement. Car quand la Nature est devenue blanche, alors les Esprits sont congelés avec les Corps. Mais il faut attendre longtemps, avant qu’une Congélation t’apparaisse semblable aux perles. Réjouis-toi quand tu verras une telle Congélation, car après cela, elle viendra comme brains aussi rouges que sang. Chose la plus rare et la plus riche du monde.

C’est pourquoi ayant mortifié la grossièreté de la Terre, tu connaîtras alors que la noirceur s’engendre de l’humidité ou moiteur, et nul ne peut nier ce principe, lequel connu tu ne dois pas douter de la blancheur. Et si tu la congèles une fois à la blancheur, tu auras alors la Pierre la plus riche de toutes les Pierres du monde.

Et comme par la moiteur ou humidité qui cause la noirceur, le sec s’est putréfié, aussi l’humidité ou moiteur congelée par sec engendre blancheur luisante dans de nuit, et fort claire ; et la sécheresse poursuit la matière en blancheur, ainsi comme en moiteur la noirceur se montre par diverses couleurs toujours nouvelles.

La cause de tout ceci est la chaleur tempérée mouvant continuellement la matière, en sorte qu’elle en est altérée substantiellement tant par dehors que par dedans : et non pas sophistiquement à la vue comme font les fols, mais que chaque partie puisse endurer le Feu, fluente, fixe, stable et parfaite teinture. Et comme la première digestion des viandes cause la blancheur, savoir le chyle par sécheresse dans l’estomac, et que la seconde qui se fait au foie cause rougeur accomplie, fixe par chaleur tempérée : de même notre Pierre par sécheresse et par chaleur tempérée, est digérée et complète au blanc et au rouge.

Mais il te faut ici connaître un autre Secret, c’est que comme l’Enfant des Philosophes est né en l’Air, tu ne sois point fort soigneux de souffler les charbons, et ne prends pas ce que je te dis pour jeu ni moquerie ; mais me croie car ton Œuvre serait toute perdue, si ce n’est que ta Terre soit toute revivifiée par Eau, tu ne verras jamais notre véritable Congélation.

Une Ame étant le Ciel et la Terre, montée de la Terre, comme l’Air avec l’Eau pure, cause la vie en chaque chose vivante, couvant incessamment sur notre nature quadruple, s’efforce de l’améliorer de tout son pouvoir. Lequel Air est le Feu de notre Philosophie, appelé notre huile, et mystiquement notre Eau.

En ce moyen Air que nous appelons huile, ou Eau, notre Feu, notre onguent, notre Esprit, et notre Pierre, en laquelle seule chose toute notre Science est fondée, ne sort jamais seule dehors ni n’entre jamais seule dedans, non pas par le Feu même ; mais l’Eau la mène premièrement dehors et après la ramène dedans, comme l’Eau ne se sépare jamais de l’Eau.

Ainsi l’Eau peut seulement mouvoir notre Eau, lequel mouvement cause tant la mort que la vie : car l’eau s’attache naturellement à l’Eau, dans aucune contrariété ni répugnance, laquelle Eau est entièrement ignorée des fols, vu qu’elle est sans doute de la nature de l’Esprit calciné, et celui qui mène dehors.

Et l’Eau est le Soleil de vie de toutes choses qui sont subsistantes en ce monde, car de l’Eau chaque chose a son commencement, comme il se remarque aux femmes qui avant d’accoucher se délivrent par les Eaux qu’elles rendent, si toutes choses vont bien, qui s’appellent Albron, lesquelles découlent premièrement d’elles avant l’enfantement, non sans de grandes douleurs.

Et certainement c’est là la principale cause, pour laquelle les Philosophes nous ont commandé d’être patient jusqu’à ce que l’Eau fût toute séchée en poudre, la nourrissant en chaleur continuelle et non violente, car les qualités de chaque Elément sont contraires, jusqu’à ce qu’après la noirceur l’union en soit faite en la blancheur congelée, pour jamais, sans division.

Toute cette conversion d’une chose en l’autre, et d’un état en l’autre, se fait par discrète et naturelle opération de Nature, comme fait le Sperme de l’homme dans la matrice de la femme, Car le Sperme et la chaleur sont le frère et la sœur, qui se convertissent par eux même et produisent un homme parfait, suivant les opérations de la Nature à agir ou à pâtir. Ainsi notre Pierre en son Verre, la nourrissant par chaleur tempérée, se convertit en notre Pierre. L’exemple de l’œuf qui se convertit en poulet par chaleur tempérée, est une similitude aussi fort convenable à notre Œuvre. De même que l’exemple des plantes végétales, qui ne croissent que par moiteur et chaleur.

Les Minéraux sont nourris par l’administration de moiteur radicale qui est leur commencement, n’outrepassant point leur genre. Ainsi en un seul Verre nous changerons de nouveau une chose en autre, c’est à dire en leur mère qui est l’Eau, quand ils sont transformés : lequel principe ignoré tu travailles en vain. Mais alors tout est Sperme, et il n’y a autre chose que genre avec genre, deux en nombre, mâle et femelle, agent et patient, en la matrice de la Terre très précieuse, et iceux sont tournés de chose en chose, dans un Verre. Et ainsi d’état en état, jusqu’à ce que Nature les amène en une substance régénérée. Ainsi le Sperme en son genre est altéré, apte et capable en semblable genre, de multiplier son genre.

Pendant le temps de ce progrès naturel, et que le Sperme conçu croît, la substance est nourrie de son propre menstrue, lequel seulement par Eau a été mené hors de la Terre, dont la couleur parait verte, à la première vue, et durant ce temps le Soleil cache sa lumière, prenant son cours de nuit par le Septentrion.

Je te dis en Secret que le sang de ce Menstrue est le sang de notre Lion vert, et non du vitriol. (Dame Vénus aura soin de vous enseigner la vérité de ce Secret, si vous prenez soin de lui demander son conseil dès le commencement. Ce Secret est caché par tous les Philosophes. Lequel sang tiré hors du Lion faute de chaleur, n’a pas eu parfaite digestion.

Et ce sang est appelé notre Secret Menstrue, du quel notre Sperme est nourri avec tempérament, quand il est tourné en fèces corporelles, dûment blanc, et parfaitement sec, congelé et fixé en son propre corps, alors il peut bien paraître à la vue (en couleur de lait). Et ce sang étant deux fois cuit, cette Œuvre s’appelle le Diadème très blanc.

Entends aussi maintenant que notre Eau ignée étant ainsi aquée, est appelée notre Eau menstruale, dedans laquelle notre Terre est dissoute et naturellement calcinée par Congélation ; tellement qu’ils ne peuvent jamais se séparer. Toutefois tu ne dois pas cesser de congeler plus d’Eau, et jusqu’à trois parties de la dite Eau aquée, avec la quatrième partie de la Terre congelée, et non plus.

À cette substance ainsi congelée mets la quatrième partie de l’Eau cristalline, et fais qu’ils soient épousés ensemble par congélation, par le moyen du Métal : lequel comme une épée nouvellement fourbie, reluira après la noirceur, laquelle premièrement se montrera. Alors donne-lui la quatrième partie de la nouvelle Eau.

Elle doit encore avoir plusieurs imbibitions ; donne lui la seconde, et après la troisième, en gardant toujours la proportion, puis donne-lui la quatrième imbibition, la cinquième, et la sixième, et mets deux parties à chaque fois de ces trois, et la septième doit avoir cinq parties.

Quand tu auras fait sept fois Imbibition, il te faut derechef tourner la roue et pourrir toute cette matière sans addition, en attendant premièrement la noirceur si tu veux faire bien ; alors congèle là toute en blancheur et tu auras mené ta base à sa fin. Et ensuite monte à la rougeur par le Midi.

Ainsi ton Eau est divisée en deux parties : avec la première les Corps sont putréfiés, et avec la seconde tu en as fait les Imbibitions, après lesquelles la matière devient noire, et aussitôt après elle devient blanche sur un feu doux ; et cela s’appelle par les Philosophes un Soleil de splendeur céleste. Réduis-le ensuite à rougeur et tu auras vaincu la difficulté qui se rencontrait pour entrer en la sixième Porte.

DE LA CIBATION ou NOURRITURE
Septième Porte

CIBATION est la nutrition ou nourriture de notre Matière seiche, de lait puis de viande, lui donnant modérément de chacun, jusqu’à ce qu’elle soit réduite au troisième ordre. Mais ne lui donne jamais tant que tu puisses la suffoquer. Gardes-là d’hydropisie et du déluge de Noé ; c’est pourquoi tu lui donneras de la viande peu à peu, et l’abreuveras autant qu’elle en aura besoin, de peur que les humeurs aqueuses ne surmontent le sang. Que le boire soit aussi tellement mesuré, que jamais tu n’éteignes son appétit naturel.

Car si elle boit trop il faudra qu’elle vomisse, ou autrement elle sera trop longtemps malade. Ainsi gardes son ventre d’hydropisie et de flux, sinon la chose n’ira pas bien. Mais plutôt laisse là avoir soif pour boire entre deux, et prends garde de ne lui en pas donner trop à la fois ; car en sa jeunesse elle doit être diettée à propos.

Mais ordonne-lui la diète comme Nature le requiert, c’est à dire très modérée, jusqu’à ce qu’elle soit en âge, la gardant de l’Eau et la nourrissant de Feu moite, alors elle croîtra et augmentera en courage, et te donnera plus de profit, car elle fera les Corps malades sains et lucides, en nettoyant leur lèpre par sa vertu.

Il faut que tu tournes la roue trois fois alentour, gardant la règle de la tiède et de la Cibation, et lorsque elle sentira le Feu elle sera preste à se liquéfier comme cire. Je t’ai dit la diète la plus convenable, après que les Eléments sont faits équipollents. J’ai dit aussi comment tu réduiras ton Or à blancheur, de figure semblable à la fleur de l’épine blanche, appelée Magnésie, notre Soufre blanc incombustible, lequel ne s’envolera jamais du Feu. Ainsi nous sommes parvenus au lever du Soleil.

DE LA SUBLIMATION
Huitième Porte

POUR bien sublimer, tu ne failliras point si tu peux premièrement faire les Corps spirituels, et (comme je t’ai montré) les Esprits corporels.

Aucuns subliment le Mercure avec le Vitriol, le Sel commun et autres Esprits, et aussi avec des écailles de fer et d’acier, des écailles d’œufs calcinés, et de la chaux vive. Et quoi qu’à leur manière ils subliment très bien, néanmoins leur Sublimation ne s’accorde en rien avec la notre. Mais nous te montrerons maintenant la vraie Sublimation.

En notre Sublimation avant toutes choses, prends garde que tu ne sublime pas fort jusqu’au bord du vaisseau, car par violence tu ne la feras point descendre, mais voudra adhérer et demeurer là, tant elle se rejoint avec réfrigération. Relève la donc avec chaleur tempérée en bas, 40 jours entiers, jusqu’à ce qu’elle soit noire et brune.

Car alors l’Eau commence à sortir hors de ses propres veines, parce que ce qui est subtil veut toujours monter avec l’Esprit. C’est pourquoi aie ceci en ta mémoire, et considère comment les Corps sont ici évanouis ou éclipsés, et à même qu’ils se pourrissent, sublime de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils soient tous élevés avec l’Eau.

Ainsi quand ils ont jeté leur venin dehors, alors la noirceur se montre en l’Eau, et en chacune de leurs parties, et deviennent spirituels, en les sublimant aisément à notre manière avec l’Eau, laquelle l’emporte avec elle. Car il faut qu’ainsi notre Enfant soit derechef né en l’Air par Eau, comme je t’ai déjà dit.

Mais quand ces deux par Sublimation continuelle, sont ainsi élaborés par chaleur humide et tempérée tout ensemble, en sorte que tout soit blanc et fait spirituel, alors le Ciel doit être réitéré (par-dessus la Terre) jusqu’à ce que l’Ame soit incorporée avec le Corps, afin que tout ce qui auparavant était Ciel devienne Terre : laquelle chose se fera en sept Sublimations.

Nous faisons la Sublimation pour trois causes ; la première pour faire le Corps spirituel, la deuxième afin que l’Esprit puisse être corporel et qu’il demeure fixe avec lui, et d’une même substance, et la troisième est que la Salure sulphureuse soit diminuée en lui, laquelle est infructueuse.

Alors quand ils sont dépurés ensemble, ils se sublimeront en haut plus blancs que la neige, dont la vue te sera très agréable, car alors tu connaîtras très parfaitement que l’Esprit par ce moyen sera demeuré bas.

DE LA FERMENTATION
Neuvième Porte

LA fermentation se fait en deux manières, par laquelle notre Médecine doit être augmentée. Une façon se fait en Eau claire, dissolvant le Soleil et la Lune, et par leur Médecine les font congeler. Mais lorsque cette congélation est examinée par le Feu elle ne le peut endurer, car ils ne s’altèrent pas complètement ; en cela aussi cette Fermentation n’est pas selon notre intention.

Il y en a d’autres qui font la Fermentation bien plus naturellement en cette manière : Ils dissolvent le Soleil et la Lune en Mercure, jusqu’à ce qu’ils s’élèvent en haut avec les Esprits, les sublimant ensemble deux ou trois fois ; alors ils en font leur Fermentation. C’est bien une voie, mais nous la rejetons.

Il y en d’autres plus heureux puisqu’ils choisissent en partie la véritable Fermentation, car ils amalgament leurs Corps avec la Mercure, ainsi que bouillie. Ceux-ci ont bien quelque intelligence de nos Secrets, mais non pas vraie, ni avec parfait complément.

Mais je te veux enseigner ce Secret. C’est que comme tu fais de tes Corps imparfaits, tu fasses de même de tes Corps parfaits en chaque degré ; c’est à dire que tu les pourrisses premièrement, détruisant entièrement leurs qualités. Et cette façon est de notre intention, c’est à dire que tu les altère avant que de les Fermenter.

À ton compost fait Ferment la quatrième partie (c’est à dire pour un poids de ferment trois de compost), lequel Ferment soit seulement de Soleil et de Lune. Or si tu es bon maître, fait que la Fermentation se fasse ainsi.

Fixe l’Eau et la Terre ensemble, et quand la Médecine coulera et fluera comme cire, alors jette là sur ton amalgame. Et quand le tout est mêlé ensemble fait ton Feu en ton Verre, et qu’il soit bien fermé et scellé : et ainsi continue tant que tout soit fixe et bien fermenté selon ton désir. Alors tu feras projection à ton plaisir, car cette Médecine sera entièrement parfaite. Ainsi tu peux fermenter tant au blanc qu’au rouge

Car comme la fleur de froment mise en pâte requiert le ferment que nous appelons levain, afin qu’elle puisse avoir son goût naturel de pain pour servir à la nourriture de l’homme. Ainsi tu fermenteras ta Médecine afin qu’elle puisse avoir le goût du pur Ferment, pour endurer perpétuellement tout examen, comme le Ferment qui est d’or.

Saches aussi qu’il y a trois sortes de Fermentations, deux sont des Corps en nature pure, lesquels sont altérés comme j’ai dit. La troisième, très Secrète, dont nous faisons cas, est la première Terre avec son Eau verte. C’est pourquoi, quand le Lion aura soif, donne-lui à boire, tant que son corps crève.

La vraie Fermentation est donc comme je t’ai dit une incorporation de l’Eau avec le Corps, lui restaurant la naturelle chaleur et odeur, avec goût et couleur, par réintégration dont les Corps prennent impression par les Esprits, et que l’un aide à l’autre d’avoir ingression. Car comme les Corps en leur composition naturelle, ne peuvent faire voir au dehors les effets de leurs qualités, jusqu’à ce qu’ils soient devenus Esprits, ou soient spirituels. Ainsi les Esprits ne peuvent demeurer fermement avec les Corps, qu’ils ne soient premièrement confixes proportionnellement. Car les Corps enseignent aux Esprits d’endurer le Feu et d’y demeurer, et les Esprits d’entrer aux Corps, selon ton désir.

C’est pourquoi il te faut avec Or fermenter ton or avec son Eau propre, j’entends la Terre purgée, qui n’est autre chose qu’élément avec Elément, l’Esprit de vie allant seulement entre deux ; car comme on voit la pierre d’aimant attirer le fer à soi, de même notre Terre par nature attire en bas à soi son Ame portée haut avec le vent.

Ainsi avec le vent mène ton Ame dehors, et la ramène dedans, mêle Or avec Or, c’est à dire fait courir élément avec Elément, jusqu’à ce que tous puissent endurer le Feu ; car la Terre est le Ferment de l’Eau sans contradiction, et l’Eau l’est de la Terre semblablement. La Fermentation doit être en cette manière.

La Terre aussi est Or et Eau, non la commune, mais la notre élémentée, et toutefois il faut que le Soleil y aille afin que par notre Eau il puisse être altéré et préparé, et puisse être profondément joint avec autres natures comme je t’ai dit.

Tout ce que j’ai dit de l’Or, il le faut aussi entendre de l’argent, et pour cela il faut que tu le putréfie et altère avant que tu fermentes ta Médecine pour le blanc.

Souviens-toi bien de tout ce que je t’ai dit : et renouvelle le Soleil et la Lune, afin qu’ils puissent tenir de la quintessence et nature, et alors leur teinture renouvellera toujours.

Il y a encore une voie excellente qui a une autre opération. Nous faisons une Eau de fort bonne odeur avec laquelle nous amenons tout Corps en huile, laquelle fait aussi la Médecine fluente. Nous appelons cette Eau la Quintessence, laquelle guérit en l’homme toute maladie. Mais avec la base préparée selon ma doctrine, laquelle est notre chaux, ceci doit être fait. Car quand nos Corps sont ainsi calcinés, cette Eau les dissoudra incontinent en huile. C’est pourquoi fait huile de Soleil et de Lune, laquelle est Ferment très odorant à sentir.

Je t’assure que je n’ai jamais trouvé d’homme en Angleterre qui m’ait peu enseigner cette manière de fermenter, que je t’enseigne dans ce chapitre.

DE L’EXALTATION
Dixième Porte

L’EXALTATION diffère peu de la Sublimation, et à ce sujet l’on rapporte ce que notre Seigneur Jésus Christ dit en son Evangile. Si je suis exalté je tirerai toutes choses après moi. Si nous exaltons notre Médecine en cette sorte, elle sera par ce moyen anoblie, ce qui se doit faire en deux manières, depuis que les parties sont épousés, qu’elles sont examinées, crucifiées et ensevelies, tant l’homme que la femme, et après revivifiées par l’Esprit de vie. Alors il faut que le Corps soit exalté haut dans le Ciel, pour être là glorifié avec son Ame ; car il faut que tu amènes le Corps à telle subtilité, qu’il monte avec l’Esprit pour être éternisé es nuées de clarté et associé aux Anges. Alors il tirera tous autres corps, comme tu verras à sa propre dignité.

C’est pourquoi si tu veux exalter le Corps augment le premièrement de l’Esprit de vie, jusqu’à ce que la Terre soit bien subtiliée par a naturelle rectification de chaque Elément, en l’exaltant haut jusqu’au firmament (c’est-à-dire jusqu’au haut du Verre, ou vaisseau dans lequel il est). Alors il sera beaucoup plus précieux que l’Or à cause de la Quintessence de laquelle il tient.

Car quand le froid a surmonté le chaud l’Air sera alors tourné en Eau, et ainsi deux contraires se rapportent ensemble, jusqu’à ce que l’un se rapporte à l’autre. Ainsi l’Eau sera convertie par l’Art de notre Circulation en Air, quant la chaleur aura domination du froid.

Alors du Feu tu auras l’Air par Solution, Putréfaction et Sublimation, et si tu as Feu de la Terre matérielle, séparant ainsi les Eléments, parcours principalement en calcinant bien la Terre, et quand chacun d’iceux est fait pur, alors ils sont la Quinte Nature. Fais donc qu’en cette sorte ils soient circules en exaltant incontinent l’un et l’autre ; et en un seul Verre scellé, fait seulement tout ceci, et non avec les mains mais naturellement. Alors convertis hardiment premièrement ton Feu en Eau, car le Feu est en l’Air, qui est existant en l’Eau, et telle conversion convient à notre propos. Alors tourne la roue plus outre, que l’Air soit converti en la Terre, ce qui pourra être facilement ; car l’Air est en l’Eau étant en la Terre ; alors, dis-je, tu convertiras en leurs qualités, l’Eau en Feu, car l’Eau est en la Terre étant en feu. Et c’est la vraie Conversion que celle-ci.

La roue est maintenant tournée alentour, convertis l’Eau en la Terre, qui est le premier nid des autres Eléments ; car la terre est au Feu qui prend repos en l’Air. Il te faut commencer en Occident cette circulation, puis plus outre au Midi, jusqu’à ce qu’ils soient exaltés, procédant dûment comme la figure t’enseigne.

Donc tu peux voir clairement qu’on ne peut passer d’un extrême à l’autre que par un moyen, vu qu’ils sont contraires en qualités, et la raison veut qu’ils soient ainsi ; comme le chaud en froid avec plusieurs contraires, sans les moyens, (comme est moiteur entre chaud et froid) ne peut être amené à température.

Je t’ai donc enseigné de faire une parfaite rotation et circulation de tous les Eléments. Et prends exemple en la figure, comment tu dois faire cette Exaltation, et la graduation de ta Médecine es Eléments, jusqu’à ce que tu l’aie amenée en pays tempéré. Et alors tu as connu la dixième Porte.

DE LA MULTIPLICATION
Onzième Porte

LA Multiplication est une augmentation du parfait Elixir, en vertu et quantité, tant au blanc qu’au rouge : et est la chose qui fait augmenter la Médecine en chaque degré, en couleur, odeur, quantité et vertu.

La cause pourquoi tu peux augmenter ta Médecine indéfiniment, est parce que c’est un Feu qui lorsqu’il est allumé ne s’éteint jamais, demeurant avec toi comme le Feu dans les maisons, (ou comme le musc dans les confections) duquel Feu une étincelle en peut faire infiniment. Ainsi est-il de notre Médecine, en vertu multipliée.

Celui-là est riche de Feu, lequel en a plus ou moins, à raison qu’il le peut multiplier à son plaisir. Ainsi celui-là est riche qui a quelque partie de notre Médecine en réserve, laquelle Médecine et Elixir se peut multiplier infiniment. La première voie de Multiplier est que tu dissolves souventes fois notre poudre seiche, et que souventes fois aussi tu en fasses Congélation. Et alors tu en feras augmentation en vertu et bonté.

La seconde voie de multiplier tant en vertu qu’en qualité, est par Fermentation réitérée, et comme je t’ai aussi montré au chapitre de la Cibation, ou tu peux connaître la manière de multiplier ta Médecine infiniment avec Mercure.

Mais si tu veux dissoudre et fermenter ensemble, ta Médecine en sera meilleure en bonté et en quantité, et tu la peux multiplier et augmenter en telle manière, qu’elle croîtra dans ton Verre comme un arbre, (qui est proprement celui d’Hermès), de laquelle un grain en peut multiplier mille si tu sais sagement faire la Projection.

Et comme le Safran quand il est pulvérisé s’il est peu à peu tempéré avec liqueur, et après ajouté avec plus grandes quantités, qu’étant en sa grosse nature. Ainsi plus notre Elixir sera Multiplié, et plus sa Médecine s’étendra. Multiplie le toujours dans ton Verre, de plus en plus, en le nourrissant de Mercure jusqu’à la fin de tes jours et tu seras toujours riche.

Mais sois homme de bien craignant et servant Dieu, ne l’offense et ne pèche que le moins que tu pourras. Surtout souviens-toi des pauvres et leur soit secourable, afin que Dieu te fasse miséricorde.

DE LA PROJECTION
Douzième Porte

LA Projection est celle qui prouve si notre pratique est véritable, faisant connaître si la teinture de notre Art ou Secret est permanente : Tu le sauras si tu jette un peu de ta Médecine sur du Mercure vulgaire ; car elle s’y attachera comme de la poix, et le teindra, et y entrera de soi même et endurera tout Feu.

Mais plusieurs par ignorance gâtent ce qu’ils ont fait, quand ils font Projection sur un métal impur ; car à cause de la corruption leur teinture s’évanouit, laquelle corruption ils n’ont point ôté des Corps, lesquels après la Projection sont cassants, bleus et noirs.

Or afin que ta teinture puisse être permanente sur eux, jette premièrement ta Médecine sur le Ferment, et alors il sera cassant comme verre, et après jette cette matière cassante sur les Corps mondifiés et vraiment purs, et tu verras qu’ils seront abondamment colorés, lesquels endureront à jamais tout examen.

Fais Projection, trois, quatre ou cinq fois, jusqu’à ce que ta Médecine commence à diminuer, et alors il faut cesser. Mais souviens-toi de jeter le moindre sur le plus, augmentant toujours le nombre comme font et disent les Sages. Car si l’on joint l’Elixir avec les Corps impurs, l’on ne sait ce que c’est que Projection.

Si tu multiplie premièrement par dix tu feras cent, et cent encore par dix tu feras mille, et mille par dix feront dix mille, puis par dix encore feront cent mil, et ainsi toujours par dix tu iras à l’infini.

Continue à tenir ton Verre au Feu en multipliant de plus en plus, car les Sages disent que réserve n’apporte point de dommage. Et ici finissent nos douze Portes, après lesquelles s’ensuit une brève Récapitulation de tous nos Secrets, si tu comprends la Théorie et la pratique, les figures et les couleurs. Alors tu pourras te dire Savant.

RÉCAPITULATION

CONSIDERE premièrement la latitude de la Pierre, et commence au côté qui est noté vers l’Occident, où le Mâle rouge et la Femelle blanche sont, fait une épouse avec l’Esprit de vie pour vivre un amour ; la Terre et l’Eau parfaitement proportionnés, c’est le meilleur, et une partie de Terre pour trois de l’Esprit est aussi une bonne proportion, qui sont douze de l’Esprit pour quatre de Terre.

Il faut alors que tu prennes trois parties de la femme, pour une partie de l’homme, et tant moins il y aura de l’Esprit en cette dépousation ou épousailles, et plutôt tu feras la Calcination. Alors procède avant par le Nord et obscuration de l’homme rouge et de sa femme, appelée éclipsation ; les altérant et dissolvant entre l’hiver et le printemps, entourant la Terre obscure et sans clarté (126).

De là monte en Orient par diverses couleurs, là sera la Lune pleine apparaissant de jour ; alors elle a passé le purgatoire et son corps est à sa fin, car le Soleil se lève apparaissant blanc et lucide. Là est l’Eté après l’Hiver, et le jour après la nuit. Alors la Terre et l’Eau après la noirceur sont tournés en l’Air, et les nuées et les ténèbres sont passées, et toutes choses sont en candeur perlucide.

Et comme l’Ouest était le commencement de cette pratique, et le Nord le moyen parfait de cette altération, ainsi l’Est est tôt après le commencement de la spéculative, mais aussitôt il fait la consommation de son cours vers le Midi. Et alors les Eléments sont là par circulation trouvés en Feu. C’est pourquoi ne fais nul doute que tu ne parviennes à ton désir, car tu tournes alentour de la roue de notre Philosophie.

Mais il te faut encore derechef tourner deux fois, en quoi sont compris les Secrets de notre Philosophie, déclarés dans les douze chapitres précédents. Si tu comprends bien comment tu dois calciner, et les parfaitement dissoudre, diviser et putréfier, tu sauras infailliblement tous les Secrets de notre inférieure Astronomie, avec une parfaite connaissance des pôles qui sont en notre Ciel luisant, avec des couleurs qui n’ont jamais été vues.

Pâle et noir, et faux citrin, imparfaits blanc et rouge, les plumes du paon de couleur gaie, l’arc-en-ciel, la panthère mouchetée, le lion vert, et le bec du corbeau. Toutes les couleurs apparaissent avant la parfaite blancheur, et encore plusieurs autres. Après laquelle apparaît le gris et faux citrin, et enfin apparaîtra le sang rouge invariable. Et alors tu auras ta Médecine au troisième ordre, multipliée en son propre genre.

Sache aussi ce Secret infaillible que notre homme rouge ne teint point, ni sa femme, jusqu’à ce qu’ils soient teints. C’est pourquoi si tu les veux prévaloir par cet avis, cache la hauteur de tes Corps et montre leur profondeur en chacun de tes Corps ou Métaux : détruis la première qualité et répare incontinent en eux les secondes plus excellentes, et que le tout soit fait en un seul Verre, et par un régime convertis les quatre natures en une.

AVERTISSEMENT DES ERREURS
de George Ripley

APRES tout ce que je fais dit ci-dessus de la Pierre, je te veux avertir par un pur mouvement de charité chrétienne, des vaines expériences que j’ai faites, et des fausses matières sur lesquelles j’ai travaillé. Je te dirai donc que le cinabre ni le Mercure sublimé ne valent rien en notre Œuvre. Car j’ai fait plusieurs Sublimations d’Esprits, de Ferments, Sels, fer, acier ; mais j’y perdis mon temps. J’ai fait’ des Eaux corrosives et des Eaux ardentes, desquelles j’ouvrais en diverses manières. J’ai calciné des Œufs deux ou trois fois, j’ai fait monter l’huile de chaux pour en séparer les Eléments l’un de l’autre ; mais tous ne valent rien.

J’ai travaillé en Soufre et en Vitriol, que les fols appellent le Lion vert, en orpiment, in debili principio, était mon commencement, en Sel de verre. Sel alcali. Sel albrot, Sel gemme fort clair, Sel de tartre, Sel commun, Sel attincar, Salpêtre, Sel de soude. Mais j’ai gâté mon estomac et mon argent ; garde toi de toutes ces choses, et surtout tiens toi loin de l’odeur de l’Argent vif, ne te mêle point non plus avec le Mercure précipité, ni avec les Métaux imparfaits rubifiés.

J’ai éprouvé les œufs et le sang, l’Ame de Saturne, les marcassites, squames ou écailles de fer que les maréchaux font tomber en le battant, la litharge, l’antimoine. Mais tous ne valaient rien ; toutefois j’en tirais des belles teintures rouges et blanches, qui néanmoins étaient faussent.

J’ai fait de l’huile de Lune avec un grand travail, la calcinant avec Sel commun préparé et par soi même, avec violente chaleur, la broyant avec Vinaigre tant que j’en étais las, et aussi avec Eau de Vie accuée avec épiées sur marbre. Mais tout fut perdu.

J’ai fait plusieurs amalgames pensant les fixer avec profit, et pour cela je pris du Tartre, du Souffre, des blancs d’œufs, de l’huile de limaçons. Mais aussi inutilement.

J’ai fait de l’huile et de lait, de présure, de vin, de limon, de chélidoine, d’Etoiles qui tombent en terre, spondines et plusieurs autres. J’ai perdu plusieurs livres de Mercure, et j’ai fait des Pierres de Cristal. Mais tout n’a rien valu.

Fuis donc telles besognes et autres semblables, car il n’en peut provenir que du mal. Eprouve tant que tu voudras, et tu le trouveras ainsi que je te le dis ; ta bourse vide et ta santé diminuée par les mauvaises senteurs et les pernicieuses fumées.

Certainement je n’ai jamais vu d’Œuvre vraie que celle dont je t’ai montré la vérité en ce traité. Etudie toi donc bien à la faire, et tu gagneras Or, argent et santé.

Souviens toi que l’homme qui ailleurs est appelé le Mâle, est la plus parfaite créature terrestre que Dieu aie créée ; auquel il y a une neutralité des quatre Eléments proportionnés par Nature, qui ne coûte rien du tout, laquelle est menée hors de sa minière par Art. Certes nos Métaux ne sont autre chose que nos deux minières de notre Soleil et de notre Lune. Raymond Lulle dit ainsi qu’il s’ensuit.

La clarté de la Lune et du Soleil si lucide, en ces deux Minières est descendue ; encore que la clarté soit cachée à la vue, et si est-ce que par Art tu la peux clairement faire paraître. C’est pourquoi putréfie cette Pierre cachée — cette seule chose —, remets la en sa propre liqueur, jusqu’à ce qu’elle devienne blanche, pour la fermenter sagement. Voilà tout.

FIN




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Maj : 20/12/2024