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Sortir au Jour🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
𓉐𓂋 𓏏𓂻 𓅓 𓉔𓂋 𓅱 𓇳𓏤 (R(ȝ) n(y) pr.t m hrw), Livre des morts


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
𝔏 Thot-XVII -VLittérature (reli.)ÉgypteReligion
Mysticisme
Magie

◆ En égyptien ancien (avec quadrats) :

𓉐
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𓇳
𓏤
(R(ȝ) n(y) pr.t m hrw)

► Le célèbre Livre des morts est un texte composite dans lequel on trouve des rituels funéraires constitués de passages des Textes des pyramides et des Textes des sarcophages ayant pour but de guider le défunt dans son voyage dans l’au-delà et surtout de le préserver de la seconde mort. Les rituels contenus dans l’ouvrage permettent au mort de passer avec succès le jugement de l’âme qui a lieu entre l’amenti et la douat, destinations possibles de l’âme. Sa forme la plus célèbre est l’épreuve de la psychostasie qu’il résout à l’aide de la fameuse Confession négative de Maât. Ces évocations magiques étaient destinées à être lues tant par l’entourage du défunt que par et surtout le défunt lui-même durant son voyage outre-tombe.

► On trouve également dans ce texte de compilation, divers recettes magiques dont le but est de permettre au défunt d’avoir une condition post-mortem plus favorable. On note en outre de nombreuses versions en fonction des manuscrits, parce que le texte était adapté en fonction du défunt. Cet ouvrage ouvrira la marche à d’autres textes funéraires au Nouvel empire : les Livres de l’Amdouat et les Livres de Nout.

► L’ouvrage était initialement réservé au roi et à sa cour, mais à l’instar de nombreux autres éléments ésotériques de l’antiquité, la pratique du Livre des morts s’est progressivement démocratisée. Il renseigne non seulement sur la magie égyptienne mais aussi sur le système métaphysique des anciens égyptiens.

■ L’ouvrage complet ou plutôt les différents éléments recensés par les philologues, sont composé de 190 fragments d’une teneur hétéroclite et même désordonnée ainsi que quelque peu répétitive bien qu’une certaine logique puisse être déduite de l’organisation générale. Le Papyrus de Turin (utilisé ici) contient 165 entrées et date des Ptolémées.

■ Nous avons sélectionné un certain nombre de papyrus à exposer. Pour voir d’avantage d’illustrations, en particulier celles de la psychostasie — la scène la plus reproduite — 𝕍 d’autres mss. comme celui d’Irthorru au Musée britannique ou celui de Nes-Min à l’Institut des arts de Detroit.

Grillot de Givry in Anthologie de l’ésotérisme écrit :

Si l’influence de l’Inde et de la Chine a été à peu près nulle sur l’ésotérisme occidental, du moins l’Egypte peut-elle être considérée à bon droit comme l’inspiratrice de tout l’occultisme européen. L’Egypte fut la patrie par excellence des mystères et des initiations. La Bible reconnaît que Moïse était initié dans toute la sagesse des Egyptiens. Plus tard, Pythagore, Hérodote, Platon, allèrent en Egypte pour y recevoir également l’initiation, et les mystères grecs prirent modèle sur les mystères égyptiens.

Le plus grand secret planait sur l’initiation. Clément d’Alexandrie dit que les prêtres ne communiquaient les mystères qu’au souverain et à ceux qui excellaient en sagesse. Une statue du Musée du Louvre représente un grand prêtre de Memphis, nommé Ptahmer, qui « connaissait les dispositions de la terre et de l’enfer, d’Héliopolis et de Memphis, qui avait pénétré les Mystères de tout sanctuaire dont rien ne lui était caché ; qui adorait la Divinité et la glorifiait dans ses desseins ; qui couvrait d’un voile le flanc de tout ce qu’il avait vu. »

Sous les Ptolémées, à l’époque alexandrine, les mystères égyptiens jetèrent un dernier éclat ; et ce qu’on y enseignait nous a été révélé en partie par le pseudo Hermès Trismégiste et l’auteur des Hieroglyphica d’Horapollon. Et, bien longtemps après, lorsque les grands temples de Memphis et de Thèbes virent s’écrouler leurs salles hypostyles et ne furent plus que des monceaux de ruines, et que le sens des hiéroglyphes fut perdu de tous, le prestige de l’initiation égyptienne demeura si vivace, que tous les nomades qui parcouraient l’Europe, au Moyen-Age en disant la bonne aventure, les Bohémiens, les Magyars, les Gitanas, les sorciers de village, les noueurs d’aiguillettes, se réclamèrent de l’Egypte. Au XVIII° siècle, chacun se disait possesseur de secrets égyptiens. Et quantité de mystagogues s’abritent encore de nos jours derrière ce grand nom pour recommander les produits extravagants de leur imagination.

Cependant, peu de personnes connaissent les textes contenant la doctrine ésotérique de l’Egypte véritable, à laquelle une Egypte fantaisiste a été trop souvent substituée ; et c’est pourquoi il nous paraît indispensable de publier quelques-unes des meilleures pages des papyrus célèbres.

Le monument le plus vénérable de la science mystique et hiératique de l’Egypte est le livre, très peu connu en France, traduit en allemand sous le nom de Todtenbuch, dont le nom littéral est « Livre de sortir du jour ». Il ne se trouve que dans les tombeaux égyptiens ou dans les momies. On l’a considéré à tort comme un rituel funéraire, c’est au contraire un livre hiératiqure composé de textes sacrés, réputés d’origine divine. Il contient des annotations antiques qui permettent de fixer à peu près l’âge de ce livre : il y est dit qu’un chapitre fut trouvé à Hermopolis au temps du roi Men-ka-râ, constructeur de la troisième pyramide ; un autre fut trouvé dans le pylône du grand temple de This, sous le règne du roi Housap-ti, en découvrant l’hypogée de la montagne qu’avait fait Horus. Or, Housap-ti est le cinquième roi de la première dynastie, ce qui fait remonter ce livre à quatre mille ans environ avant J. C. Nous donnons les extraits ci-dessous d’après divers papyrus du Musée du Louvre.


Texte et traduction : de l’ancien égyptien au français classique, Pierre Pierret in Le Livre des morts des anciens Égyptiens, 1882. | bs. Bibliothèque de l’université Harvard (Cambridge, États-Unis). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

■ Dans le texte, l’auteur emploie "N" pour "Nom du défunt".

■ Notez bien que l’égyptien hiéroglyphique est particulièrement sujet à interprétation et que plus encore que pour d’autres textes, cette traduction est une possibilité parmi d’autres.

■ Pour une traduction plus récente, on consultera Bernard Soulié ou Grégoire Kolpaktchy.

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Chapitre LXIV

Chapitre de sortir le jour, en un seul chapitre.

Tableau : Le défunt en présence du disque solaire qui s’élève dans le ciel.

1. Je suis hier et je connais demain. (Je suis) maître de renaître une seconde fois, mystère de l’âme.

2. créatrice des dieux et produisant les aliments pour ceux qui abordent à l’ouest du ciel, gouvernail de l’est, seigneur des faces qui voient par son rayonnement, seigneur de la résurrection sortant des ténèbres. O les éperviers sur

3. leurs angles, qui écoutent les choses! Je me suis assimilé (cette notion que) il y a une cuisse sur le cou et une cuisse sur la tête de l’Amenti(1). Les occidentaux passent vers leurs places secrètes,

4. remorquant Ra qui vient en suivant dans la demeura de la violence, au dessus du chef qui est dans son naos dressé en murailles terrestres(2). Lui, c’est moi, et réciproquement. J’ai produit la substance brillante que Ptah

5. incruste dans son métal. Invocation de Ra : Ta face se réjouit de la bonne vérité d’aujourd’hui qui est ton entrée au ciel et ta sortie à l’Orient. Appel des héritiers, appel à ceux

6. qui sont devant le dieu : j ai rendu agréables tes chemins, j’ai élargi tes routes pour la traversée de la terre dans la largeur du ciel. Brille sur moi, âme inconnue. Je m’approche

7. du dieu dont les paroles sont entendues par mes oreilles dans le Tiaou. Il n’y a plus de mal ni de souillure de ma mère pour vous. Je suis délivré, protégé contre celui qui ferme les paupières la nuit : c’est la restauration de l’anéantissement

8. de la nuit. Je suis l’Inondation. Grand auditeur est ton nom. Je suis maître de l’âme qui m’enveloppe dans son sein. La cuisse de devant est sur le cou, la cuisse de derrière sur la tête de l’Amenti. Adoration de ce chef qui est sans son bassin :

9. Me sont livrés ceux qui appartiennent au chef des deux Grands. Je ne trouve pas qu’il sorte de moi des larmes. Je suis témoin des navigations à la fête du premier et du dernier quartier de la lune dans Abydos. Les verrous reposent sur les deux battants.

10. Vos images sont munies de leurs bras... Ta face est comme celle d’un lévrier, lorsqu’il flaire dans le tombeau. Je fais circuler mes jambes comme Anubis pour m’élancer avant que sorte le flaireur de Tatounen

11. vers les deux Lions. Je suis sauf. Je sors en brisant la porte Illumination-du-cœur. Celui qui connaît la profondeur de l’eau est mon nom. J’agis selon les facultés des mânes. Quatre centaines de mille et quatre millions de choses sont sur son autel.

12. Je suis le protecteur de ces choses, faisant circuler les heures au jour d’ajuster les épaules de la constellation Sahou : les vingt-quatre heures passent ensemble en se présentant une à une, jusqu’à la sixième qui se produit dans le Tiaou, heure

13. nocturne du renversement des ennemis par la vérité de parole. Ceux qui sont à traverser le Tiaou sont comme lui-même. Shou exige que je brille en seigneur de vie vrai et radieux, faisant la septième heure lorsqu’il sort. Des talismans

14. sont pour la protection de ses favoris. Le sang coule, les massacrés récemment tombent à terre : le dieu à la double corne me charge de les rassembler. Je m’interdis les mystères; j’ai été produit pour repousser ceux qui sont sur

15. leur ventre. Je vais en messager du seigneur des choses, en conseiller d’Osiris. Que l’Œil ne dévore pas ses larmes. C’est moi le dieu de la demeure... arrivant de Sekhem vers An.

16. Je fais connaître au Bennou les choses du Tiaou. O celui qui établit les mystères qui sont en moi, produisant les transformations comme Khepra, sortant â l’état de disque pour éclairer ! J’ai été conçu à l’Ouest du ciel, donnant la lumière aux mânes dans leur coffre,

17. rayonnant sur ceux qui gisent, variante : sont gardés dans leur cellule. Je traverse le ciel, je passe par sa muraille de fer en y faisant la lumière. Je m’envole pour illuminer les mânes, je deviens

18. en soleil des intelligents, marchant pour les productions (?) de la terre. Je marche pour donner le mouvement aux ombres des mânes. Je prépare une route bonne vers les portes du Tiaou ; je le fais parce que celui qui est en

19. défaillance, je le réconforte, parce que celui qui pleure, c’est celui que je sauve parmi les occidentaux dont je suis, en dieu Aker de la région Aker. J’ouvre et je ferme ; cela m’est accordé par le bon seigneur,

20. et je traverse : Qui est donc en dévorant dans l’Amenti ? C’est moi qui suis dans Ro-Staou ; j’entre en son nom, je sors parmi les favoris du seigneur des millions d’années de la terre, auteur de son nom. M’a conçu

21. Celle qui dépose son fardeau et se retourne aussitôt. Est renversée la clôture de la muraille, l’enceinte est renversée. Adoucissement de ce malheur, le Bennou étant jeté sur le dos par

22. les complices (de Set?), Horus fait que son œil éclaire la terre ; mon nom est son nom. Il n’y a pas de grandeur au-dessus de moi, en ma qualité de dieu-lion. Les invocations à Shou sont pour moi ; c’est moi qui le complète excellemment. Je vois l’ensevelissement de l’immobile de cœur et ceux qui l’exécutent.

23. L’Inondation s’arrête, alors je sors. Je suis un seigneur de vie, adorateur de Noun ; j’arrive par cela. Je sors de la grande demeure d’Osiris. Je suis protégé contre ceux qui font prospérer le mal.

24. J’embrasse le sycomore, je fais mon asile du sycomore ; j’ouvre le mur du Tiaou. J’arrive, j’embrasse l’Oudja. — À quelle époque es-tu ? — À la fête de la néoménie, cadavre silencieux. J’arrive

24. pour voir celui qui est dans les replis de Mehen, face à face, œil à œil, contenant les vents à sa sortie... Tendez-moi vos bras, progéniture divine sortie de la bouche (à la parole du dieu primordial), qui êtes les levers de

25. l’Œil du soleil. Je suis debout, je me reconstitue, je m’envole au ciel, je me repose sur la terre, chaque jour. J’embrasse mon Oudja dans ma marche, je suis enfanté par Hier, maître de ma transformation,

26. en serpent aker de la terre. Je me recommence à l’heure (voulue). Le dieu qui cache sa lutte est enveloppé ; son enveloppe marche derrière moi. Mon pouvoir magique donne la vigueur à mes chairs. Je suis protégé

27. par la protection de mes mains. À cet instant de s’arrêter pour converser, la collection des dieux se lève à mes paroles. O lion du soleil levant le bras dans Toser, tu es en mol et je suis en toi,

28. tes formes, sont mes formes. Je suis l’Inondation ; le grand liquide ignoré est mon nom. Les transformations de Toum, variante : de Khepra, la végétation terrestre de Toum est pour moi. J’entre dans Sekhem et j’en sors en pur esprit. Moi l’Osiris N,

30. je vois les formes des hommes éternellement. Celui qui sait ce chapitre, sa parole fait la vérité sur terre et dans la divine région inférieure ; il prend toutes les formes des vivants, grâce à la protection du dieu grand. Ce chapitre fut trouvé

31. à Hermopolis sur un cube de baa-kes écrit en bleu sous les pieds du dieu (Thot). La trouvaille au temps du roi Menkara, dont la parole est vérité, fut faite par le prince Har-titi-f en ce lieu, lorsqu’il

32. voyageait pour faire l’inspection des temples. Il retraçait en lui un hymne devant lequel il fut en extase. Il le porta dans les chariots du roi dès qu’il vit ce qui était tracé sur ce cube : grand mystère !

33. Il ne voyait, plus, n’entendait plus, récitant ce chapitre pur et saint, n’approchait plus les femmes et ne mangeait plus chair ni poisson(3) — Maintenant, un scarabée de pierre dure, façonné, enduit d’or, sera placé dans la poitrine de l’homme auquel on aura fait

34. la cérémonie de l’ouverture de la bouche et qu’on aura oint de l’huile de tête ; on dira dessus, comme formule magique : Mon cœur de ma mère ! Mon cœur de ma mère ! Mon cœur nécessaire pour mes transformations ! Ne te dresse pas contre moi, ne témoigne pas contre moi, ne me fais pas obstacle parmi les divins chefs et ne te sépare pas

35. de moi devant le gardien de la balance. Tu es ma personnalité dans ma poitrine, compagnon divin sauvegardant mes chairs. Si tu sors vers la bonne demeure, transporte-nous-y...

36. Qu’il n’y ait pas de gens se dressant contre moi dans la bonne demeure. Que la joie s’y fasse entendre lorsqu’on examinera mes paroles ; qu’il ne se dise pas de perfidie contre moi auprès du dieu grand, (au contraire]; que me protège quiconque sera là.

CHAPITRE CXXV

Chapitre d’entrer dans la salle de la vérité et de séparer l’homme des péchés afin qu’il voie la face des dieux.

1. Hommage à vous, maîtres de la vérité, hommage à toi, dieu grand, maître de la vérité. Je suis venu vers toi, mon seigneur, je me présente pour contempler ta splendeur. Je te connais, je connais ton nom, je

2. connais le nom de ces quarante-deux dieux qui sont avec toi dans la Salle de la Vérité, vivant de la garde des pécheurs, se nourrissant de leur sang au jour du compte des parole.

3. devant Ounofré Or âme double maîtresse de-la-vérité est ton nom, or vou.

savez, maîtres de la vérité, que je vous apporte la vérité et que j’écarte de vous le mal. Je n’ai fait perfidement de.

4. mal à aucun homme. Je n’ai pas rendu malheureux mes proches, variante : mes compagnons. Je n’ai pas fait de vilenies dans la demeure de la vérité. Je n’ai pas eu d’accointance avec le mal. Je n’ai pas fait le mal. Je n’ai pas fait.

5. comme chef d’hommes, jamais travailler au delà de la tâche. Mon nom est parvenu à la barque de suprématie, mon nom est parvenu aux dignités de suprématie, à l’abondance et aux commandements(4). Il n’y a eu par mon fait.

6. ni craintif, ni pauvre, ni souffrant, ni malheureux. Je n’ai point fait ce que détestent les dieux. Je n’ai point fait maltraiter l’esclave par son maître. Je n’ai point fait avoir faim. Je n’ai point fait pleurer.

7. Je n’ai point tué. Je n’ai point ordonné de tuer traîtreusement. Je n’ait fait de mensonge à aucun homme. Je n’ai point pillé les provisions des temples. Je n’ai point diminué les substances consacrées

8. aux dieux. Je n’ai enlevé ni les pains ni les bandelettes des momies. Je n’ai point forniqué, je n’ai point commis d’acte honteux avec un prêtre de mon district religieux. Je n’ai ni surfait ni diminué les approvisionnements. Je n’ai point exercé de pression

9. sur le poids de la balance. Je n’ai point fraudé quant au poids lui-même de la balance. Je n’ai pas éloigné le lait de la bouche du nourrisson. Je n’ai pas fait main basse sur les bestiaux dans leur pâturage, je n’ai pas pris au filet

10. les oiseaux des dieux. Je n’ai pas péché de poissons à l’état de cadavres. Je n’ai point repoussé l’eau à son époque (de crue); je n’ai pas détourné le cours d’un canal. Je n’ai pas éteint la flamme à son heure. Je n’ai pas.

11. fraudé les dieux de leurs offrandes de choix. Je n’ai pas repoussé les bestiaux de propriété divine. Je n’ai pas fait obstacle à un dieu dans son exode. Je suis pur, pur, pur. Je suis pur de la pureté du grand Bennou qui est à Héracléopolis,

12. car je suis le nez du maître des souffles qui fait vivre les intelligents le jour du compte de l’oudja dans An, le 30 du deuxième mois de la saison des semailles devant le maître de la terre. Je vois que j’ai accompli l’oudja dans An. Il ne se produira pas de mal contre moi

13. en cette terre de vérité, puisque je connais les noms de ces dieux qui sont avec toi dans la Salle de la Vérité. Donc, délivre-moi d’eux.

INVOCATION AUX 42 ASSESSEURS d’OSIRIS

14. O enjambeur sorti d’An ! Je n’ai pas fait le mal.

15. O celui qui ouvre la bouche, sorti de Keraou ! Je n’ai pas commis de violence.

16. O narine sortie d’Hermopolis! Je n’ai pas causé de tourment de cœur.

17. O mangeur d’ombres, sorti des cataractes ! Je n’ai pas volé.

18. O... sorti de Ro-sta ! Je n’ai pas fait tuer d’homme traîtreusement.

19. O double lion, sorti du ciel ! Je n’ai pas diminué les offrandes.

20. O les yeux de flamme, sorti de Sekhem ! Je n’ai pas causé de dommage.

21. O visage de flamme, apparaissant à reculons et sorti d’Héliopolis ! Je n’ai pas ravi les choses divines.

22. O celui qui s’empare des os, sorti d’Héracléopolis ! Je n’ai pas dit de mensonge.

23. O souffle de flamme, sorti de Memphis ! Je n’ai pas enlevé ce qui appartient (à autrui).

24. O enceinte de Bubastis, sortie de la demeure mystérieuse ! Je n’ai pas fait pleurer.

25. O celui dont la tête est par derrière, sorti du couloir de passage ! Je n’ai pas fait acte de masturbation.

26. O Kerti sorti de TAmenti ! Je n’ai pas forniqué.

27. O jambes de flamme, sorti de la nuit ! Je n’ai pas eu de colère concentrée.(5)

28. O dents blanches, sorti de sa frontière ! Je n’ai pas transgressé.

29. O mangeur de sang, sorti du lieu d’immolation ! Je n’ai pas tué les animaux sacrés.

30. O mangeur d’entrailles, sorti de la demeure des trente ! Je n ai pas commis de perfidies.

31. O maître de la vérité, sorti de la région de la vérité ! Je n’ai pas endommagé de terres cultivées.

32. O reculeur, sorti de Bubastis! Je n’ai pas été accusateur.

33. O... sorti d’Héliopolis ! Je n’ai pas fait marcher ma bouche.(6)

34. O doublement méchant, sordide...! Je ne me suis irrité que lorsqu’il y avait matière.

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Section B.

14. O double vipère ouamem sortie de ... ! Je n’ai pas eu commerce avec femme mariée.

15. O contemplateur de ce qui est apporté dans la demeure de Khem ! Je ne me suis pas pollué.

16. O chefs sortis des arbres nar, sortis de Tatou ! Je n’ai pas causé de terreur.

17. O seigneur de Sekhem, sorti de Kherouou ! Je n’ai pas transgressé.

18. O directeur des paroles sorti de la grande demeure ! Je n’ai pas enflammé ma bouche.(7)

19. O enfant sorti de Haqeh ! Je n’ai pas fait la sourde oreille aux paroles de vérité.

20. O Kenememti, sorti de Nem ! Je n’ai pas opéré de maléfices.

21. O apporteur d’aliments, sorti de Saïs ! Je n’ai pas été bravache.

22. O celui qui s’empare des paroles, sorti d’Ouns ! Je n’ai pas fait acte de rébellion.

23. O maître des visages, sorti de Nedjat ! Je n’ai pas précipité mon jugement.

24. O dieu de la demeure de l’immolation, sorti d’Outent ! Je n’ai pas entamé la peau des bestiaux sacrés.

25. O maître de la double corne, sorti de Saïs ! Je n’ai pas multiplié les paroles en parlant.(8)

26. O Nofré-Toum, sorti de Memphis ! Je n’ai pas blessé ! Je n’ai pas fait de mal à un malade.

27. O Toum à son moment, sorti de Tatou ! Je n’ai pas opéré de maléfices contre le roi, je n’ai pas opéré de maléfices contre mon père.

28. O celui qui agit selon son cœur, sorti de Sahou ! Je n’ai pas souillé l’eau.

29. O prêtre sorti de l’abîme céleste ! Je n’ai pas commis d’exagération de paroles.

30. O celui qui fait prospérer les intelligents, sorti de Sais ! Je n’ai pas conjuré Dieu.

31. O celui qui associe les splendeurs, sorti d’Héliopolis ! Je n’ai pas diminué le pain consacré aux dieux. Je n’ai pas fait maltraiter l’esclave par son maître.

32. O celui qui associe les offrandes, sorti de sa retraite! Je n’ai pas agi uniquement selon mes projets et mes préférences ; je n’ai pas été impérieux.

33. O celui qui dispose sa tête, sorti de sa chapelle ! Je n’ai pas imposé mes projets. Je n’ai pas dépouillé les momies de leurs étoffes.

34. O celui qui amène son bras, sorti de Auker! Je n’ai pas méprisé Dieu dans mon cœur, variante : à sa face, variante : dans les choses (qui le concernent).

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35. Hommage à vous, dieux habitant la Salle de la Vérité. Le mai n’est pas dans votre sein, vous vivez de la vérité dans An.

36. vos cœurs se nourrissent de la vérité devant Horus en son disque. Délivrez-moi du dieu du mal qui vit des entrailles des grands, le jour du grand jugement parmi vous. L’Osiris N vient

37. à vous : il n’y a ni mal, ni péché, ni souillure, ni impureté en lui ; il n’y a ni accusation, ni opposition contre lui. Il vit de la vérité, se nourrit de la vérité. Le cœur est charmé de ce qu’il a fait. Ce qu’il a fait, les hommes le proclament, les dieu.

38. s’en réjouissent. Il s’est concilié Dieu par son amour(9). Il a donné du pain à celui qui avait faim, de l’eau à celui qui avait soif, des vêtements à celui qui était nu. Il a donné une barque à celui qui en manquait. Il a fait

39. des offrandes aux dieux, des consécrations funéraires aux mânes. Sauvez-le, protégez-le en ne l’accusant pas devant le seigneur des momies, car sa bouche est pure, ses mains sont pures.

40. Celui qui l’aperçoit dit qu’il arrive en paix, car l’Osiris N a entendu la grande conversation de l’âne avec le chat dans la demeure de Pat ; la parole de ses accusateurs auprès de celui qui voit devant et derrière lui

41. a fait qu’il est distingué. L’Osiris N contemple le bassin des Perséas auprès de lui, au milieu de Ro-sta, il rend hommage aux dieux dont il connaît les localités. Il arrive, il monte, il s’élève, il confesse.

42. la vérité. Il est pur, il fait que la balance est en équilibre au sein des êtres en état de perfection. O celui qui est élevé sur son pavois, seigneur de l’atef, qui fait son nom en maître des souffles, délivre l’Osiris N

43. de tes émissaires, exécuteurs, variante : enregistreurs de tes ordres, esprits mauvais; il n’y a aucun voile sur ce qu’a fait l’Osiris N

44. Il est maître de la vérité ; il est pur, son cœur est pur, sa partie antérieure a été purifiée, sa partie postérieure a reçu les ablutions, le milieu de son corps a été trempé dans le bassin de vérité, il n’y a pas de membre

45. en lui qui reste souillé. L’Osiris N a été purifié dans le bassin qui est au sud du champ Hotep et au nord du champ des sauterelles où les dieux du verdoiement se purifient à la

46. quatrième heure de la nuit et à la huitième du jour avec l’image du cœur des dieux passant de la nuit au jour. Qu’il passe, disent les dieux à l’Osiris N.

47. Que nous veux-lu? Quel est ton nom, lui disent-ils? — Je suis l’Osiris N. Croissant sous les fleurs du figuier

48. est le nom de l’Osiris N. — Passe, lui répondent-ils. — J’ai passé par les prés au nord du figuier. — Qu’y as-tu vu ? — La jambe marcheuse avec la cuisse. — Qu’as-tu encore à nous dire ?

49. — J’ai été appelé par ceux de cette région des déshabillés. — Que t’ont-ils donné? — Le feu de la flamme ; le spath vert et le tahen. — Qu’en as-tu fait? — Ma sépulture sur la rive.

50. du bassin Maaa à l’époque de la nuit. — Qu’y as-tu trouvé sur la rive du bassin Maaa ? — Le sceptre en pierre dure que fait agir

51. la parole : l’Osiris N l’a fait agir. — Qu’est-ce que le sceptre en pierre dure ? — Donneur de souffles est son nom. — Qu’as-tu fait du feu de la flamme ainsi que.

52. du spath vert et du tahen après l’ensevelissement ? L’Osiris répond à cela qu’il s’en est servi pour éteindre la flamme

53. et qu’il a utilisé le spath vert à former un liquide. — Passe et entre dans la Salle de la Vérité : tu nous connais. — Je ne te laisserai pas entrer par moi, dit le verrou de la porte,

54. si tu ne me dis mon nom. — Poids du lieu de la vérité est ton nom. — Je ne te laisserai pas entrer par moi, dit le panneau droit de la porte, si tu ne me dis mon nom. — Défenseur de la vérité est ton nom.

55. Je ne te laisserai pas entrer par moi, dit le panneau gauche, si tu ne dis mon mon. — Défenseur du jugement des cœurs, est ton nom. — Je ne te laisserai pas marcher sur moi, dit le seuil de la porte, si tu ne

56. dis mon nom. — Colonne de Seb, est ton nom — Je ne t’ouvrirai pas, dit la serrure, si tu ne dis mon nom. — Enfantement de Maut est ton nom. — Je ne t’ouvrirai pas, dit l’intérieur de la serrure et je ne laisserai pas.

57. passer la clé de la porte si tu ne dis mon nom. — Vie du veilleur de Sebek, seigneur de Bacis, est ton nom. — Je ne te laisserai pas marcher, je ne te laisserai pas passer, dit la porte, si tu ne

58. dis mon nom. — Bras de Shou s’offrant pour la protection d’Osiris est ton nom. — Je ne te laisserai pas passer par nous, disent les montants, si tu ne dis notre nom. — Enfants de reptiles, est votre nom. — Tu nous

59. connais : passe. — Tu ne marcheras pas sur moi, dit le seuil de la salle, à l’endroit où tu es ; je suis pur parce que je ne connais pas le nom de tes pieds avec lesquels tu me foules ;

60. dis-moi (ce nom). — Ceinture de Khem est le nom de mon pied droit; affliction de Nephthys est le nom de mon pied gauche. — Marche, car tu nous connais. — Tu ne passeras pas.

61. dit le gardien de la porte, si tu ne dis mon nom. — Connaisseur des cœurs, explorateur des poitrines, est ton nom. — Le défunt est interrogé par le dieu Mât en son heure : Qu’est-ce que le dieu en son heure ?

62. Tu réponds que c’est celui qui détermine la terre. — Qu’est-ce que le dieu qui détermine la terre ? — C’est Thot. — Alors Thot dit : Arrive, avance, Osiris N,

63. que je t’interroge : Quelles sont tes qualités ? — Je suis pur de tout mal, je suis pur, je suis protégé centre les maléfices de ceux qui sont en leur jour.

64. Je ne suis pas parmi eux. Le défunt a été interrogé. Pour celui qui n’a pas été interrogé, le pylône est en flamme, son enceinte est formée d’urœus vivants, son sol est un lac que travers.

65. Osiris. Avance, car, ayant été interrogé, des pains sont pour toi dans l’Oudja, des breuvages sont pour toi dans l’Oudja, des offrandes funéraires sont pour toi dans l’Oudja. L’Osiris N est vrai éternellement.

66. À dire par un homme pur, vêtu d’une étoffe neuve, chaussé de sandales blanches, oint de tepten et d’anti, ayant fait des offrandes de pains, de bière, de bœufs, d’oies.

67. de grains d’encens jetés sur le feu. Cette composition sera tracée en écriture sur une brique pure d’argile extraite d’un champ où un cheval n’aura point passé. Disposé ainsi,

68. ce livre se transmettra de génération en génération, sans accident. Le cœur du roi et de ses proches sera satisfait ; le défunt aura des pains, des gâteaux, du lait, beaucoup de viande sur l’autel

69. du dieu grand, il ne sera écarté d’aucune porte de l’Amenti, marchera avec les dieux du sud et du nord et sera des serviteurs d’Osiris en vérité.

Tableau : Pèsement du cœur ou Psychostasie.

Ce tableau représente ce que les textes appellent « la grande Salle de la Vérité » où le défunt va être jugé : elle est soutenue par deux colonnes à chapiteau de lotus. Au-dessus de l’entablement sont figurés, comme ornementation, douze groupes formés des hiéroglyphes de la vérité et du feu et d’un urœus. Entre le sixième et le septième groupe, le dieu Shou agenouillé étend les bras au-dessus des deux yeux sacrés symbolisant le sud et le nord : c’est une allusion à la course diurne du soleil, une promesse implicite de résurrection ; aux deux extrémités de cette rangée emblématique, un singe équilibre une balance. Au-dessous de la frise figurent les quarante-deux assesseurs d’Osiris qui viennent d’être invoqués dans les pages précédentes : leur tête d’homme ou d’animal est surmontée de la plume de la vérité. Le défunt leur adresse, agenouillé, l’invocation qu’on a lue.

La scène est présidée par Osiris représenté au fond de la salie assis dans un naos. Il est coiffé de l’atef et tient dans ses mains croisées sur sa poitrine le pedum et le flagellum. Devant le dieu est un autel chargé d’offrandes au-dessus duquel figurent les quatre génies funéraires.

Près de l’autel on voit assise sur un socle en forme de pylône une bête fantastique à la gueule béante, appelée « celle qui détruit les ennemis en les dévorant, la dame de l’Amenti. la bête de l’Amenti ». Un peu au-dessus d’elle sont assis les deux génies de la destinée, Shaï et Ranen, dont les noms peuvent se traduire par Fatalité et Bonheur ; ils surmontent un groupe hiéroglyphique signifiant Renaissance.

À l’entrée de la salle, le défunt est introduit par la Vérité. Il dit : « Je me présente devant le maître de l’Eternité. Il n’y a pas de mal en moi. Personne ne m’accuse, je n’ai rien fait pour cela. Ce que j’ai fait, les hommes le proclament, les dieux s’en réjouissent. Salut à toi, résident de l’Amenti, dieu qui est le Bien, seigneur d’Abydos. Accorde que je traverse le chemin des ténèbres, que je me joigne à tes serviteurs qui sont dans le Tiaou, que j’entre et sorte dans Ro-sta et dans la Salle de la Vérité et que je traverse Ammah ».

La Vérité, « régente de l’Amenii, accorde que la personnalité du défunt soit dans sa demeure, qu’il rejoigne sa retraite d’éternité ». Ensuite Horus et Anubis procèdent au pèsement dans une balance du cœur de l’homme qui doit faire équilibre à l’image de la Vérité. Anubis annonce que « le cœur fait l’équilibre par son maintien et que la balance est satisfaite par l’Osiris N ». Alors Thot, seigneur d’Hermopolis, seigneur des paroles divines, dieu grand résidant à Hesert, enregistre cette sentence et ajoute : « Que le cœur soit remis à sa place dans la personne de l’Osiris N. » Le retour du cœur dans la poitrine est le signal de la résurrection.


Notes de Pierre Pierret

1.Allusion à un fait astronomique qui nous échappe.

2.Allusion au dieu Af naviguant dans sa barque.

3.La traduction de cette rubrique est en partie empruntée à Th. Devéria qui était disposé à voir dans le baa-kes la pierre d’Ethiopie de Diodore, c’est-à-dire quelque matière ferrugineuse comme la sidéritine ou fer arseniaté dont l’éclat est résineux, la sidérose ou fer spathique, l’hématite ou sanguine qui pourrait très bien porter un texte tracé en bleu (Th. Devéria, Le Fer et l’aimant).

4.J’emprunte la traduction de cette phrase à M. E. Revillout (Rituel de Pamouth, p. 13).

5.Littéralement : « Je n’ai pas fait l’acte de dévorer mon cœur. » C’est ainsi que nous disons dévorer un affront.

6.Nous avons affaire ici à une image qu’il est impossible de traduire avec certitude ; se réfère-t-elle au bavardage ou à la gourmandise ? C’est ce que je ne saurais décider.

7.Je n’ai pas poussé l’ardeur de la parole jusqu’à l’emportement.

8.« L’homme bon, pieux et divin, dit Hermès Trismégiste (I, 10), ne prononce ni n’écoute beaucoup de paroles. »

9.Peut-être faudrait-il, en raison de ce qui suit, traduire ici le mot mer par « Charité ».





Version: 2.0
Maj : 27/09/2024