Cúchulainn
Mac Sualdaim
Œuvre
Nom : Cú Chulainn
Auteur : Joseph Christian Leyendecker
Date : 1911
Objet : Illustration issue de l’ouvrage Celtic Myths and Legends de Thomas William Hazen Rolleston
Nature :
Source :
Document :
Joseph Christian Leyendecker
Œuvre
Nom : Mort de Cú Chulainn
Auteur : Oliver Sheppard
Date : 1916
Nature : Statue de bronze
Source : Poste centrale de Dublin
Document :
Oliver Sheppard
Contexte | |||||||||
Religion | Celticisme irlandais | ||||||||
Premières traces |
VIII (tradition orale) | ||||||||
Date de stabilisation | XII (Lebor Gabála Érenn) | ||||||||
Zone de vénération | Irlande | ||||||||
Hauts lieux de culte | Newgrange | ||||||||
Œuvres choisies où mentionnées |
➧ Compert Con Culainn ➧ Tochmarc Emire ➧ Táin Bó Cúailnge ➧ Fled Bricrenn ➧ Serglige Con Culainn ➧ Cuchulain of Muirthemne (Lady Augusta Gregory) | ||||||||
Emprunts |
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Influence |
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Rapprochements |
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Statut | |||||||||||||||||||||
Ordre | Héros | ||||||||||||||||||||
Type | Igné | ||||||||||||||||||||
Polarité | Masculin | ||||||||||||||||||||
Qualité | Dévotion | ||||||||||||||||||||
Demeure |
Autre Monde | ||||||||||||||||||||
Physique |
➧ Homme jeune et imberbe ➧ Cheveux bruns à la pointe, roux au milieu et blonds à la racine, longs, ondulées et ramenés en arrière ➧ Mains à sept doigts chacun, aux ongles et à la poigne comme une serre d’aigle | ||||||||||||||||||||
Véhicule |
➧ Char tiré par deux chevaux : ➧ Liath Macha {Le Gris de Macha} ➧ Dub Sainglend | ||||||||||||||||||||
Attributs |
Gae Bolga {Lance Foudre} | ||||||||||||||||||||
Groupes | Tuatha Dé Danann {Enfants de Dana} | ||||||||||||||||||||
Relations |
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Caractéristiques | |||
Romanisation |
➧ Cúchulainn ➧ Cuchulaïn ➧ Cu Chulainn | ||
Transcription littérale | ● V.Irl. : Cú-chulainn {Chien de Culann} | ||
Fonctions |
➧ Maître magicien et guerrier ➧ Champion de l’Ulster et du roi Conchobar ➧ Maîtrise le ríastrad (fureur guerrière) ➧ Équilibre entre dévotion et passion | ||
Caractères |
➧ Frénésie – Pureté – Connaissance ➧ Gloire – Serment – Force ➧ Sacrifice – Grâce – Jeunesse | ||
Épithètes |
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⟴Mythes principaux
I. La naissance triple
► Suivant le Compert Conculainn, la naissance de Cúchulainn est triple, spirituelle, animique, et corporelle.
↪ La conception spirituelle :
Lug, le roi des dieux, et sa parèdre la déesse Ethniu, fille du roi fomoire Balor et mère de tous les dieux, eurent le désir de concevoir un enfant mortel qui pourrait incarner pleinement le monde des hommes. Pour se faire ils usèrent de leur magie et firent apparaître un petit domaine sur les collines d’Emain Macha, habité par un couple dont la femme est enceinte(1). Très vite une troupe d’hommes d’Ulster, de passage, demandèrent l’hospitalité au couple pour une nuit. La future mère ne put les servir car elle allait accoucher et se fut ainsi l’homme qui s’occupa des invités pendant que naquit l’enfant. Dans le même temps, une des juments du domaine mît bas deux poulains. Les hommes d’Ulster passèrent ensuite la nuit au domaine avant de se réveiller mystérieusement à Brug na Bóinne {Newgrange}, tandis que le domaine avait disparu avec ses propriétaires, laissant le nouveau né seul, avec les deux poulains.
↪ L’immaculée conception et l’octroiement du nom :
L’enfant fut heureusement recueilli par la fille du druide Cathbad, Deichtine. Cependant le nourrisson mourut au bout de quelques jours. Chagrinée à la vue de l’enfant sans vie, elle but un verre d’eau et ingurgita à son insu une minuscule créature avant de se coucher. Elle fit un rêve pendant la nuit où elle rencontra le dieu Lug qui lui apprit qu’elle portait désormais un enfant qu’elle devra appeler Setanta {Celui qui suit son propre chemin}. Le temps passa et le ventre de Deichtine gonfla jusqu’à être remarqué par les gens de la cour de son frère le roi Conchobar. Aussi, de blessantes rumeurs circulèrent quant à la vertu de Deichtine qui n’était pas mariée, mais promise à Sualtam, frère de Fergus mac Róich. Afin d’éviter la honte dont elle se couvrirait si elle devait accoucher, elle prit la décision d’avorter afin de retrouver sa virginité et de pouvoir se marier avec son fiancé.
↪ La conception matérielle :
Mariée, Deichtine tomba une nouvelle fois enceinte de son mari Sualtam et décida de donner à l’enfant le nom que Lug lui avait suggéré. Setanta naquît le jour de la Samhain, à Emain Macha, à la place où avait apparut la demeure magique. Cúchulainn-Setanta sera alors surnommé "l’enfant de trois années". Et l’on vit très tôt que l’enfant, bien que son père biologique fut un mortel, avait hérité de bon nombre de capacités divines propres à Lug Samildanach, {le Polytechnicien}.
II. Les péripéties initiatiques
► C’est à cinq ans qu’il se voit attribuer son nom définitif suite à sa visite chez le forgeron Culann. Arrivant avec un peu de retard, Sétanta fait en effet face au féroce chien de Culann. Malgré la très grande taille du dogue, aussi vigoureux que cent hommes, Sétanta le maîtrisa avant de le tuer en lui fracassant la tête contre une pierre. Culann concevant une grande tristesse à la vue de son chien mort, Sétanta se proposa de remplacer le chien comme gardien de sa maison le temps qu’il sera nécessaire afin de retrouver et redresser un nouveau chien. Sétanta reçu alors le nom de Cúchulainn, "le chien de Culann".
↪ Le druide Cathbad, qui avait assisté à la scène, prédit qu’une vie glorieuse mais courte vie sera infligée à l’enfant qui choisirait son arme aujourd’hui.. Cúchulainn n’hésite pas et va voir le roi Conchobar pour qu’il lui propose plusieurs armes. Néanmoins, le héros les brisera toutes dès les premiers essais. Le roi lui présente alors sa propre épée avec laquelle Cúchulainn casse finalement dix-sept chars.
↪ Cúchulainn part alors au Gué de la Veille ou il fait face à un homme armé nommé Conall Cernach, gardien de la frontière des Ulates. Il traverse ensuite la frontière et se voit obligé d’affronter trois champions nommés Foill, Tuachall et Fandle qu’il tuera sans difficultés avant de retourner à Emain. Ayant amoncelé une grande quantité fureur sauvage au court du voyage, il est plongé trois fois dans une cuve d’eau dès son arrivé à Emain Macha. La première cuve explose, la deuxième bouillonne, la troisième fume enfin, avant de le refroidir et le calmer entièrement.
◆ Cúchulainn possède la ferg, la fureur guerrière qui peut le projeter dans un état bestial. Cet état est accompagné par des contorsions appelées ríastrad. Dans cet état une lumière sortait du front du héros.
◆ Il est dit que Cúchulainn possède huit supériorités :
● Une beauté exceptionnelle,
● Une perception aigu de la réalité,
● Une grande vitesse en natation,
● Une maîtrise de l’équitation,
● Une redoutable technique de combat,
● Une bonne intuition,
● Une élocution aisée,
● Une ruse dans le pillage.
➧ Ces facultés participent de la triade pensée, parole, corps.
III. Son lien avec l’Autre Monde
► Cúchulainn a été en grande partie conçu dans l’Autre Monde. Il y retournera à plusieurs reprises comme la fois où il triomphera d’Elcmar, le souverain nocturne, avant de prendre possession de sa femme Fedelm Foltchàin "à la belle chevelure". Cette dernière sera la cause de la faiblesse des Ulates, se montrant nue devant eux une fois par an.
► Lors de son combat ultime contre les hommes de Medb qui dura du lundi précédant la Samhain au mercredi suivant Imbolc (la période la plus sombre de l’année), Cúchulainn, blessé, est emporté trois jours dans la plaine de Murthemne pour y être soigné par Lug.
Samildánach lui rappelle néanmoins la différence de nature qui les sépare et lui demande d’aller à présent combattre sans son aide, la gloire de ce combat devant revenir seule à Cúchulainn. Dès qu’il fut rétabli le héros part alors assumer seul son destin.
◆ Cúchulainn bénéficia d’une éducation tri-fonctionnelle avec l’aide de l’hospitalier Blaí, le guerrier Fergus mac Amorgen, et le druide Sencha. Il devient alors un poète et musicien initié aux ogams doublé d’un guerrier d’élite aguerri.
IV. Ses dons de parole et de guérisseur
► Cúchalainn est expert en poésie et sait graver les ogams, compétence propre à l’aristocratie irlandaise. Il possède aussi le buaid roisc {don de vision}. Il utilise notamment les ogams comme avertissement à ses adversaires de l’armée de Medb. Sa vue perçante et sa capacité de discernement lui valent d’être comparé au soleil. Il possède également la capacité de soigner les blessures qu’il a lui même infligé, comme celles qu’il fit subir à la Morrígan. Le héros la rencontre sous la forme d’une vieille femme occupée à traire une vache à trois pis et il la soignera par trois bénédiction après avoir bu trois traites de lait. On retrouve dans cet épisode la conception indo-européenne du héros qui "boit le lait de l’année" comme le dieu indien Indra. Cúchulainn soigne encore Derbfhorgaill fille de Rúad qu’il a blessé d’une pierre de fronde.
V. Le héros insoumis
► Cúchulainn ne tolère pas les signes allant à contre-sens de ses ambitions : il brise la Pierre de Fál(2) après qu’elle resta silencieuse tandis que lui, ainsi que son fils Lugaid, y prirent place pour questionner leur destin.
► Il est intransigeant face aux abus de la première fonction : les hommes d’Irlande — désireux de priver Cúchulainn du petit javelot en cuivre qui le rend redoutable — lui envoient le satiriste Redg. Ce dernier menace le héros de lui soustraire son honneur par le truchement d’une satire s’il ne lui cède pas l’arme. Contraint d’agir, Cúchulainn lui adresse une réponse en lançant le javelot convoité, qui, transperçant la nuque du satiriste, le tue instantanément. Ainsi, le héros a malicieusement respecté l’injonction qui lui fut adressée, tout en faisant puissamment prévaloir son caractère seigneurial. L’anecdote se répète plusieurs fois dans la Táin.
VI. La mort de Cúchulainn
► Sa mort résulte de la violation d’un de ses serments, appelés en irlandais geasa, dans lequel il avait juré de ne pas manger de viande de chien. Or, pour obéir à un autre serment fondé sur la générosité héroïque, il ne peut refuser aucune nourriture, ce qui l’amène à accepter de la viande de chien grillé offerte par trois sorcières 👁. Après quoi il tue une dobor-chú {chien d’eau i.e. loutre} dans un ruisseau. Ces deux violations réunissent les deux sphères élémentaires du feu (la viande grillée) et de l’eau (la loutre). Elle symbolisent la consommation et la dissolution des capacités héroïques.
↪ Lors de la Táin Bó Cúailnge {La Razzia des Vaches de Cúailnge}, la reine Medb — qui considérait Cúchulainn comme l’obstacle principale à sa razzia — savait qu’elle pouvait obtenir la mort du héros depuis que ce dernier avait scellé son destin par la rupture de son geasa. Elle envoya alors Lugaid mac Con Roí muni de trois lances dont une prophétie déclare que chacune tuera un roi. Et en effet, la première tua Láeg, le roi des cochers, la deuxième tua le cheval du héros Liath Macha, roi des chevaux, et la troisième atteignit Cúchulainn lui même, le roi des guerriers.
↪ Cúchulainn s’attache alors à une pierre dressée car il ne concevait pas sa mort autrement qu’en restant debout face à ses ennemis. Personne n’osa s’en approcher, le pensant toujours en vie, avant qu’un corbeau vienne se poser sur ses épaules. À ce moment, le prince du Munster Lugaid s’approche et lui coupa la tête. Mais ce faisant, une lumière brûlante émana du héros mort tandis que l’épée tomba des mains du cadavre et trancha sans difficulté le bras droit du ravisseur(3). Quand la nouvelle parvint aux oreilles de Conall Cernach — l’allié et égal de Cúchulainn qui avait juré avec lui que chacun vengerai le jour même la mort de l’autre —, il pris en chasse Lugaid et le tua en duel avec une main dans le dos. Le contrat scellé avec Cúchulainn fut ainsi honoré.
1.⟴ Probablement les deux dieux sous les traits de simples humains.
2.⟴ Révélant par son cri la légitimité royale de celui qui s’y assit.
3.⟴ "Le bras d’épée", symbole de la fonction guerrière et royale.
Version: 1.0
Maj : 07/10/2024