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La Puissance des fontaines, histoire et géographie
Paul Sébillot

Ainsi qu’on l’a vu au chapitre précédent, le rôle des fontaines dans la légende est très considérable, et plusieurs constatent le respect ou la crainte qu’elles inspirent en raison de leur origine merveilleuse, ou des personnages qui y président ou qui même y ont leur demeure ; en réalité aucune des forces de la nature n’est l’objet de croyances aussi variées, d’observances plus nombreuses. Le peuple est encore persuadé que beaucoup de sources peuvent exercer une réelle influence sur les éléments, sur la destinée et les affections des êtres, sur la santé ou la maladie des hommes ou des animaux ; il les consulte comme des espèces d’oracles, ou va accomplir sur leurs bords des rites et des actes que nous sommes loin de connaître tous.

Le culte des fontaines était solidement établi et très populaire dans les Gaules, lorsque les apôtres commencèrent à y prêcher l’évangile ; ils essayèrent de le détruire en comblant les sources ou en démolissant les petits monuments que les païens avaient élevés au-dessus(1). Mais il est probable que le clergé ne tarda pas à s’apercevoir qu’on ne pouvait appliquer ce traitement brutal à toutes les fontaines vénérées, et les plus intelligents de ses membres pensèrent qu’au lieu d’attaquer de front les superstitions, il valait mieux les tourner(2). Suivant une politique que l’Eglise a souvent adoptée en d’autres matières, ils s’efforcèrent de donner aux fontaines un vernis chrétien, en substituant à leurs noms anciens, qui étaient peut-être ceux des divinités topiques qui y présidaient, le nom des apôtres de la Gaule, et ceux de saints locaux célèbres par leurs miracles. Il est vraisemblable — car eu l’absence dedocuments bien positifs, on ne peut faire que des conjectures — que les légendes dont elles étaient l’objet se transformèrent aussi, et que de leur mélange avec l’élément chrétien naquit la légende dorée locale des fontaines.

Les prêtres employèrent en outre des procédés plus durables et plus visibles, qui constituaient une sorte de main-mise sur les sources les plus en renom chez les païens ; ils construisirent dans le voisinage, souvent sur la source même, des édifices qui atteignaient parfois des proportions considérables. L’emplacement de nombre d’églises ou de chapelles a été motivé par la présence d’une fontaine à laquelle on voulait enlever son caractère païen. Un savant consciencieux, auquel on doit le, Répertoire archéologique du Morbihan, fait à propos de ce pays une remarque assez intéressante pour qu’il soit utile de la reproduire en entier : il dit : Si toutes les fontaines ne se trouvent pas dans le voisinage d’une église ou d’une chapelle, nous avons pu constater qu’il n’y avait point de chapelle ou d’église qui, de même qu’elle était toujours accompagnée d’une croix, n’eût aussi sa fontaine particulière, portant le même vocable qu’elle, très rapprochée le plus souvent, située à un kilomètre de distance, lorsqu’il n’existe pas de source plus voisine. Il y a même des exemples de chapelles érigées sur la source elle-même, quels que fussent les inconvénients et les difficultés d’une pareille construction : Saint-Adrien en Baud, Béquerel en Plougoumelen, Notre-Dame des Trois Fontaines en Bignan sont dans ce cas(3).

Cette question des rapports constants entre les fontaines et les édifices sacrés dont elles semblent avoir motivé l’érection, n’a pas été, d’une façon systématique, envisagée par les auteurs des monographies locales sur le culte des eaux, de sorte qu’on ne peut dire si la règle posée par Rosenzweig pour le Morbihan, s’applique rigoureusement aux autres pays. Dans le reste de la Basse-Bretagne, le parallélisme de la fontaine et de la chapelle a été constaté un assez grand nombre de fois pour qu’on puisse le considérer comme général. Bien que pendant mes explorations en Haute-Bretagne, je n’aie pas prêté une atteution spéciale à ce sujet, en consultant les souvenirs que je garde de pays que j’ai habités assez longtemps pour les connaître, j’arrive à penser qu’en ce qui les concerne, l’opinion de l’archéologue morbihannais est trop absolue, et qu’il faut se contenter de dire que souvent une fontaine vénérée se trouve dans le voisinage immédiat, ou tout au moins assez prochain, d’une église ou d’une chapelle, à laquelle préside, comme patron ou personnage révéré et fêté à certains jours, le saint dont la source porte le nom(4). Une conclusion analogue semble découler de la monographie du culte des eaux en Saône-et-Loire, où l’on a relevé une trentaine de fontaines sacrées qui se lient à autant d’églises ou de chapelles portant le même vocable, et de constatations faites en divers pays, un peu par hasard(5). Les autres auteurs semblent n’avoir pas songé à faire ce rapprochement, et c’est peut-être pour cela qu’on trouve si peu de mentions de cette coïncidence, dans des monographies aussi étudiées que celles des pèlerinages du Poitou et des fontaines du Limousin(6).

Cette constatation est pourtant intéressante à plus d’un point de vue, et elle sert à faire comprendre pourquoi, en beaucoup de cas, le pèlerinage est en quelque sorte double : ainsi qu’on le verra, l’acte accompli à la fontaine est fréquemment précède ou suivi d’une dévotion au sanctuaire qui renferme la slatue ou l’autel du saint auquel la source est dédiée. C’est parfois une sorte de fusion entre deux cultes, les observances au bord de la fontaine gardant des vestiges de paganisme souvent très apparents, alors que dans rinlérieur des chapelles, les pratiques sont en général plus nettement christianisées.


Il est vraisemblable que dès que les hommes furent réunis en société, ils se préoccupèrent de conserver la pureté de l’eau des sources ; leur premier soin dut être d’en interdire l’accès aux animaux qui auraient pu les souiller ou les troubler ; lorsque la fontaine sortait d’une colline dont le flanc lui servait de fond, on éleva probablement des murettes latérales, et sur le devant, on plaça uuc pierre, par dessous laquelle pouvait s’écouler le trop plein de l’eau, et qui, mise debout formait une sorte de barrière contre les bestiaux. C’est encore de cette façon que sont protégées beaucoup de fontaines rurales ; plus tard on songea à les garantir des éboulemenls en posant, comme une sorte d’auvent, une ou plusieurs dalles au-dessus de celles qui sourdaient de lieux élevés(7), et une couverture analogue fut disposée sur les murettes de celles qui se trouvaient eu pleine campagne, pour les empêcher de recevoir les eaux pluviales. Peut-être leurs rustiques constructeurs ménageaient-ils dans quelque endroit apparent, ou dans le fond, des niches destinées à recevoir des objets protecteurs, ou des statuettes, comme c’est encore l’usage de nos jours en plusieurs régions. Plus tard s’élevèrent de véritables édicules dont il reste encore quelques vestiges dans le pays éduen, notamment à Beurey-en-Auxois, où la coupole antique en pierre, après avoir été renversée et privée de l’image du génie qui y résidait, fut replacée sur des piliers, et dédiée à saint Martin(8).

L’église ne se contenta pas de christianiser, quand elle ne les détruisait pas pour en boucher la fontaine, les constructions élevées au-dessus en l’honneur du génie aquatique ; elle en bâtit elle-même sur plusieurs de celles qui étaient l’objet de superstitions difficiles à déraciner. Quelques-unes étaient construites avec autant de soin que les temples eux-mêmes ; au reste on a pu avec assez de raison comparer la fontaine monumentale avec son architecture, son ornementation, son saint dans une niche en face de l’entrée, à une petite chapelle édifiée sur la source comme pour rappeler le bâtiment principal dont elle occupe la place véritable, et que des raisons toutes matérielles ont contraint d’élever à quelque distance(9).

Dans sa curieuse monographie l’archéologue auquel nous empruntons ces lignes avait signalé l’intérêt qui s’attache à celles de ces constructions qui sont remarquables par leur importance, leur grâce ou leurs particularités iconographiques ou ornementales. Il aurait été utile d’en dresser soigneusement l’inventaire, de décrire ou de dessiner chaque édicule un peu original. Je ne crois pas que ce travail ait été fait systématiquement pour un pays déterminé : toutefois les auteurs qui ont écrit sur la Bretagne ont relevé un certain nombre de ces petits édifices. On les rencontre surtout dans le Finistère, et dans la partie du Morbihan qui l’avoisine ; ils sont beaucoup moins communs dans les Côtes-du-Nord(10), surtout dans le pays de langue française, et en Ille-et-Vilaine ils deviennent tout à fait rares.(11)

En dehors de la Bretagne, les auteurs qui ont écrit sur les fontaines semblent n’avoir guère pris garde à leur architecture : ni Beauchet-Filleau ni L. de Nussac ne parlent des édicules qui surmontent les sources ; dans la région éduenne, celle peut-être qui, la péninsule armoricaine exceptée, a le mieux conservé le culte des fontaines, on en signale quelques-uns(12) : dans le Perche nogentais plusieurs fontaines ont l’apparence de petits monuments : le patron y est presque toujours représenté dans une chapelle que les gens du pays nomment une « Mariette »(13).

Il existe au reste d’autres lacunes dans l’exploration traditionniste des fontaines, bien que leur archéologie et leurs traditions aient figuré, depuis près de quarante ans, à diverses reprises, parmi les sujets d’études indiqués par le programme de la réunion annuelle des Sociétés savantes à la Sorbonne, et qu’elles aient été mises à l’ordre du jour de plusieurs sociétés locales importantes et zélées pour les antiquités régionales. En réalité, trois groupes seulement ont été jusqu’ici réellement enquêtes : la péninsule armoricaine, le Limousin et la région éduenne (Côte-d’Or, Saône-et-Loire, Nièvre). Chacune a été l’objet d’une ou de plusieurs monographies, très étudiées, et dans lesquelles on peut avoir confiance. Comme il est à peu près de règle que les pays où l’on s’occupe le plus sérieusement du folk-lore sont ceux dans lesquels il joue un rôle très apparent, il est permis de supposer que le culte des fontaines s’est mieux conservé dans ces groupes que partout ailleurs. Des traces assez nombreuses en ont été aussi relevées dans la Gascogne, l’Auvergne, la Marche, pays de langue d’oc, dans le Berry, qui touche au groupe Limousin, en Poitou, sur les bords de la Loire, dans l’Orléanais et la Normandie, voisine du groupe armoricain.

C’est dans le sud de la France, et surtout dans le sud-est que l’on rencontre le moins de vestiges de ce culte légendaire. Dans quelques régions il semble presque inconnu ; toutefois il n’y a pas lieu de tirer une conclusion ferme de cette rareté relative : toutes les fois que dans des contrées peu explorées à ce point de vue, et que l’on pouvait regarder comme exceptionnellement pauvres, un des collaborateurs de la Revue des Traditions populaires a jugé la question assez intéressante pour s’en occuper, il a recueilli des faits parallèles à ceux déjà relevés dans les autres pays, et parfois même des traits qui n’avaient pas été observés ailleurs(14). On peut, je crois, conclure de ceci, et de ce qu’on lira dans les différentes sections de ce chapitre, que d’un bout à l’autre de la France, on rencontre des traces du culte des fontaines, et que dans nombre de régions il est encore très vivant. Parfois même il l’est assez pour éprouver une sorte de renouveau.

Si l’on constate que plusieurs fontaines jadis vénérées sont maintenant délaissées(15), d’autres ont commencé à être réputées à des dates que l’on connaît et qui parfois sont très rapprochées de nous(16) ; mais ni l’érection d’églises monumentales, ni les pompeuses cérémonies catholiques, n’ont pu empêcher ceux qui se rendaient à ces lieux privilégiés de mêler à leur dévotion quelques-unes des pratiques traditionnelles usitées près des sources rustiques : le plus célèbre des pèlerinages bretons a lieu non-seulement à la basilique de Sainte-Anne d’Auray, mais aussi à la piscine qui recueille aujourd’hui les eaux de la source consacrée par les apparitions de la sainte-Anne d’Auray, mais aussi à la piscine qui recueille aujourd’hui les eaux de la source consacrée par les apparitions de la sainte à Nicolazic en 1623, et les nombreux pèlerins qui y viennent ne manquent jamais, soit avant soit après la messe, d’aller boire à la fontaine et de s’y laver la figure et les mains(17). Les fidèles ont même transporté à cette source, relativement moderne, l’antique offrande des épingles ; en août 1904, le fond de la piscine en était encore tout parsemée(18). Dans les premières années de la dévotion à Lourdes, qui remonte à 1863, une femme dont l’enfant était dans un état désespéré, courut le porter à la grotte, et suivant une coutume qui, ainsi que nous le verrons, est pratiquée dans beaucoup de fontaines, elle le tint, pendant un quart d’heure, plongé dans l’eau glaciale de la source(19).


La persistance, après l’établissement officiel du christianisme en Gaule, des antiques dévotions populaires aux fontaines est attestée par deux passages du célèbre sermon de saint Eloi, par les articles des capitulaires et par les anathèmes répétés des conciles(20) ; mais les défenses, aussi bien ecclésiastiques que civiles, conçues en termes généraux, condamnent en bloc, sans les énumérer et sans les décrire, les pratiques qui se faisaient au bord des sources. Les écrivains antérieurs au XIXe siècle ne fournissent aussi que peu de renseignements, et les théologiens qui écrivent des livres spéciaux sur les superstitions, où quehjues-unes sont rapportées avec précision, signalent presque toujours d’un mot celles qui s’accomplissent près des eaux. En réalité on en a constaté fort peu qui soient assez détaillées pour qu’on puisse les rapprocher de celles que l’on a relevées depuis une centaine d’années : Nous savons par un passage de la vie du missionnaire breton Michel Le Nobletz qu’un morceau de pain posé sur l’eau des fontaines servait en Basse-Bretagne (vers 1020) à connaître la destinée des gens, qu’à Toulouse vers 1672, on y plaçait un denier pour découvrir les voleurs, que l’on buvait à trois sources différentes afin d’être débarrassé du mal de dents ; J.-B. Thiers signale comme tombé en désuétude, l’usage de plonger les enfants qui ont de la peine à marcher seuls dans la Fontaine de Saint-Luperce à deux lieues de Chartres ; au XVIIIe siècle Déric parle de la consultation par le flottement du pain faite, près de Lannion, par la victime d’un vol ; Cambry de celle des épingles et de quelques autres observances qu’on lira ci-après.

Même de nos jours, où l’on a relevé par centaines des exemples du rêle des fontaines dans les superstitions et la médecine populaire, beaucoup d’auteurs, même les plus consciencieux et les plus précis, n’ont pas toujours décrit les pratiques accessoires ; peut-être aussi ne pouvaient-ils, en raison de la clandestinité de plusieurs, les connaître exactement. Ainsi qu’on le verra, certaines ne sont efficaces que si elles ont lieu sans témoins ; il n’est pas impossible qu’il soit aussi interdit de parler de diverses observances, sous peine de faire perdre à la source sa vertu ou d’attirer quelque disgrâce à la personne qui les aurait dévoilées aux profanes.


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Notes de Paul Sébillot

1. Suivant J.-G. Bulliot et Thiollier, à l’époque où saint Martin prêcha le christianisme, les sources étaient un accessoire obligé des oratoires ruraux de la Gaule, et ces derniers, ainsi que les fontaines qui les avoisinaient le plus souvent, étaient le but de pèlerinages publics ou isolés, mais incessants (La Mission de saint Martin, p. 46 113, 391). Plusieurs fontaines antiques du pays éduen paraissent avoir été l’objet des tentatives d’obturation ou de destruction recommandées par les conciles (J.-G. Bulliot et Thiollier. l. c, p. 280, 308 et passim). La plus curieuse de ces constatations résulte de la découverte dans une sorte de marécage, d’une maçonnerie faite sur une source, et qui avait été comblée à l’aide de débris de toutes sortes ; on y trouva des fragments d’une divinité et dans la vase des monnaies romaines (p. 240).

2. Les dévotions pepulaires ont souvent la vie dure ; parfois elles survivent à la destruction du monument auquel elles s’attachaient, ou vont se transportera un autre de la même nature. On en rencontre en Ille-et-Vilaine un exemple typique. Le clergé supprima une fontaine antique de Gaël dont l’eau était réputée comme remède contre la rage, et aujourd’hui on ignore l’emplacement de cette fontaine primitive ; mais on persiste à croire ci la vertu de l’eau de Gaël, une autre source en a hérité, et passe pour guérir la rage ; (Félix Bellamy. La forêt de Brécheliant, t. II, p. 327).

3. Rosenzweig. Les Fontaines du Morbihan, p. 237. Chrestien de Troyes, dans le Chevalier au Lion, fait mention d’une chapelle située auprès de la fontaine de Barenton.
Lez la fontaine trouveras
Un perron tel com tu verras,
Et d’autre part une chapelle.
Petite, mais elle est moult belle.

(Félix Bellamy. La foret de Brécheliant t. II, p. 281) ; il cite d’autres passages du même poète où il est question de la chapelle, dont il ne reste plus trace aujourd’hui.

4. Cette différence entre les deux parties de l’Armorique s’explique aussi par ce fait que le clergé, sous l’influence de Rome, a mieux réussi en Haute-Bretagne qu’en pays bretonnant à déposséder les saints locaux de leur antique patronage pour leur substituer des saints étrangers. Telle fontaine, portant toujours le nom d’un bienheureux indigène, ne se rattache plus actuellement au saint Pierre ou à tel autre saint de la chapelle ou de l’église voisine, qui sont des patrons substitués aux saints primitifs ; mais en remontant à deux siècles environ, on retrouve le saint comme patron à la fois de la source et de la paroisse, où parfois il subsiste comme second ou troisième patron.

5. L. Lex. Le Culte des eaux en Saône-et-Loire, p. 13, 16, 17, 18, 19, 2i, 25, 29, 33, 34, 36, 37, 39, 41, 42, 44, 45, 46. Cf. aussi J.-G. Bulliot et Thiollier, p. 54, 60 et passim. On rencontre en Franche-Comté des sources à pèlerinages, placées près des chapelles. Charles Thuriet. Traditions de la Haute-Saône, p. 79, 259). E. Thoison. Le culte de Saint Mathurin, a relevé plusieurs de ces coïncidences. À Lanloup (Gôtes-du-Nord) une chapelle dédiée à saint Mathurin, aujourd’hui détruite, existait dans un hameau où l’on voit une Fontaine de saint Matliurin (p. 170) une Fontaine de Saint-Mathurin avec une chapelle du même nom, celle-ci détruite, se voyait au hameau de Saint-Mathurin en Trégomeur, aussi dans les Côtes-du-Nord. Au pied d’une chapelle dédiée à saint Mathurin à Champigné (Maine-et-Loire) était une fontaine Saint-Mathurin, (p. 183).
M. O, Golson, directeur de Wallonia, à qui j’avais demandé des renseignements sur le culte des eaux en Wallonie, m’écrit qu’il est rare que les sanctuaires réputés ne soient pas accompagnés d’une fontaine ou d’un puits.

6. Beauchet-Filleau. Pèlerinages du diocèse de Poitiers, p. 542 ; L. de Nussac. Les Fontaines en Limousin, p. 15, 17.

7. La célèbre fontaine de Barenton, qui est assez ruinée, présente cette disposition, très probablement ancienne. Voir les dessins et les photographies dans Félix Bellamy. La forêt de Bréchéliant, t. II, p. 214, 280, 292.

8. J.-G. Bulliot et Thiollier. La Mission de saint Martin, p. 279-281 ; un dessin représente les détails de la voûte ; une figuriue p. 113, placée au musée de Beaune, provient des fouilles faites à la fontaine de Premeaux ; elle est dans une sorte de niche.

9. Rosenzweig. Les Fontaines du Morbihan, p. 237.

10. Quelques unes de ces fontaines ont été dessinées : la planche dans laquelle Olivier Perrin a représenté les actes les plus habituels des pèlerins est particulièrement intéressante, parce qu’elle montre une fontaine au complet — ou peut-être une synthèse de fontaine : elle comprend une sorte d’enceinte, la fontaine avec des bancs latéraux, au-dessus de laquelle est, dans une muraille ornée, une niche qui abrite une statue de saint ; un petit bassin circulaire, ménagé dans le pavage, sert aux bains de pieds et aux ablutions (Alex. Bouet, Breiz-Izel, t. I, p. 73). Une fontaine de Bulat (Côtes-du-Nord) où il y en a neuf, dessinée par Paul Chardin (Recueil de peintures et de sculptures héraldiques, Caen, 1892, p. 14), a deux niches correspondant à deux bassins, et elle rappelle par ses dispositions principales celles de Breiz-Izel. Le même artiste a reproduit, p. 18, une fontaine de Saint-Servais surmontée d’un toit pointu et ornée d’une statue décapitée. Une fontaine de Trèboul, près de Douarnenez, d’après un tableau de Paul Abram, qui représente une scène de pèlerinage, forme le frontispice de la brochure de H. Le Carguet. Saint Pierre le Pauvre. Quimper, s. d., in-12. Dans l’ouvrage de H. du Cleuziou. Bretagne : pays de Léon, on voit trois fontaines de types assez différents, p. 3, 4, 7.

11. M. l’abbé Duine m’écrit que dans le diocèse actuel de Rennes, il ne connaît que celle de Saint-Fiacre, aux Iffs, prés de Bécherel et la fontaine de Gobourg au Mont-Dol, abritée par un vieil édicule en pierres de taille.

12. J.-G. Bulliot et Thiollier. La Mission de saint Martin, p. 184, 245, 271, 375 ; L. Lex. Le Culte des eaux en Saône-et-Loire, p. 14-16.

13. Félix Ghapiseau. Le Folk-Lore de la Beauce, t. I, p. 69.

14. On peut noter aussi que la petite île de Guernesey, enquêtée par sir Edgar Mac Culloch, a fourni a elle seule autant de faits légendaires que de vastes contrées.

15. Dans la région du nord, et notamment dans la Somme et dans le Pas-de-Calais, le nombre des fontaines qui ont cessé d’être l’objet d’un culte depuis une époque assez récente est assez considérable (cf. Revue des Trad. pop., t. XIX. p. 331 et suiv.). M. O. Colson m’écrit qu’en Wallonie le culte des eaux, et en particuier celui des fontaines, est en décroissance, et que, en plusieurs cas, la dévotion qui avait lieu à la fois près de la fontaine et du sanctuaire, ne va plus maintenant qu’à ce dernier.

16. Un pèlerinage pour les chevaux qui se tient à la source et à la chapelle de Saint-Antoine en Plouharnel (Morbihan) remonte à quelques années seulement : en 1904, on y a conduit, dit-on, plus de 400 chevaux. (Comm. de M. Z. Le Rouzic).

17. Rosenzweig. Les Fontaines du Morbihan, p. 241.

18. Yves Sébillot. in Rev. des Trad. pop., t. XIX, p. 393.

19. Henri Laserre. Notre-Dame de Lourdes, cité par A.-S. Morin ; Le Prêtre et le Sorcier, p. 23, note.

20. J.-B. Thiers Traité des Superstitions, éd. de 1679, p. 15-16 ; Grimm. Teutonic Mythology, t. I, p. 100, t. II, p. 583 et suiv.

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Notes

Paul Sébillot, extrait : « La puissance des fontaines, histoire et géographie », in Le Folklore de France (1904-1907), pp. 216-223.

► Extrait tiré du célèbre Folklore de France du folkloriste Paul Sébillot, il s’agit du premier chapitre de la partie intitulée La puissance des fontaines. Cet inventaire de celui qui sera proche du matérialisme scientifique, membre puis président assidu de la Société d’anthropologie de Paris est l’un des ouvrages majeurs du domaine avec le Manuel de folklore français contemporain d’Arnold van Gennep.