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Lettre d’Isis à Horus


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Information inconnuef.IILittérature (myst.)ÉgypteHermétisme
Mysticisme
Alchimie
Non applicable

► Ce texte fait parti des plus anciens de l’alchimie, il se distingue par l’amalgamation de plusieurs influences clairement identifiables. Le manuscrit original est conservé à la Bibliothèque Marcienne.

■ Nous avons rapporté les deux versions présentées par Festugière et celle Berthelot. Pour consulter les notes philologiques de Festugière, VSO, nous avons en revanche recopiées celles de Berthelot. Du reste, la version de Berthelot est complète, Festugière n’ayant pas jugé utile de reporter les recettes en seconde partie du texte.


Texte et traduction : du grec ancien au français classique, André-Jean Festugière in La Révélation d’Hermès Trismégiste, 2014. | bs. ORAEDES

Texte et traduction : du grec ancien au français classique Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France, Marcellin Berthelot in Collection des Alchimistes Grecs, 1887 1888. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

𝕍 Une scène d’initiation alchimique : la « Lettre d’Isis à Horus » in Revue de l’histoire des religions (205, 1 pp. 3-23), Michèle Mertens, 1988. Lien vers le document sur Persée

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Version A, traduction 1 : André-Jean Festugière

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Isis la Prophétesse à son fils Horus.

1. — « Quand tu fus sur le point de partir, mon fils, pour te mesurer en combat avec le déloyal Typhon au sujet de la royauté de ton père, m’étant rendue moi-même à Hormanouthi [métropole ?] de l’art sacré de l’Egypte, j’y demeurai un assez long temps.

Or, par la permission des opportunités et selon le cours nécessaire du mouvement des sphères, il arriva que l’un des anges qui résident dans le premier firmament, m’ayant vue d’en haut, voulut s’unir à moi dans un commerce d’amour.

Déjà il s’était avancé, il allait atteindre le but, mais je ne lui cédai pas, car je voulais apprendre de sa bouche la préparation de l’or et de l’argent.

Or, comme je l’interrogeai là-dessus, il dit qu’il ne lui était pas permis de s’expliquer à cet égard, car ces mystères surpassent toute description, mais que, le lendemain, viendrait à moi un ange plus grand que lui, Amnaël, et que celui-là serait assez puissant pour répondre à ma question.

2. — Il ajouta que cet ange-là porterait son propre signe sur la tête, et qu’il exhiberait un vase non enduit de poix rempli d’une eau transparente. Et il refusa de me dire la vérité.

3. — Le jour suivant ayant paru et le soleil étant au milieu de sa course, l’ange supérieur au précédent, Amnaël, descendit vers moi, épris à mon sujet du même désir d’amour, et loin de contenir son impatience, il se hâtait vers la fin pour laquelle il était venu. Mais moi, je ne m’en préoccupais pas moins de l’interroger sur ces choses.

4. — Comme il ne cessait d’y mettre des délais, je ne m’abandonnai point, mais je triomphai de sa convoitise jusqu’à ce qu’il m’eût exhibé le signe qu’il avait sur la tête et qu’il m’eût fait, généreusement et sans rien cacher, la révélation des mystères cherchés.

5. — Il se décida donc enfin à m’exhiber le signe et il commença la révélation des mystères. Et, ayant passé aux avertissements et aux serments, il me dit :
Je t’adjure par le ciel la terre, la lumière et les ténèbres.
Je t’adjure par le feu, l’eau, l’air et la terre.
Je t’adjure par la hauteur du ciel et la profondeur du Tartare.
Je t’adjure par Hermès et Anubis, le hurlement de Cerbère et le serpent gardien.
Je t’adjure par cette barque célèbre et le nocher de l’Achéron.
Je t’adjure par les Trois Déesses du Destin, par leurs fouets et par leur glaive.

6. — Lorsqu’il m’eut fait jurer par ces paroles, il m’enjoignit de ne communiquer la révélation à nul autre qu’à mon fils chéri et légitime, afin que lui il soit toi et toi, lui.

Va donc, observe, et interroge Acharas le laboureur et apprends de lui ce qu’est ce qui est semé et ce qu’est ce qui est récolté, et tu apprendras que celui qui sème du blé, récolte aussi du blé, et que celui qui sème de l’orge récoltera

7. — Ayant entendu ce discours, mon enfant, apprends à connaître l’entière fabrication (δημιουϱίγιαν) génération de ces choses, et sache qu’il est de la condition de l’homme de semer un homme, du lion un lion, du chien un chien, et s’il arrive que l’un de ces êtres soit produit contre l’ordre naturel, il est engendré à l’état de monstre et il ne pourra pas subsister.

Car une nature se réjouit d’une autre nature et une nature vainc une autre nature.

8. — Ainsi donc, ayant eu part à cette puissance divine et ayant été favorisés de cette présence divine, illuminés eux aussi en conséquence de la demande d’Isis, ayant fait leur préparation à l’aide des seuls minerais sans employer d’autres substances, (les alchimistes) atteignirent le but, du fait que la matière ajoutée était de la même nature que ce qui était préparé. Car de même que, comme je l’ai dit, le blé engendre du blé et que l’homme sème un homme, de même aussi, l’or récolte-t-il de l’or, le semblable son semblable.

Voici donc ce que t’a révélé le mystère.

9. — Ayant donc pris du mercure… » (Suivent des recettes d’opérations…)

Version E, traduction 1 : André-Jean Festugière

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Isis la Prophétesse à son fils Horus.

1. — « Toi, mon fils, tu décidas de partir pour la lutte contre Typhon, afin de lui disputer la royauté de ton père : quant à moi, après ton départ, je me rendis à Hormanouthi, où l’art sacré de l’Egypte se pratique en secret. Et étant demeurée là un assez long temps, je voulus m’en retourner.

Or, alors que je me retirais, l’un des prophètes ou des anges qui résident dans le premier firmament me vit, et, s’étant avancé vers moi, il voulut s’unir à moi dans un commerce d’amour.

Moi pourtant je ne lui cédai pas, alors que déjà il allait atteindre le but, mais je réclamai de lui la préparation de l’or et de l’argent.

Mais il me répondit qu’il ne lui était pas permis de s’expliquer à cet égard, car ce mystère surpassait toute description.

2. — Le lendemain vint à moi le premier ange et prophète parmi eux, du nom d’Amnaël, et de nouveau, je l’interrogeai sur la préparation de l’or et de l’argent.

Lui cependant exhiba un certain signe qu’il avait sur la tête et un vase non enduit de poix, rempli d’une eau transparente, qu’il tenait entre ses mains. Mais il refusa me dire la vérité.

3. — Le lendemain, étant revenu vers moi, Amnaël fut saisi de désir à mon sujet, et il se hâtait vers la fin pour laquelle il était venu. Mais moi, je ne me préoccupais pas de lui.

4. — Lui cependant ne cessait de me tenter et de m’inviter à la chose ; mais moi, je ne m’abandonnai point, mais je triomphai de sa convoitise jusqu’à ce qu’il m’eût exhibé le signe qu’il avait sur la tête et qu’il m’eût fait, généreusement et sans rien cacher, la révélation des mystères cherchés.

5. — Il se décida donc enfin à m’exhiber le signe et me fit la révélation des mystères, ayant commencé par me dire les avertissements et les serments, en la manière que voici :
Je t’adjure par le ciel la terre, la lumière et les ténèbres.
Je t’adjure par le feu, l’eau, l’air et la terre.
Je t’adjure par la hauteur du ciel et la profondeur du Tartare.
Je t’adjure par Hermès et Anubis, et par le hurlement du serpent ouroboros et du chien tricéphale, Cerbère, le gardien de l’Hadès.
Je t’adjure par ce passeur célèbre, le nocher de l’Achéron.
Je t’adjure par les Trois Déesses du Destin, par leurs fouets et par leur glaive.

6. — Lorsqu’il m’eut fait jurer par toutes ces paroles, il se mit à m’enjoindre de ne communiquer la révélation à nul autre qu’à mon fils chéri et légitime.

Toi donc, mon enfant, va vers un certain laboureur, et demande-lui ce qu’est ce qui est semé et ce qu’est ce qui est récolté, et tu apprendras de lui que celui qui sème du blé récolte aussi du blé et que celui qui sème de l’orge récolte aussi de l’orge.

7. — Ayant entendu ce discours, mon enfant, apprends à connaître l’entière fabrication (δημιουϱίγιαν) génération de ces choses, et sache qu’il est de la condition ie l’homme de semer4 un homme, du lion un lion, du chien un chien, et s’il arrive que l’un de ces êtres soit produit contre l’ordre naturel, il est engendré à l’état de monstre et il ne pourra pas subsister.

Car une nature réjouit (τέϱπει E) une autre nature, et une nature vainc une autre nature.

8. — Il faut donc préparer la matière à l’aide des seuls minerais sans employer d’autres substances.

De même que, comme je l’ai dit, le blé engendre du blé, et l’homme un homme, de même aussi l’or (engendre-il) de l’or.

Vois, c’est là tout le mystère.

9. — Ayant donc pris du mercure… » (Suivent des recettes d’opérations)