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Le Livre de Viraf le Juste
Ardā Wīrāz nāmag, ارداویراف‌نامه (Arda viraf nameh)


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Information inconnue f.IXLittérature (myst.)IranReligion
Mysticisme
Non applicable

Ouvrage fondamental dans la spiritualité zoroastrienne originellement en pehlevi, il contient un motif qui s’est répandu jusqu’en occident : le voyage d’un Humain dans l’autre monde, qui accompagné d’un guide, visite les cieux et les enfers, rencontre Dieu. On retrouve ce motif dans quatre exemples connus : L’Énéide, L’Ascension d’Isaïe, L’Ascension du Prophète et la Divine Comédie. D’une manière générale, les descentes aux enfers sont un motif connu depuis celles d’Inanna et d’Orphée.

► D’après les informations historiques dont les chercheurs disposent, elle ne semble pas inspirée d’une littérature antérieure si ce n’est des passages de l’Avesta. On trouve néanmoins des idées communes avec d’autres textes et l’histoire à probablement commencé sa formation au III IV(1) avant de se fixer à l’écrit vers le IX X(2).

■ Pour le moment, nous avons écarté les notes, touffues. VSO pour les consulter(3).

■ La numérisation étant corrompue par endroits, nous avons reconstitué le texte lorsque qu’il était possible de le déduire et laissé des [] pour renseigner les lacunes.

■ Nous avons ajouté un chapitrage artificiel tous les dix chapitres.



1. 𝕍 Le Mage Kirdir et ses quatre inscriptions in C.R des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (133, 3 pp. 689-699), Philippe Gignoux, 1989. Lien vers le document sur Persée

2. Parallèle avec la Légende de Zoroastre du Dēnkard.

3. À moins d’avoir des notions de vocabulaire mythico-théologique perse vous en aurez besoin.


Texte et traduction : du pehlevi au français classique, Adrien Barthélemy in Artâ Vîrâf-Nâmak, ou Livre d’Ardâ Vîrâf, 1887. | bs. Université du Michigan (Ann Arbor, États-Unis). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

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Chapitre premier

On dit qu’autrefois le saint Zoroastre propagea dans le monde la Loi qu’il avait reçue d’Ormazd, et que jusqu’a la consommation de 300 années, la Loi resta dans la pureté et l’humanité dans la foi absolue. Puis, le maudit Ahriman, le damné, pour que les hommes perdissent la foi en cette loi, poussa ce maudit Alexandre le Grec, qui avait l’Egypte pour demeure, à venir au pays d’Iran y apporter l’oppression, la guerre et les ravages : il mit à mort les gouverneurs de provinces de l’Iran, il pilla et ruina la capitale.

La Loi qui consistait dans l’Avesta et le Zand et qui était disposée et consignée sur des peaux de bœufs et écrite en lettres d’or, avait été déposée à Stâkhar Pâpa-kân dans les Archives ; mais cet hostile et fatal Ahriman, le damné, suscita le malfaisant Alexandre le Grec, qui avait pour demeure l’Egypte, et celui ci les brûla, les livres de la Loi ; il fit périr nombre de destours, de juges, de hirbeds, de mobeds, de disciples de la Loi, de docteurs éminents, de savants du pays d’Iran ; il sema la haine et la discorde parmi les grands et les chefs des familles ; et lui-même brisé, se précipita en Enfer.

Alors les hommes du pays d’Iran furent divisés par les troubles et les dissensions. Quand ils n’eurent plus ni rois, ni gouverneurs de provinces, ni généraux, ni destours versés dans la Loi, ils devinrent sceptiques à l’égard de la divinité : toutes sortes de croyances et de doctrines hérétiques, sceptiques et illégales, firent apparition dans le monde.

Cela continua ainsi jusqu’à ce que naquît Atarpât Mahrspandân, au bon ferouher et à l’âme immortelle, lui qui, selon le récit contenu dans le Dînkart, se fit verser sur la poitrine du laiton fondu. Combien de décisions et de sentences sur la Loi n’ont-elles pas été rendues par ce martyr en présence des hétérodoxes et des dissidents, sans que pour cela les hommes aient cessé de douter de la Loi du Chaspigan.

Plus tard, il y eut encore des mages et des destours de la Loi : dans leur nombre, il y en avait qui étaient soumis au Seigneur et remplis de sa crainte. Une assemblée des leurs fut convoquée dans le palais du victorieux Àtar Farnbag ; toutes sortes de propos et de discours fort sensés y furent tenus : « Il nous faut aviser à un expédient, dirent-ils : il faut que par exemple l’un de nous parte de ce monde et nous rapporte la science de chez les Célestes, afin que les hommes de notre temps sachent si le sacrifice, les pains consacrés, les offrandes aux mânes et aux dieux, le nirang, l’ablution, la purification que nous accomplissons, vont à Dieu ou aux démons, et arrivent au secours de nos âmes, oui ou non. »

Alors en vertu de la décision unanime des destours de la Loi, tous les hommes furent appelés au temple du feu Farnbag. Sur tout ce nombre on choisit les sept hommes de la foi la plus robuste en Dieu et la Loi, et dont les pensées, les paroles et les actions avaient été les plus correctes et les plus vertueuses, et on leur dit : « Asseyez vous, vous seuls, et choisissez parmi vous quelqu’un qui soit le meilleur pour cette œuvre, le plus exempt de péché et jouissant de la meilleure réputation. » Puis ces sept hommes s’assirent : sur les sept il en fut choisi trois, puis sur les trois un, nommé Virâf, d’autres le nomment Nichapour. Or, Virâf, quand il eut appris ce choix, se leva et debout, les bras croisés sur la poitrine et les mains aux aisselles en signe d’obéissance, il dit : « S’il vous plaît, ne me donnez pas contre mon gré le narcotique, avant que vous ayez, pour les Mazdéens et moi, lancé les roseaux : et si le roseau vient à moi et me désigne, ce sera de mon plein gré que je partirai pour le séjour des justes et des damnés, que je porterai ce message, et avec vérité et exactitude que j’en rapporterai la réponse. Alors apportez pour ces Mazdéens et pour moi des roseaux. » La première fois pour les bonnes pensées, la deuxième fois pour les bonnes paroles et la troisième fois pour les bonnes actions, tous les roseaux vinrent tous trois à Virâf.

Chapitre 2

Viraf avait sept sœurs et il les avait épousées toutes les sept ; elles avaient appris la Loi par cœur et savaient réciter les prières. Quand elles eurent ouï la nouvelle, elles en furent très affligées ; elles poussèrent des cris et des gémissements, et se rendirent à rassemblée des Mazdéens. Là, après les avoir salués, elles leur dirent : « Ne faites point cela, ô vous Mazdéens. Car nous sommes sept sœurs et Virâf est notre unique frère, et toutes les sept, sœurs de ce frère, nous en sommes aussi les femmes. De même que la porte d’une maison formée de sept ais reposant sur une traverse, si quelqu’un retire cette traverse, ces ais tomberont ; de même de nous, ses sept sœurs, nous n’avons que ce frère, c’est lui qui est notre vie et notre soutien, c’est grâce à lui que nous recevons tout bien qui nous vient de Dieu : et vous, vous allez, avant le terme fatal, l’envoyer de ce pays des vivants à celui des morts ! vous commettez à notre égard une injustice sans motif. »

À ces mots, les Mazdéens se mirent à apaiser les sept sœurs en leur disant :

« Nous vous rendrons Viraf, dans sept jours, en vie et en santé ; et de plus, une gloire éternelle demeurera attachée à son nom pour cette œuvre méritoire. » Alors elles furent satisfaites.

Puis Viraf debout devant les Mazdéens, les bras croisés et les mains contre les aisselles, leur dit : « La règle est que je sacrifie aux trépassés, que je prenne des aliments, que je fasse mon testament, après quoi vous me donnerez le vin et le narcotique. » Les destours répondirent : « Fais donc ainsi. »

Les destours de la Loi, dans la demeure du génie le feu Farnbag, choisirent un lieu à trente pas de tout ce qui est pur. Viraf se lava la tête et le corps, mit des vêtements neufs, et se parfuma d’odeurs suaves. Sur un lit arrangé, on étendit des couvertures neuves et pures. Il s’y assit : il consacra le pain, fit une mention en l’honneur des trépassés, et mangea la nourriture. Puis les destours de la Loi remplirent de vin et de narcotique de Vichtaspe trois coupes d’or ; ils donnèrent à Viraf une coupe pour les bonnes pensées, une deuxième coupe pour les bonnes paroles, et une troisième, pour les bonnes actions. Après avoir bu ce vin mêlé de narcotique, et ayant encore la pleine conscience de ses actes, il récita un vadje et s’endormit sur la couche.

Les destours de la Loi et les sept sœurs de Virâf pendant sept jours et sept nuits, avec le feu qui brûlait toujours et ne cessait de répandre des parfums, et avec le nirang-i dinik, récitèrent l’Avesta et le Zand ; ils consacrèrent un nosk, chantèrent les gathas (cantiques) et montèrent la garde dans l’obscurité. Les sept sœurs étaient assises autour de la couche de Virâf et pendant sept jours et sept nuits, elles consacrèrent l’Avesta. Ces sœurs avec tous les Mazdéens, les destours de la Loi, les Herbeds et les Mobeds, ne se relâchèrent en rien de leur surveillance.

Chapitre 3

L’ame de Virâf quitta son corps et alla au pont Tchinevad, sur la Tchakât-i Dâitîk. Au bout de sept jours elle revint et rentra dans son corps. Virâf se réveilla de ce songe délicieux, et se leva aussitôt l’esprit plein de bonnes pensées, et tout joyeux.

Ses sœurs avec les destours de la Loi et les Mazdéens, dès qu’ils virent Virâf, devinrent contents et joyeux. Ils lui dirent : « Tu es le bien-venu, ô Virâf, le Messager de nous Mazdéens, toi qui es revenu du pays des morts à ce pays des vivants. »

Les Herbeds et les Destours de la Loi s’inclinèrent respectueusement devant Virâf ; et lui, dès qu’il les eut vus, alla au-devant d’eux et les salua en disant : « Salut à vous de la part d’Ormazd le Seigneur et des Amchaspands, salut de la part du saint Zoroastre Spitaman, salut de la part de Séroche le saint, de Atar l’Ized et de la Gloire de la Loi des Mazdéens, salut de la part de tous les Saints et salut de la bonté et de l a paix de tous les génies du paradis! »

Les destours de la Loi dirent : « Serviteur intègre de Dieu, toi, Virâf, notre messager à nous Mazdéens, que soit le salut à toi aussi. Tout ce que tu as vu, dis-le nous exactement. »

Virâf dit : « La première chose que j’ai à dire, est de commander d’abord de donner à ceux qui ont faim et qui ont soif à boire et à manger, puis de leur faire des questions. »

Les destours de la Loi répondirent : « Parfaitement, fort bien. » On apporta des aliments bien préparés et parfumés, du pain, de l’eau fraîche et du vin. Ils consacrèrent un pain et Virâf entama le vadje, mangea les aliments, consomma le repas et acheva le vadje ; il célébra les louanges dOrmazd et des Amchaspands, récita des actions de grâces à Khordat et Amerdat, et dit les prières d’offrandes aux morts (Afrinagan).

Puis il dit : « Amenez-moi un écrivain instruit et savant. » Ils lui amenèrent un écrivain accompli et savant, il s’assit devant Virâf, et tout ce que celui-ci lui dicta, il récrivit exactement, clairement et mot pour mot.

Chapitre 4

Voici ce qu’il lui dicta : « La première nuit, vinrent au-devant de moi Séroche le saint et Atar l’Ized, ils me tirent la révérence et dirent : « Sois le bienvenu, Arda Virâf. car tu as devancé le temps pour venir ici. — Je suis porteur d’un message, répondis-je. » Alors le victorieux Sérôche le saint et Atar l’Ized me prirent par la main. Le premier pas pour les bonnes pensées, le deuxième pas pour les bonnes paroles, le troisième pas pour les bonnes actions et j’atteignis ainsi au pont Tchinevad, qui protège beaucoup les âmes des justes, puissant, créé par Ormazd.

Quand je fus arrivé là, je vis les âmes des trépassés dont la mort ne remontait pas au-delà de trois jours. Durant les trois premières nuits après la mort chaque âme de juste siégeait au chevet de son corps et elle récitait ces mots des gâthas : « Ouchtâ ahmâi yahmâi ouchtâ kahmâitchid », c,est־à־dire : « Bonheur à celui dont le bonheur fait celui de qui que ce soit » Et dans ces trois nuits, l’âme ressentait autant de bonheur, de paix et de bien-être qu’il lui avait été donné d’en goûter pendant son séjour sur la terre, et autant qu’a pu en goûter un homme qui durant toute sa vie a vécu dans l’aisance la plus complète, la joie la plus grande et le bonheur le plus parfait.

À la troisième aurore, l’âme du saint se mouvait dans les parfums délicieux des plantes ; et ces parfums lui semblaient plus suaves que les parfums les plus délicieux qui chez les vivants lui eussent frappé l’odorat ; et cet air parfumé arrivait de la direction du midi, du côté de Dieu.

Sa propre Loi et ses propres œuvres lui apparurent sous la forme d’une jeune fille, belle à voir, à la taille svelte et haute, aux seins proéminents et fermes, longs et ravissant l’àme, et dont le corps était si éclatant de perfection que c’était la chose du monde la plus agréable à voir et la plus désirable à contempler. L’âme du saint demanda à cette jeune fille : « Qui es-tu, et quelle personne es-tu, toi, dont je n’ai jamais vu dans le monde des vivants l’égale en beauté et en grâce ? »

Elle qui n’était autre que sa propre religion et ses propres œuvres, lui répondit : « Je suis tes œuvres, jeune homme aux bonnes pensées, aux bonnes paroles, aux bonnes actions, à la bonne Loi. C’est grâce à ta volonté et à tes œuvres que je suis aussi grande, aussi bonne, aussi parfumée, aussi victorieuse, aussi prospère qu’il te paraît. Car toi sur la terre tu as chanté les gathas, tu as sacrifié à l’eau bonne, tu as préservé le feu de la souillure, tu t’es rendu propice l’homme pur, qu’il vint de loin, qu’il vînt de près. Quoique je fusse déjà prospère, je suis devenue, grâce à toi, plus prospère ; quoi-que je fusse bonne, tu m’as rendue meilleure encore ; quoique je fusse méritante, tu m’as rendue plus digne ; quoique je fusse assise au lieu des illustres, tu m’as fait asseoir avec plus d’éclat encore; quoique je fusse exaltée, je suis devenue par toi plus exaltée ; et cela grâce à ces bonnes pensées, bonnes paroles et bonnes actions que tu as accomplies. C’est à moi après toi que les hommes justes offriront le sacrifice pendant la longue période d’accomplissement du sacrifice en l’honneur d’Ôrmazd et d’entretien avec lui. Que paix s’en suive ! »

Chapitre 5

Alors le pont Tchinevad s’élargit d’une distance de neuf portées de javelot. Moi, avec l’assistance de Séroche le saint et d’Atar l’Ized, je passai par le pont Tchinevad aisément, commodément, bravement et victorieusement. Puis je fus accompagné de la puissante protection de Mihr l’Ized, de Rachne le strict, de Vay le bon, de Vahrâm l’Ized puissant, d’Achtâd l’Ized, le propagateur des êtres physiques, la gloire de la Bonne Loi des Mazdéens. Les frouhers des purs, tous les autres génies me firent tout d’abord un salut à moi, Arda Virâf. Et je vis moi, Arda Virâf, Rachne le strict, qui tenait à la main la balance dorée, d’or, et qui pesait les actions des justes et des pervers.

Puis Séroche le saint et Atard l’Ized me prirent par la main et me dirent : « Viens, que nous te montrions le Paradis, l’Enfer. Tu verras d’abord la lumière, le bien-être, la paix, le confortable, la vie délicieuse, la gaîté, la joie, le plaisir, la suavité des parfums, récompenses réservées aux saints dans le Paradis. Nous te montrerons aussi les ténèbres, l’étroitesse, la gêne, le malaise, la peine, la souffrance, la douleur, l’infirmité, l’effroi et l’horreur, la terreur, la torture, l’infection, châtiments de toute sorte que subissent en enfer les démons, les sorciers et les criminels. Nous te montrerons la place des justes et celle des pervers. Nous te montrerons la récompense de ceux qui ont cru fermement en Ormazd, dans les Amchaspands, dans la félicité du Paradis et la calamité de l’Εnfer, dans l’existence de Dieu et des Amchaspands et la non-existence d’Ahriman et des démons, dans le fait à venir de la résurrection des morts et de la vie postérieure. Nous te montrerons la récompense des saints par Ormazd et les Amchaspands dans le Paradis ; nous te montrerons les supplices et les châtiments de toute nature que subissent les damnés en Enfer, de la main d’Ahriman et des démons fauteurs d’opposition. »

Chapitre 6

Je parvins à un endroit où je vis les âmes de quelques hommes qui se tenaient là réunis. Je demandai au victorieux Séroche le saint et à Atar l’lzed : « Ceux-là qui sont-ils et pourquoi sont-ils ici ? » Le saint Séroche et l’Ized Atar me dirent : « On appelle ce lieu Hamêstakân, ces âmes demeureront jusqu’à la vie future en ce lieu ; ce sont les âmes des hommes dont les bonnes oeuvres et les péchés se contrebalançaient. Redis aux mortels ceci : l’œuvre assez facile à accomplir, n’en soyez point avares et ne la faites point à regret ; car l’âme dont les bonnes œuvres excèdent de trois srochotcharanam les péchés, va au Paradis ; celle dont les péchés sont en excès de trois srochotcharanam va en Enfer ; celle dont les bonnes et les mauvaises actions sont en nombre égal restent jusqu’a la rénovation des corps dans cet Hamestakan, et leur châtiment est la sensation de chaleur ou de froidure que leur cause l’agitation de l’atmosphère, mais elles n’éprouvent point d’autre souffrance. »

Chapitre 7

Puis je fis un premier pas et j’atteignis à la sphère des étoiles, au Houmat, ce lieu où les bonnes pensées résident. Je vis les âmes des purs qui, lumineuses comme les étoiles, ne cessaient de dégager de la lumière ; la place et le siège qu’elles occupaient étaient très éclatants et pleins de la Gloire.

Je demandai à Séroche le saint et à Atar l’lzed : « Où sommes-nous ici et qui sont ces hommes ? » Séroche et Atar me répondirent : « C’est ici la sphère des étoiles, et ces âmes sont celles de gens qui sur la terre n’ont point fait de yachte, ni chanté de gathas, ni contracté de mariage entre consanguins (khêtokdas) ! et qui n’ont pas exercé la royauté, ni le gouvernement d’une province, ni le commandement d’une armée, mais qui se sont montrés purs par l’accomplissement de toutes les autres œuvres méritoires. »

Chapitre 8

Je fis un deuxième pas et j’atteignis à la sphère de la lune, au Houkhte, lieu où habitent les bonnes paroles. J’y vis une grande assemblée de saints.

Je demandai à Séroche le saint et à Atar l’Ized : « Ce lieu quel est-il et quelles sont ces âmes ? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce lieu est la sphère de la lune, c’est ici que sont les âmes de ceux qui de leur vivant n’ont point fait de yachte, ni chanté les gathas, ni accompli le mariage entre proches, mais qui ayant accompli tous les autres devoirs, ont mérité de venir ici : leurs âmes sont douées d’un éclat semblable à la lumière de la lune. »

Chapitre 9

Quand j’eus fait le troisième pas, j’atteignis au Houvarchte, là où les bonnes actions résident. Là règne la lumière qu’on appelle « la plus haute des plus hautes. » Je vis les saints assis sur des trônes et des tapis faits d’or, et c’étaient des hommes dont l’éclat était comparable à la lumière du soleil.

Je demandai au saint Séroche et à l’Ized Atar : « Quel est ce lieu, et quelles sont ces âmes ? » Séroche le saint et l’Ized Atar me répondirent : « C’est la sphère du soleil, et ces âmes sont celles de gens qui de leur vivant ont exercé une bonne royauté, ou un bon gouvernement de province ou le généralat. »

Chapitre 10

Au quatrième pas que je fis, j’arrivai à la lumière du Garotman, séjour de tout bien-être. Alors vinrent à notre rencontre les âmes des trépassés, elles nous saluèrent et prononcèrent des bénédictions, et elles dirent ceci : « Comment toi, ô saint, es-tu venu, de là-bas, ce monde périssable et fécond en douleurs, jusqu’en ce monde impérissable et exempt d’opposition démoniaque. Bois l’ambroisie, car ici tu verras éternellement la félicité. » Après cela vint à ma rencontre le feu d’Ormazd, Atar l’Ized : il me salua et me dit : « Fidèle serviteur, Ardâ Vîrâf l’homme au bois humide, messager des Mazdéens. » Alors je le saluai et dis : « Je suis un serviteur, ô Atar Ized, qui de son vivant, n’a mis sur toi que du bois et des parfums vieux de sept ans : et tu m’appelles l’homme au bois humide ! »

Le Feu d’Ormazd, Atar l’Ized, me répondit : « Viens que je te montre le lac formé de l’eau du bois humide que tu as mis sur moi. » Il me mena en un lieu où il me montra un grand lac d’eau bleue et me dit : « Cette eau est celle que laissait transsuder goutte à goutte le bois que tu as mis sur moi. »

Chapitre 11

Alors Vohouman l’Amchaspand se leva d’un trône d’or, me prit par la main, me mena avec bonne pensée, bonne parole et bonne action à la demeure (olmahan) dOrmazd, des Amchaspands et de tous les autres saints, des férouhers de Zoroastre Spitâman, de Kay Vichtâspe, de Djâmâspe, de Yçadvâstar, fils de Zoroastre, de tous les autres fidèles de la Loi, et des chefs de la Loi, lieu dont je n’ai jamais vu l’égal en éclat et en beauté.

Vohouman me dit :

« Voici Ormazd. » Et moi je me mis en [] lui présenter mon hommage. [] me dit : « Salut à toi, Arda [] es le bien-venu, toi qui de là-[] monde périssable, es venu ici [] pur, lumineux. Puis il donna à Sérôche le saint et à Atar [] Menez Arda Virâf, montrez-lui la demeure et les récompenses des saints, ainsi que la demeure et les châtiments des damnés. »

Alors, Sérôche le saint et Atar l’Ized me prirent par la main et me conduisirent en tous lieux successivement.

Je vis encore les Amchaspands et tous les autres Izeds ; je vis aussi les férouhers de Gayomert, de Zoroastre, de Kay Vichtâspe, de Farchostar, de Djâmâspe et de tous les autres bienfaiteurs et chefs de la Loi.

Chapitre 12

J’arrivai à un endroit où je vis les âmes des généreux qui circulaient toutes parées, au-dessus de toutes les autres âmes dans la toute lumière ; et Ormazd exaltait ces âmes des généreux qui étaient lumineuses, élevées et puissantes. Et je leur dis : « Heureuses, vous, âmes des généreux qui dominez ainsi toutes les autres âmes. » Et elles me paraissaient sublimes.

Je vis ensuite les âmes de ceux qui, pendant leur vie, ont chanté les gâthâs et accompli les yachtes et qui ont été constants dans la Bonne Loi des Mazdéens qu’Ormazd a enseignée à Zoroastre. Ces âmes portaient des vêtements brodés d’or et d’argent et les plus magnifiques de tous les vêtements, et elles me paraissaient splendides.

Je vis aussi des âmes de gens qui avaient accompli le mariage entre proches parents : je les vis dans la lumière produite en haut ; et ces âmes me parurent sublimes.

Je vis les âmes des bons rois et des bons empereurs, d’où rayonnaient la grandeur, la bonté, la puissance, la victoriosité ; elles marchaient dans la lumière avec une armure d’or. Je les trouvai sublimes.

Je vis les âmes des grands et des véridiques; ces âmes se tenaient dans la lumière élevée avec la grande Gloire. Elles me parurent sublimes.

Chapitre 13

Je vis dans un costume brodé d’or et d’argent et couvert de pierreries, les âmes des femmes qui ont eu beaucoup de bonnes pensées, beaucoup de bonnes paroles, beaucoup de bonnes actions et qui ont été soumises à leur chef (à leur mari). Je demandai : « Quelles sont ces âmes? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes des femmes qui sur la terre ont donné satisfaction à l’eau, au feu, à la terre, aux plantes, au bœuf, au mouton et se sont rendu propices toutes les autres bonnes créatures d’Ormazd; qui ont fait le sacrifice, la consécration des pains, la propitiation et l’adoration des Izeds; qui ont fait la prière (ouçofrît), la propitiation des Izeds célestes et des Izeds terrestres ; qui ont pratiqué la soumission, l’harmonie, le respect, l’obéissance dans leurs rapports avec leurs maris et maîtres ; qui ont cru fermement dans la Loi des Mazdéens ; qui ont été zélées dans l’accomplissement des bonnes œuvres; et qui ont évité le péché. » Elles me parurent sublimes.

Chapitre 14

Je vis les âmes des *prêtres$ officiants savaient par cœur le texte sacré, dans cette lumière élevée et dans cette grande sublimité ; elles me parurent sublimes.

Je vis les âmes de ceux qui ont célébré toutes les cérémonies religieuses au complet, et qui ont accompli et fait accomplir le sacrifice de Dieu ; âmes qui siégeaient au-dessus de toutes les autres âmes ; leurs bonnes œuvres s’élevaient, hautes comme le firmament. Je les trouvai très sublimes.

Je vis les âmes des guerriers se mouvant dans la joie et la gaîté suprêmes et réunies à celles des gouverneurs des provinces : ces héros portaient une armure bien faite, faite d’or, incrustée de pierreries, superbe, brodée de toute façon, et avec de riches jambières ; ces âmes avaient avaient ainsi un aspect imposant, un air de force et de victoire, et je les trouvai sublimes.

Je vis les âmes de ceux qui de leur vivant ont tué beaucoup de kharfastars, et grâce à qui la gloire des eaux, des feux sacrés, des feux profanes, des végétaux, ainsi que celle de la terre, ne cessait de grandir et de prospérer ; je les vis dans l’exaltation et la splendeur ; et elles me parurent sublimes.

Je vis les âmes des laboureurs dans un lieu brillant, parées de la Gloire, et portant des vêtements constellés, parce qu’ils avaient adoré les génies de l’eau, de la terre, des plantes et des troupeaux et leur avaient présenté des offrandes, en leur adressant des louanges, des actions de grâces et des vœux de prospérité. Elles occupaient une place considérable et un bon rang. Je les trouvai sublimes.

Je vis les âmes des artisans qui, sur la terre, ont chéri et respecté les rois et les gouvernants, je les vis assis sur des trônes couverts de beaux tapis, grands, brillants et splendides. Elles me parurent sublimes.

Chapitre 15

Je vis les âmes des bergers qui dans le monde des vivants élevaient et nourrissaient les quadrupèdes et les moutons, et les gardaient contre le loup, le voleur et le brigand ; qui quand le temps voulu était arrivé, leur donnaient de l’eau, de l’herbe et des aliments ; qui les préservaient de la froidure et de la chaleur rigoureuses ; qui faisaient saillir la femelle par l’animal entier en son temps, et l’en empêchaient quand il le fallait ; et qui rendaient de grands et nombreux services aux hommes de leur temps et leur procuraient beaucoup de bien être en leur fournissant des vivres et des vêtements. *Je vis leurs âmes$ qui se mouvaient dans cette lumière, en brillante, haute et grande joie et plaisir. Elles me semblèrent très sublimes.

Je vis aussi sur les divans beaucoup de belles draperies d’or, garnies de coussins couverts de tapis précieux : là étaient assises les âmes des maîtres de maisons, des magistrats, qui ont été arbitres et directeurs des pays et des familles, qui ont rendu cultivés et habités des lieux désolés ; qui ont aménagé beaucoup de canaux, de rivières et de sources au profit de l’agriculture, de la prospérité et des intérêts des créatures ; qui ont adoré les férouhers, ceux des eaux, ceux des plantes et ceux des saints ; qui ont adressé des invitations d’offrandes et des louanges et accompli des actions de grâces. Aussi je les trouvai imposantes et sublimes sous cet aspect grandiose de force et de victoire.

Je vis les âmes de ceux qui ont été fermes dans la foi, de ceux qui ont enseigné la Loi, et de ceux qui ont questionné sur la Loi ; dans un rang splendide et la plus grande joie. Et elles me parurent sublimes.

Je vis les âmes bien intentionnées des fidèles charitables pour les prêtres et désireux de la paix ; âmes d’où rayonnait une lumière semblable à celle des étoiles, de la lune et du soleil, et qui se mouvaient allègrement dans l’atmosphère lumineuse.

Je vis aussi le Paradis des purs, lumineux, où est tout bien-être et toute aisance, où sont de nombreuses fleurs aux doux parfums, lieu qui a tous les embellissements, toutes les merveilles, splendide, plein de la Gloire, qui procure tous les contentements et tous les plaisirs, et dont personne n’éprouve de satiété.

Chapitre 16

Ensuite le saint Sérôche et l’lzed Atar me prirent par la main, et je poursuivis mon voyage. J’arrivai en un lieu où je vis une rivière, immense, affreuse, et sombre comme l’Enfer, sur les bords de laquelle étaient arrêtées beaucoup d’âmes et de férouhers : il y en avait qui ne pouvaient passer la rivière ; il y en avait qui la passaient au prix des plus grandes peines, et d’autres qui la passaient aisément.

Je demandai : « Quelle est cette rivière, et qui sont ces humains qui éprouvent tant de peine *à la passer ?$ »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette rivière n’est autre chose que les nombreuses larmes que les hommes après le départ des trépassés, répandent de leurs yeux, avec leurs lamentations, leurs pleurs et leurs sanglots, larmes qu’ils versent malgré la défense de la Loi et qui viennent grossir cette rivière. Ceux qui ne peuvent la passer sont ceux qui après le départ du trépassé se sont livrés aux lamentations, aux pleurs et aux [] qui passent le plus facî- [] qui ont le moins pleuré. [] ortels : ô vous, tant que [] vous livrez pas aux lamen- [] sanglots, ni aux pleurs, ce [] nd : car il en résultera [] et de difficultés pour les [] *ents$ trépassés. »

Chapitre 17

Je revins encore au pont Tchinevad. J’y vis l’âme du damné, souffrir dans ces trois premières nuits plus de maux et de misères que jamais elle n’en avait éprouvé dans le monde physique.

Je demandai au saint Sérôche et à l’Ized Atar : « À qui est cette âme ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme d’un damné qui erre près de la tête et dit ces paroles des cantiques : « O Créateur Ormazd, vers quelle terre irai-je *me réfugier$ et qui prendrai-je pour me protéger ? » Cette seule nuit-là elle endure autant de maux et de misères qu’a pu en endurer sur la terre un homme qui a vécu toute sa vie dans les maux et les misères. »

Alors un vent froid, fétide, alla à sa rencontre qui lui parut venir du côté du nord, de la région des démons, un vent le plus infect de tous ceux qu’elle eût vus sur la terre.

Dans ce vent elle vit sa propre loi et ses propres actions, sous l’apparence d’une femme de mauvaise vie, sale, pourrie, furieuse, les genoux en avant, anus en arrière, pécheresse endurcie, animal malfaisant, le plus impur et le plus nauséabond.

Alors l’âme du pervers dit : « Toi, qui est-tu ? car jamais, parmi les créatures d’Ormazd et d’Ahriman, je n’ai vu rien de plus repoussant, de plus infect, ni de plus fétide que toi. »

Elle lui répondit : « Moi, je suis tes mauvaises oeuvres, ô jeune homme aux mauvaises pensées, aux mauvaises paroles, aux mauvaises actions, à la mauvaise loi. C’est pour tes passions et ta conduite que je suis aussi hideuse, mauvaise, pécheresse, souffrante, pourrie, nauséabonde, déshéritée de la victoire et en proie à la haine, que je te parais. Tandis que tu voyais quelqu’un accomplir le sacrifice, consacrer les pains, réciter les louanges, la prière et l’adoration des Izeds, préserver de l’impureté et protéger l’eau, le feu, les troupeaux, les plantes et toutes les autres bonnes créatures, toi, tu as accompli le désir d’Ahriman et des démons, et commis des actions coupables, et tandis que tu voyais des gens faire des dons et des aumônes avec convenance, en faveur des bons et des dignes, tant de ceux venus du lointain, que de ceux venus du voisinage, et leur donner l’hospitalité et leur faire la charité, toi tu as agi envers eux avec avarice et tu leur as fermé ta porte ; et alors que j’étais méprisable, tu m’as rendue plus méprisable encore ; quoique j’inspirasse l’horreur, tu mas rendue plus horrible ; quoique je fusse plaintive, tu m’as fait plus plaintive encore ; quoique je fusse assise au nord, tu m’as fait asseoir dans *une contrée$ plus au nord, et cela par ces mauvaises pensées, par ces mauvaises paroles, par ces mauvaises actions que tu as commises. C’est à moi, après toi, que les damnés adresseront leurs malédictions pendant la longue période de perpétration du culte d’Ahriman et d’entretien coupable avec lui. »

Alors d’un premier pas, l’âme du damné atteignit le lieu de la mauvaise pensée, d’un deuxième, celui de la mauvaise parole, d’un troisième, celui de la mauvaise action, et au quatrième pas elle se rua en Enfer.

Chapitre 18

Puis le saint Séroche et l’Ized Atar me prirent par la main, de sorte que j’allai en toute sécurité. Je sentis un grand froid, un vent de neige, un air sec et fétide tels que je n’en avais jamais senti dans mon existence terrestre. Et lorsque je me fus avancé quelque peu, je vis le gouffre avide de l’Enfer, aussi encaissé que le puits le plus affreux, et dans le lieu le plus étroit et le plus effrayant, au milieu de ténèbres si épaisses qu’on pouvait en prendre dans sa main, et d’une puanteur telle que quiconque en respirait l’air se débattait, frissonnait et tombait, et on s’y sentait étreint d’une oppression si forte qu’il n’était possible à personne d’y vivre. Tous les damnés qui s’y trouvaient pensaient : « Je suis seul ici, » et quoiqu’il se fût encore passé que trois jours et trois [] mille ans se [] nt pas encore me retirer! » Partout des animaux malfaisants, dont le plus petit atteignait la hauteur d’une montagne ; ils déchiraient, prenaient dans leurs crocs et broyaient les âmes des damnés comme le chien fait l’os.

Et moi je traversai ces lieux aisément, avec Sérôche le saint, à la haute taille et victorieux, et Atar l’Ized.

Chapitre 19

J’arrivai jusqu’en un lieu où je vis un homme dont l’âme, sous la forme d’un serpent long comme une poutre, entrait dans son fondement et ressortait par sa bouche, et dont d’autres serpents, en grand nombre, envahissaient tous les membres.

Je demandai au saint Sérôche et à l’Ized Atar : « Quel péché a commis cet homme pour que son âme subisse un châtiment aussi sévère ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Cette âme est celle de l’homme pervers qui, dans le monde physique, a commis la pédérastie, et a admis un homme sur son corps. Maintenant son âme subit un châtiment aussi sévère. »

Chapitre 20

J’arrivai à un lieu où je vis l’âme d’une femme à qui l’on donnait à manger coupes sur coupes des excréments et des immondices d’hommes.

Je demandai : « Quel péché a commis cette personne, dont l’âme subit un tel châtiment. »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « C’est l’’âme de la femme réprouvée qui, pendant la menstruation, n’a point pris les précautions légales et a touché l’eau et le feu. »

Chapitre 21

Je vis l’âme d’un homme que l’on faisait mourir d une mort atroce : après l’avoir écorché, on lui coupait la tête.

Je demandai : « Quel péché a commis cet homme dont l’âme subit un tel châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « C’est l’âme d’un homme darvand qui, dans le monde physique, a tué un saint homme. »

Chapitre 22

Je vis l’âme d’un homme à qui l’on versait dans la bouche des excréments et des menstrues de femmes, et qui faisait cuire son propre enfant et le mangeait.

Je demandai : « Cet homme, quel péché a t-il commis pour que son âme subisse un tel châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « C’est l’âme de l’homme damné qui, dans le monde physique, a eu commerce avec une femme qui avait ses règles. »

Chapitre 23

Puis je vis l’âme d’un homme qui criait de faim et de soif : « Je me meurs. » Et il s’arrachait les cheveux et la barbe, buvait son sang et rejetait de l’écume par la bouche.

Je demandai : « Quelle est la faute commise par cet homme dont l’âme souffre une peine pareille ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « Cest l’âme d’un réprouvé qui, pendant sa vie, au mépris des prescriptions de la Loi buvait et mangeait en parlant et sans réciter de vâdje, l’eau de Knordat et les plantes d’Amordat, et qui poussait l’impiété jusqu’à ne point leur célébrer de sacrifice : c’est pour avoir à ce point méprisé l’eau de Khordat et les plantes d’Amordat que son âme est condamnée aujourd’hui à cette peine sévère. »

Chapitre 24

Je vis l’âme d’une femme qui était suspendue par les seins à l’Enfer, et dont le corps entier était envahi par les kharfastars.

Je demandai : « Quel péché a-t-elle fait, elle dont l’âme subit un tel châtiment ? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de la femme réprouvée qui, pendant sa vie, a repoussé son mari, a livré son corps à d’autres hommes et a commis l’adultère. »

Chapitre 25

Puis je vis les âme de plusieurs hommes et de plusieurs femmes que des animaux malfaisants mordaient aux pieds, au cou et à la taille, et coupaient en plusieurs tronçons.

Je demandai : « Quels péchés ont commis ceux dont les âmes endurent un pareil supplice ? » [] int Sérôche et l’Ized Atar me ré- [] nt « Ce sont les âmes des mé- [] qui, pendant leur vie, commirent [] é de circuler n’ayant qu’un pied [] ssé, de marcher sans costi à la [] sadéré au cou, et d’uriner de- [] qui enfin perpétrèrent encore [] actes du culte démoniaque. »

Chapitre 26

Puis je vis l’âme d’une femme qui tirait la langue jusque sur sa nuque : elle était pendue à l’atmosphère.

Je demandai : « De qui est cette âme? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de la femme damnée qui, pendant sa vie, a méprisé son mari et maître, l’a maudit, lui a donné des noms injurieux et lui a répondu pour se justifier. »

Chapitre 27

Puis je vis l’âme d’un homme à qui l’on mesurait, au boisseau et au dôlak, de la poussière et des cendres qu’on lui donnaît à manger.

Je demandai : « Quel péché cette âme expie-t-elle ici ? »

Le saint Sérôche et Atar me répondirent : « C’est l’âme du méchant qui, pendant sa vie, n’a pas tenu justes le boisseau, [] ôlak, ni les poids et mesures : il a mêlé [] l’eau au vin, a mis de la poussière sur la farine et les a vendus cher aux [] mes, et il a volé et extorqué ainsi de l’argent aux gens de bien. »

Chapitre 28

Puis je vis l’âme d’un homme maintenu dans l’espace, et que cinquante démons avec un serpent chîpâk flagellaient par devant et par derrière.

Je demandai : « Qu’a donc fait cette âme ? »

Sérôche et Atar me répondirent : « C’est l’âme du méchant qui, pendant sa vie, s’est conduit en mauvais roi : et qui, impitoyable et homicide, a exercé sur les hommes ce même genre de peine et de châtiment. »

Chapitre 29

Puis je vis l’âme d’un homme dont la langue était pendante et était mordue par des bêtes malfaisantes.

Je demandai : « Quel péché a commis cet homme ? »

Le saint Sérôche et Atar me répondirent : « C’est 1’ame de l’homme damné qui, pendant sa vie, a été médisant et a semé la division parmi les hommes. Finalement Son âme a été précipitée en enfer. »

Chapitre 30

Puis je vis l’âme d’un homme dont on brisait et disloquait les membres.

Je demandai : « Qu’a fait cette âme ? » Sérôche et Atar me dirent : « C’est l’âme de l’homme pervers qui, pendant sa vie, a tué contrairement à la loi beaucoup de bœufs, de moutons et d’autres quadrupèdes. »

Chapitre 31

Puis je vis l’âme d’un homme qui portait des ceps de la tête aux pieds, et que mille démons cognaient d’en haut et appaient avec cruauté et violence.

Je demandai ce qu’il avait fait.

Le saint Séroche et Atar répondirent :

« C’est l’âme de l’homme darvand qui, pendant sa vie, a amassé beaucoup d’argent et qui n’en a pas profité, n’en a pas donné aux gens vertueux, ne les y a point [] it participer et l’a gardé dans son trésor.

Chapitre 32

Puis je vis l’âme d’un homme fainéant qu’on appelait Davâns, dont les kharfastars couvraient le corps de morsures à l’exception du pied droit.

Je demandai : « Quel est le péché de celui-ci ? »

Le saint Sérôche et Atar l’Ized me répondirent : « C’est l’âme de Davâns le fainéant qui, pendant sa vie, ne fit jamais rien de bon ; hormis que de ce pied droit il poussa une javelle de fourrage devant un bœuf de labour. »

Chapitre 33

— Puis je vis l’âme d’un homme dont la langue était rongée par les vers,

Je demandai : « Quel est le péché de homme ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent: « C’est lame de l’homme per [] qui, pendant sa vie, a commis le faux témoignage et le mensonge, ce dont il est [] ulté beaucoup de mal et de préjudice pour les créatures. »

Chapitre 34

Puis je vis l’âme d’une femme dont les kharfastars dévoraient tout le corps.

Je demandai : « Quel péché a-t-elle commis ? »

Le saint Sérôche et Atar l’Ized me dirent : « Cette âme est celle de la femme darvand qui, pendant sa vie, a peigné au-dessus du feu ses boucles de cheveux et ses cheveux, qui a jeté dans le feu ses cheveux, ses poux et ses poils ; qui a placé le feu sous son corps, et a touché au feu *étant impure$. »

Chapitre 35

Je vis l’âme d’une femme qui mâ [] ses propres immondices entre ses [] les mangeait.

Je demandai : « À qui est cette âme ? » [] Saint Sérôche et Atar l’Ized dirent : C’est l’âme de la femme perverse qui, [] sa vie, a pratiqué la sorcellerie. »

Chapitre 36

Puis je vis l’âme d’un homme qui était debout dans l’Enfer sous la forme d’un serpent, aussi droit qu’une colonne, et dont la tête était semblable à la tête humaine et le reste du corps à un serpent.

Je demandai : « Quel est le péché de cet homme ? »

Le saint Sérôche et Atar l’Ized me dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a commis l’impiété, c’est pourquoi il est maintenant en Enfer sous la forme d’un serpent. »

Chapitre 37

Puis je vis des âmes d’hommes et de femmes [] pendus à l’Enfer la tête en bas : leurs [] étaient la proie des serpents, des [] ons et des autres kharfastars. [] demandai : « Qui sont ces humains voici les âmes ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me [] irent : « Ce sont les âmes des gens [] pendant leur vie n’ont point préservé [] et le feu *de la souillure$, qui ont [] ns l’eau et le feu des ordures et [] é le feu de leur regard. »

Chapitre 38

Puis je vis l’âme d’un homme à qui l’on donnait à manger de la chair et du nasâï humains avec du sang, des excréments et d’autres matières impures et fétides.

Je demandai : « Quel péché a commis cet individu ? »

Le saint Sérôche et Atar l’Ized me dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui a porté, pendant sa vie, du hikhar et du nasâï à l’eau et au feu et sur son corps et sur le corps des hommes ; il restait constamment impur et souillé et ne se purifiait pas pour se mettre au travail. »

Chapitre 39

Puis je vis l’âme d’un homme qui mangeait de la peau et de la chair humaines.

Je demandai : « Cette âme à qui est-elle ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a retenu le salaire des mercenaires et la part *de bénéfice$ des associés. Et maintenant il faut que son âme subisse un sévère châtiment. »

Chapitre 40

Puis je vis l’âme d’un homme qui portait une montagne sur son dos, et il avait sur le dos cette montagne par la neige et le froid rigoureux.

Je demandai : « Quel péché a commis cet homme ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est lame de l’homme darvand qui pendant sa vie a dit devant les hommes beaucoup de choses fausses et vaines et de paroles nuisibles. Tel est maintenant le châtiment sévère que son âme subit. »

Chapitre 41

Puis je vis l’âme d’un homme à qui l’on donnait à manger des excréments, du [] et des ordures et que les démons [] ent et frappaient à coups de ha []

Je demandai : « Quel péché a commis cet homme dont l’âme subit un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme d’un homme pervers [] allé souvent au bain chaud et a [] ainsi le hîkhar et le nasâï de son [] l’eau et au feu et à la terre : il y [] saint et en sortait damné. »

Chapitre 42

Puis je vis les âmes de plusieurs hommes qui pleuraient et poussaient des cris lamentables.

Je demandai : « Qui sont ces hommes ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar dirent : « Ce sont les âmes de ceux que leur père a engendrés dans le sein de leur mère, mais qu’il n’a point reconnus une fois nés ; et maintenant ils profèrent des plaintes contre leur père. »

Chapitre 43

Puis je vis l’âme d’un homme aux pieds duquel étaient tombés quelques adolescents qui poussaient des cris et sur lequel se jetaient comme des chiens, des démons qui le mordaient.

Je demandai : « Quel péché a commis cette personne dont l’âme subit un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie n’a point reconnu ses propres enfants. »

Chapitre 44

Puis je vis l’âme d’une femme qui creusait une montagne de ses mamelles et qui portait sur la tête une pierre de meule semblable à une chape.

Je demandai : « Quel péché a commis cette personne dont l’âme subit un châtiment si sévère? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme de la femme darvand qui pendant sa vie a fait de son petit enfant un cadavre et une ruine et l’a rejeté. »

Chapitre 45

Puis je vis l’âme d’un homme dont les vers dévoraient tous les membres.

Je demandai : « Quel péché a commis cette personne ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent: « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a fait de faux témoignages et a extorqué aux gens qui avaient raison de l’argent pour ceux qui avaient tort. »

Chapitre 46

Puis je vis l’âme d’un homme qui tenait en main un crâne humain et en mangeait la cervelle.

Je demandai : « Quel péché a commis cette personne ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui a acquis son bien non par des moyens honnêtes mais en volant la chose d’autrui, et qui l’a laissé *à sa mort$ parmi ses propres ennemis et qui seul doit être en Enfer. »

Chapitre 47

Je vis ensuite beaucoup, d’hommes à la tête et à la barbe rasées, au teint jauni, [] e corps entier était en pourriture, et [] uraient des kharfastars. [] demandai : « Ceux-là, qui sont []

saint Sérôche et l’lzed Atar me ré [] rent : « Ce sont les âmes des hommes [] nds qui pendant leur vie ont été des [] hypocrites : ils ont perdu les hommes [] les ont conduits de la Loi du bien [] Loi du mal et ont propagé dans le [] terrestre beaucoup de sectes et de [] nces mauvaises »

Chapitre 48

Puis je vis l’âme d’un homme que mordaient des démons semblables à des chiens. Cet homme leur jetait du pain : mais ces chiens au lieu de le manger, lui dévoraient la poitrine, les jambes, le ventre et les cuisses.

Je demandai : « Cet homme, quel péché a-t-il commis, pour que son âme subisse un châtiment si sévère ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est là l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a privé de nourriture ou frappé et tué le chien de berger et le chien de garde. »

Chapitre 49

Puis je vis les âmes de quelques hom [] qui dévoraient des excréments, du [] du nasâï et des impuretés d’hom [] et les démons arrachaient d’une [] gne des blocs de pierres, les pous [] derrière ces damnés, et les leur [] aient sur le dos, mais ceux-ci ne [] ent les porter.

Je demandai : « Ces personnes, quels ont-ils commis pour que leurs [] subissent un si sévère châtiment ? »

Le Saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent « Ce sont les âmes des darvands [] pendant leur vie ont pesé la terre et [] esée mensongèrement et ont privé beaucoup de gens de leurs fonds et de leurs [] et les ont réduits au besoin et à la pauvreté après les avoir contraints à me lourde redevance. »

Chapitre 50

Puis je vis l’âme d’un homme qui creusait une montagne avec ses doigts et ses ongles et que les démons frappaient par derrière avec des fouets de vipères et lui faisaient grand peur.

Je demandai : « Cette personne, quel péché a-t-elle commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cest l’âme du darvand qui pendant sa vie a reculé la borne mitoyenne d’autrui et s’est approprié *ainsi une partie de son champ.$ »

Chapitre 51

Puis je vis l’âme d’un homme à qui l’on arrachait, de dessus le corps, avec une fourche de fer, sa propre chair qu’on lui donnait à manger.

Je demandai : « Cette personne quel crime a-t-elle commis pour que son âme subisse un châtiment si sévère ? »

Le saint Sérôche et l’lzed Atar me répondirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a fait avec les hommes un contrat et l’a ensuite violé. »

Chapitre 52

Puis je vis l’âme d’un homme qu’on meurtrissait de coups d’éperons dardés, de flèches, de pierres et de haches.

Je demandai : « Cette personne quel crime a-t-elle commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui pendant sa vie a commis beaucoup de violations de contrats et qui a violé les contrats avec les fidèles et les infidèles. Car « MITHRA EXISTE À LA FOIS POUR LES FIDÈLES ET LES INFIDÈLES. »

Chapitre 53

Ensuite le saint Sérôche et l’Ized Atar me prirent la main et me menèrent au Tchikât-i Dâltîh sous le pont Tchinvat, dans un lieu désert, et me montrèrent l’Enfer au milieu de ce désert, sous le pont Tchinvat, à l’intérieur de la terre.

Ahriman, les démons, les droudjes et beaucoup d’autres âmes de darvands, faisaient entendre des gémissements et des cris tels que je crus qu’ils remuaient la terre avec ses sept Kéchvars, et qu’en entendant ces cris et ces gémissements, je fus saisi de terreur.

Alors je fis cette demande au saint Sérôche et à l’Ized Atar : « Ne me menez point là, et retournez. »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « N’aie point peur : car tu n’auras jamais rien à craindre d’ici. » Et le saint Sérôche et l’Ized Atar passèrent devant moi, et moi, Artâ Vîrâf. je m’avançai sans crainte et j’arrivai à l’intérieur de ce ténébreux Enfer.

Chapitre 54

Puis je vis cet Enfer de destruction, terrible, effrayant, fécond en douleurs, plein de maux, fétide et très ténébreux. Ensuite je fis cette réflexion qu’il ressemblait à un puits si profond qu’une longueur de mille coudées n’en atteignait pas le fond, et tel que si l’on brûlait tout le bois dans l’Enfer fétide et ténébreux du monde, il n’en donnerait pas davantage de bonne odeur : ensuite de l’oreille jusqu’à l’œil et autant que la crinière d’un cheval a de crins, un nombre aussi grand d’âmes de darvands se tiennent là ; ne se voyant pas les uns les autres et n’entendant pas leurs voix, chacun pense : « Je suis seul ». Et pour eux sont les noires ténèbres, l’infection, la terreur, les peines et les châtiments de toute espèce de l’Enfer, de telle manière que quiconque est un seul jour en Enfer s’écrie : « Les neuf mille ans ne sont-ils pas encore écoulés qu’on ne nous retire pas de cet Enfer ? »

Chapitre 55

Je vis alors des âmes de darvands qui étant descendues dans ce lieux affreux et ténébreux après la mort, y subissent des peines diverses tels que chute de neige, grand froid rigoureux, chaleur d’un feu ardent, infection, lapidation, cendres, grêle et pluie, et ils y endurent beaucoup d’autres maux encore.

Je demandai : « Quels crimes ont-ils commis, ces gens dont les âmes subissent un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent: « Ce sont les âmes des hommes darvands qui pendant leur vie ont commis beaucoup de péchés mortels, qui ont laissé s’éteindre le feu Behrâm, qui ont démoli le pont d’un cours d’eau navigable, ont dit des faussetés et des mensonges, et donné beaucoup de faux témoignages et qui par impuissance de maîtriser [] cupidité, avarice, concupiscence, rage et envie ont tué l’homme vertueux sans péché, et se sont comportés en tout d’une manière très perfide. Maintenant voilà la sévère peine et le châtiment qu’il faut qu’ils subissent. »

Chapitre 56

[] je vis les âmes de ceux que des [] nts mordaient et dévoraient. [] demandai : « Ces âmes, de qui sont []

[] Saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes de ces darvands qui ont commis des détournements au détriment de Dieu et de la re [] »

Chapitre 57

Puis je vis les âmes de femmes que l’on décapitait, et quoique la tête fût séparée du tronc, la langue continuait à crier.

Je demandai : « Ces âmes, à qui sont-elles ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes des femmes qui pendant leur vie se sont livrées aux pleurs et aux gémissements et se sont frappé la tête et le visage *en signe de deuil$. »

Chapitre 58

[] vis l’âme d’un homme qu’on [] ait en Enfer et qu’on frappait. [] demandai : « Cette personne, quel [] elle commis ? »

Sérôche et l’Ized Atar répondirent : [] est l’âme de l’homme darvand [] sa vie se lavait la tête, le vi [] mains et les autres membres [] impureté, dans une grande eau [] dans de l’eau de source et de [] nte, et a offensé Khordat l’Am []. »

Chapitre 59

Puis je vis l’âme d’une femme qui pleurait, on lui arrachait la peau et la chair de ses mamelles et elle la mangeait.

Je demandai : « Cette personne, quel crime a-t-elle commis, que son âme subit un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de la femme darvand qui laissait pleurait son petit enfant de besoin et de faim. »

Chapitre 60

Puis je vis l’âme d’un homme dont on avait mis le corps dans une chaudière d’airain où on le faisait cuire. Mais son pied droit était hors de la chaudière.

Je demandai : « Cette personne, quel crime a-t-elle commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui de son vivant, poussé par le [] concupiscence et criminellement [] chez mainte femme mariée ; son [] tout entier a été coupable, sauf ce [] roit avec lequel il a frappé, tué et [] beaucoup de lézards d’eau, de [] is, de serpents, de scorpions, et d’autres kharfastars. »

Chapitre 61

Puis je vis les âmes de darvands qui avalaient et évacuaient, pus avalaient et évacuaient de nouveau.

Je demandai : « Quelles sont ces âmes? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ces âmes sont celles des darvands qui pendant leur vie n’ont pas cru au ciel et ont été ingrats envers la Loi du Créateur Auhrmazd ; ils ont douté du bonheur qui est dans le Paradis et du malheur qui est en Enfer, de la venue de la résurrection et de la vie future. »

Chapitre 62

Puis je vis l’âme d’une femme qui se déchirait la poitrine et les seins avec une fourche de fer.

Je demandai : « Cette personne, quel péché a-t-elle commis, pour que son âme subisse un si grave châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette âme est celle de la femme darvande qui pendant sa vie a méprisé et dédaigné son mari et maître ; et criminellement, s’est prostituée à d’autres hommes. »

Chapitre 63

Je vis ensuite l’âme d’une femme qui léchait avec sa langue une poêle chaude, et qui se brûlait la main sous cette poêle.

Je demandai : « Quel péché a-t-elle commis, pour que son âme subisse un si grave châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « Cette âme est celle de la femme darvande qui pendant sa vie a répliqué à son mari et maître pour se justifier et a eu une langue de chien, elle a été désobéissante et ne s’est point prêtée à son désir amoureux ; elle a volé de l’argent à son mari et a thésaurisé pour elle-même en cachette. »

Chapitre 64

Puis je vis l’âme d’une femme qui allait et venait pleurant et se lamentant ; et il lui tombait sur la tête de la grêle et de la neige, et sous ses pieds coulait de l’airain chaud, en fusion, et elle se lacérait la tête et le visage avec un couteau.

Je demandai : Cette personne, quel péché a-t-elle commis, pour que son âme subisse un si cruel châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette âme est celle de la femme darvande qui est devenue enceinte par une conduite criminelle, du fait d’autres hommes, et qui a fait périr son enfant. Sous l’influence de la douleur et du châtiment qu’elle endure, elle croit entendre les cris de cet enfant, et elle accourt ; et la course lui semble aussi pénible que si elle marchait sur de l’airain brûlant : elle entend les cris de cet enfant et elle se déchire la tête et le visage avec an couteau ; et elle cherche son enfant; mais elle ne le voit point. Tel est le châtiment qu’il faut qu’elle subisse jusqu’à la résurrection. »

Chapitre 65

Alors je vis les âmes de quelques damnés à qui l’on jetait sur la poitrine de la boue et des ordures, et on leur passait sur les pieds et les autres membres une scie aigue ; ils appelaient leurs père et mère.

Je demandai : « Ces âmes de qui sont-elles, et quel péché ont commis ceux dont les âmes subissent un si grave châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes des méchants qui pendant leur vie ont affligé leurs père et mère, et qui n’ont point de leur vivant demandé pardon et miséricorde à leurs parents. »

Chapitre 66

Puis je vis l’âme d’un homme et d’une femme dont la langue retombait *pendante$, et dont les serpents dévoraient la bouche.

Je demandai : « Ceux-là quel péché ont-ils commis, et quelles âmes sont celles-là ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me ré-pondirent : « Ces âmes sont celles de ceux qui pendant leur vie commettaient la médisance et jetaient la division parmi les hommes. »

Chapitre 67

Puis je vis l’âme d’un homme qui était suspendu par un pied dans les ténèbres de l’Enfer, et il tenait à la main une scie de fer dont il se coupait la poitrine et les épaules, et on lui enfonçait un clou de fer dans les yeux.

Je demandai : « Cette âme de qui est-elle ; et quel péché a-t-elle commis ? »

« Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui avait la juridiction d’un pays ; et qui n’a ni fait ni commandé de faire ce qu’il était juste de faire et d’ordonner, et qui a tenu les poids et les mesures de capacité et de longueur insuffisantes ; et il n’a point écouté les plaintes des pauvres et des marchands de caravanes. »

Chapitre 68

Puis je vis l’âme d’un homme et d’une femme que l’on menait l’homme en Pa-radis et la femme en Enfer. Et la femme jetait les mains dans la ceinture et le costi de cet homme, et lui disait : « Comment se fait-il que, tandis que pendant notre vie nous avons été ensemble pour tout le bien que nous avons fait, maintenant on te porte au Paradis et moi en Enfer ? »

Et cet homme répondait : « Cest parce que j’ai accueilli les gens pieux, méritants et pauvres et leur ai fait la charité; et ai accompli bonnes pensées, bonnes paroles et bonnes actions ; que j’ai toujours eu l’esprit plein de la pensée des Izeds, et que j’ai méprisé les démons, et que j’ai cru fermement à la bonne Loi des Mazdayasnéens ; tandis que toi, tu as méprisé les gens pieux, pauvres, méritants et gens de caravanes ; tu as dédaigné les Izeds et adoré les idoles, tu as commis mauvaises pensées, mauvaises paroles et mauvaises actions, et tu as cru obstinément à la Loi d’Ahriman et des démons. »

Et cette femme disait ensuite à cet homme : « Pendant la vie, ta personne tout entière était sur la mienne un maître et un roi, ma personne, mon âme et ma vie t’appartenaient ; et ma nourriture et mon habillement, tout me venait de toi ; mais pourquoi n’ai-je point été punie et corrigée alors, pourquoi alors ne m’as-tu pas enseigné et expliqué le bien et la vertu, pour qu’ensuite je pratiquasse le bien et la vertu, au moins je n’aurais point à supporter aujourd’hui ces maux pour mes péchés. »

Puis cet homme alla au Paradis et cette femme en Enfer. Et cette femme à cause de ce repentir n’eut point à souffrir d’autre opposition en Enfer que les ténèbres et l’air fétide. Et cet homme, pour n’avoir point converti et instruit au bien cette femme qui était venue *par le mariage$ en sa possession, s’assit dans le Paradis parmi les justes, mais couvert de confusion.

Chapitre 69

Ensuite je vis des âmes de femmes à qui l’on enfonçait une cheville de bois dans les deux yeux, et qui étaient pendues par un pied la tête en bas : un grand nombre de crapauds (vak), de scorpions, de serpents, de fourmis, de mouches, de vers et d’autres kharfastars leur pénétraient dans la bouche, le nez, les oreilles, l’anus et les organes sexuels.

Je demandai : « Ces âmes à qui sont-elles et quels péché ont donc commis *ces femmes$ que leurs âmes subissent un si *douloureux$ châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « Ce sont les âmes des femmes perverses qui, dans le monde physique, eurent un mari et cependant ont couché avec d’autres hommes et se sont livrées à eux, elles ont profané la couche de l’époux et fait tort au mari.

Chapitre 70

Puis je vis des âmes de femmes renversées sur le dos : des hérissons avec leurs piquants, semblables à des pointes de fer, les déchiraient, et ces piquants pénétraient dans leurs corps et en ressortaient, et de la semence de dêvs et de droudjes, chose de ténèbres et d’infection, leur tombait, épaisse d’un doigt, dans la bouche et le nez.

Je demandai : « Quelles sont ces âmes ? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes des femmes darvandes qui pendant leur vie ont menti à la foi conjugale, qui ont repoussé leurs maris et n’ayant pour eux que de la répugnance ont refusé de se prêter à leurs désirs. »

Chapitre 71

Puis je vis l’âme d’un homme que mordaient et dévoraient des serpents mîvuk dans ses dieux yeux, serpents et vers déposaient leurs excréments, et un clou de fer était fiché dans sa langue.

Je demandai : « Quel est cet homme dont l’âme est ici ? »

Le saint Sérôche et Atar l’Ized me répondirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui a commis souvent la pédérastie et qui, par concupiscence, a forniqué avec la femme d’autrui après l’avoir séduite par de mielleuses paroles et égarée et détachée de son mari. »

Chapitre 72

Puis je vis des âmes de femmes qui mangeaient leurs règles.

Je demandai : « À qui sont ces âmes? » Le saint Sérôche et Atar l’Ized me répondirent : « Ce sont les âmes de ces femmes darvandes qui pendant les règles ne se sont point observées et ont offensé l’eau, le feu, la terre de Spandarmat et Khordat et Amurdat, et ont levé leurs regards impurs sur le ciel, le soleil et la lune, et ont porté atteinte au bœuf et au mouton par leur impureté mensuelle et ont souillé l’homme pur. »

Chapitre 73

Puis je vis des âmes de femmes qui évacuaient du sang et des excréments sur une épaisseur de dix doigts et les avalaient, et dont les yeux étaient envahis par la vermine.

Je demandai : « Quelles sont ces âmes ? » Le saint Sérôche et Atar me répondirent : « Ce sont les âmes de ces femmes darvandes qui embellissaient leurs visages et se paraient de cheveux postiches et qui enchaînaient les regards des Izeds et des hommes. »

Chapitre 74

Puis je vis des âmes de gens qui étaient pendus la tête en bas par un pied et qui avaient un poignard enfoncé dans le cœur. Je demandai : « Qui sont ces âmes ? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes des darvands qui ont illégalement pendant leur vie tué et égorgé des animaux domestiques, bœufs et moutons. »

Chapitre 75

Puis je vis des âmes renversées sous les pieds des taureaux qui les frappaient de leurs cornes, leur déchiraient le ventre et leur brisaient les os et elles poussaient des gémissements et des cris de douleur.

Je demandai : « Qui sont ces damnés ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar répondirent : « Ce sont les âmes de darvands qui pendant leur vie ont fermé la bouche à la bête de somme et au bœuf de labour ; et qui pendant la chaleur ne leur ont pas donné d’eau, et les ont fait travailler quoique ayant faim et soif. »

Chapitre 76

Puis je vis des âmes de femmes qui se coupaient les seins avec les ongles de leurs mains et leurs dents ; des chiens leur mordaient et leur dévoraient le ventre ; et elles avaient les deux pieds sur de l’airain en fusion.

Je demandai : « De qui ces âmes sont-elles ; et quel péché ont elles commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ce sont les âmes de femmes darvandes qui pendant leur vie ont préparé les aliments alors qu’elles avaient leurs règles et les ont servis à l’homme pur et les leur ont fait manger; et elles interrogaient la sorcellerie, et elles ont affligé la terre de Spandarmat et l’homme pur. »

Chapitre 77

Puis je vis des âmes qui portaient des blessures au dos, aux mains et aux pieds, et qui étaient suspendues, l’anus dans de l’airain *fondu$ ; et de lourdes pierres leur pleuvaient sur le dos.

Je demandai : « Celles-là, qui sont-elles et quel péché ont-elles commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent: « Ce sont les âmes de darvands qui pendant leur vie avaient des bêtes de somme, leur imposaient de rudes travaux, les accablaient de fardeaux trop lourds, ne leur donnaient pas à manger tout leur soûl et les laissaient tomber d’inanition, et quand ces animaux se blessaient, il ne leur faisaient point quitter le travail et ne les soignaient pas. Maintenant il faut que ces darvands subissent ce châtiment. »

Chapitre 78

Je vis ensuite l’âme d’une femme qui, de ses seins, creusait une montagne de fer ; et de ce côté de la montagne partaient les cris d’un enfant qui pleurait ; mais l’enfant ne venait pas à la mère ni la mère à l’enfant.

Je demandai : « Qui est cette femme? » Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette âme est celle de la femme darvand qui dans l’autre vie conçut, non de son mari, mais d’un autre homme, et qui dit : « Je n’ai pas conçu », mais qui a tué son enfant. »

Chapitre 79

Puis je vis l’âme d’un homme qui avait les deux yeux crevés et la langue coupée, et il était suspendu par un pied à l’Enfer, on lui lacérait le corps avec les deux dents d’airain d’une fourche, et il avait un clou de fer enfoncé dans la tête.

« Qui est cet homme ? demandai-je, et quelle faute a-t-il commise ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette âme est celle de l’homme pervers qui, pendant sa vie, a rendu une justice mensongère, il s’est laissé corrompre et a prononcé des arrêts de mensonge. »

Chapitre 80

Je vis ensuite plusieurs âmes qui étaient pendues dans l’Enfer la tête en bas; on leur introduisait dans la bouche du sang, des impuretés et de la moelle humaine, et on leur versait des excréments dans le nez, en leur criant : nous vous donnons la bonne mesure.

Je demandai : « Qui sont ces individus et quelles fautes ont-ils commises ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ces âmes sont celles de pervers qui, de leur vivant, ne donnaient jamais le poids juste, qui fraudaient sur le boisseau ou autre petite mesure, et vendaient au public *en le trompant ainsi.$ »

Chapitre 81

Puis je vis l’âme d’une femme qui avait la langue coupée et les yeux arrachés ; les serpents, les scorpions, les vers et d’autres animaux nuisibles lui rongeaient la cervelle, lui déchiraient sans relâche le corps de leurs morsures et dévoraient sa chair.

Je demandai quelle personne c’était et quels étaient ses péchés.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « C’est l’âme de la femme darvande qui, de son vivant, a été une prostituée, elle a perpétré force sortilèges et a causé bien des maux. »

Chapitre 82

Je vis l’âme d’une femme dont la langue était fendue.

Je demandai quels péchés avait faits cette femme.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « C’est l’âme de la femme perverse dont la langue, dans le monde des vivants, a été trop affilée, et qui, par sa langue, a beaucoup tourmenté son mari et maître. »

Chapitre 83

Je vis alors l’âme d’une femme qui avalait ses propres impuretés.

Je demandai : « Cette femme, quel péché a-t-elle commis ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Cette âme est celle de la femme darvande qui, de son vivant, a, en cachette de son mari, mangé beaucoup de viande et en a donné à d’autres. »

Chapitre 84

Je vis l’âme d’une femme à qui l’on coupait les seins ; on lui déchirait les entrailles, et ses intestins étaient jetés aux chiens.

Je demandai quel était le crime de cette femme.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent ; « Cette âme est celle de la femme perverse qui, de son vivant, a tenu du poison et de l’huile opiacée (apiyounkart) et en a donné aux gens à manger. »

Chapitre 85

Puis je vis l’âme d’une femme que l’on enveloppait d’une peau de fer, on lui tenait la bouche ouverte et on la mettait au-dessus d’un réchaud allumé.

Je demandai pour quel péché l’âme de cette femme était là.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Cette âme est celle de la femme perverse qui sur la terre était la femme d’un homme bien pensant et sage, et elle, elle a menti à la foi de son mari pour coucher avec l’homme coupable et mal pensant. »

Chapitre 86

Je vis alors l’âme d’une femme par le corps de laquelle entrait un serpent effrayant qui lui ressortait par la bouche.

Je demandai : « Quel péché a commis son corps pour que l’âme subisse un si rigoureux châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Cette âme est celle de la femme damnée qui a détruit le mariage consanguin. »

Chapitre 87

Je vis ensuite l’âme d’une femme qui se déchirait le corps et le visage avec un rasoir de fer et qui de ses seins creusait une montagne d’airain.

Je demandai quel péché avait commis cette femme.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me rédirent : « Cette âme appartient à la femme perverse qui durant sa vie a commis des méfaits : par cupidité elle n’a point donne de lait à son enfant. Et maintenant elle crie : « Là je vais creuser cette montagne et j’allaiterai mon enfant. » Mais maintenant jusqu’à la résurrection, cet enfant ne ne viendra pas à elle. »

Chapitre 88

Puis je vis l’âme d’un homme qui était pendu à une potence la tête en bas et qui éjaculait : sa semence lui retombait dans la bouche, dans les oreilles et les narines.

Je demandai : « Quel crime a donc commis cet individu pour que son âme subisse un châtiment aussi rigoureux? » Le saint Sérôche et l’Ized Atard me dirent : « Cette âme est celle de l’homme pervers qui dans le monde physique a commis la fornication, qui a séduit la femme d’autrui et l’a égarée. »

Chapitre 89

Je vis ensuite les âmes de gens qui, dans l’Enfer, étaient dans un tel état de faiblesse qu’ils avaient les côtes collées les unes sur les autres et que leurs flancs se rejoignaient ; ils criaient de soif, de faim, de froid et de chaud, et des bêtes malfaisantes leur déchiraient le dessus des pieds et les autres membres.

Je demandai : « Ces gens quels péchés ont-ils commis pour que leurs âmes subissent un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ces âmes appartiennent à des pervers qui, sur terre, se sont privés eux-mêmes de nourriture et de vêtements, n’ont rien donné aux bons et aux dignes et n’ont fait aucune largesse, et qui se sont laissés eux-mêmes ainsi que les hommes qui se trouvaient sous leurs ordres, avec la soif et la faim et sans vêtements, et ils ont enduré le froid, le chaud, la faim et la soif ; ils sont morts laissant aujourd’hui du bien à d’autres, et maintenant les voici qui endurent ce douloureux châtiment en punition de leur conduite. »

Chapitre 90

Ensuite je vis les âmes de gens que des serpents mordaient et dont ils dévoraient la langue.

Je demandai : « quels péchés ont commis ceux-ci dont les âmes subissent un si grave châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized-Atar me répondirent: « Ces âmes sont celles de menteurs et de diseurs de faussetés qui, dans le monde des vivants, ont dit force faussetés, mensonges et paroles fallacieuses. »

Chapitre 91

[]

Chapitre 92

Alors je vis les âmes de gens à qui on avait enfoncé un clou de bois dans les yeux.

Je demandai quels péchés avaient commis ces individus, dont les âmes subissaient un si cruel châtiment.

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me répondirent : « Ces âmes sont celles de gens malveillants qui ont repoussé le bien loin des hommes. »

Chapitre 93

Je vis les âmes de gens qui, dans l’enfer, étaient renversés la tête en bas ; par dessous, ils recevaient de la fumée et de la chaleur et par dessus un vent froid.

Je demandai : « Ces individus, quels péchés ont-ils faits, eux dont les âmes subissent un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Ces âmes sont celles de gens qui, de leur vivant, ne donnaient ni lieu ni khân aux marchands des caravanes, ni auberge, ni gîte, ni four à cuire, ou s’ils en donnaient, ils se le faisaient payer. »

Chapitre 94

Puis je vis des âmes de femmes qui avaient posé avec leurs mains leurs seins sur un réchaud allumé et les retournaient d’un côté sur l’autre.

Je demandai : « Ces femmes, quels péchés ont-elles faits pour que leurs âmes subissent un aussi sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Ces âmes sont celles de femmes qui n’ont pas allaité leurs propres enfants et les ont laissé maigrir et dépérir, et qui, pour un gain terrestre, ont donné leur lait aux enfants des autres. »

Chapitre 95

[]

Chapitre 96

Puis je vis l’âme d’un homme qui avait la langue coupée et que l’on traînait par les cheveux, on lui semait du nesâi et on le lui mesurait au boisseau.

Je demandai : « Cet homme, quel péché a-t-il, que son âme subisse un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar dirent : « C’est l’âme de l’homme darvand qui, de son vivant, prit de la semence et se dit : « Je vais la semer », mais ne l’a pas semée, et l’a mangée, et a ainsi frustré la terre de Spandarmat. »

Chapitre 97

Puis je vis l’âme d’un homme et celle d’une femme qui avaient la langue coupée.

Je demandai : « Quels péchés ont commis les corps dont les âmes subissent un si sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar dirent : « Cet homme et cette femme dont voici les âmes damnées, de leur vivant ont dit beaucoup de mensonges et de faussetés, et ont frustré leur propre âme. »

Chapitre 98

Puis je vis lame d’une femme et celle d’un homme qui évacuaient puis remangeaient leurs excréments.

Je demandai : « Quel péché ont donc pu commettre les corps dont les âmes souffrent un aussi sévère châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar dirent : « Cet homme et cette femme sont des méchants qui de leur vivant ont mangé du nasai en culpabilité ; qui ont tué le bièvre aquatique dans l’eau et ont frappé et détruit d’autres créatures d’Ormazd. »

Chapitre 99

Je vis encore beaucoup d’âmes de damnés, hommes et femmes, qui enduraient dans l’enfer terrible, effroyable, plein de tourments, fécond en douleurs et ténébreux, des supplices et des châtiments de toute sorte.

Alors je vis les âmes qui avaient la langue déchirée par une cheville de bois, la tête en bas elles descendaient en enfer, et les démons leur labouraient le corps avec un peigne de fer.

Je demandai : « De qui sont ces âmes? Et quels péchés ont-elles commis pour subir un aussi grave châtiment ? »

Le saint Sérôche et l’Ized Atar me dirent : « Ce sont les âmes de damnés qui de leur vivant ont désobéi à leurs rois, et qui se sont insurgés contre les soldats et les troupes des rois. Maintenant ils ont [] peines, ces tourments et ces [] sévères. »

Chapitre 100

Puis je vis Ahriman, le meurtrier, le destructeur des êtres corporels, qui suit la loi du mal, je l’ai vu en Enfer prodiguer l’outrage et la raillerie aux damnés en parole et en action : « Pourquoi, leur disait-il, mangiez-vous le pain d’Ormazd, et accomplissiez-vous mes œuvres? Pourquoi ne pensiez-vous pas à votre Créateur et exerciez-vous ma volonté ? » Tels étaient les sarcasmes dont il accablait les damnés.

Chapitre 101

Puis le saint Sérôche et l’Ized Atar me prirent par la main, m’emmenèrent hors de ce lieu ténébreux, effrayant, terrible, et me portèrent à la lumière infinie et à l’assemblée dOrmazd et des Amchaspands.

Je voulus alors rendre hommage à Ormazd, mais lui se montrant affable, me dit : « Serviteur modèle, ô toi, saint Ardâ Virâf, messager des Mazdayasniens, retourne dans le monde physique ; redis exactement aux mortels ce que tu as vu et appris : car moi qui suis Ormazd, je suis avec toi ; tous ceux qui parlent vrai et juste, je les connais, dis-le aux sages. »

Et quand Ormazd eut parlé de cette sorte, je restai étonné ; car je voyais de la lumière, mais je ne voyais pas de corps, et j’avais entendu une voix : je compris que c’était Ormazd.

Alors le créateur Ormazd, le plus bienfaisant des Génies célestes, ajouta : « Dis, toi Arda Viraf, aux Mazdayasniens du monde physique *ces mots$ : « Il n’y a qu’une voie de sainteté, c’est la voie de la Foi primitive, et toutes les autres a voies ne sont pas des voies : prenez l’unique voie de la sainteté et ne vous en écartez ni en largeur, ni en étroitesse, ni en aucune voie que ce soit ; pratiquez la bonne pensée, la bonne parole, la bonne action; restez dans cette même Loi qu’a reçue de moi le Spitaman Zoroastre et qu’a propagée dans le monde Vichtâspe ; observez « la loi du bien, abstenez-vous du mal. Sachez encore ceci que poussière est le bœuf, poussière est le cheval, poussière est l’or et l’argent, poussière est le corps humain ; celui-là seul ne retournera pas en poussière, qui loue la sainteté et accomplit des devoirs et des bonnes œuvres. » Toi vertueux Arta Virâf va et sois heureux : car toute pureté et ablution que vous pratiquez et observez, tout quand vous l’observez légalement, pure purification et consécration, quand vous les accomplissez de la même façon, la pensée pleine de Dieu, tout cela je le sais. »

Et lorsque j’eus entendu ces paroles, je m’inclinai profondément devant le créateur Ormazd. Puis le saint Sérôche me reconduisit victorieusement et vaillamment jusqu’à cette couche.

Que victorieuse soit la majesté de la Bonne Loi des Mazdavasniens.

Terminé en joie, plaisir et salut.