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La Clavicule🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf absente Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
Clavicula


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
𝔏 Raymond Lullepubl. 1579Littératurepubl. Cologne (Allemagne)AlchimieNon applicable

🕮 Bosc, ref.1176,1183 : Raymonde Lulle nous informe qu’il est absolument nécessaire de bien connaître ses clavicules pour comprendre parfaitement ce qu’il a écrit sur la philosophie hermétique..

🕮 Caillet, ref.6848 : Ouvrage de R.Lulle qu’il ne faut pas confondre avec la Clavicule de la Science hermétique du même auteur, ni avec son Art de Mémoire que l’on trouve dans les œuvres de J.Belot.

🕮 Dorbon-Aîné, ref.2789.

🕮 Guaita, ref.665 : Ouvrage de R. Lulle qu’il ne faut confondre ni avec la Clavicule de la Science hermétique du même auteur, ni avec son Art de Mémoire que l’on trouve dans les œuvres de J. Belot.

🕮 Lenglet Du Fresnoy, ref.464:12,39 : Raymond Lulle assure lui-même que ce traité est nécessaire pour bien entendre ce qu’il a écrit sur la philosophie hermétique : cependant quand on l’a lu, on n’en sait pas beaucoup plus qu’auparavant..

🕮 Ouvaroff, ref.777.

🕮 Sepher, ref.3380.


Texte et traduction : du latin au français, Albert Poisson in Cinq traités d’Alchimie des plus grands philosophes, 1899. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

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Traité connu aussi sous le nom de Clef universelle, dans lequel on trouvera clairement indiqué tout ce qui est nécessaire pour parfaire le Grand Œuvre.

Nous avons appelé cet ouvrage Clavicule, parce que sans lui, il est impossible de comprendre nos autres livres, dont l’ensemble embrasse l’Art tout entier, car nos paroles sont obscures pour les ignorants.

J’ai fait beaucoup de traités, très étendus, mais divisés et obscurs, comme on peut le voir par le Testament, où je parle des principes de la nature et de tout ce qui a trait à l’art, mais le texte a été soumis au marteau de la Philosophie. De même pour mon livre du Mercure des philosophes, au second chapitre : de la fécondité des minières physiques, de même pour mon livre de la Quintessence de l’or et de l’argent, de même enfin pour tous mes autres ouvrages où l’art est traité d’une manière complète, sauf que j’ai toujours caché le secret principal. Or, sans ce secret nul ne peut entrer dans les mines des philosophes et faire quelque chose d’utile, c’est pourquoi avec l’aide et la permission du Très Haut auquel il a plu me révéler le Grand Œuvre, je traiterai ici de l’Art sans aucune fiction. Mais gardez-vous de révéler ce secret aux méchants ; ne le communiquez qu’à vos amis intimes, quoique vous ne dussiez le révéler à personne, parce que c’est un don de Dieu qui en fait présent à qui lui semble bon. Celui qui le possédera, aura un. trésor éternel.

Apprenez donc à purifier le parfait par l’imparfait. Le Soleil est le père de tous les métaux et la Lune est leur mère, quoique la Lune reçoive sa lumière du Soleil. De ces deux planètes dépend le magistère tout entier.

D’après Avicenne, les métaux ne peuvent être transmués qu’après avoir été ramenés à leur matière première, ce qui est vrai. Il te faudra donc réduire d’abord les métaux en Mercure ; mais je n’entends pas ici le mercure vulgaire, volatil, je parle du Mercure fixe ; car le mercure vulgaire est volatil, plein d’une froideur flegmatique, il est indispensable qu’il soit réduit par le Mercure fixe, plus chaud, plus sec, doué de qualités contraires à celles du mercure vulgaire.

C’est pourquoi je vous conseille, ô mes amis, de n’opérer sur le Soleil et la Lune qu’après les avoir ramènes à leur matière première qui est le soufre et le Mercure des philosophes.

O mes enfants, apprenez à vous servir de cette matière vénérable, car je vous en avertis sous la foi du serment, si vous ne tirez le Mercure de ces deux métaux, vous travaillerez comme des aveugles, dans l’obscurité et dans le doute. C’est pourquoi, ô mes fils, je vous conjure de marcher vers la lumière, les yeux ouverts et de ne pas tomber en aveugles dans le gouffre de perdition.

CHAPITRE l
DIFFÉRENCES DU MERCURE VULGAIRE ET DU MERCURE PHYSIQUE.

Nous disons : le mercure vulgaire ne peut pas être le Mercure des Philosophes, par quelqu’artifice qu’on l’ait préparé ; car le mercure vulgaire ne peut tenir au feu qu’à l’aide d’un Mercure étranger corporel qui soit chaud, sec, et plus digéré que lui. C’est pourquoi je dis que notre Mercure physique est d’une nature plus chaude et plus fixée que le mercure vulgaire. Notre Mercure corporel se convertit en mercure coulant, ne mouillant pas les doigts ; quand il est joint au mercure vulgaire, ils s’unissent et se joignent si bien à l’aide d’un lien d’amour, qu’il est impossible de les séparer l’un de l’autre, de même de l’eau mêlée à de l’eau. Telle est la loi de la nature. Notre Mercure pénètre le mercure vulgaire et se mêle à lui en desséchant son humidité flegmatique, lui enlevant sa froideur, ce qui le rend noir comme du charbon et le fait enfin tomber en poussière.

Remarque bien que le mercure vulgaire ne peut être employé à la place de notre Mercure physique, lequel possède la chaleur naturelle au degré voulu ; c’est même pour cela que notre Mercure communique sa propre nature au mercure vulgaire.

Bien plus, notre Mercure, après sa transmutation, change les métaux en métal pur, c’est-à-dire en Soleil et en Lune, ainsi que nous l’avons démontré dans la seconde partie de notre Pratique. Mais il fait quelque chose de plus remarquable encore, il change le mercure vulgaire en Médecine pouvant transmuer les métaux imparfaits en parfaits. Il change le mercure vulgaire en vrai Soleil et en vraie Lune, meilleurs que ceux qui sortent de la mine. Notez encore que notre Mercure physique peut transmuer cent marcs et plus, à l’infini, tout ce que l’on aura, de mercure ordinaire, à moins que celui-ci ne vienne à manquer.

Je veux aussi que vous sachiez autre chose, le Mercure ne se mélange pas facilement et jamais parfaitement à d’autres corps, si ceux-ci n’ont été auparavant ramenés à son espèce naturelle. C’est pourquoi lorsque tu voudras unir le Mercure au Soleil ou à la Lune du vulgaire, il te faudra d’abord ramener ces métaux à leur espèce naturelle qui est le mercure ordinaire, cela à l’aide du lien d’amour naturel ; alors le mâle s’unit à la femelle. Aussi notre Mercure est-il actif, chaud et sec, tandis que le mercure vulgaire est froid, humide, passif comme la femelle qui est retenue à la maison dans une chaleur tempérée jusqu’à l’obumbration. Alors ces deux mercures deviennent noirs comme charbon ; c’est là le secret delà vraie dissolution. Puis ils se joignent entre eux de telle sorte qu’il devient impossible de les séparer jamais. Ils se présentent alors sous forme d’une poudre très blanche, et ils engendrent des enfants mâles et femelles par le vrai l’en d’amour. Ces enfants se multiplieront à- l’infini selon leur espèce ; car d’une once de cette poudre, poudre de projection, élixir blanc ou rouge, tu feras des Soleils en nombre infini et tu transmueras en Lune toute espèce de métal sorti d’une mine.

CHAPITRE II
EXTRACTION DU MERCURE DU CORPS PARFAIT.

Prends une once de chaux de Lune coupellée, calcine-la selon la façon décrite à la fin de notre ouvrage sur le Magistère. Cette chaux sera ensuite réduite en poudre fine sur une plaque de porphyre. Tu imbiberas cette poudre, deux trois, quatre fois par jour avec de la bonne huile de tartre préparée de la manière décrite à la fin de cet ouvrage ; puis tu feras sécher au soleil. Tu continueras ainsi jusqu’à ce que ladite chaux ait absorbé quatre ou cinq parties d’huile, la quantité de chaux étant prise pour unité ; tu pulvériseras la poudre sur le porphyre comme il a été dit, après l’avoir desséchée, car alors elle se réduit plus facilement en poudre. Lorsqu’elle aura été bien porphyrisée, on l’introduira dans un matras à long col. Vous y ajouterez de notre menstrue puant fait avec deux parties de vitriol rouge et une partie de salpêtre ; vous aurez auparavant distillé ce menstrue par sept fois et vous l’aurez bien rectifié en le séparant de ses impuretés terreuses, si bien qu’à la fin ce menstrue soit complètement essentiel.

Alors on lutera parfaitement le matras, on le mettra au feu de cendres, avec quelques charbons, jusqu’à ce que l’on voie la matière bouillir et se dissoudre. Enfin l’on distillera sur les cendres jusqu’à ce que tout le menstrue ait passé et l’on attendra que la matière soit froide. Quand le vase sera complètement refroidi, on l’ouvrira, et la matière sera placée dans un autre vase bien propre muni de son chapiteau parfaitement luté. On placera le tout sur des cendres dans un fourneau. Le lut étant sec, on chauffera d’abord doucement jusqu’à ce que toute l’eau de la matière sur laquelle on opère ait passé dans le récipient. Puis on augmente le feu pour dessécher complètement la matière et exalter les esprits puants qui passeront dans le chapiteau et da là dans le récipient. Lorsque vous verrez l’opération arrivée à ce point, vous laisserez refroidir le vaisseau en diminuant peu à peu le feu. Le vase étant froid, vous en retirerez la matière que vous réduirez en poudre subtile sur le porphyre. Vous mettrez la poudre impalpable ainsi obtenue dans un vase de terre bien cuit et bien vitrifié. Puis vous verserez par dessus de l’eau ordinaire bouillante, en remuant avec un bâton propre, jusqu’à ce que le mélange soit épais comme de la moutarde. Remuez bien avec la baguette jusqu’à ce que vous voyiez apparaître quelques globules de mercure dans la matière ; il y en aura bientôt une assez grande quantité selon ce que vous aurez employé de corps parfait, c’est-à-dire de Lune. Et jusqu’à ce que vous en ayez uns grande quantité, versez de temps en temps de l’eau bouillante et remuez jusqu’à ce que toute la matière se réduise en un corps semblable au mercure vulgaire. On enlèvera les impuretés terreuses avec de l’eau froide, on séchera sur un linge, on passera à travers une peau de chamois. Et alors vous verrez des choses admirables.

CHAPITRE III
DE LA MULTIPLICATION DE NOTRE MERCURE.

Au nom du Seigneur. Amen.

Prenez trois gros de Lune pure en lamelles ténues ; faites-en un amalgame avec quatre gros de mercure vulgaire bien lavé. Quand l’amalgame sera fait vous le mettrez dans un petit matras ayant un col d’un pied et demi.

Prenez ensuite notre Mercure extrait ci-dessus du corps lunaire, et mettez-le sur l’amalgame fait avec le corps parfait et le mercure vulgaire ; lutez le vase avec le meilleur lut possible et faites sécher. Ceci fait, agitez fortement le matras pour bien mélanger l’amalgame et le mercure. Puis placez le vase où se trouve la matière dans un petit fourneau sur un feu de quelques charbons seulement ; la chaleur du feu ne doit pas être supérieure à celle du soleil lorsqu’il est dans le signe du lion. Une chaleur plus forte détruirait votre matière ; aussi continuez ce degré de feu jusqu’à ce que la matière devienne noire comme du charbon et épaisse comme de la bouillie. Maintenez la même température jusqu’au moment où la matière prendra une couleur gris sombre ; lorsque le gris apparaîtra, on augmentera le feu d’un degré et il sera deux fois plus fort ; on le maintiendra ainsi jusqu’à ce que la matière commence à blanchir et devienne d’une blancheur éclatante. On augmentera le feu d’un degré et l’on maintiendra ce troisième degré jusqu’à ce que la matière devienne plus blanche que la neige et soit réduite en poudre plus blanche et plus pure que la cendre. Vous aurez alors la Chaux vive des Philosophes et sa minière sulfureuse que les Philosophes ont si bien cachées.

CHAPITRE IV
PROPRIÉTÉ DE LA CHAUX DES PHILOSOPHES.

Cette Chaux convertit une quantité infinie de mercure vulgaire en une poudre très blanche qui peut être réduite en argent véritable quand on l’unit à quelqu’autre corps comme la Lune.

CHAPITRE V
MULTIPLICATION DE LA CHAUX DES PHILOSOPHES.

Prends le vaisseau avec la matière, ajoutes-y deux onces de mercure vulgaire bien lavé et sec ; luts avec soin, et remets le vaisseau où il était d’abord. Règle et gouverne le feu selon les degrés un, deux et trois comme ci-dessus, jusqu’à ce que le tout soit réduit en une poudre très blanche ; tu pourras ainsi augmenter ta Chaux à l’infini.

CHAPITRE VI
RÉDUCTION DE LA CHAUX VIVE EN VRAIE LUNE.

Ayant donc préparé une grande quantité de notre Chaux vive ou minière, prends un creuset neuf sans son couvercle ; mets-y une once de Lune pure et lorsque elle sera fondue, ajoutes-y quatre onces de ta poudre agglomérée en pilules. Ces petites boules pèsent chacune le quart d’une once. On les jette une à une sur la Lune en fusion, tout en continuant un feu violent jusqu’à ce que toutes les pilules soient fondues ; on augmente encore le feu pour que tout se mélange parfaitement ; enfin on coulera dans une lingotière.

Tu auras ainsi cinq onces d’argent fin, plus pur que le naturel ; tu pourras multiplier ta minière physique à ton gré.

CHAPITRE VII
DE NOTRE GRAND-ŒUVRE AU BLANC ET AU ROUGE.

Réduisez en Mercure, comme il a été dit plus haut votre Chaux vive tirée de la Lune. C’est là notre Mercure secret. Prenez donc quatre onces de notre chaux, extrayez le Mercure de la Lune comme vous l’avez fait plus haut. Vous recueillerez au moins trois onces de Mercure que vous mettrez dans un petit matras à long col comme il a été dit. Puis faites un amalgame d’une once de vrai Soleil avec trois onces de mercure vulgaire et mettez-le sur le Mercure de la Lune. Agitez fortement pour bien mélanger. Lutez le vaisseau avec soin et mettez-le dans le fourneau, en réglant le feu au premier, second et troisième degré.

Au premier degré, la matière deviendra noire comme du charbon ; on dit alors qu’il y a éclipse de Soleil et de Lune. C’est la véritable conjonction qui produit un enfant, le Soufre, plein d’un sang tempéré.

Après cette première opération, on continue par le feu du second degré jusqu’à ce que la matière soit grise. Puis on passe au troisième degré jusqu’au moment eu la matière apparaît parfaitement blanche. On augmente alors le feu jusqu’à ce que la matière devienne rouge comme du cinabre et soit réduite en cendres rouges. Tu pourras réduire cette Chaux en Soleil très pur, en faisant les mêmes opérations que pour la Lune.

CHAPITRE VIII
DE LA MANIÈRE DE CHANGER LA SUSDITE PIERRE EN UNE MÉDECINE QUI TRANSMUE TOUTE ESPÈCE DE MÉTAL EN VRAI SOLEIL ET VRAIE LUNE ET SURTOUT LE MERCURE VULGAIRE EN MÉTAL PLUS PUR QUE CELUI QUI SORT DES MINES.

Après sa première résolution notre Pierre multiplie cent parties de matière préparée, et après la seconde, mille. L’on multiplie en dissolvant, coagulant, sublimant, fixant notre matière qui peut ainsi s’accroître indéfiniment en quantité et en qualité.

Prenez donc de notre minière blanche, dissolvez-la dans notre menstrue puant, qui est appelé vinaigre blanc dans notre Testament, au chapitre où nous disons : " Prends du boa vin bien sec, mets-y la Lune, c’est-à-dire l’Eau verte et C, c’est-à-dire du Salpêtre... " Mais ne nous égarons pas ; prenez quatre onces de notre Chaux vive et faites dissoudre dans notre menstrue, vous la verrez se résoudre en eau verte. D’autre part dans treize onces de ce même menstrue puant vous dissoudrez quatre onces de mercure vulgaire bien lavé, et dès que la dissolution sera achevé, vous mélangerez les deux solutions ; mettez-les en un vase bien scellé, faites digérer au fumier de cheval pendant trente jours, puis distillez au bain-marie jusqu’à ce qu’il ne passe plus rien. Redistillez au feu de charbon afin d’extraire l’huile et alors la matière qui restera, sera noire. Prenez celle-ci et distillez pendant deux heures sur les cendres dans un petit fourneau. Le vase étant froid, ouvrez-le et versez-y l’eau qui a été distillée ci-dessus au bain-marie. Lavez bien la matière avec cette eau. Puis distillez le menstrue au bain-marie ; recueillez toute l’eau qui passera, joignez-la à l’huile et distillez sur les cendres, comme il a été dit. Recommencez cette opération jusqu’au moment eu la matière restera au fond du vaisseau, noire comme du charbon.

Fils de la science, tu auras alors la Tête de corbeau que les Philosophes ont tant cherchée, sans laquelle le Magistère ne peut exister. C’est pourquoi, ô mon Fils, remémore-toi la divine Cène de Nôtre Seigneur Jésus-Christ qui est mort, a été enseveli, et le troisième jour est revenu à la lumière sur la terre éternelle. Sache bien, ô mon Fils, que nul être ne peut vivra s’il n’est mort tout d’abord. Prends donc ton corps noir, calcine le dans le môme vaisseau pendant trois Jours, puis laisse refroidir.

Ouvre-le et tu trouveras une terre spongieuse et morte, que tu conserveras jusqu’à ce qu’il soit nécessaire d’unir le corps à l’âme.

Tu prendras l’eau qui a été distillée au bain-marie, cil la distilleras plusieurs fois de suite, jusqu’à ce qu’elle soit bien purifiée et réduite en une matière cristalline.

Imbibe donc ton corps qui est la Terre noire avec sa propre eau, l’arrosant peu à peu et chauffant le tout, jusqu’à ce que le corps devienne blanc et resplendissant. L’eau qui vivifie et qui clarifie a pénétré le corps. Le vaisseau ayant été luté, tu chaufferas violemment pendant douze heures, comme si tu voulais sublimer le mercure vulgaire. Le vase s’étant refroidi, tu l’ouvriras et tu y trouveras ta matière sublimée, blanche, c’est notre Terre Sigillée, c’est notre corps sublimé, élevé à une haute dignité, c’est notre Soufre, notre Mercure, notre Arsenic, avec lequel tu réchaufferas notre Or, c’est notre ferment, notre chaux vive et il engendre en soi Je Fils du feu qui est l’Amour des philosophes.

CHAPITRE IX
MULTIPLICATION DU SOUFRE SUSDIT.

Mets cette matière dans un fort matras et verse pardessus un amalgame fait avec la Chaux vive de la première opération, celle que nous réduisions en argent. Cet amalgame se fait avec trois parties de mercure vulgaire et une partie de notre Chaux ; vous mélangerez et vous chaufferez sur les cendres. Vous verrez la matière s’agiter, augmentez alors le feu et en quatre heures la matière deviendra sulfurée et très blanche. Lorsqu’elle aura été fixée, elle coagulera et fixera le Mercure ; une once de matière changera cent onces de Mercure en vraie Médecine ; elle opérera ensuite sur mille onces, et ainsi de suite à l’infini.

CHAPITRE X
FIXATION DU SOUFRE MULTIPLIÉ.

L’on prendra le soufre multiplié, on le placera dans un matras et l’on versera par-dessus l’huile qui avait été mise de côté lors de la séparation des éléments.

On versera de l’huile jusqu’à ce que le Soufre soit mou. Puis on mettra fondre sur les cendres, en chauffant au second et troisième degré, jusqu’à la blancheur inclusivement. Alors on ouvrira le vaisseau et l’on trouvera une plaque cristalline, blanche. Pour l’essayer, mets-en un fragment sur une plaque chaude, et s’il coule sans produire de fumée il est bon. Alors projettes-en une partie sur mille de mercure et celui-ci sera complètement transmué en Argent. Mais si la médecine avait été infusible et n’avait pas coulé, mets-la dans un creuset et verse dessus de l’huile, goutte à goutte, jusqu’à ce que la médecine coule comme de la cire, et alors elle sera parfaite et transmuera mille parties de mercure et plus à l’infini.

CHAPITRE XI
RÉDUCTION DE LA MÉDECINE BLANSCHE EN ÉLIXIR ROUGE.

Au nom du Seigneur, prends quatre onces de la lame susdite et dissous-la dans l’Eau de la Pierre, que tu as conservée. Lorsque la dissolution sera achevée, mets fermenter au bain-marie pendant neuf jours. Alors prends deux parties en poids de notre Chaux rouge et ajoute-les dans le vaisseau, tu mettras fermenter de nouveau neuf jours. Ensuite tu distilleras au bain-marie dans un alambic, puis sur les cendres, en réglant le feu au premier degré jusqu’au moment où la matière deviendra noire. C’est là notre seconde dissolution et notre seconde éclipse du Soleil avec la Lune, c’est là le signe de la vraie dissolution et de la conjonction du mâle avec la femelle.

Augmente le feu jusqu’au second degré, de façon que la matière devienne jaune. Ensuite on élèvera le feu au quatrième degré jusqu’à ce que la matière fonde comme de la cire et qu’elle soit d’une couleur hyacinthe. C’est alors une matière noble et une médecine royale qui guérit promptement toutes les maladies ; elle transmue toute espèce de métal en or pur meilleur que l’or naturel.

Maintenant rendons grâces au Sauveur glorieux qui dans la gloire des cieux règne un et trois dans l’éternité.

CHAPITRE XII
RÉSUMÉ DU MAGISTÈRE.

Nous avons démontré que tout ce que renferme ce traité est véritable, car nous avons vu de nos propres yeux, nous avons opéré nous-mêmes, nous avons touché de nos propres mains. Maintenant nous allons sans allégories et brièvement résumer notre Œuvre.

Nous prenons donc la Pierre que nous avons dite, nous la sublimons avec l’aide de la nature et de l’art, nous la réduisons en Mercure. À ce Mercure on ajoute le Corps blanc qui est d’une nature semblable, et on cuit jusqu’à ce qu’on ait préparé la vraie minière.

Cette minière se multipliera à votre gré. La matière sera de nouveau réduite en Mercure, que vous dissoudrez dans notre Menstrue jusqu’à ce que la Pierre devienne volatile et séparée de tous ses éléments. Enfin on purifiera parfaitement le corps et l’âme. Une chaleur naturelle et tempérée permettra ensuite de réussir la conjonction du corps et de l’âme. La Pierre deviendra minière ; on continuera le feu jusqu’à ce que la matière devienne blanche, nous l’appelons alors Soufre et Mercure des Philosophes ; c’est alors que par la violence du feu, le fixe devient volatil, en tant que le volatil se sera débarrassé de ses principes grossiers et se sera sublimé plus blanc que neige. On jettera ce qui reste au fond du vaisseau, car ce n’est bon à rien. Prenez alors notre Soufre qui est 1’huile dont on a déjà parlé et vous le multiplierez dans l’alambic jusqu’à ce qu’il soit réduit en une poudre plus blanche que neige. On fixera les poudres multipliées par la nature et par l’art, avec de l’Eau, jusqu’à ce qu’à l’essai par le feu, elles coulent sans fumée comme de la cire.

Il faut alors ajouter l’eau de la première solution ; tout s’étant dissous, on y mettra quelque chose de jaune qui est l’or, on unira et on distillera tout l’esprit. Enfin on chauffera au premier, second, troisième et quatrième degré jusqu’à ce que la chaleur fasse apparaître la vraie couleur hyacinthe, et que la matière fixe soit fusible. Tu projetteras cette matière sur mille parties de mercure vulgaire et il sera transmué en or fin.

CHAPITRE XIII
CALCINATION DE LA LUNE POUR L’ŒUVRE.

Prenez une once de Lune fine coupellée et trois onces de mercure. Amalgamez, en chauffant d’abord l’argent en lamelles dans un creuset et en y ajoutant ensuite le mercure ; remuez avec une baguette, tout en continuant à bien chauffer. On mettra ensuite cet amalgame dans du vinaigre avec du sel ; on broyera le tout avec un pilon dans un mortier de bois, tout en lavant et enlevant les impuretés. On cessera quand l’amalgame sera parfait. Puis on lavera avec de l’eau ordinaire chaude et limpide, puis on passera à travers un linge bien propre.

Ce qui restera sur le linge étant la partie la plus essentielle du corps, on le mélangera avec trois parties de sel, en broyant bien et en lavant. On calcinera enfin pendant douze heures. On recommencera à broyer avec du sel, et cela par trois fois, en renouvelant chaque fois le sel. Alors on pulvérisera la matière de manière à obtenir une poudre impalpable ; on lavera à l’eau chaude jusqu’à ce que toute saveur salée ait disparu. Enfin on passera à travers un filtre de coton, on desséchera, et l’on aura la Chaux blanche. On la mettra en réserve, pour s’en. servir lorsqu’on en aura besoin, de peur que l’humidité ne l’altère.

CHAPITRE XIV
PROCÉDÉ POUR PRÉPARER L’HUILE DE TARTRE.

Prenez du bon tartre, dont la cassure soit brillante, calcinez-le au fourneau à réverbère pendant dix heures ; ensuite vous le mettrez sur une plaque de marbre après l’avoir pulvérisé et vous le laisserez dans un lieu humide, il se résoudra en un liquide huileux. Lorsqu’il sera entièrement liquéfié, on le passera à travers un filtre de coton. Vous le conserverez soigneusement, il vous servira à imbiber votre chaux.

CHAPITRE XV
MENSTRUE PUANT POUR RÉDUIRE NOTRE CHAUX VIVE EN MERCURE, APRÈS L’AVOIR DISSOUTE LORSQU’ELLE AURA ETE DEJA IMBIBEE D’HUILE DE TARTRE.

Prenez deux livres de vitriol, une livre de salpêtre et trois onces de cinabre. On rougit le vitriol, on le pulvérise, puis on ajoute le salpêtre et le cinabre, on broyé toutes ces matières ensemble, et on met dans un appareil distillatoire bien luté.

On distille d’abord à feu lent, c’est de toute nécessité, comme le savent ceux qui ont fait cette opération. Cette eau distillera en abandonnant ses impuretés qui resteront au fond de la cucurbite et vous aurez ainsi cet excellent menstrue.

CHAPITRE XVI
AUTRE MENSTRUE POUR SERVIR DE DISSOLVANT A LA PIERRE.

Prenez trois livres de vitriol romain rouge, une livre de salpêtre, trois onces de cinabre, broyez toutes ces matières ensemble sur le marbre. Puis mettez-les dans un grand et solide matras, ajoutez-y de l’Eau-de-vie rectifiée sept fois, puis scellez parfaitement le vaisseau et mettez-le pendant quinze jours dans du fumier de cheval. Ensuite on distillera doucement pour que toute l’eau passe dans le récipient. Puis on augmentera le feu jusqu’à ce que le chapiteau soit porté au blanc ; on laissera ensuite refroidir. On enlèvera le récipient que l’on fermera parfaitement avec de la cire et on le conservera. Remarquez que ce menstrue doit être rectifié Sept fois, en rejetant chaque fois le résidu. Après cela seulement il sera bon pour l’œuvre.

FIN




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Version: 2.0
Maj : 29/11/2024