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La Naissance🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf absente Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Alexandre Saint-Yves d’Alveydrepubl. 1877Littératurepubl. FrancePoésieNon applicable

► On trouve cet article en préambule de l’ouvrage Testament Lyrique du même auteur. Il contient par ailleurs de nombreux poèmes de Saint-Yves.

🕮 Guaita, ref. 943 (Testament Lyrique) : Très curieux ouvrage de St-Yves d’Alveydre avant son mariage avec la Comtesse Marie de Keller. Il n’a pas été mis dans le commerce, et quelques exemplaires seulement ont été distribués aux plus proches parents de l’auteur […].


Texte : én. de La Naissance in Testament Lyrique, 1877. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

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Il est quelque chose d’aussi grave que la Mort : la Naissance.
La Vie est le sourire de la Nature ; la Naissance est le baiser qu’elle donne à l’âme humaine.
Respect à la Femme : la présence réelle de la Nature est en elle.
Ionah, la vertu plastique de la Nature, l’habite et s’y plaît.
Rouah, l’Esprit, l’Amour, descend du Ciel, se reposer et se jouer dans son cœur ; le grand secret de la Création lui sourit dans un enfant, lorsque une âme descendue en elle la regarde à travers ses yeux.
Immortelle après la Mort, l’Ame l’est avant la Naissance.
Par la Femme, dans l’Etat Social, les Ancêtres rentrent dans les Générations.
Evoqué à la Vie social conformément aux Mystères du Saint-Esprit et à ceux du Père, ou d’une manière profane, l’Ancêtre immortel, qui va devenir l’Enfant sujet à la Mort physique, vient, à son temps marqué, là où il doit venir.
Pendant cette évocation, qui commence par une promesse et un vertige d’immortalité, selon son degré dans les Hiérarchies psychurgiques, l’âme quitte l’un de ses séjours cosmogoniques, et vient.
Invisible, mais sensible aux cœurs épris, elle hante doucement la femme qu’elle doit hanter, et, durant neuf révolutions lunaires, noue ses effluves sidérales, par le sang et par l’Ame de la Mère, au corps terrestre dont la première aspiration va l’engloutir.
Ce nom d’Âme, en français, est magiquement conforme au Verbe céleste.

Il est la racine même d’Amour.
Qu’est-ce que l’Âme ?
Ouvrez avec les clefs voulues, le texte hébreu du Sépher Boereshith, du Livre des principes cosmogoniques, et, si Dieu le veut, la science divine des sanctuaires Egyptiens vous répondra par Moïse, et vous dira ce qu’est Aïsha, faculté volitive d’Aïsh.
Un Ancêtre vénéré a levé le premier voile du sens caché ; mais, pas plus que lui, je ne veux lever le second, si ce n’est en parlant, au second chapitre, du Mystère des Sexes et du nom de Iéhovah.
Voici tout ce que je puis dire pour le moment.
Principe immortel de l’existence, cause rayonnante à travers le corps visible et le corps invisible, l’Âme est.
La théurgie la trouve ; la Psychurgie, qui est la science et l’art d’aimer et de vouloir, la prouve expérimentalement.
En Physiologie, elle est la force qui anime et meut, attire ou repousse, élit ou élimine.
La Naissance est donc grave ; l’Amour et les Sexes sont choses religieuses ; et rien n’est banal dans la Nature pas plus qu’en Dieu.
La Naissance est la corporisation des Âmes.
Vous préexistiez à votre naissance, vous survivrez à votre trépas.
C’est pourquoi au nom de Moïse, au nom de Jésus et de Mahomet, debout ! Et écoutez !
Savoir, c’est se souvenir : souvenons-nous donc ensemble, Âmes immortelles, qui, dans l’Espèce terrestre, soupirez après le Règne Céleste de l’Homme, et voulez le Divin de la Vie.
Dans les Mystères du Saint-Esprit est la Science totale, l’Art complet, l’Amour parfait de la Vie.
Ils se révèlent dans l’Aurore du Jour, dans les yeux des Fiancés et des Epoux, dans le sourire et les larmes de la Maternité.
Penchez-vous sur ce berceau, Orient de la Vie sociale, tombeau de la Vie cosmogonique de l’Ame.
Dans cet enfant palpite un Mystère du Saint-Esprit et de l’Epouse du Père.
Cet enfant est un ancêtre, une âme céleste, dans une effigie terrestre, une immortalité qui vient se mortifier, se purifier dans la douleur, se parfaire dans l’épreuve, poursuivre, où et comme il faut, soit l’expiation, depuis des siècles commencés et reprises.
L’inégalité des conditions n’est donc, pour le Sage, que ce qu’elle devrait être dans un Etat-social parfait : l’échelle d’équité qui gradue les états psychurgiques ; les nécessités indispensables aux Ames pour évertuer leur bonne volonté dans une sphère sociale correspondante à celle de leur Ciel.

C’est pourquoi l’Initiation graduée des Sexes et des Rangs est voulue par la Providence, afin que l’Homme cesse de maudire le Destin qui, le plus souvent, est la loi qu’a suscitée sa volonté.
Mais, je le sais, la Science seule ne peut éclairer vos Âmes, et je vais demander à l’Art un secret psychurgique, grâce auquel, doucement, les poètes de la Promesse pourront par la suite les attirer et les entraîner dans le mouvement de la Lumière du Saint-Esprit.
Ainsi, cette Âme est née au monde des effigies et des épreuves ; et elle crie.
Son élément était le fluide céleste, la Lumière intérieure de l’Univers, l’Ether spiritueux, de dedans et l’endroit de la Substance cosmogonique.
La voilà à l’envers, au dehors, en pleine nuit.
Elle ne voit plus son corps céleste : il s’éclipse.
Elle en a perdu la science, la conscience, la vie réelle. Son intelligence se ferme, sa clairvoyance directe ne voit plus, son entendement n’entend plus, sa sensibilité psychurgique est partout accablée.
Entre elle et l’Univers s’interpose un obstacle terrible, quelque chose d’obscur et de limitant, de courbe, d’obtus, d’âcre et de chaud, étrange composé qui bruit et fourmille, voilé savamment et artistement tissé, replié sur lui-même et sur elle, dont toutes les contextures animées, images de l’Univers, en communion précise avec Lui, figures des facultés de l’Âmes, en conjonction substantielle et spécifique avec elle, s’enlacent et s’enlacent dans les méandres tortueux des organes et des viscères : c’est le corps.
Si le corps crie, c’est que l’Âme souffre.

Elle veut fuir mais elle retombe sous une irradiation qui lui rappelle la lumière vivante, Ionah, la Substance céleste ; c’est un baiser maternel.
Parfois, il lui semble qu’elle est morte. Elle se rappelle comme dans un songe l’immensité de cette Lumière secrète où elle se baignait nue dans des tourbillons resplendissants, les croupes, les vallons éthérés d’un astre aimé, sans atmosphère élémentaire, sans attraction physique, monde des essences, des arômes et des parfums de la Vie, d’où elle entendait monter et descendre les Harmonies et les Mélodies intérieures des Temps et des Espaces, des Etres et des Choses, d’où elle s’élançait, frémissante, à la voix intime des bien aimés et des bien aimées, pour contempler Shamaïm, l’Ether, la Mer azurée du Ciel, les îles, les flottes sidérales, les mouvements de leurs Génies animateurs et de leurs Puissances animatrices.
Comme un reflet d’étoile sur une eau qui frissonne, un souvenir tombe et tremble encore en elle de la grande réalité.
Elle exhale encore la céleste ambroisie des Mystères éternels du Saint-Esprit ; et les effluves de l’autre Monde ne s’évaporent que lentement de sa balsamique essence que la Mère boit, respire et baise avec une ivresse étrange pour les profanes.
Ne t’envole pas, doux reflet de l’Astre des Mages !Immortelle, souviens-toi !
Elle croit les voir encore, les blanches, les divines, hommes et femmes, déesses et dieux, diaphanes, lumineuses formes, types de la Beauté, calices de la Vérité, se mouvant, planant, s’enlaçant dans les ondes magiques du céleste Amour, dans les communions éblouissantes de la Sapience.
Ne sont-ce point encore les Théories sacrées, les Poèmes vivants du Verbe occulte, les Hymnes des Pensées créatrices, les Symphonies des Sentiments animateurs, les enseignements hiérarchiques des Cercles psychurgiques, le trouble saint des Grands Mystères, les Dieux, rayon du Dieu dont la Lumière est l’Ombre, le sillon lumineux, le vol arômal des Génies, des Envoyés, des Intelligences parfaites, des Esprits immortels, des Âmes victorieuses et glorifiées.
O vertige ! là, n’est-ce point encore le quadruple cercle inférieur des âmes montant ou descendant, l’Océan fluidique, étincelant, sur lequel passe la brise de l’Amour, dans le fond duquel crient la Naissance et la Mort ?

N’est-ce point encore…? Mais qu’allais-je dire ?
Que s’est-il donc passé ? Chante, fille des Dieux !
Ecoutez !
Un grand trouble, un vertige, un enivrement subit, une lourdeur étrange, un magnétisme lointain, une attraction douce et terrible, une incantation des Astres, un mot d’ordre, un cri de sphère en sphère, des adieux déchirants à la vie Supérieure, aux bien-aimés, une prière, une cérémonie solennelle, aux rites funèbres, une dernière étreinte, un dernier baiser, un serment de se souvenir et de revenir, un Génie aux pieds ailés qui prend l’immortelle et l’entraîne vers les Gouffres, l’Immensité d’en haut qui se ferme, celle d’en bas qui s’ouvre avec fracas, l’Océan tumultueux des Générations, Abîmes d’Âmes gagnant ou quittant la cime ou le fond de l’atmosphère d’un autre Astre, bataille électrique des passions et des instincts de la Terre... puis… quoi donc ?

C’est l’orbe de la Terre, c’est l’Océan métallique déroulant ses flux, enroulant ses reflux.
On traverse des tourbillons d’Âmes qui s’élèvent ou s’abaissent, les unes diaphanes et pures, spiritualisées et légères, s’exhortant à vaincre celles qui s’opposent à gravir dans Lumière l’échelle des rayons célestes, à franchir la région des Nuées et des courants fluidiques, à gagner la Citadelle ignée du Feu supérieur, les cercles de l’Ether ; les autres, obscures et marbrées de tâches comme des peaux de fauves et de reptiles, souillées par les vices, enténébrées par les crimes, matérialisées par l’instinct, alourdies par l’Egoïsme, impuissantes à briser les Fleuves électriques de l’Air, emportées par les Orages et les Vents, roulant loin de la barque d’Isis dans le Puits démoniaque de l’Abîme, dans le vertigineux cône de ténèbres que la Terre traîne dans les Cieux, criant dans le Silence, s’accrochant aux premières et essayant de les entraîner avec elles pour diminuer d’autant le poids épouvantable du Destin ?

Qu’est-ce encore ? Souviens-toi !
Ce sont, dans l’Atmosphère, les Nuées, les grands Courants polaires, les souffles de l’Orient, les rafales de l’Occident, les Fleuves aériens secouant l’écume des nuages, agitant leurs serpents électriques ; c’est l’Océan inférieur de l’Air, avec ses quatre régions ; celle des aigles, des grands migrateurs, des alouettes et des colombes.
Dans cette dernière, commence le règne de la Substance plastique sur la Terre, avec ses quatre Nômes : Minéral, Végétal, Animal, Hominal, et ses sept tourbillons de Puissances génératrices et de Générations spécifiées.
Après les cirques et les amphithéâtres vertigineux des Montagnes blanches, après la féerie éblouissante des Glaciers et des Abîmes, voici venir à l’infini les molles ondulations des Collines vertes, l’écoulement écumeux des Torrents, le serpentement écaillé des Rivières et des Fleuves métalliques, le balancement des Forêts sonnantes, l’immensité circulaire des CAmpagnes herbeuses, où courent et se jouent des frissons.
C’est la Terre, l’une des mille Citadelles du Royaume de l’Homme, Fils immortel et mortel de Dieu-les-Dieux, c’est Déméter, c’est Adamah, le monde des Effigies et des Réalités physiques, l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis, selon l’Âme qui s’incarne, selon l’Esprit qui règne dans la chaire des Âmes incarnées, selon la Foi, la Loi, les Mœurs de l’Etat-Social.
Voici les cercles de pierre des Métropoles, des Cités, des Villes et des Villages, avec le bourdonnement des voix d’airain qui, du haut des dômes et des clochers, scande et annonce, au-dessus du fracas des grandes eaux populaires, la Naissance et la Mort.
L’Immortelle s’arrête brusquement ; s’attachant avec force à la clarté des Astres, elle mesure l’espace parcouru, la distance qui la sépare des Cieux.

Grâce ! dit-elle à son Guide !
"Courage ! Tu l’as juré ! Là-haut, la couronne de la Foi, là-bas l’Epreuve !"
Pardonne ! Oui, j’ai peur ! Si, là-bas, j’allais ne plus pouvoir rassembler mes souvenirs !
"Tu le pourras en rassemblant les Sciences."
Du moins, dis : dans quel Etat-Social, dans quelle Race, dans quelle Nation, dans quel Foyer ?
"Ici, répond le Guide ailé des Âmes, ici, la Généthliaque céleste indique la trame de ta destinée."
Pour longtemps ?
"Jusqu’à l’accomplissement."
O mon Génie ailé, quels sont ces chœurs d’Âmes qui nous suivent ?
"Ce sont les Ancêtres qui te font cortège ; car je vais remonter."
Déjà ? Je me sens de nouveau défaillir !
"Courage donc, Âme immortelle ! Je reviendrai si tu sais vouloir."
Où suis-je ? Ciel, Terre, tout a disparu ; mais une attraction invincible m’enchaîne tout entière.
"Âme immortelle, voici ta Mère !
"Au nom de Dieu, au nom de la Nature, au nom d’Iod et de Hévah, voici ta patrie vivante ici-bas.
"Sois unie à elle par toutes les Puissances magiques de la Vie !
"Adieu !"
Elle se rappelle encore ses entretiens avec l’Âme maternelle, leur indivisible et mutuelle pénétration, leurs communions mystérieuses, pleines de souvenirs et d’espérances sur-terrestres, douleurs et joies, frissons, extases, musiques muettes, le lent enroulement des neuf cercles séléniques, l’incantation des épigenèses, puis… une souffrance crucifiante, terrible, une vapeur sulfureuse, un effluve ferrugineux montant brusquement des Gouffres ignés de la Terre, tourbillonnant, l’arrachant à l’Âme maternelle, la clouant à un vide pneumatique, à un antre pulmonaire chaud, mouvant… un cri dans cet antre, dans cette effigie creuse et… le Souvenir rentre dans ses profondeurs avec les Innéités célestes.

Il ne revivra plus que par la Science.
O vous qui mettez votre honteux honneur à descendre du gorille, vous mériteriez de n’en pas remonter!
Eloignez-vous de ce Mystère céleste ; laissez prier ici les femmes.
Elles sauront dire au moins : "Notre Père qui êtes aux Cieux…"
Vous, restez, Vierges, Epouses, Mères, Aïeules, Druidesses de l’Arbre de Vie ; restez près de ce Dieu vivant, priez l’Ancêtre des ancêtres.
Et sachez que si, dans le cercle des Générations, le Père donne le germe de l’effigie, le mouvement initial de l’Espèce, la Mère sa substance et la forme spécifiée, contrairement aux âmes des animaux qui viennent du Feu terrestre, l’Âme humaine vient du Ciel.
Appelez donc le Prêtre, pour qu’au nom de l’Etat-Social, l’Espèce humaine salue la Loi du Règne et l’ordre du Royaume.
Quel prêtre, direz-vous ?
Celui de votre Foi et de vos Moeurs sociales : pope, curé, pasteur, rabbin ou marabout.
Faites accueillir solennellement ce nouveau-né.
Car, en vérité, je vous le dis : la Naissance est chose aussi grave que la Mort, et c’est un des Mystères qu’il fallait entrouvrir à vos yeux.





Version: 2.0
Maj : 29/11/2024