Le Vrai livre🔗 catalogues
Le Livre de Synesius sur l’Œuvre des philosophesⁱ
► Le titre complet de l’ouvrage est Le Vrai livre de la Pierre Philosophale du docte Synesius, abbé Grec, tiré de la Bibliothèque de l’Empereur {Artephii antiquissimi philosophi de art occulta, atque lapide philosophorum Liber secretus}.
► Le nom de l’auteur est un pseudonyme puisque citant Geber il doit être au moins du IX alors que Synésius de Cyrène est du IV.
🕮 Bosc, ref.1413 (recueil).
🕮 Ouvaroff, ref.658-662.
☩ Texte et traduction : du latin à l’ancien français, Pierre arnauld de la Chevalerie in én. de la Philosophie naturelle de trois anciens philosophes, 1682. | bs. Bibliothèque Nationale de France.
☩ Traduction : de l’ancien français au français moderne, UBI, .
Combien que les anciens philosophes aient écrit diversement de cette science, cachant sous une infinité de noms les vrais principes de l’art. Ils ne l’ont toutefois fait sans de grandissimes considérations que nous représenterons ci après. Et combien qu’ils aient parlé fort diversement, pour cela ils n’ont été aucunement discordants, mais tendant à une même fin, parlant d’une même chose, ils ont trouvé bon de nommer, surtout le propre agent, de nom étrange, et contraire quelquefois à sa nature et qualité. Or entend donc mon fils, que le grand Dieu a créé deux Pierre avec cet univers, qui sont la blanche et la rouge, lesquelles deux sont sous un même sujet, et après croissent en telle abondance que chacun en peut prendre tant qu’il veut. Et leur matière est de telle sorte, qu’elle tient le milieu entre le métal, et le Mercure, et est en partie fixe, et en partie non fixe, autrement ne tiendrait point le milieu entre les métaux et le Mercure, laquelle matière est l’instrument qui accomplira notre désir, si nous la préparons. Et parce que ceux qui travaillent en cet art sans icelui médium, perdent toute leur peine, mais s’ils connaissent ce médium, toutes choses leur seront possibles et propices. Sache que ce médium se trouve étant aérien avec les corps célestes, et seulement en icelui est le genre masculin, et féminin à proprement parler, ayant une vertu ferme, forte et fixe, et permanente, de l’essence duquel (comme je te disais) les philosophes ont parlé seulement par similitude, et figures. Et cela afin que la science ne fut jamais comprise par les ignorants, ce qu’advenant tout périrait. Mais seulement par les âmes patientes, esprits raffinés, séquestrés du bourbier du monde, et nettoyés de l’immondicité de terrestre, fangeux qui est avarice, par laquelle les ignorants sont attachés le nez vers la terre en ce monde (sans cette admirable quintessence) domicile de toute pauvreté, assurés que ces âmes divines, après avoir pénétré dans le puits de Démocrite, c’est à dire la vérité des Natures, connaîtront sans doute la confusion que ce ferait à tout ordres et métiers si chacun pouvait faire de l’or en telle quantité qu’il désirerait. Et parce qu’ils ont voulu parler par figures, type et analogies, afin de n’être entendus que par les âmes sages et saintes, et illustrée de Sapience. Si est-ce toutefois qu’en œuvres composées, ils ont donné certain chemin, voie et règle, par laquelle le sage peut comprendre tout ce qu’ils ont écrit occultement, et à la fin y parvenir après quelques erreurs comme j’ai fait, loué soit Dieu. Et bien que le vulgaire ignorant dûsse entendre ces raisons, et par ainsi vénérer ce qui ne peut monter en sa cervelle, au contraire il a accusé les philosophes de fausseté, et méchanceté, si bien que l’art en est quasi partout en mépris, parce qu’il y a peu de sages. Or moi je te dis maintenant, qu’ils ont toujours parlé suivant la vraie vérité, mais fort couvertement, et quelquefois fabuleusement ; ce que je défriche clairement en ce petit livre, et de telle façon, que tout désirant la science, entendra ce qui a été caché par les philosophes. Toutefois s’il me pensait entendre sans connaître la nature des Eléments et choses créées, et notre riche métal, il travaillerait en vain ? Mais s’il connaît les natures fuyantes, et suivantes, par la grâce de Dieu il y pourra parvenir.
Donc je prie Dieu que celui qui entendra ce présent secret puisse œuvrer à la gloire et louange de sa sainte Divinité. Sache donc, mon cher fils, que l’ignorant ne saurait comprendre le secret de l’art, parce qu’il dépend de la connaissance du vrai corps qui lui est caché. Connais donc, mon fils, les Natures, le pur et l’impur, le monde et immonde, parce que nulle chose ne peut donner ce qu’elle n’a. Et parce que les choses ne sont, et ne se peuvent faire selon leur nature, use donc du plus parfait et prochain membre que tu trouveras, et te suffira. Laisse donc le mixte, et prends son simple. Car il est de la quintessence. Et note que nous avons deux corps de très grande perfection, remplis de vif argent, donc d’eux tire ton vif argent, et tu en feras la médecine, appelée d’aucune quintessence, laquelle est une puissance, impérissable, permanente, et toujours victorieuse, voire c’est une claire lumière, qui illustre de vraie bonté toute âme qui l’a une fois savourée. Elle est le nœud et le lien de tous les éléments qu’elle contient en soi, et l’esprit qui nourrit toutes choses, moyennant lequel la nature œuvre en l’univers. Elle est la force, le commencement, et la fin de toute l’œuvre, et à ce qu’en une parole je te manifeste le tout, sache que la quintessence et la chose occulte de notre pierre, n’est autre chose que notre âme visqueuse, céleste, et glorieuse, tirée par notre magistère de sa minière, laquelle seule l’engendre, et qu’il n’est pas possible à nous de faire cette eau par art, mais nature est celle seule qui l’engendre, et cette eau est le vinaigre très aigre qui fait l’or être pur esprit, voire elle est cette bénite Nature, qui engendre toutes les choses, laquelle avec putréfaction est très unie, et avec sa Viridité fait apparaître plusieurs couleurs. Et je te dis, mon fils que tu ne fasses compte des autres choses comme vaines, mais seulement de cette eau, qui brûle, blanchit, dissout, et congèle, c’est elle qui putréfie et fait germer. Et parce que je t’avise que toute ton intention soit en la décoction de ton eau, et ne te fâche point de la longueur du temps, autrement n’auras aucun fruit. Cuis le doucement peu à peu jusqu’à ce qu’il change de sauce couleur en parfaite et prends garde qu’au commencement tu ne brûles ses fleurs, et sa vivacité, et ne te hâte point pour être tôt à la fin. Clos bien ton vaisseau, afin que celui qui est dedans ne puisse sortir, et ainsi pourras venir à l’effet. Et note, que dissoudre, calciner, imbiber, cuire, fixer, broyer, dessécher, et distiller, sont une même chose et ne veulent rien de plus signifier que cuire la nature jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Note encore, que tirer l’âme, ou bien l’esprit, ou le corps, n’est autre chose que les calcinations susdites, parce qu’elles signifient l’opération de Vénus. C’est donc avec le feu de l’extraction de l’âme, que l’esprit sort doux, comprends-moi. Cela peut être encore, dit, de l’extraction de l’âme du corps et une autre fois réduction sur icelui composé, jusqu’à ce que le tout soit tiré à la commixtion de tous les quatre éléments. Et ainsi ce qui est dessous, est semblable à ce qui est dessus, et ainsi y sont fait deux luminaires, l’un fixe, l’autre non, desquels le fixe demeure dessous, et le volatil dessus, soi mouvant perpétuellement jusqu’à ce que celui qui est dessous, qui est le mâle, monte sur la femelle et tout soit fixe, et alors naît un luminaire sans pareil. Et comme au commencement un seul a été, semblablement en cette matière tout viendra d’un seul et retournera en un seul. Ce qui s’appelle convertir les Eléments, et convertir les Eléments s’appelle, faire l’humide sec, et le fugitif fixe, afin que la chose épaisse se diminue et débilite la chose qui fixe les autres, demeurant le fixatif de la chose. Ainsi se fait la mort et la vie des Eléments, qui composés, germent et produisent, ainsi une chose parfait l’autre, et lui aident à combattre contre le feu.
Pratique.
Mon fils, il est besoin que tu travailles avec le Mercure des philosophes et des sages, qui n’est pas le vulgaire, ni du vulgaire en tout, mais selon iceux est la première matière, l’âme du monde, l’Elément froid, l’Eau bénite, l’Eau des sages, l’Eau venimeuse, le Vinaigre très fort, l’Eau minérale, l’Eau de céleste grâce, le Lait virginal, notre Mercure minéral et corporel. Car icelui seul parfait toutes les deux Pierres blanche et rouge. Regarde ce que dit Geber. Que notre art ne consiste en la multitude des choses diverses, parce que le Mercure est une seule chose, c’est à dire, une seule Pierre dans laquelle consiste tout le magistère, à laquelle tu n’ajouteras aucune chose étrange, excepté qu’en sa préparation tu ôteras d’icelle toutes matières superflues, d’autant qu’en cette matière toutes choses nécessaires en cet art y sont contenues. Et pour ce notamment il dit. Nous n’ajouterons rien d’étrange sinon le Soleil et la Lune pour la teinture blanche et rouge, qui ne sont étrangers, mais sont son Ferment par lequel se fait l’œuvre. Finalement note mon fils, que ces Soleils et Lunes sont semblables aux Soleils et Lunes vulgaires, parce que nos Soleils et Lunes sont meilleurs en leur nature que les Soleils et Lunes vulgaires. D’autant que notre Soleil et notre Lune en un même sujet sont vifs, et ceux du vulgaire sont morts, à comparaison des nôtres existant, et permanents en notre Pierre. Ensuite de quoi tu remarqueras que le Mercure tiré de nos corps est semblable au Mercure aqueux et commun, et parce que la chose se réjouit de son semblable, et a plaisir avec lui, et s’accompagne mieux et volontiers, ainsi que fait le simple et composé, ce qui a été caché par les philosophes en leurs livres. Donc tout le bénéfice qui est en cet art, gît au Mercure, au Soleil et Lune, et tout le reste est vain. Aussi Diomédes dit, use de la matière à laquelle ne dois introduire chose étrange, poudre, ni eau, parce que les choses diverses n’amendent point notre pierre, et par-là il démontre à qui bien l’entend, que la teinture de notre Pierre ne se tire que du Mercure des philosophes, lequel est leur principe, leur racine, et leur grand arbre duquel sortent puis après tant de rameaux.
Première Opération, Sublimation.
Elle n’est point vulgaire, mais philosophale, avec laquelle nous ôtons le surplus d’icelle pierre, qui en effet n’est qu’élévation de la partie non fixe par la fumée, et vapeur, car la partie fixe doit demeurer au fond, aussi nous ne voulons pas que l’un se sépare de l’autre, mais qu’ils demeurent et se fixent ensemble. Et sache que celui qui sublimera comme il faut, notre Mercure philosophal, dans lequel est toute la vertu de la pierre, il parfait le magistère. Et pour ce, dit Geber, toute la perfection consiste en la sublimation, et en cette sublimation sont toutes les autres opérations, savoir distillation, assation, destruction, coagulation, putréfaction, calcination, fixation, réduction des teintures blanches et rouges procréées et engendrées en un fourneau et un vaisseau, et c’est le chemin droit jusqu’à la finale consommation, de quoi les philosophes ont fait divers chapitres pour arrêter les ignorants. Prends donc au nom du grand Dieu, la vénérable matière des philosophes, nommée Hylec des Sages, lequel contient le susdit Mercure Philosophal, appelé première matière du corps parfait, met le en son vaisseau comme il faut, clair, lucide, et rond, bien bouché et clos par le sceau des sceaux, et le fais chauffer dans son lieu bien préparé avec tempérée chaleur par un mois philosophal continuel, le conservant en la sueur de la sublimation jusqu’à ce qu’il commence à se purifier, s’échauffer, colorer, et congeler avec son humidité métallique, et se fixe tant qu’il ne puisse plus rien monter par la fumeuse substance aérée, mais qui demeure fixe au fond, altérée et privée de toute visqueuse humidité et noire qui s’appelle robe noire, ténèbres, ou la tête du Corbeau. Ainsi quand notre pierre est dans le vaisseau, et qu’elle monte en fumée, en haut, cette manière se nomme sublimation et quand tombe du haut en bas distillation, et descention, quand elle commence à tenir de la fumeuse substance et se putréfier, et que par la fréquente montée et descente se commence à coaguler, alors se forme la putréfaction, et le dévorant soufre, et finalement par le défaut ou privation de l’humidité de l’eau radicale, se fait la calcination, et fixation en un même temps par la seule décoction en un seul vaisseau comme j’ai dit déjà, et d’avantage en cette sublimation est faite la vraie séparation des Eléments, pour ce qu’en notre sublimation l’élixir d’eau se change en l’Elément terrestre sec et chaud, par laquelle chose est manifeste que la séparation des 4 Eléments en notre Pierre n’est pas vulgaire mais philosophale. Et pour ce il y a en notre Pierre seulement deux Eléments formés. Savoir la terre et l’eau : mais la terre tient en son espoir la vertu et la siccité du feu. Et l’eau contient en soi l’air avec son humide. Ainsi en notre Pierre nous n’avons que deux Eléments en vue, encore qu’en effet en avons quatre. Et par-là tu peux dire que la séparation des 4 Eléments est toute phisicale non vulgaire et réelle, comme les ignorants sont journellement. Donc continue la décoction au feu lent, jusqu’à ce que toute la matière noire apparaissant en la superficie, soit du tout remise par le magistère, laquelle noirceur est par les philosophes nommée, Robe ténébreuse de la Pierre, qui après demeure claire, et est nommée Eau mondifiée de la terre, ou bien de l’élixir. Et note, que la noirceur qui apparaît, est signe de la putréfaction. Et le commencement de la dissolution, est signe de la putréfaction. Et le commencement de la dissolution, est signe de la conjonction des deux Natures, et cette noirceur apparaît quelques fois en 40 jours, plus ou moins, selon la quantité, de la matière, et la bonne industrie de l’ouvrier qui aide de beaucoup à la séparation de la dite noirceur. Or mon fils, par la grâce de Dieu tu as dorénavant un Elément de notre Pierre qui est la terre noire, la tête de Corbeau des autres dite l’ombre obscure, sur laquelle terre comme sur un tronc tout le reste a fondement. Et cet Elément terrestre et sec, est nommé Laton, Taureau, Fèces noires, notre Métal, notre Mercure. Et ainsi par la privation de l’humidité adjustive qui est ôtée par la sublimation Philosophique le volatil est fixe, et le mol est fait sec et terre, voir selon Geber, est faite mutation de la complexion comme de la Nature froide et humide, en colère sèche, et de la liquide en l’espèce selon Alphidius. Et ainsi est apparente l’intention des philosophes quand ils disent que l’opération de notre Pierre, n’est que changement de Nature et révolution d’Eléments. Tu vois donc comme par icelle incorporation, l’humide se fait sec, et le volatil fixe, le spirituel corporel, et le liquide épais, l’eau feu, et l’air terre, et ainsi certainement changent leur vraie nature, et tous les 4 Eléments se circulent l’un l’autre.
De la seconde opération. Déalbation.
Et le convertit notre Mercure en Pierre blanche, et ce par feu de décoction. Après que la terre sera séparée de son eau, alors se doit mettre le vaisseau sur les Cendres, comme on use au fourneau de distillation, et distiller l’eau à feu lent au commencement, de la manière que l’eau vienne si doucement que tu puisses distinctement nombrer jusqu’à quarante noms, ou bien dire cinquante six paroles, et soit observé cet ordre par tout la distillation de toute la terre noire, et ce qui se trouve au fond du vaisseau, qui est la fèces restée avec la nouvelle eau, alors se dissoudra, laquelle eau contiendra trois ou quatre parts d’avantage qu’icelles fèces, afin que tout se dissolve et convertisse en Mercure et argent vif. Je te dis que tu feras tant de fois ceci, qu’il n’en reste que le Marc. En cette distillation n’y a point de temps déterminé, mais se fait selon la grande ou petite quantité de l’eau, observant toujours la quantité du feu. Après tu prendras la terre que tu auras réservée en son vaisseau de verre avec son eau distillée, et ainsi avec feu lent et doux, comme était celui de la distillation, ou purification, ou bien un peu plus fort, tu continueras, jusqu’à ce que la terre soit sèche et blanche, et ait bu toute son eau en se séchant. Cela fait, lui mettra de l’eau susdite, et ainsi comme au commencement continueras toujours ta décoction, jusqu’à ce qu’icelle terre soit entièrement blanche, mondée, et claire, et ait bue toute son eau. Et note que ladite terre sera ainsi lavée de sa noirceur par sa décoction, comme je t’ai dit, parce qu’aisément elle se purifie avec son eau et se mondifie, qui est la fin du magistère, et alors garderas icelle terre blanche diligemment. Car elle est le Mercure blanc, magnésie blanche, terre feuilletée. Après tu prendras cette terre blanche rectifiée comme dessus, et la mettras en son vaisseau sur les cendres au feu de sublimation, à laquelle donneras fort feu, jusqu’à ce que toute l’eau coagulée qui sera dedans, vienne en l’Alambic, et que la terre, l’eau, et l’air, et bien que la terre contienne en soi la nature du feu, néanmoins il n’est point encore apparent en effet, comme tu verras, quand par plus grande décoction la fera devenir rouge, tellement que lors tu verras manifestement le feu en apparence, et ainsi on doit procéder à la Fermentation de la terre blanche, afin que le corps mort s’anime, et soit vivifié, et que sa vertu se multiplie en infini. Mais notez que le ferment ne peut entrer dans le corps mort, que moyennant l’eau qui a fait le mariage et conjonction entre le Ferment et la terre blanche. Et sache qu’en tout Ferment on doit observer le poids afin que la qualité du volatil ne surmonte le fixe, et que le mariage ne s’en aille en fumée. Car dit Senior, si tu ne convertis la terre en eau, et l’eau en feu, l’esprit et le corps ne se conjoindront point ensemble. Et pour ce faire, prend une lamine enflammée, et met dessus une goutte de notre médecine, elle pénétrera, et se colorera de parfaite couleur, et sera signe de perfection. Et s’il advient qu’il ne teigne, réitère la dissolution et coagulation, jusqu’à ce que soit teignante et pénétrante. Et note que sept imbibitions sont suffisantes au plus, et cinq au moins, à ce que la matière se liquéfie, et soit sans fumée, et alors est parfaite la matière au blanc. D’autant que la matière se fixe quelquefois en plus longtemps, et quelquefois en moindre, selon la quantité de la Médecine. Et note que notre Médecine, depuis la création de notre Mercure, demande le terme de sept mois jusqu’à la blancheur, et jusqu’à la rouge cinq, que font douze.
De la troisième opération. Rubification.
Prends de la Médecine blanche tant que voudras, et la met avec son verre sur les cendres chaudes, tant qu’elle soi desséchée comme icelles. Après donne lui de l’eau du Soleil, qu’aura gardée à part pour ladite besogne, et continue le feu du second degré, jusqu’à ce que devienne sèche, puis lui redonne de l’eau susdite, et ainsi successivement imbibe et dessèche, jusqu’à ce que la matière se rubifie, et liquéfie comme cire, et coule sur la lamine rouge, comme est dit, et alors sera la matière parfaite au rouge. Mais note, qu’à toutes les fois tu dois mettre d’avantage de l’eau Solaire que ce qu’il en faut pour couvrir le corps, et non plus, et ceci se fait à ce que l’Elixir ne se submerge, et se noie, et ainsi se doit continuer le feu jusqu’à la dessiccation, et alors se doit faire la seconde imbibition, et ainsi procède par ordre jusqu’à la perfection de la Médecine, savoir jusqu’à ce que la puissance de la digestion du feu la convertisse en poudre très rouge, qui est la vraie Huile des Philosophes, la Pierre sanguinâtre, le Pourprin Coral rouge, le Rubis précieux, le Mercure rouge, et la Teinture rouge.
Projection.
Tant plus tu dissoudras et coaguleras, tant plus multipliera sa vertu jusqu’à l’infini. Mais note, que la Médecine se multiplie plus tard par solution, que par Fermentation. Par quoi la chose soluë n’opère pas bien, si premier elle ne se fixe en ton Ferment. Néanmoins plus abonde la multiplication de la Médecine soluë, que Fermentée, d’autant qu’il y a plus de subtilisation. Encore je t’avise qu’en la multiplication tu mettes une part de l’œuvre sur quatre de l’autre, et en peu de temps se fera poudre, selon le Ferment.
Epilogue suivant hermes.
Ainsi tu sépareras la terre du feu, le gros du subtil, doucement avec grand esprit, c’est-à-dire, que tu sépareras les parties unies au four, par la dissolution et la séparation des parties, comme la terre du feu, le subtil de l’épais, etc. Savoir la plus pure substance de la Pierre, jusqu’à ce que te demeure nette, sans aucune macule et ordure. Et quand dit, elle monte de la terre au Ciel, et puis une autre fois retourne en terre, faut entendre la sublimation des corps. Encore pour bien expliquer la distillation, il dit : Que le vent le porte dans son ventre, savoir quand l’eau distille par l’Alambic, où il monte premièrement par le vent fumeux et vaporeux, et après retourne au fond du vaisseau encore en eau. Voulant encore montrer la congélation de la matière, il dit : Sa force est entière si elle retourne en terre, c’est à dire, si elle est convertie par décoction. Et pour généralement démontrer toute les choses susdites, il dit : Et recevra la force inférieure et supérieure, c’est à dire des Eléments, d’autant que si la Médecine reçoit la force des parties légères, savoir de l’air et feu, elle recevra aussi les parties les plus graves et pesantes, se changent en eau et en terre, et c’est ainsi que les matières ainsi perpétuellement conjointes aient permanence, demeurance, fermeté et stabilité. Loué soit Dieu.