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Le Cosmopolite (I)
Alexandre Seton

Portrait inexistant

Données générales

PériodeLieu
GénéralXVIAllemagne
Naissance
Seatoun, Ecosse
Décès1604 (Information inconnue)Cracovie, Pologne
Cause
Inhumation
Torture

DomaineCourantOrdre
AlchimieAlchimie opérative

RelationsNom
Influence
ContinuateurMichael Sendivogius
SurLimojon de Saint-Didier
Théodore de Tschudy

Repères biographiques

► Probablement d’origine noble(1) et écossaise, on sait peu de choses sur lui. Son histoire commence lorsqu’il recueille un pilote Hollandais, échoué sur une plage écossaise non loin de sa demeure. L’homme l’invite chez lui en remerciement et le Cosmopolite réalise alors, devant lui, une transmutation alchimique. Alchimiste déjà formé, il parcourt l’Europe — d’où son nom de Cosmopolite — avec la volonté de faire la publicité de l’alchimie. Il se rend d’abord les Pays-bas puis en Suisse et en Allemagne. C’est en Suisse qu’il opéra justement deux transmutations devant des témoins de bonnes mœurs : Dienheim et Zwinger. Le Cosmopolite se garda de toucher au plomb transmuté. Il s’agit de la première transmutation historiquement consignée : Zwinger relate l’évènement dans une lettre et Dienheim dans son Medicina Universalis (1610, XXIV) où il décrit Sethon : assez âgé, barbu et de petite taille mais en bonne forme, intelligent, joyeux et très modeste. Le Cosmopolite effectua ensuite une autre transmutation en 1603 à l’Université de Helmstedt devant Cornelius Martini puis à Cologne à partir de l’antimoine. Il effectua encore de nombreuses transmutations dans toute l’Europe, toujours semble-t-il, de façon désintéressée.

► C’est là que l’histoire devient plus incertaine. À Munich, l’alchimiste itinérant s’éprit, dit-on, d’une jeune fille. Le père de cette dernière ne consentit pas au mariage et le Cosmopolite décide alors de l’enlever et de l’épouser. Cependant, fasciné par son épouse, il ne prit pas soin de se protéger de l’avidité de Christian II de Saxe. Le souverain parvint à emprisonner le malheureux en 1603 suite à l’une de ses démonstrations de transmutations et entreprit de le torturer afin de lui arracher le secret du grand-œuvre. Le Cosmopolite parvînt heureusement à s’évader rapidement avec le concours de Michel Sendigovius. Néanmoins, il succomba des suites de ses blessures.

Sendigovius prit le pseudonyme du Cosmopolite, épousa sa veuve et récupéra un manuscrit du Traité du mercure qu’il publia(2) en l’augmentant d’un de ses propres textes (Du Soufre) et d’un autre de Clovis Hesteau de Nuysement (Du Vrai sel des philosophes). De plus, la récupération de la poudre de projection de son maître, lui aurait permis de réaliser une transmutation devant Rodolph II ; l’empereur commémora effectivement l’évènement par une plaque de marbre gravée de la mention Faciat hoc quispiam alius quod fecit Sendivogius polonus {Qu’un autre fasse ce que le polonais Sendivogius à fait}.

Ces évènements rocambolesques et assez mal documentés concourent certainement à alimenter la discordance des points de vues à propos du Cosmopolite : les témoignages de Desnoyer et de Jean Budowski(3) ne concordent en effet guère quant à l’opinion qu’il faudrait avoir du Cosmopolite : alchimiste incapable et charlatan ou authentique initié.

Œuvres choisies

  • Le Traité du Mercure [in Cosmopolite ou Nouvelle lumière chymique], XVI. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Citations

Fuyez tous ces vagabonds et ignorants souffleurs, qui ont déjà presque trompé tout le monde avec leurs blanchissements et rubifications, non sans grande diffamation et ignominie de cette noble Science. Les personnes de cette farine ne seront jamais admis dans les plus secrets mystères de ce saint Art : parce que c’est un don de Dieu auquel on ne peut parvenir que par la seule grâce du Très-Haut, qui ne manque pas ou d’illuminer l’esprit de celui qui la lui demande avec une humilité constante et religieuse, ou de la lui communiquer par une démonstration oculaire d’un maître fidèle et expert. C’est pourquoi Dieu refuse à bon droit la révélation de ses secrets à ceux qu’il en trouve indignes, et qui sont éloignés de sa grâce.
Le Traité du Mercure
Je dis donc que la Nature est une, vraie, simple, entière en son être, et que Dieu l’a faite devant tous les siècles, et lui a enclos un certain esprit universel. Il faut savoir néanmoins que le terme de la Nature est Dieu, comme il en est le principe ; car toute chose finit toujours en ce en quoi elle a pris son être et son commencement. J’ai dit qu’elle est unique et que c’est par elle que Dieu a fait tout ce qu’il a fait ; non que je dise qu’il ne peut rien faire sans elle (car c’est lui qui l’a faite, et il est tout-puissant), mais il lui a plu ainsi, et il l’a fait. Toutes choses proviennent de cette seule et unique Nature, et il n’y a rien en tout le monde hors la Nature. Que si quelquefois nous voyons arriver des avortons, c’est la faute ou du lieu, ou de l’artisan, et non pas de la Nature. Or cette Nature est principalement divisée en quatre régions ou lieux, où elle fait tout ce qui se voit et tout ce qui est cache ; car, sans doute, toutes choses sont plutôt à l’ombre et cachées que véritablement elles n’apparaissent. Elle se change au mâle et à la femelle ; elle est comparée au Mercure11, parce qu’elle se joint à divers lieux ; et selon les lieux de la Terre, bons ou mauvais, elle produit chaque chose, bien qu’à la vérité il n’y ait point de mauvais lieux en Terre, comme il nous semble. Il y a quatre qualités élémentaires en toutes choses, lesquelles ne sont jamais d’accord, car l’une excède toujours l’autre.
Le Traité du Mercure
La simplicité est le vrai sceau de la Vérité.
Le Traité du Mercure
Mais je dirai maintenant en peu de mots, comment ces Éléments agissent entre eux. II y a un Soleil centrique dans le centre de la Terre, lequel, par son mouvement ou par le mouvement de son firmament, pousse une grande chaleur qui s’étend jusqu’à la superficie de la Terre. Cette chaleur cause l’air en cette façon. La matrice de l’air, c’est l’eau, laquelle engendre des fils de sa nature, mais dissemblables et beaucoup plus subtils : car là où le passage est dénié à l’eau, l’air y entre.
Le Traité du Mercure
J’en use ainsi (tantôt du soufre, tantôt du mercure) pour montrer aux profanes que tous les métaux, quels qu’ils soient, peuvent être ennoblis. Mais n’oubliez point, mon ami, qu’il m’est interdit de révéler les choses importantes du travail.
Rapporté dans Historiae afiquôt transmutationis metallicae


1. Famille des contes de Winton.

2. Peut-être en mettant en forme des notes.

3. Rapportés par Lenglet du Fresnoy.