Ananda Kentish Coomaraswamy🔗 horoscope 🔗 autorités
Œuvre
Nom : Ananda Coomaraswamy
Auteur : Frederick Hollyer
Date : 1890 (≈ 13 ans)
Type : Photographie
Source : Musée de Victoria et Albert
Œuvre
Nom : Ananda Coomaraswamy
Auteur : Alvin Langdon Coburn
Date : 1916 (≈ 39 ans)
Type : Photographie
Source : Musée des beaux-arts de Boston
Œuvre
Nom : Ananda Coomaraswamy et Stella Bloch
Auteur :
Date : 1922 (≈ 45 ans)
Type : Photographie
Source : Bibliothèque numérique de l’université de Princeton
Œuvre
Nom : Dr. Ananda K. Coomaraswamy (variante 3)
Auteur : Dorothy Norman
Date : 1947 (≈ 70 ans)
Type : Photographie
Source : Musée d’art moderne de San Francisco
⟴Données générales
Période | Lieu | |
---|---|---|
Général | XIX – XX | États-Unis d’Amérique |
Naissance | 22 Août 1877 ♁ | Needham, États-Unis d’Amerique |
Décès | 9 Septembre 1947 (70 ans) | Kedarnath, Inde |
Cause | Inhumation | |
Infarctus |
Domaine | Courant | Ordre |
---|---|---|
➧Histoire de l’art ➧Philosophie | Pérennialisme |
Relations | Nom |
---|---|
Entourage | |
Ami | ➧Arthur Avalon ➧Rabindranath Tagore |
Collaborateur | René Guénon |
Correspondance | ➧Aldous Huxley ➧Frithjof Schuon ➧Gershom Scholem ➧Marco Pallis ➧Mircea Eliade ➧René Guénon |
Influence | |
Par | ➧Transcendantalisme ➧Friedrich Nietzsche ➧René Guénon ➧William Morris |
⟴Repères biographiques
I. Histoire
► D’un père brahmane tamoul originaire du Sri-Lanka et d’une mère anglaise, c’est dans ce pays qu’il fait ses études où il obtient un diplôme en géologie et botanique en 1905. Il devient ensuite docteur en 1905 et dirigea la Commission Géologique de Ceylan dont il fut le premier directeur. Néanmoins, il se passionne pour la philosophie, la théologie hindoue et l’art. Il tente d’abord de se fixer en Inde en 1909. Il est favorable à l’indépendance du pays, estimant l’occidentalisation néfaste. Mais seul Tagore lui fait un accueil favorable, Coomaraswamy restera proche de son cercle artistique. En Angleterre, il fréquente Arthur Avalon qui l’aide dans ses recherches sur la religion orientale.
► Durant la Grande guerre, il est objecteur de conscience et sa carrière est ralentie. À 40 ans, en 1917, il saisit sa chance, émigre aux États-Unis et devient, conservateur au Musée des beaux-arts de Boston où il crée un important département d’art dédié à l’Inde. Il aida également la Freer Gallery of Art au niveau de l’art Persan. Enfin, il fut également nommé membre du département de recherches en art indien, perse et mahométan à 56 ans. À partir de 1932, il s’adonne pleinement à ses recherches métaphysiques. Il se retire en Inde dans l’intention d’y mener un mode de vie contemplatif mais y meurt peu après son arrivée.
■ Il se maria quatre fois, trois d’entre ses épouses furent d’origine anglophone et toutes furent des artistes, par ailleurs les deux dernières étaient de presque trente ans plus jeunes. Son dernier mariage, contracté en 1930, durera jusqu’à la fin de sa vie.
II. Pensée
◆ Coomaraswamy orienta sa démarche philosophique vers le pérennialisme, dont il est regardé comme l’un des fondateurs, ce qui l’amena à se lier d’amitié avec René Guénon qui utilisera beaucoup les recherches de l’orientaliste, quoique Coomaraswamy les appréhendait de façon plus académique. Comme tous les pérennialistes, il publia des ouvrages critiquant le monde moderne et les dérives du spiritualisme contemporain, postulant l’existence d’une tradition universelle.
◆ Sa contribution au domaine de l’histoire de l’art oriental - hindouiste et bouddhiste surtout - est importante dans le sens où il est celui qui a apporté ce domaine en occident et que ses travaux sont encore aujourd’hui salués par les spécialistes. Il défend l’idée que la beauté ne peut être séparée de la vérité et que l’essence même de l’art réside non dans l’exposition de la personnalité de l’artiste, mais dans le sacré. En conséquence, l’art ne peut être qu’anonyme. Cette orientation l’amène à écrire des textes plus métaphysiques qu’esthétiques et à se pencher sur des auteurs occidentaux comme Plotin ou Maître Eckhart. On lui attribue le terme de "post-industriel".
⟴Œuvres choisies
- Catalogue of Indian Collections (Musée de Boston), 1926 [🔖 Pour Comprendre l’art Hindou, 1979].
- La Transformation de la nature en art {The Transformation of Nature in Art}, 1934.
- Elements of Buddhist Iconography (? {Les Symboles fondamentaux de l’art Bouddhiste}), 1935.
- L’Arbre inversé {The inverted tree}, 1938.
- Hindouisme et Bouddhisme {Hinduism and buddhism}, 1943.
- La Philosophie Chrétienne et orientale de l’art {Christian and Oriental Philosophy of Art}, 1943.
- Le Temps et l’éternité {Time And Eternity}, 1947.
- La Doctrine du sacrifice [Recueil d’articles], 1978.
- La Signification de la mort [Recueil d’articles], 2001.
⟴Citations
Le sacrifice (yajna) dont il s’agit est une répétition mimée et rituelle de ce que firent les Dieux au commencement ; il constitue à la fois un péché et une expiation. Nous ne comprendrons pas le Mythe tant que nous n’aurons pas accomplis le Sacrifice, ni le Sacrifice avant d’avoir compris le Mythe. Mais avant que vous puissions tenter de comprendre l’opération, il faut se demande Qui est Dieu et Qui nous sommes. Dieu est une essence sans dualité (adwaita), ou, comme certains le soutiennent, sans dualité mais non sans relations (vishishtâdwaita). Il ne peut être appréhendé qu’en tant qu’Essence (asti), mais cette Essence subsiste dans une nature duelle (Dwaitîbhâva), comme être et comme devenir. Ainsi ce que l’on appelle la Plénitude (Krisnam, pûrnam, bhûman) est à la fois explicite et non explicite (niruktânirukta), sonore et silencieux (shabdâshabda), caractérisé et non caractérisé (saguna, nirguna), temporel et éternel (kâlâkâla), divisé et indivisé (sakalâkala), dans une apparence et hors de toute apparence (mûrtâmûrta), manifesté et non manifesté (vyaktâvyakta), mortel et immortel (martyâmartya) et ainsi de suite. Quiconque le connaît sous son aspect prochain (apara), immanent, le connaît aussi sous son aspect ultime (para), transcendant. Le Personnage qui se tient dans notre cœur, mangeant et buvant, est aussi le Personnage dans le Soleil. Ce soleil des hommes, cette Lumière des lumières, que "tous voient mais que peu connaissent en esprit" est le Soi Universel (âtman) de toutes les choses mobiles et immobiles. Il est à la fois dedans et dehors (bahir antache cha bhûtânâm) mais sans discontinuité (anantaram) ; il est donc une présence totale, indivise dans les choses divisées. Il ne vient de nulle part, il ne devient qui que ce soit, mais il se prête seulement à toutes les modalités possibles d’existence.
M. V. Bhattacharya soutient pareillement que le Bouddha enseignait qu’ « il n’y a pas de Soi ou Atman ». En 1925, un érudit du Bouddhisme écrivait encore « L’âme... est décrite dans les Upanishads comme une petite créature en forme d’homme... Le Bouddhisme a rejeté toutes les théories de ce genre ». Il serait tout aussi raisonnable de dire que le Christianisme est matérialiste parce qu’il parle d’un « homme intérieur ». Peu de savants s’exprimeraient de la sorte aujourd’hui, mais, quelque ridicules que de semblables énoncés puissent paraître (et ils supposent une ignorance aussi grande de la doctrine chrétienne que de la doctrine brahmanique), ils survivent encore dans toutes les études courantes concernant le Bouddhisme.
Naturellement, il est bien vrai que le Bouddha niait l’existence de l’âme ou du « soi » au sens étroit du terme (en accord, pourrait-on dire, avec le commandement denegat seipsum), mais ce n’est pas cela que nos écrivains entendent, ni que leurs lecteurs comprennent ; ce qu’ils veulent dire, c’est que le Bouddha niait le Soi Immortel, Sans-naissance et Suprême des Upanishads. Et cela est d’une fausseté flagrante. Car il parle souvent de ce Soi ou Esprit, et nulle part aussi clairement que dans la formule répétée na mê so attâ, « ceci n’est pas mon Soi » dont l’exclusion porte sur le corps et les éléments de la conscience empirique ; vérité à laquelle s’appliquent tout particulièrement ces paroles de Shankara : « Quand nous nions quelque chose d’irréel, c’est par référence à quelque chose de réel ». Comme le fait remarquer Mrs. Rhys Davids, « so, cela », est employé dans les Sutras pour donner le maximum de relief au problème de la personnalité. Na mê so attâ n’est pas plus une négation du Soi que le το σωµα ... ουκ εστιν ο ανθρωπο ; de Socrate n’est une négation de « l’Homme ». Nier le Soi n’est pas le fait du Bouddha mais du natthika. Et quant à « ignorer Dieu » (car il est souvent prétendu que le Bouddhisme est « athée »), on pourrait aussi bien arguer que Maître Eckhart ignorait Dieu lorsqu’il disait : « niht, daz, ist gote gelîch, wande beide niht sind ».
Par exemple, on remarquera d’abord, que la doctrine védique n’est ni panthéiste, ni polythéiste. Elle ne constitue pas non plus un culte des puissances de la Nature, sinon dans le sens de Natura naturans est Deus, où les dites puissances ne sont rien d’autre que les noms des actes divins. Le karma n’est pas le "sort", sinon dans le sens orthodoxe de caractère et de destin, inhérents aux choses créées elles-mêmes, qui, correctement entendus, déterminent leur vocation. Mâyâ n’est pas "l’illusion", mais représente plutôt la "mesure" maternelle et les moyens essentiels de la manifestation d’un monde d’apparences fondé sur la quantité, apparences par lesquelles nous pouvons être illuminés ou égarés selon le degré de notre propre maturité. La notion de "réincarnation", au sens ordinaire d’une renaissance sur la terre d’individus défunts, représente seulement une erreur de compréhension des doctrines de l’hérédité, de la transmigration et de la régénération. Les six darshanas de la "philosophie" sanscrite postérieure ne sont pas autant de "systèmes" s’excluant réciproquement, mais, comme le signifie leur nom, autant de "points de vue" qui ne se contredisent pas plus que ne font entre elle la botanique et les mathématiques. Nous nierons également qu’il existe dans l’Hindouisme quoi que ce soit d’unique, rien qui lui soit particulier, hors la teinte locale et les adaptations sociales auxquelles on doit s’attendre ici-bas, où rien n’est connu qu’a la mesure du connaissant.
Que nous le nommions la Personnalité, le Sacerdoce, la Magna Mater, ou de tout autre nom grammaticalement masculin, féminin ou neutre, "Cela" (tad, tad êkam) dont nous facultés de mesures (tanmâtrâ), constituent une sizygie de principes conjoints, sans composition ni dualité. Ces principes conjoints ou "soi" multiples qu’on ne peut distinguer ab intra, mais respectivement nécessaires et contingents en eux-même ab extra, ne deviennent contraire que lorsqu’on envisage l’acte de manifestation du Soi (swaprakâshatwam) que constitue la descente depuis le silence de la non-Dualité jusqu’au niveau où l’on parle en terme de sujet et d’objet, et où l’on reconnaît la multiplicité des existences individuelles séparées que le Tout (sarvam = το παν) ou l’Univers (vishwam) présente à nos organes de perception physique. Et, dès lors que l’on peut, logiquement mais non réellement, séparer la totalité finie de sa source infinie, on peut aussi appeler "Cela" une "Multiplicité intégrale", une "Lumière Omnniforme". La création est exemplaire. Les principes conjoints, tels que Ciel et Terre, Soleil et Lune, homme et femme, étaient un à l’origine. Ontologiquement, leur conjonction (mithunam, sambhava, êkobhava) est une opération vitale, productrice d’un troisième à l’image du premier et ayant la nature du second. De même que la conjonction du Mental (Manas = νους, αογος, αληθεια) avec la Voix (Vâch = λογος, φωνη, αισθησις, δοξα) donne naissance à un concept, de même la conjonction du Ciel et de la Terre éveille le Bambino, le Feu, dont la naissance sépare ses parents et remplit de lumière l’espace intermédiaire (antariksha, Midgard).
L’artiste n’est pas une sorte d’homme spécial, mais chaque homme est un artiste spécial.
Version: 1.5
Maj : 22/11/2024