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Plotin

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Données générales

PériodeLieu
GénéralIIIItalie
Naissance205Lycopolis, Égypte
Décès270 ( 65 ans)Naples, Italie
Cause
Inhumation
tuberculose

DomaineCourantOrdre
PhilosophieNéo-Platonisme 🎓École néoplatonicienne de Rome 🎓

RelationsNom
Influence
MaîtreAmmonios Saccas
Par? Brahmanisme
Stoïcisme
Platon
DiscipleAmelius Gentilianus
Porphyre de Tyr
SurMystique chrétienne
Néo-platonisme
Augustin d’Hippone
Giordano Bruno
Hypathie d’Alexandrie
Isaac l’aveugle
Jamblique
Jean Pic de la Mirandole
Maître Eckhart
Marsile Ficin
Proclus

Repères biographiques

I. Histoire

► Dans la mesure où Plotin était peu intéressé par la notoriété, les renseignements biographies le concernant sont maigres et viennent principalement de Porphyre. Né à Lycopolis on ignore d'abord tout de son activité, Suidas et Prophyre commencent son histoire alors qu'il se fait disciple d’Ammonios Saccas de 232 à 242. Il participe en 244, à 39 ans, à l’expédition de Gordien III contre le roi perse Sapor dans le but d’entrer en contact avec la philosophie orientale perse et indienne. Lorsque l’empereur meurt, il passe par Antioche avant de fonder sa propre école à Rome en 244, école dont il assurera la direction jusqu’en 269 tout en menant une vie ascétique. Plotin meurt en Campanie après une longue maladie en 270. Son œuvre, synthèse mature et cohérente commence à être rédigée en 254, il l’envoie à Porphyre pour publication, quatre ans plus tard. Elle sera publiée en 301 sous une forme tirée de principes pythagoriciens : 54 traités groupés en six neuvaines. Elle se perdra durant le moyen-âge jusqu'à ce que Ficin ne la retrouve en 1492.

II. Pensée

◆ Plotin était vénéré de son vivant et les néoplatoniciens l’ont ensuite considéré comme un être divin. La philosophie est pour lui de nature initiatique, c'est un art de vivre et une spiritualité et le rôle de philosophe, plus que celui d’un savant et d’un professeur est celui d’un guide spirituel dont le but est de former les âmes à être en accord avec Dieu et la nature. Le philosophe, chez lui, accentue donc plus encore que chez Platon le coté religieux. Il s’est astreint à commenter l’œuvre de ce dernier, envers lequel il se présente comme simple commentateur et dont il reprend les axes principaux mais dans laquelle il voit un mystère : de la contemplation de Dieu, on passe à la fusion en lui, le mysticisme y est plus radical, la sotériologie bien plus affirmée. Il se concentre en outre à résoudre le problème de l’un et du multiple par le biais d’un système métaphysique.

↳ Il décrit dans ce dernier l’objet du philosophe qui consiste en la remontée, une réminiscence de l’âme sur les degrés de l’échelle du réel. Cette remontée est conceptualisée et médiatisée par la philosophie qui s'appuie sur les théories platoniciennes du Parménide, du Banquet ou de Phèdre. Chez Plotin, l’âme et le corps ne sont pas perçus comme des substances hétérogènes mais plutôt comme des expressions dissemblables et successives de la même substance qui s’est matérialisée à partir de l'intelligible. L’âme, reflet des intelligibles est, contrairement aux choses sensibles, dépourvue de matière bien qu’elle ait une forme. Dans cette âme, réside une empreinte que l’on peut réactualiser par la contemplation de l’intelligible qui y est contenu. Cet intelligible, n'est plus mesure et limite comme chez Platon, mais absence de limite, dont on fait l'expérience progressive non par l'appréhension rationnelle par au travers d'une série d'extases mystiques. Aussi, le philosophe trouve le levier de cette remontée dans la hiérarchie du réel, au travers de l’ascèse pacificatrice et de la faculté de concentration spirituelle qui permettent d’échapper à la prison corporelle à laquelle les Hommes sont aveuglément attachés. Aussi, nulle lutte chez Plotin, seulement une passivité discriminante embrasée par l’amour du bien qui délie de tout attachement illusoire, échelon par échelon.

↳ Le moteur cette focalisation contemplative se trouve de l’amour ouranien qui permet de percevoir la beauté de l’intelligible qui gît dans le sensible et tous les êtres qui le composent. Sans cet amour, l’âme resterait inerte, quelque soit son degré de pureté. Les réincarnations et la souffrance sont par ailleurs chez lui, des moyens cathartiques pour φυγή μονου πρός μόνον {Fuir seul vers le Seul}. S’élevant finalement au dernier degré métaphysique, outrepasse les vertus elles-mêmes et s’identifie extatiquement au bien qui en constitue l’essence.

↳ Par la pratique magique qui est la prière et l'exercice du culte, ainsi que par le décryptage symbolique des signes célestes que l'on exerce dans l'astrologie(1), le philosophe éveille les chaînes sympathique de la substance universelle hypostatique produite par le nous favorisant ainsi la libération du corps et ainsi les visions intérieures permettant de contempler le bien. Néanmoins chez Plotin, les sciences occultes sont dépourvues de ce qu'il estime être de l'idolâtrie, de dualisme et de fatalisme et il réfute en conséquence, la magie des gnostiques et l'astrologie des chaldéens.

↳ Finalement, l’Homme dont le choix de vie est tourné vers le monde sensible, ne saurait atteindre l’un, car distrait, il en est absent, encombré, il est pour lui illusoirement fractionné. Plus encore, toute définition mentale de l’un empêche sa contemplation, Plotin, après Philon, justifie et organise la théologie négative. Tout élément étranger au bien, à la cause première, est justement écarté par les purifications : maléfices et passions qui enferment l'Homme dans l'animalité. Plotin appréhende d’autre part la tangibilité de son progrès dans la manifestation d’une plus grande morale, signe d’une élévation de la conscience dans l’âme.

◆ Son système métaphysique, ordonné et subtil, recueille l’héritage ontologique de la pensée grecque et le systématise en une triade d’émanations successives qui sont, chez Hésiode : Ouranos, Chronos et Zeus. Il présente ainsi une hiérarchie de niveaux de réalité qu’il distingue rigoureusement :

L’un platonicien est le principe premier, centre immobile autour duquel tout tourne et dont tout dépends mais qui lui, ne dépends de rien. Il est le bien, est inconnaissable, aconceptuel, et se caractérise par l’activité toute puissante. Si Aristote accorde au premier moteur, une certaine activité intellectuelle, Plotin s’y refuse, estimant que la pensée ne saurait témoigner de l’absolu unité divine. L’un par surabondance de sa puissance (et non par défectuosité), fait dériver trois hypostases composées qui ne sont néanmoins pas séparées de lui :

Le νοῦς {intellect} aristotélicien, qui est le beau, il est l’être et se caractérise par une double mouvement de déroulement et de transformation. Cet intellect se singularise dans une succession de degrés et de hiérarchies au sein desquels il ne se départi pourtant pas de son universalité. Chaque particularisation est néanmoins définit par une limite qui trouve sa fin dans le déploiement maximum de sa plénitude.

L’âme universelle du stoïcisme, émerge ensuite de l’intellect sans pourtant s’en séparer, tout en s’unissant cependant à ce qu’elle produit. Elle est donc individuellement confondue dans ses créations, sans pour autant se départir de son unicité.

Ses créations sont les corps. La matière est alors vue comme mauvaise, corruptrice et divisante car caractérisée par le mouvement incessant du devenir et du changement et finalement le non-être. Elle génère le mal par son refus de se conformer à l’idéalité et à la plénitude de l’intellect.

Entièrement hostile à tout dualisme(2) ainsi qu’a la multiplication des intermédiaires ontologiques, il rejette catégoriquement les spéculations du gnosticisme et du platonisme proche du néopythagorisme. Rationaliste, il rejette la théurgie et pour lui la métempsychose et les démons n’ont qu’une valeur axiologique. Prophyre signalera que son maître aura atteint par quatre fois l’union avec la transcendance.

III. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme dit que Le plus célèbre philosophe de l’Ecole d’Alexandrie est incontestablement Plotin. Il fut, comme Origène, disciple d’Ammonius, et devint, plus tard, le maître de Porphyre. Son œuvre est considérée comme la suite de Platon. Cependant, s’il surpasse ce philosophe dans la métaphysique où il excelle, il lui est notoirement inférieur dans la physique et dans la connaissance des forces de la nature. Plotin s’était fait initier aux mystères, il avait acquis, dit-on, la science des miracles, quoique son œuvre soit plus exempte de théurgie et d’ésotérisme que celle des autres philosophes alexandrins. […]

Œuvres choisies

  • Ennéades, III. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur Internet Archive Lien vers l’œuvre sur Internet Archive Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

Citations

Ceux qui s’appliquent trop aux choses deviennent ordinairement incapables des grandes.
Les Ennéades
[…] Chaque âme est et devient ce qu’elle contemple.
Les Ennéades
Comme tous les incorporels, c’est seulement quand elle le souhaite que l’âme s’incline vers un corps.
Les Ennéades
C’est ce que veut dire l’ordre, donné dans les Mystères, de ne rien révéler aux non-initiés ; c’est à vrai dire parce que le divin ne peut se révéler qu’on refuse de le faire voir à qui n’a pas eu le bonheur de le voir lui-même.
Les Ennéades (VI, 9, 11)
Il n’y a de hasard que dans les choses dérivées et multiples.
Les Ennéades
Jamais un œil ne verrait le soleil sans être devenu semblable au soleil, ni une âme ne verrait le beau sans être belle. Que tout être devienne donc d’abord divin et beau, s’il veut contempler Dieu et le Beau.
Les Ennéades
La magie est fondée sur l’harmonie de l’univers : elle agit au moyen des forces qui sont liées les unes aux autres par la sympathie […] Comme les enchantements (ἐπωδαὶ) agissent sur la partie irraisonnable de l’âme, on détruira leur puissance en les combattant et en leur résistant par d’autres enchantements (ἀτᾴδων ϰαὶ ἀντεϰᾴδων). On peut donc, par suite d’enchantements, éprouver des maladies, la mort même, et en général toutes les affections relatives au corps […] Tout être qui a quelque relation avec un autre être peut être ensorcelé par lui (γοητεύεται). Il n’y a que l’être concentré en lui-même [par la contemplation du monde intelligible] qui ne puisse être ensorcelé.
Les Ennéades (IV,4,26 ; IV,4,53), cité par Marie-Nicolas Bouillet in Les Ennéades de Plotin
La sensation se termine en imagination, et quand la première n’est plus, l’objet de la vision reste dans la seconde.
Les Ennéades
Le courage consiste à ne pas craindre la mort. Or, comme la mort est la séparation de l’âme d’avec le corps, cette séparation ne saurait effrayer celui qui aime à être seul.
Les Ennéades
Le sage est tourné vers lui-même et il trouve en lui toutes choses.
Les Ennéades
Lorsque la contemplation s’affaiblit chez les hommes, ils passent à l’action qui est une ombre de la contemplation et de la raison.
Les Ennéades
L’âme n’est belle que par l’intelligence, et les autres choses, soit dans les actions, soit dans les intentions, ne sont belles que par l’âme qui leur donne la forme de la beauté.
Les Ennéades
Mourir, c’est changer de corps comme l’acteur change d’habit.
Les Ennéades
Ne cesse pas de sculpter ta propre statue jusqu’à ce que l’éclat divin de la vertu se manifeste.
Les Ennéades
Nous sommes beaux quand nous nous connaissons et laids quand nous nous ignorons.
Les Ennéades
Qui devient homme cesse d’être le tout… qui revient au tout crée le tout.
Les Ennéades
Se suffire à soi-même est la plus grande des richesses.
Les Ennéades
Souvent, m’éveillant de mon corps à moi-même, devenu extérieur à toutes les autres choses, mais intérieur à moi, voyant alors une beauté extraordinaire, ayant la certitude d’appartenir à la partie la meilleure de la réalité, exerçant l’activité propre à la vie la meilleure, étant devenu une même chose avec le divin, ayant été établi en lui, m’ étant établi moi-même au-dessus de tout autre objet d’intellection, après ce repos dans le divin, retombant de l’intellection à la raison, je me demande comment il est possible qu’une fois déjà et maintenant encore je puisse ainsi descendre et comment mon âme a-t-elle pu se trouver à l’intérieur de mon corps, si elle est telle qu’elle m’est apparue en elle-même, bien qu’étant dans le corps.
Les Ennéades (IV, 8, 1)
Voyons-le comme un avec nous mêmes ; voyons-le comme étant nous-mêmes.
Les Ennéades


1. Et qui sont des formes de manifestation supérieures à l'Homme.

2. Il critique Numénios sur ce point.