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Ésotérisme
ezɔteʁism — subst. masc.

Définition

[Ésotérisme (Ésotérosophie)]

► Sapience relative aux processus vitaux et amoureux de l’absolu : sa constitution et ses lois, son origine et sa fin. Cette sapience est estimée comme étant le but de l’Homme, l’essence de toutes les religions et est exprimée hermétiquement par les rites, les symboles et la nature elle-même.


[Ésotérisme (Ésotérologie)]

► Ensemble de connaissances réservées, formalisé en divers systèmes théoriques et/ou pratiques transmis oralement par des initiés (au sens profane, sacré ou gnostique) à des postulants estimés capables intellectuellement, moralement et physiologiquement. Il résulte de cette structure anthropologique, la formation d’une élite (au sein d’une société, religion, corporation…) et la pratique du secret, attitude d’esprit que l’on retrouve de façon récurrente dans l’histoire de l’humanité.


[Histoire (des idées occidentales)]

► Discipline dont l’objet est l’ésotérisme. Elle vient sourdre depuis les racines mystico-magiques des religions (principalement égyptiennes, assyro-babyloniennes et chamaniques hyperboréennes) dans les cultes à mystères, apparaît distinctement avec le pythagorisme puis stt. le néoplatonisme, commence à se constituer avec l’hermésisme chrétien du moyen-âge classique et émerge finalement à la renaissance, dans le milieu de l’Académie platonicienne de Florence, qui en regroupe les rameaux principaux. Elle se fond finalement en tant que courant proprement dit f.XVII d.XVIII.

Étymologie

? Ind.Eur. : *h₃yebʰ- {aller à l’intérieur, pénétrer, copuler}

Grc. : ἐσωτερικός (ésōteriκós) {de l’intérieur} (ultimement de l’adverbe/préposition ionien "esô" {au-dedans})

Introduction

I. Cadre et redirections

■ Dans la mesure où l’ésotérisme (et ses sujets connexes) est décidément le sujet principal de cette encyclopédie et que cette dernière se destine à une certaine exhaustivité, la présente fiche ne va aborder uniquement que la caractérisation de ce terme, de façon stricte, tout en s’attachant spécialement à sa signification, son sens fondamental et son exposition.

Concernant l’histoire et les doctrines, les concepts et les représentations, les personnalités et les organisations, les œuvres et les études et, finalement, tout autre sujet qui présentera plus ou moins de singularités et de spécificités, reportez-vous aux différentes sections cette encyclopédie.

◆ Hormis les tableaux d’entrée des treize sous-sections qui constituent la matière principale de notre projet, nous signalons immédiatement, depuis la sous-section Mémentos, certains documents dont les sujets nous paraissent essentiels pour avoir une première vision théorique d’ensemble :

a. Pour l’aspect historique, 𝕍 ntm. le mémento Les Grands évènements de la spiritualité occidentale qui a justement pour objet de baliser l’histoire de la spiritualité occidentale, avec naturellement, une définitive focalisation sur l’ésotérisme. Il ne faut cependant pas perdre de vue que, contrairement à des domaines techniques, la discipline historique ne saurait transmettre des indications plus profondes que la commodité induite par les repères chronologiques.

b. Un guide thématique est à votre disposition pour s’orienter en première intention et de façon raisonnée dans les différentes sections de l’encyclopédie (et donc dans la thématique de l’ésotérisme lui-même), ainsi que pour bénéficier de suggestions méthodologiques.

c. Les deux organigrammes présentant les courants spirituels occidentaux par ordre typologique et les courants spirituels non-occidentaux par ordre typologique devraient également être à propos pour obtenir une vision globale des liens conceptuels et des articulations historiques qui lient les différents courants spirituels.

d. Enfin, concernant des documents de référence pouvant servir de premier outil, les tableaux des Éditeurs francophones spécialisés en ésotérisme, celui des Librairies francophones spécialisées en ésotérisme, celui des Revues universitaires et enfin celui des Revues initiatiques devraient également délivrer plusieurs appoints non négligeables et immédiatement opérationnels au niveau documentaire.

II. Clarifications autour d’un mot problématique

◆ Si l’adjectif "ésotérique" date de 166 (Lucien, Vies des philosophes à l’encan), le substantif "ésotérisme" n’est que de 1828 (Matter, Histoire du gnosticisme 2,p.83). Jusqu’au m.XX les définitions disponibles pour ce substantif étaient assez vagues sinon embrouillées. Il est vrai que, encouragé par les traitements médiatiques et commerciaux, faute d’une définition méthodique, de distinctions lexicales claires et de jalons historiques précis, le terme désigne, tant pour le grand public que pour encore trop d’universitaires (et parfois certains ésotéristes eux-mêmes), un conglomérat hétérogène, désordonné, flou et finalement vaporeux de conceptions et de méthodes encadrées par une affectation pour le mystérieux et le fantastique. En outre, des éléments caractéristiques de l’ésotérisme sont présents à des niveaux très divers de nombreuses civilisations, sous des formes variées et souvent cachées, ce qui ne favorise ni leur distinction ni leur identification. Pourtant, l’ésotérisme, fait de culture, est constitué d’un faisceau de faits de nature, puis s’élabore en une weltanschauung. Il est ainsi véritablement un domaine dans ses spéculations, une discipline dans sa praxis et un courant de pensée une fois replacé dans le flux de l’histoire.

↪ Cependant, l’ésotérisme du fait de sa nature même, génère fantasmes et méprises et ce, à partir de trois axes principaux :

a. Interdisciplinarité. D’abord, par l’intermédiaire de disposition naturelle et de sa volonté de synthèse, l’ésotérisme refuse les systèmes étanches et repousse les taxinomies. Il s’agit d’un domaine interdisciplinaire où se rencontrent la théologie, la philosophie et la psychologie, l’art et les sciences. En conséquence, il déborde sur ces domaines chez de nombreux auteurs, parfois de façon occulte voir souterraine, et y imprime volontiers des parcelles de sa weltanschauung. De plus, ses méthodes d’investigation, fortement heuristiques, sont autant subjectives, mystiques et du domaine de la foi, qu’objectives, empiriques et du domaine du pragmatisme. Essentiellement, elles culminent dans le phénomène de la vision. Hormis certains partis-pris idéologiques, c’est la première raison pour laquelle l’ésotérisme, en tant qu’ensemble, fut difficile à discerner et donc à étudier pour les intellectuels et les universitaires(1) jusqu’à la pm.XX où des similitudes structurelles entre penseurs furent définitivement repérées et acceptées.

b. Confusions typologiques. Il faut également ajouter que ce "conglomérat de conceptions et méthodes" est fréquemment perçu comme douteux, en particulier au regard du zeitgeist, imbibé de l’épistémologie de la science moderne. De plus, ces suspicions se renforcent si, ajoutant à l’ignorance de l’objet et des méthodes de l’ésotérisme, l’on prend comme référence le contenu transverse et inégal du néo-occultisme du XIX ou, ce qui est plus significatif et légitime, celui des nouvelles spiritualités ésotérisantes issues des années soixante-dix (notamment la wicca et le new-age). Ce sentiment s’affirme d’autant plus si on examine le contenu, plus tardif encore, du développement personnel. Ces démarches sont toutes, pour une bonne part, inscrites dans une démarche psychologisante (voir superstitieuse) et commerciale (sinon intéressée) et incitent naturellement aux positions polémiques. Et en conséquence, ces démarches ne sauraient être représentatives de l’ésotérisme tant dans son contenu réel que dans son développement au sein de l’histoire des idées.

Quoiqu’il en soit, il est opportun de signaler que si les pratiques occultes enracinées dans la superstition populaire et issues d’un paganisme dégénéré existaient durant le moyen-âge, la plupart des ésotéristes se rattachent ajd. aux synthèses et spéculations effectuées à partir de la renaissance. Elles prennent ntm. racine chez Ficin puis Pic de la Mirandole, qui, à partir du christianisme et des différents courants ayant fleurit en Méditerranée orientale, élaborent spéculations et questionnements dans le champ des causes secondes et des entités intermédiaires. Ce domaine était en effet alors négligé par la théologie scolastique dominée par l’aristotélisme. Or, d’un point de vue spéculatif — et se démarquant par là de la démarche théologique ou mystique — le monde intermédiaire (fondé par l’union de l’appel de Dieu et de la réponse de l’Homme) constitue pour l’ésotériste le sommet du dessein et de l’élaboration divine, l’achèvement eschatologique de leur œuvre commune, qu’il envisage ainsi selon un schéma en trois dimensions(2). Dans la mesure où le terme "ésotérisme" n’existait pas encore, les expressions philosophia occulta ou philosophia perennis étaient employées par ces humanistes. Leur projet était de réformer les enseignements officiels tout en s’adossant aux traditions antiques et médiévales : pythagorisme, néoplatonisme et hermétisme alexandrin, alchimie, astrologie, magie et qabale.

c. Inadéquations gnoséologiques. Enfin, la troisième source d’incompréhension réside dans les catégories rationnelles au travers desquelles évolue la pensée ésotérique : elle use en effet, pour une partie (et son plus auguste partie), d’articulations logiques spontanées, archaïques, principielles, de nature universelles et omnidirectionnelles, que l’on retrouve chez les enfants, les primitifs, les fous ou les poètes(3), à la seule différence que l’ésotérisme prétend justement éclairer, vectoriser et édifier ces processus. Offrant pragmatiquement la priorité au processus opératifs relatifs à la mystériosophie, la pensée ésotérique trouve sa raison d’être et sa finalité dans l’illumination des esprits et la délivrance des âmes. Aussi, l’ésotérisme constitue l’horizon de la réflexion philosophique : il estime les opérations logico-discursives et l’idée de linéarité causale insuffisantes, le principe du tiers exclu disproportionné et finalement, la notion d’univocité, inadéquate du point de vue pratique. L’ésotérisme, ne fait pas l’inverse de la rationalité mais le contraire : il cherche — en un mot — à révéler et expliciter le processus de catastérisation et à finalement manifester le soleil caché dans l’âme de l’Homme.

Décidément, de par son caractère même, qui est une volonté de retour constant vers le principe et une posture de questionnement et de recherche, en particulier vis à vis de la tradition(4), l’ésotérisme va à contre-courant du processus temporel de l’évolution biologique et ainsi, de tout ce qui en résulte. Il est ainsi fatalement dans une situation marginale vis à vis de la société, de ses modes et de ses savoirs(5). Ontologiquement, il écarte les limites du bon sens imposées par les habitudes issues des corpus de connaissances constitués, estimant, par l’intermédiaire d’une dynamique imaginative remettant en question les acquis, que même si les prémisses d’un raisonnement sont corrects, cela n’écarte pas pour autant tout risque d’erreur ultérieur(6). Il fait sien le dit du Bouddha : Ne vous fiez pas à ce qui a été acquis du fait de l’avoir entendu de façon répétée ; ni du fait de la tradition ; ni du fait de la rumeur ; ni du fait que ça se trouve dans une écriture ; ni du fait d’une supposition ; ni du fait d’un axiome ; ni du fait d’un raisonnement spécieux ; ni d’un parti-pris en faveur d’une notion à laquelle on a pu réfléchir ; ni du fait de l’apparente habileté de quelqu’un d’autre ; ni du fait de la considération ’Ce moine est notre maître spirituel’. (Enseignement aux Kalamas : I,4) Aussi, l’ésotérisme, est concrètement incompatible avec les errements des sophistes, les naufrages de l’idéalisme dogmatique de la bigoterie, les vétilles de la scolastique, le rationalisme étriqué et matérialiste des lumières, les mirages du positivisme scientifique ou encore les hyperspécialisations stériles du monde industrialisé qui tous, lui sont naturellement opposés et défavorables. Il ne saurait se suffire d’une interprétation simpliste du veritas est adaequatio rei et intellectus (Aquin, Sur la vérité, citant Israeli ben Salomon) et va plus loin que le monde de la représentation. L’ésotérisme occupe donc une position privilégiée pour s’attacher à l’étude d’une catégorie de phénomènes dont l’approche scientifique ne peut pas se charger : ceux qui ne sont pas objectifs, reproductibles et quantifiables. Ainsi, la position de l’ésotérisme pose régulièrement des problèmes épistémologiques, notamment au regard du rôle de l’imagination(7).

Pourtant, divergent de la norme, l’ésotérisme n’en est pas moins profondément imbriqué dans l’aventure Humaine. D’une part, les intuitions de l’ésotérisme furent le point de départ métaphysique de philosophies dont la structure présente des isomorphismes avec la tradition : ex. Spinoza et la kabbale, Berkeley (Siris) et l’alchimie, Jung et l’ésotérisme en général. D’autre part, ayant la caractéristique de pouvoir s’adapter à de nombreux modes de pensées, l’ésotérisme, sortant du cadre et agissant comme un fermant, stimule la réflexion et interfère régulièrement au cours de l’histoire avec les idéologies et la politique, la culture artistique et ingénierique : un grand nombre de découvertes, d’idées novatrices, de "premières fois" et de pistes nouvelles(8) furent en effet opérées par des ésotéristes ou influencées par l’ésotérisme. La pensée ésotérique de plus, larvée dans la psyché humaine, couve naturellement dans la culture populaire qui constitue l’une de ses matrices. Il rejaillit ainsi régulièrement de façon spontanée et inattendue dans le vaste domaine du folklore qui, quoique instable et miragineux, constitue un terrain de recherche privilégié pour l’ésotérologue.

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↪ Ainsi, encore ajd., pour la conscience collective, l’ésotérisme, en tant que principe, s’essentialise au travers d’un syncrétisme de ses divers embranchements théoriques et pratiques (occultisme, magnétisme, divination…) et demeure, au mieux, dans une position intervallaire et précaire. La plupart des auteurs, faisant naturellement montre de leur propre compréhension et points de vue(9), entretiennent la confusion : (a.) en ne donnant pas le même contenu sémantique aux mots utilisés, (b.) en l’associant de façon systématique à une contre-culture ce qui au niveau sociologique, ne constitue pas une de ses spécificités, (c.) ou bien encore - bien que de façon moins grossière que le grand public - en réduisant l’ésotérisme à une de ses parties(10).

Il est toutefois important que l’ésotérisme doive être distingué de la théologie d’abord et de la philosophie ensuite (et dans une moindre mesure, de la science et de l’art), distinctions légitimes et a priori plus délicate dans la mesure où l’interpénétration entre entre ces domaines se fait à plusieurs niveaux, ntm. historique, conceptuel et épistémologique(11). Qu’il suffise à cet égard de mentionner que le présocratique Pythagore, à qui l’on attribue l’invention de la philosophie et du mot lui-même (via la fameuse anecdote d’Héraclide du Pont citée in Jamblique Vie de Pythagore XII, et Cicéron Tusculanes V:3-4), est également considéré comme le plus ancien ésotériste occidental (la figure d’Orphée qui le précède se perd dans les temps mythiques et Zoroastre, bien que pareillement respecté est un oriental).

Description

I. Objectifs fondamentaux

► Concernant ses objectifs, l’ésotérisme peut être d’abord défini lapidairement par la recherche de compréhension du sens du cosmos ainsi que par l’obtention de la fécondité psycho-spirituelle qui en résulte, et ce, par le truchement de la bonne fortune. Cette démarche cosmologique est estimée comme étant la nature et la dignité même de l’Homme. Elle est caractérisée par un souci d’authenticité et de profondeur et passe par une attitude à la fois introspective et extrospective. Elle aboutit, sur le plan métaphysique et éthique, à actualiser la place de l’Homme dans le cosmos. Élevée au faîte de son projet et formulée métaphysiquement, cette recherche s’exhausse au désir de saisir simultanément : le salut définitif au travers de l’unité suprême de la transcendance et la jouissance de l’évolution progressive et infinie dans l’immanence duelle. Aussi, l’ésotérisme, en tant qu’enseignement est un ensemble de connaissances et de pratiques d’intention initiatique et sotériologique.

Du fait de cette démarche, on constate, pour commencer, que toute formulation ésotérique génère à terme, mais de façon systématique, des comptes rendus (a.) sur la structure subtile de l’univers, des forces et influences qui y président et des impressions qu’elles suggèrent au monde phénoménal, (b.) sur la nature et la place que l’Homme occupe dans cet univers notamment par l’exposition de son anatomie occulte et enfin (c.) sur la relation qui s’établit entre eux deux(12).

↪ En conséquence, l’ésotérisme s’occupe fondamentalement d’anthropologie sacrée, de connaissance de soi(13) et de l’édification de l’Homme (spirituelle d’abord, donc physiologique ensuite). Dans la perspective ésotérique, ce dernier est, la plupart du temps, estimé inauthentique, incomplet ou dégénéré du point de vue de la conscience et de la puissance car momentanément détourné de sa véritable destinée, sous le joug de puissances normalement inférieures à lui. L’ésotériste se fixe ainsi comme dessein de faire correspondre son microcosme, anthropocosme personnel, au macrocosme cosmique idéal, l’αρχάνθρωπος (archánthropos). Ou mieux, de permettre une superposition synthétique et harmonieuse (non pas une fusion radicale, qui serait l’indifférenciation mystique) de toutes les parties du cosmos (dont l’Homme et la nature sont des strates) avec Dieu. Cela, de façon à ce que, adéquatement superposées, ces différentes parties focalisent — comme autant de lentilles — la lumière originelle, qui, consubstantielle au divin, est saisie comme le concentré de la puissance transmutatrice de Dieu.

Ultimement, et comme toute autre discipline, l’ésotérisme au sens total et idéal ne peut être réellement appréhendé que par un maître dans ce domaine : l’adepte ; qui, par l’intermédiaire exemplaire de Dieu, a été initié aux secrets de la création. C’est en effet la volonté de Dieu, transcrite dans les lois de ladite création, qui se manifestent, pour ainsi dire théophaniquement et depuis la perspective humaine, au travers de la tradition. L’ésotériste, par différents embouquements qui lui sont propres, reçoit cette tradition comme un verbe ou un langage. Il tente au travers d’elle de comprendre, de suivre et de pratiquer ces lois par l’entremise d’un ensemble de paradigmes et d’axiomes. Cela, dans le but d’accélérer de façon nécessaire et décisive ce processus de superposition — de communion au sens moral — tout en évitant les errements et les souffrances rendues inutiles par le processus conscient dont il détient le pouvoir.

II. Manifestations

► Dans la perspective ésotérique, les ésotéristes, ou dans l’idéal les adeptes, peuvent générer des philosophies, des religions ou des courants de pensée, dont l’ésotérisme, plus ou moins explicite et qui est leur raison d’être, est sous-jacent(14). Il est estimé comme constituant le noyau vital en même temps que la partie secrète réservée aux initiés (contraire du profanus {en-dehors du temple}), mystiquement inconnaissable dans l’absolu mais magiquement pénétrable(15). Comme tous les courants de pensées, les ésotérismes vont avec le temps et les déplacements humains, s’imbriquer, s’interpénétrer ou se faire absorber tout ou en partie par d’autres courants, ésotériques ou non. D’une façon générale, pour l’ésotériste, le contenu ésotérique s’appauvrit à force d’être répliqué et la transmission initiatique s’interrompt à moins qu’un autre initié ne vienne régénérer, par une nouvelle interprétation, le courant en train de se sédimenter. Si ce n’est pas le cas, le courant dégénère jusqu’à disparaître. Cependant, de nouveau courants ésotériques plus ou moins puissants apparaissent spontanément et sans cesse au cours du temps (quoique à différents intervalles), reformulant et adaptant la doctrine en fonction de l’époque et du lieu, puisqu’il est estimé que l’ésotérisme est la pulsion fondamentale de l’homo religiosus : leur apparition est pour lui, de l’ordre de la fatalité ontologique.

↪ À un niveau global et selon l’échelle de l’humanité, l’ésotérisme, manifesté dans la tradition, constitue alors le dépôt de la sapience humaine accumulée durant les âges. Elle est appréhendée comme indiquant les comportements et modes de vies, disciplines et processus permettant de prendre conscience(16) et de maîtriser intérieurement comme graduellement les forces du cosmos(17). Cette maîtrise intérieure se manifeste au niveau conceptuel par une prise de conscience métaphysique des liens qui unissent l’Homme d’une part, le cosmos et la nature d’autre part, ainsi que les entités qui les habitent. Dès lors, en ésotérisme, les thématiques de la perception (de la vue en particulier) comme celle de la connaissance sont permanentes.

C’est du fait de cette conception que l’ésotérosophe s’attache à des recherches transhistoriques(18), transarchéologiques (ex. Atlantide) ou encore translinguistiques (ex. travaux d’Olivet) plutôt qu’aux considérations historiques, archéologiques et linguistiques qui, si elles ne sont pas nécessairement exclues du champ de l’ésotériste, ne concerneront en propre que l’activité ésotérologique ou ésotérographique. Il convient de ne pas établir de confusion entre ces deux ordres si on désire éviter les nombreux contre-sens quant aux sujets, intentions, méthodes et buts de l’ésotérisme. Aussi, d’un point de vue mythique ou occultiste, les connaissances ésotériques sont estimées anciennes, antédiluviennes voir remontant à l’origine de la création. Ces connaissances sont en outre cachées à la majeure partie de l’humanité et uniquement accessible à des initiés, qui en sont les gardiens. L’ésotérisme demande ainsi à l’Homme d’engager une quête intérieure pour découvrir en lui et/ou dans la nature, un trésor, généralement appréhendé comme étant Dieu lui-même, cette découverte signifiant alors le salut.

III. Histoire et linguistique du mot

■ Pour ce chapitre, nous sommes largement tributaire du travail de Riffard in L’Ésotérisme et Ésotérismes d’ailleurs.

◆ Concernant l’historique et la linguistique du mot 𝕍 le chapitre Platonisme et Aristotélisme in Mémento Les Grands évènements de la spiritualité occidentale.

► Plusieurs dérivés morphologiques du mot "ésotérisme", éclairants pour le vocabulaire et la conceptualisation, furent forgés au cours du temps. Évoquons principalement :

a. Disciplines :

Ésotérosophie : Construit comme "théosophie". Approche ésotérique de l’ésotérisme. Se focalise donc sur le contenu spirituel, les concordances et le sens (ex. Proclus, Ibn Arabi, Hall, Schwaller de Lubicz, Corbin…).

Ésotérologie : Construit comme "ethnologie". Étude de l’ésotérisme en général, se voulant objective et impartiale, menée dans le but de mettre en valeur ses structures et ses vécus par le biais de la comparaison, la synthèse et l’interprétation (ex. Jamblique, Papus, Guénon, Steiner, Eliade, Jung…).

Ésotérographie : Construit comme "lexicographie". Approche documentaire et critique (descriptive, analytique et estimative) d’ésotérismes spécifiques (volontairement ou non, de façon authentique ou indue) i.e. limités dans l’espace-temps. Peut être de cabinet, de terrain, de laboratoire ou d’oratoire (en utilisant les méthodes de l’ésotérisme). Fait appel à des sciences auxiliaires comme la sociologie, la linguistique, l’histoire, la statistique ou encore l’archivistique… (ex. Bouché-Leclerc, Cumont, Avalon, Festugière, Tucci, Faivre…).

◆ Il est fondamental de connaître les avantages et inconvénients de chacune des disciplines afin de pouvoir les employer de façons appropriées en fonction de la perspective à partir de laquelle on désire se placer et de l’approche que l’on souhaite appliquer. Il est tout aussi important de savoir identifier dans quelle discipline un auteur évolue. L’ésotérologie et l’ésotérographie sont évidemment relatives aux grands courants/religions de leur époque (christianisme, humanisme, rationalisme…) et aux écoles de pensée plus ou moins sectaires à laquelle l’individu les pratiquants peut appartenir (maçonnerie, psychologisme, scientisme…). L’ésotérosophie, est avant tout subjective, et, si elle n’échappe pas à ces conditionnements culturels par le biais de l’individu, repose sur des intentions et des méthodes faisant réellement sens dans le domaine de l’ésotérisme. Ces disciplines ne sont bien sûr pas imperméables et l’exercice de l’une n’empêche pas l’autre. Une même personne peut ainsi pratiquer deux ou les trois disciplines simultanément(19), dans le même(20) ou plusieurs ouvrages, au cours d’une période ou durant toute son activité. Les exemples donnés pour illustrer chaque discipline sont donc seulement indicatifs. Ex. les pérennialistes sont à la fois ésotérologues, ésotérographes et en sus, conditionnés par leur école de pensée ; Clément est ésotérographe et ésotérosophe, principalement conditionné par le christianisme ; etc..

ORAEDES, tout en faisant en sorte d’éluder l’influence des excès des courants et du conditionnement des écoles — ntm. en se contentant de rapporter tous les points de vues —, est d’abord et d’intention ésotérologique mais emploie également et extensivement l’ésotérosophie et l’ésotérographie lorsque cela semble à propos ou dans un souci d’exhaustivité.

b. Concepts :

Ésotérumène : Construit comme le "théologoumène" d’Aristote (Riffard indique une source en Plutarque, Moralia 421d, mais nous n’avons pas trouvé). Universel ésotérique, idée ou action commune à tous les initiés.

Ésotérème : Construit comme le "mythème" de Levi-Strauss. Unité minimale ayant une valeur ésotérique.

Esoterica : Construit comme orphica, hermetica etc.. Recherches, ensemble d’ouvrages ou matières relatives à l’ésotérisme.

c. Qualificatifs :

Ésotérisant : Se dit d’une chose qui marque des tendances ésotériques que ce soit dans les formes ou le fond. De nombreuses personnalités 🗎⮵ traitées dans cette encyclopédie sont plus des ésotérisantes que des ésotéristes. Il existe aussi le terme "pré-ésotérisme" pour distinguer des approches limites de certains mystiques (ex. Hildegarde), qui, à force de baigner, élaborent des îlots conceptuels, mais n’étant pas encore entrés en relation avec eux de façon à constituer une science, ne peuvent être qualifiés d’ésotéristes.

Ésotéricisme : Attitude refusant l’accès aux non-initié à certaines connaissances soit en condamnant leur accès par l’occultation (ex. discipline de l’arcane), soit en les rendant incompréhensibles sans clef (ex. argot, cryptographie, symbolisme…). Dans une acceptation plus large, cet ésotéricisme peut-être involontaire comme dans le cas du langage technique d’un métier. Npc. avec l’hermésisme de fait de l’ésotérisme. (Construit avec les mêmes intentions que le "théosophisme" de Guénon : afin dégager le terme "ésotérisme" de sa dégradation sémantique qui est la définition communément admise et isolant dans ce néologisme une attitude qui singe les apparences plutôt que l’idée essentielle)

Pseudo-ésotérisme : Imitation altérée, volontaire ou non, des buts, intentions et méthodes ésotériques. Confine au charlatanisme.

Contre-ésotérisme : Renversement des valeurs et des symboles de l’ésotérisme menant par définition à l’inertie spirituelle et au saccage matériel, tant de l’Homme que de la nature. Dans une perspective occulte, ce glissement ontologique anéantissant correspond, du point de vue psychique et subtil, à une cristallisation animique contre-nature qui affecte un processus de cémentation au lieu de celui de la dendritisation. D’un point de vue métaphysique et spirituel, il est opéré une réplication autophagique descendante au lieu d’une fractalisation unificatrice ascendante. Selon les indices démonologiques, fait tendre le corps vers l’asmodéisme, l’âme vers le diabolisme et l’esprit vers le méphistophélisme.

◆ Correspondances les plus proches du mot "ésotérisme" dans différents systèmes :

Terme Arabe Chinois Égyptien Grec Hébreu Japonais Sanskrit Tibétain
Terme Arabe Chinois Égyptien Grec Hébreu Japonais Sanskrit Tibétain
Apocalypse (Révélation divine) Ἀποκάλυψις
Arcane(s) Ὄργια Sitrei (Talmud, Zohar)
  Torah {de la Loi} (Talmud, Zohar)
Art occulte Fang chou
Caché Imène
Caverne T’ong
Ceux qui savent Ha-yodeïm (Moïse ben Nahman)
Chamane Wou
Choses cachées Nistarôt (Esséniens)
Connaissance occulte Gupta vidyâ
Doctrine ésotérique Upanishad
Doctrine occulte (Bouddhique) Mikkyô
Enseignement du mystère Himitsu-kyô Guhyatama
Gnose Ma’rifa (Muhammad ?)
  qalbîyya {du cœur} (Dhû l-Nûn al-Misrî)
Γνῶσις Jñāna
Initiation Bès
Intérieur, ésotérique Bâtin (Coran, LVII, 3) Nei Nangwa [nang.ba]
Invisible Ἀόρατος
Mystère(s) Ghayb (Coran, II, 3, 33) Hiuan Shèta Μυστήριον Razîm [Ara.] (Daniel, II, 18)
Mîstorîn [Grc.] (Talmud)
  tôrah {de la loi} (Talmud)
Mitsu Guhya
Mystériosophie Jummitsu
Occulte Ne’lam (Zohar)
Religion cachée Parda dharma
Réalité, réel, vrai, être Haqq (Coran, III, 95)
Révéler Gâlâh (Daniel, II, 29)
Hâsaph (Daniel, II, 29)
Sacré, esprit Akh
Sagesse Hikma (Coran, LXVII, 12)
  ilâhîyya (divine) (Al-Ghazâlî ; Saadi Shirazi)
Σοφία Hôkhmah (Pentateuque)
  nistarah {Cachée} (Moïse ben Nahman)
  penimit {Intérieure} (Qabale provençale)
Sapience ’Irfân (Imâms shî’ites) Prajñā
Science Al-’Ilm (Al-Ghazâlî ; Saadi Shirazi)
  al-bâtin {de l’intérieur} (Ja’far al-Sâqiq)
  al-lâdunnî {divine} (Ja’far al-Sâqiq)
  al-mukâshafa {du dévoilement} (al-Hasan al-Basrî)
  al-qulûb {des cœurs} (al-Hasan al-Basrî)
Secret(s) Sirr (Coran, LXVII, 12) Mi Rèkh Ἀπορρητα Sôd (Pentateuque) Mikkyô hiô {ésotériques} Rahasya Sangwa [gsang.ba]
Théosophie Θεοσοφία
Tradition Παράδοσις Kabbalah (Isaac l’Aveugle, Éleazar de Worms)
Transmission secrète Hiden
Véhicule du mystère Himitsu-jô
Voie Tarîqa (Dhû l-Nûn al-Misrî) Tao Derekh (Qabale)
  ha-emet {de la vérité} (Qabale)

■ Le but de ce tableau n’est pas de donner des traductions de termes dont le champ lexical pourrait entrer dans celui de l’ésotérisme, mais bien de proposer des termes qui le signifient dans leur langage respectifs. Ces équivalents sont plus ou moins directs et intégrés sans nécessairement structurer de cohérence interne dans un même système à partir de la signification individuelle de chaque terme.

■ Les termes à l’étymologie disputée par exemple تصوف (tasawwuf) {soufisme} d’Ibn Sharîk ne figurent pas dans le tableau.

Typologies

I. Typologie de l’ésotérisme

► Dans le but de parvenir à circonscrire le sujet, plusieurs auteurs, d’abord ésotéristes puis ésotérologues, ont tenté de donner une définition et de caractériser l’ésotérisme. Bien que n’étant pas nécessairement tous présents simultanément ni au même degré d’importance ou de développement, ces points doivent cependant se réunir en nombre suffisant pour pouvoir définir les contours d’un ésotérisme. Sinon il y a risque de confusion avec des philosophies, des mysticismes, des occultismes ou simplement des systèmes religieux. Les points communs les plus constants, universels et caractéristiques dans les courants de pensée ésotériques sont :

a. Une opposition entre ce qui est ésotérique et ce qui est exotérique, l’idée d’une église intérieure unissant les initiés s’opposant à l’église visible du plan temporel. Le recours à l’initiation comme mode de transmission permettant à l’un de faire irruption dans l’autre. Cette initiation s’opère, en particulier, de maître (individu ou entité) à disciple depuis une chaîne initiatique ininterrompue (entre Dieu et le récipiendaire). Cette transmission s’opère soit par l’intermédiaire directe d’une force occulte (contenant une portion individualisée de la loi) sinon par celui, indirect (ou filtré) de l’hermésisme. Cette initiation permet à l’initiable, Homme déchu, incomplet, incorrect, de s’éveiller aux réalités spirituelles et de former une gnose, qui, fusion du savoir et de la foi, est une connaissance du cœur et lui permet de devenir un Homme réintégré, parfait, véritable : Je suis hier et je connais demain. (Je suis) maître de renaître une seconde fois, mystère de l’âme. […] Je fais circuler mes jambes comme Anubis pour m’élancer avant que sorte le flaireur de Tatounen vers les deux Lions. Je suis sauf. Je sors en brisant la porte Illumination-du-cœur. Celui qui connaît la profondeur de l’eau est mon nom. J’agis selon les facultés des mânes. Quatre centaines de mille et quatre millions de choses sont sur son autel. Je suis le protecteur de ces choses, […] Shou exige que je brille en seigneur de vie vrai et radieux, faisant la septième heure lorsqu’il sort. (Sortir au Jour, LXIV:10-13)

Il en résulte d’abord, l’importance de la thématique de l’occulte, du mystère et du secret (ntm. la discipline de l’arcane) qui caractérise techniquement et/ou dramatiquement le rapport que l’ésotérisme entretient avec l’exotérisme. Pour l’ésotériste en effet, l’occultation et le procédé de revoilement est une nécessité sur le plan de la communication pour ne pas trahir la vérité, préserver ce qui est sacré et donc transmettre(21). Julien le Théurge (Discours de Julien Empereur) reprenant la formule d’Héraclite (fragment 123) commente : La nature aime à se cacher, et ce qui est caché de l’essence divine, elle n’admet pas que ce soit jeté, par des discours dévoilés, nus, à des oreilles impures. Et Jaʿfar al-Ṣādiq indique : Notre cause est un secret dans un secret, le secret de quelque chose qui reste voilé, un secret que seul un autre secret peut enseigner ; c’est un secret sur un secret qui est voilé par un secret puis encore Notre cause est la vérité et la vérité de la vérité ; c’est l’exotérique, et c’est l’ésotérique de l’exotérique, et c’est l’ésotérique de l’ésotérique. C’est le secret, et le secret de quelque chose qui reste voilé, un secret qui se suffit d’un secret. D’autre part, il résulte également de ce besoin d’initiation et transmission, la nécessité de s’inscrire dans une tradition et ainsi, le recours à l’impersonnalisation de l’auteur (par le biais de l’anonymat, du pseudonyme individuel ou collectif).

b. Le recours quasi-systématique à l’hermésisme (notamment par le truchement des contes, légendes et mythes) ou du moins à l’herméneutique, et dont l’intention est universelle : toutes les interprétations font sens, de la littérale à la symbolique. Les critères et la grille de lecture de cette herméneutique sont ceux de la tradition et ses examens portent sur n’importe quel objet de perception, avec une prédilection pour les textes sacrés et la nature, perçus comme des livres à la fois mathématiques et géométriques, textuels et symboliques. Il en résulte l’apparition, décalée dans le temps, de commentaires d’ouvrages sacrés(22) et d’une façon générale, une nouvelle réception, une réinterprétation des philosophies et spiritualités passées(23), fréquemment encouragés par l’exégèse de certains passages. Le logion(24) Que celui qui a des oreilles entende ! in Matthieu XI:15 ou la sentence Je vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide, car vous n’en étiez pas capables, et vous ne l’êtes pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels de Paul in I Corinthiens III:2 sont exemplaires. Nonobstant, bien que perpétuellement latent dans les fondations de l’Homme et ainsi, potentiellement présent dans tous les courants, l’ésotérisme s’acclimate, s’épanouit et se travestit plus ou moins en fonction des tendances et idéologies. Ex. l’ésotérisme, dans le christianisme catholique, étouffe sur un terrain qui ne lui est pas propice(25). Ce rejet est l’une des causes de l’émergence de la maçonnerie, des réveils religieux du XVII XVIII et trouve notamment sa cause dans la subordination de la 3ème personne de la trinité à la seconde et du fait que la sanctificatio, certes nécessaire et préparatoire, ait pris un pas disproportionné sur la divinatio {vision}, ex. chez Augustin ou la mystique espagnole.

Dès lors, il y a importance des intermédiaires par le biais de l’imaginatio vera, elle-même médiatrice dans la psyché Humaine. L’Homme lui-même est appréhendé ontologiquement dans sa position médiatrice entre le ciel et la terre et élaborateur de noms reliant hermétiquement la substance à l’essence. Ainsi, d’une part, il y a un recours fréquent aux rituels ainsi qu’une utilisation quasi systématique des symboles 🗎⮵, avec une récurrence marquée pour ce qui constitue la base des rituels : la symbolique des nombres, des lettres 🗎⮵ 🗎⮵, des sons, des formes (notamment géométriques) et/ou des couleurs. Ces considérations sont fréquemment (et ce, depuis la préhistoire) mises en forme sous forme figurative via des tableaux, diagrammes, schémas et finalement, d’œuvres artistiques et ce afin d’en amplifier les significations par la multiplication des engagements sensoriels et psychologiques de celui qui les consulte. Par extension, il y a également présence fréquente d’entités morales intermédiaires : dieux, esprits, idées… potentiellement mis en scène dans des mythes. Dans un cadre mystique et/ou magique, il est éventuellement loisible d’établir un contact avec elles, afin de se constituer des alliés et de s’adosser à une hiérarchie supérieure. Tous ces éléments symboliques ne sont pas, dans la mentalité ésotérique, empêchés de se rencontrer par les barrières du temps et de l’espace, ont une nette tendance au dialogue, à la synthèse sinon au syncrétisme et constituent la structure sémantique du langage ésotérique.

De ces pratiques, il résulte par empirisme inductif et/ou par approche axiomatique déductive, un corpus de méthodes (ex. arithmologie, langue des oiseaux, exercices spirituels…), de sciences (d’abord astrologie, magie et alchimie) et d’arts (ntm. divinatoires, spagyriques, apotélésmatiques, notoires) occultes, basés sur ces principes et en dernière analyse, interpénétrés. Leur objet est de manipuler ou d’entrer en contact avec les forces occultes de façon libérale ou coercitive(26), soit pour avoir un effet subjectif ou transitif, manifesté dans le subtil ou le concret, et dans un but d’élévation verticale ou d’accroissement horizontal(27). La révélation de la vérité par la sagesse et l’accroissement de la liberté par la puissance constituent ainsi l’intention fondamentale des disciplines occultes qui est pratiquée Afin de connaître le monde / Dans sa contexture intime (innersten suzammenhält) / De contempler les forces actives et les éléments premiers / Et de ne plus tenir boutique de mots creux (Faust (si enfin je pouvais connaître tout ce que le monde […] dans notre traduction de Nerval).

c. Importance accordée à une intention d’harmonie et de concorde, à une démarche à vocation universelle (ntm. au travers du triptyque : Dieu, l’Homme, la création) et finalement au processus de synthèse. Ces approches permettent d’unir ce qui est bon tout en écartant ce qui est mauvais, aboutissant à un processus purificatoire de séparation de l’efficace/bien et de l’impuissant/mal. Cette dynamique découle elle-même du principe moniste de concordance de fond entre toutes les parties de la création (subtiles comme visibles), estimées comme issues d’une source commune. Reposant sur un principe d’interprétation, de mise en relation et de synchronicité plutôt que de causalité, l’ésotérisme, repoussant les points de vues dichotomiques(28), présente une logique de résolution des contradictions et de concordance des opposés. De ces vues, il résulte une sapience illuminative, universelle et analogique entre ses parties, concernant conjointement le domaine technique, physiologique, psychique, intellectuel et moral. Leur concordance est un critère pour confirmer la validité du processus herméneutique. Dès lors, il y a une importance accordée à la thématique de l’illumination, de l’intuition et de la sagesse reçue ainsi qu’à celle de la purification, de la régénération, de la transmutation et de la sublimation vécue (extérieure comme intérieure) i.e., en synthèse, de centre, d’androgynéité, et de seconde naissance.

d. Affirmation de l’esprit ou du moins du subtil (plus ou moins caractérisé ou complexe) tant dans le macrocosme que dans le microcosme. Il y a encore, de façon quasi-systématique, la conception d’un fluide aethérique subtil, de nature lumineuse et ignée, constituant, cimentant et parcourant toute l’architecture et les créatures de la création. Lao-Tseu dit à son propos : Il est un être confus qui existait avant le ciel et la terre. / Ô qu’il est calme ! Ô qu’il est immatériel ! / Il subsiste seul et ne change point. / Il circule partout et ne périclite point. / Il peut être regardé comme la mère de l’univers. / Moi, je ne sais pas son nom. (Le Livre de la voie et de la vertu, 25) Dès lors, il y importance, d’une part, de l’au-delà, de la survivance post-mortem et des liens causaux entre les deux plans, en particulier pour l’individu. Ainsi, d’autre part, à partir du processus de réflexion autour des liens interdépendants unissant les différents nivaux de la réalité, il y a une utilisation quasi-systématique des analogies et des correspondances universelles(29), voir, dans les textes les plus élaborés d’une structure du type combinatoire(30). Ces mécanismes, en mettant en parallèle un nombre indéfini de termes, permettent leur révélation réciproque, tant de leur contenu gnostique que de leur puissance occulte. L’ésotériste ambitionne ainsi d’établir un réseau de relations, d’abord, entre la création et la force démiurgique transcendante, ensuite, entre les différentes parties de la création elle-même. Cette démarche culmine finalement dans la perception d’une harmonie globale du cosmos dont l’ésotériste essaie d’abord de s’approprier la partition puis de comprendre l’instrument afin, enfin, de jouer ses propres mélodies et de participer à la symphonie. Pour l’ésotérisme cependant, la nature est plus que la collection de ses effets et n’est pas seulement un ensemble de correspondances qui tissent subtilement les analogies entre microcosme et macrocosme. Vivante, hiéroglyphique, feuilletée, puissance femelle mystérieuse et miroir de Dieu, elle est visible dans ses effets mais, nous l’avons mentionné, de nature hermétique. Car, puissance invisible inspirant les phénomènes de l’univers physique qui sont les manifestations de son auguste élévation, elle contient le principe secret de l’unité et de la fécondité.

L’emploi de l’analogie est la méthode intellectuelle fondamentale de l’ésotérisme, tout comme celle de l’imitation (rituélique, comportementale, traditionnelle…) et finalement de l’identification mystique est sa méthode psychologique fondamentale. Cet emploi de l’analogie est poussé à tel point qu’il mène jusqu’à l’inversion, ce qui différencie catégoriquement la démarche de l’ésotériste de celle du philosophe ou même du poète profane. Ce point, que l’hermésiste prétendra retrouver figuré dans Le Pendu, est une clef de compréhension cardinale de l’axiome de la pensée ésotérique vis à vis de la pensée profane(31). Du point de vue de la dualité ciel/terre, la racine est céleste et spirituelle ; le ciel est une terre, la chute vers la Terre qui est un ciel, engendre une création qui se réfracte, inversée et en se dualisant, en branches, jusqu’à produire des fruits, microcosmes de l’arbre macrocosmique qui sont une nourriture d’immortalité.

Dans le cadre d’une cosmographie plus complexe, chaque niveau de réalité voit cette opération se répéter, l’inversion intervenant ainsi à chacun d’entre eux. Ainsi, ex. et sans entrer dans les détails, dans un système à quatre niveaux, soit 1,2,3,4 du plus subtil au plus épais : 2 est l’inverse de 1, 3 de 2, 4 de 3. Cependant, 1 est de même nature que 3 et 2 est de même nature que 4 car la création n’a, a minima, qu’un ciel et une terre. Mais également, d’un point de vue cosmologique, ce ciel et cette terre se réfractent dans la création par leurs opérations. Ainsi, céleste, la création est continuée, comme une ligne : dès lors, 4 est identique dans sa complétude à 1 : 1 est le germe et 4 la potentialité totalement déployée. Mais également, terrestre, la création est une et circulaire, autour d’un axe et ainsi, 1 est homologue à 4 et 2 est homologue à 3. Et pareillement, en combinant les deux caractéristiques, toutes les parties et les combinaisons de parties sont analogiques et donc, fécondes entre elles : ex. 1 est analogique à 2, 3 et 4, 1 et 2 sont analogiques à 3 et 4, etc..

En conséquence : d’une part, il en découle un emploi récurrent de la cyclologie appliquée à différentes échelles du cosmos, échelles qui se superposent entre elles dans un mécanisme fractal aux niveaux infinis (ex. les âges ou bien le cycle des prophètes du chiisme et du soufisme). Secondement, la Nature est considérée comme un être vivant unique, tissée par un réseau de sympathies et d’antipathies.

La formation de doctrines et d’organisations, parcellaires et/ou abâtardies par des facteurs culturels au regard de l’ésotérisme, souvent contradictoires et présentant des buts variés est évidemment naturelle, mais bien sûr, non systématique au regard de l’ésotérisme lui-même.

II. Typologie de l’ésotériste

► Fondamentalement, essentiellement et de façon idéalisée, un ésotériste est simultanément un théologien et un philosophe, un ascète, un mystique et un artiste, i.e. en un mot un initié à un plan d’existence supérieur, un μάγος (mágos) {mage}. On retrouve d’ailleurs régulièrement toutes ces désignations dans la littérature ésotérique pour désigner l’ésotériste lui-même. Il recherche à la fois la vertu(32) et la connaissance de la nature (la loi exprimée sur le plan sensoriel), démarche sanctionnée par l’esthétique au niveau formel et l’efficience au niveau conséquentiel. Sur le plan moral, il se démarque par l’intensité de sa diligence guerrière à aller vers Dieu — certains mystiques parlent de sentiment amoureuxet la sincérité de sa démarche purificatoire envers lui — ce qui implique une désertion de sa ὕϐρις (húbris) {démesure} —. C’est-à-dire, solairement, par son inflexible maîtrise de soi d’une part et, lunairement, par son abandon total à Dieu d’autre part. Abhinavagupta explique : Ce qui n’est que lumière clairement manifestée, on le nomme soleil. Ce qui, de l’objet à éclairer, ne verse que la portion essentielle, on le nomme lune. Le soleil, dit-on, est moyen de connaissance et la lune est le connaissable. Tous deux, quoique libres, sont cependant inséparables l’un de l’autre, car, ayant la nature de sujet qui jouit et de ce dont celui-ci jouit, ils sont mutuellement tournés l’un vers l’autre. La forme flamboyante de la Conscience que l’on nomme « à l’éclat multicolore » en procède. La nature réelle suprême du feu, c’est cela : celle du Sujet connaissant. (La Lumière sur les tantras, ll7-123a) L’ésotériste est naturel, véritable : intellectuellement, l’application de l’analogie est chez lui systématique, émotionnellement il se sent mystiquement lié aux forces vivantes du cosmos, physiologiquement, enfin, il sacrifie perpétuellement la récitation de la loi de Dieu dans l’ardeur de son feu personnel afin de faire pousser son arbre d’immortalité qui lui offre de nouveaux organes subtils.

► Chez Porphyre (De l’Abstinence, XLIX) on trouve notamment une définition assez précise (quoique évidemment influencée par le néoplatonisme). En effet pour la "Bibliothèque vivante et le musée ambulant", le φιλόσοφος (philósophos) {amant de la sagesse} est ainsi décrit : C’est donc avec raison que le Philosophe qui est en même temps le Prêtre du Dieu suprême, s’abstient dans ses aliments de tout ce qui a été animé : il ne cherche qu’à s’approcher de Dieu tout seul, en prévenant les persécutions des génies importuns. Il étudie la nature ; & en qualité de vrai Philosophe, il s’applique aux signes, & comprend les diverses opérations de la nature. Il est intelligent, modeste, modéré, toujours occupé de son salut ; & de même que le Prêtre d’un Dieu particulier s’applique à placer convenablement ses statues, & à se rendre habile dans les mystères, dans les cérémonies, dans les expiations, en un mot dans tout ce qui a rapport au culte de son Dieu, aussi le Prêtre du Dieu suprême étudie avec attention les expiations, & tout ce qui peut l’unir à Dieu.

Socrate in Phédon d’abord, présente sa mystagogie, démarche qui dans le fond (et avec le concours d’une herméneutique néoplatonicienne), se confond avec celle l’ésotériste : […] je suis persuadé que la terre est immense et que nous, qui l’habitons du Phase aux colonnes d’Héraclès, nous n’en occupons qu’une petite partie, répandus autour de la mer, comme des fourmis ou des grenouilles autour d’un étang, et que beaucoup d’autres peuples habitent ailleurs en beaucoup d’endroits semblables ; […]. Mais la terre pure elle-même est située dans le ciel pur où sont les astres, que la plupart de ceux qui ont l’habitude de discourir sur ces matières appellent l’éther. C’est l’éther qui laisse déposer l’eau, le brouillard et l’air qui s’amassent toujours dans les creux de la terre. Quant à nous, nous ne nous doutons pas que nous habitons dans ces creux, nous croyons habiter en haut de la terre, comme si quelqu’un vivant au milieu du fond de l’Océan se croyait logé à la surface de la mer et, voyant le soleil et les astres à travers l’eau, prenait la mer pour le ciel, mais, retenu par sa pesanteur et sa faiblesse, ne serait jamais parvenu en haut de la mer et n’aurait jamais vu, en émergeant et levant la tête vers le lieu que nous habitons, combien il est plus pur et plus beau que le sien et ne l’aurait jamais appris de quelqu’un qui l’aurait vu. C’est justement l’état où nous sommes nous-mêmes. […] C’est bien là notre état : notre faiblesse et notre lenteur nous empêchent de nous élever à la limite de l’air ; car si quelqu’un pouvait arriver en haut de l’air, ou s’y envoler sur des ailes, il serait comme les poissons de chez nous qui, en levant la tête hors de la mer, voient notre monde ; il pourrait lui aussi, en levant la tête, se donner le spectacle du monde supérieur ; et si la nature lui avait donné la force de soutenir cette contemplation, il reconnaîtrait que c’est là le véritable ciel, la vraie lumière et la véritable terre. Car notre terre à nous, les pierres et le lieu tout entier que nous habitons sont corrompus et rongés, […] Mais le monde d’en haut paraît l’emporter bien davantage encore sur le nôtre. Si je puis recourir au mythe pour vous décrire ce qu’est la terre placée sous le ciel, écoutez-moi, cela en vaut la peine. […]

↪ Puis : — Bienheureux Simmias, peut-être n’est-ce pas le vrai moyen d’acquérir la vertu, que d’échanger voluptés contre voluptés, peines contre peines, craintes contre craintes, les plus grandes contre les plus petites, comme si c’étaient des pièces de monnaie ; on peut croire, au contraire, que la seule bonne monnaie contre laquelle il faut échanger tout cela, c’est la sagesse, que c’est à ce prix et par ce moyen que se font les achats et les ventes réels, et que le courage, la tempérance, la justice, et, en général, la vraie vertu s’acquièrent avec la sagesse, peu importe qu’on y ajoute ou qu’on en écarte les plaisirs, les craintes et toutes les autres choses de ce genre. Si on les sépare de la sagesse et si on les échange les unes contre les autres, une telle vertu n’est plus qu’un trompe-l’œil, qui ne convient en réalité qu’à des esclaves et qui n’a rien de sain ni de vrai. La vérité est en fait une purification de toutes ces passions, et la tempérance, la justice, le courage et la sagesse elle-même sont une espèce de purification. Je m’imagine que ceux qui ont établi les mystères à notre intention n’étaient pas des hommes ordinaires, mais qu’en réalité ils ont voulu jadis nous faire entendre que tout homme, qui arrive dans l’Hadès sans être purifié et initié, restera couché dans la fange, mais que celui qui a été purifié et initié, dès son arrivée là-bas, habitera avec les dieux. Il y a en effet, comme disent ceux qui sont versés dans les initiations, « beaucoup de porteurs de férules, mais peu d’inspirés ». Et ceux-ci, à mon avis, ne sont autres que ceux qui ont été de vrais philosophes. […]

↪ Il poursuit ensuite, rapportant les propos de Diotime dans le Banquet : […] J’ai bien pu, Socrate, t’initier jusque-là dans les mystères de l’amour : mais pour les derniers degrés de ces mystères, et les révélations les plus secrètes auxquelles tout ce que je viens de te dire n’est qu’une préparation, je ne sais trop si tu pourrais suivre même un bon guide. […] Elle continua en ces termes : Celui qui veut s’y prendre comme il convient, doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. D’abord, s’il est bien dirigé, il doit n’en aimer qu’un seul, et là concevoir et enfanter de beaux discours. Ensuite il doit reconnaître que la beauté qui réside dans un corps est sœur de la beauté qui réside dans les autres. Et s’il est juste de rechercher ce qui est beau en général, notre homme serait bien peu sensé de ne point envisager la beauté de tous les corps comme une seule et même chose. Une fois pénétré de cette pensée, il doit faire profession d’aimer tous les beaux corps, et dépouiller toute passion exclusive, qu’il doit dédaigner et regarder comme une petitesse. Après cela, il doit considérer la beauté de l’âme comme bien plus relevée que celle du corps, de sorte qu’une âme belle, d’ailleurs accompagnée de peu d’agréments extérieurs, suffise pour attirer son amour et ses soins, et pour qu’il se plaise à y enfanter les discours qui sont le plus propres à rendre la jeunesse meilleure. Par là il sera amené à considérer le beau dans les actions des hommes et dans les lois, et à voir que la beauté morale est partout de la même nature ; alors il apprendra à regarder la beauté physique comme peu de chose. De la sphère de l’action il devra passer à celle de l’intelligence et contempler la beauté des sciences ; ainsi arrivé à une vue plus étendue de la beauté, libre de l’esclavage et des étroites pensées du servile amant de la beauté de tel jeune garçon ou de tel homme ou de telle action particulière, lancé sur l’océan de la beauté, et tout entier à ce spectacle, il enfante avec une inépuisable fécondité les pensées et les discours les plus magnifiques et les plus sublimes de la philosophie ; jusqu’à ce que, grandi et affermi dans ces régions supérieures, il n’aperçoive plus qu’une science, celle du beau dont il me reste a parler. […] Celui qui dans les mystères de l’amour s’est avancé jusqu’au point où nous en sommes par une contemplation progressive et bien conduite, parvenu au dernier degré de l’initiation, verra tout-à-coup apparaître à ses regards une beauté merveilleuse, celle, ô Socrate, qui est la fin de tous ses travaux précédents : beauté éternelle, non engendrée et non périssable, exempte de décadence comme d’accroissement, qui n’est point belle dans telle partie et laide dans telle autre, belle seulement en tel temps, dans tel lieu, dans tel rapport, belle pour ceux-ci, laide pour ceux-là ; beauté qui n’a point de forme sensible, un visage, des mains, rien de corporel ; qui n’est pas non plus telle pensée ni telle science particulière ; qui ne réside dans aucun être différent d’avec lui-même, comme un animal ou la terre ou le ciel ou toute autre chose ; qui est absolument identique et invariable par elle-même ; de laquelle toutes les autres beautés participent, de manière cependant que leur naissance ou leur destruction ne lui apporte ni diminution ni accroissement ni le moindre changement. […]

◆ Typologies des ésotéristes :

Mentalité Type Moyen Fin
Mentalité Type Moyen Fin
Amérindiens Le chamane Extase Voyage de l’âme
Amérindiens Le voyant Drogue, etc. Connaissance
Amérindiens Le possédé Transe Oracle
Amérindiens Le guérisseur Plantes, etc. Intégrité
Amérindiens Le canoniste Savoir Traditionnisme
Amérindiens Le prophète Pouvoirs Revivalisme
Bouddhisme Hînayâna : Saint {arhant} (Ânanda) Pratique des 253 règles
Insubstantialité du sujet
État de concentration
Théorie des quatre vérités
Extinction
Bouddhisme Mahâyâna : Être-à-éveil {Bodhisattva} (Sadâprarudita) Pratique des 6 pâramitâ
Vide de l’objet
État de vacuité
Théorie des trois corps
Nature-de-bouddha
Bouddhisme Tantrayâna : Parfait {Siddha} (Padmasambhava) Pratique des quatre tantra
Pureté de tous
État de félicité/vacuité
Théorie des trois niveaux
Nature-de-bouddha
Chinois Taoïsme : Anachorète {Yin-tcha} (Jong K’i-k’i) Recettes Immortalité
Chinois Taoïsme : Maître taoïste {Tao-che} (Lao-tseu) Non-agir Vide
Chinois Bouddhisme : Ésotériste {Mi {Secrets}} (Tche-yi) Mandala Nature-de-bouddha
Chinois Bouddhisme : Méditant {Tch’an {Méditation}} (Houei-neng) Concentration Extinction
Chrétiens (Orientaux) Apôtre (Jean l’Evangéliste) Être disciple Annonce
Chrétiens (Orientaux) Prophète (Agabus) Inspiration Prédication
Chrétiens (Orientaux) Ermite (Jean le Baptiste) Ascétisme Pureté des mœurs
Chrétiens (Orientaux) Mystique (Pseudo-Denys) États spirituels Union à Dieu
Chrétiens (Orientaux) Gnostique (Évagre du Pont) Connaissance Salut ici
Égyptiens Le grand-prêtre (Pétosiris) Mythes/Rites Connaissance
Égyptiens Le pharaon (Thoutmès III) Pouvoir Vie
Égyptiens L’artiste (Imhotep) Formes Projection
Égyptiens L’alchimiste (Zosime) Teintures Mutation
Hindouisme Sacrifice (Védiste) Oblation du soma Intégrité du monde
Hindouisme Austérité (Sadhû) Mortifications Quête du soi
Hindouisme Gnose (Shankara) Quête de Brahman Fusion soi-moi
Hindouisme Acte (Gândhî) Désintéressement Union moi-soi
Hindouisme Dévotion (Chaitanya) Amour de Krishna Effusion moi-soi
Hindouisme Yoga (Patañjali) Maîtrise de soi Union sujet-objet
Iraniens Le mage (Zarathushtra) Bonne pensée Inspiration
Iraniens Le mairya (Cyrus II) Puissance Victoire
Iraniens Le ravitailleur (Anâhitâ) Santé Fécondité
Japonais Shintoïsme : Chamane {Mikogami} (Femmes) Transe Appel des esprits
Japonais Shintoïsme : Ermite {Hijiri} (Kôya-hijiri) Montagnes Contact avec les esprits
Japonais Bouddhisme : Ésotériste {Mikkyô {ésotérisme}} (Kûkai) Corps/parole/esprit Nature-de-bouddha
Japonais Bouddhisme : Méditant {Zen {Méditation}} (Eisai Zenji) Concentration Extinction
Juifs Patriarche (Abraham) Alliance Prospérité du clan
Juifs Prophète (Moïse) Vision Trône divin
Juifs Ermite (Élie) Ascèse Pureté des mœurs
Juifs Sage (Salomon) Étude Justice
Juifs Kabbaliste (Abraham Abûl-’Afiya) Secret Théosophie
Juifs Pieux {Hasid} (Ba’al Sem Tov) Dévotion Communication
Mésopotamiens Le grand-prêtre Mythe Génération
Mésopotamiens L’incantateur Exorcisme Réversion
Mésopotamiens Le devin Mantique Oracle
Mésopotamiens L’extatique Transe Message
Musulmans Envoyé {Rasûl} (Muhammad) Prophétie Loi exotérique proclamée
Musulmans Imâm [Shî’isme] (Ja’far al-Sâdiq) Secret Loi ésotérique conservée
Musulmans Saint {Walî} (Salman al-Fârisî) Amitié de Dieu Direction initiatique dispensée
Négro-africains Le sage Coutume Fécondité
Négro-africains Le chamane (Les Kung) Esprit Guérison
Négro-africains Le possédé (Le Vaudû) Transe Oracle
Négro-africains Le visionnaire (Le Bwiti) Drogue Connaissance
Océaniens Le chamane (Mâui) Rêve Connaissance
Océaniens L’inspiré (Vaità) Transe Inspiration
Océaniens L’arioï Danse Fécondité
Tibétains Bouddha [Cosmique ou historique] (Shâkyamuni) Éveil Extinction
Tibétains Bodhisattva [Céleste ou terrestre] (Sadâprarudita) Vœux Salut des autres
Tibétains Lama [Lignée ou racine] (Kalou Rinpoché) Incarnation Transmission
Tibétains Religieux [Moine ou tantriste] (Atîsha) Observances Bouddhéité
Tibétains Yogi [Sédentaire ou errant] (Milarépa) Pratiques Claire Lumière
Tibétains Médiateur [Possédé ou médium] (Oracle de Nechung) Transe Communication

◆ Pour ne pas réinventer la roue et afin de partir d’une base de travail (discutable mais fonctionnelle), ce tableau, destiné à évoluer dans le futur, est sauf exception une reprise synthétique des données formulées par Riffard dans son Ésotérismes d’ailleurs.

■ Les exemples parfois indiqués entre parenthèses dans la colonne des "types" peuvent correspondre tant à des fonctions qu’a des personnages ou des dieux.

III. Modes de transmissions

► La transmission du savoir ésotérique, de nature avant tout psychagogique, peut être organisée en trois voies :

a. La première, la plus directe, est liée au sens fondamental de l’ésotérisme : une transmission d’information (et de l’ἐνέργεια (enérgeia) {énergie} afférente) par la voie extrasensorielle et la méthode contemplative entre une source transcendante et un sujet qui perçoit cette source comme telle. Ces informations sont transmises au sujet dans un état de conscience modifié profond (de réceptivité médiumnique), de transe, induite de façon volontaire ou involontaire, spontanée ou préparée, directe ou indirecte, notamment par des exercices spirituels, l’hypnose, la prise de substances psychotropes(33) ou encore par l’exploitation de certains mécanismes oniriques.

L’information, de nature variable et de plus ou moins grande qualité et pureté(34), doit ensuite être éventuellement triée et toujours digérée par le récepteur qui pourra l’intégrer et/ou la retransmettre de façon plus ou moins partielle. Et, du fait de sa nature transversale qui la rend difficilement communicable, elle le sera fréquemment sous forme symbolique (ex. œuvre d’art, traité philosophique, mythe ou même théorie scientifique). En effet, ces informations ésotériques proviennent et s’adressent avant tout au monde imaginal et pour cette raison, les termes ainsi que la structure logique utilisée doivent être appréhendés par l’outil analogique. L’ésotérisme en effet, se destine à un savoir d’ordre supérieur qui combine l’anamnēsis ainsi que sa faculté cognitive complémentaire, l’imaginatio vera qui imagine ou pour être exact perçoit les images et les symboles, qui finissent à force de complexification, par s’élaborer sous forme historiée, allocutionnée ou charnelle. Puis éventuellement ces informations se convertiront par l’herméneutique et la réflexion en un sens gnostique, mystique, religieux ou encore occulte aboutissant à une connaissance ou plutôt une sapience. Ces avatars mésotériques pourront naturellement varier selon les écoles et donner lieu ensuite à manifestations exotériques à contenu ésotérique comme des rituels initiatiques ou opératifs, des symboles, des pratiques spirituelles ou techniques…. Ces manifestations, au regard de cette voie elle-même sont résolument indirectes, inversées même, car de "bas vers le haut" : elles opèrent par "rétro-ingénierie" psycho-spirituelle, tentant d’établir une communication de type a., ou du moins, de bénéficier de ses fruits, par l’intermédiaire de pratiques mimant les spontanéités ambulatoires ou les interprétations du sujet accomplissant l’expérience directe.

b. La seconde est l’enseignement oral et/ou événementiel d’une doctrine secrète d’initiateur à initié, base de la tradition et qui peut prendre des formes diverses du point de vue du discours et des procédés, principalement : religieuse par l’initiation, philosophique par le raisonnement, psychologiques par l’épreuve, artistique par le symbole, ascétique par les méthodes…(35). Ces transmissions, tantôt sous forme d’instruction dogmatiques formelles, tantôt sous forme de suggestion libérales (voire obscures, ambiguës ou équivoques), sont considérées comme sacrées car disposées, par le truchement du verbe, à établir un rapport intersubjectif. Cette transmission, si elle peut s’avérer pratique à certains égards, est aussi plus incomplète que la précédente, car elle dépend de facteurs relatifs : qualité initiatique et pédagogique de l’initiateur(36), disposition intellectuelle et morale de l’initié et adéquation entre les deux interlocuteurs.

c. La scripturale et artistique enfin, qui est la transmission la moins directe. Il s’agit en effet d’une fossilisation de ce savoir sacré et qui, pour pallier sa vitalité figée, exige une interprétation pour réactiver son mouvement vital, soit qu’elle soit effectuée par le lecteur lui-même ou qu’elle soit transmise par un hiérophante. Naturellement, plus l’ἐκφράσις (ekphrásis) spirituelle de l’œuvre est puissante et plus son essence se fait l’écho des lois éternelles (s’inscrivant ainsi dans les sillons tracés par Dieu), plus son rayonnement naturel est puissant et donc sa réactivation, aisée. Cependant et d’une façon générale, la doctrine ésotérique ne s’écrit pas mais se transmet plutôt de façon orale et ce afin d’une part, de ne la transmettre qu’aux méritants(37) mais aussi et surtout d’autre part, car elle ne peut se transmettre de façon adéquate (i.e. vivante) que de cette façon. Aussi, le contenu écrit est fréquemment considéré comme incomplet ou tout du moins, extrêmement ardu à dévoiler et décrypter sans aide, ce qui renvoie celui qui les perçoit et faute d’instructeur, à la première méthode de transmission.

Ces trois mediums, catégories que nous délimitons pour le besoin d’exposition, ne sont pas incompatibles entre eux :

Ils sont d’abord, censés se superposer, s’ils accomplissent leur dessein : tels les barreaux d’une échelle, la troisième méthode doit mener à la seconde second et la seconde à la première. Mieux encore, la dernière méthode, la plus indirecte, si elle éloigne du contact immédiat et est un expédient pour le novice, à valeur de développement et de démonstration pour l’initié et donc d’amplification du contenu ésotérique dans les ténèbres de la matière.

Ensuite, il n’y a pas d’étanchéité absolue entre ces trois voies qui peuvent se mélanger : comme nous l’avons évoqué pour la première voie, une vision ou un rêve qui est par nature une communication directe, peut fort bien s’exprimer de façon indirecte par le biais d’un message articulé ou d’un symbole visuel.

Enfin, certaines voies de communication sont des mixes ou des sous-types de ces trois voies : ex. l’intermédiaire de la nature — par la compréhension de ses lois ou la contemplation de sa beauté — est un sous-type de la voie directe. La communication (plus ou moins verbalisée) avec des entités est un sous-type de la seconde voie. Le folklore, quant à lui, est entre l’enseignement oral et la diffusion artistique. Les religions, pour terminer et selon notre première remarque, tentent de reconstituer la totalité de l’échelle des trois voies dans un espace-temps donné, i.e. en aménageant la forme et l’expression du contenu ésotérique ainsi que les proportions et les profondeurs données aux voies et leurs relations entre elles. Les religions expriment les trois voies respectivement par le biais du dogme, du rituel et du mythe.

Notes

1. Le rejet de ces sujets était par ailleurs une posture fortement enracinée à l’académie.

2. Par rétroaction une quatrième dimension subtile est nécessairement envisagée, au moins d’abord théoriquement, vis à vis du monde physique.

3. Pensée analogique, identifications symboliques, participation mystique, superposition du moi et du non-moi, du moi et du monde, opérativité du secret, de l’imitation, des correspondances.

4. Idéalement éternelle en tant que corps de l’ésotérisme mais révélée de façon continue à la création, transitoirement spécifiée selon son contexte social, et constituée en paliers dogmatiques qui sanctionnent la qualification initiatique.

5. Ce qui ne l’interdit pas pour autant d’avoir une place privilégiée, sanctionnée par différents rôles sociaux, dans les sociétés traditionnelles.

6. C’est en suivant de façon ambulatoire ces égrégores que Lavoisier niait les météorites ("les pierres ne volent pas") ou que Voltaire moquait le père de la préhistoire, Boucher de Perthes, quand ce dernier affirmait que des os humains dataient de plusieurs milliers d’années.

7. Les différences entre les théories des couleurs de Goethe et de Newton (pourtant alchimiste) sont l’exemple le plus connu permettant de mettre en exergue les distinctions à opérer entre l’ésotérisme et les démarches logiques les plus communément admises et partagées.

8. Stt. dans les domaines religieux, philosophiques, mathématiques, littéraires, artistiques, anthropologiques, sémiotiques et mythographiques ainsi que dans celui des sciences naturelles.

9. Inévitablement, comme pour n’importe quelle discipline, il y a en pratique, autant d’ésotérismes que d’ésotéristes. Les définitions des concepts, leurs articulations réciproques et les conséquences pratiques étant alors différentes.

10. Notamment, de façon soutenable mais incomplète avec la théosophie (au sens du θεόσοφος (theósophos) néoplatonicien) ou l’hermésisme, de façon maladroite, à l’occultisme ou au mysticisme, ou, ce qui est plus problématique (sans être tout à fait faux), à l’insolite, au merveilleux et au fantastique.

11. On aura cependant moins de difficulté à les différencier si on prend comme référence les formes qu’elles prennent à partir de l’époque contemporaine.

12. I.e. pour l’essentiel, l’unité de la nature humaine et cosmique, leur homologie organique et leur analogie fonctionnelle réciproque, les forces médiatrices qui résultent enfin de cette union.

13. Connais-toi toi-même (et tu connaîtra l’univers l’Univers et les Dieux) de Socrate in Charmide pourrait être son motto.

14. Même si, en particulier à la faveur du temps, régulièrement positionnée de façon marginale voir hérétique : que l’on songe seulement en orient au soufisme pour l’islam, au tantrisme ou au zen pour les religions dharmiques et, quoique variablement, aux taoïsmes ésotériques.

15. Ainsi, pour l’ésotériste, les systèmes philosophiques et religieux sont autant de sentiers sur la montagne du sacré qu’il randonne et escalade, tout comme l’exploration de l’occulte peut être comparé à l’exercice de la plongée. Cette montagne aquatique inversée comporte ses chemins de traverse, ses étapes, son environnement et ses rencontres plus ou moins opportunes.

16. Par l’approfondissement des conceptions, l’élargissement des vues, finalement l’éveil à d’autres réalités.

17. La technologie étant alors conçue comme un médiocre succédané voir même un piège potentiel érodant l’élan de l’effort spirituel.

18. Dont nous avons une démonstration typique et célèbre avec la position pérénialiste.

19. Ne serait-ce que par la combinaison de sa formation professionnelle et de ses convictions philosophico-religieuses.

20. Soit involontairement, par confusion, soit volontairement, pour des raisons hermétiques. Les textes hermétiques peuvent en effet s’exprimer soit littéralement, soit sous quelque mode hermétique, soit les deux simultanément et ce, dans une même phrase.

21. Quand les raisons ne sont simplement pédagogiques, afin de développer l’autonomie des initiables (Paracelse parlerait de "médecin intérieur"), techniques, afin d’écarter le danger d’une pratique ou d’une doctrine mal assimilée, ou simplement politiques lorsque un certain fanatisme intolérant prend une ampleur sociologique trop importante.

22. Zohar, Sepher Yetsirah ou Sefer HaBahir vis a vis du Pentateuque, La Sagesse des prophètes d’Ibn Arabi vis à vis du Coran, les दर्शन (darśana) {points de vue} vis à vis des Védas

23. Appréhendées dans la perspectives comme des nouvelles naissances faisant sang neuf : le même en essence, différent dans la forme : Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir (Matthieu, V:17).

24. Les logia du Christ et les hadîth du Prophète sont une source inépuisable de spéculations pour les ésotérosophes.

25. Malgré notablement, les influences néoplatoniciennes, le gnosticisme, les courants néo-manichéens comme le catharisme, l’hermésisme chrétien et la mystique ésotérisante, la kabbale chrétienne, le catholicisme bavarois du XIX ou encore la théosophie française.

26. Respectivement destinées aux entités supérieures puis inférieures, qui sont analogiquement et symboliquement liées aux qualités développées par l’initié et donnant par leur maîtrise, le pouvoir sur les éléments.

27. Maladroitement souvent désignés par "spirituel" et "matériel", que ce soit du point de vue technique ou éthique.

28. Qu’il ne fait qu’utiliser comme outils par le biais de la dynamique contradictorielle ou qu’il énergise par l’adjonction de médiations.

29. Qui, occultes, doivent être déchiffrées, peuvent aussi bien porter sur la nature, les évènements, un texte sacré et sont de nature sympathiques ou antipathiques

30. L’astrologie, l’art notoire en général, l’ars magna de Lulle, la qabbale ou le Yi-King en particulier, sont les ex. les plus évidents…

31. Ex. Guénon, Mouravieff ou Tomberg, Riffard ou Robinet développent ce point.

32. Qui est le fait de se conformer à la loi garante de l’ordre cosmique i.e. ex. Daēnā, Mꜣꜥt (Maât), Ṛta, Fír

33. ntm. psilocybe semilanceata, datura stramonium, salvia divinorum

34. Relatives à la faculté du pratiquant à se repérer, à aller plus ou moins profondément, à maintenir et clarifier cet état puis et finalement, à interagir avec ces informations durant la communication.

35. Leur emploi simultané étant la démonstration de la maîtrise de l’initiateur.

36. Qui dans l’idéal, peut cependant sélectionner, ordonner et graduer les informations à transmettre en fonction de différents facteurs.

37. Ceux qui notamment, se démarquent par leur vertu, leur sagesse et leurs connaissances.

Renvois

■ Renvois internes

Syn. : Acroamatique (sens philosophique)

Syn. (non occidentaux du sens ésotérosophique, avec toute les prudences de rigueur pour l’ésotérologue) : باطِن (bāṭin), तन्त्र (tantra) (𝕍 précisément गुप्तविद्या (guptavidyā)), 內丹 (nèidān), 密教 (mikkyō). 𝕍 aussi le akh égyptien.

↪ Aval, npc. (bien que, en pratique, syn. chez de nombreux auteurs) : Mysticisme, Occultisme, Gnose, Hermésisme, Théosophie
↪ Connexe : Ascétisme, Tradition, Mésotérisme, Magie, Astrologie, Alchimie
↪ Contraire : Exotérisme
↪ Amont : Spiritualité

■ Un pas plus loin

𝕍 plus précisément notre bibliographie et la bibliographie introductive de notre mémento "Guides raisonnés de l’encyclopédie". Sinon, 𝕍 dans cet ordre :

a. Classiques ésotériques introductifs :

𝕍 Vers dorés, 𝔏 Pythagore, ecr. IV [Ésotérisme].

𝕍 Le Tarot, auteur inconnu, XV [Hermésisme].

𝕍 Corpus Hermétique, 𝔏 Hermès Trismégiste, II III [Hermétisme].

𝕍 Le Livre muet, Atlus, 1667 [Alchimie].

𝕍 Les Triades bardiques, Iolo Morganwg, 1829 [Théosophie celtisante].

𝕍 La Géomancie astronomique, Gérard de Sabbionetta, XII [Mancie].

b. Ésotérosophie :

𝕍 Notes sur l’extase in L’Initiation (16, pp. 4-110), Stanislas de Guaita, 1892 [article].

𝕍 Le Symbolisme hermétique, Oswald Wirth, 1910 [Symbolisme, orientation alchimico-maçonnique].

𝕍 Traité méthodique de science occulte, Papus, 1891.

𝕍 La Théosophie, Rudolf Steiner, 1904.

𝕍 Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot, Valentin Tomberg, 1980 [Théosophie chrétienne]. 🕮 ORAEDES 🗎⮵

𝕍 Les Mystères d’Égypte, Jamblique, 320 [Néoplatonisme].

c. Ésotérologie :

𝕍 Le Penser ésotérique in Aries (21 pp. 3-12), Pierre Riffard, 1998 [article]. Lien vers l’œuvre

𝕍 La réactualisation du modèle mythique in Le Sacré et le profane (pp. 81-93), Mircéa Eliade [Article], 1965.

𝕍 L’Univers du symbole in Revue des sciences religieuses (49, 1-2 pp. 7-23), Gilbert Durand, 1975 [article]. Lien vers le document sur Persée

𝕍 Le Musée des sorciers, Grillot de Givry, 1966 [Exposition généraliste et d’aspect artistico-littéraire].

𝕍 L’Ésotérisme, Robert Amadou, 1950 [Une synthèse assez personnelle mais facile d’accès]. 🕮 ORAEDES 🗎⮵

𝕍 L’Ésotérisme, Pierre Riffard, 1990 [Sans doute la référence au regard de ses nombreuses qualités]. 🕮 ORAEDES 🗎⮵

d. Ésotérographie :

𝕍 Les Aspects mystiques du romantisme français in Romantisme (6 pp. 4-14), Jean-Claude Fizaine, 1976 [article].

𝕍 Astrologie, alchimie et structures ontologiques dans les Mystères de Mithra in Pallas (30 pp. 75-94), Joël Thomas, 1983 [article].

𝕍 L’Hindouisme : Théologie et Autologie in Hindouisme et Bouddhisme (pp. 1 & 10-13 & 13-15), Ananda Coomaraswamy, 1943 [article].

𝕍 Le Langage dans le neidan : l’effort pour dire le contradictoire in Mystique et rationalité (Études asiatiques, 47, 4 pp. 645-665), Isabelle Robinet, 1993 [article]. Lien vers l’œuvre

𝕍 L’Ésotérisme, Antoine Faivre, 1992 [Travail universitaire introductif et facile d’accès. Considérations méthodologiques]. 🕮 ORAEDES 🗎⮵

𝕍 Western esotericism, Wouter Hanegraaff, 2013 [Comme le précédent, d’orientation très ésotérographique].

■ Sources de l’article






Version: 2.0
Maj : 25/10/2024