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Écriture alphabétique - Runique

Données générales

Date de stabilisationLieu de la stabilisationLieu d’utilisation principalÉquivalents approximatifsÉléments d’ensemble
II (Recoupements archéologiques)ScandinavieScandinavie Écriture alphabétique - Étrusque Constellations

Descriptions

Présentation

► Écriture des dieux découverte par Óðinn lors de son célèbre épisode de pendaison à l’Yggdrasil, l’alphabet runique, qui vient probablement en bonne partie de l’étrusque avec lequel il partage certaines caractéristiques, à vraisemblablement été construit à l’origine par des magiciens dans un but rituélique(1). Le mot "rune" vient vraisemblablement du proto-celtique rūno {secret}.

Histoire

► Cet alphabet est apparu dans l’histoire 75 avec la Fibule de Meldorf, bien qu’on atteste généralement son existence à partir du Peigne de Vimose du m.II mais c’est au V que l’on trouve un alphabet complet avec la Pierre de Kylver (Rundata G88U).

► Des listes étayées de significations apparaissent quant à elles au IX avec les Poèmes runiques. Il est d’abord utilisé par les germains avant d’être employée par les scandinaves jusqu’au XV et on trouve l’écriture runique principalement figurée d’une part, sur les inscriptions runiques émaillant en premier lieu de la Suède, puis de la Norvège et enfin du Danemark où la plupart furent inscrites durant la période viking puis d’autre part, sur divers supports lors de leur banalisation au bas moyen-âge. À partir du XIV son utilisation s’estompe et demeure globalement anecdotique et localisée, comme en Islande(2).

► Concernant les pierres runiques, signalons les Pierres de Sigurd et ntm. Rundata Sö 101, ainsi que U961 et l’étonnante Pierre de Rûnes d’ X, présente près de la cascade de la commune française éponyme et qui figure une gravure d’un ouroboros accompagné de la mention : De la Terre vers le Ciel et du Ciel vers sa Terre

Situation

► Il existe deux alphabet runiques :

↳ L’ancien futhark dont l’utilisation est essentiellement religieuse et dont l’usage disparaît au d.VIII au profit du nouveau futhark, est composé de 24 lettres groupé en trois ættir {familles} de huit runes dans l’ordre alphabétique. Le nouveau futhark est quant à lui en usage au IX, mais n’utilise plus que 16 caractères et peut-être considéré comme une langue profane.

↳ Le second, le fuþorc est une évolution frisonne et anglo-saxonne du premier et émerge définitivement au VI avec respectivement 28 et 33 caractères et sera utilisé conjointement avec le latin pour écrire le vieil anglais comme on peut le voir sur la Croix de Ruthwell, mais il sera supplémenté par le latin et disparaît au XI.

◆ Pour la prononciation des runes ainsi que leurs équivalents dans différentes langues, reportez vous à notre Mémento de l’alphabet phonétique international.

● Signalons cette intéressante étude de Christian Mandon dans la lignée de Paul Lecour, en huit parties en une annexe (nous n’avons pas trouvé de moyen plus commode de les communiquer à nos aimables lecteurs) : Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document Lien vers le document

Individuellement

■ Il n’est pas nécessairement bienvenu d’essayer de tirer une synthèse de la signification symbolique de chaque rune, dans la mesure où la littérature est limitée et que ses développements récents dans le cadre du reconstructionnisme ne peuvent faire figure de canonicité et donc à priori de relative pertinence au-delà de la sphère personnelle. Nous nous contentons donc de recopier les Poèmes runiques, anglo-saxon (f.VIII), norvégien (XIII) et islandais (XV) attendu qu’ils sont les sources les plus exhaustives dont nous disposons, le reste étant les informations éparses des inscriptions et des manuscrits comme l’Abecedarium Nordmannicum (IX).

■ La liste suivante propose la figuration et les nom des runes en proto-germanique, reconstitués en recoupant l’alphabet gotique et les noms donnés dans les Poèmes runiques. Les poèmes norvégiens et islandais mentionnent les 16 runes du nouveau futhark alors que l’anglo-saxon donne 29 runes du système futhorc. Nous n’avons gardé comme étalon, que les 24 runes de l’ancien futhark.

■ Afin de nous référer à un seul travail, nous avons tiré les traductions du site d’Yves Kodratoff, Nordic-Life proposant par ailleurs plusieurs ressources documentaires intéressantes ayant trait à la spiritualité des anciens scandinaves. Nous vous encourageons à vous reporter à sa page sur les runes Lien vers le document pour des commentaires additionnels ainsi qu’a sa partie bibliographique Lien vers le document concernant la runologie.

(*Fehu) - Richesse, bétail, biens meubles

Vieil-anglais (Feoh) Norvégien () Islandais ()
est une faveur pour tous.
Cependant chacun doit beaucoup partager
S’il veut tirer au sort (ou obtenir) une destinée de la part du maître.
provoque la discorde entre parents
Le loup se nourrit dans la forêt.
c’est la discorde entre parents,
Le feu de la mer (plaisir des guerriers)
La voie du serpent.

(*Ūruz) - Aurochs, bisons, bruine, scorie

Vieil-anglais (Ūr) Norvégien (Úr) Islandais (Úr)
est résolu, il est puissamment cornu.
Une fière bête combat avec ses cornes.
Randonneur des landes, c’est un être puissant.
provient de mauvais fer.
Souvent le renne court [ou glisse] sur le névé.
c’est la larme des nuages,
La destruction de la récolte,
La haine des bergers

(*þurisaz) - Géant, épine

Vieil-anglais (Þorn) Norvégien (Þurs) Islandais (Þurs)
est violemment aiguë aux hommes-liges,
(la) saisir (apporte) le mal,
Excessivement intraitable aux humains qui prennent repos avec elle.
apporte aux femmes torture.
Peu nombreux seront joyeux du mal [ou de la difficulté].
c’est le tourment [ou torture] des femmes,
Et l’habitant des falaises,
Et le mari de Varthrún.

(*Ansuz) - Ase, bouche, estuaire

Vieil-anglais ( Ōs) Norvégien ( Óss) Islandais ( Óss)
est fontaine de tout discours,
soutien de la sagesse et conseiller du sage,
paix de l’âme et refuge de tout noble.
Embouchure est la voie de presque tous les voyages
Mais le fourreau [est] celui des épées.
c’est le vieux créateur,
Et le roi d’Ásgardhr,
Et le seigneur du Valhöll

(*Raidō) - Voyage, chevauchée, char

Vieil-anglais (Rād) Norvégien (Reið) Islandais (Reið)
dans le palais, pour tous les guerriers,
(rend) mol, et très dynamique pour celui qui est assis sur un cheval fortement solide, au long des lieues.
ils sont d’accord, est le pire pour les chevaux.
Reginn a forgé la meilleure des épées.
c’est la joie de celui qui est assis
Et un voyage rapide
Et la fatigue du cheval

(*Kaunan) - Torche, pin, torche en bois de pin, Feu domestique, Ulcère

Vieil-anglais ( Cēn) Norvégien ( Kaun) Islandais ( Kaun)
est pour chaque être vivant évidemment le feu,
brillante, lumineuse ; éclairante,
le plus souvent elle brûle dans la demeure où les princes se reposent.
est la malédiction de l’enfant.
Infortune fait pâlir l’humain
est fatal aux enfants,
Et un endroit douloureux,
Et la demeure des putréfactions.

(*Geƀō) - Générosité, don, faveur, sacrifice

Vieil-anglais (Gyfu) Norvégien Islandais
est, pour les héros,
un ornement et un support pour la guerre et propage leur grâce,
mais c’est le soutien pour celui sans autre (= pour le solitaire).
Non applicable
Non applicable

(*Wunjō) - Joie, espoir, attente, probabilité

Vieil-anglais (Ƿynn) Norvégien Islandais
ne cesse de celui qui connaît peu malheur, douleur physique, et chagrin.
Il obtient succès et bonheur et assez de (protection dans les) forteresses.
Non applicable
Non applicable

(*Haǥ(a)laz) - Grêle, tempête de grêle

Vieil-anglais (Hægl) Norvégien ( Hagall) Islandais ( Hagall)
est la plus blanche des graines ;
elle tourbillonne depuis les hauteurs du ciel,
elle tourne dans l’averse de vent ;
ensuite elle devient de l’eau.
est le plus froid des grains.
Le Christ donna forme à l’ancienne demeure.
c’est un grain froid,
Et l’averse de verglas,
Et la maladie des serpents.

(*Nauđiz) - Dureté de la vie, adversité, attaque, peine, détresse, contrainte

Vieil-anglais (Nȳd) Norvégien ( Nauðr) Islandais ( Nauðr)
est détresse sur la poitrine et peine des serviteurs.
Elle devient aide et guérison pour les enfants s’ils l’écoutent tôt.
ne laisse guère de choix.
Nu, il a froid dans le gel.
c’est les affres de la femme-lige [= de la serve]
Et le poids d’un choix, [mot à mot : "le poids de la responsabilité"]
Et un travail porteur de fatigue.

(*Īsaz) - Glace

Vieil-anglais (Ís) Norvégien (Isa) Islandais (Isa)
est puissamment froide et bien glissante.
Elle luit comme le verre clair, tout comme les joyaux,
un sol travaillé par le froid, beau à regarder.
nous l’appelons un large pont.
l’aveugle a besoin qu’on le guide.
est l’écorce des rivières,
Et le toit de la vague,
Et le far [ou fár] des hommes feigr

(*Jē₂ra-) - Année (bonne), moisson, abondance

Vieil-anglais ( Gēr) Norvégien ( Ár) Islandais ( Ár)
est une joie pour les hommes,
quand le dieu, saint roi des cieux, (dans une vision païenne, on parle ici du Dieu Freyr)
permet que la terre fournisse brillamment aux riches et aux pauvres.
est un profit [góðe] pour les humains.
Je reconnais que Fródhi fut généreux [ou rapide, ou plein d’énergie].
est un profit [ou un goði, un prêtre païen] pour les humains,
Et un bon été,
Et florissante [peut être aussi :‘en parfaite santé’] récolte.

(*Ē2waz) - If

Vieil-anglais (Ēoh) Norvégien Islandais
est un arbre à l’extérieur rude, dur et ferme dans le sol,
un berger de la flamme, ses racines sous le tronc, une joie sur sa terre natale.
Non applicable
Non applicable

(*Perþō?) - Jeu de tafl

Vieil-anglais (Peorð) Norvégien Islandais
est jour de fête, jeu et tirage par lots,
pour les splendides (ou les fiers) combattants assis dans le hall à bière tous ensemble joyeux.
Non applicable
Non applicable

(*Algiz?) - Elan, renne de ajoncs

Vieil-anglais (Eolh?) Norvégien ( Yr) Islandais ( Yr)
demeure souvent dans les marais, croît dans l’eau ;
il blesse cruellement, brûle d’ulcère le sang de tout héro qui le saisit.
est l’arbre le plus vert en hiver ;
il prend soin provoquer des brûlures, qui (quand) il brûle.
c’est un arc tendu,
Et fer ‘susceptible de rébellion’
Et le Farbauti de la flèche.

(*Sōwilō) - Soleil

Vieil-anglais ( Sigel) Norvégien ( Sol) Islandais ( Sol)
est jour de fête et espoir pour ceux qui partent
sur le bain des poissons jusqu’à ce que l’étalon des mers les ramène à terre.
est l’éclair lumineux du monde.
Je m’incline face au jugement divin.
est le bouclier des nuages,
Et un halo resplendissant,
Et l’antique tristesse de la glace [íss est masculin, lisez ‘la tristesse du glace’].

(*Tē₂waz) - Týr

Vieil-anglais (Tīr?) Norvégien ( Týr) Islandais ( Týr)
est un des signes ; il garde bien sa promesse (ou : il contrôle bien l’arbre), avec les nobles ;
et existe dans le voyage au-dessus de l’obscurité de la nuit ; ne faillit jamais.
est l’Ase manchot.
Souvent le forgeron est obligé de souffler.
est l’Ase [áss] qui n’a qu’un bras,
Et ce qui a été laissé par le loup,
Et le prince des temples.

(*Berkanan) - Rameau de bouleau

Vieil-anglais (Beorc) Norvégien ( Bjarkan) Islandais ( Bjarkan)
n’a pas de surgeons ; de fait il porte des branches sans fruits ;
des rameaux radieux, il porte haut sa couronne, chargé de feuilles, il s’élève au ciel.
est le plus vert feuillage des fagots [ou des feuillages, ou des branchages] ;
Loki porta le temps [ou le temps opportun] des impostures [ou des faussetés]
est une branche qui exhibe des feuilles,
Et un petit arbre,
Et une forêt de jeunes pousses réunies.

(*Ehwaz) - Etalon

Vieil-anglais (E(o)h) Norvégien Islandais
est pour les princes et la joie des nobles ;
le cheval de bataille arrogant dans le hall,
où les riches héros sur les chevaux échangent leur éloquence ;
et il se montre toujours un refuge à ceux qui ne restent pas tranquilles.
Non applicable
Non applicable

(*Mannaz) - Humain

Vieil-anglais (Mann) Norvégien ( Maðr) Islandais ( Maðr)
est plaisir des ses parents bien-aimés ;
cependant il devra trahir chacun,
quand le seigneur fera jugement de confier la chair misérable à la terre.
c’est encore plus de terres [ou d’humus].
Le faucon saisit largement.
est le plaisir de l’humain,
Et encore plus de terres
Et celui qui décore les navires.

(*Laguz) - Eau, lac, mer, océan

Vieil-anglais (Lagu) Norvégien (Lögr) Islandais (Lögr)
semble interminable aux compatriotes,
s’ils s’aventurent sur un vaisseau instable,
les vagues de la mer sont très effrayantes,
et l’étalon du surf ne prend plus garde à la bride.
est ce qui tombe hors des falaises,
cascade [force furieuse de l’eau] ; mais encore, les objets coûteux sont faits en or.
est une eau bouillante [ou grouillante]
Et une grande bouilloire [ou une cuvette],
Et le terrain des glömmungr [une sorte de poisson].

(*Ingwaz) - Ing, Ingwaz

Vieil-anglais (Ing) Norvégien Islandais
fut proéminent parmi les Danois de l’Est, ainsi était-il vu, jusqu’à ce que vers l’Est
Il partit sur la vague, après son chariot ; ainsi ces hommes fiers nommaient le héros.
Non applicable
Non applicable

(*Ōþalan) - Jour

Vieil-anglais (Ēðel) Norvégien Islandais
est envoyé par le Seigneur, bien-aimé de l’humanité,
glorieuse lumière du créateur, plaisir et espoir pour les riches et les pauvres, utile à tous.
Non applicable
Non applicable

(*Dagaz) - Foyer, maison ancestrale, pays natal, possession

Vieil-anglais (Dæg) Norvégien Islandais
est aimé(e) de tout homme, si l’assemblée est en cet endroit,
et qu’il profite justement et souvent dans sa douce maison de ce qui est convenable.
Non applicable
Non applicable


1. 𝕍 Magie et culte dans la Norvège antique, in Revue de l’histoire des religions (96, pp. 1-38), Magnus Olsen, 1927.

2. 𝕍 La connaissance des runes dans l’Islande ancienne in C.R des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (153, 1, pp. 241-276), François-Xavier Dillmann, 2004 Lien vers le document sur Persée





Version: 1.0
Maj : 28/06/2024