🔍
Bouton_Accueil

Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim🔗 horoscope 🔗 autoritésEntrée Data.Bnf Entrée Deutsche Biographie Entrée Library of Congress
Paracelse, Le Christ de la médecine

Données générales

PériodeLieu
GénéralXVISuisse
Autriche
Naissance10 Novembre 1493, 22h23 Einsiedeln, Suisse
Décès24 septembre 1541 (47 ans)Salzbourg, Autriche
Cause
Inhumation
? Cancer du foie
? Intoxication au mercure
Cimetière des indigents, puis Cimetière de l’église Saint-Sébastien [Salzbourg, Allemagne]

DomaineCourantOrdre
Alchimie
Astrologie
Magie
Médecine
Spagyrie
Théosophie
Paracelsisme 🎓
Naturphilosophie
? Confrérie dorée 🎓

RelationsNom
Entourage
AmiÉrasme
Johann Froben
RencontreJérôme Cardan
Sébastien Franck
? Trithème
Influence
ParJean de Roquetaillade
Marsile Ficin
Philipp Ulstad
Salomon Trismosin
Trithème
Critique deAvicenne
Celse
Galien
Hippocrate
SurAlchimie occidentale
Naturphilosophie
Rosicrucisme
Théosophie germanique
Alexander von Bernus
Basile Valentin
Giordano Bruno
Cagliostro
Émile-Jules Grillot de Givry
Franz-Anton Mesmer
Gérard Dorn
Heinrich Khunrath
Jakob Böhme
Jean-Baptiste Van Helmont
Montfaucon de Villars
Oswald Croll
Peder Sørensen
René Schwaller de Lubicz
Robert Fludd
Valentin Weigel

Repères biographiques

I. Histoire

► On a beaucoup écrit sur Paracelse mais bon nombre d’éléments de sa vie sont mystérieux. Il descend d’une ancienne famille aristocratique sur le déclin. Il passa sa jeunesse à Villach où son père Guillaume, médecin, chimiste, humaniste et lui-même passionné de sciences occultes, tenait un petit laboratoire dédié à l’étude des minéraux, sujets qui le passionneront sa vie durant. En 1502 il est professeur dans une école minière dans sa ville natale puis travaille dans les gisements de Schwaz à partir de 1515, où il entre en contact avec l’alchimie. Il visite ensuite plusieurs mines et s’intéresse aux maladies des mineurs de fond et métallurgistes. Grand voyageur et curieux de tout ce qui ne se donne pas aisément, il parcouru l’Europe pour apprendre et dispenser son art tout en critiquant la médecine alors en vigueur. Chirurgien militaire en 15171524, il pratiqua la médecine sur les champs de bataille, emportant avec lui une réputation d’homme d’arme autant que de médecin. En 1526 il étudie le thermalisme en Forêt-Noire. Il se fixera un moment à Colmar, Salzbourg, Bâle et d’autres villes d’Allemagne et de Suisse afin d’exercer en cabinet mais ne restait guère longtemps au même endroit. Il s’intéressera au traitement de la syphilis. Bien qu’il meurt à Bâle et reçoive une sépulture catholique, on peut aujourd’hui trouver ses restes dans l’Église Saint-Sébastien de Salzbourg. Dès sa mort, les légendes courent, dont celle d’une résurrection magique.

► Nonobstant son diplôme de bachelier en médecine obtenu à Vienne puis celui de médecin à Ferrare en 1516, il était d’une nature empiriste et entière, truculente, critique et contestataire. Même si grâce à Érasme il a enseigné un moment à Bâle, il tenait en piètre estime les universités et méprisant l’hippocratisme des mires, les ouvrages de Galien et Avicenne qui faisaient alors autorité. Il rejettent ainsi la théorie humorale et excluent donc les saignées et les vomitifs. Estimant que la médecine de son temps reposait sur des assises erronées, il préféra au contraire, se tourner vers l’observation de la nature et l’étude de la médecine de la haute antiquité. Le médecin itinérant s’attira ainsi les foudres de ses pairs toute sa vie durant et il emportait avec lui une mauvaise réputation de débauché. On suppose même généralement, que son pseudonyme a été choisi afin d’affirmer sa supériorité sur l’Hippocrate latin. Jean Fernel affirma qu’il était mort d’une ingestion de poudre de diamant.

II. Pensée

◆ Dans la cosmologie de Paracelse, Dieu produit dans le macrocosme le mysterium magnum duquel est issu l’yliaster, une matière première c’est-à-dire un amas énergétique désorganisé mais d’une fertilité infinie. Ce dernier passe l’éternité à se parachever via l’archeus produit par l’âme du monde, vers sa forme ultime qui tend à la matérialisation. Toute matière est composée de trois principes archétypaux : mercure (volatile), soufre (combustible) et sel (constituant).

◆ Dans sa Philosophia Sagax, il indique l’organisation et la dynamique de l’univers. Tous les éléments de la nature sont issus de l’yliaster ; ils sont chacun à un stade d’évolution particulier et se transforment par rapport aux autres. L’alchimiste est capable en observant la nature, d’imiter et d’accélérer le processus d’évolution naturel. La nature communique par des symboles dont le sens polysémique induit par les analogies universelles sont une divulgation pédagogique de ce processus. Pour lui, l’Homme est un centrum et un microcosme : conjonction organique de l’âme divine imperceptible et du corps naturel qui peut trouver le centre des centres par sa volonté de connaissance de la nature. Il doit parachever ladite nature par son activité cognitive, mais pour ce faire, il est nécessaire qu’il apprenne à nourrir son corps sidéral {astralleib} de l’esprit des astres {gestirn}, qui, liés analogiquement aux organes du corps, lui apporterons la gnose nécessaire. Le Christ est l’archétype analogique de l’Homme : à la fois Fils de Dieu et Homme, esprit et matière, il ressuscite c’est-à-dire se transmute. Chaque corps évolue de façon chimique et possède son astrum, éternel et surnaturel, qui, émanations directes de Dieu, Père céleste, est son propre arcane (ou vertu). Ces astrum se manifestent matériellement dans les semina, cellules germinales de chaque être lui insufflant sa particularité et qui prennent leur source dans les matrices élémentaires. De là, sa théorie des signatures et sa médecine sympathique.

◆ Pour Paracelse, la nature, épiphanie directe du divin, manifeste sans cesse la volonté divine et ne connaît pas l’erreur. Si l’Homme est malade, c’est parce rompant son équilibre interne, il ne s’harmonise plus avec les lois divines et se coupe de Dieu autant de son âme que de son corps. Cela se manifeste par l’inadéquation entre la lumière astrale personnelle et mortelle et la lumière divine immortelle. Il y a un double firmament, l’un dans le Ciel et l’autre dans chaque corps ; ils sont liés l’un à l’autre par concordance mutuelle et non par une sujétion unilatérale du corps par le firmament. Si il ne partage par avec eux l’émanationisme par degrés successifs, il ajoute comme les néoplatoniciens Plotin et Proclus, que le temps est sans uniformité et chaque forme de vie reçoit un rythme et une durée propre (sa monarchie) et qu’elle dispose en elle-même des ressources nécessaires pour se réaliser. Chaque être dispose de sa propre science intérieure qui le fait se développer et produire selon un schéma donné, s’accaparer cette science par l’union mystique est en dernière analyse, le moyen d’obtenir la connaissance. Il estimait que la médecine est fondée sur la philosophie naturelle, l’astrologie, l’alchimie et l’arcane. Le médecin doit quant à lui se reposer :

D’une part, sur le donum de Dieu, intuition qui est l’organe perceptif de l’âme et qui permet de lire dans la lumière de la Nature, révélant ainsi les magnalia Dei (correspondances),

● Et d’autre part l’erfahrenheit, l’expérience concrète qui doit aboutir à une vision holistique de l’Humain et de son environnement.

Toutes deux permettent de découvrir et exploiter l’archeus, principe immatériel et omniprésent de la vie qui en dernière analyse est le seul à même d’apporter la guérison. En conséquence, afin de pouvoir restaurer le malade dans l’équilibre qu’il a rompu, le médecin doit maîtriser l’astrologie afin de pouvoir confectionner des talismans capables de l’aider par la vertu des correspondances, interdépendances universelles qui transmettent une tinctur {teinture}. Sa médecine utilise le principe des sympathies et antipathies.

◆ La vision de Paracelse est unitaire et unifiante, il s’est appliqué à synthétiser les connaissances son temps. On lui doit le terme de "spagyrie"(1) entre autres termes plus ou moins mystérieux qui émaillent sa littérature. Il fait évoluer l’alchimie en lui donnant une tournure totalisante et plus franchement théosophique et à défaut de son aspect prédictif, insiste sur la notion de signature en astrologie. Son personnage jouit d’une aura extraordinaire et plusieurs apocryphes ont été signés de son nom comme Les Sept livres de l’archidoxe magique. On aura raconté qu’il réussit à fabriquer un homoncule.

III. Influence

◆ C’est un rénovateur de la médecine et en particulier de la chirurgie et un précurseur en matière de toxicologie(2) et d’homéopathie(3), de psychologie et même de magnétisme. Estimant que lors de la maladie, l’harmonie du corps (et non de l’âme) doit être rétablie en priorité, il incorpore l’utilisation de produits chimiques dans ses médicaments. Il est ainsi l’inventeur de l’ether comme anesthésique et des pilules de laudanum comme calmant, ainsi que le découvreur du zinc. Vulgarisateur, il s’employait à utiliser l’alémanique plutôt que le latin et parlait philosophie dans un langage accessible.

◆ Son importance dans l’histoire de l’ésotérisme est centrale tant dans ses aspects pratiques que mystiques. Son œuvre variée, centrée un panvitalisme magique, mêle philosophie de la nature et occultisme et incorpore comme on l’a vu des éléments de médecine, d’astrologie et de magie. En revanche, il s’oppose à l’astrologie judiciaire et à la spéculation mystique en alchimie. Paracelse use de l’imagination créatrice, des médiations et transmutations ainsi que des correspondances. Il différencie d’une part, l’imaginatio créatrice, médiatrice entre le sensible et l’intelligible et génératrice d’images archétypales qui permettent de transmuter la réalité ; et d’autre part la fantasey qui, coupée de la nature, n’est qu’un jeu ludique et une source d’erreurs. Si il est avant tout une philosophie ésotérique de la nature, le paracelsisme est en effet à la source de l’ésotérisme germanique, dont la spécificité luthérienne freine au contraire de l’Italie, la réception du néo-platonisme, de l’hermétisme alexandrin et de la qabale. L’idée que la nature est pleine de signatures, annonce la pansophie. Le paracelcisme produira effectivement la naturphilosophie et la théosophie germanique dont il est le dénominateur commun, ils donneront ensuite naissance au boehmisme et au rosicrucisme où l’on descelle aisément l’intérêt simultané pour la Bible et la nature, vus comme des professeurs complémentaires.

IV. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme commente : Philippe-Aureolus-Théophraste Bombast de Hohenheim, surnommé Paracelse, naquit à Einsiedeln, en Suisse, où son père était médecin de l’abbaye bénédictine de Notre-Dame-des-Ermites. L’abbé Trithème lui apprit l’alchimie théorique ; il travailla ensuite pendant quelques années au laboratoire des mines de Siegmund von Fugger, de Schwatz, où il put apprécier l’importance de l’expérimentation dans l’étude de la nature. Puis il parcourut l’Europe entière et, de retour dans son pays, fit brûler publiquement les œuvres de Galien, d’Avicenne et de Rhasis et commença à enseigner une méthode nouvelle, basée sur une connaissance approfondie des véritables lois naturelles. On ne rencontre pas, dans l’histoire de l’esprit humain, de figure plus singulière que celle de cet homme de génie qui transforme l’Art médical avec des moyens et des procédés qui, à toute autre époque, et employés par une individualité moins consciente de sa mission, eussent pitoyablement échoué. Il serait trop long d’énumérer ici ses œuvres et d’en apprécier la portée ; il nous suffira de dire qu’il peut être considéré, bien avant Hahnemann, comme le créateur de l’Homœopathie ; il fut un précurseur de Béchamp, de Lux et de Pasteur, et fonda ainsi une école brillante dont les disciples contribuèrent, dans les siècles suivants, à faire sortir la médecine de l’ornière où elle se traînait depuis Galien et les Arabes. Son œuvre, en voie de traduction, commence à être mieux connue, et l’école moderne s’habitue peu à peu à rendre justice à ce grand homme qui a connu tant de détracteurs.

🕮 Bosc, ref. "Paracelse Théophraste" p.60 : est très certainement, le premier et le plus fécond des alchimistes ; en tous cas ses œuvres très considérables, […] peuvent le faire considérer comme un des pères de notre médecine et de notre chimie modernes.

𝕍 Paracelse, introduction à la médecine hermétique de la Renaissance, Walter Pagel, 1958.

Œuvres choisies

Citations

Il n’existe qu’une théologie, en celui qui en reçoit le don. Malgré le nombre de bénéficiaires, tous sont sur une même voie, et il n’existe qu’une seule route. Ainsi chaque art doit être parfait en soi, l’astrologue en son domaine, le mage en ce qui est le sien, de même que le devin, le nécromant, celui qui s’occupe des signes, celui qui pratique des arts incertains, le praticien, le spécialiste des questions de génération. Noble est celui qui a saisi en son cerveau l’unité de cette généalogie et de cette famille, qui en a réalisé la synthèse : il reconnaît les merveilles de Dieu, il peut révéler les grands œuvres de Dieu, les utiliser ainsi pour son action.
Astronomia Magna
Il existe des êtres qui demeurent naturellement au sein d’un même Élément. Ainsi le phénix, qui se tient dans le feu comme la taupe dans ta terre.
Le Livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits
Ils ont cru, que le Mercure et le Soufre étaient des principes de tous tes métaux et ils n’ont pas mentionné même en songe le troisième principe.
Le ciel est l’Homme, et l’Homme est le ciel, et tous les hommes ne sont qu’un ciel, et le ciel est un seul Homme.
Paragranum
Puisque rien n’est caché qui ne devienne manifeste, il en est du firmament céleste comme de la mer et de la terre : il faut que toutes choses deviennent manifestes, mais par l’homme qui découvre toutes choses"
Ne soit d’un autre qui peut être sien. {Alterius non sit qui suus esse potest}
Devise de Paracelse
Ce qui est une nourriture pour l’un, est un poison pour l’autre.
attr. passim
Ce qui procède du cœur du macrocosme réconforte le cœur de l’Homme, comme l’or, l’émeraude et le corail ; ce qui procède du foie du macrocosme réconforte le foie de l’Homme.
attr. passim
C’est la nuit qu’il est bon de spéculer, car la nuit, le corps est sobre.
attr. passim
Le semblable guérit le semblable, le poison élimine le poison, le crabe lutte contre le chancre, la pierre dissout les calculs.
attr. passim
Les alchimistes sont des imbéciles qui battent la paille vide.
attr. passim
L’art du remède a ses racines dans le cœur. Si ton cœur est faux, le médecin en toi est alors également faux. S’il est juste, alors le médecin en toi est juste.
attr. passim
L’homme a en lui une force magnétique sans laquelle il ne peut exister.
attr. passim
L’homme propose mais c’est dieu qui guérit. Dieu ne fait rien sans l’homme S’il opère un miracle Il le fait à travers l’homme qui n’est qu’un canal.
attr. passim
Je préfère les sentiers et les routes aux universités où l’on n’apprend rien !
attr. passim
Tout ce qui existe et vit possède une âme. Qu’est-ce que l’âme, sinon une partie de l’âme divine. La transmutation est une régénération de l’âme humaine. Grâce au feu, elle permet de passer de l’imperfection à la perfection. C’est là le but suprême de l’alchimie : la purification de l’âme, les métamorphoses de l’esprit. Ainsi, l’alchimiste doit-il être un croyant sincère, il doit vivre harmonieusement, s’affranchir du mensonge, être dépourvu d’ambition, ne jamais tremper dans aucune entreprise coupable.
attr. passim
Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison.
attr. passim (douteux sous cette forme, déformation ?)

1. Dans son important Opus Paramirum.

2. Il souligne la toxicité de l’arsenic.

3. Il mentionne le procédé agissant par des doses infinitésimales afin d’atteindre le corps subtil plutôt que le corps grossier, précédant en cela Hahnemann.





Version: 1.5
Maj : 20/12/2024