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Robert Fludd
De Fluctibas

Données générales

PériodeLieu
GénéralXVI XVIIRoyaume-Uni
Naissance17 Janvier 1574, 19:20 Milgate House, Maidstone, Royaume d’Angleterre
Décès8 Septembre 1637 (63 ans)Londres, Royaume d’Angleterre
Cause
Inhumation
Information inconnue
Holy Cross Church, Bearsted

DomaineCourantOrdre
Alchimie
Astrologie
Magie
Médecine
Hermésisme
Christianisme (Anglicanisme)
Humanisme
Paracelsisme
Rosicrucisme
Information inconnue

RelationsNom
Entourage
RencontreJohann Andreae
Michael Maier
ControverseJohannes Kepler
Marin Mersenne
Pierre Gassendi
Influence
ParRosicrucisme
Hermétisme

Agrippa de Nettesheim
Jean Pic de la Mirandole
Marsile Ficin
Paracelse
Pythagore
SurRosicrucisme
Pierre Piobb

Repères biographiques

I. Histoire

► Fludd est le fils d’un soldat, patricien et courtisan d’Élisabeth I. Il entre au St John’s College d’Oxford en 1592, est reçu maître ès arts en 1598 puis exerce durant six ans la profession de précepteur à l’ouest du continent tout en étudiant la médecine. Il devient agrégé en 1605 mais sa défense du paracelcisme contre le galénisme alors bien installé ralenti sa progression au Collège royal de médecine jusqu’en 1609 où il est élu fellow. Il jouit par la suite d’une brillante carrière médicale qui lui apporte richesse et renommée, matière pour laquelle il apporte divers innovations. On lui attribue parfois certaines inventions : on le fait précurseur de Denis Papin, construisant un calliope et certains estiment qu’il aurait précédé Evangelista Torricelli dans l’invention du baromètre.

Influencé par le néoplatonisme médicéen, il prend à l’instar de Maier, la défense du courant rosicrucien(1) et de l’ésotérisme en général dans ses ouvrages Apologie sommaire (1616), Traité apologétique et enfin dans son apologétique Traité théologico-philosophique (1617). Il se révèle finalement être le meilleur exégète du rosicrucisme.

↳ Mais il se voit nonobstant critiqué : d’abord par Kepler qui lui reproche son manque de rigueur mathématique, ensuite, violemment, par Mersenne (Quaestiones in Genesim, 1623), pour qui sa conception de l’âme du monde viendrait se substituer au rôle médiateur du Christ. Enfin, il est encore critiqué, par Gassendi (ami du précédent), plus posément cette fois et sur ses positions philosophiques qui son hardies pour son temps. Fludd rétorquera avec sa Clef de la philosophie où, s’opposant au matérialisme de son critique, il se fait chantre de la nature naturante, infinie et glorieuse.

II. Pensée

◆ Fludd se démarque par un tempérament à la fois pratique et mystique et tente de concilier aristotélisme et platonisme. Il se propose d’élaborer dans son œuvre, une synthèse systématique et encyclopédique emprunte d’illuminisme hermétique et de néoplatonisme où se côtoient le paracelsisme et la qabale, la magie occulte et naturelle. Cette synthèse débouche finalement sur une sotériologie emprunte de sophiologie.

↳ Dans sa conception, les vérités révélées par les Écritures et le Corpus hermeticum ont plus de valeur que les perceptions sensorielles : par exemple puisque le Saint-Esprit trouve son siège dans le soleil, il estime que l’air respirée par le vivant en émane. Sa Médecine catholique expose sa métaphysique influencée par Paracelse et les kabbalistes chrétiens. Pour lui, Dieu harmonise deux aspects : il est dans son essence non-être et de nature inactive (noluntas) et à la fois être et actif dans son processus de création émanationiste (voluntas) ; ces deux pôles, aleph ténébreux et lumineux, sont respectivement perçus par l’Homme comme étant le mal, l’obscurité, la contraction et le froid et le bien, la lumière, l’expansion et la chaleur. Il en tire ensuite, toute une cosmogonie panthéiste.

↳ Dans son ouvrage posthume Philosophica mosaica, il écrit que les ténèbres (matière première), l’eau (matière seconde) et la lumière (substrat de la de vie) sont les trois principes de la création.

Son ouvrage Des Deux mondes, est un monumental exposé de l’histoire du microcosme et du macrocosme. Il y décrit les mystères de la création et offre un panorama des correspondances analogiques entre le microcosme et le macrocosme. Suivant Francesco Zorzi et précédant Maïer, il y utilise par exemple les nombres, qu’il associe à la musique afin d’étudier la structure de l’univers visible et invisible. Cet ouvrage fait figure de classique de l’ésotérisme.

↳ Il expose ses vues médicales dans son Mystère des maladies où il indique que toute maladie prend origine dans le péché originel et sont provoquées par les démons qui attaquent l’Homme alors que les anges la repoussent dans la mesure du possible. Aussi, aux soins physiques, il faut aussi combattre les maladies par des incantations afin de soutenir les entités angéliques.

■ Il est mis en relation avec De Bry (et donc Merian) par l’intermédiaire de Maïer, qu’il rencontre en 1616. Les gravures parsemant ses ouvrages sont considérés comme des chefs-d’œuvre de l’art ésotérique.

III. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme ajoute : Robert Fludd ou de Fluctibus, né à Milgate, dans le comté de Kent, fut un des savants les plus distingués de l’Angleterre au XVII° siècle. Il excella dans la philosophie, la médecine et la physique et suivit de préférence la doctrine de Paracelse. Ses ouvrages, fort nombreux, contiennent une doctrine unique, où l’étude des forces de la nature et l’expérimentation se joignent aux théories de la Kabbale. Il fit partie de la fameuse association des Rose-Croix et écrivit plusieurs ouvrages pour prendre leur défense. On sait que les Rose-Croix étaient réputés posséder des secrets redoutables, entre autres celui de communiquer entre eux à des distances prodigieuses en l’espace d’un instant. Fludd entreprit de démontrer que les moyens qu’ils employaient étaient purement naturels et non pas diaboliques […]

🕮 Jouin, ref.313 (Apologie sommaire) :

[…] Robert Fludd (les bibliographes mettent un double D, qui n’existe pas dans ses œuvres : son nom, en latin, est De Fluctibus) naquit à Milgate, dans le comté de Kent, en 1574 ; et mourut à Londres, le 8 septembre 1637. Ecuyer d’abord, il se livra ensuite à l’étude des lettres et des sciences. Seul, Feller (V, 148) veut qu’il ait été dominicain écossais. Rien ne confirme cette affirmation d’autant que Fludd naquit sous le règne d’Elisabeth, dont son père était le trésorier de guerre. Il parcourut l’Europe durant sept années, s’arrêtant surtout en France, en Italie, en Allemagne. Ce fut très probablement dans ce dernier pays qu’il se fit affilier aux Rose-Croix ; en tout cas le F∴ M. Reghellini De Scio (La Maçonnerie considérée comme le résultat des religions égyptienne, juive et chrétienne, II, 109) affirme cette affiliation en ces termes: « En Angleterre, les R∴ + R∴ +∴ +∴ parurent, et Robert Fludd écrivit un ouvrage pour la défense des Frères Rose-Croix. Fludd était initié et eut un grand nombre de disciples ». Ajoutons cependant que certains historiens de la F∴ M∴ prétendent le contraire, tel que W. Begemann (Vorges-chichte und Anfange der Freimaurerei in England, II, 16 ; Berlin, 1910). Cette opinion rend inexplicable la double apologie de Fludd en faveur des Rose-Croix. De retour en Angleterre, il fut reçu docteur en médecine à Oxford et il exerça cet art à Londres jusqu’à sa mort. On l’a surnommé le Chercheur tant il s’appliqua à connaître et à approfondir toutes les sciences; il fut sanscontredit l’un des plus savants de son époque ; mais comme théosophe et écrivain hermétique, sa valeur est bien plus contestable. Lenglet Du Fresnoy dit assez justement (I, 479) : « Robert Flud A Fluctibus, Anglais, a été trop grand écrivain pour avoir été un grand Artiste. Ses ouvrages ne sont ni fort communs, ni fort nécessaires ». Feller (loc. cit.) dit à son tour : « Il n’est guère possible de reconnaître dans tous ces ouvrages une tête constamment saine ; il y a des choses profondément méditées, il y en a de chimériques et de ridicules. Son langage entortillé et mystérieux l’a fait accuser de magie par ceux qui lui supposaient plus de malice qu’il n’en avait en effet ». Quoi qu’en disent ces bibliographes, la science de Robert Fludd est celle de Paracelse, de Cornélius Agrippa et det ous les hermétiques, science puisée dans la Kabbale, le gnosticisme, l’alchimie et le néo-platonisme. Son système, sous le couvert du mysticisme et de l’allégorie aboutit au panthéisme matérialiste. La meilleure réfutation des erreurs de Robert Fludd fut écrite, du vivant de l’auteur, par Gassendi sous le titre : Exeritatio in Fluddanam Philosophiam, Paris, 1630, in-12.

Les œuvres de Robert Fludd furent éditées à Oppenheim, Francfort et Goude. Brunet (II, col. 1313) ne relève que 6 volumes in-folio ; il y en a 9. Il ajoute : « On peut ajouter à ces 6 volumes : Tractatus apologeticus integritatem societatis de Rosea Cruce defendens, auth. Rob. De Fluctibus. Lugd.-Batav., 1617, in-8°. de 186 pages, publié d’abord sous le titre d’Apologia compendiaria, Leydæ , 1616, in-8°.

Rodolphi Otreb (pseudonyme de Robert Fludd) Tractatus theologico-philosophicus de vita, morte et resurrectione, dedicatus fratribus a Cruce Rosea. Oppenhem ii, de Bry, 1617, in-4°.
Ces deux opuscules rosicruciens ne sont pas reproduits davantage dans l’édition complète des œuvres de Fludd en 9 volumes. La remarque en a été faite dans le catalogue de Guaita, n°os, 328, 621.

Quant à l’Apologie sommaire, cataloguée par Peeters, et reproduite, en 1617, en tête d’une Apologie plus développée, voici ce qu’en dit Fludd lui-même dans l’avertissement au lecteur de son Tractatus apologeticus ; « Je t’ai présenté, lecteur bienfaillant, une double apologie en cet opuscule. De la première, publiée lors de la Foire de Printemps sous le titre d’Apologie Adrégée ; et qui tenait lieu, pour la précéder et l’annoncer, d’une Apologie plus étendue, destinée à prendre à la Foire d’Automne, et à être alors mise au jour, j’ai fait le préface de mon Apologie plus développée déjà parue. En effet, il a été démontré en termes suffisamment explicites quelle est cette Société de la Rose-Croix, et ce que sont les Frères de cette admirable Réuuion, et s’ils sont vraiment des séditieux, des hérétiques, les ministres d’une magie infâme, en ce prélude tiré par moi des raisons données dans leur Confession, et du langage en quelque sorte tenu par leur propre bouche. Quiconque, en effet, parcourra attentivement cet abrégé (auquel nous avons donné le titre de Préambule (Proœmium) reconnaîtra que par des traits tirés de carquois de la Fraternité elle-même, c’est-à-dire par des raisons puisées dans sa Confession, il défend efficacement et avec toute justice l’intégrité de celle ci, contre les calomnies de gens malveillantsq qui lui imputent le crime de sédition, d’exorcisme et d’hérésie. Tel est donc le motif qui m’a porté à plaider la cause de la Fraternité, à m’attacher avec ardeur à cette entreprise, et à faire paraître pour la Foire actuelle la présente Apologie plus étendue que la première, et dans laquelle je me suis attaché avec zèle à détourner le soupçon de nécromancie, de pernicieuse Magie, de Cabale impie, de superstitieuse Astrologie jeté sur les Frères ; à laver pour ainsi dire sous les flots de la vérité, à purifier leur genre de vie des taches de l’infamie, en recourant d’une part aux raisons divines et d’une part à l’opération mystérieuse de la lumière cachée dans les entrailles de la Nature. Telle est donc la raison qui m’a porté à mettre ce préambule en tête de cette Apologie : Tel est donc le but que je poursuis avec franchise. Salut ».

Cf. Moreri, VI, 122 ; Franck, Dict. des Sciences phil. II 414-421 ; Michaud XIV, 263 ; Firmin Didot, XVIII, col. 15. Lenglet Du Fresnoy (III 164-166 et 281) donne une nomenclature incomplète des œuvres de Fludd. — Voir également : F. Nicolaï, Essai sur les accusations contre les Templiers et Dissertation sur l’origine de la F∴ M∴ p, 185 ; Amsterdam, Changuion, 1783. Nous y lisons : « Flud fit entendre qu’il était frère R. C, et il eut un grand nombre de disciples »

𝕍 Robert Fludd, alchimiste et philosophe rosicrucien, Serge Hutin, 1972.

𝕍 Robert Fludd, philosophe hermétique et arpenteur de deux mondes, Joscelyn Godwin, 1979.

Œuvres choisies

Citations

Si le public connaissait exactement et parfaitement la nature intime de l’astrologie (mais peu d’hommes y parviennent et encore avec le secours et la grâce d’un Dieu unique), cette science, généralement fort décriée, ne jouirait pas d’une si détestable réputation. […] Nous répondrons brièvement aux détracteurs que la faute n’est jamais imputable à la science, mais à celui qui l’exerce, attendu que, souvent, sans y comprendre rien ou fort peu de chose, on se met à la pratiquer.
De l’Astrologie
Quand vous êtes perplexe sur l’interprétation d’une planète, recourez à la mythologie et adaptez, par analogie, ce qu’elle enseigne.
De l’Astrologie
Il existe un soleil archétypal qui confère à tous les êtres leur beauté et leur harmonie. Ils célèbrent le mystère de ce Soleil divin en le rapportant au Soleil visible et créé, Apollon, qui porte la vie, la grâce et la santé dans la main droite, et dans la gauche un arc et des flèches en signe de rigueur. Apollon a pour symétrique Dionysos qui lacère et met en pièces les créatures. Or il s’agit du même être, connu le jour sous le nom d’Apollon et la nuit sous celui de Dionysos, prince des ténèbres. Pendant la nuit, Dionysos déchire les êtres en sept morceaux et Apollon les restaure pendant le jour dans leur constitution septénaire. Ils ne sont tous deux que rien d’autre que le Dieu unique qui opère tout en tout.
attr. passim
Il y a, caché en l’homme, un trésor si remarquable et si merveilleux que les sages ont estimé que la parfaite sagesse consiste pour lui à se connaître, c’est-à-dire à découvrir le mystère secret qui se cache au-dedans de lui. Par conséquent, dans sa réflexion et sa recherche, il doit procéder avec la plus juste discrétion et le plus grand discernement, en partant du visible pour aller vers l’invisible, en partant de l’extérieur pour aller vers l’intérieur de son être secret et mystique.
attr. passim


1. Alors attaqué par Libavius en 1615.