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Astrologie
astʁɔlɔʒi — Subst. fém.

[Ésotérisme (Astrosophie)]

Connaissance sacrée du ciel ayant pour but la compréhension de la solidarité originelle et permanente établi entre la création et le kósmos. Cette connaissance s’inscrit depuis un point de vue géocentrique et a pour objet l’appréhension hermétique du mésocosme.

Le mésocosme constitue une unité harmonique préétablie, caractérisée par un mouvement de nature périodique et polycyclique. Sa fonction, exerçant son emprise par l’intermédiaire du temps, est de réguler les rapports entre d’une part, l’Homme extérieur et la nature du point de vue horizontal, et d’autre part, entre l’Homme intérieur et le divin du point de vue vertical.

Le maintien de la solidarité de l’univers assuré par le mésocosme est effectué par le biais de correspondances, sympatheia {sympathies} entre microcosme et macrocosme qui sont la charpente théorique indispensable de l’édifice astrologique. La présence de ces sympatheia soulignent, d’une part, la similitude entre le ciel et la terre, et d’autre part, assurent leur interdépendance.

En tant que déroulé cyclique et fractal de la cosmogonie, image des lois cosmique, et finalement weltanschauung, l’astrologie se veut dispensatrice de gnose. Elle dispose en conséquence, d’un caractère initiatique dont l’objet est d’harmoniser tant l’Homme que la société avec les structures célestes.

En ce sens, est dit parfois "Pèlerin spirituel", l’astrologue qui se penche sur l’astrologie afin de produire par la contemplation, une herméneutique du symbolisme des objets célestes et de leur mouvement et ce, dans le but théosophique de percevoir l’ordre universel du cosmos.

Cette approche peut être désignée comme "astrosophique" (ἄστρον + σοφία) afin de la différencier de l’approche pratique décrite ci-après.


[Ésotérisme (Occultisme)]

► En tant que pratique plus ou moins exotérique, l’astrologie est un ensemble d’arts divinatoires consistant à déduire l’apparition d’évènements terrestres d’après l’inspection de la nature et de la position astronomique d’un ensemble spécifique de μετέωρα (metéōra) {phénomènes célestes}. À cette fin, l’astrologie s’occupe également de définir et étudier scientifiquement les relations analogiques et les concordes existant entre ces deux réalités.

Par exemple dans la nature, l’astrologie se destine à indiquer la genèse puis les mutations des composants élémentaires. Dans l’Homme, la discipline s’attache à observer avec la même méthodologie plusieurs modalités plus ou moins spécifiques de l’existence humaine, comme les dimensions physiologique, affectives et intellectuelles et ainsi déduire apotélesmatiquement les différentes étapes de la vie fixant l’apparence et le caractère.

Les astrologues qui travaillent dans cette optique sont parfois nommés vulgairement genethliaci {généthliaques} ou mathematici {mathématiciens} depuis l’antiquité puis surtout Isidore de Séville.

Les mouvements des objets célestes étant mécaniques et cycliques, ils sont mathématiquement représentables et ainsi, l’astrologie peut se destiner à prédire le futur, expliquer le passé ou encore indiquer les conditions temporelles adéquates à la réussite d’une action. La cyclologie s’occupe particulièrement de ce domaine, faisant en sorte d’appréhender la succession des âges.

De plus, puisque les concordes dégagées par l’astrologie manifestent leurs effets vis à vis des comportements des êtres et caractérisent les évènements, elle dégage deux corollaires de son axiome. Tout d’abord que les phénomènes célestes doivent être particulièrement signifiants à la formation initiale d’un évènement puisque ce dernier constitue le point de départ de son développement ultérieur. Secondement et conséquence du premier point, le savoir-faire astrologique estime que les impulsions ainsi isolées au plus près du principe de l’évènement peuvent par déduction et l’observation des lois de l’astrologie, renseigner sur son devenir.

L’antiquité, la relative universalité et l’exhaustivité de l’astrologie en fait la pratique divinatoire par excellence. L’astrologie a en effet suscité l’intérêt de l’Homme depuis les temps les plus reculés, dans toutes les sociétés et, pour la plupart de ces sociétés, sans interruption significative. Il demeure indéniablement l’art occulte qui s’est le plus développé, non seulement auprès des intellectuels et des artistes mais aussi du grand public.

Étymologie

Ind.Eur. : *h₂eh₁s- {brûler} + *leǵ- {rassembler}

Grc. : ἄστρον (ástron) {étoile} + -λόγος (logos) {étude, parole}

Lat. : astrologia

Introduction

I. Une histoire riche et compliquée à établir

► L’histoire de l’astrologie est complexe car elle est plus franchement intriquée avec divers aspects concrets et abstraits de la vie Humaine que ne peuvent l’être les autres disciplines occultes. En effet, l’observation des astres peut offrir, outre des renseignements scientifiques de nature astronomiques, plusieurs catégories d’informations :

● Elle peut tout d’abord apporter des renseignements sur la météorologie et ainsi, donner des instructions de nature agricole.

● Elle peut aussi offrir des indications aux voyageurs comme aux médecins,

● Et enfin, révéler des indices tant sur la vie des communautés que sur celle des individus.

↪ En conséquence, elle a pu servir et susciter l’intérêt de personnes ou de communautés aux dessins parfois très différents. De plus, les exposés théoriques se destinant à expliquer les mécanismes et la raison d’être des axiomes astrologiques, l’emploi qu’il convient de faire de l’astrologie et enfin, la façon correcte de la pratiquer ont donné lieu à un nombre considérable de réponses.

↪ Il faut aussi rappeler qu’à partir de l’époque moderne et plus spécifiquement Kepler, astronomie et astrologie se différencient progressivement. Ce divorce fait suite à un lente et confuse séparation qui débuta avec Aristote qui distingua l’astrologie de la météorologie avant de se poursuivre avec Isidore de Séville et Albert.

↪ Cette variété ajoutée à la constance de l’intérêt qu’elle suscite fait que l’astrologie eu ses théoriciens et ses praticiens, ses poètes et aussi ses détracteurs. Elle est effectivement controversée depuis l’antiquité et ne fait pas l’objet d’un consensus permanent et encore moins universel. Le sujet fut cependant jugé grave et digne d’intérêt jusqu’au scientisme et au positivisme du XIX.

En effet, la réflexion autour de l’astrologie évoque naturellement des questions d’ordre théologiques tout d’abord, en rapport avec la nature de l’espace, du temps et des dieux. Elle interroge l’interaction de ces derniers avec les Hommes et questionne leur faculté à agir sur leur destin. Elle évoque des questions métaphysiques ensuite, puisque l’astrologie questionne encore les notions de libre arbitre et de fatalité et pour ainsi dire, la nature de la place de l’Homme dans l’économie du cosmos.

D’autre part, ce manque d’intérêt et parfois ce mépris pour l’astrologie — et l’ésotérisme en général — fait également qu’encore de nos jours, des historiens éludent pudiquement la production astrologique de certains auteurs quant ils ne cherchent pas obstinément à nier la paternité d’une œuvre de cette nature à la personnalité qu’ils étudient. Cette défiance à l’égard des données ésotériques, quant elle n’est pas simplement rétrospective, peut également intervenir jusqu’à l’époque même de l’auteur qui fait alors lui-même en sorte de demeurer discret sur la paternité de tel ou tel ouvrage. Inversement, les pseudo-épigraphes et autres erreurs plus ou moins volontaires d’attribution ne sont pas des cas isolés dans la mesure où ils participent de la mythologie vivante de l’ésotérisme. Ces faits, qu’il est bon de rappeler, ajoutent encore à la complexité de traiter un tel sujet.

II. Les origines de l’astrologie

► Concernant les origines de l’astrologie, un mythe rapporté dans le manuscrit de magie astrologique angélique sabéen Liber planetarum ex scientia Abel raconte qu’Abel aurait reçu par révélation un traité d’astrologie judiciaire qu’il aurait caché sous forme de tablettes dans une pierre creuse. Après le Déluge, Hermès trouva ce traité et put y apprendre les connaissances nécessaires pour pénétrer les arcanes du destin et fabriquer les talismans.

L’antiquité et le prestige de l’astrologie, l’ont amené à faire l’objet d’autres suppositions tout aussi merveilleuses : on attribue l’invention de cet art à Janus ou bien Cham, on estime aussi qu’Abraham fut son premier utilisateur. Dans la Grèce antique, l’inventio de cet art est attribué aux mages hellénisés d’origine perse Zoroastre, Ostanès et Hystaspe. Chez Maternus, Néchepso et Pétosiris se voient transmettre l’astrologie par révélation via Asclépios et Anubis. Les deux dieux la livrent ensuite aux Hommes. Dans sa Bibliothèque historique (III:21) Diodore de Sicile indique Ouranos comme le premier roi des atlantes et un soigneux observateur des astres, qui détermina plusieurs circonstances de leurs révolutions, désignant ainsi la civilisation atlantéenne comme étant à l’origine de la discipline. Agostino Ricci enfin, disciple de Zacuto, écrit dans son Epistola de Astronomiae auctoribus (1513) que la discipline prend son origine chez Seth, fils d’Adam.

↪ Même si il est raisonnable de penser qu’elle est la cadette des trois disciplines hermétiques, il n’en demeure pas moins que l’origine historique de l’astrologie se perd dans les débuts de l’Humanité. Il est vrai que la discipline est l’un des premiers témoins déchiffrable du savoir Humain, avec notamment, la Vénus à la Corne 🗎⮵ ou l’art pariétal qui laisse entrevoir des preuves d’observations astronomiques. Les premières codifications d’un savoir relatif aux étoiles datent sans doute du chamanisme des chasseurs-cueilleurs ; cet intérêt à survécu jusqu’à notre époque dans le chamanisme sibérien (les membranes des tambours cérémoniaux étant l’exemple matériel le plus frappant). Plus tardivement, on pense également aux cercles mégalithiques comme Nabta Playa et Stonehenge qui mettent en valeur les cycles solaires, ainsi qu’aux premiers calendriers qui apparaissent dès le néolithique en même temps que les peuples pastoraux originaires du moyen-orient. Le Disque de Nebra ainsi que les chapeaux dorés vraisemblablement rituéliques font leur apparition à l’âge de bronze et montrent eux aussi l’intérêt tant technique que religieux de l’Homme pour la voûte céleste. Le Soleil et la Lune bien sûr, mais aussi Vénus, les Pléiades, Sirius, et la Grande Ourse apparaissent comme les premiers corps célestes qui attirèrent l’attention de l’Homme.

Antiquité occidentale

I. Une astrologie variée

On ne peut parler d’astrologie antique, si ce n’est à vouloir éventuellement différencier les pratiques avant et après les distinctions opérées par Isidore de Séville(1) qui même si elle ne s’imposeront pas nettement durant le moyen-âge aboutiront progressivement à des astrologies plus spécialisées. En effet, durant l’antiquité et nonobstant l’universalité et la puissance de l’influence des conceptions astrologiques, les théories varient évidemment beaucoup selon les époques et les lieux. De plus, les conceptions exactes qui sous-tendaient les idées astrologiques des peuples antiques ne sont pas évidentes à circonscrire.

Par exemple, un fait s’impose d’emblée : les constellations fixées par les babyloniens n’étaient pas exactement semblables à celles fixées par les grecs, la Balance était notamment absente chez les premiers (ce sont les pinces du Scorpion). D’un point de vue méthodologique, les babyloniens ont développé leur rapport aux astres en élaborant des relations numériques et numérologiques entre les étoiles et les planètes ; les grecs eux, héritiers de cette connaissance vers -V, raisonnaient principalement selon des modèles géométriques, leur attention ayant été portée à ces réflexions par le pythagorisme.

Cependant, les premiers systèmes astraux, notamment ceux originaires de Mésopotamie, d’Égypte ou de Chine, partagent tous la caractéristique de tenir plus d’une astromancie d’ordre collectif que d’une astrologie telle qu’on la conçoit progressivement par la suite. De plus, on peut aussi dégager le fait que dans l’antiquité, il n’existait pas de séparation nette entre l’astrologie et l’astronomie.

◆ Pour une introduction 𝕍 L’Astrologie dans l’Antiquité in Pallas (30, pp. 1-24), Wolfgang Hübner, 1983. Lien vers le document sur Persée

II. Origine égyptienne ou mésopotamienne ?

► Dès l’antiquité, on trouve deux thèses ayant pour objet de révéler l’origine historique de l’astrologie : l’une en faveur du proche-orient, l’autre en faveur de l’Égypte, aux thébains en particulier.

Hérodote dit ex. que Entre autres choses qu’ont inventées les Égyptiens, ils ont imaginé quel dieu chaque mois et chaque jour du mois sont consacrés : ce sont eux qui, en observant le jour de la naissance de quelqu’un, lui ont prédit le sort qui l’attendait, ce qu’il deviendrait, et le genre de mort dont il devait mourir. Les poètes grecs ont fait usage de cette science, mais les Égyptiens ont inventé plus de prodiges que tout le reste des hommes. Lorsqu’il en survient un, ils le mettent par écrit, et observent de quel événement il sera suivi. Si, dans la suite, il arrive quelque chose qui ait avec ce prodige la moindre ressemblance, ils se persuadent que l’issue sera la même. (II, 82)

● Cicéron (De la Divination, I) quant à lui indique inversement que les chaldéens sont […] parvenus par une longue étude des corps célestes à constituer une science permettant de prédire aux nouveau-nés leur avenir et leur destin. Les Égyptiens aussi ont poursuivi, croit-on, patiemment cette étude pendant des siècles presque innombrables.

↪ Ces suspicions étaient renforcées par le fait que ces deux civilisations bénéficiaient en sus d’une aura prestigieuse due a la lointaine antiquité de leur culture. Comme beaucoup de sujets qui impliquent des questions de primauté vis à vis de ces deux civilisations, la question de savoir à qui attribuer la paternité de l’astrologie est un problème épineux qui n’est pas encore résolu. Cela étant, pour ces auteurs épris de vérités historiques, l’astrologie est une discipline dont la découverte est attribuée aux Hommes : science naturelle, elle n’est pas considérée comme le résultat d’une révélation divine.

► Beaucoup estiment que c’est aux chaldéens qu’échoit cet honneur. Bérose rapporte à cet effet dans son Histoire de Babylone que les Assyro-Babyloniens estimaient que la connaissance des astres leur a été légué par Oannès. Cependant, l’occupation du site de Thèbes a précédé de beaucoup celui de Ur et Nippur. Un mythe grec rapporté par Diodore de Sicile raconte que le roi égyptien Belus fonda une colonie dédié au culte astraux sur les rives de l’Euphrate. On a cru devoir rapprocher Belus de Bel et Baal i.e. Enlil, particulièrement vénéré à Nippur. Rappelons par ailleurs que la Bible nous apprend que c’est à Ur que naît le sabéen et astrolâtre Terah et son fils Abraham. Quoi qu’il en soit, si les égyptiens et les chaldéens sont historiquement attestés comme étant les premiers à user de données astrologiques, il faut tout de même mentionner qu’il y a des différences considérable entre leur façon de lire les astres et les méthodes modernes.

Mésopotamie antique

I. Premiers éléments

► Les premiers éléments témoignant de l’existence de l’approche astrologique existent dans le proche-orient antique dès le -III millénaire. C’est cependant à partir du second millénaire que ces éléments se font nombreux et plus significatifs. Suivant la tendance déjà amorcée dès la préhistoire, l’astrologie présente alors tant des aspects religieux, que magiques et scientifiques.

↪ En occident ainsi qu’au moyen-orient, l’astrologie semble ainsi trouver ses origines chez les sumériens et les élamites qui produisent les premiers rudiments d’une discipline organisée et organisent un culte sidéral. Ils étudient en effet les positions célestes depuis les ziggourats, à la fois temples et observatoires.

Les mythes sémitiques qui nous sont principalement parvenus grâce à l’𒂊𒉡𒈠𒂊𒇺 (Enūma Eliš), poème cosmologique de la fin du -II millénaire, permettent de reconstituer des considérations religieuses d’ordre célestes. Dans ce mythe, il est indiqué que le Ciel est une divinité primitive qui émerge des eaux primordiales et dont l’essence se manifeste en plusieurs phases successives, phases qui sont toujours accompagnées de leur contrepartie terrestre. D’abord il y a An-shar {Totalité primitive d’en-haut} qui est accompagné de sa parèdre Ki-shar {Totalité primitive d’en-bas}. Ils enfantent An qui a pour parèdre Antum. Eux-mêmes enfantent Ea qui soumet Abzu (les eaux douces) et en fait sa demeure. Marduk enfin, qui est son descendant, hérite du pouvoir de son grand-père An et devient l’organisateur du cosmos ainsi que le démiurge du monde physique. Pour ce faire, il tue Tiamat (les eaux salées) qu’il divise en deux parties : l’une faisait les cieux et l’autre la terre.

Ce rapport Ciel-Terre contient en germe la théorie des correspondances que l’on voit apparaître dans les prédiction des Astrolabes de façon beaucoup plus récente, à partir du -VII(2).

II. Une astrologie d’abord politique

► La connaissance astrologique se développe particulièrement chez leurs héritiers les chaldéens et les babyloniens qui établissent les premières éphémérides planétaires et stellaires en produisant des catalogues des étoiles comme le célèbre Mul Apin. Ces éphémérides, dont le degré de précision inscrit sur des tables est déjà de l’ordre de la minute d’arc, deviennent régulières sous Nabonassar (reg. -747 -734).

L’exercice de l’astrologie est durant cette époque, religieux et dépersonnalisé. L’astrologie est utilisée afin de prévoir et conduire les décisions, rendre favorable le destin. Elle est principalement orientée vers des présages et l’établissement de moments opportuns au bénéfice des personnages importants — le roi en particulier — et cela dans une optique avant tout nationale et politique. Les thèmes étaient sans doute dressés pour les moments importants de la vie et non pas dès la naissance(3).

► C’est dans ce domaine que l’astrologie nous laisse ses premières traces via des tablettes cunéiformes ou seuls les rois et les royaumes sont un sujet d’attention.

● Factuellement, le plus ancien rudiment de thème natal qui nous soit parvenu est celui de Sargon d’Akkad, vraisemblablement établi sous Sargon II (au -VIII) alors que son prédécesseur atteint un statut légendaire dans la littérature. Le plus ancien exemplaire de thème natal nous possédions date de -419.

● La tablettes de la Bibliothèque royale d’Assurbanipal (-VII) qui furent réunies par les scribes du roi dans tout l’Empire néo-assyrien constituent bien sûr, une source de choix pour reconstituer l’astrologie babylonienne dans la mesure où certaines font état de prédictions caractérisant des évènements célestes comme étant de bons ou de mauvais augures. L’𒌓𒀭𒈾𒀭𒂗𒆤𒇲 (Enuma Anu Enlil) notamment, comporte un ensemble de tablettes dédiées aux présages(4). On y trouve ex. la Tablette d’Ammisaduqa (orig. -1500) qui comporte la plus ancienne chronique de l’observation astronomique de Vénus. On trouve par ailleurs, outre une description du zodiaque, un grand nombre de documents de nature astronomique renseignant ntm. sur le mouvement des planètes.

III. Culte astral

► Les chaldéo-babyloniens fondent en sus un culte astral, établissant des correspondances entre les astres et les dieux. Ces derniers régissent tous les évènements du monde par l’intermédiaire des corps célestes qu’ils animent.

En Mésopotamie, la série des planètes était vraisemblablement organisée selon une symétrie spéculative en fonction de la place accordée au Soleil (Shamash). Ce dernier était ainsi encadré par deux séries de trois planètes : Saturne (Ninib), Jupiter (Marduk) et Mars (Nergal) étaient considérées comme lointaines de la Terre et Vénus (Ishtar), Mercure (Nabu) et Lune (Sin) pour celles proches.

Saturne et la Lune étaient humides et froides puisque éloignées du Soleil, tandis que Mars et Vénus qui étaient les plus proches de l’astre étaient estimées chaudes. Jupiter et Mercure étaient tempérées. La lune avait une importance théologique capitale et fut abondamment observée.

► Les babyloniens élaborent également une division du temps où chaque unité de temps est associé à une divinité. Quoique le plus ancien document relatif aux associations entre des mois et des divinités date du -I millénaire, les babyloniens divisent l’écliptique en douze parties seulement au -V, le point de départ de ce cercle étant le khéroub {bœuf}. Ces zones délimitent le ciel inférieur qui contient les lumâshu, étoiles qui sont les représentations des dieux. Ceux-ci sont exilés dans les cieux antérieurs par Marduk qui désira résider, seul, dans le ciel intermédiaire.

IV. Influence et continuités

Cette science astrologique passera en Perse(5) puis en Égypte ainsi qu’en Inde par l’intermédiaire des conquêtes alexandrines.

► Elle influencera également les hébreux qui assimilent une partie du panthéon babylonien malgré leurs réticences, celle-ci se manifestant ostentatoirement dans la figure de la Tour de Babel (manifestement inspirée des ziggourats). C’est par ce biais(6) que les esprits planétaires chaldéo-babyloniens deviendront les archanges dans le christianisme.

Égypte dynastique

I. Premiers éléments

► En Égypte antique les étoiles sont le plus fréquemment désignées sous le terme de seba, qui signifie également "enseignement" et "porte". Contrairement à la tradition mésopotamienne, le Soleil était l’astre le plus important.

► Parmi les éléments les plus anciens, un calendrier sothiaque fait son apparition dès le -V millénaire (il débute son décompte en -4241). En effet le lever héliaque de Sirius, étoile la plus brillante du ciel, coïncidait avec le début de la crue du Nil à Thèbes et donc avec le retour de la vie. Ces évènements marquent le début du calendrier en question qui est donc mobile (environ un jour tous les quatre ans). Une harmonie entre le calendrier égyptien et le calendrier solaire prenait donc 1460 ans pour se réitérer, phénomène connu comme la période sothiaque. Les considérations astrologiques intéressent tôt les égyptiens : on sait ntm. l’orientation astronomique donnée à la structure interne de la Pyramide de Khéops.

II. L’astrologie décanique

► Les prêtres-astrologues égyptiens portent le titre de "préposés à l’heure" et chaque unité de temps se voit attribuée un esprit tutélaire, particulièrement les jours et les heures. Ces esprits veillent à ce que la reconstitution du corps cosmique d’Osiris soit effectuée de façon correcte. Dès la IX dynastie (-2160 -2130) émerge la notion de baktyou {décan, litt. serviteurs}.

↪ On établit plusieurs listes(7) mais les plus significations sont les décans réguliers. Ils sont chacun associés à une étoile et marquent la succession des heures de nuit au cours des trente-six décades de l’année ronde égyptienne répartis sur douze mois de trente jours.

On ajoute cinq jours épagomènes qui sont considérés comme maléfiques et dits anniversaire des dieux. Durant le Moyen Empire on indique que ce sont les anniversaires d’Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephtys. À l’époque hellénistique on rapprocha ces anniversaires avec le zodiaque. Chaque décan est lié à un génie. L’ensemble de ces esprits, comparé à l’Ennéade, sont groupés autour d’un dieu unique et sont préposés à la juste régulation du temps.

↪ Ce système, dont on trouve une exposition dans le fameux Principes fondamentaux du parcours des étoiles, est populaire puisque au Nouvel Empire on voit les décans figurés sur les plafonds de temples et des tombes. À partir du -II millénaire enfin, on constate également l’apparition d’une astrologie stellaire qui donne des listes d’étoiles et parfois de constellations ; d’abord sous la forme de diagrammes dits horloges stellaires qui sont peints sur l’intérieur de couvercles de sarcophages appartenant à des notables (Première Période Intermédiaire et Moyen Empire).

● On trouve ces listes, sous une forme plus classique, sur la surface extérieure de la célèbre Clepsydre de Karnak, qui est simultanément la plus ancienne horloge hydraulique connue. Sur cette clepsydre on voit les douze dieux dévolus aux mois : Thy, Ptah, Hathor, Sekhmet, Min, Rkh-Wr, Rkh-Nds, Rnwtt, Khonsu, Khnt-Khnty, Ipt et Re-Harakhty.

● Ainsi que sur le plafond de temples et de tombes : Tombe thébaine TT353 de Deir el­Bahari appartenant à Sénènmout, dans les tombes de Séthi Ier au Ramesséum et dans le tombeau Ramsès IV.

↪ Une formule liturgique du Rituel de l’Embaumement (I) précise : Les produits protecteurs des dieux de Haute et de Basse Égypte sont parvenus jusqu’à toi, venant des trente-six nomes, et tu marcheras grâce à eux parmi les ba excellents, tu feras ce que tu aimes à l’intérieur du ciel car tu seras avec les astres, ton ba sera avec les trente-six astres en qui tu pourras te transformer selon ton gré. Tu feras ce que tu aimes à l’intérieur du ciel car tu seras avec les astres, ton ba sera avec les trente-dix décans en qui tu pourras te transformer à ton gré.

III. Théologie astrale

La science astrologique égyptienne était donc vraisemblablement développée. Factuellement, on pense en premier lieu aux Textes des pyramides et des Textes des Sarcophages qui soulignent la destinée stellaire du pharaon. Celui-ci s’identifie aux luminaires et aux étoiles(8) et participe à l’équilibre cosmique. Grâce à ces connaissances astrales, il est libre de circuler dans les espaces du ciel, ne subit plus les influences des astres et devient capable de maîtriser la lumière céleste.

On trouve dans Sortir au Jour (144) : L’Osiris [nom de l’officiant] avance conformément à la disposition de l’horizon du ciel, il est préparé pour la salle de l’horizon ; les dieux se réjouissent de le rencontrer marchant ; des parfums divins sont pour lui ; le deuil ne l’atteint pas, les gardiens de la salle ne le renversent pas.

↪ Ce rôle rituélique d’ordonnateur du temps profane vis à vis du temps cosmique, le Pharaon l’incarne dans la charge qui lui incombe de veiller à ce que les fondations d’un temple soient effectuées selon une orientation cardinale adéquate et un at — c’est-à-dire un moment cosmique favorable — où les forces stellaires adéquates sont à leur maximum. En effet, les ba vivant des dieux, i.e. les étoiles, annoncent les évènements favorables et de même que dans les autres civilisations antiques, le calendrier cérémoniel fixe les fêtes et les rituels puis également le culte dans le temple.

► D’une façon bien plus tardive, nous avons notablement des éléments de l’époque ptolémaïque comme des listes de manuscrits qui montrent que les services journaliers du temple d’Horus à Edfou comportait des aspects en lien avec le temps et les astres. Clément établit d’ailleurs que chez les prêtres Après le chanteur, vient l’horoscope ; il tient à la main un klepsydre et une branche de palmier, symboles de l’astrologie. Il doit toujours avoir à la bouche les quatre livres d’Hermès, relatifs à l’astrologie. Le premier traite de l’ordre des étoiles fixes et visibles ; le second, des conjonctions, et de la lumière du soleil ainsi que de la lune ; les deux autres, du lever des astres. Au troisième rang marche le scribe sacré. Il a des ailes à la tête ; ses mains portent un livre et une règle dans laquelle sont le noir graphique et le roseau qui sert à écrire. Il est tenu de savoir le système des hiéroglyphes, la cosmographie, la géographie, l’ordre dans lequel se meuvent le 467 soleil, la lune, et les cinq planètes ; de plus, la chorographie de l’Égypte, la description du Nil, celle des temples, des lieux et des instruments sacrés, les mesures enfin, et généralement tout ce qui figure dans les cérémonies religieuses. (VI, 4).

↪ On possède en outre plusieurs documents attestant de la pratique astrologique dans l’Égypte antique. L’un des premiers témoignages sur l’astrologie égyptienne est le célèbre passage de la Bibliothèque Historique Diodore de Sicile sur le Tombeau d’Osymandyas (i.e. Ramsès II : Ousermaâtrê-Méryamon est son nom de couronnement) : […] un cercle en or, de 365 coudées de circonférence et d’une coudée d’épaisseur. On y avait inscrit, en divisions d’une coudée chacune, les jours de l’année. On avait ajouté les levers et les couchers des astres, tels qu’ils résultent de leurs natures propres, ainsi que les influences que déterminent ces phénomènes, selon les astrologues égyptiens (XLIX:5)

↪ Mais Diodore comme Strabon visitent à une époque où l’astrologie a déjà décliné dans les temples : À Héliopolis, nous avons vu aussi certains bâtiments très vastes qui servaient au logement des prêtres. On assure en effet que cette ville avait été choisie comme séjour de prédilection par les anciens prêtres, tous hommes voués à l’étude de la philosophie et à l’observation des astres. Aujourd’hui malheureusement rien ne subsiste plus, ni de ce corps savant, ni de ses doctes exercices. Il n’y a plus personne pour diriger ces utiles travaux et nous n’avons plus trouvé que de simples desservants et de pauvres guides bons tout au plus pour expliquer aux étrangers les curiosités du temple. (Géographie XVII, 1:29)

IV. Les planètes et le zodiaque

Concernant les planètes, les prêtres associent dès l’époque du Moyen Empire les "étoiles qui ne dorment pas" à des dieux. Les associations planétaires sont les suivantes :

Mercure : Segebou (dieu crocodile lié à Seth), "L’inerte" ou "Celui qui est à l’avant",
Mars : "Horus rouge", "Horus lumineux", "Celle qui navigue à reculons" ou "Étoile de l’est",
Vénus : "Dieu du Matin" (lié à Osiris), "La plus belle", "La traverseuse" ou "Étoile unique",
Jupiter : "Horus qui délimite les deux pays", "Horus qui ouvre le secret" ou plus simplement "Étoile du sud",
Saturne : "Horus taureau du ciel" ou "Étoile de l’ouest qui traverse le ciel". Également associé au ka.

↪ On connaît du reste, les "sept Hathor" du Nouvel Empire, vraisemblablement précédées par les sept vaches célestes des 141 et 148 de Sortir au Jour. Elles sont présentes lors de la naissance et orientent la destinée par des présages.

Le concept de zodiaque même si il n’est pas présent est cependant en gestation : on peut penser aux "douze déesses hippopotames" associées aux mois ou aux douze transformations du défunt dont l’ordre et le nombre est fixé à la Basse époque et qui sont analogiquement liées avec les douze aspects que Rê prend lors de son voyage diurne.

On trouve des zodiaques à proprement parler à partir de la période ptolémaïque, comme celui du Temple de Khnum d’Esna datant de Ptolémée III, désormais détruit (nous en avons une copie crayonnée). C’est également durant cette période qu’est sculpté le plus fameux témoin de l’astrologie gréco-égyptienne, le Zodiaque du temple d’Hator à Dendérah ainsi que les figures zodiacales de la tombe de Ibpameny et Paenmehyt à Athribis, près de Akhmim.

Grèce antique et Égypte lagide

I. La formation de l’astrologie grecque

► Les contacts entre les civilisations grecques et mésopotamiennes s’établissent de façon plus dense, à partir du règne de Nabuchodonosor II (reg. -605 -562) et les grecs s’ouvrent aux influences religieuses de l’orient. Cette ouverture est ensuite accentuée par l’élargissement de l’oikoumene {monde connu et civilisé} par Alexandre (reg. -336 -323). Finalement, vers -420 -300, l’astrologie chaldéenne se fraye un chemin jusque la culture grecque .

Même si l’astrologie est vraisemblablement déjà connue du temps d’Homère, un évènement marquant pour l’établissement définitif de la discipline en territoire grec est l’ouverture d’une école d’astrologie à Cos vers -280 par le prêtre de Marduk, Bérose de Babylone ; École qui bénéficiera d’une prestigieuse aura. Protégé des Séleucides, Bérose écrit d’ailleurs une Histoire de Babylone comportant des éléments astrologiques. Cet exercice sera aussi effectué par Manéthon de Sebennytos pour l’Égypte au siècle suivant. Il introduit en outre la notion de grande année longue de 25 920 ans.

► Les grecs s’approprient ainsi la discipline astrologique et l’enrichissent progressivement de leurs propres conceptions philosophiques et de leur logique rationnelle. Dans leur compréhension de l’astrologie, le pythagorisme — manifestement influencé par la mystique orientale — et d’autre part la φυσική (physikế) {sciences naturelles}, tiennent une place importante.

Ils intègrent ainsi différents critères de comparaison et de distinction entre les astres comme les qualités élémentales d’Empédocle ou les modes. Il ajoutent également des apports mathématiques comme la domification ou les aspects. Les grecs feront encore et enfin évoluer l’astrologie, en introduisant de façon définitive plusieurs découvertes scientifiques comme la précession des équinoxes mise en valeur par Hipparque de Nicée(9).

↪ Cependant, l’astrologie comme chez les babyloniens — quoique de façon moins sacralisée — est d’abord religieuse et politique et se donne pour objet de coordonner l’ordre céleste des dieux avec le gouvernement des cités qui se doit d’en être le reflet.

On sait que déjà que, dès la fondation en Thessalie orientale de la ville de Démétrias en -293, il fut décidé pour la première fois en Grèce que les mois porteraient le nom des Olympiens(10).

◆ Pour de pertinents développements, 𝕍 Géographie sacrée du monde grec: croyances astrales des anciens Grecs, Jean Richer, 1966.

II. L’astrologie hermétique

► C’est dans ce contexte que, précédé par l’Astrologoumena (traité ajd. fragmentaire de divination memphite) l’on voit émerger le texte le plus ancien de l’astrologie hermétique : Le Livre des 36 décans (-III). Cet ouvrage, enrichi de l’apport égyptien, est vraisemblablement et également l’héritier de conceptions mésopotamiennes déjà décelables passim dès le -IV.

On y divise la sphère zodiacale en douze maisons d’égales parties et on caractérise ces partitions par les constellations comprises dans ces portions du ciel. Chaque portion de 30 degrés est composée de trois décans et le passage des astres dans ces portions spécifiques engendre des κλη̃ροι (klêroi) {sorts} qui ont une influence mélothésique déterminée.

À partir du II les Hermetica (et autres pseudo-épigraphes attaché à quelque héros ou divinité), émergent dans un contexte où l’attention des mystiques était porté sur l’obtention de révélations gnostiques de la part du divin. Ces révélations pouvaient porter sur des techniques astrologiques, magiques ou alchimiques ou bien sur une gnose de nature métaphysique et cosmogonique ; cette dernière catégorie caractérisant plutôt la seconde période de cette littérature.

Les textes témoignent de correspondances établies entre les évènements favorables ou défavorables et les divinités astrales. Ces divinités impriment leurs actions sur les Hommes ainsi que les métaux et concourent, dans un contexte alchimique vraisemblablement enseigné dans les temples égyptiens, à la transmutation des uns et des autres, d’un état vil vers un état noble.

Les ouvrages les plus réputés de l’astrologique hermétique sont d’une part, les textes technico-religieux de Néchepso-Pétosiris qui nous sont seulement parvenus à l’état de fragments. D’autre part, le florilège latin Liber Hermetis de 1431 (Harleianus latinus 3731), dont la source, vraisemblablement du III est perdue. Cet ouvrage qui dispense une doctrine astrologique, expose les théories astrologiques autour des étoiles et des planètes et traite des douze τόποι {lieux}, des termes et des décans. Ces textes auront largement influencé les compilations de Maternus, Valens et du pseudo-Manéthon (son Apotelemastika traite particulièrement des élections).

↪ Le développement des analogies véhiculées par ces systèmes favorise la transition d’une mentalité grégaire à une mentalité individualiste déjà entamée par l’affaiblissement du culte civique. L’astrologie est elle aussi influencée par ce tournant sotériologique dans les recherches spirituelles qui l’orientent de plus en plus vers une utilisation horoscopique. Dans la société grecque d’alors, faire confiance ou non à l’astrologie était du domaine de la conviction personnelle et en cette matière, aucune norme sociale n’existait.

L’usage consistant à montrer des thèmes natals individuels apparaît progressivement et finalement assez tardivement puisque c’est vers le -III seulement que cette la coutume est bien ancrée dans le monde méditerranéen et ce malgré l’opposition d’astronomes comme Eudoxe de Cnide, dès le -IV. On en trouve trace en Égypte qu’au -I, au même siècle où on érige l’Horoscope du lion d’Antiochos Ier de Commagène à la montagne sacrée de Nemrut Dağı en Anatolie 🗎⮵.

III. Développement de l’astrologie médicale

► Il est aussi fondamental de noter que l’influence de l’astrologie s’étend plus avant dans le domaine médical. La plupart des traités médicaux d’alors contiennent effectivement des paragraphes sinon des remarques a propos de l’astrologie. Certains évoquent déjà les typologies planétaires. Outre les Hermetica, on possède les Papyri Graecae Magicae qu’on date entre -II et V et qui exposent les rapports favorables entre les étoiles et l’accomplissement d’un évènement, la conception d’amulettes aux vertus variées et abordent même la façon de procéder pour invoquer aux astres afin de bénéficier de leur faveurs.

Les différents remèdes iatromathématiques font intervenir à partir du -I des minéraux ou des plantes dont on établissait la correspondance avec les astres. En sus, les périodes climatériques dont on peut trouver un exemple dans les Salmeschoiniaka (via les Papyrus d’Oxyrhynque) intéressent la chronobiologie en indiquant selon les sujets et la maladie, les heures, jours et années fastes et néfastes quant aux modifications cycliques de l’organisme. L’exercice de la médecine est alors consubstantielle à celle de l’astrologie et prend en compte les correspondances et le temps astrologique dans sa méthode. Durant l’antiquité, ce type de médecine était pratiqué par Thessalos de Tralles, à la fois médecin et astrologue.

↪ Galien dans son Pronostic établi que le raisonnement médical doit être lié à l’observation astrologique. Pline évoque lui aussi l’influence des astres sur la longévité des Hommes au VII, puis au LII ; il y adopte un point de vue critique.

IV. Amalgamation de l’astrologie avec les écoles philosophiques

► Les conceptions astrologiques pénètrent également la société grecque en s’amalgamant avec les écoles philosophiques favorables à des conceptions mystiques :

Le mouvement cyclique des astres et l’élégance de la régularité déterministe et causaliste impliquée par les mathématiques intéressera tout d’abord particulièrement les stoïciens. En effet, rappelons que la conformité au destin, ordre harmonique de la nature, est, dans l’école du Portique, un acte de sagesse. Les stoïciens(11), se sont appuyés sur les conceptions astrologiques d’alors pour formuler leur cosmologie métaphysique et le concept de palingénésie.

En outre, il est déjà important de noter que la théorie d’inspiration néoplatonicienne prenant racine dans Épinomis et se voyant précisée dans Ennéades (II, III) se singularise en ce qu’elle estime que les mouvements des astres ne sont pas des causes nécessaires aux évènements mais des signes ou indices significatifs d’évènements possibles. Ainsi : le cours des astres indique ce qui doit arriver à chaque être, mais qu’il ne produit pas tout, comme beaucoup de personnes le pensent.

C’est ce point de vu, plus ou moins combiné avec l’aristotélisme tiré du De caelo et du De generatione et corruptione, qui intéressera particulièrement les arabes et qui dominera ensuite le moyen-âge occidental jusque Newton. L’astrologie d’alors tentera donc d’établir des règles pour déterminer quels sont les possibles en question et sous quelles probabilités ils sont susceptibles de se manifester.

Le célèbre aphorisme homo sapiens dominabitur astris {l’Homme sage domine ses astres} du Centiloque, plus que l’idée que l’Homme puisse se dégager totalement de l’influence astrale, indique ainsi que la connaissance de ses astres, et donc de soi, permet de faire le meilleur usage possible du potentiel dévolu par ces mêmes astres en accentuant les bonnes tendances et en neutralisant les mauvaises. Cette interprétation est bien rendue par la traduction(12) de Bourdin Le sage contribue à l’opération céleste, tel le jardinier labourant et nettoyant la terre.

Cette position platonicienne vis à vis des astres sera bien sûr entretenue par Jamblique dans ses Mystères qui explique l’importance de l’astrologie hermétique dans la métaphysique et le fait que l’Homme peut se soustraire à l’influence des astres en prenant connaissance de leurs influences. Porphyre également, expose un système complexe alliant astrologie et métempsychose et où les âmes attendent le καιρός (kairos) {moment opportun} pour s’incarner selon les dispositions les plus favorables à leur évolution.

Empire romain

I. Introduction et situation

► Chez les romains on connaît bien les techniques astrologiques car on hérite cette pratique de la culture grecque et on enrichit les contacts avec l’orient suite à l’expansion de l’empire romain vers l’est sous Auguste (reg. -27 14). Contrairement à l’haruspicine qui a disparu progressivement avec le paganisme malgré sa grande popularité, l’astrologie, médiateur ménageant à la fois les notions de destin et de libre arbitre, survécu à l’Empire romain. Elle est alors un moyen privilégié pour faire l’exercice de la divination.

► Malgré un engouement certain dans les milieux savants du néopythagorisme au -I, le statut de la discipline est fluctuant et pluriel. Les intellectuels et les notables s’intéressent au sujet et les mathematici {mathématiciens} ou chaldei (chaldéens) {astrologues} sont en vogue malgré les vagues de discrédit et les décrets régulièrement pris contre eux par consuls et empereurs.

Appréhendée comme une science et une foi, on utilisait l’astrologie à de nombreuses occasions : afin de prendre des décisions ponctuelles, de désigner un jour favorable ou défavorable en vue d’un mariage, du départ d’un voyage et du commencement d’une entreprise importante ou encore afin d’obtenir des indications thérapeutiques et la durée de vie d’un Homme. De plus, on distinguait encore mal l’astrologie de la mystique et de la magie ; l’astrologue était ainsi souvent en même temps tempestaire ou thaumaturge. Ainsi, en plus de prévoir les décrets du destin, il se proposait donc également d’en écarter les effets néfastes.

II. Interpénétration avec la sphère culturelle

► Dans le monde gréco-romain, l’intérêt que la pratique suscite nous est connu, tout d’abord, par la présence, d’une documentation composée principalement de recueils de thèmes natals et de textes littéraires consacrés aux astres et dans un but essentiellement didactique ou protreptique.

Cette période voit en effet germer une littérature spécifiquement astrologique d’abord amorcée par les vers d’Aratos de Soles (Phénomènes) au -III. Ces vers sont célèbres au point d’être traduits par Cicéron, Germanicus et Avienus, et, également, librement adaptés par Ovide.

↪ Suivent au I Manilius (Astronomiques) et Hygin (Poeticon astronomicon) dont l’ambition était d’apporter des précisions en prose au poème d’Aratos. Anubion produit au II un poème astrologique mais étant parvenu en fragments il apparaît difficile à situer pour le philologue. Maternus (Huit livres sur l’astrologie) enfin, au IV, vient s’ajouter à la liste des plus célèbres de ces littérateurs.

↪ D’une façon moins technique et plus romancée, les éléments néo-pythagoriciens impliquent une approche astrologique dans certaines œuvres littéraires latines comme les Métamorphoses d’Apulée, la Vie d’Apollonius de Philostrate ou encore Les Éthiopiques d’Héliodore(13).

► Cette influence de l’astrologie sur la sphère culturelle transparaît encore de façon notable :

Dans la numismatique, les intailles et camées qui fourmillent de présences astrales dans leur iconographie.

Les Tablettes de Gand 🗎⮵ datant du II montrent l’interpénétration entre l’astrologie et la mythologie, de même que l’Autel de Gabies qui présente sur sa face, douze visages de dieux et sur sa tranche, les signes zodiacaux accompagnés des attributs des dieux.

Il y a enfin des signes de l’influence de l’astrologie dans la société par l’intermédiaire de l’architecture et des ornements intérieur des domus des notables. Par exemple, Néron dans sa Domus aurea à montré l’astrologie en architecture au travers de sa salle à manger en forme de rotonde. Autrement, Dion Cassius indique encore que Septime Sévère, fort épris d’astrologie, à fait représenter son ciel de naissance dans sa résidence sur le Palatin. On sait en outre, que l’empereur fit édifier en 203 le Septizodium, nymphée construit au pied du même mont et héritier des ziggourats dans sa composante symbolique. 𝕍 donc L’Astrologie dans le monde romain in Bulletins de l’Académie Royale de Belgique (61, pp. 266-285), Robert Turcan, 1975. Lien vers le document sur Persée

III. Interpénétration avec la sphère politique

L’astrologie est donc fort appréciée, globalement influente de César (reg. -49 44) jusqu’aux Sévères (reg. 193 235). Elle est particulièrement puissante sous Tibère et certains astrologues sont si intimes avec les puissants que les commentateurs leur ont accordé une influence politique notable.

En effet Tibère (reg. 17 37) fit tirer son thème par Scribonius et était accompagné de son astrologue Thrasylle de Mendès. De même, Claude (reg. 41 54) puis Néron (reg. 54 68) écoutaient avec attention Balbillus, disciple de Thrasylle. Précédemment, plusieurs politiciens avaient déjà recours aux services astrologiques, tels au -I I : Crassus, Pompée, César ou Marc Antoine.

L’astrologie est utilisée, tout comme la rhétorique, comme un outil de politique et de propagande. Le cour et l’ordre des cieux est d’ailleurs conçu comme exemplaire et le rhéteur Dion de Pruse — dont on connaît l’intérêt pour la politique — a élaboré un système impérial qu’il a comparé à l’harmonie céleste, dirigée par un roi paternaliste et philanthrope naturellement mis en parallèle avec le Soleil. L’influence de l’astrologie sur la vie publique est considérable, les éclipses étaient des signes de fatalité, tandis que les comètes présageaient de l’apparition d’un évènement d’envergure comme la naissance ou la mort de dirigeants.

En outre, suivant une dynamique déjà imprimée par les chaldéens et sans doute transmise par l’intermédiaire de l’école de Bérose, les astrologues s’appliquent à la chorographie astrologique en partageant les signes aux différentes régions du monde. Chez Manilius (Astronomiques) ex., la Balance est dévolue à l’Italie et le Scorpion à la Libye antique tandis que chez Paul d’Alexandrie (Eisagogika), on voit le Scorpion être attribué à l’Italie tandis que la Balance appartient à l’Égypte.

► Même si l’astrologie fut certes précédemment bannie de Rome par Auguste (reg. -27 14), son influence ne faiblit vraiment jamais durant l’époque romaine. On sait d’ailleurs que l’empereur avait eu recours aux services de Théagène qui lui prédit une grande destinée via son horoscope, horoscope que l’empereur rendit public. On sait encore qu’il avait son signe de conception (le Capricorne) gravé sur son sceau. L’information nous fut confiée par Suétone mais on en connaît désormais la véracité grâce à la numismatique.

► On sait en outre l’attrait de l’astrologie sur l’élite culturelle romaine depuis Plaute (-III -II), qui l’utilise dans ses pièces, et Carnéade (-II) qui la critique, produisant des arguments(14) qui connaîtront le succès jusqu’à l’époque contemporaine (𝕍 De divinatione, passim) auprès du grand public ou d’intellectuels insuffisamment renseignés sur le sujet.

Au -I, Cicéron (Songe de Scipion) ensuite, est l’élève de Posidonios d’Apamée et fait ses études à Rhodes avec le sénateur néo-pythaoricien Nigidius Figulus(15). Ces deux personnages se révèlent de grands propagateurs de l’astrologie. Varron et Catulle la répandent également. Le premier demande d’ailleurs à Firmanus de mettre au point le thème natal de Rome (fixé le 21 Avril).

Au même siècle, les augustéens apportent également leur concours : Virgile (Géorgiques et surtout Énéide) et Horace, Ovide(16), Properce et Tibulle. Lucrèce de son coté, questionne le rôle du libre arbitre dans son fameux De rerum natura. En fait, tous sont effectivement abreuvés d’idées astrologiques.

Cette culture astrologique se poursuit dans la littérature siècles suivants mais sur un ton plus satirique. Martial (I) puis Juvénal (I II) l’évoquent pour moquer les excès de leurs contemporains. Au II Lucien de Samosate demeure pour sa part circonspect vis à vis de cette doctrine tandis que Sextus Empiricus l’attaque plus frontalement avec son V de son Πρὸς μαθηματικούς {Contre les mathématiciens} : Πρὸς ἀστρολόγους {Contre les astrologues}. Ces critiques, cependant, sont le signe annonciateur d’une dégénérescence qui débutera au m.III.

IV. Une situation favorable

► En fait, si l’astrologie est populaire, l’étude et l’exercice de l’astrologie est durant cette période, un domaine réservé aux notables car les astrologues étaient des érudits et des philosophes, comme il le seront plus tard au moyen-âge occidental.

Les textes mettent déjà en garde contre les charlatans et les simples tireurs de sorts et on estime que l’astrologie ne doit être pratiquée que par des individus ayant atteint une certaine noblesse morale afin de ne pas devenir néfaste ou de s’avilir à des considérations indignes.

► C’est également durant cette période qu’ont lieu plusieurs évènements symboliques marquants dans la constitution de la doctrine astrologique.

Tout d’abord, la transition entre le zodiaque à onze signes des chaldéens et celui à douze signe des égyptiens et qui se voit distinguer la Balance du Scorpion.

Secondement, c’est aussi vers le I qu’on commence à élaborer les symboles planétaires qu’on voit apparaître sur les thèmes natals. Ces derniers sont vraisemblablement une stylisation simplifiée des attributs des dieux associés(17) comme on peut les voir sur le Planisphère de Bianchini. Ces symboles, après avoir été utilisés par les byzantins (Compendium d’astrologie de Kamateros) seront définitivement fixés avec Albumasar. C’est à la renaissance, que seront formés les symboles des constellations qui sont des simplifications de l’iconographie afférente.

Enfin, vers le II, on distingue les différentes pratiques astrales par des termes spécialisés comme celui de γενεθλιαλογία {genethlialogie} qui se destine à inspecter les astres de naissance, pratique qu’on différencie de l’astromancie pratiquée par les chaldéens.

V. Interpénétration avec les sphères mystériques

► Vitellius (reg. 19 69) et Domitien (reg. 81 96) reprirent les édits d’Auguste, mais cependant les condamnations officielles, l’astrologie reste secrètement encouragée et les prédictions astrologiques étaient encore prises au sérieux ; en témoigne l’attitude de Domitien à cet égard rapporté par Suétone dans sa Vie des Douze César, lorsqu’il apprend de la bouche de son astrologue sa mort prochaine. Hadrien (reg. 117 138) encore, pratiquait lui-même l’astrologie et nous avons conservé son thème natal grâce à Hephestion de Thèbes.

► Dans l’empire romain d’alors, les conceptions astrologiques s’imbriquent dans les systèmes mystico-religieux et la lecture astrologique se superpose à la lecture initiatique.

● Les gnostiques notamment élaborent une religion astrale, on trouve par exemple des systèmes gnostiques composés de sept cieux qui soulignent des ascendances babyloniennes. Les basilidiens notablement, prenant racine dans les conceptions égyptiennes relatives à la division du temps, s’attachent aux trois cent soixante-cinq dieux émanés d’Abrasax.

● On trouve également des témoignages astrologiques chez les esséniens, en témoignent les thèmes natals sont présents dans la Bibliothèque de Qumran et qui indiquent la destinée spirituelle de deux sujets(18).

● Le sabéisme est un autre exemple célèbre de gnosticisme judéo-chrétien, pré-islamique et astrolâtre mais nous ne disposons à leur sujet que d’informations fragmentaires. De même le manichéisme dispose d’une cosmologie édifiant une partie de sa structure sur le mysticisme astral.

● Le mithraïsme propose une vision post-mortem où l’âme, catastérisée, entreprend un voyage de retour au travers des sphères planétaires qu’elle avait rencontré lors de sa descente dans la matière et qui lui avaient fourni ses qualités et ses défauts. Chaque sphère qu’elle rencontre de nouveau sont autant de purifications qui restaurent l’âme à son état initial, avant de retourner à l’Un(19).

↪ Ces pratiques astrologiques ou astrologisantes, comme celles qu’on retrouve dans les cultes d’Attis, Dercéto ou Serapis sont sans doute héritées des enseignements ésotériques contenus dans les cultes à mystères d’origine orientale qui se disséminèrent dans le monde gréco-romain, ceux d’Isis (La Quête des membres fait allusion au cycle lunaire), Baal et Cybèle en tête. Ces cultes astraux seront finalement officialisés dans l’Empire par Aurélien (reg. 270 275) avec le culte de Sol Invictus(20).

VI. Les compilations majeures

► Après le Pentateuque de Dorothée de Sidon qui se réclame de l’astrologie égyptienne, on trouve au m.II deux importantes œuvres de compilation principalement influencées par l’astrologie gréco-égyptiennes ; elles voient le jour après cette période très favorable à l’astrologie au cœur de l’Empire romain.

Vettius Valens d’abord, produit une Anthologie, compilation savante et didactique qui reprend Néchepso-Pétosiris tout en tentant de concilier cette tradition avec celle des babyloniens. Cette œuvre qui traite aussi bien des aspects techniques que mystiques de l’astrologie sera souvent citée et influencera l’astrologie arabe, notamment le précurseur Masha’allah {Messalah} et même jusque Dee.

● Mais l’influence de Valens sera éclipsée par la figure de Ptolémée qui avec la Tétrabible, influencée par les théories de Posidonios et cadrée par la cosmologie aristotélicienne, vulgarise l’astrologie. Cette somme se distingue par sa volonté pédagogique et sa forme méthodique, exhaustive et précise. Plus critique que Valens, il fixe un certain nombre de règles à partir des observations empiriques les plus admises. Le succès considérable et durable de cette œuvre devra jeter les bases de l’astrologie occidentale, moyen-orientale et même indienne ; astrologie qui, en occident, ne devra plus être fondamentalement modifiée jusqu’à l’époque moderne.

VII. Perte d’influence et exclusion progressive

► Par la suite, après les Antonins et le Du Jour de naissance de Censorin vers 240, l’astrologie s’éclipse. Vers 330, Maternus, influencé par Critodemus et les Hermetica (et avec une approche sacerdotale proche de celle de Valens), livre un ouvrage de compilation astrologique : Mathesis. Il y donne le célèbre thema mundi (III), information qui sera popularisée par Macrobe dans son Commentaire au Songe de Scipion.

► Peu après, Julien (reg. 355 363) dans son Contre les Galiléens prend bien sûr défense de l’astrologie : Dieu a donné à d’autres nations, qu’à celle des Hébreux, la connaissance des sciences et de la philosophie. L’Astronomie, ayant pris naissance chez les Babyloniens, à été perfectionnée par les Grecs ; la Géométrie, inventée par les Égyptiens, pour faciliter la juste division des terres, a été poussée au point où elle est aujourd’hui, par ces mêmes Grecs. Ils ont encore réduit en art, et fait une science utile des nombres, dont la connaissance avait commencé chez les Phéniciens. Les Grecs se servirent ensuite de la Géométrie, de l’Astronomie, de la connaissance des nombres, pour former un troisième art. Après avoir joint l’Astronomie à la Géométrie, et la propriété des nombres à ces deux sciences, ils y unirent la modulation, formèrent leur musique, la rendirent mélodieuse, harmonieuse, capable de flatter l’oreille par les accords et par la juste proportion des sons. Son mentor et conseiller, Maxime d’Éphèse produira pour sa part un poème astrologique traitant des influences stellaires, le Περὶ καταρχῶν (Perì katarchôn) {Des Initiatives}. On attribue à un autre Julien, Julien dit "le théurge", des Oracles chaldaïques qui, à la f.II, proposent au théurge une sotériologie sidérale de nature progressive.

► Pour de multiples raisons politiques, les astrologues sont finalement criminalisés sous les co-empereurs Constant Ier (reg. 333 350) et Constance II (reg. 324 361) qui vers 340, promulguent un édit punissant de mort les "mathématiciens et astrologues". Valentinien Ier (reg. 364 375) en 370 interdit l’enseignement de l’astrologie, Dioclétien (reg. 284 305) poursuit ces condamnations et ces mesures sont finalement inscrites au Code théodosien en 438.

► Valens et Ptolémée devront rapidement influencer les compilateurs qui les suivent comme Antiochus d’Athènes (? II) abondamment cité mais dont l’oeuvre est perdue. Suivent notablement au IV, Paul d’Alexandrie, qui tente de restaurer Ptolémée, et Hephestion de Thèbes qui tente pour sa part d’unir Ptolémée et Dorothée.

↪ À partir de ce siècle et si depuis Maternus, l’astrologie ne se développe plus de l’intérieur sinon par l’intermédiaire de compilations et de synthèses, elle atteint en revanche le maximum de son rayonnement quant à sa diffusion, d’une part grâce à sa production littéraire et d’autre part aux traités techniques dont l’œuvre de Ptolémée se distingue comme le fer de lance. Durant cette période, l’astrologie est de plus, progressivement adaptée aux religions monothéistes.

↪ Au VI émergent ensuite Rhétorius et Palchus, puis enfin Théophile d’Edesse au VIII qui est astrologue à la cour du troisième calife abasside Al-Mahdi (reg. 775 785). Ces auteurs devront transmettre l’astrologie grecque au monde byzantin et arabe.

◆ Pour une étude approfondie des sources presque toutes fragmentaires 𝕍 — si vous possédez le lat. et le grc. — le Catalogus codicum astrologorum graecorum (12 ) de Cumont et Boll. Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

Les critiques du christianisme et l’apport byzantin

► Concernant le christianisme et nonobstant plusieurs évènements fameux de l’histoire chrétienne comme l’étoile des mages ou les prodiges astraux de la crucifixion, la religion naissante prend dès ses débuts une position d’abord méfiante puis — une fois instaurée en religion d’état — nettement critique vis à vis de l’astrologie.

↪ On ne remet pas nécessairement en cause la véracité de l’astrologie (en particulier lorsqu’il s’agit d’astrologie naturelle), néanmoins et outre les risques pragmatiques d’idolâtrie de la part des fidèles et de charlatanisme dirigé contre eux, l’astrologie questionne les positions théologiques du christianisme. Le but prédictif de cette discipline interroge en effet non seulement sur le rôle des astres vis à vis d’un Dieu estimé omnipotent et implique par ailleurs un déterminisme et surtout un fatalisme qui, pour les Pères, semble incompatible sinon superflue avec la grâce.

↪ En outre et comme nous l’avons vu, pour accentuer à la confusion de la situation, la plupart des systèmes païens et gnostiques d’alors, concurrents du christianisme, enseignent un mysticisme astral plus ou moins pessimiste où les divinités astrales sont présentées comme des puissances contraignantes parfois impitoyables et dont l’initié doit se libérer à l’aide de pratiques mystico-magiques.

► Ainsi, Origène, Basile et Ambroise argumentent notamment contre l’astrologie. Augustin, notoirement favorable à l’astrologie dans sa jeunesse, expose dans ses Confessions le cas de Firmicus qui interroge l’évêque d’Hippone sur son thème natal. Firmicus, porteur d’une objection déjà classique à l’astrologie, était né au même moment que le fils d’une esclave de sa maison, Augustin conclut : Or, comment l’observation des mêmes signes m’eût-elle fourni des réponses qui devaient être différentes pour être vraies, une réponse semblable étant une erreur ? D’où je conclus avec certitude que ce qui se dit de vrai après l’examen des constellations, se dit, non par science, mais par hasard, et que le faux doit être imputé, non à l’imperfection de l’art, mais au mensonge de tout calcul fondé sur le sort. (VII,6:9) 𝕍 aussi Saint Augustin et l’astrologie in Vita Latina (154 pp.54-62), Béatrice Bakhouche, 1999. D’autres passages des Confessions comme IV:3 et le V de la Cité de Dieu rejettent brutalement l’astrologie. Lien vers le document sur Persée De même, pour Tertullien dans son De l’Idolâtrie (IX), l’astrologie est une espèce de magie qui mérite tout autant qu’elle d’être condamnée.

↪ Tout au plus on trouve des exceptions timides qui tempèrent le propos, par exemple chez Synésios de Cyrène (IV V) tout d’abord, pour qui bien sûr, l’astrologie est une introduction acceptable à la théologie. Sidoine Apollinaire (V) ensuite, marque son intérêt pour l’astrologie, tout prenant soin de la condamner par ailleurs(21) ou chez Jérôme de Stridon dans sa lettre à Paulin De l’Étude des Écritures, qui l’évoque aux cotés de la philosophie, de la musique et de la médecine comme une science supérieure fort utile aux Hommes qui est structurée par une δόγμα {dogme}, une μέθοδος {méthode} et une ἐμπειρίαν {expérience}. Ces positions vont cependant concourir aux développements ultérieurs dont l’objet sera la différenciation entre une astrologie jugée acceptable de celle qui ne l’est pas. Si les gallo-romains s’avèrent réceptifs à l’astrologie, elle demeurera cependant en sommeil en occident, ne se manifestera plus et devra se développer durant plusieurs siècles en terre musulmane.

► Signalons enfin le rôle de conservateur et de passeur qu’endosse l’Empire byzantin, tant en particulier au niveau de l’astrologie, que bien sûr, du savoir grec en général. Philopon (IV) et Damascène (VII VIII) repoussent certes la discipline, pour des raisons déjà invoquées par leurs homologues de l’Empire romain d’Occident. Cependant, en continuateur de la Rome impériale, les "disciplines chaldaïques" trouvent une voie dans la société byzantine. Les premières manifestations de cet intérêt se trouvent dans l’Hermippos, petit texte dont on sait peu de choses mais qui aura grand succès à la renaissance et qui tente de concilier christianisme, platonisme et astrologie. Étienne d’Alexandrie (VI) ensuite, se distingue par un texte apologétique à l’endroit de l’astrologie : περί της μαθηματικής τέχνης {Sur l’Art mathématique} (Marcianus gr.33544). Psellos (XI), fait bien sûr figure de référence dans ce domaine et son intérêt pour l’astrologie, connu par ses traités dédiés au sujet, transparaît chez ses élèves Michel Ier Cérulaire et Jean VIII Xiphilin, patriarches de Constantinople. Théodore Prodrome (Paroles de synthèse) et Jean Kamatéros (Introduction à l’astrologie) produiront également des poèmes astrologiques. Au XIV XV, Pléthon se fera finalement transmetteur de ces connaissances issues de l’antiquité vers l’occident en inspirant l’hermétisme florentin de la renaissance. Son élève, Gennade II Scholarios, qui fait parti des derniers grands intellectuels byzantins, fait également cas de la science astrale.

Moyen-Âge

Moyen-Orient et al-Andalus

I. Contexte religieux et premières traductions

L’Ancien Testament se dresse contre les astrologues à plusieurs reprises in Lévitique (XIX:31) : Ne vous adressez point à ceux qui évoquent les esprits, ni aux devins ; ne les consultez point, pour ne pas être souillés par eux., encore in Deutéronome (18:10-11) Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, qui s’adonne à la divination, au augures, aux superstitions et aux enchantements, qui ait recours aux charmes, qui consulte les évocateurs et les sorciers, et qui interroge les morts. et Isaïe (47:13) moque la folie de vouloir utiliser leur recours : Tu t’es épuisée à force de faire des projets ; qu’ils se lèvent donc et te sauvent, ces contemplateurs du ciel qui observent les étoiles, qui pronostiquent à chaque lunaison ce qui doit t’arriver. Maïmonide lui-même dans sa Mishné Torah s’y oppose.

↪ Cela n’empêche cependant pas Saadia Gaon (X), Ibn Gabirol (XI), Nahmanide (XIII), Gersonide (XIV) ou encore le Maharal (XVI) de se prononcer favorablement à l’endroit de l’astrologie. Le Zohar lui-même déclare que les secrets et les plus profonds mystères peuvent être connus par la scrutation des signes dans le ciel formés par les constellations.

► Même si le Coran proscrit le culte astral et que comme en occident, des philosophes et des théologiens s’élèvent contre la science astrale (notablement Al-Farabi, Avicenne ou Averroès), certains passages (ex. in Al-A’raf), la polysémie de termes comme غيب (ghayb) {monde du mystère} et les avantages politiques qu’offrent la discipline incitent durablement les dirigeants musulmans à encourager l’astrologie.

► Hors les anwāʾ des bédouins d’Arabie, la transmission des Hermetica au VII(22) et les premières traductions yéménites des classiques grecs au VIII, les sciences astrologiques (et les sciences en général), commencent véritablement leur développement en islam sous le patronage des premiers califes abbassides Al-Mansûr (reg. 754 775), Hâroun ar-Rachîd (reg. 786 809) et surtout Al-Ma’mūn (reg. 813 833).

Par le biais de l’intense activité autour de la bibliothèque de Bagdad, le dirigeant fait traduire les textes grecs obtenus par l’intermédiaire des byzantins et des perses. Le clan Nawbakhti est notamment connu pour son étroite collaboration avec ces dirigeants et pour ses traductions arabes à partir du pehlevi. Dans ces textes on trouve des œuvres de Teucer de Babylone, de Valens ou encore le Mathematike syntaxis (ou plus simplement Megale Synthaxis) de Ptolémée qui est traduit en arabe en 827 par Al-Ḥajjāj ibn Yūsuf ibn Maṭar. Il choisit le nom d’Almageste. Outre Ptolémée, on traduit encore notablement Dorothée de Sidon.

L’astrologie grecque constitue dès lors l’essentiel de la base théorique et technique de l’astrologie arabe. Ces textes étaient effectivement déjà connu des astrologues de la Perse Sassanide, puisque suite à la fermeture de l’École néoplatonicienne d’Athènes en 529, plusieurs intellectuels grecs avec Damascios le Diadoque à leur tête s’exilent à Harrân. D’autres émigrent à la célèbre Académie de Gondichapour. Grâce à la technicité des derniers astrologues perses avant la conquête musulmane, on met au point les zijs, tables permettant de connaître ou retrouver aisément les positions des astres.

II. Les écoles astrologiques musulmanes

► Ainsi, à la faveur de la réception de la science astrologique perse et grecque, plusieurs intellectuels s’occupent ensuite de penser et augmenter la ʻilm al-nujūm {science des astres}, et plus particulièrement celle des aḥkām {décrets} que ces astres font peser sur les affaires humaines. Plusieurs de ces intellectuels intéressés par l’astrologie sont néoplatoniciens et outre Mahomet, ils se réclament d’Hermès.

Au VIII on trouve d’abord Masha’allah {Messalah}, influencé par l’astrologie hindoue et qui, participant à la fondation de Bagdad en 762, en calcule le thème natal. Son élève, Abu ’Ali al-Khayyat {Albohali} produira un traité de généthliaque, Kitāb al-Mawālid, qui fera l’objet de plusieurs traductions latines.

Le IX est riche en auteurs de qualité : d’abord Al-Kindi puis son élève Abou Ma’shar {Albumasar}. L’astrologue introduit la cosmologie aristotélicienne et insiste ainsi sur l’idée que les corps célestes sont la cause efficiente des changements qui surviennent dans le monde sublunaire. Son Kitāb al-mudkhal Al-kabīr {Livre de la Grande Introduction} qui sera traduit par Jean de Séville et Herman le Dalmate et qui se propose de synthétiser l’astrologie d’orient et de Grèce, sera abondamment cité en occident. Sa théorie des grandes conjonctions sera en outre, d’une influence certaine sur le discours eschatologique. En occident, ses Fleurs, anthologie de plusieurs ouvrages sur l’astrologie mondiale eurent un grand succès (Gutenberg s’empressera d’ailleurs de l’imprimer). Al-Farghani {Alfergani} émerge également durant ce siècle ainsi que Albubather qui écrit un ouvrage centré sur l’interprétation des thèmes natals et l’hermétiste Ibn Wahshiyah. On améliore enfin notablement l’emploi de l’astrolabe.

À partir du X, al-Soufi {Azophi}, Al-Battani {Albategni} (sabéen, élève de Rhazès), Al-Haytham {Alhazen} (surnommé Ptolemeus secundus par les scolastiques), Al-Biruni (opposé aux grandes conjonctions d’Albumasar) et le corpus geberien ainsi que les Frères en pureté s’occupent également notablement d’astrologie. Durant ce siècle, Al-Qabîsî {Alcabitius}, élève de al-Imrani, écrit son Liber introductorius, qui est traduit par Jean de Séville vers 1140, et qui devient rapidement un ouvrage de référence pour l’occident. Son système de domification tiré de Porphyre et Rhétorius sera encore utilisé jusqu’à la renaissance.

Suit Haly Abenragel au XI, summus astrologus. Il est actif en Ifriqiya auprès de Al-Muizz ben Badis (reg. 1016 1062), troisième émir ziride. Son exhaustif Kitāb al-bāri’ fī aḥkām an-nujūm sera traduit par Yehudā ben Moshe en vieux castillan en 1254 puis imprimé en lat. au XVI où il devient lui aussi fort influent. Toujours au Maghreb, mentionnons aussi Al-Betrugi {Alpetragius}, disciple d’Ibn Tufayl, qui met au point un modèle planétaire alternatif à celui de Ptolémée et qui influencera la conception astronomique du moyen-âge via une traduction de Scot en 1217.

↪ Signalons enfin Khayyam (XI XII) qui se distingue outre la poésie, en mathématiques et participant à la réforme du calendrier sous Malik Chah Ier, il produit des tables. Il écrit : Je t’envoyai, mon âme, à travers l’inconnu, / Pour épeler quelques lettres de l’autre vie. Et bien des jours après mon âme revenue / Me dit : Je suis moi-même Enfer et Paradis. // Ce bol renversé qu’on nomme le ciel, / sous qui rampe et meurt la race des hommes, / Ne levez pas les mains vers lui comme un appel : / Car il n’est pas moins impuissant que nous ne sommes. // Ils on pétri le dernier homme avec le limon primitif, / Semant en lui le grain des futures moissons, / Et le premier matin de la création, / ils ont écrit ce que dira le jugement définitif. // Il déplace à son gré les pièces impuissantes / Sur cet échiquier des jours et des nuits, / Les met en échec, les prend et les rentre / L’une après l’autre, dans leur étui. Par la suite, l’astrologie arabe, bien que toujours pratiquée jusqu’à nos jours, ne produit plus d’œuvres majeures et ne sera donc pas l’objet d’une rénovation ou d’une expansion notable.

III. L’Espagne comme lieu d’échange entre orient et occident

C’est la réception de l’astrologie grecque par les arabes et l’enrichissement des conceptions astrologiques qui s’en est suivi qui permettra à la discipline de survivre à l’avènement du christianisme en occident. Les maures apportent en effet leurs connaissances en Al-Andalus, des centres importent des textes des écoles de Bagdad, de Damas et du Caire. Maslama al-Mayriti adapte au méridien de Cordoue le zij le plus ancien et prestigieux, les Zīj al-Sindhind {Tables indiennes} d’al-Khwārizmī.

► En Espagne, des échanges soutenus ont donc lieu entre les érudits des religions du livre. Les docteurs chrétiens et juifs castillans — ces derniers étant fréquemment polyglottes — produiront à partir de ce savoir(23) les Tables alphonsines qui seront ensuite disséminées dans toute l’Europe à partir du XIII et jusque la renaissance. L’archevêque Dominique Gundissalvi représente à Tolède, cette première vague de traductions, il est aidé dans sa tâche par Jean de Séville. Tout deux font passer les textes de l’arabe au castillan puis du castillan au latin. Ainsi, malgré le rejet de Tertullien, Basile et de son contemporain Bonaventure, Alphonse X est favorable à l’astrologie, qu’il pratique sans doute. Il aurait investi la somme colossale de quatre-cent-mille ducats aux tours de l’alcázar de Galiana pour la correction des Tables de Tolède d’Al-Zarqali qui fut exécutée par les meilleurs astrologues de son temps, sous la direction d’Isaac ben Saïd.

IV. Caractéristiques de l’astrologie judéo-arabe

► L’astrologie arabe, également encouragée par les qabalistes — qui, en Espagne, domineront cette discipline jusqu’en 1492 — a cette caractéristique d’incorporer non seulement l’héritage gréco-babylonien mais aussi celui de l’Inde et de la Chine que le monde musulman réceptionne à la faveur de la Route de la soie. On constate en outre et dès la Théorie des planètes d’Al-Kindi, via l’Introduction d’Albumasar, chez Abraham bar Hiyya ou dans le Reshît hokhmah {Commencement de la sapience} d’Ibn Ezra, trois emphases qui caractérisent la pratique astrologique de la culture arabe et juive du haut moyen-âge.

● D’abord, l’attention portée aux aspects astronomiques et mathématiques de l’astrologie qui sont héritées des systèmes hindous, ces derniers étant apportés aux arabes par des astrologues expatriés dans les cours comme Kankah al-Hindī auprès d’Hâroun ar-Rachîd (reg. 786 809).

● Ensuite, conditionné par le contexte de la théosophie musulmane, le fait qu’on insiste sur le statut de l’astrologue-magicien, initié au secrets du supra-sensible qui seul est apte à interpréter correctement les résultats du travail scientifique.

● Enfin, la production littéraire autour de la talismanie et de façon plus marginale la géomancie, souvent patronnée par Hermès. On retrouve une forme populaire de cette astrologie magico-divinatoire dans les pratiques plus ou moins superstitieuses ayant cours en Afrique du Nord, dont la plupart s’appuient sur le كتاب شمس المعارف (Shams al-Ma’arif) {Livre du soleil de la gnose} d’Ahmad al-Buni.

Occident

I. La situation durant le haut moyen-âge

Durant l’antiquité tardive, la vitalité de l’astrologie est moribonde car les condamnations se multiplient. L’astrologie est condamnée par le canon XXXVI du Concile de Laodicée (364) et lors du Ier Concile de Tolède (400) dans le canon XVI (Si quis astrologiae, vel mathesi existimat esse credendum, anathema sit). Puis, les mesures draconiennes de Justinien Ier chassent les astrologues d’occident en 529. Le Premier concile de Braga (561) poursuit l’idée avec son canon XI. L’occident consomme en outre sa rupture avec la science grecque et n’hérite que de quelques pratiques latines qui attribuent des jours fastes et néfastes. Dès lors, peu d’intellectuels se penchent sur le sujet de l’astrologie.

Tout au plus, le fatalisme de l’astrologie est philosophiquement exposé par Boèce dans sa Consolation(24).

Dans le monde politique l’astrologie est, comme pour les empereurs romains, un outil de propagande pour Charlemagne (reg. 768 814) et Louis le Pieux (reg. 781 840) comme il le sera plus tard pour les empereur du Saint-Empire Henri II (reg. 1002 1024) et Frédéric II (reg. 1198 1250) qui use des services de Scot.

► Cependant sa perspective divinatoire est de nouveau condamnée par le Concile de Paris (829) dans un contexte où le monde chrétien tente de distinguer les pratiques astrologiques qui sont théologiquement acceptables. Cet effort aboutira(25) à cantonner les applications de l’astrologie à la météorologie et la médecine, en estimant que la discipline ne peut servir qu’à déterminer des causes naturelles, non les causes contingentes (dues à la chance ou à Dieu).

Le développement de l’astrologie même s’il est pauvre, est néanmoins un sujet d’étude pour les centres intellectuels monacaux quoique, dans une perspective opérative, essentiellement calendaire et autour de considérations arithmétiques, géométriques et astronomiques. Les représentants principaux de cette mouvance sont :

Isidore de Seville (VI - VII) puis Bède (VII - VIII), qui se montrent ambigus tant leurs exposés condamnent tout en enrichissant. Durant la même période, Cassiodore (VI) et Grégoire Ier (VI) participent aussi de cette tendance mais leurs réserves sont plus nettes quoique peu frontales. Suivent Alcuin (VIII), Raban Maur (IX) et enfin Sylvestre II (X).

Ce dernier concoure de façon décisive à changer la situation en s’intéressant aux sources grecques et en travaillant à importer la science astrologique musulmane en occident. Il opère principalement d’une part, en important l’astrolabe et d’autre part en adaptant la philosophie d’Albumasar au contexte chrétien avec son poème Cosmographia. Les traductions dites Alchandreana(26) constituent la première importation, certes ponctuelle, des savoirs astrologiques des arabes en occident, mais elles présentent cette discipline de façon positive dans un contexte où la pensée d’Augustin domine largement les esprits.

II. Débuts et perspectives de l’astrologie occidentale

C’est donc à partir de sa réintroduction via les invasions arabes et après une période d’accalmie de six siècles que l’astrologie refleurit en occident. Dès lors, les contacts entre la culture chrétienne et musulmane s’intensifient avec les échanges permanents de connaissance que cela suppose.

Hermann Contract (XI) puis Raymond de Marseille (XII) et Adélard de Bath (XII) travaillent à partir de la science arabe à formuler une astrologie propre au monde chrétien et cherchent dans les Écritures ce qui est propre à justifier cette pratique. Adélard produit notablement la traduction Liber prestigiorum tirée de l’œuvre sabéen de Harrân, Thebit {Thābit ibn Qurra}.

Platon de Tivoli livre des traductions de la Tétrabible puis de l’Almageste, respectivement en 1138 et 1160. Les traductions se font rapidement nombreuses et celles de Platon sont accompagnées par d’autres de Gérard de Crémone (qui livre en outre un Theoria planetarum), Herman le Dalmate et Jean de Séville.

Le monde latin réceptionne notablement les connaissances astrologiques par l’intermédiaire de Ptolémée et d’Albumasar qui sont fort influents mais aussi du Ghayat Al-Hakîm {Fin du sage}(27), qu’Alphonse X fait traduire. L’ouvrage de magie astrale, particulièrement important à la renaissance, consacre en effet une partie de ses pages aux décans. Dans une perspective semblable — quoique ressortissant d’avantage aux specula principum qu’a l’hermétisme — et écrit à la même époque par un autre auteur arabe mal identifié, le Secretum secretorum est traduit d’abord partiellement par Jean de Séville en 1112 puis par Philippe de Tripoli en 1120 et sera pareillement promis à une grande postérité dans l’occident médiéval.

À partir du XII la discipline quitte les monastères pour les cours et les guildes.

III. La position de l’Église et les grands théoriciens

Au XIII, plusieurs textes grecs (principalement Ptolémée, Dorothée et quelques Hermetica) et un bon nombre de textes arabes sont disponibles en latin. Ces textes font l’objet de nombreuses compilations qui accentuent leur diffusion. Comme l’astrologie étend son influence sur le monde chrétien, nombre d’auteurs se penchent donc sur la question et formulent des points de vue différents à son propos. Dans les faits, sauf cas particuliers comme celui d’Étienne Tempier, l’Église ne condamne pas plus directement l’astrologie qu’elle ne le fit pour l’alchimie. Elle dirigea semblablement ses critiques, d’une part sur le charlatanisme et d’autre part sur la fatalité astrale mais ne nie par son effectivité accidentelle sur les actes Humains : astra inclinant non necessitant. Témoin de cette permissivité vis à vis des données astrologiques, l’art des cathédrales ; qui fait figurer dans ses reliefs ou ses vitraux des allusions à l’art d’Uranie. L’exemple le plus connu est celui des médaillons dédiés au zodiaque 🗎⮵ 🗎⮵ au Portail Saint-Firmin de la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens qui ont été gravés 1220 1230.

Ainsi Aquin dans la Somme apporte un poids définitif à l’intégration de l’astrologie dans le monde chrétien. Il y distingue les effets des astres sur la matière d’une part et l’âme d’autre part : Les corps célestes agissent directement et par eux-mêmes sur les êtres corporels, mais seulement indirectement et par accident sur les puissances de l’âme puis 1. Les substances spirituelles qui meuvent les corps célestes agissent sur les êtres corporels par l’intermédiaire des corps célestes ; elles agissent sur l’intelligence sans intermédiaire, en l’éclairant. Mais elles ne peuvent pas modifier la volonté, comme nous l’avons vue. 2. De même que la multitude des formes des mouvements corporels se ramène à l’uniformité des mouvements célestes comme à sa cause, ainsi la multitude des actes produits par l’intelligence et la volonté remonte au principe uniforme qui est l’intelligence et la volonté de Dieu. 3. Le plus grand nombre des hommes suivent leurs passions, qui sont des mouvements de l’appétit sensible auxquels peuvent coopérer les corps célestes ; mais un petit nombre sont des sages qui résistent à ces passions. C’est pourquoi les astrologues peuvent prédire l’avenir dans le plus grand nombre des cas, surtout d’une façon générale. Mais non pour des cas spéciaux, car rien n’empêche qu’un homme résiste aux passions par son libre arbitre. C’est pourquoi les astrologues eux-mêmes disent que l’homme sage domine les astres, en tant qu’il domine ses passions. (I,115:4).

► Parmi les intellectuels du XIII qui se penchent sur le sujet astrologique, nous trouvons principalement Scot (qui produit un encyclopédique Introductorius maior important pour le monde latin et ? source majeure pour Albert), Bonatti (Liber introductorius) le doctor siderabilissimus, Léopold d’Autriche (Léopold VI ?) (Compilatio de astrorum scientia qui demeure un des recueils les plus importants), Campanus (qui établit un nouveau système de domification modo æqualis), Lulle (Nova astronomia), Bernard de Verdun (Tractatus super totam astrologiam), Bacon et enfin bien sûr, Albert.

Bacon considérait dans ses trois Opus (𝕍 ntm. Opus Minus, 2 De notitia coelestium) cette discipline comme l’un des sommets de la science naturelle. Il défendait une astrologia sana dégagée de ses éléments fatalistes et magiques, était intéressé par la technique des élections et pensait par le biais de l’art d’Uranie, trouver la vérité.

Albert est central dans l’évolution de l’astrologie occidentale. Son Speculum astronomiae qu’on lui attribue généralement, est influent durant tout le moyen-âge, tant dans ses conceptions de l’astrologie que dans sa façon de subdiviser la discipline. L’astrologie est condamnée à la Sorbonne en 1277, qui en affirme l’inanité, Albert entend ainsi la défendre dans un contexte scolastique. Outre une bibliographie, son ouvrage met en exergue les problèmes philosophiques inhérents à la discipline tout en tentant de faire de l’astrologie une discipline non seulement scientifique mais aussi chrétienne.

Pour ce faire, il estime devoir séparer l’astrologie de ses applications magiques, notamment des imagines talismaniques. Il distingue en outre l’astronomie, calculs mathématiques, et l’astrologie, art de l’interprétation. Les mouvements astraux sont compris comme des causes secondes ou des signes de la divinité. Un équilibre fait ainsi jour entre l’astrologie et la théologie médiévale en s’appuyant sur le néoplatonisme et par là il se propose de la rend licite aux chrétiens.

Reprenant des arguments déjà donnés par les grecs, il affirme enfin que l’astrologie émane de la cause première et que son étude y ramène puisque loin de nier le libre arbitre, elle affermit au contraire la volonté. En effet, les astres sont compris chez Albert, comme influençant les corps et non les âmes qui dès lors, échappent au déterminisme. Par conséquent, les signes du ciel indiquent seulement des conditions favorables à la manifestation d’un évènement, selon des probabilités pouvant éventuellement mener causalement à un effet.

► Aussi, appuyés par les théologiens médiévaux, trouvant une justification pour lier astrologie et médecine et une défense partielle pour l’astrologie judiciaire, l’astrologie s’enracine dans les milieux intellectuels. Finalement, du XII jusqu’au XVII l’astrologie est considérée comme un système rationnel de philosophie naturelle, connexe à la cosmologie, et qui repose sur l’axiome de l’influence des planètes lui-même issu du principe d’unité et d’harmonie du cosmos. Basée sur les théories traditionnelles, elle demeure essentiellement pratique, se focalisant à mettre au point des méthodes opératives.

Aussi, la scientia stellarum est appréhendée comme une science empirique à l’égal de la médecine, elle fait parti de la science officielle et est enseignée couramment tant à la Faculté des arts, qu’a celle de théologie et de médecine selon deux disciplines : scientia motuum qui était sa base mathématique et scientia judiciorum qui était son couronnement interprétatif. Acceptée dans le corpus des connaissances, on trouve l’astrologie à sa place dans le Speculum majus (1235 1264) de Vincent de Beauvais ou aux 16-17 du Liber de Natura Rerum (1237) de Thomas de Cantimpré. En France, Charles V le Sage (reg. 1364 1380) qui presse Thomas de Pisan à venir auprès de lui, créa en 1371 un collège théologique du nom de son médecin-astrologue, Gervais Chrétien. Deux bourses y étaient dédiées à l’enseignement dans les "mathématiques licites".

► Cependant, pour bien des astrologues, qui sont alors nécessairement chrétiens, l’horoscopie et les prophéties d’ordre concret sont tout de même perçues comme astrologia superstitiosa. Hors les condamnations de ceux qui ne sont pas astrologues mais théologiens comme Nicole Oresme et Henri de Langenstein, des praticiens s’avèrent plus ou moins critiques à l’endroit de l’astrologie dite "judiciaire". Ainsi Abano (XIII) et Cecco d’Ascoli (XIV), Thomas de Pisan (XIV) et encore Blaise de Parme (XIV XV) qui, bien qu’ils concourent tous nonobstant à asseoir la discipline (28), suivent en ce sens la pensée d’Aquin.

↪ Déjà, vers la f.XII Jean de Tolède fait connaître l’axiome de l’influence des astres au public en prédisant une catastrophe universelle pour 1186, année où toutes les planètes sont réunies dans le Bélier. L’annonce fait son effet et les populations se terrent, terrorisées. D’autres annonces de ce type seront d’ailleurs faites pour 1236 et 1524(29), avec pour conséquence, la même épouvante. C’est dans la perspective d’éviter les agitations d’un peuple en proie à la panique que la vente des almanachs et calendriers sont interdits par les autorités dans certains états provinciaux durant l’Ancien Régime.

↪ Le cardinal Ailly (XIV - XV) s’essaie de pareille façon à des prédictions de nature eschatologiques. L’astrologie est appréhendée chez lui comme une théologie naturelle dont l’objet est de permettre l’herméneutique des prophéties et de la Bible. Ainsi, utilisant la technique des grandes conjonctions, il prédit la venue de l’antéchrist pour 1798. Postel (XVI) se livrera également et notablement à ce type d’investigation dans un contexte qui relève évidemment de la qabale chrétienne.

↪ Ce prophétisme chrétien se trouve encore chez Paul de Middlebourg qui, influencé par les prédictions de Lichtenberger, interprétera la grande conjonction du Scorpion de 1484 comme signifiant la venue d’un "petit prophète" ce qui fut diversement interprété eu égard à la naissance de Luther. Ces littératures prophétiques sont majoritairement dans un contexte religieux, quoique parfois marquées par la politique comme avec la Prophétie des Papes (attr. à Joachim de Flore) ou le De eversione Europae d’Antonio Arquato (en fait "Torquato").

Époque moderne

I. Une puissante influence teintée d’ambivalente

Durant la renaissance, la position, la compréhension et l’utilisation de l’astrologie évolue.

Malgré des critiques périodiques et parfois virulentes qui font jour au cours du temps, l’astrologie reste durant cette période, fort ancrée dans la société et a une place de choix sur le plan intellectuel et même spirituel. Elle est toujours pratiquée par des astrologues professionnels, parfois auprès de puissantes familles et fait l’objet d’études et de publications par les penseurs. D’autre part, avec l’imprimerie, les almanachs se répandent dans toutes les couches de la société, les universités de médecine publiaient chaque année leur almanach et les classes populaires deviennent la cible d’une littérature astrologique vulgarisée qui vise un large éventail de sujets : médicaux, agraires ou encore prophétiques.

D’un point de vue fondamental, la renaissance est la période d’apogée des sciences occultes, simultanément, on commence également à douter quant au lien entre l’Homme et la nature. De par son essence, l’astrologie, toujours enseignée dans les universités, se voit donc devenir un cadre privilégie pour les affrontements ayant lieu entre des thèses opposées qu’elles soient de nature philosophiques ou méthodologiques. D’ailleurs, durant cette période, on se questionne toujours sur le mécanisme présidant à l’influence des astres et sur leur place vis à vis de l’Homme et de Dieu. La question n’est désormais plus de s’interroger sur la compatibilité entre astrologie et christianisme, mais plutôt de penser son épistémologie.

► La discipline évolue également dans sa structure technique :

D’abord sous la poussée des avancées dans les domaines mathématiques et astronomiques qui sont progressivement intégrées dans la partie technique de l’astrologie qui acquière alors plus de rigueur. Cette précision accrue engendre une multiplication des publications des tables astronomiques et des considérations autour des systèmes de domification.

Ensuite, par le développement de la philologie qui permet de retrouver des textes jusqu’alors ignorés et, avec l’aide de l’imprimerie, de publier des éditions plus poussées des classiques médiévaux (Tables alphonsines, Bonatti, Léopold, Ailly, Abano…), arabes (qu’on critique surtout, les évaluant comme superstitieux…) et antiques (Ptolémée, Maternus, Manilius, Porphyre, Proclus, les textes sont traduits depuis le grec et non l’arabe). On commente également les œuvres grecques (notablement Ptolémée) dont on tente de se réapproprier l’héritage ce qui provoque une remise en perspective du Speculum d’Albert et un renouveau de la philosophie naturelle aristotélicienne.

↪ Ces deux points trouvent leur résultante en une réévaluation de l’astrologie médiévale qui abouti à une importance largement accrue de la généthliaque jusque-là délaissée au profit de l’astrologie mondiale ainsi que subséquemment, une révision de la technique des grandes conjonctions. Dès lors, on voit fleurir les traités propre à cette orientation et certains sont de véritables compendiums de thèmes natals.

Enfin, l’astrologie se voit adjoindre un aspect qu’elle n’a prit que timidement en occident depuis sa réintroduction. Par le biais de la redécouverte de l’hermétisme antique et du stoïcisme, son aspect magico-religieux refait surface(30). On poursuit l’intérêt médiéval pour les electiones et les interrogationes.

Ces considérations accentuent l’ambivalence vis à vis de l’aspect matérialiste de l’astrologie et du courant aristotélicien en général. Cependant, face au renouveau de l’école péripatéticienne qui s’opère simultanément et à une résistance du christianisme, l’interprétation platonicienne d’orientation théosophico-magique ne trouvera que des voies de transmission plus confidentielle comme via Agrippa.

II. Une discipline florissante

► À partir de la vague culturelle provoquée par la renaissance l’Italie est le fer de lance de l’engouement astrologique de l’Europe du XV. Du nord au sud, le pays comporte bon nombre d’astrologues notables et la discipline vient appuyer la philosophie et la spiritualité.

À Ferrare, Giovanni Bianchini (XV) produit au milieu du siècle ses Tabulae astronomiae basées sur les Tables alphonsines. L’évêque Luca Gaurico, auteur de plusieurs traités (Tractatus astrologicus, 1552) et commentateur de Ptolémée, défend l’astrologie généthliaque (ntm. via son oratio De astronomiae seu astrologiae inventoribus de 1507 où il affronte Pic) et émet des prédictions politiques qui lui valent d’être soutenu par les papes. Novara (XV - XVI), maître de Copernic et proche du néoplatonisme médicéen enseigne à Bologne. Toujours dans la Rossa, Pomponazzi (XV - XVI) dans son De fato (1520), voit dans les astres les instruments de Dieu et leur attribue la clef de la nature et leur étude donne l’explication de tout ce qu’on ne peut expliquer naturellement comme les apparitions ou les présages ainsi que du cours de l’existence des Hommes comme des idées (y compris les religions). Magini (XVI - XVII), propose des tables et s’intéresse à l’aspect médical de la discipline. Cet intérêt sera partagé par Agostino Nifo (XV - XVI) avant lui — qui se penchera finalement sur l’humorisme vers la fin de sa vie — et Claudius Salmasius après lui (De annis climactericis, 1648). Girolamo Manfredi enfin, produit dans la même intention un Libro del perchè.

À Naples, Bonincontri livre un De rebus coelestibus (1526) et le politicien et lettré Giovanni Pontano écrit des poèmes astrologiques avec Urania (1476).

À Milan, l’astrologie est prisée par la famille Sforza, Ludovic le More est particulièrement connu pour ses largesses envers les praticiens. La discipline est si populaire, qu’on raconte en outre que le milanais Cardan (XVI) admirateur et commentateur de Ptolémée (Commentaria, 1554), s’était laissé mourir afin de donner raison à son horoscope. Cardan, d’abord initié à l’astrologie par des sources arabes vécu l’apport du thème grec de la Tétrabible qui est d’abord rendu disponible grâce à Camerarius, mais de façon partielle, en 1535, puis ensuite, de façon complète cette fois, via Gogava en 1548.

À Padoue, on trouve Nabod (Enarratio elementorum astrologiae, 1560) et Argoli (De diebus criticis, 1639) ; ce dernier publie éphémérides et almanach et sera le maître de Giovanni Seni. Lui-même sera au service d’Albrecht von Wallenstein, fort concerné par les prédictions de l’astrologie. Bruno lui aussi se penche sur la question et après avoir critiqué l’astrologie, il l’estime valide et s’attache notamment à y adapter les découvertes de Copernic. Pour lui le mouvement des astres-dieux, pourvus d’une sensitivité et d’un intellect, Chantent l’excellence et la gloire de Dieu.

L’iconographie astrologique représentée sous forme de fresques est en outre à la mode dans les palais du territoire italien, en témoigne le cycle de fresques astrologiques ( 1430) du Palais de la Raison à Padoue, des Cycle des mois ( 1470) peintes au Palais Schifanoia, l’Horoscope d’Agostino Chigi (1510) à la Farnesina ou encore celles de la Salle du zodiaque du Palais d’arco de Mantoue ( 1515). Il faut aussi mentionner la Chapelle des divinités planétaire du Temple Malatesta, orné de sculptures astrologiques par Duccio.

► On trouve dans le Saint-Empire romain germanique un grand nombre d’astrologues et la discipline, qui est enseignée dans plusieurs universités, y est fertile.

Le témoin le plus éclatant est l’œuvre de Regiomontanus (XV) qui, après des études auprès de Peuerbach (Teoricae novae planetarum en 1454, qui révise les tables de Bianchini), fait imprimer pour la première fois les Astronomiques(31). Il fait également paraître les premiers calendriers (Kalendarius, 1476) et son nom restera associé au système de domification "rationnel" d’Ibn Ezra qu’il popularisera ; ce système est basé sur la division de l’équateur céleste.

Johannes Lichtenberger (XV) et Josef Grünpeck (XV XVI) sont des astrologues de cour, Stöffler (XV XVI) également. Il sera récompensé par le pouvoir impérial sous Maximilien Ier et est renommé pour ses almanach et ses prédictions.

Au XVI, Jean de Głogów produit une œuvre encyclopédique avec son Tractatus praeclarissimus (1514), tout comme Garcaeus avec son Methodus Astrologiae (1570). Johann Stabius (Connu pour son Horoscopion universale de Maximilien Ier) et Petrus Apianus (Astronomicum Caesareum, 1540) ont également la faveur des rois.

↪ En périphérie de ces activités dans le Saint-Empire, on trouve en Belgique, Stadius (XVI) propose des Ephemerides novae (1556) et en France Scaliger (XVI - XVII), qui, célèbre disciple de Gaurico, commente Manilius.

Les éditions d’almanachs, d’abord initiative allemande, iront rapidement essaimer toute l’Europe permissive aux concepts astrologiques(32). Cette littérature simplifie l’astrologie savante et propose outre une vulgarisation des concepts astronomiques, des présentations sommaires de l’influence des planètes, notamment sur la vie quotidienne. Durant la même période, l’astrologie fait également l’objet de plusieurs manuscrits à l’iconographie très qualitative. Faisant suite au célèbre De Sphaerae (1450) d’origine italienne, nous pouvons mentionner le Codex Schürstab (1472), l’Astrolabium planum (1488) ou encore le Livre du destin (1491).

↪ En outre, partout en Europe (stt. France, Allemagne, Italie et République Tchèque où l’astrologie était populaire) et dès le XIV, on construit des horloges astronomiques disposant d’informations plus ou moins précises concernant l’astrologie. La plus célèbre est celle située sur le mur sud de l’hôtel de ville à Prague.

III. La réaction du christianisme

► Outre son déterminisme et son prophétisme latant, l’aspect magico-religieux de l'astrologie qui se développe en Italie engendre bien sûr certaines critiques virulentes venant des églises catholiques mais aussi réformées qui voient dans l’astrologie une renaissance du polythéisme(33).

L’attitude de l’Église est complexe voire ambiguë vis à vis de l’astrologie et se révèle également indécise tant les postures sont disparates dans ses rangs. Nonobstant la position officielle de l’institution, nombre de dignitaires du XV XVI protègent et utilisent l’astrologie 𝕍 § L’Astrologie de cour.

Factuellement, les astrologues accusés d’hérésie sont, sauf exception, relaxés. Certes, les apports médiateurs des intellectuels du moyen-âge sont portées par ceux de l’hermétisme florentin. Ficin, d’abord hostile à l’astrologie jusque sa Theologia Platonica (1482), expliquera ses positions dans Apologia quaedam, in qua de medicina, astrologia, vita mundi. De façon plus monumentale et critique, le Disputationes adversus astrologiam (1493) de Pic ensuite, servira de catalyseur pour les débats autour de la nature et la place de l’astrologie. Chrétiens, ils s’opposent à l’astrologie déterministe et à sa commercialisation en particulier, tout en développant cependant une magie astrale inspirée de l’hermétisme alexandrin où ils remettent comme jadis, l’astrologie au service de la religion. Leur compatriote Landino, perce pour sa part le sens ésotérique de la Divine Comédie, grâce à ses connaissances astrologiques.

↪ Malgré cela, pour certains penseurs catholiques la doctrine est toujours évaluée comme une superstition fataliste et donc, une négation du libre arbitre. L’astrologie naturelle tant qu’elle se destine à l’agriculture et la navigation est permise et l’astrologie divinatoire n’est guère tolérée que dans un cadre médical. Outre ses formes charlatanesques moquées par Érasme dans son Éloge de la Folie, l’astrologie est de plus, perçue comme un point d’accès privilégié aux doctrines hérétiques et aux pratiques magiques.

Ainsi en Espagne, où l’astrologie est strictement limitée à ses applications naturelles (et notablement la navigation avec par exemple Rui Faleiro), l’Inquisiteur Général Alonso Manrique de Lara ajoute au d.XVI, ladite astrologie à l’Édit des dénonciations (point 2), sommant ainsi les chrétiens de dénoncer les astrologues.

L’attitude de l’Église se révèle plus critique dès le Concile de Trente (1545 1563) dans un contexte où l’astrologie prend un certain pouvoir spirituel et que outre le catastrophisme véhiculé par une certaine littérature prophétique, elle peut servir à encourager les prétentions des réformés. Aussi l’Index librorum prohibitorum (1564) élaboré lors du concile, met à l’index certains ouvrages astrologiques. La bulle Cæli et terra (1586) de Sixte V (reg. 1585 1690) incite finalement les astrologues à la prudence et dès lors, l’astrologie a un statut plus contrasté dans la société. Mentionnons encore la bulle Inscrutabilis iudiciorum (1631) d’Urbain VIII (reg. 1623 1644) qui vient renforcer les interdictions autour de l’astrologie.

Ces évènements n’empêchent pas que, de façon simultanée, des dignitaires ecclésiastiques publient des tables d’astrologie, que l’encyclopédie savante d’astrologie Speculum astrologiae (1581) de Junctin de Florence et le De astrologica ratione (1607) de Magini bénéficient de l’imprimatur papal ou bien que Urbain VIII protège Campanella pourtant auteur d’un très magique De siderali fato vitando dans le septième livre de ses Astrologici. Le fait est que ces annonces ne sont factuellement suivies d’aucune mesure de coercition.

Ainsi que nous l’avons indiqué, des critiques sont également formulées de la part des réformés. Luther est pour sa part sceptique, il estime que l’astrologie n’est qu’une variante païenne du serf arbitre et qu’elle se rapproche de l’idolâtrie. Il préface cependant les Pronostications de Lichtenberger : Les signes, au ciel et sur terre, ne manquent sûrement pas ; ce fut le travail de Dieu et des anges. Ils avertissent et menacent les pays et les contrées impies et ont tous une signification. Calvin dans ses Institutions la repousse totalement : Tout ceci est compris dans l’astrologie naturelle ; mais les affronteurs qui ont voulu, sous ombre de l’art, passer plus outre, en ont controuvé une autre espèce qu’ils ont nommée judiciaire. Cependant, Mélanchton, lui, l’accepte(34) ; tout comme son gendre Kaspar Peucer, qui bien que luthérien ardent, est persuadé de la vérité des principes astrologiques.

Les réformés allemands profiteront de cette brèche théologique pour continuer à développer l’astrologie, eux qui sont en outre libre des multiples condamnations papales.

IV. L’astrologie de cour

► La puissance de l’astrologie durant cette période est également due au fait que la discipline continue d’avoir droit de cité chez les princes. Nombre d’entre eux ont des astrologues à leur cour. Ces derniers poursuivaient des formations dans les universités et étaient des savants compétents dans plusieurs domaines, notamment la médecine. Ils suscitaient l’admiration et la curiosité. À partir du XIV, les rois et les princes, les papes et les évêques avaient leur astrologue et certains parmi ces dignitaires pratiquent parfois eux-mêmes cet art.

Ainsi, les papes Eugène IV (reg. 1431 1447), Nicolas V (reg. 1447 1455), Pie II (reg. 1458 1464), Sixte IV (reg. 1471 1484), Alexandre VI (reg. 1492 1503), Jules II (reg. 1503 1513), Léon X (reg. 1513 1521), Clément VII (reg. 1523 1534), et Paul III (reg. 1534 1549) consultent régulièrement (Paul III fait ntm. grand cas des principes astrologiques), encouragent parfois (Léon X qui fonde une chaire d’astrologie) et pour certains (Sixte et Julius), pratiquent l’astrologie.

En Angleterre, l’astrologie comme la renaissance ne se développera pas aussi tôt que dans le reste de l’Europe. Cependant, Elizabeth Ière (reg. 1558 1603) fixe la date de son couronnement par l’intermédiaire des calculs de Dee et le consultait journalièrement. Au même siècle, Forman s’occupe de médecine et d’astrologie, Leonard Digges se penche pour sa part, surtout sur l’astrologie naturelle et les mathématiques tandis que Heydon rédige une Defence of Judiciall Astrologie (1603). Ce texte sera le signe précurseur du réveil astrologique anglais au siècle qui vient.

Dans le Saint-Empire, les empereurs Frédéric III (reg. 1452 1493), Maximilien Ier (reg. 1508 1519), Charles Quint (reg. 1520 1556), Ferdinand Ier (reg. 1556 1564), Maximilien II (reg. 1564 1576) et bien sûr, Rodolphe II (reg. 1576 1612) gouvernent de façon plus ou moins proche avec les astrologues et les soutiennent financièrement. De plus, Ferdinand et Maximilien Ier sont estimés comme compétents dans le domaine. Au d.XVII le fameux duc de Friedland et condottiere Albrecht von Wallenstein — que nous avons déjà cité pour être l’employeur de Giovanni Seni — montre dans sa biographie et ses correspondances un intérêt marqué pour l’astrologie.

En France, au XIV XV, le duc Jean de Berry(35) et son frère, le duc de Bourgogne Philippe II "le Hardi", écoutent les conseils de l’abbé augustin Lubertus Hautscilt. Charles VII (reg. 1422 1461) et Louis XI (reg. 1461 1483) accordent leur confiance à Jean Colleman, médecin et "astrologien du roy". Il est également bien connu par des anecdotes que Louis XI attachait à son service Martius Galeotti. Charles VIII (reg. 1483 1498) avait son service Simon de Pharès, auteur d’un Recueil des plus célèbres astrologues (1494, BNF Fr.1357). Henri IV (reg. 1589 1610) qui accordait crédit à cette science, fit tirer l’horoscope de Louis XIII (reg. 1610 1643). Ce dernier fut surnommé "Le juste" en référence à son signe de naissance, la Balance. Et de même, à la naissance de Louis XIV (reg. 1643 1715) Morin de Villefranche, médecin et mathématicien, tira son horoscope(36). Ce dernier avait la confiance de Richelieu et Mazarin qui étaient acquis à la consultation d’astrologues.

Au travers de son imposant Astrologia Gallica, Morin de Villefranche, dans le cadre de la physique aristotélicienne édifie les bases de l’astrologie telle qu’elle est largement exercée de nos jours : rationnelle et areligieuse. Il y modernise en effet de façon formelle l’œuvre de Ptolémée, codifie les procédés et les interprétations, sans pour autant engager la discipline sur les voies de l’expérimentation scientifique pourtant à la mode.

↪ Cette tendance favorable aux doctrines occultes se poursuit en France avec un attrait pour la magie, la nécromancie, l’alchimie et les prophéties. On voit cet attrait dans la publication du Période (1531) de Pierre Turrel ou bien chez Catherine de Médicis (reg. 1547 1563) qui soutien les astrologues et les devins et s’entoure de conseillers adeptes des sciences occultes.

Elle appuie par exemple Morin, Ferrier (Jugements astrologiques sur les nativités, 1550), s’entoure des frères Ruggieri (Cosme et Lorenzo), Giuntini (auteur d’un important Speculum astronomiae, 1573), Gaurico et encore Junctin de Florence que nous avons déjà mentionné et enfin du fameux Nostradamus (Prophéties, 1555) qui mêle astrologie et magie, prophétisme et ésotérisme. Elle fit d’ailleurs construire dans son hôtel, aujourd’hui disparu, un observatoire, qui lui existe toujours et est aujourd’hui connu sous le nom de Colonne Médicis. Ses fils Henri III, protecteur de Blaise de Vigenère et François de France seront pareillement favorables à l’astrologie.

↪ En fait, durant cette période Toute belle dame [avait] alors son "baron" (devin) nous indique Gratien de Semur (Traité des erreurs et des préjugés Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre) ; par exemple Marguerite de Valois avait Antoine Mizauld (Harmonia Coelestium, 1555). On voit aussi l’intérêt pour l’astrologie dans la littérature comme avec la Mantice (1558) de Pontus de Tyard. Certes, Richelieu ordonna à Charles de Condren d’étudier la question de la validité de l’astrologie. Il déclara comme compte rendu dans un discours que Les corps physiques n’ont d’influence que sur les choses physiques. Cependant, malgré les critiques, l’astrologie ne décline en France qu’avec la révolution.

V. Deux voies pour l’astrologie

► Puisque l’astrologie est confondue avec l’astronomie durant tout le moyen-âge et que cette distinction est encore floue durant la renaissance, tous les grands astronomes du XVI et XVII comme Copernic et Rheticus, Brahé et Kepler, Galilée même, sont simultanément versés en astrologie quand il ne sont pas directement influencés par le pythagorisme ou l’hermésisme.

Il est notable que selon Kepler (Tertius interveniens, 1610), Galilée (Lettre à Dini, 1615) ou Campanella (Astrologicorum libri, 1629), la question de l’emploi du géocentrisme ou de l’héliocentrisme est étrangère à l’astrologie. La transition à l’héliocentrisme dans l’astrologie se fera d’ailleurs rapidement d’abord via les Tables Pruténiques de Reinhold, transition qui sera entérinée par Boulainvillier dans son Traité d’astrologie (1717).

► Nonobstant, l’élaboration des Tables Rudolphines par Kepler en 1627, fait que l’astrologue n’observe plus le ciel et dès lors, la distanciation avec l’aspect astronomique est de plus en plus importante pour les genethliaci. De plus, consommant le divorce entre l’Homme et la nature entamé par la renaissance, certaines critiques font jour dans un milieu où la science et la philosophie se singularisent de plus en plus, favorisant des visions du monde quantitatives et dépourvues de métaphysique.

Van Helmont par exemple, rejette les explications astrales du magnétisme et se propose de prouver que les astres n’ont aucune influence sur le nouveau-né. Descartes (Discours de la méthode, 1637) affirme la nature mécanique et mathématique de la nature ; Sa position va influencer de façon croissante les tenants de la philosophie naturelle aristotélicienne, extirpant peu à peu les bases philosophiques traditionnelles de la discipline. La polémique opposant Morin à Gassendi (1630 1650) est à cet égard, emblématique, en plus de constituer le levier précipitant la déchéance de l’astrologie au profit d’une astronomie scientifique.

► Il est en outre important de noter que durant cette période et à la faveur de l’hermésisme médicéen, l’astrologie se lie toujours plus avant aux différentes disciplines occultes et à l’ésotérisme d’alors, favorisant l’élaboration d’analogies entre le corps Humain, la cosmologie et la divinité d’une part, le zodiaque et les planètes d’autre part.

On trouve ces considérations au travers des œuvres d’Agrippa (Philosophie Occulte), Paracelse, Khunrath (Amphithéâtre) et dans une certaine mesure Böhme.

Cette tendance se poursuit avec les émules initiées par la vague synthétique du rosicrucisme au d.XVII comme Belot (Familières Instructions), Fludd (Des Deux Mondes), ou encore Gichtel (Théosophie Pratique). C’est par cette voie de l’astrologie pourra survivre à son éclipse prochaine au XVII.

VI. Une dégénérescence subite dès le XVII qui se poursuit jusqu’au XIX

Au XVII, la production astrologique diminue tant en qualité qu’en quantité. On trouve plusieurs travaux qui vont dans le sens de la concession avec le scientisme qui s’en vient, notamment de la part de mathématiciens allemands (Johann Richter, Andreas Goldmayer…) qui tentent de tempérer et préciser les techniques prédictives. En Italie demeure également quelques travaux comme avec le mathématicien et philosophe italien Reinaldini qui se déclare apologiste de l’astrologie dans un ouvrage paru en 1684, Riccioli qui donne une liste exhaustive des conjonctions, Bernardino Ramazzini (Il medico astrologo (1685)) ou Antonius de Bonattis (Universa astrosophia naturalis (1687)).

↪ On trouve encore Placidus de Titis qui publie un épais Physiomathematica (1675). En outre, il codifie et fait connaître le système de domification qui porte son nom(37). Cette domification dite "naturelle" reste celle qui est le plus utilisé aujourd’hui malgré son défaut de ne pouvoir permettre d’établir une carte du ciel valable au-delà du cercle arctique. Le Lexicon mathematicum astronomicum geometricum (1668) de Gerolamo Vitali, élève de Titis, qui classe les termes latins, grecs et arabes de l’astrologie ainsi que l’établissement d’un horoscope pour la fondation de l’Observatoire de Greenwich en 1675 par Flamsteed, viennent clore d’une juste façon les productions savantes. Car malgré ces résistances, on assiste à l’avènement de la méthode scientifique, du culte du rationalisme et finalement, le zeitgeist favorable au scepticisme et au positivisme entérinera durablement l’éclipse de l’astrologie.

Ces intentions culmineront dans un "mouvement anti-astrologique" qui plein de morgue pour Uranie, s’oppose frontalement aux "astrologues tout puissants et conseillers des princes". Charlatans, faiseurs d’horoscope, / Quittez les Cours des Princes de l’Europe ; / Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps. / Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens. écrit par exemple La Fontaine dans son Astrologue qui se laisse tomber dans un puits (1668). Ainsi, le charlatan que Saucer dépeint dans les Conte du Franklin (1837) devient pour l’opinion public, la norme de l’astrologue.

Des mesures sont rapidement mises en place : en 1666, l’astrologie est exclue de l’Académie des sciences par Colbert, en 1682, Louis XIV interdit l’impression et la diffusion des almanach (ce qui d’ailleurs, ne gênera guère cette affaire), cette interdiction est suivie par celle de la Curie romaine en 1688 puis en 1709 qui interdit plus globalement la publication des ouvrages astrologiques. Cette décision engendra l’émigration des astrologues italiens en Hollande et en Angleterre où l’astrologie pu continuer à se développer. En 1699 la publication des almanach est interdite par la Diète d’Empire et en 1756, "l’impératrice" Marie-Thérèse d’Autriche interdit par ordonnance tout types de prédictions.

Dès lors aux lumières, l’astrologie, perçue comme la reine des superstitions est objet de mépris, le plus souvent rhétorique : Nous avons été infectés de la même superstition dans ces derniers siècles écrit L’Encyclopédie (1751) et Voltaire dans son Dictionnaire philosophique expose avec cuistrerie : Le grand malheur des astrologues, c’est que le ciel a changé depuis que les règles de l’art ont été données. L’astrologie dès lors, ne résiste que sous sa forme symbolique et dans les milieux illuministes de la maçonnerie, du rosicrucisme et de la naturphilosophie romantique, intégrée dans une perspective hermétique et théosophique.

Parmi les œuvres orientées dans cette direction on trouve l’Opus mago-cabbalisticum et theosophicum de Welling et l’œuvre de Goethe qui ponctue ça et là des intentions de cet ordre. Faisant figure de résistant, Johann Pfaff traduit la Tétrabible et défend mélancoliquement la discipline dans son Astrologie (1816). En France, mentionnons Dupuis qui avec son Origine de tous les cultes Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France (1794) utilise le symbolisme astrologique afin de procéder à une entreprise de mythologie comparée.

► Cependant, en Angleterre, au XVII - XVIII, l’astrologie, bien que souvent tournée en ridicule comme sur le continent, bénéficie également d’une continuité. D’une part grâce à la vente des almanach qui n’est pas interdite (Le Vox stellarum de Moore est lancé en 1700) et d’autre part par le biais de l’œuvre de Lilly, "père de l’astrologie britannique" particulièrement versé en astrologie horaire et dans les interrogationes. Il est principalement connu pour sa Christian Astrology (1647) ainsi que pour ses prédictions. En outre, l’homme renoue avec le mysticisme astral en invoquant les esprits de l’Ars Notoria d’Agrippa. Durant cette période émerge également un autre auteur important pour l’astrologie médicale : Culpeper et son Astrological Judgement of Diseases édité en 1655.

L’œuvre de Lilly engendre des émules, successeurs ou critiques comme Coley, Gadbury et Wharton. Dans cette astrologie chrétienne en quête d’herméneutique, on a fait également entrer en interaction les mythes avec l’astrologie, éclairant ainsi la nature et les fonctions des personnages. On fait correspondre les sept cieux aux sept planètes, les douze signes aux douze apôtres, aux douze chevaliers de la Table ronde, aux douze lettres simple de l’alphabet hébraïque, aux douze travaux d’Héraclès ou encore aux douze heures du Nuctaméron.

↪ Néanmoins, à contre-courant, cette mouvance devient moribonde comme l’astrologie en général, malgré les tentatives de rénovation de Partridge (Mikropanastron, 1679), Sibly (Illustration of the Celestial Science of Astrology, 1784) qui s’exaspère des préjugés stupides de l’époque et John Case (The Angelical Guide, 1697). Relégué au rang d’archaïsme, on en trouve mention dans la littérature comme chez Guy Mannering (1815) de Walter Scott, ostensiblement plus critique qu’un Jules César (1599) ou un Roi Lear (1603), qui abordaient cette thématique avec plus d’ambivalence. Lui-même, voulant en faire la trame principale d’un roman, renonce à l’idée, estimant que l’astrologie ne possédait plus suffisamment d’attrait pour le public. Comme en Allemagne, signalons qu’une traduction de la Tétrabible par Ashmand fait surface en 1822.

Époque contemporaine

I. Les premiers soubresauts d’une renaissance

Au XIX, l’astrologie est tout aussi timidement pensée et pratiquée et si elle l’est, c’est toujours principalement dans les sociétés secrètes d’alors d’où elle finira par émerger. Comme l’alchimie ou la qabale, elle est alors globalement recroquevillée dans ses considérations les plus ésotériques et spéculatives.

Au début du siècle, peu nombreux sont les auteurs notables et Balzac écrit dans Les Parents pauvres (1846) L’astrologie judiciaire, la divination, a régné pendant sept siècles, non pas comme aujourd’hui sur les gens du peuple, mais sur les plus grandes intelligences, sur les souverains, sur les reines et sur les gens riches. Cette situation perdure durant le siècle où elle est cantonnée à un lectorat spécialisé. Ainsi, il faut attendre la fin du siècle pour la voir réémerger progressivement dans la sphère publique, à la faveur de l’influence anglo-saxonne qui, encadrée par Ptolémée et Placidus, avance souvent masqué (les pseudonymes sont fréquents). Elle met d’abord l’emphase sur la technicité mathématique et les vérifications empiriques, accentuant l’aspect scientifique de la discipline.

↪ C’est aussi durant cette période que le facteur déterminant d’un thème passe des maisons aux planètes. Le cas de l’importance donnée au signe solaire au détriment de l’ascendant est à cet égard, significatif. En effet, jusque là, naître sous le signe du Bélier, signifiait être ascendant Bélier, à partir du XIX, cette expression finira progressivement par désigner le signe solaire. En conséquence, le facteur proportionnant d’un thème fait passer l’interprétation d’une échelle journalière à une échelle annuelle.

► Ainsi, en Angleterre, une activité astrologique est déjà discernable. John Worsdale écrit un Celestial philosophy (1824) et Raphael produit des tables de maisons qui font encore référence, un Manual of Astrology (1828) et un almanach Prophetic Messenger (1827 1832). John Varley, ami de Blake, publie pour sa part un Treatise on Zodiacal Physiognomy en 1828. Inspiré par le succès de Raphael, Zadkiel (The Herald of Astrology (1831 1874)) poursuit à son tour l’entreprise de vulgarisation, il écrit un Grammar of Astrology (1834) et fonde une Astrometeorological Society en 1860. Il édite également une édition abrégée de la Christian Astrology de Lilly. Ces deux astrologues permettent à l’astrologie de renouer avec le grand public en établissant une discipline plus accessible. À partir de sociétés initiatiques moins confidentielles que par le passé, l’astrologie s’apprête à essaimer de nouveau la culture occidentale. La Société théosophique (1875 …) aura une importance clef dans ce renouveau astrologique, et les activités de l’Aube dorée (1888 1905), qui utilise l’astrologie pour constituer ses rituels mais aussi pour inspecter le thème des aspirants à l’ordre, témoigne de façon visible de son influence.

Leo, dans une perspective plus ésotérique(38), produit une Horary Astrology (1909) puis une Esoteric Astrology (1936), son 1001 Notable Nativities (1917) bénéficiera d’une exposition importante. Il devient par ailleurs éditeur de la première revue astrologique : The Astrologer’s (1890-1895) et, vulgarisant l’astrologie, il connaît un large succès tant en tant que praticien qu’en tant que théoricien.

↪ Sepharial, toujours dans cette mouvance ésotérique, édite des ouvrages de vulgarisation et prend la charge du célèbre Old Moore’s Almanac, encore en activité au XXI. James Wilson écrit un Complete Dictionary of Astrology (1885), George Wilde un Treatise of Natal Astrology (1894) et Zadkiel II un Textbook of Astrology (1897). Ces ouvrages signent le retour définitif de l’astrologie.

Ce courant astrologique sera apporté dans les différents pays occidentaux par des individualités particulièrement éprises de l’art d’Uranie.

Ainsi, cette astrologie anglaise, le volet médical notamment, sera importée aux États-Unis par Luke Broughton (The Elements of Astrology, 1898) qui émigre dans ce pays dans la décennie de 1840 et prépare par son activité, l’émergence de l’astrologie américaine. Par la suite, Heindel écrit un Message des astres (1913) où l’astrologie se mêle au rosicrucisme américain influencé par le théosophisme.

En Allemagne Karl Brandler-Pracht (Mathematisch-instruktives Lehrbuch der Astrologie, 1905) s’inspire également de la rigueur mathématique initiée par les anglais et dissémine l’astrologie dans son pays.

Par les mêmes voies on retrouve l’astrologie en France, d’abord Henri Selva (Traité théorique et pratique d’astrologie généthliaque, 1900) qui traduit des passages l’Astrologia gallica dans sa Théorie des déterminations astrologiques (1897).

↪ Ensuite, l’astrologie évolue dans une optique traditionnelle quoique marquée par le courant néo-occultiste ésotérico-symboliste. Elle est en outre présente de façon plus ou moins anecdotique dans les bibliographies. Après les survivances de l’astrologie dans l’illuminisme de Christian et Ballanche, ce courant est bien sûr engagé par Levi : Reconnaître le signe de chaque étoile sur les hommes, sur les animaux, sur les plantes, c’est la vraie science de Salomon.

Viennent à sa suite, Ely Star (Les Mystères de l’horoscope, 1897) puis Barlet, qui prit une part active à la Société Astrologique de France (Son élève Abel Haatan signe un Traité d’astrologie judiciaire en 1895). Suivent, plus ou moins dans cette mouvance, Fomalhaut (Manuel d’astrologie, 1897), Julevno (Nouveau traité d’astrologie pratique, 1888) et Papus (passim, 𝕍 aussi la monographie Premiers éléments d’astrosophie, 1910).

II. La diversification des courants

Au XX, l’astrologie sort de la subculture dans laquelle elle avait été repoussée. Dans le même temps que la discipline se modifie.

En effet, en plus des sept planètes visibles à l’œil nu, les avancées technologiques dans le domaine de l’astronomie permettent la découverte d’Uranus en 1781, Neptune en 1846 et Pluton en 1930. Ces nouvelles planètes ne manquent pas d’attirer l’attention des praticiens qui les intègrent progressivement à leurs interprétations à mesure que l’empirisme apotélesmatique vient confirmer leur pertinence.

De plus, l’astrologie, pour sa plus large part, paraît se détacher plus avant des intellectuels et des spirituels que durant la période renaissante, pour devenir l’affaire de spécialistes plus ou moins sérieux. Ces derniers peuvent également se professionnaliser et pour certains, vivre de leur activité, principalement via la généthliaque, en tant que consultant (ntm. par l’astrologie financière) et par la rédaction d’ouvrages qui recouvrent désormais tout types de pratiques et de niveaux.

↪ On assiste dès lors à l’édification de plusieurs courants, parfois constitués en écoles et associations (naguère, l’astrologue était un praticien indépendant). Plus ou moins confidentiels et mus par des préoccupations diverses, ils soulignent les tendances particulières des praticiens, tant au niveau méthodique que doctrinal.

Ces courants sont parfois contradictoires entre eux sur des points plus ou moins fondamentaux concernant l’interprétation et l’érection d’un thème.

Certains se caractérisent par des approches syncrétiques ou alors plus franchement traditionnelles en renouant avec l’astrologie médiévale ou renaissante.

Cependant, ils sont pour la majorité inscrits dans les tendances du temps : un besoin de rationalisation, une critique épistémologique et une tendance psychologisante (notablement liée à la psychologie des profondeurs) qui érode l’aspect prédictif et purement évènementiel.

↪ L’évaluation du mécanisme astrologique évolue sous l’effet de cette inclinaison, accusant deux tendances qui trouvent leur pivot sur la question du déterminisme astral. On met ainsi en évidence une tendance symbolique et synchroniste qui semble se détacher d’une conception influencielle et causaliste. Ainsi la première catégorie se présente volontiers comme un art. Elle met l’accent sur l’interprétatif et croit en des relations bilatérales entre les astres, instruments du cosmos qui pénètrent l’intégralité de la nature, et les êtres, qui projettent par la pensée leurs perceptions voir leur efficacité magique. En conséquence, elle cherche à prédire par des tendances qui proviennent d’une combinaison de faits significatifs qui appellent un boisseau d’interprétations. La seconde, qui se présente volontiers comme une science, met l’accent sur l’aspect technique, croit en des rapports univoques de causalité entre les astres d’une part, et les évènements terrestres d’autre part. En conséquence, elle recherche à prédire par des pronostics factuels et précis.

Enfin et d’une façon plus générale, l’astrologie pénètre plus avant la société occidentale, s’enracinant dans la culture populaire et artistique, on pensera notablement aux Planets de Gustav Holst en 1914 puis à l’Horoscope de Constant Lambert en 1937. Mais simultanément, puisqu’elle n’est plus acceptée a priori, elle fait également l’objet de plusieurs critiques sceptiques plus ou moins passionnelles et pertinentes, de nature avant tout scientifiques. Flaubert écrit d’ailleurs avec humour dans son célèbre Dictionnaire des idées reçues (1913) : Astronomie. Belle science. — Très utile pour (n’est utile que pour) la marine. — Et, à ce propos, rire de l’astrologie.

L’une des plus populaires que nous avons déjà mentionné avec Voltaire, est celle de la précession de équinoxes. En effet, ce phénomène montre que le soleil se décale d’un mouvement rétrograde dans le zodiaque et se retrouve dans sa position initiale au bout d’une grande année de 25920 ans. Ptolémée déjà, distingue le zodiaque stellaire, qui est justement qualifié de "mobile" et qui est concerné par la précession et le zodiaque tropique, qui est qualifié de "fixe". Il en résulte un décalage progressif du zodiaque par rapport aux constellations, en fonction du déplacement du point vernal. Hors, l’astrologie s’intéresse à la situation de l’Homme et dès lors, le point de vue retenu pour la description des mouvements stellaires est le point de vue géocentrique. Pour une mise au point à ce propos, 𝕍 La Précession des équinoxes (1979), Robert Amadou.

III. Approche spiritualiste américaine

► Au début du siècle, Charles Carter, (qui préside à la suite de Leo la Loge Astrologique de Londres de 1922 à 1952), publie un Principles of Astrology (1925) et un An Introduction to Political Astrology (1951). Dans la même démarche que Leo pour l’Angleterre, Llewellyn entreprend de réintégrer l’astrologie à la société américaine avec un A to Z Horoscope Maker en 1910. Suit Hall, qui publie plusieurs essais astrologiques dont un Psychoanalyzing the twelve zodiacal types en 1936 et enfin Marc Jones, avec son Apprendre l’Astrologie (1941), qui simplifie l’interprétation et jette les bases de ce qui deviendra le courant américain d’astrologie. Il met également au point sa propre interprétation des degrés monomères, les symboles Sabian (The Sabian Symbols, 1953). Ces entreprises empruntes d’une volonté de percer auprès d’un large public se trouvent également avec Astrology for the Millions (1940) de Grant Lewi et James Langham, qui porte l’astrologie sur les marchés financiers avec Planetary Effects on the Stock Market (1932).

► Pour des auteurs comme Jung(39), l’astrologie étudiée dans le cadre de la psychologie des profondeurs, livre au travers d’archétypes astraux et de synchronicités, une typologie qui pourrait venir soutenir le travail du praticien dans son analyse de la psyché du patient. En 1954, durant son entretient avec Barbault il va jusqu’à préciser : Il y a eu beaucoup de cas d’analogies frappantes entre la constellation astrologique et l’événement psychologique ou l’horoscope et la disposition caractérologique. Il y a même la possibilité d’une certaine prédiction quant à l’effet psychique d’un transit par exemple. On peut attendre avec un degré assez haut de probabilité qu’une certaine situation psychologique bien définie soit accompagnée par une configuration astrologique analogue. […] L’astrologie consiste en configurations symboliques comme l’inconscient collectif dont la psychologie s’occupe. L’horoscope semble correspondre à un certain moment de l’entretien mutuel des dieux, cela veut dire des archétypes psychiques 

↪ Influencé par Jones, Jung et le Holism and Evolution (1926) de Jan Smuts, Rhudyar (The Astrology of Personality, 1936), proche de Bailey (Esoteric Astrology, 1950), met au point l’astrologie humaniste qui mêle l’astrologie avec le symbolisme, la psychologie et la spiritualité. Cette école d’astrologie psychologique qui deviendra populaire à partir du dq.XX, sera portée par la contre-culture des années 60, puis le courant new-age et le développement personnel. Ce courant sera continué ou développé un peu partout en occident : aux États-Unis par Arroyo, en Italie par Lisa Morpurgo, en Belgique par Antarès et en France par Ruperti.

IV. Continuation de l’approche traditionnelle en Europe

► L’astrologie reprend vigueur en Europe, spécialement en Allemagne et en France où l’on trouve principalement, une astrologie traditionnelle pour la première et symboliste pour la seconde.

↪ En Allemagne, Oscar Schmitz produit un Geist der Astrologie (1922) dans une perspective psychologique. Witte (Leitfaden der Astrologie, 1933) fonde l’Astrologie uranienne (dite École de Hambourg) puis Ebertin (Kombination der Gestirneinflüsse, 1940) s’inspirant de cette dernière, établit le courant cosmobiologique et fonde la revue Kosmobiologie-Mensch (1928). Ce courant allemand accorde une importance particulière aux mi-points, technique qui fut utilisée par Antoine-François Bonatti (npc. avec son célèbre homonyme). Durant la période nationale-socialiste, l’astrologie suscite d’abord l’intérêt chez les ariosophes et les dignitaires nazis avant d’être pourchassée. En 1964, Koch met au point un nouveau système de domification qui se révélera populaire.

↪ En France, Picard (Astrologie judiciaire, 1932), Privat (L’Astrologie Scientifique à la portée de tous, 1935), Volguine (Les Cahiers astrologiques, 1937 1983), Dom Neroman (Traité d’astrologie rationnelle, 1943) qui fonde le Collège astrologique de France, Muchery (Traité pratique d’astrologie judiciaire, 1964) et Santagostini (L’Horoscopie cartésienne, 1965) représentent une astrologie traditionnelle.

Barbault (Traité pratique d’astrologie, 1961) formalise ensuite l’école symboliste marqué par une approche philosophique, symbolique et psychologique où les facteurs astraux sont considérés comme des symboles de la psyché. Il fonde en outre le Centre international de psychologie en 1948 et se focalise sur l’astrologie mondiale. Enfin, Nicola, influencé par Selva, se place dans l’optique de réformer l’interprétation et fonde le "conditionnalisme", courant qui s’oppose à l’école symboliste.

V. Les incursions de la méthode scientifique

► Malgré l’affaiblissement des axiomes du scientisme, l’astrologie fait également l’objet de travaux de nature empiriste ou scientifique et dans laquelle certains praticiens sondent une fondation théorique voir une admissibilité pour la discipline vis à vis de la culture dominante ayant cours dans la société industrielle. Des auteurs comme Michel Auphan (L’Astrologie confirmée par la science, 1956), Rudolf Tomaschek (Champs de forces cosmiques et influences astrales, 1958), Gustave Brahy (Influences astrales ou simples réactions terrestres ?, 1973) ou Eugène Caslant (Les Bases élémentaires de l’astrologie, 1976) cherchent une causalité énergétique à l’influence des astres et s’écartent de la conception analogique du cosmos. Certains scientifiques abondent dans le sens de ces recherches. En Italie par exemple, le chimiste Giorgio Piccardi s’efforçait (tout en se tenant éloigné des astrologues et homéopathes) d’établir un lien entre les influences planétaires, l’eau et les cellules.

↪ On essaye également de prouver la validité de l’astrologie par la méthode statistique. Influencés par Barlet, Selva (déjà cité), et Choisnard (Le Langage astral (1902), Étude nouvelle sur l’hérédité (1903) et Preuves et bases de l’astrologie scientifique, (1908)) se distinguent d’abord. Puis en Allemagne, Kloeckler (Kursus der Astrologie, 1926) et Krafft (Traité d’Astro-Biologie, 1939) et enfin de nouveau en France, Gauquelin (L’Astrologie devant la science, 1965). Ainsi, au début des années cinquante, Gauquelin à procédé à une étude statistique sur un vaste ensemble de thèmes natals. Par exemple, par le biais de thèmes de trois mille militaires, il met en valeur l’effet mars. Barbault a tenté la démarche inverse en comparant des thèmes des rois de France et de leurs épouses et tiré des régularités statistiques selon les évènements marquants de leur vie. Faisant la jonction entre explications scientifiques et statistiques, Gauquelin écrit dans ses Songes et mensonges de l’astrologie (1969) : On peut émettre une hypothèse : l’effet planétaire ne s’exercerait pas directement sur nous, mais à travers le champ solaire. S’il en était ainsi, l’effet devrait se trouver influencé par l’activité plus ou moins grande du Soleil, ou, si l’on préfère, par l’agitation plus ou moins marquée du magnétisme terrestre. C’est bien ce que l’on observe en reprenant nos données de naissance. L’effet d’hérédité planétaire est deux fois plus marqué les jours où le magnétisme est perturbé que les jours où il est calme.

↪ Ces résultats, quoi qu’ils soient signifiants et intéressants n’en restent pas moins discutables d’un point de vue théorique pour certains astrologues pour qui ces travaux ne sauraient démontrer la pertinence des thèses astrologiques. En effet, l’astrologie est essentiellement une discipline destinée à l’individu et non aux ensembles. Aussi, les statistiques et l’expérimentation ne peuvent ainsi que partiellement vérifier la pertinence des applications de l’astrologie. De plus, les explications physicalistes dans leur ensemble, comportent pour ces critiques plusieurs biais, dont le principal est que ces domaines (astrophysique, cosmobiologie, chronobiologie) ne recoupent que partiellement celui de l’astrologie. Ils mettent certes en valeur l’influence de la lune sur les marées, la végétation et la reproduction ou bien celle du soleil et de ses éruptions sur les cardiopathies. Cependant ils ne pourront vraisemblablement aller plus avant car l’intelligibilité de ces disciplines continue à relever de principes d’explication par contiguïté spatio-temporelle et extériorité réciproque des parties. Comme l’indique Blavatsky dans une formulation théosophique : L’astrologie est à l’astronomie exacte ce que la psychologie est à la physiologie exacte. En astrologie et en psychologie, on doit dépasser le monde visible de la matière pour entrer dans le domaine de l’esprit transcendant (Isis dévoilée, 8).

VI. Un regain de popularité avec la sphère publique

► Enfin, comme à la renaissance, l’astrologie trouve faveur auprès d’une certaine portion du grand public (sociologiquement féminin) ce qui créer une ambivalence entre une astrologie savante et une astrologie populaire. En effet, à la faveur du développement des communications, la grande presse s’empare de l’astrologie et commence à publier des horoscopes dans un but de divertissement à partir de l’initiative de Charles Fossez (dit "Fakir Birman") en 1933 qui fait paraître un horoscope journalier dans le journal L’Intransigeant. Certains astrologues atteignent une notoriété publique considérable comme Evangeline Adams aux États-Unis. On utilise en outre les ordinateurs afin non seulement de faire les calculs mais aussi générer des thèmes, cette pratique à été systématisée avec des entreprises comme Astroflash en France ou Astrolabe aux États-Unis.

► L’astrologie fait par ailleurs parfois la une des journaux comme lorsque la presse moqua Nancy Reagan qui recourait à l’astrologue Joan Quigley. L’astrologie est effectivement et comme naguère, utilisée par les politiciens afin d’orienter leurs décisions ou même directement comme une arme politique. Par exemple, durant la Seconde Guerre Mondiale, elle est employée comme une arme psychologique par les allemands autant que par les anglais avec la collaboration de Louis de Wohl au sein du MI5. Si on en croit Pauwels dans son Matin des Magiciens (1960), Hitler et Himmler consultaient un astrologue qui s’appelait Furher. Ce dernier fut, affirme l’auteur, nommé "Plénopotentiaire des mathématiques, de l’astronomie et de la physique". Quoi qu’il en soit, on connaît mieux les liens de Krafft avec les nazis qui après la fuite de Hesse, s’étiolèrent jusqu’à sa déportation en 1944.

► Si le public de l’astrologie à évolué, son utilisation également. Son symbolisme inspire le surréalisme et les poètes comme Max Jacob (Miroir d’astrologie, 1949). De nos jours, l’astrologie est utilisée dans la sphère politique mais aussi pour la spéculation et d’une façon plus générale, pour prédire ou conseiller sur des problèmes et activités de la vie quotidienne. En outre, elle ne s’occupe plus guère que de l’analyse du caractère et du développement personnel, le prédictif et son aspect théosophique ayant été largement abandonné.

Considérations astronomiques préliminaires

L’astrologie dite traditionnelle est un système géocentrique : les mouvements astraux sont considérés depuis le point de vue de l’observateur et décrivent donc des mouvements elliptique autour du globe terrestre. En conséquence, la sphère céleste est conçue comme idéale (abstraite, fixe et de rayon indéterminé) et son centre est confondu avec le centre de la Terre. Ses pôles sont ainsi le prolongement du globe terrestre et l’équateur céleste est superposé au plan terrestre. Du point de vue de l’observateur, le point le plus élevé dans le plan vertical de cette sphère est le zénith et le point le plus bas est le nadir. Cet axe sépare l’hémisphère oriental et occidental. Le plan perpendiculaire à cet axe vertical représente pour l’observateur, l’horizon qui s’étend horizontalement.

Le déplacement du soleil dans cette sphère, semble du point de vue de l’observateur décrire une ellipse horaire dont le plan est incliné à 23,44° par rapport au plan équatorial(40). Le soleil termine sa révolution en un an par ce chemin, circuit qui est nommé l’écliptique (car c’est sur ce plan que l’on observe les éclipses) et où se déroulent les phénomènes de l’astrologie. La révolution annuelle apparente du soleil est marquée par quatre points remarquables.

En effet, l’écliptique coupe le plan équatorial en deux points qui correspondent aux deux équinoxes. Inversement, les deux points de l’écliptique qui se trouvent les plus éloignés de l’équateur sont les points solsticiaux, moments astronomiques dont la portée initiatique est considérable. La "Porte des Hommes" du solstice d’été au Cancer et la "Porte des Dieux" du solstice d’hiver du Capricorne dans le symbolisme pythagoricien ainsi que les deux Janus et les deux Jean dont le symbolisme s’est développé en maçonnerie sont les deux exemples les plus connus.

Afin de pouvoir contenir toutes les latitudes écliptiques possibles des planètes qu’un observateur peut constater depuis la Terre, on a imaginé une bande abstraite de 8° de large (17° pour inclure Pluton) : le zodiaque. Ce dernier fait en outre, 360° de long afin de faire le tour du globe terrestre, un degré représentant une journée. Une moitié du zodiaque est bien sûr, constamment hors de portée de l’observateur. On a également divisé le zodiaque, d’une part en douze parties égales (selon le centre de la terre) de 30°. Ces maisons célestes ou maisons solaires portent le nom des constellations d’alors. Et d’autre part en douze parties égales ou inégales (selon la méthode de calcul et relativement à l’observateur), les maisons terrestres (communément simplement désignées par maisons), dont la numérotation démarre à l’est et se poursuit dans le sens réel de la course des astres, soit le sens horaire. C’est le contenu céleste de cette bande qui est prise en compte dans l’érection d’un thème.

Signe Glyphe Intervalle solaire Degrés de l’écliptique
Bélier ♈︎ 21 mars 20 avril 30°
Taureau ♉︎ 21 avril 20 mai 30° 60°
Gémeaux ♊︎ 21 mai 21 juin 60° 90°
Cancer ♋︎ 22 juin 22 juillet 90° 120°
Lion ♌︎ 23 juillet 22 août 120° 150°
Vierge ♍︎ 23 août 22 septembre 150° 180°
Balance ♎︎ 23 septembre 22 octobre 180° 210°
Scorpion ♏︎ 23 octobre 21 novembre 210° 240°
Sagittaire ♐︎ 22 novembre 20 décembre 240° 270°
Capricorne ♑︎ 21 décembre 19 janvier 270° 300°
Verseau ♒︎ 20 janvier 18 février 300° 330°
Poissons ♓︎ 19 février 20 mars 330° 360°

Une discipline abstruse

► Depuis l’antiquité, l’astrologie, vision symbolico-mathématique de l’univers, est perçue comme une discipline très complexe, aride, seulement réservée à une élite capable de pénétrer les secrets de la nature et du ciel, non seulement par des calculs mathématiques précis mais aussi par un art apotélesmatique. Le mot de Platon s’appliquerait ici opportunément : il faut regarder comme un dieu celui qui sait bien définir et bien diviser. Comme le dit Manilius au II : Divinement inspiré pour montrer cette énergie des astres, je ne ramperai point sur terre, et n’écrirai pas pour la multitude. […] J’obtiendrai aussi les applaudissements de ce petit nombre de sages que le ciel n’a pas dédaigné d’admettre dans ce séjour sacré, pour qu’ils pussent y puiser la connaissance de ses merveilles. Quant à ceux qui n’ont d’autre passion que celle des richesses, de l’or, de l’autorité, des faisceaux, du luxe, de l’oisiveté, des concerts harmonieux, d’une musique mélodieuse (et le nombre en est grand), ils dédaigneraient d’employer quelques heures à étudier les décrets du destin. Si ce point de vue est toujours d’actualité au XXI il est néanmoins tempéré sur plusieurs points.

Il n’en demeure pas moins vrai que peu de disciplines ont été autant discutées au cours des âges. Comme toute discipline, l’astrologie pose un certain nombre de problèmes, notamment épistémologiques. Les opinions sont aujourd’hui divisées à son propos : d’une part chaque astrologue peut avoir sa propre conception de l’astrologie et d’autre part elle est repoussée au nom du dogme scientifique et d’un prétendu rationalisme qui prend les hypothèses de la science actuelle comme des vérités définitives.

► Trois obstacles s’opposent à l’astrologue qui voudrait ériger et interpréter un thème natal.

Tout d’abord d’un point de vue technique, afin d’établir une carte du ciel la plus exacte possible, il faut obtenir les données les plus précises sur le lieu (latitude et longitude) et le moment où l’évènement vient de s’initier. Dans le cas où l’objet est de dresser le thème natal d’un individu (sujet que nous allons considérer dès à présent), il fallait jadis, réunir des informations qu’il n’était pas toujours aisé de récupérer, comme l’heure de naissance. Aujourd’hui, avec les progrès des administrations, ce problème est globalement éludé pour les naissances du XX.

Ensuite, l’astrologue devait posséder un bon niveau en mathématiques et en astronomie afin de pouvoir ériger le thème en fonction des données qu’il a récupéré. Les progrès des mathématiques et de la technologie ont progressivement facilité l’accomplissement de ce point. De nos jours, l’astrolable et les tables astronomiques (pour les planètes) et tables d’ascension (pour les maisons) sont remplacées par les logiciels informatiques qui automatisent les calculs. L’astrologue, délesté de phases de calculs rébarbatives, a aujourd’hui simplement besoin de comprendre ce qu’il fait et pourquoi il le fait.

Enfin, l’interprétation nécessite une capacité à user d’abstractions symboliques, i.e. d’une part, la faculté mystique de pénétrer le sens des symboles et de les faire siens, d’autre part, la faculté intellectuelle combinatoire de les mettre en relation et d’apprécier leur hiérarchie selon le contexte. Dans cette dernière optique, le praticien doit en effet être capable d’ajuster la symbolique et ses registres à la dimension de l’évènement, de l’être ou de la collectivité dont on souhaite une approche interprétative. Il faut de plus considérer le fait que cette interpénétration des symboles à déjà lieu dans le zodiaque lui-même. En effet, conformément à l’usage des anciens grecs et à ce qui est montré par l’action réflexe de l’astrologie médicale, chaque signe doit être conçu d’une part, comme l’extrémité d’un axe électro-magnétique au bout duquel se tient le signe opposé et d’autre part, que cet axe est lui-même en équilibre avec l’axe astral qui lui est perpendiculaire. Aussi, l’interprétation est encore trop complexe pour bénéficier d’une quelconque assistance technologique qui ferait l’essentiel du travail, l’aide à ce niveau pouvant seulement être de nature anecdotique via des bases de données généralistes.

Établir l’horoscope d’un évènement

► L’objet d’un thème natal d’établir l’état du ciel pour un moment donné afin de symboliser les coïncidences significatives résultant de l’alliance du ciel et la terre au moment de naissance d’un sujet. À cette fin, il faut inspecter quelles sont les constellations et les planètes qui dominent le ciel à ce moment et tirer les conséquences qu’indiquent leurs vertus, leurs qualités et leurs fonctions. L’examen de la position mouvante des planètes dans les signes du zodiaque qui eux, sont établis de façon fixe, à son importance ; de même que les aspects géométriques que forment les planètes entre elles. La présence d’un faisceau de données constituées d’un signe, maison et aspects allant dans le même sens incline à un pronostic.

Depuis Manilius et surtout Maternus, le thème natal (ajd. = carte du ciel = ὡροσκόπος (hōroskopos) {Observation de l’heure}) se présente sous une forme carrée comprenant 12 cases représentant les maisons et dans lesquelles le praticien, indiquait les données célestes. Dans la case du centre on écrivait les informations générales du thème (ntm. nom, coordonnées, objet). Aujourd’hui, c’est une forme circulaire, popularisée par Choisnard à la f.XIX et mettant moins l’emphase sur l’importance des maisons, qui est largement utilisée.

Les règles de l’interprétation varient selon les astrologues qui acceptent, refusent, mettent l’emphase ou diminuent l’importance de tel ou tel facteur. Certaines données sont partagées par la plupart des praticiens, par exemple la nature abstraite des aspects mais d’autres interprétation portent plus à division comme l’importance à accorder aux dits aspects ou bien leur signification contextualisée.

𝕍 le mémento Établir un thème astrologique qui donne les bases de la méthode afin de dresser un thème astral basique, occidental et moderne en domification placidus.

Domaines d’application de l’astrologie

Platon indique dans le Timée, l’emploi le plus noble qu’il puisse être fait de l’astrologie : […] Il nous reste à indiquer le plus grand des avantages que nous procure la vue, et pour lequel la Divinité nous a fait ce présent. La vue est pour nous, à mon sentiment, la cause du plus grand bien ; car personne n’aurait pu discourir comme nous le faisons sur l’univers, sans avoir contemplé les astres, le soleil et le ciel. C’est l’observation du jour et de la nuit, ce sont les révolutions des mois et des années, qui ont produit le nombre, fourni la notion du temps, et rendu possible l’étude de la nature de l’univers. Ainsi, nous devons à la vue la philosophie elle-même, le plus noble présent que le genre humain ait jamais reçu et puisse recevoir jamais de la munificence des dieux. Voilà ce que j’appelle le plus grand bien de la vue. Maintenant, pourquoi célébrer ses autres avantages moins précieux ? Celui qui n’est pas sage en regretterait la perte par des plaintes et des gémissements inutiles. Mais qu’il demeure établi pour nous que Dieu nous a donné la vue, afin qu’en examinant dans le ciel les cercles de l’intelligence éternelle, nous apprenions à conduire ceux de notre esprit, qui, malgré le désordre de leurs mouvements, sont de même nature que ces autres cercles bien ordonnés, et qu’instruits par ce spectacle à donner à nos pensées la direction la plus régulière que comporte notre nature, à l’image des cercles divins qui ne s’écartent point de leur route, nous réglions ceux qui s’en écartent en nous. […]

► Cependant, l’astrologie en tant que pratique peut, par le biais des analogies universelles, se destiner à un nombre indéterminé de sujets. Elle peut également être pratiquée par le biais techniques variées, plus ou moins liées au sujet choisi.

Bien que l’on puisse diviser l’astrologie en plusieurs domaines d’application, les distinctions ne sont pas toujours évidentes à opérer selon les auteurs. Outre cela, certaines pratiques ressortent de plusieurs catégories ou sont des subdivisions de catégories déjà existantes. De plus, leurs dénominations peuvent fluctuer avec le temps, la terminologie étant alors parfois embrouillée notamment par le biais de glissements sémantiques.

Dans un sens strict, toute astrologie est "judiciaire"(41) car elle porte un jugement sur les choses ou plus exactement rend compte du décret des astres. L’astrologie savante et l’astrologie populaire se prononcent toutes deux sur des pronostics mais se distinguent par le fait que la première requière une apotélesmatique, tandis que la seconde est plus proche de l’astromancie.

↪ Ces considérations évoquées, nous pouvons séparer l’astrologie selon les domaines suivants :

a. Généthliaque (de γενεθλιαλογία). Dite aussi : "natale" (des nativités) {arb. mawâlîd}, simplement "individuelle" en ce qu’elle se focalise sur un objet en particulier ou ὡρόσκοπος (horoscopos) {Qui examine l’heure (de naissance)}, d’abord utilisé pour désigner l’ascendant puis le thème entier. Ces mots finirent par s’appliquer dans un sens restreint, à l’astrologie appliquée sur un individu.

Étudie les caractéristiques astrales à la naissance d’une chose, une idée ou d’un individu. Dans le cas d’un Humain, indique les caractéristiques physiologiques, psychologiques et spirituelles d’un sujet. Tire de cette étude des conjectures sur le destin durant la vie et jusqu’à la mort. Afin d’affiner la prévision, on passe d’une astrologie statique à une astrologie dynamique en utilisant des techniques prévisionnelles comme les révolutions, transits et directions qui projettent le thème dans le temps (𝕍 Techniques prédictives courantes). Il s’agit de l’emploi le plus populaire de l’astrologie.

b. Horaire. Dite "interrogationnelle" (des interrogations, des questions) {arb. masâ’il, lat. interrogationes}.

S’occupe de résoudre des problèmes spécifiques à propos d’un sujet quelconque, plus ou moins prosaïque (succès d’une affaire, issue d’un procès ou d’une maladie, problèmes amoureux ou objets perdus). Il s’agit d’un emploi de la technique astrologique dans un cadre divinatoire puisque le thème est dressé au moment où la question est posée. Selon la technique employée les maisons s’adaptent analogiquement au cadre de la question ou bien on cherche dans la maison qui dans les attributions traditionnelles correspond au sujet de la question.

c. Électionnelle (des élections) {a.Grc. καταρχαí (katarchaí), skr. muhūrta, arb. ikhtiyârât, lat. electiones}. Dite aussi "des initiatives".

Concerne l’établissement de principes astraux indiquant le caractère faste ou néfaste d’un temps donné relativement à une activité spécifique. L’établissement des ménologies et hémérologies fixant les calendriers rituels et les moments appropriés pour les évènements exceptionnels (comme la construction d’un temple) sont la forme ancienne de cette pratique. Cette application de l’astrologie livre ainsi d’une façon plus générale, les dates appropriées pour les évènements importants : ex. mariage, négociation, construction d’une propriété, ouverture d’une entreprise.

D’une façon savante, l’astrologie électionnelle est également utilisée en astrologie médicale. Les positions astrales (celles de la lune en particulier) sont évidemment inspectées avec un degré de précision à l’échelle du corps Humain, i.e. de l’ordre de l’heure et du jour. Elles indiquent selon tel ou tel individu, les périodes critiques, celles favorisant la rémission de telle ou telle affliction, et le temps approprié pour l’administration d’un médicament ou l’application d’une technique médicale. D’une façon plus précise encore, une élection inceptionnelle à pour but de prédire l’issue d’un évènement dont le lieu et la date est connue. Une de ses applications est la talismanie.

D’une façon populaire, cette astrologie est fort diffusée par le biais de la littérature de colportage sous la forme des almanach. En effet, elle ne nécessite pas la présence d’un praticien et peut s’adapter indistinctement à tous les individus. Hors les jours et heures fastes et néfastes, ce sont aussi les positions de lune qui sont mises en valeur, on trouve ainsi des tables de lunaria (jours de la lune) et de zodiologia (position de la lune dans le zodiaque). Cette pratique existe également sous une forme de généthlialogie simplifiée, ce que l’on trouve encore de nos jours dans la presse, mais aussi sous forme d’interrogations tout aussi simplifiées, voir utilisent la technique des révolutions, toujours dans une optique vague et généraliste.

d. Mondiale. Diversement désignée par "sociologique" et "collective", "civique", "politique" ou encore "nationale". Dite aussi lat. revolutiones par réduction de cette technique à cette seule catégorie d’astrologie. Stricto sensu, sous catégorie issue de la généthliaque car elle applique les mêmes principes que cette dernière à la différence qu’elle s’attache à rendre compte de la nativité d’une collectivité ou bien d’un courant d’idées. On estime usuellement pertinent d’établir des pronostics sur une durée spécifique, ordinairement un an. On utilise alors la technique de la révolution {lat. revolutiones} qui s’attache à inspecter l’année astronomique, le début étant l’entrée du Soleil en Bélier. La technique des révolutions peuvent également s’appliquer à la généthliaque, dans ce cas on prend comme point de repère la position du Soleil à la naissance de l’individu concerné.

Étudie les caractéristiques astrales à la naissance d’une entité collective : une idée ou un groupe d’individualités comme une classe sociale, une région ou une nation. Elle déduit donc le destin de ces groupes mais peut aussi porter sur celle des chefs des dits groupes dont l’astralité devient consubstantielle à ce destin. De plus, de part le caractère global de l’analyse, elle dégage l’histoire politique des peuples et met en relief l’aspect cyclique des nations et de l’humanité en rapport avec la cyclicité des astres (𝕍 André Barbault : Les Astres et l’histoire, 1967). L’objet des prévisions sont dès lors en rapport avec les évènements à grande échelle : guerres et changements politiques majeurs, climat et désastres écologiques(42). Les évènements exceptionnels comme les éclipses, comètes et conjonctions de planètes supérieures (Saturne, Jupiter et Mars) sont souvent utilisées.

Il s’agit de la forme d’astrologie appliquée la plus ancienne, quoique aussi regardée avec méfiance par les astrologues. Ibn Ezra déjà la critique et à la renaissance, les réfutations pleuvent, notablement Pic, qui fulmine contre elle et Kepler (Discorso sulla grande congiunzione, 1623) qui la manie avec circonspection. Cette forme d’astrologie est en effet délicate à utiliser : bien que l’influence des astres soit a priori plus évidente sur les grandes échelles, le manque de précision et les multiples facteurs entrecroisés impliquent la plus grande prudence. Durant la renaissance, ce domaine est cependant populaire auprès du grand public et donne à des astrologues comme Gaurico, Bonincontri (qui en publie en 1484 1491) ou Cardan l’opportunité de voir leurs prédictions et pronostications annuelles atteindre une grande notoriété.

e. Naturelle. Dite aussi "météorologique" (ou plus directement "astrométéorologie"). Sous catégorie issue de l’astrologie mondiale.

Traite des liens entre les corps célestes et d’une part les éléments naturels et leurs phénomènes comme le climat, et d’autre part les règnes de la nature (minéraux, végétaux et animaux). Sa perspective peut être plus ou moins localisée (𝕍 Georg Maag : Influences planétaires, 1928). Se propose une application météorologique mais aussi la sismologique, souvent dans une perspective agronomique. Ce sujet est particulièrement emphatique dans les almanachs, tendant plus ou moins vers la météorologie ou la prédiction électionnelle.

f. Médicale. Dite "iatromathématique" par extension du sens original.

Traité des corrélations entre les étoiles et les planètes avec d’une part les organes et d’autre part les malfonctions de l’organisme. Astrologiquement, inspecte d’abord particulièrement l’ascendant et la maison VI afin de définir l’état physique du sujet. Inspecte en outre l’équilibre des éléments correspondant aux astres, en les mettant en analogie avec l’humorisme hippocratique et les tempéraments. Enfin, une large part de la pratique est dédiée aux mélotésies zodicales, plénataires et décaniques.

Diffusée en occident par l’importante École de médecine de Salerne(43) puis pratiquée par divers écoles européennes : Paris et Montpellier (Où Arnaud de Villeneuve sera recteur), Bologne (où court l’adage : Un doctorat sans astrologie est comme un œil qui ne peut voir) et Padoue. Si Hippocrate et Galien parlent peu d’astrologie, l’astrologie médicale remarquera dès le moyen-âge le passage du traité hippocratique Des Airs, des eaux et des lieux : Pour chaque saison qui s’avance et pour l’année, il pourra prédire et les maladies communes à tous (générales) qui doivent affliger la ville en été ou en hiver, et celles dont chacun en particulier est menacé s’il fait des écarts de régime. Connaissant les vicissitudes des saisons, le lever et le coucher des astres, et la manière dont tous ces phénomènes se passent, il pourra prévoir ce que sera l’année. Après de telles investigations et avec la prévision des temps, il sera bien préparé pour chaque cas particulier, connaîtra les moyens les plus propres à rétablir la santé, et n’obtiendra pas un médiocre succès dans l’exercice de son art. Si quelqu’un regardait ces connaissances comme appartenant à la météorologie, pour peu qu’il veuille suspendre son opinion, il se convaincra que l’astronomie n’est pas d’une très mince utilité pour la médecine, mais qu’elle lui est au contraire d’un très grand secours. En effet, chez les hommes, l’état des cavités change avec les saisons. (𝕍 cette introduction : La Médecine astrologique, Théophile Perrier, 1905).

↪ La iatromathématique est stricto sensu la médecine à partir des heures planétaires ou de l’horoscope ; Ptolémée indique : Les égyptiens qui ont fait faire le plus de progrès à cette branche ont attaché de toutes manières la médecin à la prognose fondée sur la science des astres.

Rapport avec les autres disciplines hermétiques

► Comme nous l’avons exposé régulièrement dans la partie historique, l’astrologie a au fil du temps, établi un réseau complexe de correspondances avec les disciplines avec lesquelles elle était confondue à ses origines et dont elle a conservé les mêmes axiomes fondamentaux, i.e. d’une part la religion et d’autre part les disciplines hermétiques. En tant que discipline ésotérique parce que de l’ordre du mythique et du sacré, l’astrologie est le dénominateur commun et la clef des autres disciplines.

► Cette congruence, fréquemment cultivée par l’alchimie et surtout la magie, est encouragée par l’inférence provoquée par le contenu symbolique et analogique des systèmes astrologiques.

Un grand nombre de formes divinatoires avec en premier lieu la chiromancie, puisent notablement dans ce symbolisme afin de bénéficier de ses correspondances. D’une autre façon, la catoptromancie médiévale et renaissante demandait de recourir à des moments favorables pour s’avérer efficace.

L’alchimie avec lesquelles l’astrologie entretient des liens historiques (𝕍 ex. les Teintures des sept métaux (1646) de Valentin) n’hésite pas à non plus à utiliser le symbolisme astrologique afin de servir son propos. On trouve encore des informations de nature astrologiques lorsqu’il s’agit d’indiquer le moment propice du début de l’œuvre ou des étapes intermédiaires.

On estimera également indispensable d’indiquer le rapport organique qui demeura longtemps entre l’astrologie et la médecine (notamment l’humorisme hippocratique) et qui entra en synergie avec les sujets de l’alchimie.

↪ Ce réseau de relations qu’a pu établir l’astrologie avec diverses disciplines s’incarne particulièrement dans la figure de Paracelse pour qui la pratique de l’astrologie est indispensable à celle de la médecine. Sa théorie du firmament céleste intérieur où il expose une anatomie astrologique est à cet égard tout à fait représentative.

► Les analogies que firent les mystiques entre les planètes et leur ascension au travers des sphères astrales jusqu’à Dieu sont à la base des spéculations théosophiques ultérieures. À cet égard et outre le mysticisme astral des mésopotamiens et des pythagoriciens, on pensera plus particulièrement à la seconde partie de l’apocryphe apocalyptique docète le Livre de l’ascension d’Isaïe ou à la Divine Comédie 👁 dont les motifs astrologiques ont déjà été plus d’une fois mis en évidence.

↪ De ce point de vu, l’astrologie est appréhendée comme une sagesse et prolonge le symbolisme mythologique et naturel. Elle estime que l’ensemble des parties de la nature se manifestent de façon symbolique et que ces parties entrent en connexion par un faisceau d’analogies qui assurent son unicité. Dans cette perspective et par le biais d’une herméneutique de la nature, on scrute en conséquence des indices cosmographiques et cosmologiques ainsi que des significations cycliques et prophétiques. Lorsqu’une cosmographie microcosmique à été établie en conséquence de ces observations et que la chute de l’Homme est établie, on aborde alors la voie sotériologique de l’alchimie. Pour une rapide vision d’ensemble 𝕍 ex. L’Ésotérisme de l’astrologie, Alexandre Volguine, 1953.

↪ D’une façon générale et semble-t-il depuis le néolithique, les systèmes initiatiques impliquaient une observation des cycles astraux. L’utilisation des cycles solaires et lunaires sont par exemple utilisés tant dans la liturgie chrétienne que dans la rituélie maçonnique. Volguine observe : Nous vivons au milieu d’un univers, et, si l’Initiation est le passage individuel d’un état inférieur à un état supérieur, l’ambiance cosmique peut le faciliter ou au contraire, le rendre plus difficile. C’est pourquoi toutes les Initiations anciennes se posaient comme un de leurs buts immédiats de conformer le rythme de la vie humaine avec les grandes activités du ciel. Les astres ne sont pas des dictateurs aveugles, ce sont les foyers dynamiques de forces à peine connues qu’on peut utiliser ou non pour faciliter sa propre évolution. Comme il est toujours plus facile de descendre une rivière que de remonter le courant. L’utilisation des forces cosmiques formait une partie importante de tous les rituels initiatiques.

↪ Plus spécifiquement, les pratiques théosophiques influencée par des considérations astrologiques (i.e. astrosophiques) portent, par le biais de l’observation du ciel et les analogies qui en découlent, sur l’étude et l’appréhension mystico-hermétique des sons. C’est-à-dire de façon plus commode, aux formes géométriques, nombres et finalement lettres d’un alphabet sacré (ex. hébreu, runique, sanskrit).

Cette astrologie appliquée se destine ensuite à procéder à une herméneutique des lettres organisées, i.e. d’un texte ou d’un nom. Ces derniers sont en effet alors conçus comme disposant d’un aspect ésotérique et le théosophe se propose de les appréhender notamment à l’aide de la numérologie, de l’arithmomancie et de techniques permutatoires popularisée par la qabale.

● L’application aux textes sacrés permet d’approfondir théosophiquement les mystères de la création : son origine, son développement théophanique, sa cyclologie (transitions parfois accompagnées de catastrophes) et sa fin. L’astrologie ainsi comprise est la discipline du temps sacré, i.e. des évènements symboliques et permanents. 𝕍 à ce propos et dans une perspective générale, Le Mythe de l’éternel retour, Mircea Eliade, 1949 ; et de façon plus astrologico-ésotérique, Le Cycle de l’humanité adamique, Jean Phaure, 1973.

● L’application aux noms, permet d’abord d’appréhender onomantiquement le destin du nom, en ce qu’il devient connu dans sa composante occulte. Ensuite, la nature du nom étant connue, il permet au praticien d’entrer théurgiquement en relation avec des esprits (les génies planétaires notamment). Signalons que certains praticiens se proposent dans cette optique prise à rebours, d’interpréter le nom d’un sujet Humain afin d’établir un thème astrologique onomantique ; des formes populaires de ce procédé existant depuis l’antiquité sont ceux des sphères de vie et de mort qu’on attribue à Pétosiris, Démocrite ou Hermès et du calcul du vainqueur et du vaincu.

Les opérations de magie opératoire qui découlent de ces considérations théosophiques — les pratiques évocatoires et talismaniques en particulier — usent d’une part, des moments astrologiques afin de fixer l’heure de leurs opérations et d’autre part, subissent l’influence de l’astrologie (et du tellurisme) quant aux orientations rituéliques. Ces pratiques sont observées dans le but de relier ces noms par l’analogie au point d’origine ayant présidé à leur découverte. L’astrologie ainsi considérée, se révèle pour une part à l’origine des noms et des sceaux utilisés dans les disciplines magiques.

On trouve encore trace de ce type de spéculations avec les génies attribués aux décans et aux degrés, génies que l’on retrouve désormais autant dans l’angélologie kabbalistique(44) que de façon plus exotérique, dans le 字花会 {Jeu des 36 bêtes} en Chine.

Ces considérations débouchent finalement sur des pratiques folkloriques plus ou moins superstitieuses. Certaines d’entre-elles s’appuyant sur la mélotésie assurent par exemple que porter l’effigie d’un signe se révèle préservatif pour les afflictions touchant la partie du corps Humain qui est associée à ce signe. Finalement, par applications et parfois dégradations successives, l’astrologie se révèle ainsi fondamentale dans la théurgie comme dans la sorcellerie.

◆ Pour des développements autour d’une astrologie occidentale à visée hermétique et magique 𝕍 en fra. d’abord le De la Triple Vie (3), Marsile Ficin, 1489 puis Philosophie occulte (2), Henri-Corneille Agrippa, 1531 ou bien de façon plus contemporaine, 𝕍 le Traité d’astrologie ésotérique (3), Robert Ambelain, 1937 1942 ou encore Trilogie de la Rota, Enel, 1960.

Interprétation
Divergences
Principaux


De nombreuses divergences

► Nonobstant la rigueur et l’attention qu’il doit porter à l’érection de son thème, l’interprétation demeure le moment capital de l’expertise de l’astrologue. Étudier un horoscope de façon exhaustive est un exercice qui demande un investissement important. Une carte du ciel peut révéler un nombre indéterminé d’informations, tant dans leur nature que dans leur amplitude. De plus, isoler certains facteurs d’un thème et en tirer des conséquences, sans avoir pris en compte l’aspect synthétique du thème, serait source d’approximations voir de contresens. Dans le cadre d’un sujet Humain, on peut dégager du thème, tant les grandes orientations de l’existence, que les moments saillants de la destinée comme le profil physiologique ou psychologique.

↪ Outre ce nombre indéterminé de sujets vers lequel le praticien peut orienter sa recherche, la somme des investigation des astrologues passés à légué à la postérité une somme évènementielle et symbolique considérable. En effet, fort de cette littérature, la description de la nature, des propriétés et des influences, i.e. des signatures, des planètes (surtout) et des signes est fort détaillée. Cette richesse se voit en outre renforcée par une lecture transversale qui met en parallèle ces archétypes astraux avec les mythes des dieux des panthéons (grecs en particulier) ou avec la typologie de la psychologie. Cette archétypie de la symbolique zodiacale, planétaire et géométrique sur laquelle se fonde se fondent ses critères d’interprétation permet de lier cette dernière à tous les aspects de la vie Humaine. Il est cependant utile de souligner le fait que puisqu’il s’agit d’archétypes, le symbolisme véhiculé par les objets astrologiques dépasse la somme des observations possibles et qu’en conséquence, leur contenu n’aura de cesse de se révéler, cela en fonction de l’observateur.

Les différentes propriétés qu’on tire de ces diverses considérations ont été également l’objet de classifications permettant de mieux mettre en relief ce qui les uni et les différencie. Afin de simplifier ces observations, on a élaboré des systèmes mnémotechniques reposant sur la théorie et l’empirisme, permettant de mieux mettre en valeur les positions favorables et défavorables dans le zodiaque et de favoriser ainsi la compréhension de leur dialectique interne : ce sont les domiciles, exaltations, triplicités, joies, exils et chutes. Ainsi, chaque planète se voit attribuer un ou deux signes où ses caractéristiques sont décuplées, exaltés ou dégénérés. On répartit également les signes par types, caractérisant leur position spatiale ou leurs qualités : par exemple les six premiers sont dits nordiques et commandants et les six derniers sudistes et obéissants.

► Fondamentalement l’interprétation repose sur la combinaison des différents éléments du thème, principalement d’abord sur les planètes et leur situation respectives dans les signes et les maisons. Ensuite, sur la mise en rapport de ces différents facteurs via les aspects qui dégagent au travers des rapports angulaires entre les planètes, le caractère de leur relation : conflictuelle ou harmonique. Cependant, il existe dans l’interprétation, un nombre important de règles et doctrines secondaires qui varient selon les modalités du recensement des significations symboliques ; ces divers règles et doctrines sont plus ou moins observées selon les lieux, les époques et les praticiens.

Par exemple, le praticien peut affiner son interprétation avec l’utilisation des décans et des termes qui séparent les signes en des zones de 10° chacune. Les maisons lunaires 🗎⮵ découpent pareillement l’écliptique en vingt-huit secteurs de 13°.

Il peut encore intégrer à son interprétation des corps célestes réels comme les planètes trans-saturniennes et des astéroïdes ou bien des points fictifs comme les nœuds lunaires 🗎⮵ et les parts.

Il peut enfin accorder une importance plus ou moins grande à différents facteurs du thème ou orienter sa lecture à l’aide d’une grille qu’il aura constitué. On peut par exemple procéder à l’interprétation du thème par touches successives à partir des maisons comme le préconise Morin de Villefranche ou bien dégager un pôle ou des axes dominants comme chez Barbault. D’une façon générale, l’influence des planètes est estimée plus importante que celle des signes car étant de nature motrice leur présence est un indice de mise en activité du secteur céleste concerné.

De plus, une discordance de points de vue peut également résider dans des aspects purement techniques : l’établissement du thème d’un individu doit être celui de la naissance pour certains, tandis que d’autres estiment plus pertinent de dresser celui de la conception ou bien encore, comme le préconise Aïvanhov celui de la seconde naissance.

Éléments principaux

► L’établissement d’un thème astrologique comprend plusieurs éléments. La signification de ces éléments est évidemment indispensable afin de pouvoir en tirer parti. Ces éléments, que nous avons détaillé dans les fiches de la section Astral, sont tout d’abord les :

a. Planètes : Soleil et Lune (dits luminaires, considérés comme des "planètes"), Mercure, Mars, Vénus, Jupiter, Saturne

Qui sont positionnées relativement à des :

b. Signes : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons

Puis, il s’agit d’établir les rapports géométriques entre les planètes par les :

c. Aspects : Trigone, Sextile, Carré, Opposition.

Enfin, tous ces facteurs s’expriment au travers des :

d. Maisons : I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI, XII

► Afin d’appréhender les maisons dans l’espace matériel, on peut procéder de façon logique comme suit :

↪ Du point de vue de l’observateur, l’horizon partage le ciel en deux hémisphères : le premier est visible tandis que l’autre demeure invisible car hors de portée de l’observateur. Cet hémisphère visible, le méridien local (culmination du soleil), orienté nord-sud le divise en une partie orientale et une partie occidentale. On obtient ainsi quatre quartiers que l’on divise de nouveau en trois parties chacune, toujours dans le sens des fuseaux : nord-sud. On obtient ainsi douze quartiers, ce sont les maisons. Leur numérotation commence à l’est, au-dessous de l’horizon oriental : l’ascendant est donc l’intersection de l’horizon et de l’écliptique. Le milieu de ciel est quant à lui, l’intersection du méridien local et de l’écliptique. La direction de la numérotation des maisons s’opère dans le sens contraire du mouvement diurne du soleil.

𝕍 le mémento Interpréter un thème astrologique qui livre quelques considérations théoriques et pratiques sur l’interprétation d’un thème astral.

◆ Selon le domaine vers lequel on souhaite orienter son interprétation, on peut également se référer aux tableaux synthétiques suivants (Ces tableaux sont en confection progressive) :

Tableau psychologique synthétique

Tableau événementiel synthétique

Notes

1. Astronomia et astrologia et dans cette dernière une astrologia superstitiosa condamnable et astrologia naturalis acceptable.

2. Ces tablettes sont sans doute des copies mais ne devraient pas remonter plus haut que le -XI.

3. Aucune liste de cette nature ne nous est d’ailleurs parvenue.

4. Concernant la lune, le soleil, les phénomènes atmosphériques (Adad) et les planètes et étoiles fixes.

5. Des textes hittites découverts sur le site de Hattusa montrent une transposition directe du système babylonien.

6. Et celui des coptes qui réceptionnent ces conceptions via les égyptiens.

7. Pour une synthèse 𝕍 Conception d’un modèle de visibilité d’étoile à l’œil nu, Karine Gadré, 2008 Lien vers le document sur Hyper articles en ligne

8. Aux circumpolaires plus particulièrement puisque ignorant l’anéantissement, elles sont immortelles.

9. D’ailleurs hostile à l’astrologie malgré son attachement à l’origine céleste de l’âme.

10. Nous ne connaissons pas l’ordre ni la totalité des noms, ce sont : Aphrodisiôn, Areios, Artémisiôn, Athénaiôn, Démétriôn, Deios, Héphaistiôn, Hertnaiôn, Hermaios, Hestios et Posidéôn ; manque sans doute les noms pour Apollon et Héra.

11. Et plus spécifiquement par l’intermédiaire de Posidonios d’Apamée qui introduit entre autres la théorie du destin astrologique.

12. À partir du lat. mais conforme dans l’intention à l’original arb..

13. Sur ces sujets, 𝕍 Littérature astrologique et astrologie littéraire dans l’Antiquité classique in Latomus (27, 2, pp. 392-405), Robert Turcan, 1968.

14. L’argument dit "des jumeaux" et celui des morts simultanées.

15. Qui introduit après Asclépiade de Myrléa, le concept exotique de βαρβαρικὴ σφαῖρα {sphère barbare}.

16. Métamorphoses I:84-86 : pronaque cum spectent animalia cetera terram, / os homini sublime dedit caelumque tueri / iussit et erectos ad sidera tollere uultus {Tandis que, tête baissée, tous les autres animaux tiennent leurs yeux attachés à la terre, il a donné à l’homme un visage qui se dresse au-dessus d’elle ; il a voulu lui permettre de contempler le ciel, de lever ses regards et de les porter vers les astres}.

17. Combinés dans le cas de Jupiter et Saturne en monogrammes incluant les lettres grecques initiales des dieux correspondants.

18. 𝕍 Deux documents horoscopiques esséniens in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (109, 1 pp.239-253), André Dupont-Sommer, 1965 Lien vers le document sur Persée et Deux horoscopes qoumrâniens in Revue d’Histoire et de Philosophie religieuses (65, 1 pp.61-66), Marc Philonenko, 1985 Lien vers le document sur Persée.

19. 𝕍 Astrologie, Alchimie et Structures Ontologiques dans les Mystères de Mithra in Pallas (30, pp. 75-94), Joël Thomas, 1983. Lien vers le document sur Persée

20. 𝕍 à ce propos La Théologie solaire du paganisme romain in Mémoires présentés par divers savants étrangers à l’Académie (12, 2 pp.447-479), Franz Cumont, 1913 Lien vers le document sur Persée

21. 𝕍 L’Astrologie chez les gallo-romains in Revue des Études Anciennes (11 4 pp.301-346 ), Henri de la Ville de Mirmont, 1909. Lien vers le document sur Persée

22. Notamment par l’intermédiaire des chiites ismaéliens (et qarmates) qui développent le jafr {arithmologie mystique}.

23. Notamment de la Al-Zij al-Kabîr al-Hâkimi {La Grande table hakémite d’Ibn Yunus}.

24. 𝕍 Notes sur l’astrologie latine au VIe siècle in Revue belge de Philologie et d’Histoire (10, F°3 pp.557-577), Roland Bonnaud, 1931. Lien vers le document sur Persée

25. Par Isidore puis finalement par Abélard et Hugues de Saint-Victor au XII.

26. De "Alchandreus", peut-être une latinisation d’Al-Kindi.

27. Traduit Picatrix en occident, longtemps attribué à al-Mayriti et semble-t-il du X.

28. Et parfois de façon sulfureuse : le fatalisme astral et la cyclologie d’Abano lui aura valu l’hostilité de l’Église et les considérations d’Ascoli vis à vis de l’astrologie lui valurent le bûcher.

29. Conjonction en Poissons conduisant à un déluge universel selon Stöffler ntm..

30. De façon plus franche plus qu’elle n’a pu le faire via l’influence de l’occultisme dans les exportations arabes.

31. Dont un manuscrit est retrouvé en 1417 par Poggio Bracciolini dans la bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Gall.

32. Le Compost et kalendrier des bergiers arrive en France en 1491 et bénéficiera de l’impressionnant chiffre de dix éditions en moins de vingt ans.

33. Sur le sujet de la survivance des dieux gréco-romains dans la mythologie astrologique de la renaissance, 𝕍 en priorité la Naissance de Vénus et l’Atlas mnémosyne d’Aby Warbug.

34. Il édite et commente Ptolémée, préface le De Judiciis nativitatum de Schöner.

35. Ses Très Riches Heures constituent sans doute l’un des document les plus connus de l’astrologie.

36. 𝕍 à propos de la médaille commémorant cet évènement et du talisman de Louis XIV : Le Talisman offert à Louis XIV et le carré magique au XVIIe siècle in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (113, 1, pp. 18-34), Josèphe Jacquiot, 1969. Lien vers le document sur Persée

37. Formalisé par Scaliger, on trouve une ancienne version chez Campanus de Novare.

38. Il fonde la Loge Astrologique de Londres, dépendante de la Société Théosophique en 1915.

39. Passages sur l’astrologie passim, ex. in L’Homme à la découverte de son âme : Nous sommes nés à un moment donné, en un lieu donné, et nous avons, comme les crus célèbres, les qualités de l’an et de la saison qui nous ont vus naître. L’astrologie ne prétend pas davantage.

40. Bien que le mouvement réel des astres soit anti-horaire, l’inversion étant due au mouvement rotatif de la terre.

41. À partir du lat. scientia iudiciorum stellarum lui-même de arb. ahkam al nujum.

42. Cet intérêt spécifique pour la nature et le climat sera plus tard désigné sous le nom d’astrologie naturelle.

43. Qui est la première école de médecine fondée en Europe et par ailleurs la première à accepter les femmes.

44. Comme avec le concept de שם המפורש {Schem-hamephorash}.

Renvois

■ Renvois internes

↪ Connexe : Alchimie, magie, théurgie

↪ Amont : Ésotérisme, mysticisme, théosophie

■ Un pas plus loin

⇴ Sur internet : d’abord Centre Universitaire de Recherche en Astrologie (Perspective universitaire) ensuite Encyclopaedia hermetica (partie Astrologica) (Perspective universitaire) et Association pour la Recherche et l’Information en Astrologie Naturelle (Courant conditionaliste) plus engagés. En outre 𝕍 les outils Astromail (Générateur de thèmes en ligne) et Philipeau (Autour des logiciels astrologiques)

⇴ Ouvrages : D’abord le digeste Astrologie du débutant, Claire Santagostini, 1981 (Courant traditionnel, introduction pédagogique) puis Dictionnaire astrologique, Henri Gouchon, 1935 (Courant traditionnel principalement) pour une perspective plus large. Histoire de l’astrologie, Willhem Knappich, 1986 (Des passages engagés mais reste la référence introductive au niveau historique).

⇴ Catalogues spécialisés : 𝕍 A catalogue raisonné of works on the occult sciences 2 (Bibliotheca Astrologica) Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur Internet Archive, Frederick Gardner, 1903. Catalogue Alphabétique des Textes Astrologiques Français Lien vers l’œuvre Jacques Halbronn, 2001. Pour les sources grecques : Catalogus codicum astrologorum graecorum (12 ) de Cumont et Boll (ouvrages en lat. et grc.). Lien vers l’œuvre sur Internet Archive Pour une mise au point concernant les fonds conservés à la BNF à la BSB, 𝕍 Catalogus Codicum Astrologorum Latinorum (2 ), David Juste, 2011-2015. 𝕍 aussi en ligne l’excellent BiblioAstrology.

■ Sources de l’article






Version: 1.0
Maj : 20/12/2024