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Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius
Boèce, L’instituteur, Le Premier des scolastiques

Données générales

PériodeLieu
GénéralV VI.Italie
Naissance 470Rome, Italie
Décès524 (54 ans)Pavie, Italie
Cause
Inhumation
ExécutionBasilique San Pietro in Ciel d’Oro (Pavie, Italie)

DomaineCourantOrdre
Théologie
Philosophie
Musicologie
Philosophe médiévale naissante
Nominalisme
Réalisme

RelationsNom
Entourage
AmiThéodoric le Grand
Influence
ParAristote
Augustin d’Hippone
Cicéron
Jamblique
Nicomaque de Gérase
Platon
Porphyre
SurAbélard
Dante
Jean Pic de la Mirandole
Marsile Ficin
Thomas d’Aquin
Philosophie médiévale

Repères biographiques

I. Histoire

► Issu d’une famille de notables, Boèce est un aristocrate. Il reçoit à Rome, une solide éducation littéraire. Haut fonctionnaire et homme d’État, il aura une carrière politique : d’abord nommé consul par trois fois dont deux successives aux environs de ses 40 ans, il est ensuite élevé au rang de maître des offices. Néanmoins suite à un schisme religieux avorté entre Rome et Constantinople, il est suspecté d’entretenir une correspondance avec l’empereur Byzantin et de s’adonner à la magie. En tout état de cause ses opinions religieuses et politiques sont contraires à celle de son souverain, le roi ostrogoth Théodoric dont Boèce était le consul et magister officiorum. Ses biens sont donc confisqués et il est est emprisonné durant une longue période avant d’être exécuté. C’est durant son incarcération qu’il écrira La Consolation de la philosophie, œuvre en prose et en vers exposant un dialogue entre la philosophie et un prisonnier attendant la mort.

II. Pensée

◆ Boèce travaille à traduire l’œuvre d’Aristote et de Platon en latin ainsi que plusieurs de leurs commentaires par des néoplatoniciens et des néopythagoriciens. En outre il s’astreint à les commenter et à les synthétiser lui-même, ce qui permet à l’antiquité d’entrer de plein pied dans le moyen-âge. Son œuvre est inachevée, puisque à cet endroit il ne nous laisse que des traductions de l’Organon et de l’Isagogè. Il aura malgré tout contribué à ouvrir la voie à un latin philosophique, à l’exercice des exégèses des philosophes antiques et à ouvrir la querelle des universaux avec son Commentaire aux Catégories. Finalement, c’est un précurseur de la scolastique, un passeur de la culture classique de l’antiquité romaine et il annonce bien en amont l’humanisme.

III. Influence

◆ Reconnu comme saint par l’Église Catholique, il est le témoin vivant de l’hellénisme et aura contribué par son œuvre en général, à véhiculer les idées d’une morale rationnelle et d’une logique aristotélicienne. Ses traités de musicologie et d’arithmétique jouissent d’une aura importante, il formule dans le premier, une classification tripartite de la musique dans une perspective néopythagoricienne et invente dans le second, la notion de quadrivium, liste déjà formée dans les Noces de Philologie et de Mercure de Capella.

◆ Mais son ouvrage La Consolation de la philosophie en particulier, exerça une influence considérable sur la philosophie médiévale, en atteste le succès de ce livre qui est le plus lu après la Bible à cette époque. Il s’agit d’une diatribe latine qui se déploie autour d’un récit autobiographique en proses et en vers, afin d’introduire une réflexion sur l’ordre de la nature et le destin Humain. Boèce s’appuie à cette fin sur une théodicée de nature stoïcienne et néoplatonicienne ainsi que sur une théorie des correspondances et celle de la dualité dynamique. Ainsi, la polymathie et l’esprit de synthèse dont fait preuve Boèce et dont l’objet est la connaissance exhaustive de l’univers tant révélé qu’occulte, intéresse l’ésotérisme en ce qu’elle appréhende la spiritualité tant par la mystique que le rationnel. La Consolation sera encore lue jusque dans les milieux maçonniques illuministes au XVIII, ouvrage à partir duquel on hésite pas à tirer des formules pour les rituels comme Détournez-vous donc du vice et pratiquez la vertu.

Œuvres choisies

  • Traités théologiques {Opuscula sacra}, 512-523.
  • La Consolation de la philosophie {De consolatione philosophiae}, 524. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Citations

Les illusions mensongères qui t’aveuglent une fois dissipées, à son éclat même tu reconnaîtras la véritable lumière.
La Consolation de la philosophie
Mais il va de soi que ceux qui sont heureux sont des dieux. La voici donc, la récompense des bons, que nul joug ne peut venir altérer, que le pouvoir de quiconque ne peut entamer et que la méchanceté de quiconque ne peut ternir : devenir des dieux.
La Consolation de la philosophie
Si le problème reste obscur, c’est que le développement du raisonnement humain ne peut s’appliquer à la simplicité de la prescience divine, et si celle-ci pouvait être pensée de quelque manière, il ne subsisterait pas la moindre difficulté.
La Consolation de la philosophie
Si on cherche profondément le vrai / Et qu’on désir ne pas se fourvoyer, / On doit réfléchir sur soi sa lumière intérieure, / Concentrer les amples mouvements de sa pensée / Et apprendre à son âme que ce qu’elle entreprend au dehors, / Elle le possède déjà, déposé secrètement en elle. / Ce que naguère recouvrait le noir nuage de l’erreur, / Brillera plus distinctement que Phébus en personne. / Car l’âme ne s’est pas vu ravir toute sa lumière / Par la masse d’oubli dont l’a recouverte le corps. / Sans nul doute une semence du vrai reste fixée à l’intérieur / Que vient ranimer un enseignement rafraîchissant. / Comment répondriez-vous spontanément juste aux questions / Si rien ne l’entretenant au plus profond du votre cœur ? / Si la Muse de Platon fait entendre le vrai, / Quand on apprend, on se souvient sans s’en rendre compte.
La Consolation de la philosophie