Personnalités collectives (XIII)
Floruit (pays actuels) :
⟴Israeli Isaac (ben Joseph)🔗 pertinents
Astrologue 🞄 Judaïsme 🞄 Royaume de Tolède | XIII – XIV
► Élève de Asher ben Jehiel. Connu pour son Yesod Olam (1310), estimé comme l’un des meilleurs ouvrages hébraïques dans le domaine astronomique. L’ouvrage contient en outre, des éphémérides, un calendrier perpétuel et une chronologie religieuse.
■ Npc. avec Isaac Israeli ben Salomon dit "l’Ancien".
⟴Hadewijch (d’Anvers)🔗 pertinents
Auteur, Poète, Mystique 🞄 Christianisme (Catholicisme:Béguin) 🞄 Saint-Empire romain germanique (Duché de Brabant) | ≈ 1210 – ≈ 1260
I. Histoire
► Béguine anversoise dont on sait fort peu de choses, les dates et lieux de naissance comme ceux de décès demeurent floues et toute information ne provient que de conjectures tirées de ses propres écrits(1). Vraisemblablement issue de la couche supérieure de la société voire d’origine noble(2), elle fut probablement née à Anvers, béguine(3) à Nivelles(4) et est la première femme poète de la littérature néerlandaise(5). Instruite, elle connaît les Écritures et se montre touchée par la spiritualité augustinienne et cistercienne. Elle connaît le latin, le néerlandais et le français. Douée d’une indépendance d’esprit remarquable et d’un fort sentiment mystique qu’elle résout dans le dépouillement et la simplicité, elle évoque à plusieurs reprises ses expériences extatiques d’unité avec Dieu, l’orewoet {ire d’amour}. Aussi, si elle s’estime être une créature de Dieu caractérisée par la liberté, elle affirme également qu’elle est une amie du Seigneur, plus intime en son amour que les saints le sont eux-mêmes, quoiqu’elle précise cepenant que, vis à vis de la connaissance parfaite, elle demeure pauvre. Car comme elle le souligne, le contemplatif, à mesure qu’il pénètre dans la connaissance de Dieu, constate de plus en plus sa méconnaissance face à l’immensité divine.
↪ On sait encore qu’Hadewijch a un statut de guide auprès d’un groupe de jeunes béguines(6) ou du moins de mulieres religiosae, groupe qui devait être l’une de ces associations informelles de femmes pieuses avides d’œuvres de miséricorde et de sanctification mutuelle. Il semble qu’elle fut également proche du baron Henri V de Schoten auquel elle prodiguait des conseils spirituels. Malgré son approche catholique et orthodoxe influencée par Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry, elle fut critiquée et du affronter des oppositions, y compris dans son propre camp. Son autorité fut mise en cause, elle est exilée et ses élèves la quittèrent ou furent dispersés. Par la suite et étant donné l’emphase qu’elle mettait dans le service, elle aura sans doute passé le reste de sa vie dans une institution de bienfaisance.
II. Travaux et influence
◆ Hadewijch, soucieuse de l’instruction des béguines qui la considèrent comme leur maîtresse spirituelle, produit un important corpus littéraire. Elle met en forme prosaïque ses visions (14)(7) symboliques au mysticisme nuptial, rédige des strophische gedichten {poèmes strophiques} (45)(8) ainsi que des mengeldichten {poèmes à rimes plates} (16) et des lettres dans la langue vernaculaire (31)(9). Tous ces travaux, qui reprennent les mêmes axes et constituent un tout, sont destinés à la formation spirituelle des béguines, tout en expliquant la propre doctrine d’Hadewijch qui, non systématique et avant tout d’ordre affectif, est essentiellement une minnenmystiek {mystique de l’amour}.
↪ En effet, dans ses textes emprunt d’un amour mystique d’inspiration néoplatonicienne, elle se montre permissive à l’influence des chansons d’amour courtois développées en France par les trouvères(10) et à celle la spiritualité française du XII en général. Elle met ainsi en avant cette thématique, tout en usant du vocabulaire inhérant à la lyrique profane, aux motifs de la liturgie latine, au fond du mysticisme chrétien, créant ainsi un genre inédit de poésie religieuse, un minnelyriek {lyrisme courtois} de nature mystique. Hadewijch repousse l’intellectualisme et la spéculation métaphysique : si elle estime que la raison est nécessaire pour comprendre les Écritures, il n’en demeure pas moins qu’elle la place a un degré inférieur à l’amour. Raison et amour doivent cependant se lier et s’exprimer ensemble dans les bonnes œuvres, qui, de nature pratiques, permettent d’atteindre l’unité. Ces textes, de par leur qualité et leur nature, font figure de précurseurs dans la littérature en prose ainsi que parti des plus importants au sein de la mystique médiévale. Du reste, elle annonce la mystique rhénane.
➽ Influence Ruisbroek.
☩ La plupart des bonnes études sont en néerlandais, 𝕍 cependant 1⬝ Hadewijch d’Anvers, Paul Mommaers, 1989 | 2⬝ The Touch of satisfaction: Visions and the religious experience according to Hadewijch of Antwerp in Journal of feminist studies in religion (V°12, N°2 pp. 5-27), Mary Suydam, 1996.
1.⟴ Sa biographie comme les oeuvres qui lui sont attribuées sont plus ou moins confondues avec d’autres béguines comme Heilwige Bloemart ou la Pseudo-Hadewijch (? sm.XIII). Le sujet est encore disscuté. En outre, les manuscrits relatifs à ses oeuvres et encore disponibles sont des copies datant des siècles ultérieurs, ce qui fait barrage à d’autres méthodes d’investigation.
2.⟴ Manifestement éduquée, le privilège de pouvoir étudier à la fois les textes religieux et les chansons courtoises était, d’autant plus pour une femme, un luxe exceptionnel à cette époque ce qui souligne son origine aisée, d’autant qu’elle maîtrisait plusieurs langues.
3.⟴ Plus exactement pré-béguine, si ces groupes émergent f.XII, ils ne s’organisent en béguinages que durant la sm.XIII. On considère générale comme ayant participé aux premiers mouvements d’émancipation des béguines vis à vis de l’autorité ecclésiastique.
4.⟴ Ces informations sont des déductions d’autant qu’on suppose en outre, qu’elle aura beaucoup voyagé. Il paraît en tout cas loisible de situer son activité dans le duché de Brabant.
5.⟴ Plus largement, elle est l’une des figures majeures qui accompagnent la naissance des langues vernaculaires européennes.
6.⟴ Semi-religieuses vivant une vie de dévotion, elles sont cependant indépendantes et se tiennent à l’écart de l’autorité ecclésiatique, étant plus attachées à leur propre expérience religieuse. Aussi, elles ne prononcent aucun vœu permanent de chasteté, de pauvreté ou d’obéissance. Ainsi, elles exerçent un métier, portent attention aux nécessiteux et elles ne vivent pas cloîtrées mais dans des maisons communales, généralement en zone urbaine. Pour Hadewijch cette vie béguine est conçue comme une vie d’amour mais elles sont fréquemment accusées d’ hétérodoxie, le cas dramatique de Porete étant à cet égard exemplaire.
7.⟴ Datant des environs de 1238-1244 selon toute vraisemblance.
8.⟴ Tirés de chants religieux, audacieux et parfois obscurs par les atours hermétiques, ils constituent son chef d’oeuvre.
9.⟴ Le thyois (ou diets), variante brabançonne du moyen néerlandais.
10.⟴ Dont elle substitue la thématique de la cour mondaine par celle de la recherche de Dieu..
⟴Bonatti Gui🔗 pertinents
Astrologue, Astronome 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Saint-Empire romain germanique (Royaume d’Italie) | ≈ 1210 – ≈ 1300
I. Histoire, pensée et travaux
► Sa biographie est fragmentaire et contradictoire. Probablement né à Forlì, il s’agit d’un astrologue fort populaire de son vivant, dont l’estime s’étend jusqu’au siècle suivant et auquel on attribue de nombreuses prédictions qui s’avérèrent exactes. Présent auprès des puissants pour lesquels ses conseils avaient un poids remarquable, acquis à la cause gibeline, Guido fut l’astrologue officiel de Florence, gravita dans les cours de Frédéric II, du seigneur Guido Novello da Polenta et des condottieres Ezzelino III da Romano et, surtout, Guido da Montefeltro avec qui il conduit une politique anti-papale. Guido moquait en effet l’ignorance des ecclésiastiques sur la question astrologique, si importante selon lui, même pour des questions d’ordre théologiques, quoiqu’il souligne l’intérêt clandestin de certains d’entre eux. Il méprisait par ailleurs les prophéties des religieux et des mystiques auxquelles il opposait son art astrologique. Sa popularité n’était du reste pas étrangère à sa réputation de mécréant voire de sorcier. 𝕍 la notice de Thorndike dans son History of magic (1923), L°5, pp.825-840.
◆ Son traité didactique d’astrologie en dix (douze en fait) livres Liber introductorius ad iudicia stellarum(1) (1277), eut un grand succès, fut fréquemment réimprimé et demeure sans doute l’ouvrage le plus important du XIII en cette matière. Les apports de Bonatti sont effectivement considérables et exhaustifs. À ses propres observations et scellé par un important souci de mise en pratique, il compile les textes les plus reconnus de son temps : d’Hermès à Dorothée, d’Albumasar, Alcabitius, ibn Qurra à Abenragel ou encore de Scot à Sabbioneta.
■ Npc. avec Antoine-François Bonatti moine franciscain professeur à l’Université de Padoue auteur d’un Universa astrosophia naturalis (1687) qui lui, a bien utilisé les mi-points pour les rectifications.
II. Réputation posthume
◆ Dante le cite en Enfer (XX, 118) parmi les astrologues, devins imposteurs et autres faux prophètes, dans la quatrième fosse du huitième cercle : Vedi Guido Bonatti ; vedi Asdente, / ch’avere inteso al cuoio e a lo spago / ora vorrebbe, ma tardi si pente
{Vois Guido Bonatti, vois Asdente, qui maintenant voudrait ne s’être mêlé que de cuir et de ligneul ; mais tard se repent}. Notez qu’après sa mort, il circula une rumeur voulant qu’il fut tardivement converti frère mineur dans une communauté franciscaine(2), rumeur reprise par les hagiographes et les historiens franciscains mais qui n’a pas d’assise historique concrète. De même, Bonati est associé passim (ex. chez Gouchon) à une utilisation des mi-points antérieure au XX, mais nous n’avons pas trouvé de source primaire ou secondaire.
1.⟴ Aussi Tractatus astronomiæ ou Liber astronomicus.
2.⟴ Rumeur particulièrement cocasse lorsqu’on sait l’hostilité particulière qu’il avait pour les ordres mendiants.
⟴Guillaume (de Moerbeke)🔗 pertinents
Ecclésiastique (Prêtre), Traducteur 🞄 Christianisme (Catholicisme:Dominicain) 🞄 Saint-Empire romain germanique (Duché de Brabant) | ≈ 1215 – 1286
► Archevêque catholique de Corinthe dès 1278. Son œuvre est décisive pour la réception du savoir grec en Occident : il est en effet connu pour sa vaste et sérieuse entreprise de traduction du Grc. au lat., produisant ntm. la première traduction complète d’Aristote alors qu’une bonne partie des œuvres disponibles jusque là étaient issues du travail de l’École de traducteurs de Tolède. Aussi les documents disponibles en latin provenaient de sources arabo-syriaques plutôt que directement d’originaux grecs(1). Il traduit également des commentateurs grecs du Stagirite, ainsi que Proclus(2), Hippocrate, Galien, Ptolémée ou encore Archimède. Ami de Thomas d’Aquin, il correspond en outre avec les intellectuels de son temps comme Campanus.
☩ 𝕍 Guillaume de Moerbeke, traducteur de Proclus in Revue Philosophique de Louvain (T°51, N°31 pp. 349-373), Gérard Verbeke, 1953.
1.⟴ Ce qui explique par ailleurs l’absence d’une traduction latine de la Politique dont il n’existait pas de version arabe.
2.⟴ Dont il sauve certaines œuvres, les originaux ayant disparu depuis.
⟴Campanus de Novare Johannes🔗 pertinents
Astrologue, Mathématicien, Médecin 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Saint-Empire romain germanique (n. Royaume d’Italie), fl. États pontificaux | 1220 – 1296
Œuvre
Nom : Campanus de Novare
Auteur : Heinrich Vogtherr
Date :
Type : Gravure sur papier
Source : in Hierinn findt man die namen der fürnämsten bs. Bibliothèque Britannique
► Médecin de Boniface VIII. Sa traduction latine d’Euclide (1260) fut réimprimée durant deux siècles et son Theorica Planetarum est le premier ouvrage occidental livrant des instructions pour construire un planétarium.
► Quoique peu usité de nos jours(1), Campanus est bien connu des astrologues pour son système de domification basé sur l’espace et repris d’Al-Biruni. Sa méthode consiste à trisecter les quatre quadrants de la sphère céleste en trois parties égales, à partir du premier vertical(2) qui est alors divisé en arcs de 30°(3). Naturellement, on projette ensuite ladite division sur l’écliptique par le truchement des grands cercles passant par les points nord et sud de l’horizon(4). Les cuspides se trouvant aux intersections entre ces divisions et l’écliptique, cela engendre des maisons inégales. Notez qu’avec cette domification, il est périlleux d’ériger des thèmes avec des latitudes géographiques extrêmes puisque les maisons sont grandement disproportionnées.
■ Npc. avec l’humaniste Giovanni Antonio Campani.
1.⟴ Mais notablement défendu par Dom Néroman.
2.⟴ Grand cercle perpendiculaire au méridien et passant à la fois aux zénith, nadir, et aux points cardinaux Est et Ouest de l’horizon.
3.⟴ Regiomontanus et Morin divisent eux, à partir de l’équateur.
4.⟴ Qui sont les deux intersections de l’horizon avec le cercle du méridien local.
🔗 pertinents ❙
Ecclésiastique (Cardinal), Théologien, Mystique 🞄 Christianisme (Catholicisme:Franciscain) 🞄 n. États pontificaux, fl. Royaume de France | 1221 – 1274
Docteur séraphique | Saint (1482) et Docteur de l’Église catholique romaine (1587)
Bonaventure (de Bagnoregio) [Fidanza (da) Giovanni]I. Histoire
► Cardinal-évêque en 1273, l’un des plus importants théologiens médiévaux et dont l’impact est fort important. Né dans une famille bourgeoise, son père est médecin. Il étudie à l’Université de Paris en 1235, reçoit le titre de magister artium en 1243 et entre dans l’Ordre des Frères mineurs la même année où il prend le nom de "Bonaventure"(1). Il étudie ensuite la théologie à l’école franciscaine de Paris de 1243 à 1248 où il est notamment formé par Alexandre de Hales qui remarque sa mémoire et son intelligence. Bonaventure donne des leçons sur les Sentences de Lombard vers 1250. Il défend les franciscains contre les attaques du séculier Guillaume de Saint-Amour exprimées dans son De Periculis novissorum temporum (1255) et sur intervention de d’Alexandre IV, souhaitant mettre fin au conflit, Bonaventure prend la direction de l’école en jusqu’en 1257 où il reçoit son doctorat. Puis, la même année, il devient le ministre général l’Ordre des Frères mineurs.
↪ Malgré son mysticisme et son intention résolument fédératrice, il s’exprime contre les franciscains dits "spirituels" (i.e. des joachimites) au profit des "conventuels"(2), les premiers s’étant par ailleurs rendus coupables de malheureux écarts. Aussi, il revoit les constitutions de son ordre en 1260 (Constitutiones narbonenses) et rédige la biographie de saint François, la Legenda sancti francisci (1263) qui, bientôt officialisée, conduira à la destruction des travaux antérieurs. En 1272, au chapitre général de Lyon et poursuivant la ligne directrice qu’il avait entamé dès premiers travaux, il lutte contre l’averroïsme triomphant et les conséquences naturalistes de l’aristotélisme en général. En 1273, il est élu évêque par le jeune pape Grégoire X au diocèse d’Albano (suburbicaire du diocèse de Rome) et se retire de la direction des franciscains l’année suivante. Le pape le charge de préparer le Deuxième concile de Lyon (1274), il y prêche, notamment pour défendre l’autonomie des ordres mendiants mais s’éteint trois jours avant la fin du concile.
II. Pensée et œuvres
◆ Bonaventure, prêcheur éloquent et systématiseur ingénieux et habile, connu pour sa capacité à concilier les vues divergences et guidé par l’analogie፧, synthétise, dans son enseignement, les théologies et la philosophie augustinienne avec la mystique et l’ardeur franciscaine aboutissant à une véritable philosophie franciscaine. Ses nombreux écrits mystico-ascétiques sur la vie spirituelle portent en effet fortement l’empreinte d’Augustin et du Pseudo-Denys mais aussi celle de Boèce(3). Pour Bonaventure, l’intelligence et la raison ne sauraient permettre de parvenir à l’appréhension des choses divines, seul un cœur exercé par la foi, les vertus et la contemplation peut y parvenir. La vie spirituelle doit tendre à l’union à Dieu par cette contemplation ainsi que par l’amour, ce but cependant, ne saurait être atteint dans la vie mais le mystique doit cultiver l’espérance de cette union. L’élévation par Dieu s’opère en quatre étapes qui chacune éclaire et constitue les corps d’une lumière spécifique(4) : une lumière extérieure, une lumière inférieure sensuelle et expérimentale, une lumière intérieure douée de raison élevant aux intelligibles et une dernière de nature supérieure, transcendant le fini, transmise par le truchement de la grâce et offrant les vérités surnaturelles qui sanctifient et transmutent la scientia à la sapientia. La gnoséologie bonaventurienne est ainsi étroitement liée au concept d’illumination intérieure qui ne peut être obtenue que par la docta ignorantia de la conscience. Sa théologie annonce bien sûr celle d’Eckhart et aborde également la question de la coïncidence des opposés préfigurant De Cues; il est également un précurseur de l’interprétation alchimique du christianisme.
➽ Influence notablement Lulle.
↪ Ses ouvrages qui nous intéressent le plus sont en fait, simplement ses plus connus : d’abord l’Itinéraire de l’esprit vers Dieu (1259) où il typifie la voie mystique selon François d’Assise, ensuite son De Triplici Via (1259) , dans la lignée des mystiques victorins où il se trouve influencé par le Pseudo-Denys et enfin ses allégoriques et inventives Méditations sur la vie de Jésus-Christ (ajd. attr. au pseudo-Bonaventure). 𝕍 aussi ses Collationes in Hexaemeron (1273). 𝕍 la numérisation de la Bibliothèque monastique Saint Benoît : Œuvres spirituelles de S. Bonaventure , notez ce miroir sur le site de Soyer.
1.⟴ La légende raconte à ce propos qu’étant enfant, il tomba gravement malade, sa mère demanda à François d’Assise de le sauver et ce dernier, ayant prié pour l’enfant et le voyant guéri se serait écrié "O Buona ventura!".
2.⟴ Favorables à l’implication de l’ordre dans l’éducation et les affaires ecclésiastiques.
3.⟴ Et donc des spéculations néoplatonisme.
4.⟴ Concept ℙ hérité de Grossetête.
⟴Thierry de Freiberg🔗 pertinents
Théologien, Philosophe 🞄 Christianisme (Catholicisme:Dominicain) 🞄 Saint-Empire romain germanique | ≈ 1240 – › 1310
► Théologien et auteur méconnu de la grande histoire des idées philosophico-religieuses mais pourtant aussi important qu’original et délicat. Producteur d’un vaste et universel corpus philosophique et scientifique (il se révèle habile en optique). Fixé à Paris en 1285 et reçu magister theologiæ en 1297, il est néoplatonicien malgré l’avènement de l’aristotélisme. Thierry est influencé par Albert(1) et par les Éléments de Théologie de Proclus qu’il tente de concilier avec son interprétation de la psychologie augustinienne ainsi qu’avec l’aristotélisme(2) et le thomisme naissant, thomisme qu’il critique cependant tant sur la métaphysique que sur l’aspect méthodologique. 𝕍 stt. ses De Visione beatifica(3) ainsi que le De ente et essentia.
➽ Influence Maître Eckhart et annonce Nicolas de Cues.
1.⟴ Auquel il succède au poste de supérieur de la province dominicaine d’Allemagne de 1293 à 1296.
2.⟴ Qui lui apparaît limitatif.
3.⟴ Et pour un prolongement le De intellectu et intelligibili.
⟴Pietro d’Abano [Pietro de Sclavione]🔗 pertinents ❙
Philosophe, Médecin, Astrologue 🞄 Aristotélisme (Averroïsme) 🞄 République de Venise | ≈ 1257 – ≈ 1316
Le Grand lombard, Le Réconciliateur
Œuvre
Nom : Pietro Apono
Auteur : Juste de Gand
Date : 1481-1502
Type : Huile sur bois
Source : Musée du Louvre
I. Histoire
► On sait peu de choses sur sa biographie si ce n’est au travers des détails, parfois problématiques, livrés dans ses ouvrages (ntm. l’Explicit expositio succincta problematum Aristotelis), et d’une maigre documentation; les grands axes mêmes demeurent flous. Fils de notaire, né Pietro de Sclavione à Abano, près de Padou, ville où il effectue ses premières études dès 1270 puis à Paris où il réside jusque la 1285-1290. Il voyage ensuite en Sardaigne, en Grèce puis à Constantinople, où, résidant un temps, il apprend le grec et se penche sur les études grecques et arabes, chose rare à l’époque. Vers 1295 il se rend à Paris où il fréquente la faculté des arts, enseigne ou exerce la médecine avec succès(1), rencontre vraisemblablement Lulle en 1298 et se révèle sans doute sensible à la pensée de Siger de Brabant et des averroïstes ce qui lui vaut déjà des réactions irritées de la part des dominicains. Il serait également allé en Angleterre et en Écosse.
↪ Quoiqu’il en soit, il revient à Padoue ≈ 1302 où il est professeur d’astrologie, de médecine et de philosophie naturelle durant plusieurs années à l’Université de Padoue. Là, il se lie d’amitié avec Paolo Tosetti, il rapporte en outre qu’il a échangé avec Marco Polo. Il sera accusé par trois fois vis à vis de l’Inquisition : en 1303-1304 d’abord, où il est sauvé grâce à l’intervention d’un Pape (? Jean XXII) sans doute grâce à sa réputation d’être un des Hommes les plus cultivés de son époque, en 1306, mais s’il est accusé, aucun procès effectif n’est certain et enfin, en 1312, procès dont on ne connaît pas l’issue avec certitude. On sait qu’en 1315, il fait une profession de foi vis à vis du catholicisme mais on ne possède aucune information dûment documentée sur lui après cette date. Par déductions vis à vis la documentation à notre disposition, il a probablement été acquitté lors de son dernier procès.
II. Pensée et réputation
► Aristotélicien et avicennien, Abano est un rationaliste. Pour lui, comme pour Oresme ou Buridan, tous les phénomènes, y compris ceux qui avaient la réputation d’être surnaturels(2) ou même miraculeux, peuvent être causalement expliqués par les principes naturels de la nature, quoiqu’ils fussent cachés, les causalités astrologiques en particulier. Cela l’amena à affirmer l’origine matérielle de l’âme intellectuelle, à tenter d’interpréter — comme Albumasar — les cycles des religions de façon astrologique, ou bien à expliquer le repeuplement de la Terre après le déluge ou la naissance, le ministère et la mort du Christ d’une façon naturelle, i.e. non miraculeuse. Dans le domaine médical, il se sert de l’humorisme et estime que la mélancolie n’est pas le fait du démon mais d’un excès d’atrabile. Ses théories, réfutant les réalités spirituelles et alors peu communes, étaient appréhendées avec perplexité par les autorités académiques et ecclésiastiques. De plus, le causalisme astrologique de Pietro, par son déterminisme dans le domaine des affaires humaines dérangeait la doctrine de la liberté individuelle de l’Église bien que lui-même, d’un point de vu philosophique, élude cette difficulté en se rattachant à la pensée de Ptolémée et d’Aquin(3).
↪ Aussi, ses adversaires l’accusent de nier les miracles opérés par le Christ, d’être athée, hérétique et finalement, de pratiquer la magie. On raconte par exemple que, pratiquant l’art notoire, il apprit les sept arts libéraux grâce à des esprits qu’il conservait dans des cristaux, qu’il possédait la capacité de récupérer dans sa bourse l’argent qu’il dépensait, qu’il possédait la pierre philosophale ou encore qu’il maudit le puits d’un de ses voisins qui lui en refusa l’accès. Il semble que, contrairement à la version voulant qu’il fut emprisonné malgré la protection de clients influents, et qu’il soit mort peu après, avant la fin de son procès(4), Pietro ne fut, en fait, pas condamné. Des témoignages ultérieurs, qui ne se fondent sur aucune preuve matérielle, rapportent cependant que, des années après sa mort, les inquisiteurs ordonnèrent d’exhumer sa dépouille pour la brûler mais que, grâce au secours de sa domestique qui pu soustraire sa dépouille à cette profanation, les inquisiteurs ne purent que brûler une effigie.
► Pietro a une réputation ambivalente et compliquée, dont les faits s’interpénètrent avec la légende(5). On lui associe une réputation de héros intellectuel, oriflamme du rationalisme padouan en bute avec les esprits obtus de son temps, mais aussi celle d’un grand magicien et d’un nécromancien. On le rendit pour responsable de l’importation de l’averroïsme depuis Paris, en Italie, fondant l’averroïsme padouan, même si les proportions de son adhésion personnelle à ces idées reste sujet à débat et doit être pondérée. Le fait est que Pietro est en effet un exemple de ces érudits curieux, adeptes d’une nouvelle culture inédite au regard du cursus standard de la culture académique d’alors. Il se nourrit de l’apport gréco-arabe, remettant en question les acquis théologiques concernant l’investigation des phénomènes naturels et tente de distinguer le discours philosophique du discours théologique. Il est stt. connu à la fin du moyen-âge et au XVI pour son Conciliator differentiarum philosophorum et praecipue medicorum (1303) qu’il rédige, semble-t-il, lors de son séjour à Paris, vers 1300. Le thème central de cet ouvrage est la médecine et son objet la conciliation des théories médicales d’alors avec la philosophie naturelle aristotélicienne. Aussi, il y aborde 210 questions controversées entre médecins et philosophes. Il y vante encore les mérites de l’astrologie, qu’il articule avec des considérations médicales, et critique les théologiens et médecins ignorants en la matière. L’ouvrage trouvera des lecteurs jusqu’au XVII. Ses traités Singulis venenis, important pour la toxicologie médiévale, et son Compilatio physionomiae (1295)(6), connurent un succès inégal jusqu’à l’avènement de l’imprimerie qui devra permettre à ces ouvrages de gagner considérablement en popularité durant la renaissance.
III. Travaux et influence
► Parmi plusieurs traductions, il a notamment traduit les Problèmes attribués à Aristote et les Problèmes moraux d’Alexandre d’Aphrodise, les Nativités d’Ibn Ezra en 1293, le De Materia medica de Dioscoride, le De Complexione temperatasome de Galien ou encore le De Medicorum astrologia du Pseudo-Hippocrate. Il s’est également intéressé à la musicologie. Notez encore que les fresques du Palazzo della Ragione de Padoue, peintes d’abord par Giotto puis refaites en 1425-1440 suite à un incendie, sont tirées des conceptions du Lucidator.
↪ De façon pseudo-épigraphique, on lui accorde également la rédaction d’ouvrages les sciences occultes comme bien sûr, l’Elementa magica, l’Heptameron et le De Annulis secundum viginti octo mansiones Lunae, proches de la tradition magique judéo-chrétienne. Mais aussi notamment, un Alchimia, un Geomantia, un Profezie, un Eleucidarium necromanticum ou encore un Liber Experimentorum mirabilium présentant ainsi le personnage d’Abano comme un mage accompli dans tous les domaines de l’occultisme.
➽ Influence Cardan.
☩ 𝕍 1⬝ A History of Magic (L°5, pp.874-948), Lynn Thorndike, 1923. | 2⬝ Médecine, astrologie et magie entre Moyen Age et Renaissance : autour de Pietro d’Abano, Collectif, 2013. Contient plusieurs articles intéressants. | 3⬝ Les Complexions vertueuses : la physiologie des vertus dans l’anthropologie médicale de Pietro d’Abano in Médiévales (N°63 pp. 59-74), Matthew Klemm, 2012.
1.⟴ Et semblet-t-il avec une certaine avidité, ses honoraires étant très élevés.
2.⟴ Comme la magie astrologique basée sur les images et la confection d’amulettes ou les esprits et autres entités démoniaques.
3.⟴ Dans ses ouvrages astrologique les plus importants, le Lucidator dubitabilium astrologiae (1310) et le De Motu octavae sphaerae Pietro disscute de tous les problèmes importants de l’astrologie et fait montre d’une confiance particulière pour l’outil mathématique. En outre, il s’insère dans la ligne du Speculum astronomiae attribué à Albert, en dénonçant les pratiques magico-astrologiques non naturelles..
4.⟴ Parfois de son second procès indique-t-on.
5.⟴ Cette dernière, s’appuyant sur les controverses et les procès qu’il a subis, est alimentée par des auteurs séparés de lui de plusieurs siècles comme Jean-François II Pic de la Mirandole ou Champier qui colporteront l’idée que Pietro aurait pratiqué la magie à Constantinople, Paolo Lomazzo dans son Libro dei sogni (1564) quand à lui, le fait parler nécromancie et évocations avec Cecco d’Ascoli, son contemporain à la trajectoire similaire. Trithème et Agrippa à leur tour, entérineront l’idée en lui attribuant des textes. Naudé tentera de le réhabilier dans le C°XIV son Apologie pour tous les grands personnages qui ont esté faussement soupçonnez de magie (1625) . Tieck enfin, devra insérer un Pietro d’Abano: Eine Zaubergeschichte (1825) dans son Märchen und Zaubergeschichten mais ce personnage ne partage avec Abano plus que le nom et la légende.
6.⟴ Les titres des deux œuvres sont globalement assez évocateurs de leurs sujets respectifs.
⟴Moschopoulos Manuel🔗 pertinents
Philologue, Grammairien 🞄 Christianisme (Orthodoxisme) 🞄 fl. Empire Byzantin | ≈ 1265 – ≈ 1316
► Disciple de Maxime Planude, ℙ son successeur à la tête de son école à Constantinople et figure de la renaissance paléologue. Producteur de scolies sur plusieurs auteurs classiques. Connu pour son traité Sur les carrés magiques qui est le plus ancien qu’on puisse trouver dans la littérature grecque.
☩ 𝕍 Le traité de Manuel Moschopoulos sur les carrés magiques in Annuaire de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France (N°20, pp. 88-118), Paul Tannery, 1886.
⟴Namdev🔗 pertinents
Poète, Mystique 🞄 Hindouisme (Bhakti, Warkari) 🞄 n. Dynastie Seuna, fl. Sultanat Bahmanî | ≈ 1270 – ≈ 1350
► Warkari célèbre pour ses abhang et bhajans, poèmes dévotionnels récités durant les kirtans {chants rituels}. Sa biographie est essentiellement hagiographique. Ses œuvres participent tant du saguṇa {avec attributs} que du nirguṇa {sans attributs} et sont influencées par le monisme.
◆ Ses poèmes sont mis par écrit au XIV et reconnu par le sikhisme, ses œuvres sont par la suite intégrées dans le Guru Granth Sahib.
⟴Maximos Kausokalybites
Mystique 🞄 Christianisme (Orthodoxisme) 🞄 n. Empire byzantin, fl. Despotat d’Épire | ≈ 1280 – ≈ 1370
Saint de l’Église orthodoxe
► Fol-en-Christ et ermite palamite hésychaste au Mont Athos, admiré de Grégoire le Sinaïte.
◆ Dit Καυσοκαλυβίτης {brûleur de cabanes} pour son habitude à incendier ses ermitages lorsqu’ils devenaient trop fréquentés par les pèlerins attirés par sa réputation de charismatique.
◆ On trouve plusieurs de ses textes dans la Philocalie des Pères neptiques.
☩ 𝕍 Deux Vies de saint Maxime le Kausokalybe in Analecta Bollandiana (N°54 pp. 38-112), François Halkin, 1936.
⟴Kalonymus ben Kalonymus🔗 pertinents ❙
Philosophe, Traducteur 🞄 Judaïsme 🞄 Saint-Empire romain germanique (Royaume d’Arles) | 1286 – › 1328
► Traducteur de arb. et heb. vers le lat.(1) pour Robert d’Anjou dit "le sage", roi de Naples et comte de Provence.
◆ Producteur d’un remarquable traité d’arithmologie፧ : Sefer Melakhim (𝕍 Cod.hebr.290 bs. Bibliothèque d’État de Bavière).
1.⟴ Averroès, Nicomaque de Gérase, Centiloque…
⟴Gersonide [Gershom (ben) Levi]🔗 pertinents ❙
Théologien 🞄 Judaïsme, Aristotélisme, Averroïsme 🞄 Saint-Empire romain germanique (Royaume d’Arles) | 1288 – 1344
► Aristotélicien, averroïste, et commentateur hétérodoxe de la Torah (𝕍 son commentaire ésotérique du Cantique des Cantiques). Il tente de concilier ces traditions, notamment dans son ouvrage le plus connu : Sefer Milhamot Ha-Shem qui est inspiré du Guide des égarés de RaMBaM qu’il développe et critique. Dans cet ouvrage, il défend en outre le déterminisme astral en astrologie፧, astrologie qu’il estime en harmonie avec la théologie.
⟴Opicinus de Canistris🔗 pertinents
Ecclésiastique (Prêtre), Écrivain, Artiste, Mystique 🞄 Saint-Empire romain germanique (n. Royaume d’Italie, fl. Royaume d’Arles) | 1293 – 1353
► Nous intéresse pour ses Cartes anthropomorphes (1335, Pal.lat.1993 ), diagrammes cosmologiques atypiques qu’il produit à la suite d’une maladie intervenue en 1334 au cours de laquelle il perd la mémoire, l’usage de la parole et de sa main droite. Il récupère cependant la majorité de ses fonctions et estime même qu’elles ont étés améliorées dans un sens spirituel. A également produit le Vat.lat.6435 , visuellement moins intéressant.
Fiches individuelles (XIII)
Dogen Eihei (1200 – 1253), Albert (Le Grand) (1206 – 1280), Mewlana Rumi (1207 – 1273), Bacon Roger (1214 – 1294), Thomas (d’Aquin) (≈ 1225 – 1274), Lulle Raymond (≈ 1232 – 1315), Moïse (de Leon) (≈ 1240 – 1305), Aboulafia (1240 – 1292), Arnaud (de Villeneuve) (1240 – 1311), Eckhart (Maître) (≈ 1260 – ≈ 1327), Dante (1265 – 1321), Jean (de Ruisbroek) (≈ 1293 – 1381)
Version: 1.5
Maj : 22/11/2024