⟴Abiose
[abioz], subst. fém.
Définition |
[Occultisme] ► Utilisé en biologie pour exprimer la cessation apparente des manifestations de la vie chez un organisme extrait de son milieu ou étant privé des fonctions nerveuses présidant à leur manifestation. Le terme est employé de manière analogue en occultisme pour signifier les états de mort apparente de certains saints ou yogis. |
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Étymologie |
■ Grc. : pfx.prv ἀ- + βίος (Bios) {vie}. |
Commentaires |
I. Occurrences► Rare, trouvé ex. chez l’orientaliste Julien Tondriau (L’Occultisme). |
Renvois |
↪ Connexe : Stase |
⟴Abîme
[abim], subst. masc.
Définition |
[Cosmographie] ► Point idéal d’existence primordiale, indifférenciée et informe, préexistant à la première manifestation. Il sera d’abord chaotique avant de devenir cosmos. Ce cosmos dispose d’attributs qui sont à l’opposé, soit la différenciation et l’organisation. [Religion] ► L’abîme peut d’abord se référer au sens ci-avant et désigner dans le contexte chrétien (chez Eckhart ou Hadewijch), le lieu abstrait et insondable où réside, au-delà de son déploiement trinitaire, l’un. ↳ Tauler précise que ce lieu n’étant pas soumis à l’objectivation il abolit toute différenciation et en conséquence, toute créature plongeant dans l’abîme ne fait qu’un avec Dieu. ► Par extension de son sens abyssal, désigne l’enfer dans son état de profondeur infinie et impénétrable, sans fondement, sans repères trigonométriques ou temporels. Ce lieu abstrait rappelle symboliquement la gueule du Léviathan, la fin des temps ou l’utérus avaleur de la Tiamat Akkadienne, figure de destruction mais aussi de régénération comme un bain de matière primordiale. [Héraldique] ► Point central de l’écu. |
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Étymologie |
■ Grc. : pfx.prv ἀ- + βυθός (Bythos) {profondeurs insondables de l’océan}. ↳ Lat. : abismus {fosse sans fond}
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Commentaires |
I. Occurrences► a. On trouve au Psaume 104.5-6 (Vulgate) : ► b. L’Ungrund {Non-fond} ou Urgrund {Fond originaire} est une notion fondamentale de Jakob Böhme(1). Tous les contraires s’y annulent dans l’ineffable origine de la divinité alors conçue comme absolu sans détermination. Cet état préexiste à la volonté de cette même divinité de se connaître elle-même. ↳ On peut aussi rapprocher la notion du grundlos rhénan, même si la dialectique y présidant est différente. ► c. Hormis l’ichtyocentaure du même nom dans la mythologie, on trouve un Βυθός (Bythos) dans le gnosticisme. Il désigne la première émanation du Plérôme, parfois contrepartie d’un Éon parèdre comme dans le système valentinien. ► d. Dans le polythéisme nordique, le Gylfaginning {La Tromperie de Gylfi}, partie cosmogonique de l’Edda de Snorri, mentionne le Ginnungapap, espace de potentialité magique et abîme insondable séparant, avant la création du cosmos, au sud, Muspellheim (monde de glace) et au nord, Niflheim (monde de feu). ↳ Également mentionné dans la Völuspá {Prophétie de la sybille}, cet espace vide générera Ymir et Audhumla, enclenchant la Création mais sera aussi l’état dans lequel reviendra le cosmos après le Ragnarǫk. ► e. Dans les religions dharmiques, le पाताल (Patala) contient sept लोक {mondes inférieurs} et le नरक (Naraka), le plus bas de tous, contient sept enfers qualifiés comme "abîmes". |
Notes |
1.⟴ 𝕍 Le Fini et l’infini chez Böhme (2006) de David König. |
Renvois |
↪ Connexe : Ain, Ginnungapap, Plérôme |
⟴Abjuration
[adʒyʁasjɔ̃], subst. fém.
Définition |
[Droit] ► Dénégation d’une obligation, d’un privilège ou d’une dette précédemment contractée. En droit romain, le mot est uniquement négatif puisque cette dénégation s’accompagne d’un parjure (l’inverse est "éjuration"). En droit gaulois, on pouvait abjurer ses parents afin de se soustraire aux droits et aux devoirs qui découlent de ce lien de parenté. En droit anglais, on peut de même abjurer une personne, son autorité et par conséquence, son domaine de juridiction. Ainsi un criminel pouvait, sous la condition de s’être réfugié dans un lieu sacré, abjurer le roi et sa loi et ainsi choisir le bannissement à perpétuité de l’île plutôt que l’exécution de la peine. [Théologie] ► Renonciation à des idées ou croyances effectuée de façon formelle et solennelle. Se différencie ainsi de l’apostasie qu’elle supplante en dignité. Concerne d’abord le domaine religieux puis par extension, tout engagement moral et/ou philosophique. [Catholicisme] ► Le rituel d’abjuration est mis en vigueur suite à l’avènement du nestorianisme et du monophysisme. Durant l’âge de l’inquisition, il existait jusque quatre formes d’abjurations canoniques qui intervenaient selon la gravité de l’acte d’apostasie ou d’hérésie : de levi, de vehementi, de violento et de formali(1). |
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Étymologie |
■ Lat. : abjuratio, de ab {hors/loin de} + iūrō {prêter serment} i.e. renier par serment. |
Commentaires |
I. Désenvoûtement et exorcisme► L’abjuration un acte de déliement particulièrement recherché dans le désenvoûtement et l’exorcisme et qui intervient communément avant un acte de purification. L’abjuration du lien existant entre la victime et la cause de sa souffrance(2), a pour effet la restitution des moyens psychiques de la victime, ce qui est une condition sine qua non à son rétablissement complet et durable dans les plus brefs délais. |
Notes |
1.⟴ Galilée par exemple, était concerné par un de vehementi quoique avec circonstances aggravantes. 2.⟴ Un sorcier, une entité ou la victime elle-même. |
Renvois |
↪ Connexe : Exorcisme, conjuration, invocation, évocation |
⟴Ablution
[ablysjɔ̃], subst. fém.
Définition |
[Religion (général)] ► Action de se laver une partie, tout le corps ou des vêtements à l’aide d’eau et ce à des fins purificatoires (le terme "lustration" est plus propre lorsqu’il s’agit de l’ablution d’un lieu ou d’un objet). Par analogie rituel de purification de l’âme፧, très répandu dans les diverses religions et condition indispensable à toute action rituelle. [Religion (catholique) 1] ► Action du prêtre se lavant l’index et le pouce et purifiant le calice avec l’eau et le vin ou bien buvant le vin après sa communion après avoir pris l’hostie. L’on accompagne ces rituels avec l’oraison [Religion (catholique) 2] ► Utilisation de l’eau bénite au baptême et au lavement des pieds du jeudi saint. ► Enlever des sels surabondants d’un corps par l’action d’un liquide, en particulier de l’alcool afin d’imprimer à ce corps des vertus particulières. |
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Étymologie |
■ Lat. : abluo {Lavement, purification} ► Depuis Tertullien (Du Baptême) abluo prend le sens religieux : "absolution" ; i.e. selon Saint Ambroise (De la Pénitence) : |
Commentaires |
I. Nature► L’ablution, fortement liée au symbolisme de l’eau et à son caractère mystérieux, matriciel, nourricier et initiatique peut avoir pour objet aussi bien de purifier que de bénir en s’appropriant soit les forces naturelles de la source concernée ou bien celles de Dieu où l’eau sert alors de matrice intermédiaire aux forces divines. Sa purification est de nature différente de celle apportée par les trois autres éléments. II. Exemples► Pour d’excellents exemples, 𝕍 l’achama et le célèbre Pèlerinage de Kumbh Mela de l’hindouisme ainsi les harae du shintoïsme en particulier le misogi. Un autre exemple célèbre est celui des candidats à l’initiation des mystères d’Eleusis à qui l’ont faisait observer entre autres rituels purificatoires complexes, l’ablution rituelle. |
Renvois |
↪ Connexe : Fumigation |
⟴Abracadabra
[abʁakadabʁa], subst. masc.
Définition |
[Magie] ► Très fameux mot de pouvoir dont l’emploi historique est de prémunir et de guérir les maladies. En particulier efficace sur les douleurs intestinales et la fièvre en général. |
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Étymologie |
► Comme bien des termes cabalistiques qui passèrent de main en main, ses significations et prononciations varient selon le contexte dans lequel on le situe et la manière que l’on a de l’appréhender ce qui explique ses diverses étymologies desquelles on peut difficilement tirer une généalogie. ■ Ara. : adhadda kedhabhra {que la chose soit détruite}. ■ Ara. : Evra ke debra {je crée d’après mes paroles}, {que les choses dites prennent vie}. ■ Clt.Irl. : Abra ou Abar {épithète du Dieu suprême} + Cad {sacré} i.e. : "Abra le saint". (Godfrey Higgins in The Celtic Druids (1827)) ■ Chl. : abbada ke dabra {Péris tel ce mot}. ■ Egy. : Abaka (Akh, Ba + Ka) + Tep {Mot} + Ra. i.e. : "Verbe dans les trois corps (supérieurs)" ■ Grc. : Ablanathanabla {Lat. : Pater ad nos veni {Tu es un père pour nous tous}}. On trouve aussi "Ablanathanalba" sur certaines amulettes figurant le célèbre palindrome. Le sens est peu clair, certains préfèrent y voir des racines heb. ou ara.. ■ Grc. : Αβραξας ("Abraxas") ? du cpt., pers. ou egy.. Symboliquement : {ne me blesse pas} ou {protège moi} i.e. : totalité cosmique (365). ■ Heb. : ברק (Baraq) {foudre} + דבר (Davar) {parole}, i.e. : {parole foudroyante}. ■ Heb. : הברכה דברה (Habrakha dabra), signification : {la bénédiction a parlé}. ■ Heb. : Arba {quatre} + Dâk {casser}, i.e. : "Le tétragramme anéantit (domine) les (quatre) éléments". ■ Heb. : Ab {Abba : Père} + Ruah Ha Kadosh {Esprit Saint} + Dabar {Parole ou verbe} i.e. : la trinité. ■ Heb. & Ois. & Lat. : Abreq ad Hâbra {envoie ta foudre jusqu’à la mort}. ■ Lat. : ABC (b.a-b.a) ■ Ois. : Ab {Lat. : "depuis"} + Red {Ang. "Rouge" : limon, monde matériel} + Ad {Lat. : "Jusqu’à"} + Ab {Lat. : "depuis"} + Râ. i.e. : Du feu au soleil, du relatif à l’absolu, du microcosme au macrocosme, ce qui du reste synthétise les trois idées directrices soulevées par la compilation des différentes significations (Destruction, protection, invocation à l’absolu). |
Commentaires |
I. Utilisation► Se portait ℙ sous sa forme graphique en tant que préservatif ou porte bonheur, d’abord en Perse, puis est passé en Syrie, en Égypte et enfin en Grèce. Son pouvoir est multiplié s’il est porté autour du cou en philactère. Il faut écrire ce mot sur du parchemin ou mieux, le graver sur une médaille plusieurs fois l’un au dessus de l’autre, tout en le diminuant une lettre après l’autre et de manière rétrograde jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une. ↪ Les chrétiens l’ont d’abord employé contre le mauvais œil, puis on l’a tenu pour favoriser les rencontres avec le Diable. Continuant sa dérive sémantique, il est par suite devenu l’archétype de la formule magique, utilisée dans la prestidigitation pour signifier : "L’illusion est opérée". II. Formes► En hébreu comme on n’écrit pas les voyelles, on obtient en neuf lettres : הברהקדברה (HBR HCD BRH) ou אברקאדברא (ABR KAD BRA). On trouve plusieurs versions du talisman. Soit on écrit les lettres sur neuf couches en écrivant ces trois mots de gauche à droite et en ôtant une lettre à partir de la droite, soit on écrit sur cinq couches, de droite à gauche, en ôtant une lettre au début et à la fin des mots "foudre" et "parole". Dans les deux cas, א donne le ton de la formule. ► En grec on le trouve écrit "aβρασαδαβρα" certains auteurs anciens l’ont donc transcrit "abrasadabra". ► Forme réduite : "Abrac" (𝕍 juste après la croix en argent gravée du VII – VIII trouvée dans une tombe de la Cathédrale de Lausanne bs. Musée cantonal d’archéologie et d’histoire de Lausanne). ► Ses formes graphiques peuvent être comprises comme un entonnoir en trois dimensions attirant les forces célestes vers la terre ou bien repoussant le mal comme une épée de feu. Sonoriquement et gestuellement, la parole peut-être comprise comme un cercle, la foudre telle un marteau et א comme focalisateur phonosémantique. III. Références► Pour une première mention écrite, 𝕍 Préceptes médicaux, Serenus Sammonicus, chapitre 52 : Contre la fièvre demi-tierce. ► Crowley a utilisé sa propre forme dans une invocation à Horus contenue dans son Livre de la Loi : "Abrahadabra", qu’il décrit dans le Liber Samekh comme     
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Renvois |
↪ Connexe : Abraxas |
⟴Abréaction
[abʁeaksjɔ̃], subst. fém.
Définition |
[Psychologie] ► Libération d’une émotion refoulée et véhiculée par un acte physique ou verbal. Elle a lieu lorsque la conscientisation de l’évènement ayant induit cette émotion est correctement interprétée par l’appareil psychique. |
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Étymologie |
■ Lat. : ab {hors de} + re {retour} + actio {agir} i.e. : "nouvelle réponse". ↳ All. : (d’origine) Abreagieren (Néologisme de Breuer et Freud)
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Commentaires |
I. Mécanisme► Lorsque le choc émotionnel d’une expérience est trop intense, incongru ou discret pour être vécu correctement par le sujet, la catharsis est ralentie pour diverses raisons mais peut toujours s’opérer spontanément notamment par l’entremise du sommeil. Lorsqu’elle est considérablement ralentie, des pathologies finissent par apparaître et un transfert doit s’opérer pour faire levier sur l’opération naturelle. ► Dans la mesure où une conscientisation froide ne suffit pas la plupart du temps - même si elle peut ralentir la progression de la pathologie potentielle ou effective -, une actualisation de la situation émotionnelle dans une intensité ou une situation psychique (ou situationnelle) différente (comme la subnarcose) demeure bénéfique pour déclencher l’abréaction. ↳ Cette dernière peut se faire pas étapes mais il y a alors un risque que le trouble se déplace dans le psychisme par des associations symboliques fallacieuses. Cela est particulièrement vrai s’il s’agit d’agieren compensatoires mineurs qui, présents depuis trop longtemps, sont entremêlés dans la personnalité. |
Renvois |
↪ Connexe : Purification |
⟴Abréviations maçonniques
Définition |
[Franc-Maçonnerie] ► Abréviations couramment utilisées en franc-maçonnerie latine pour les correspondances internes. Aucune règle n’est définitivement fixée mais usuellement, si cela suffit à la compréhension, on utilise la première lettre d’un mot. Ou bien, pour éviter d’éventuelles ambiguïtés ou des confusions avec des mots moins courants, sa première syllabe suivi de la première consonne. On exprime le pluriel en doublant l’initiale. Dans tous les cas on fait suivre cette abréviation de trois points disposés en triangle ou d’un simple point. |
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Commentaires |
I. Exemples● Frère : F.˙. ↪ On peut aisément trouver plus de trois cent abréviations pour la langue française. ↪ Ce ternaire n’apparut qu’au XVIII et eut plusieurs formes qui sont :. | . : | … et ∴ qui s’est imposé. II. Frères trois points► Le terme bien connu de Frères trois points a pour origine ces abréviations : leur première mention, vient de l’ouvrage de Léo Taxil : Les Frères trois points : révélations complètes sur la Franc Maçonnerie, un emploi ironique donc. |
Renvois |
↪ Connexe : Langues hermétiques |
⟴Abred
[abʁed], subst. masc.
Définition |
[Religion] ► Roue symbolique représentant une réalité métaphysique liée à la fatalité des cycles de transmigration. Ces cycles impliquent l’évolution mais l’Homme doit s’en extraire en s’élevant moralement afin de sortir de son oscillation entre instinct et idéalité. Cela afin d’atteindre la plénitude et la félicité dans le cercle supérieur de Gwynfyd. |
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Étymologie |
■ Cel. : {Liberté, libération}. |
Commentaires |
I. Description► Ce terme est tiré des apocryphes Triades galloises de l’érudit et néo-druide Iolo Morganwg. Il s’agit manifestement d’une innovation idéologique adaptée à l’air de son temps dans la mesure où aucune source manuscrite antérieure n’atteste de ces notions. On trouvera quelques similitudes conscientes ou non avec le védisme, similitudes qui en tout état de cause, ne sont pas dissonantes avec le contexte dans lequel il a écrit. 𝕍 par exemple Hindouisme et religion Celtique de Thierry Luginbühl. |
Renvois |
↪ Connexe : Gwynfyd, Ceugant |
⟴Abside
[absid], subst. fém.
Définition |
[Architecture] ► Extrémité orientale et hémicirculaire du chœur, parfois de forme polygonale, plus rarement plate. | |
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Commentaires |
I. Description► Stricto sensu, le terme qui vient d’ἁψίς, désigne le cul-de-four, niche voûtée terminant les basiliques antiques, mais le sens s’est étendu pour désigner la zone entière. ► Elles sont d’une manière générale dépourvues de bas-côtés et d’absidioles፧ jusqu’au m.II où cette disposition devient alors plus commune. II. Situation► Un exemple d’édifice à l’abside carrée est la Cathédrale de Laon. Économique, ce mode de construction est plus répandu dans les églises du nord de la France. ► Il s’agit la plupart du temps de la pièce la plus ancienne de l’édifice pour des raisons tant religieuses qu’architecturales. |
⟴Absidiole
[absidjɔl], subst. fém.
Définition |
[Architecture] ► Chapelle disposée autour de l’abside, du déambulatoire፧ ou du transept. | |
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Commentaires |
I. Désignation► Disposée autour de l’abside ou du déambulatoire, on la désigne par le terme de chapelle rayonnante et lorsque elle est située sur les bras du transept, on la nomme chapelle orientée. ■ Désignée autrement sous le nom de "chapelle absidiale". II. Situation► L’absidiole s’ouvrant directement sur le transept est plus commune dans les églises romanes, là où une ouverture sur l’abside est bien plus répandue dans gothiques. ► Au XIII, les absidioles dans l’axe de l’édifice, désignées simplement par le terme de chapelles axiales, et dédiées à la Vierge sont monnaie courante. |
⟴Absolu
[absɔly], adj. et subst.
Définition |
[Religion] ► Qui existe indépendamment de toutes conditions : sans cause, sans conditions et contenant sa propre fin. |
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Étymologie |
■ Lat. : Absolvere {Dégager quelque chose d’attributs, s’acquitter d’un devoir, absoudre, éclaircir par la prise de hauteur}. |
Commentaires |
I. Caractéristiques► L’absolu est donc unique, simple et pur, omniprésent et nécessaire. Indifférencié, il est sans attributs, sans variations, sans limites et est ainsi informe et "incomposé". Il s’oppose donc à l’imparfait qui lui est contingent. Ce dernier est en effet délimité, partiel et donc en relation de dépendance vis à vis de l’absolu. 𝕍 Nicolas de Cues, De la Docte ignorance (L°I). ↪ Synonyme de principe universel, l’absolu est donc la fusion de tous les opposés : l’être et le non être, le zéro et l’infini, le mouvement et l’immobilité, l’immanent et le transcendant. Ses caractéristiques nous échappent car il contient tout ce qui est, de manière complémentaire et supplémentaire. Le concept ne peut dès lors porter de nom ou de symbole puisqu’il est inenvisageable pour l’Humain qui est lui, par définition, limité : il ne peut donc l’appréhender que par au moins une paire de concepts opposés. ► On dit de principes comme le Bien, le Beau et le Vrai qu’ils sont des absolus relatifs, en ce sens que leur proportion d’indépendance est moins importante que dans le concept pur : ils sont vrais en eux-mêmes car elles tiennent leur cause de l’absolu absolu.
► Son antonyme est "dépendant" et non "relatif" car l’absolu est tout à fait dépourvu de dépendance. En revanche, il contient en lui-même le relatif puisque la notion d’absolu n’implique pas qu’une chose ne puisse dépendre d’elle. Les idéalistes allemands (Kant, Hegel, Schelling et Fichte) ont fait de ce concept un des axes majeurs de leurs réflexions (et de leur désaccord !). II. Occurrences► Le concept est abordé et décrit de façon différente, plus ou moins extrême selon les philosophies et les religions et l’idée est finalement consubstantielle de celle de Dieu i.e. de l’Être, bien que cette identification ne soit, en pratique, pas sans poser des problèmes d’ordre philosophique et mystique. Ainsi, l’absolu est par exemple l’"Un" chez Platon et Plotin, "Acte pur" pour Aristote, il est ब्रह्मन् (brahman) dans les उपनिषद्, (Upaniṣad) et le वेदान्त (vedānta), शून्यता (śūnyatā) {vacuité} chez les bouddhistes ou encore le 道 (dào) {voie} dans le taoïsme. ↳ Les religions, dont l’objet est d’établir un lien émotionnel entre les adeptes et l’absolu, abolissent le caractère impersonnel de ce dernier, en lui attachant des noms et des titres en rapport avec ses caractéristiques logiques ou ressenties. Puis ce faisant, certaines formalisent par glissement un ou des intermédiaires : ntm. Christ pour Dieu le Père, Ishvara pour brahman, तथागत (Tathāgata) {ainsi-venu} pour śūnyatā qui incarnent cet absolu. Leur fonction fondamentale est alors de relier ledit absolu aux adeptes. |
Renvois |
↪ Connexe : Aïn Soph, Bythos, Un le tout, Taijitu, Pierre philosophale, Parabrahman. |
⟴Abstraction
[abstʁaksjɔ̃], subst. fém.
Définition |
[Philosophie] ► Idée de caractère universel qu’on ne peut saisir par une objectivation spatio-temporelle. |
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Étymologie |
■ Grc. : (d’origine) ἀφαίρεσις (aphrairesis) {retrancher de} ↳ Lat. : abstraho {Tirer hors de}
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Commentaires |
I. Mécanismes► On abstrait métaphysiquement une idée ou une partie celle-ci afin de l’essentialiser et d’en faire un concept. Cela fait, elle échappe aux réalités apparentes du sensible qui sont par nature transitoires et accidentelles. ► Abstraire, c’est s’éloigner par la hauteur, considérer isolément et synthétiquement l’objet de son attention, l’élever au niveau de l’intelligence par le biais de l’imagination. Selon le mot alchimique, abstraire la quintessence d’une chose, c’est se mettre en relation avec son essence. ► L’éloignement est vertical et non pas horizontal, sinon il s’agit d’une dissociation. L’adjectif "abstrait" s’oppose à la réalité sensuelle du "concret". II. Évolution du concept► Les positions opposées de Platon (Timée, le réalisme) et Aristote (Catégories, le nominalisme) sur les propriétés de ces abstractions, passant par Porphyre, Boèce puis Érigène, déboucheront dans la scolastique du moyen-âge à la célèbre Querelle des universaux qui verra apparaître une position intermédiaire : le conceptualisme d’Abélard. |
Renvois |
↪ Connexe : Quintessence, Métaphysique |
⟴Accident
[aksidɛnt], subst. masc.
Définition |
[Philosophie (aristotélicienne)] ► L’accident, au sens ontologique, est inhérent à une substance qui en constitue le support. Cependant l’accident, simple possible d’être, n’est pas en retour nécessaire à la substance ni n’en constitue une de ses caractéristiques générales. En conséquence, les accidents d’une substance, propriétés occasionnelles qui ne font pas parti de son essence, peuvent être modifiés ou supprimés sans que la substance, subsistant par elle-même et dans le temps, ne change d’espèce ou ne disparaisse. La couleur et la forme sont par exemple des accidents d’une substance. Les propriétés de l’accident s’opposent ainsi à celles de la substance. [Théologie (christianisme)] ► Accidents, espèces, apparences dits "eucharistique". Propriétés sensibles qui subsistent vis à vis de l’hostie et du vin après la consécration du saint sacrement : volume et texture, couleur et saveur(1). |
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Étymologie |
■ Grc. : συμβεβηκός (symbebekos) {propriété accidentelle}. ■ Lat. : accidens {Tomber sur, survenir}. |
Commentaires |
I. Description► La notion d’abord définie par la métaphysique d’Aristote et constitue l’un des quatre universaux qu’il indique dans ses Topiques (I,4) : ► Aristote distingue dans ses Catégories (IV), neuf espèces d’accidents : qualité, quantité, relation, action, passion, lieu (localisation), temps (durée), situation spatiale, manière d’être. ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Accident, catégories et prédicables dans l’œuvre d’Aristote in Revue Philosophique de Louvain (S°3, T°61, N°71 pp. 361-401), Madeleine van Aubel, 1963. |
Notes |
1.⟴ Sur cette question, 𝕍 Somme Théologique (T°IIIa,Q.75). Pour une rétrospective de la façon de percevoir et d’aborder le problème : Eucharistiques (accidents) in Dictionnaire de théologie catholique (éd. Letouzey et Ané), T°5, P°2 pp.1368-1452). |
Renvois |
↪ Aval : Actio immanens / transiens |
⟴Acédie
[asedi], subst. fém.
Définition |
[Théologie] ► Vice, puis péché de torpeur spirituelle et de paresse morale, empathie désorganisée générant une atonie et une nervosité accablante et provoquée entre autre par un relâchement de l’ascèse. [Psychologie] ► Mélancolie prenant forme dans un dégoût pour la vie et une indifférence affective menant à l’inhibition de l’action. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀκηδία (akêdia) {Anxiété, négligence de soins (ntm. des morts)} ↳ Lat. : acedia {Indifférence, dépression}
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Commentaires |
I. Histoire► Origène puis Évagre (Traité Pratique) formalisent les premières listes de λογισμοί (logismoi) {Mauvaises pensées} et évoquent l’acédie, ► Thomas d’Aquin dans la Somme Théologique énumère la liste des péchés capitaux de Grégoire Ier, se référant à Jean Damascène. Il définit l’acédie comme froide et inerte telle l’acide et provoquant un dégoût de Dieu poussant à l’inaction. À partir de la réforme, l’acédie dont le sens s’est passablement dégradé a régressé dans le concept de paresse. II. Occurrences littéraires► Dante à placé les acidiosi à coté des violents et des colériques : ils sont enfoncés dans la vase d’un marécage, pouvant à peine parler. Le concept est proche du Spleen Baudelairien à ceci près que ce dernier mène à l’idéal par le biais des correspondances. |
Renvois |
↪ Connexe : Spleen. |
⟴Achéropite (acheiropoïète, achiropoëte)
[akɛʁopit], adj.
Définition |
[Théologie] ► Objets produits de façon miraculeuse (comme par un dieu ou un esprit) ou surnaturelle (comme par la foudre ou l’eau). Par extension, le terme s’applique également aux copies humaines des objets en question. |
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Étymologie |
■ Grc. (orig) : pfx.prv ἀ- + χείρo (chéiro) {Main} + ποιέω (poiéô) {faire} i.e. : Non faite par la main (de l’Homme). |
Commentaires |
I. Histoire► Le Suaire de Turin est l’exemple le plus connu d’objet achéropite, mais l’Église reconnaît aussi d’autres reliques comme le Mandylion, l’Odigitria et l’Uronica pour les plus importantes mais aussi le Voile de Manoppello, le Seigneur des miracles ou l’icône de la Vierge de Guadalupe. ► Le phénomène démarre à Byzance vers le m.VI où l’on commence à évoquer des icônes de la Vierge qui dotées de pouvoirs surnaturels auraient été peintes par la main de saint Luc. Ces œuvres achéropites sont le point de départ de l’origine du culte des icônes si cher au christianisme orthodoxe. II. Autres objets achéropites► Les fulgurites ou les manifestations de bijoux par l’ectoplasme spiritique sont également des objets achéropites. |
Renvois |
↪ Connexe : Fulgurite |
⟴Acide
[asid], adj. et subst. masc.
Définition |
► Liqueur ou esprit ayant une action corrosive et acide, opposée à celle de l’alcali. Désigne l’or philosophique, le soufre des sages, le magistère au rouge ou l’acier princeps. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : ac- {être pointu, piquant} ↳ Lat. : aceo {aigrir}
↳ Lat. : Acetum. {Vinaigre} ► Par extension, acetum désigne une solution d’acide acétique, liquide corrosif et dissolvant capable d’attaquer (brûler) les métaux, mais aussi un esprit caustique et/ou sagace. |
Commentaires |
I. Situation► L’alcool à l’air libre produit le vinaigre par fermentation, raison pour laquelle sa découverte fut rapide dans la mesure où le brassage de la bière et la vinification du moût de raisin était déjà pratiquée dès le néolithique. C’est Geber qui en distillant le célèbre antiseptique parvient à isoler l’acide acétique. ► Les acides sont nombreux en alchimie et particulièrement utiles lors de l’œuvre au noir. L’acide sulfurique (vitriol), l’acide tartrique puis l’acide nitrique(1) et enfin l’acide muriatique(2) sont les principaux acides alchimiques et furent tous découverts par Geber. L’alkahest፧ paracelcien quant à lui est un acide universel. II. Symbole► Son symbole alchimique est une croix, croix que l’on retrouve fréquemment dans divers symboles alchimiques, magiques et astrologiques. |
Notes |
1.⟴ Azoth, eau-forte, esprit universel. 2.⟴ Ces deux dernières ensemble forment l’eau régale, seule à même de dissoudre l’or. |
Renvois |
↪ Connexe : Azoth, Alkahest |
⟴Acroamatique
[akʁoamatik], adj.
Définition |
[Philosophie] ► Enseignement oral, partie la plus élevée d’un enseignement, de nature ésotérique et initiatique c’est à dire proprement théologique. On le juge inaccessible au plus grand nombre et en conséquence, inapproprié ou dangereux d’être discuté en public. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀκρόασις (acroasis) {Entendre, écouter (un cours) et donc être disciple}. |
Commentaires |
I. Un concept d’abord aristotélicien► Se dit de l’enseignement secret qu’Aristote transmettait oralement à ses disciples initiés du Lycée, usant de l’apodictique au profit de la dialectique. ► Plutarque (Vie d’Alexandre) rapporte qu’Alexandre aurait été initié à la partie acroamatique (c’est à dire métaphysique) ainsi qu’a celle époptique (relative aux Mystères d’Éleusis c’est à dire à la mystique) de l’enseignement de son maître. ↳ Dans une lettre Le Grand reproche à Aristote de les avoir publiés ce à quoi il rétorque qu’ils sont publiés sans l’être, lui rappelant probablement que sans l’enseignement oral de maître à disciple, la substance de son texte qui n’est plus que notes, échappe au lecteur. ➧ Notons au passage que cet échange épistolaire est inconnu du public avant sa publication par Andronicus de Rhodes et qu’étant donné son rôle dans l’aristotélisme et le style des lettres, il est vraisemblable que ce soit une forgerie. II. Sens étendu► Si le terme se dit d’abord des disciples avancés d’Aristote, il désigne ensuite ntm. les disciples de Pythagore (via le Philosophumena d’Hippolyte de Rome) ou certaines doctrines du stoïcisme. ► On dit donc de la langue des oiseaux qu’elle est acroamatique à double titre : parce qu’elle ne se déploie que dans dans le cadre oral par l’entremise de la caballe phonétique et parce qu’elle est essentiellement porteuse d’un sens ésotérique. |
Renvois |
↪ Connexe : Symbolisme |
⟴Actio immanens / transiens
[aksjo imanɑ̃s] / [tʁaziɑ̃s], subst. fém. + adj.
Définition |
[Philosophie] ► a. Actio immanens ou ad intra, désigne les opérations dont le terme (ou ses conséquences) se limitent au sujet lui-même, par exemple la pensée ou le sentiment. ► b. À l’opposé, action transiens ou ad extra, indique que le terme de l’action se propage à l’extérieur de son point d’origine, vers un sujet distinct qui en réceptionnera les effets, par exemple la chaleur d’un feu. [Théologie] ► Toutes les opérations de Dieu sont son être et sont donc ad intra. Néanmoins dans leurs résultats, certaines opérations deviennent des actes, car leurs accidents sont distincts de son être sans pour autant être hors de son infinité auto-causale : en Dieu, seulement des opérations, les actes demeurent virtuels. ↳ C’est au travers des actes virtuels, analogiquement liés aux opérations qu’il nous est connu, ntm. la Trinité. |
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Étymologie |
■ Lat. : {Action restant à l’intérieur} et {Action outrepassante}. |
Commentaires |
I. Des termes vieillis► Les termes ad intra et ad extra sont préférés de nos jours, non seulement dans les domaines qui nous occupent plus spécifiquement mais aussi notamment en sociologie. |
Renvois |
↪ Connexe : Magie |
⟴Adamisme
[adamism], subst. masc.
Définition |
[Histoire] Secte gnostique du ? f.XIII. Elle est inspirée par le nicolaïsme et la métaphysique basilidienne et est issue du mouvement initié par Carpocrate au II. Prodicus, son disciple, l’a entretenu et exagéré par l’entremise de ses théories érotiques. |
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Commentaires |
I. Histoire► L’adamisme tenait Adam pour le premier de tous les prophètes et ses adeptes se dévêtaient entièrement lors des réunions, la nudité étant alors considérée comme l’expression de l’innocence originelle. Ils professaient en outre la promiscuité entre sexes opposés et bannissaient le mariage. Clément d’Alexandrie ajoute qu’ils se vantaient d’avoir des livres secrets de Zoroastre, i.e. ℙ des ouvrages de magie. ► Malgré des résurgences aux philosophies libre-esprit, nudistes voir libertines plus ou moins semblables au XI, XIV et XV dans la Savoie, les Flandres et la République Tchèque (où ils allaient nus dans les rues) et qui furent combattues par l’Église et les gouvernements(1), aucun mouvement religieux d’ampleur ne reprit depuis. II. Note► Un adamisme antique chaste, sans rapport avec Carpocrate est parfois mentionné mais nous n’avons trouvé guère d’informations pertinentes à ce sujet. |
Notes |
1.⟴ Certains troublaient l’ordre publique en s’adonnant au pillage. |
Renvois |
↪ Connexe : Naturisme, Magie |
⟴Addition/Réduction théosophique
[adisjɔ̃]/[ʁedyksjɔ̃ teɔzɔfik], subst. fém. + adj.
Définition |
[Divination] ► Opérations arithmétiques couramment utilisées en arithmomancie et en numérologie consistant à trouver la valeur dite "théosophique" ou "secrète" d’un chiffre. ■ L’addition théosophique d’un chiffre consiste à additionner tous les chiffres et nombres le précédant ainsi que lui-même. Plus simplement, la formule est : n = |
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Commentaires |
I. Exemple■ Par exemple, pour 50 : 1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+…+50=1275. Ainsi, la valeur de l’addition théosophique de 50 = 1275. Puis, si on applique une réduction à ce résultat : 1+2+7+5=15 puis 1+5=6. Ainsi, la valeur de la réduction théosophique de 1275 est de 5. ↳ Évidemment, en utilisant l’isopséphie on peut transposer ces calculs sur les lettres : la lettre J aura une valeur de 55 en addition car elle est la dixième lettre de l’alphabet, sa valeur sera de 1 en réduction. En qabale ce procédé fait partie d’une technique d’herméneutique plus large : la guématrie. ↳ En arithmétique la preuve par neuf est une opération proche, à ceci près que la valeur du neuf dans l’opération est égale à zéro. II. Une origine pythagoricienne ?► Il est plausible et séduisant de penser que ces deux processus furent probablement découvert par les pythagoriciens. Le terme addition théosophique est synonyme de "trigon" ou "trigonomisation" car le résultat d’une addition théosophique est toujours un nombre triangulaire, i.e. un nombre polygonal qui se manifeste visuellement par un triangle et qu’on représentait dans l’antiquité à l’aide de l’algèbre géométrique. III. Arithmologie◆ Papus estime dans son Tarot des bohémiens 🕮 ORAEDES 🗎⮵ que ces opérations sont une des bases de l’ésotérisme. Elles sont dites "théosophiques" ajoute-il, car elles font pénétrer dans le monde des lois essentielles de la nature et permettent de mettre en lumière la loi interne de n’importe quel nombre. Il fait encore remarquer par exemple que par la réduction on voit que tous les nombres se réduisent aux chiffres et que par l’addition, on voit que 1, 4, 7 et 10 égalent 1. |
Renvois |
↪ Connexe : Tetractys |
⟴Adepte
[adεpt], subst. masc. & adj.
Définition |
[Général] ► Dans le sens le plus ouvert et commun, il désigne tout chercheur possédant des données de la science occulte et plus spécifiquement tout initié aux doctrines ésotériques d’une société secrète. [Ésotérisme] ► Celui qui est parvenu à la parfaite connaissance des sciences secrètes (l’ésotérisme), possédant des facultés et des attributs paraissant surnaturels au non initié comme commander aux éléments, prophétiser ou guérir les maladies. ↳ Ces particularités sont obtenues par un entraînement spécifique et/ou par un mode de vie dont les caractéristiques sont variables, tant dans leur contenus que dans leurs modalités d’exécution. On distingue alors l’initié qui est sur la voie et l’adepte qui est parvenu au but. ↳ On rencontre aussi une acceptation contraire : l’adepte est celui qui poursuit une voie particulière, ayant fréquemment trait à l’occultisme, tandis que les initiés aux Grands mystères se rejoignent dans les principes qu’ils ont extrait de leurs pratiques. ► Nom que prennent les alchimistes ayant découvert la pierre philosophale et menant donc à bien le Grand œuvre. ↳ Plancy signale une légende qui veut qu’il n’y ait que onze adeptes au monde : étant immortels, l’un des onze doit laisser sa place lorsque un Homme découvre à son tour l’élixir de longue vie. ↳ On peut en outre noter que dans les textes usant de cette subtilité typographique, écrire le mot avec un "a" minuscule plutôt que majuscule désigne un alchimiste qui n’est pas parvenu à la destination de l’art mais se distinguant néanmoins du souffleur ou du profane. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : ap {unir, lier} ↳ Lat. : adipisci {poursuivre, atteindre, saisir}
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Commentaires |
I. Confusion avec "initié"► Une certaine confusion règne sur la signification de ce terme ainsi que sa différence avec initiatus {Initié, consacré}. On trouve ses premières occurrences chez Paracelse (Astronomia Magna) et des spéculations et évocations directes chez Helmont (Lettre au père Mersenne et stt. Ortus medicinae) où l’adeptum Naturae, est un état adamique idéal où l’on ne fait qu’un avec la nature. Ainsi, il est étymologiquement faux de considérer l’initié comme supérieur à l’adepte, sauf à considérer que la fin d’une discipline signe le début d’une autre. ► Il peut être éclairant de comparer ces deux termes et la hiérarchie initiatique du rite éleusiaque : μύστης (mústês) {myste = initié}, ἐπόπτης (epóptês) {épopte = surveillant}, μυσταγωγός (mystagogos) {mystagogue = conducteur des initiations} et ἱεροφάντης (hierophantês) {hiérophante = qui explique les mystères}. L’initié serait alors le μύστης (myste) {initié} et l’adepte le ἱεροφάντης (hiérophante) {qui explique les mystères} puisque possédant la totalité du savoir ésotérique, il est apte à le transmettre. II. L’adepte en religions► Signalons que dans le christianisme, le sacrement du baptême est une seconde naissance ou mieux une résurrection. Faisons également remarquer qu’en Inde, le द्विज (Dvija) {Deux fois né} est le nom donné à celui qui a subit son premier rite de passage, l’उपनयन (Upanayana) {acte d’introduire} au sortir de l’enfance. |
Renvois |
↪ Connexe : Initié, Maître |
⟴Adjuration
[adʒyʁasjɔ̃], subst. fém.
Définition |
[Théologie] [Magie] ► Formulation instante, déprécative ou imprécative, privée ou solennelle (publique) par laquelle on requière au nom d’un contrat lié avec une autorité supérieure (Dieu ou sa hiérarchie) que l’interlocuteur agisse ainsi qu’il sied au locuteur. |
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Étymologie |
■ Lat. : adjuratio {Faire serment}. |
Commentaires |
I. Utilisation► On use d’un vocabulaire et d’un ton imprécatif (injonction impérieuse) quant il s’agit de s’adresser à des être inférieurs comme des démons. On use du déprécatif (supplication déférente) lorsqu’il s’agit de communiquer avec des êtres supérieurs : Dieu ou sa hiérarchie notamment angélique. ➧ Puisque aucune autorité morale ne le supplante, on ne peut évidemment pas adjurer Dieu sinon par lui-même, c’est à-dire par ses attributs. ► Tout comme le jurement, l’utilisation de l’adjuration étant moralement délicate, elle doit remplir certaines conditions pour être efficiente. Elle doit respecter : ● La vérité : on ne peut adjurer au nom d’un principe erroné ou à l’aide d’un mensonge, II. Sens étendu► Dans le sens commun, le mot a dérivé dans une acceptation uniquement imprécative et est donc resté cantonné à l’exercice de l’exorcisme. Le terme "conjuration" a quant à lui pris la place de l’adjuration déprécative (et in extenso l’idée d’écarter des menaces par des prières) alors que son sens premier est l’évocation par jurement (𝕍 ces mots). ↳ Pour plus de détails sur ces différentes méthodes, 𝕍 aussi De Radiis stellarum {Des rayons stellaires} d’Al-Kindi. |
Renvois |
↪ Connexe : Exorcisme, conjuration, invocation, évocation |
⟴Adyton (Adytum, Abaton)
[aditɔ̃], subst. masc.
Définition |
[Architecture] ► Lieu consacré des temples de l’antiquité grecque et romaine, parfois secret, contenant l’idole du dieu tutélaire et où les prêtres seuls entraient. ↳ Par nature, les adytons sont liés aux cultes chthoniens ou oraculaires, ces derniers étant fréquemment situés sous le niveau du sol. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀ- {pfx.prv} + δυτον {pénétrer} i.e. : Inaccessible. |
Commentaires |
I. Situation► Les temples grecs classiques possédaient trois pièces : πρόναος (pronaos) {vestibule}, ναός (naos) {sanctuaire intérieur} et ὀπισθόδομος (opisthodome) {vestibulaire arrière}, non communiquant avec le naos. ↪ Postérieurement dans le temple primitif semblable au μέγαρον (mégaron), on remplaçait l’opisthodome par l’ἀδυτον (adyton) {inaccessible} qui lui, s’ouvre sur le naos. ↪ On trouve aussi des temples avec quatre pièces, l’adyton s’intercalant entre le naos et l’opisthodome, comme c’est le cas dans le temple d’Apollon à Delphes. ► Dans les temples à culte oraculaire il faisait aussi office de mantéion : l’adyton de Delphes n’admettait par exemple que la pythie qui était séparée des assistants par un rideau ou une porte d’où l’on pouvait entendre sortir les oracles. |
Renvois |
↪ Syn. : Saint des saints |
⟴Affinité / Antipathie/Affliction
[afinite], subst. fém.
Définition |
[Magie] [Alchimie፧] ► Affinité : Ce mot d’Albert le Grand désigne une relation occulte d’attraction entre deux corps liés par le biais d’une analogie ou d’une correspondance ce qui les rend ésotériquement semblables. Le terme "antipathie" désigne le phénomène inverse : les corps se repoussent en vertu d’un fond ou d’une forme dissemblable. ► Affinité : Qualifie un rapport harmonique entre les différentes parties d’un même thème(1) ou entre deux thèmes. L’affliction est la situation inverse, où les effets attendus sont la diminution, la neutralisation voir l’inversion des parties concernées. [Théologie] ► Affinité spirituelle : lors du baptême, lien contracté entre parrains et/ou marraines avec un enfant lorsque les premiers tiennent le second. |
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Étymologie |
■ Lat. : Ad {Jusqu’à} + finis {finir, fixer}. ↳ Lat. : affinitas {région avoisinante, parenté par alliance}.
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Commentaires |
I. Confusion des termes► Les concepts plus larges d’analogie et de correspondance étant centraux dans l’ésotérisme, un grand nombre d’intervenants se sont penchés sur leur élaboration. Cela a eu pour effet d’embrouiller les sens respectifs des termes d’affinité, d’analogie, de sympathie et de correspondance. Ils ont fini par se confondre entre eux tant dans le langage commun que parmi les amateurs d’ésotérisme. Référez vous aux définitions correspondantes. II. Exemples► Concernant les affinités et les afflictions astrologiques, voici plusieurs exemples concernant Vénus : elle a une affinité au niveau physique avec Mars (magnétisme sexuel), sur le plan sentimental avec Mercure (sens artistique) et sur le plan intellectuel avec Jupiter (philanthropie). En revanche et autrement, cette même planète est dite en exil si elle est dans le signe du Scorpion et en chute dans la Vierge. Consultez d’autres entrées du dictionnaire ou la partie Astral pour plus de détails. |
Notes |
1.⟴ Ex. : aspects ou position d’une planète dans un signe. |
Renvois |
↪ Connexe : Sympathie, domicile, chute, exaltation, triplicité, terme, chute, exil, pérégrinité, dignité, débilité |
⟴Agapé
[ɒɡɒpe], subst. fém.
Définition |
[Christianisme] ► Repas de charité ouvert pris en commun avec célébration de l’eucharistie, baiser de la paix et prières. Ébauche de la messe qui se pratiquaient jusqu’au III dans les églises et qui unissait les premiers chrétiens dans un même amour fraternel afin de cimenter la concorde au delà des différences sociales. Avant son abolition au IV pour cause de débordements, il s’agissait également d’un repas que les parents d’un défunt offraient aux pauvres en son honneur. [Franc-maçonnerie] ► Cérémonies complémentaires des tenues maçonniques se manifestant sous forme de banquets fraternels. Dans la majorité d’entre elles, on obéit à une rituélie stricte. C’est une des plus anciennes traditions maçonniques, déjà mentionnée chez Anderson. Durant ce banquet, on emploie aussi un vocabulaire spécial pour les éléments de la table et la nourriture. L’usage s’est également répandu chez les Rose-croix où ils célèbrent le jeudi saint en consommant l’agneau. |
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Étymologie |
■ Grec. ἀγάπη (Agapé) {Amour désintéressé}. |
Renvois |
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⟴Agartha
[agaʁta], nom propre
Définition |
[Occultisme] ► Royaume souterrain fabuleux situé sous la Mongolie ou le Tibet et dont les ramifications s’étendent au monde entier via de vastes galeries. Il est habité par une humanité supérieure et dont le dirigeant, le འཁོར་ལོས་སྒྱུར་བའི་རྒྱལ་པོ་ (Chakravartin) {roi du monde}, à la fois dirigeant temporel et spirituel est le représentant de Dieu sur Terre. Il gouvernerait occultement le monde. ➧ On trouve aussi une définition plus minoritaire qui veut que tout inversement, ce soit un lieu de perdition, habité par des êtres vampiriques aux pouvoirs nécromantiques et dont le but est d’asservir l’humanité. |
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Étymologie |
■ Skr. : आग?थ (Agarttha) {Insaisissable à la violence, inaccessible à l’anarchie}. ➧ Nous avons reproduit les informations apportées par Saint-Yves d’Alveydre (Mission de l’Inde en Europe). Mais l’impression est de mauvaise qualité et en plus de la difficulté à identifier chaque partie du mot, nous n’avons pu déterminer le troisième caractère censé représenter le phonème ʁ (Il s’écrit ऋ comme dans ṛta mais la graphie ne correspond guère et se rapproche plus d’un ष …). Il demeure possible qu’il ait fait une erreur : aurait-il voulu écrire अग्रता (agrata) {violence, passion} en doublant le "a" pour faire office de privatif ou bien aurait-il mal orthographié अगर्हित (agarhita) {immaculé} ?
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Commentaires |
I. Histoire► Bien que la mention (ainsi que celle du Vril) fut faite par la première fois par Louis Jacolliot (Les Fils de Dieu), occultiste et consul Français à Calcutta qui par ses fréquentations avec hindous et jaïns fut mis en contact avec les légendes védiques, c’est depuis Saint-Yves d’Alveydre (Mission de l’Inde en Europe) que le concept gagne en célébrité. Dès lors plusieurs personnes comme Mathers ou Heindel prétendront avoir eu contact avec des dignitaires de ce royaume voir être liés télépathiquement à eux. Ossendowski dans Bêtes, Hommes et Dieux (1922) décrira également l’Agarttha ce qui poussera Guénon à écrire son étude Le Roi du monde (1927). II. Description de Saint-Yves d’Alveydre► Saint-Yves d’Alveydre décrit (nous n’avons pas repris son sanskrit qui nous laisse perplexe) l’organisation hiérarchique de l’Agartha :
III. Rapprochements avec d’autres lieux fabuleux► On a rapproché voir assimilé ce royaume fabuleux d’orient à divers autres localité s’en approchant comme la Shambala du དུས་ཀྱི་འཁོར་ལོ། {Tantra de kalachakra}, le Royaume du prêtre Jean ou plus tardivement, les terres des Vril-ya d’Edward Bulwer-Lytton. On la compare aussi volontiers à des continents engloutis comme l’Atlantide et la Lémurie ou des royaumes perdus tels la Thulé Hyperboréenne, la Luz Hébraïque, ou l’Avalon Celtique, le fait est que ce symbolisme est commun à toute l’humanité. IV. Symbolisme► Ce royaume est lié au symbolisme de la caverne, du monde caché, du centre, de la terre sainte où résident les justes. Elle est la cité inaccessible où le pacte avec les dieux a encore cours. |
Renvois |
↪ Connexe : Terre promise, Shambala |
⟴Âges
[ɑʒ], subst. masc.
Définition |
[Ésotérisme] ► Loi de transformation temporelle, cyclique et universelle probablement d’origine indo-européenne et faisant passer les êtres de l’enfance, à la jeunesse, puis à l’âge mur et enfin à la vieillesse. ↪ Cette loi s’applique à tout être au sens large et quel que soit son plan d’existence, c’est à dire dans toute l’horizontalité et la verticalité de la création. Ainsi dans la nature, Humain, animal, végétal et minéral y sont soumis, aussi bien qu’un atome et un univers. Puis de même, les esprits, les dieux ou les idées sont également sous son joug. Néanmoins plus un ensemble est grand et/ou subtil et plus son rythme révolutif est lent. On tire de ce constat, une vision fractale du cosmos, où des cycles de plus en plus courts sont imbriqués dans des cycles de plus en plus long. [Franc-maçonnerie] ► Dans la plupart des sociétés initiatiques traditionnelles, de la même manière qu’il hérite d’un hiéronyme, l’initié se voit attribué un âge symbolique en rapport avec son grade. Par exemple en maçonnerie, l’apprenti à trois ans, le compagnon cinq, le maître sept. Ainsi demander son âge à un maçon correspond à lui demander son grade. Dans la maçonnerie écossaise, le Rose-Croix (18°) a trente-trois ans, l’âge du Christ. Dans d’autres grades, on parle de "cent ans et plus", c’est à dire qu’on cesse de compter. |
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Commentaires |
I. Âges humains► Concernant les périodes à l’échelle Humaine dont s’occupent l’astrologie et la psychologie, on distingue quatre périodes : l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte et la vieillesse. Dans ses Vies, doctrines et sentences, Laërce nous indique que Pythagore Lune : 0 à 4 ans ou 0 à 7 ans = 4 ou 7 ans. R♁ : 27,3 jours. ► Chez Saturne et Jupiter, ces durées correspondent environ à celles dont elles ont besoin pour faire le tour du zodiaque. Vénus fait quant à elle sa révolution en 7,5 mois, ce qui s’approche de la période vénusienne de 8 ans. En revanche rien de semblable chez les autres planètes (que les chiffres soient en mois ou en années). ↳ Les spéculations astrologiques sur les chronocrates sont certainement à l’origine de cette déclinaison généraliste. Ils sont entrepris dès l’antiquité par Vettius (Anthologies L.IV) et Maternus (Mathèse), puis repris avec les fridaires d’Albumasar (Des Révolutions solaires) et enfin les travaux de Junctin de Florence (Traité des révolutions solaires). Ces spéculations avaient pour fonction - dans le cadre qui nous occupe - d’indiquer chez le natif où les chronocrates étaient actifs, durant des périodes plus ou moins longues et dans un ordre donné. Reste qu’il demeure en effet remarquable que ces différents âges s’accompagnent d’une perception du monde extérieur fort différente et qui correspond aux symbolismes planétaires. II. Âges anthropogoniques dans les religions► Concernant les périodes à l’échelle anthropogonique, on trouve un nombre varié d’occurrences : ● Hésiode (Ἔργα καὶ Ἡμέραι {Les Travaux et les jours}) leur donne un symbolisme principalement métallique (Or, argent, bronze (ou Airain), l’âge des héros et celui du fer), Ovide (Métamorphoses) à sa suite réduira leur nombre à quatre, Platon et Pythagore se réapproprieront également le mythe. ↳ Chaque âge correspond à un état du rapport entre l’Homme, lui-même et la nature : le premier est un âge de communion, tant avec la vie qu’avec le savoir(1), le second correspond à l’apparition de l’agriculture et de l’orgueil, le troisième à la dissolution morale et le dernier à la domination du mal. ↳ Le dernier âge aboutit à une catastrophe mais l’eschatologie promet à l’instar de Virgile et son paradis arcadien (Bucoliques) ou Joachim de Flore et son ère du Saint-Esprit (Expositio in Apocalypsim {Exposition de l’Apocalypse}), un retour à l’âge d’or dans le cadre ou non d’une cosmologie de l’éternel retour, selon le point de vue envisagé. Olivet (Histoire philosophique) convient que […] ● Dans l’Avesta, il est question de quatre périodes de 3000 ans où progresse peu à peu la puissance d’Ahriman avant la victoire définitive d’Ahura-Mazda. ● Les religions dharmiques parlent des quatre yugas. L’hindouisme donne par exemple : satya, treta, dvapara et kali. ● Les sioux parlent d’âges de pierre, de l’arc, du feu et de la pipe. ● Et enfin le forgeron chinois Fong-Hou Tseu nous donne : l’âge de la pierre, du jade, du bronze et du fer. ● La légende mésoaméricaine des soleils, mentionne quatre ou cinq périodes qui se terminent par des cataclysmes variés. ● Pernety associe enfin ces âges aux phases de l’œuvre alchimique. Le premier à Saturne et au noir, puis Jupiter et au blanc, puis Vénus et au citrin et enfin Mars et au rouge ou au pourpre. ► Ces âges possèdent des analogies entre eux, tant en termes mathématiques (durées proportionnelles) que métaphysiques (Les noms des âges sont symboliques). On remarque enfin qu’elles sont toutes données dans un ordre involutif et que si on en croit les divers auteurs, nous sommes actuellement à l’âge le plus involué. |
Notes |
1.⟴ Ces habitants, maintenant dans une terre promise, sont devenus les δαίμων (daimon {génie}). |
Renvois |
↪ Aval : Age d’or, age noir |
⟴Agla
[agla], nom
Définition |
[Ésotérisme] ► Mot cabalistique acronymique (אגלא) auquel les rabbins attribuent le pouvoir de chasser l’esprit malin et la peur. Fébrifuge, il permet en outre d’aider les femmes en couches mais aussi de retrouver les objets perdus si on la prononce trois fois de suite rapidement vers l’orient. ↳ Le cordelier cabbalisant Pierre Galatin fera d’Agla l’un des noms de Dieu lui-même dans son Opus de arcanis Catholicae veritatis {Traité de la vérité de la religion Chrétienne}. [Société initiatique] ► Société de pensée française de la renaissance née au XIII et groupant des apprentis et des maîtres de la corporation des travailleurs du livre (libraires, imprimeurs, cartiers…), ainsi que des écrivains et des dirigeants. Surtout active à Paris, Lyon, Montpellier et Florence. ↳ Agrippa, Rabelais et François Ier auraient pu en faire parti, ainsi que Martinez de Pasqually. ↳ Sa doctrine continuait celle des cathares et préfigurait celle des Rose-croix. Inspiré par le Zohar, l’Agla vénérait le chiffre 4. |
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Commentaires |
I. Signification► Agla est l’acronyme de אדני לעולם גבור אתה (Atha Guibor Léolam Adonai)(1) {Tu es puissant dans l’éternité seigneur} qui est extrait du premier verset de la seconde prière de l’amida : Gevurot {puissance} qui parle de la puissance de Dieu en tant que guérisseur des maux et ressuscitant les morts. ↳ Comme beaucoup de noms de pouvoirs, on l’écrivait sur des phylactères qu’on portait sur soi. II. Histoire► On en trouve de premières traces dans certains manuscrits où on le figure près du Christ en croix ou encore en graffiti dans la Grotte de Lombrives, au milieu de chrismes, roses et svastikas. ► Son usage était devenu fréquent au XVI où on le retrouve autant dans les grimoires comme dans l’Enchiridion du pseudo Pape Léon III où il est maintes fois utilisé, que dans certains ouvrages de magie comme la Magie sainte révélée à Moïse attribué au Comte de Saint-Germain où il est mentionné 🗎⮵ ou bien encore dans des ouvrages alchimiques comme la Cabala {Cabale} de Michelspacher où on le voit sous sa forme monogrammatique 🗎⮵. III. Interprétations ésotériques► Sa valeur est de 35, la même que les principes de rigueur et de miséricorde qui se tiennent des deux cotés de l’arbre séphirotique. Si les chrétiens y ont vu l’affirmation de la royauté du Christ, les qabalistes y voient plutôt la royauté du messie selon la tradition hébraïque.
► Considéré comme un second tétragramme(2), il eut une utilisation prolongée au XIX et XX par le biais de la Golden Dawn et de certaines loges maçonniques. |
Notes |
1.⟴ On relève aussi : Aieth Gadol Leolam Adonai au sens quasiment identique. 2.⟴ Westcott rapporte que pour Mathers le terme signifiait respectivement pour chaque lettre : le premier, la trinité dans l’unité, l’achèvement du grand œuvre et le dernier. |
Renvois |
Amont : Formule magique |
⟴Agnosticisme
[Aagnɔstisism], subst. masc.
Définition |
[Théologie] ► Position postulant l’inaccessibilité de l’absolu à l’être Humain. [Philosophie] ► Doctrine prétendant inaccessible toute réalité dépassant les apparences sensibles et donc l’inanité de tout système métaphysique. |
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Étymologie |
■ Grc. : pfx.prv ἀ- + γιγνώσκω (ginosko) {Je sais, je détermine, j’apprends} |
Commentaires |
I. Histoire► À l’époque moderne et dans le sens commun, le terme(1) s’est éloigné de son aspect doctrinal pour ne signifier qu’une posture hésitante qui se refuse à prendre parti vis à vis de l’existence de Dieu. La popularisation de cette posture prend son origine dans la Critique de la raison pure où Kant affirme que la raison n’est pas plus en position de nier que de confirmer Dieu. En ce sens, l’agnosticisme n’est pas incompatible avec le théisme, l’athéisme ou des formes intermédiaires plus élaborées puisque en effet, "l’inconnaissable" ne saurait être confondu avec "l’impossible" ou bien "l’inconcevable", confusion qui entraînerait évidemment des conclusions hâtives. Cette position vis à vis du rapport entre la raison et Dieu, s’oppose à celle de la théologie chrétienne qui, sans affirmer que l’essence de Dieu puisse être connue, affirme cependant la possibilité de prendre connaissance de son existence par le biais de la raison. ➧ En religion, le fidéisme postule l’inaccessibilité de l’absolu à la raison Humaine seulement. II. Critique◆ Une argumentation critique envers la position agnostique pourrait amorcer l’axe suivant : dérivé du panthéisme, l’agnosticisme, par trop positiviste dans l’esprit et sensualiste dans l’émotion affirme(2) que dans la substance toute détermination est une négation car Dieu échappe au genre et la différence puisqu’il transcende les catégories. Hors, cette partialité écartant l’outil analogique mène à confondre les notions d’absolu et d’indéterminé et donc, à l’instar du stoïcisme, ce qui est divin et ce qui est universel. Elle offre par là même soit une vision sophistique d’une supériorité spirituelle soit un relativisme acédique. 𝕍 De Coelesti Hierarchia {De la Hiérarchie céleste} du Pseudo-Denys. |
Notes |
1.⟴ Forgé par Thomas Huxley en 1869. 2.⟴ Logiquement selon son point de vu, par ailleurs valable dans un cadre scientiste. |
Renvois |
↪ Connexe : Fidéisme, Apathéisme |
⟴Aiguillette (Nouement des)
[eɡɥijɛt], subst. fém.
Définition |
[Occultisme] ► Ligature frappant si durement l’imagination de deux personnes, qu’il élève entre eux une antipathie d’une telle sévérité qu’elle provoque des accidents divers, en particulier le fait qu’ils ne puissent avoir de rapports intimes. |
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Commentaires |
I. Description► Loin de la suspension des puissances de Bossuet, la résultante de ce maléfice ligaturant consiste en ce que la relation entre les concernés, leur sexualité même - surtout celle de l’homme qui est le plus souvent visée -, est comme nouée. On neutraliserait ainsi la force vitale l’envoûté tant qu’il ignorerait le canal d’expression dudit envoûtement. ↳ Outre l’emploi d’aiguilles dans le charme ou encore celui d’un lacet avec lequel on faisait des nœuds à des moments clefs, le mot aiguillette est un symbole pour la virilité puisqu’il désigne le lacet dont on se servait comme braguette(1). La nouer c’est donc rendre impuissant ou infertile(2). ► Du reste, l’envoûtement en lui-même passe globalement par des nœuds et entortillements du corps ou d’objets, des inscriptions à apposer sur des bandelettes que l’on attache. Pour des raisons analogiques évidentes, le loup ou plutôt sa queue est un ingrédient qui revient souvent. II. Histoire► Cette malédiction fut très employée au moyen-âge et plus tard au XVI pour semer la discorde dans un couple nouvellement marié(3). Il existe de nombreux moyens de nouer le charme et de le dénouer. Il peut tant concerner le couple que la virilité même de l’homme ou rendre frigide la femme, durer transitoirement ou définitivement. ► Le démonographe Pierre de Lancre (Incrédulité et mescréance du sortilège plainement convaincu) faisait remarquer que l’envoûtement était si commun à son époque qu’il inspirait la peur à ses contemporains qui se résolvaient à se marier en secret pour plus de sûreté. Le cardinal d’Évreux, Jacques Davy du Perron, allât même jusqu’à insérer des prières dans le rituel de son diocèse pour lutter contre ce charme qui était d’ailleurs puni sévèrement. III. Contres-envoûtements► Jean Bodin dans sa De la Démonomanie des sorciers évoque quant à lui plus de cinquante moyens pour ensorceler par ce levier et autant pour s’en protéger et le Petit Albert reprenant le De Animalibus d’Albert le Grand, n’est pas non plus avare de recettes. Pour s’en préserver, on conseillait par exemple : ● De porter des dents de morts, ● D’uriner dans la serrure de la porte de l’église où l’on s’est marié (ou dans l’alliance avant le mariage), ● Selon Pline, enduire les poignées de la chambre nuptiale de graisse de loup préserve à coup sur, ● L’on pouvait également manger du pivert rôti avec du sel béni afin sans doute d’accentuer les effets de Mars, ● Avoir une bague que l’on aura enchâssé de l’œil droit d’une belette, ● Prononcer ● Si on suit Paracelse (De Coelesti medicina) écrire "Avigazirtor" (on trouve aussi "Aigazirtvor") sur du parchemin vierge avant le lever du soleil, ● Si on en était atteint, utiliser l’alchémille commune comme onguent restait une option raisonnable selon Apulée. IV. Mécanismes► L’opération originelle qui est connue depuis l’antiquité(4), déjà mentionnée par Platon (Lois), Apulée (Métamorphoses), Ovide (Fastes et Amours) et Virgile (Bucoliques) et par ailleurs également pratiquée dans différentes ères culturelles comme en scandinavie où le Seiðr est associé aux Nornes. Du fait de leur fort impact sur l’imagination populaire, le lecteur pensera immanquablement, à la lecture des descriptions qui suivent, aux ouangas du vaudou haïtien et louisianais. ↳ Sa bonne marche consiste en des incantations et en l’utilisation d’un témoin en bois, en chiffon ou en cire symbolisant le sexe de la victime ou la victime elle-même. Cette poupée (dagyde) symbolique est meilleure s’il elle mêlée ou accompagné de témoins physiologiques de la victime comme le sang, les cheveux ou les ongles et de témoins identificatoires comme le nom écrit sur un papier ou un dessin de la personne (remplacé par une photographie dans les temps modernes). ↳ On fait subir à ce même témoin divers sévices : des brûlures peuvent la marquer, des cordages que l’on consacre à Vénus l’enserrer en même temps qu’on récite les formules. Un clou de cercueil peut y être planté ou une aiguille le transpercer, aiguille qui est considérée comme meilleure si elle est aimantée ou ayant servi à coudre un linceul. Le fait est que tout objet pointu et au mieux en fer est le plus efficace. ► Les magnétiseurs affirment que le charme ligature un processus de l’élémental physique par l’intermédiaire du corps astral comme le montrent les transferts de sensibilité mis en valeur dans les phénomènes d’extériorisation. |
Notes |
1.⟴ Des nœuds pouvaient aussi être appliqués au cordon reliant le haut-de-chausses au pourpoint et qui porte le même nom. Par la suite, on a pu utiliser n’importe quelle corde, ficelle ou ruban. 2.⟴ Dans sa forme la moins élaborée, si le nœud était défait, la malédiction était levée. 3.⟴ On préconise de faire le nœud quand le couple passe l’entrée de l’église pour aller vers l’autel. 4.⟴ Mozzani indique même que Ahmôsis II en aurait été victime ; nous ne connaissons pas sa source. |
Renvois |
↪ Connexe : |
⟴Aiôn (Aïon, Éon)
[aiɔ̃], subst. masc.
Définition |
[Ontologie] ► Nom commun. Force vitale d’un être ou d’un objet. ► Dans un sens plus général du sens étendu qui précède, désigne également une entité temporelle (ère, âge, génération) ou spatiale (cosmos, monde) considéré comme une, finie et cyclique et par conséquent éternelle ou infinie selon le cas. [Cosmologie] ► En tant que nom propre ("l’Éternel"), désigne la qualité d’éternité en tant qu’attribut divin, son principe de vie. ► En tant que nom commun, désigne une(1) ou un ensemble(2) de puissances intermédiaires, quoique éternelles du point de vue humain, qui sont émanées de l’Un. En tant qu’hypostase de Dieu et âme du monde, leur fonction est de maintenir l’ordre cosmique, de distribuer la force vitale (parts ou lots de vie) et finalement, de rendre possible son action sur la création, en un mot d’animer le cosmos en lui donnant une âme. ↪ Dans le gnosticisme en particulier, les éons, inspirés des hyposthases de Plotin, sont pluriels. Il sont tant impersonnels que personnels, de nature active que inactive et sont diversement symbolisés. Chez Valentin par exemple, qui conçoit ces éons en syzygies, il y a environ trente Éons(1) qui sont autant d’attributs et de noms divins classés hiérarchiquement ; le premier étant le Verbe. [Théologie] ► Personnifié notamment chez Héraclite via l’aphorisme ► La personnification glisse vers un dieu avec les gréco-égyptiens : fils de Koré la Vierge, Épiphane de Salamine signale que sa naissance était fêtée le 6 Janvier. Rénovateur du temps, il périssait chaque année et ressuscitait après le solstice d’hiver. Dans le contexte ptolémaïque il est ainsi rapproché d’Osiris-Dionysos. Usuellement représenté comme un Homme dans un zodiaque. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂eyu- {énergie vitale, éternité} ↳ Grc. : αἰών {temps, moelle}
↳ Lat. : aevum {temps, durée, époque} |
Commentaires |
I. Histoire► Le sens ontologique est introduit par Platon dans le Timée : ◆ On a voulu faire remonter ou du moins signaler une parenté entre la notion cosmologique d’Aiôn et le Zurvan Akarana iranien, ce que semble confirmer des entités du monde romain d’origine orientale avec lesquels on a fait correspondre le principe d’Aion tels Mithra, Agathodémon ou encore Sérapis. II. Adaptations et concepts proches◆ Dans le contexte thélémite, le mot "aeon" se réfère à des archétypes magico-religieux correspondant à des périodes de l’humanité(4). ◆ À rapprocher de aevum ou saeculum du monde latin, עוֹלָם (olam) {monde} hébreu et du कल्प (kalpa) {création} hindou. Dans un contexte plus ésotérique, on a rapproché le concept de celui des sephiroths. ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Temps et mythe chez Plotin in Revue Philosophique de Louvain (S°44, T°101, N°2, pp. 265-281), Joachim Lacrosse, 2003. ☩ 𝕍 Théologies et mystiques de la Grèce hellénistique et de la fin de l’antiquité in Annuaires de l’École pratique des hautes études (T°97, pp. 284-292), Philippe Hoffmann, 1988. |
Notes |
1.⟴ Néoplatonisme. 2.⟴ Christianisme, gnosticisme et Papyri Graecae Magicae où il sert aussi à désigner l’absolu. 3.⟴ Le chiffre exact est sujet à interprétations. 4.⟴ L’aeon dit d’Isis, est suivi par celui d’Osiris puis celui, actuel, d’Horus. |
Renvois |
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⟴Aischrologie
[aiʃʁoloʒi], subst. Masc.
Définition |
[Psychologie] ► Langage grossier utilisé dans un but initiatique, à des fins conjuratoires, cathartique ou extatique. |
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Étymologie |
■ Grc. : αἰσχρός (aichros) {Honteux, abject, laid}. |
Commentaires |
I. Exemples► Par exemple, dans les festivals de Dionysos, Artémis ou Déméter, ce sont les discours et attitudes grossières voire obscènes pratiquées à des fins purificatoires. Ainsi les femmes peuvent insulter les maris et les esclaves leurs maîtres. Les saturnales, ainsi que la fête des fous (et sa messe de l’âne) et les charivaris moyenâgeux en général en sont les continuateurs. Les géphyrismes du pont des initiés d’Eleusis, la होली (Holi) hindoue ou la parenté à plaisanterie de l’ouest africain en sont d’autres exemples. II. Signification► Il s’agit dans tous les cas : ● D’évacuer et de neutraliser des tensions au niveau interne ou social afin de libérer une communauté, ● De ne pas souiller un lieu sacré par de mauvaises pensées, ● Ainsi que de célébrer le renouveau d’une vitalité renouvelée, qui se veut insouciante, exubérante et quelque peu chaotique. |
Renvois |
↪ Connexe : Holi, Géphyrismes du pont, Parenté à plaisanterie |
⟴Alambic
[alɑ̃bik], subst. Masc.
Définition |
► Appareil employé pour les distillations composé de trois partie : ● Une cucurbite destinée à recevoir la matière et que l’on fait chauffer, ● Un chapiteau qui se destine à conduire les vapeurs vers la troisième partie, ● Le serpentin dont l’emploi est de liquéfier les vapeurs par condensation. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἄμβιξ (ambix) {vase, coupe}. ↳ Arb. : الأنبيق (al-anbik)
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Commentaires |
I. Description► Fort présent dans l’iconographie alchimique, cet appareil probablement mis au point par des parfumeurs, varie par les tailles et les formes en fonction de la matière qu’on se destine à distiller. ↳ On en trouve par exemple des aveugles, c’est à dire lutés et des à bec, pourvus d’une sortie par laquelle on recueille les distillats. ↳ D’autres encore possédaient deux échappatoires afin de pratiquer la cohobation. ↳ En outre, l’appareil fut décoré à ses embouchures par plusieurs têtes d’animaux en fonction de la substance qui s’en échappait. ↳ Il fut encore désigné par divers noms évoquant sa forme générale ou certaines de ses parties, le sobriquet plus connu étant "pélican". ► Dioscoride (De Materia medica) est le premier auteur à le décrire : afin d’obtenir du mercure, il fait calciner le cinabre dans une écuelle en fer qu’il logeait dans un vase faisant office de cucurbite qu’il lutait avec de la terre glaise. ↳ Le système est amélioré par les alchimistes grecs : une gouttière et un tuyau de décharge sont ajoutés au chapiteau, Marie la Juive invente le réchauffement au bain-marie. ► En fonction de la technique qu’on emploie, on utilise différent matériaux pour le fabriquer. On voit des alambics figurés chez Cléopâtre, Zosime puis chez pseudo-Geber, ce serait par l’intermédiaire d’un voyage en Égypte que saint Patrick aurait ramené l’alambic en Irlande, avec le succès qu’on lui connaît. Néanmoins, l’archéologie en fait remonter de fort primitifs datés du -XXX et trouvés à Tepe Gawra en Mésopotamie et à Mohenjo-Daro dans la vallée de l’Indus. II. Homonymie► Ambix (The Journal of the society for the study of Alchemy and Ealy Chemistry) est le nom d’une revue universitaire trimestrielle anglaise, spécialisée dans l’étude historique des documents alchimiques. Première en son genre, elle commence sa publication en mai 1937, publication qui se poursuit aujourd’hui. |
Renvois |
↪ Amont : Matériel alchimique |
⟴Albigeois / Catharisme
[albiʒwa] / [kataʀism], adj. et subst. / subst. masc.
Définition |
[Religion] ► Hérésie chrétienne manichéenne et ascétique du moyen-âge central qui s’est développée dans l’Europe du sud et qui fut violemment réprimée par l’Église. |
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Étymologie |
■ Cathare : Grc. : καθαρός (Catharos) {pur}. |
Commentaires |
I. Histoire► Le nom d’albigeois est celui sous lequel leurs détracteurs désignent souvent les cathares du Languedoc et de Provence. Ils sont présents au XII à Toulouse où ils étaient les plus nombreux et en Avignon. C’est surtout par la ville d’Albi qu’ils finissent par se faire connaître (ils y étaient présents à environ 10-15%) avant d’être combattus par les missionnaires puis exterminés par croisade dès 1209 en raison des problèmes politiques, sociaux et théologiques que leur doctrine propageait. ↳ En Europe, le mouvement cathare n’est pas tout à fait uniforme puisque la conception dualiste est plus ou moins marquée selon les branches. Néanmoins, la branche mitigée est peu représentée et uniquement dans la Plaine du Pô, alors qu’en France et dans le reste de l’Europe, il s’agit d’un dualisme absolu. Leurs conceptions sont proches par certains aspects de leur voisins géographiques les vaudois et on peut convenir que par d’autres aspects, ils préfigurent le protestantisme (ces deux derniers mouvements ne sont pas dualistes).
↳ Le refus de la réforme grégorienne et les difficultés que subissait l’église catholique à cette époque ainsi que l’implantation du mouvement dans la bourgeoisie occitane sont des facteurs déterminants de l’expansion de cette hérésie.
II. Description► Ces néo-manichéens, héritiers du gnosticisme, du priscillianisme, du paulicianisme, du marcionisme et du bogomilisme, admettaient deux principes éternels et opposés : l’esprit et la matière. Les âmes prisonnières de la matière par l’intermédiaire de la force vitale considérée comme maléfique sont punies pour leurs péchés commis lors de la révolte luciférienne. Elles subissent des cycles de métempsychose jusqu’à leur rédemption finale et leur retour à l’état angélique. Lucifer, par la force ou la tentation est ainsi parvenu à arracher un tiers des anges du ciel afin de s’offrir un simulacre d’existence puisqu’il en est fondamentalement dépourvu au contraire du principe bénéfique. Suivant cette logique, Jésus et Marie, ne disposant pas de partie matérielle, sont également considérés comme des anges. ► Attachés à l’église primitive et opposés à l’herméneutique du catholicisme qu’ils jugent trop littéral, ils rejettent également l’Ancien testament qu’ils estiment être l’œuvre du principe mauvais. En conséquence de tout cela, ils nient l’enfer, le purgatoire, la résurrection de la chaire et les sacrements. Ils s’abstiennent également des notions de propriété privée ou de gloire, évitent la violence, sont contre toute organisation ecclésiastique, n’ont pas d’églises, sont iconoclastes mais aussi évangéliques. ► Ils distinguent deux types de cathares : les parfaits et les simples croyants. Les premiers qui recevaient avant l’aube de leur mort, le consolamentum, baptême du Saint-Esprit transmis par les mains. Ils appliquaient plus durement la morale cathare : ils ne se mariaient pas et ne consommaient pas de viande, d’œufs ou de lait. Certains poussaient l’ascétisme jusqu’à l’endura où ils passaient plusieurs jours sans se nourrir et certains mêmes jusqu’à la mort. Le pardon des péchés ne s’obtient qu’en entrant dans l’église cathare, seule dépositaire de l’héritage des apôtres et par l’intermédiaire de bénédictions. III. Désignations► Bien que le terme "albigeois" ait fini par s’imposer, on les nommait différemment selon la région : manichéens, ariens, pauliciens ou "bulgares" du fait que leur doctrine était proche du manichéisme, de l’arianisme, du paulicianisme et du bogomilisme. On les nommait encore "tisserands", car beaucoup exerçait cette profession et bien sûr "cathares", en référence à leur prétentions doctrinales mais aussi simplement "hérétiques" car ils en véhiculèrent l’archétype. D’autres termes dérivés des précédents furent déformés localement. Eux-mêmes s’appelaient "bons chrétiens". |
Renvois |
↪ Connexe : Bogomilisme, Marcionisme, Paulicianisme, Priscillianisme |
⟴Alcali
[alkali], subst. masc.
Définition |
► Sel ou corps ayant une action liante et basique, opposée à celle de l’acide. Désigne l’argent philosophique, le sel des sages, le magistère au blanc ou terre feuillée. |
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Étymologie |
■ Arb. : article اَل (al) {La / Puissance éminente} + قلي (Kali) {cendre de salsola : soude} |
Commentaires |
I. Description► Potasse obtenue grâce aux cendres dissoutes de végétaux riches en potassium comme le chêne, la fougère ou le roseau. Il était utilisé par les égyptiens qui le nommait borith et les chaldéens alembroth afin de purifier l’or et l’argent, pour les fusionner en electrum ou pour blanchir les végétaux. La substance devenait en effet caustique à partir d’une certaine concentration. II. Symbolique► Son symbole alchimique est la Croix de Saint-Antoine, utilisée par les franciscains. Un autre de ses symboles, le "rectangle crucigère inversé pénétré" le rapproche de celui du tartre, le "rectangle crucigère inversé". III. Utilisations► Son intervention est active dans l’œuvre au blanc où son action ouvre l’œuf philosophal. ► On l’utilise conjointement à la graisse animale et à l’eau pour fabriquer du savon. Sous forme volatile il s’agit de l’ammoniaque. |
Renvois |
↪ Amont : Sel, Substance alchimique |
⟴Alkahest (Alcaest, Alkaest)
[alkaɛst], subst. masc.
Définition |
► Chez Paracelse (De Viribus membrorum) qui est le premier à évoquer ce terme qu’il n’utilise qu’une fois, il s’agit d’une liqueur pénétrante ayant pour vertu de protéger le foie et de le remplacer dans ses fonctions. Il serait un feu secret contenu en puissance dans le chêne en putréfaction, l’acacia, la fougère. ► Chez Van Helmont (Ortus medicinae) qui lui offrira sa définition définitive, c’est le dissolvant universel, eau de feu confiée seulement aux élus de Dieu. Le concept, très influant dans l’alchimie du XVII – XVIII, passe pour un de ses plus grands accomplissements et cette eau-feu qui ne mouille pas les mains, tient un rôle fondamental dans la pratique de l’art royal. |
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Étymologie |
■ ℙ de l’Arb. : اَلقلي (Alcali፧) {cendre de salsola : soude} ■ Ois. & H.All. : Allgeist {Tout esprit} (Eyrénée Philalète) ■ Ois. & Lat. : alkali est (Johann Glauber) ■ Ois. & H.All. & H.Hol. : Al gar heis ou Al zu hees sonne comme altho-haes {très chaud} (Johann Glauber) |
Commentaires |
I. Description► Esprit salin, on lui prête entre autres propriétés de ramener à leur première vie et vertus tous les corps de la nature en les liquéfiant par un pouvoir destructif et résolutif et donc de potentiellement ressusciter les morts en rongeant toute corruption par l’action de microstructures pénétrantes et séparatives. En outre, il peut convertir le poison en médecine. ► Ce dissolvant, par ailleurs inaltéré en quantité et toujours vierge en qualité malgré son action, diffère du mercure des philosophe dont il est une préparation : il ne se mêle pas à ce qu’il dissout, son action dissolutive est sans corrosion, universelle. Comme l’a raillé Jean Kunckel, il ne pourrait en conséquence être contenu puisqu’il attaquerait son récipient même. ► Par extension réductive, il désigne les acides forts ou leurs mélanges, comme l’eau régale, en voie sèche il désigne le salpêtre. II. Indications d’alchimistes► Philalète dans son Secret de la Liqueur immortelle indique que l’alkaest est ► Dans son Alkaest, Jean Le Pelletier interprétera les travaux d’Helmont (en se servant de Philalète ?) de façon à ce que l’urine soit la matière première à la base du dissolvant. ☩ Documentation pertinente☩ Pour de plus amples développements historiques, 𝕍 L’Alkahest, dissolvant universel de Bernard Joly et The Medical Relevance of the Liquor alkahest de Paulo Porto. |
Renvois |
↪ Connexe : Azoth |
⟴Allégorie
[alegɔʁi], subst. fém.
Définition |
[Théologie] ► Figure de style agissant par substitution sémantique et s’exprimant par la description ou le récit. Elle consiste à utiliser un ensemble cohérent de métaphores afin de signifier au sens imagé et figuré une idée abstraite alors contenue dans le sens littéral. La réification et la personnification sont alors des méthodes courantes. ↳ Lorsque l’allégorie est un récit et vise une portée morale, elle devient un apologue qui conditionnée par les impératifs pratiques qu’elle s’impose, narre des interactions projetées dans le temps comme des évènements du quotidien. S’il s’y ajoute un sens pédagogique, elle devient alors la parabole. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀλληγορία (allêgoría) {parler de manière détournée, devant une assemblée} ↳ Lat. : allegoria
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Commentaires |
I. Procédé► En herméneutique, considérer le sens allégorique des mythes, légendes et contes, mais aussi des œuvres d’art (littéraires, graphiques et rituéliques) est une méthode afin d’en décrypter un sens plus profond. ↳ L’École théologique d’Alexandrie lisait la Bible dans un sens presque entièrement allégorique, Jean Cassien systématisera cette méthode en l’intégrant parmi les trois autres sens de l’écriture : littéral, tropologique et anagogique. Inversement, dans son sens strict, ce procédé rhétorique était en usage afin d’adoucir les paroles que l’on prononce en public, éclairant par là son étymologie. ↳ Certaines écoles orientales préconisent de voir la vie elle-même et les évènements qui la composent comme une allégorie, comme des apparences recouvrant un sens et une réalité plus profonde. II. Histoire► Le procédé est en usage depuis fort longtemps : on le retrouve des fables d’Ésope à l’interprétation que Xénophane fait du corpus homérique, des mises en gardes du Talmud à propos des dorshé hamourot {interprètes de passages difficiles} et des dorshé reshumot {interprètes de passages occultés} qui se sont abîmés dans l’interprétation du מעשה מרכבה (Maassé Merkavah) {L’Œuvre du Char} et du מעשה בראשית (Maassé Berechit) {L’Œuvre du commencement} jusqu’aux allégories de Maïmonide (Guide des Égarés) et aux pardès(1) kabbalistique. ↳ C’est avec Origène et Philon que le monde chrétien s’y initie : les célèbres paraboles du Christ, le Cantique des cantiques ainsi que son usage dans la typologie biblique en sont les trois exemples les plus importants. ↳ Le luthérianisme rejettera l’interprétation symbolique au profit de la lecture littérale afin de sortir du giron de l’Église mais cette démarche aura par la suite l’effet inverse puisque le protestantisme sera prolixe en interprétations spirituelles à l’époque baroque tant il enfantera d’obédiences. ► Goethe (Maximes et Réflexions) formalisa sa différence avec le symbole, en mettant en exergue le fait que le symbole va de l’image à l’idée et procède par synthétisation, alors que l’allégorie va de l’idée à l’image en procédant par développement, il s’ensuit que le symbole est bien plus polysémique que ne l’est l’allégorie. |
Notes |
1.⟴ Quatre niveaux d’interprétation de la Torah : littéral, allusif, figuré et secret. |
Renvois |
↪ Connexe : Allusion, Aphorisme, Herméneutique, Exégèse |
⟴Alléluia (Hallelujah)
[aleluya], interjection et subst. masc.
Définition |
[Religion] ► Mot hébreu signifiant "Gloire à Dieu", louange permettant d’exprimer l’allégresse, particulièrement au début ou à la fin d’un psaume ou d’un hymne. |
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Étymologie |
■ Heb. : הללו (halelou) {louez} + יה (Yah) {Abréviation de "Jéhovah"} |
Commentaires |
I. Description► Utilisé dans les prières du Hallel par le judaïsme, il est surtout vocalisé lors des liturgies pascales dans le christianisme(1). ↳ Il y désigne par extension un chant liturgique qui débute sa formation au IV – VI et qui est depuis la réforme grégorienne, chanté durant la messe et avant la lecture de l’Évangile. II. Folklore► Plancy rapport les faits suivants : ● On disait qu’on faisait pleurer la sainte Vierge si on chantait l’alléluia pendant le carême. ● À Chartres, le matin du septuagésime et lorsqu’on cessait le chant, des enfants de cœur jetaient au milieu de l’église des toupies personnifiant l’Alleluia. Ils les expulsaient jusqu’au parvis avec un fouet, d’où le nom de ce rituel : "l’Alleluia fouetté". ● Le "trèfle de l’alleluia", l’oxalis petite oseille, est une plante des sous-bois qui donne une petite fleur blanche étoilée à l’époque de Pâques. Son symbolisme d’innocence la fait passer pour efficace contre toute forme d’ensorcellement. |
Notes |
1.⟴ Reproche que leur firent les orthodoxes à partir du schisme du XI. |
Renvois |
↪ Connexe : Amen |
⟴Aludel (alutel, aluthel)
[alydɛl], subst. masc.
Définition |
► Désigne en alchimie le récipient philosophique généralement de terre cuite (parfois en verre), servant à accomplir le grand œuvre par coction de l’œuf philosophique. Il est employé pour la sublimation des minéraux et en particulier du soufre. |
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Étymologie |
■ Arb. : الأثال (al-ʾuṯāl) {Vaisseau de sublimation}. ■ Grc. : (d’origine) αἰθάλίον (aithalion) {Cramoisi}. |
Commentaires |
I. Utilisation► Selon le degré de subtilité de la sublimation que l’on veut opérer, on empile les vaisseaux les uns sur les autres, de taille de plus en plus petite. En plus de les relier en ouvrant leur fond et leur sommet, on peut également les connecter par des tuyaux latéraux. Les aludels sont certes reliés entre eux, mais le tout est luté, c’est à dire hermétique, afin de fixer le mercure : le premier contient la matière à sublimer et est disposé sur un fourneau et le dernier qui est un chapiteau aveugle (on ferme le bec), récolte les fleurs (les précipitations condensées, fruit de l’expérience). Le principe est le même que celui de la colonne de distillation mais s’exécute par étapes. II. Figurations► On en trouve de bons exemples dans la Somme de la perfection du Magistère de Geber et Le Ciel des Philosophes de Philipp Ulstad 🗎⮵. |
Renvois |
↪ Connexe : Dantian, œuf philosophal, vase hermétique, vase philosophique ↪ Amont : Appareils alchimiques |
⟴Altérité / Identité
[alteʁite] / [idɑ̃tite], subst. fém.
Définition |
[Philosophie] ► Caractères de ce qui est distinct ou semblable, relativement à un point de repère ontologique. Appliquées à l’être même, elles signifient la variabilité et la stabilité. La paire conceptuelle est largement utilisée : théologie, philosophie et psychologie. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἄλλος (allos) {autre}. ↳ Lat. : alteritas {différence, diversité}.
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Commentaires |
I. Théologie► En théologie, elle met en rapport les grandes dualités, ce qui les sépare et les relie et permet ainsi de tenter d’élucider leur mystère. Par exemple, l’homme et la femme, l’Homme et la création, l’Homme et Dieu ou bien la place du Christ ainsi que les rapports qu’entretient la Trinité avec elle-même dans l’arianisme : identique dans son οὐσία (ousia) {essence}, différente dans ses ὑπόστασις (hypostasis) {hypostase} (𝕍 à ce sujet Maxime le Confesseur). II. Philosophie► En philosophie, elles font parti des genres suprêmes évoqués par Platon dans Le Sophiste et qui sont identifiés communément comme étant l’être, le mouvement et le repos, le même et l’autre. Hegel soulignera le fait que dans la mesure où aucun objet est universel, le point de repère qu’est l’être est une affirmation tandis que l’autre une négation. Néanmoins la détermination de l’être étant amenée à changer, il tend ainsi continuellement par son affirmation renouvelée vers cette négation de l’ancien lui-même. III. Psychologie► En psychologie, la distinction entre identité et altérité à lieu durant l’enfance lorsque le sujet entre en relation avec des objets extérieurs et en particulier ses parents desquels il tire par le biais de l’identification, les matériaux lui permettant de former les fonctions de sa personnalité. ↳ Lorsque cette dissolution primaire s’opère de manière incorrecte notamment par une intégration erronée des archétypes, le sujet poursuit un rapport anaclitique avec les objets extérieurs afin de soutenir son égo défaillant. |
Renvois |
↪ Amont : Être |
⟴Amalgame [Alliage]
[amalgam], subst. masc.
Définition |
► Fusion du mercure avec un autre métal puis par abus, alliage de deux différents métaux. |
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Étymologie |
■ ? Grc. : μάλαγμα (malagma) {émollient} ↳ Arb. : عمل (amal) {faire} + جامع (gama) {copulation}
↳ Lat. : amalgama |
Commentaires |
I. Description► À l’instar des larcins du dieu tutélaire des voleurs, l’or est aisément amalgamé par le mercure, au contraire du fer, qui ne peut l’être. La fusibilité du mercure étant bien plus basse, il est aisé de distiller cet amalgame ce qui permet d’extraire le précieux métal, d’en ouvrir l’accès comme le ferait une clef et symboliquement, le ressusciter d’une mort apparente grâce à l’action mercurielle. La densité du mercure ainsi que son aspect brillant, incitait les souffleurs à penser que si l’on pouvait lui adjoindre du soufre, il deviendrait solide et serait de l’or alchimique, inaltérable. |
Renvois |
↪ Connexe : Rebis |
⟴Amen
[ɑmɛn], interjection et subst. masc.
Définition |
[Religion (Abrahamisme)] ► Mot d’origine hébraïque adopté par la liturgie chrétienne et musulmane et utilisé comme conclusion (ou plus rarement introduction) à une homélie ou une prière. |
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Étymologie |
■ Heb. : אָמֵן (ʾāmēn) {vraiment, assurément, crédible}. ↳ Grc. : Ἀμήν (amen) {idem}.
↳ Lat. : Amen {ainsi soit-il} et arb. آمين (amin) {idem}. |
Commentaires |
I. Occurrences► Le mot en hébreu biblique est attesté notablement dans le Deutéronome (27:15-26) ou les Psaumes (41:13, 72:19, 89:52) et était principalement utilisé comme formule d’assentiment à un propos (prière ou souhait, bénédiction ou malédiction). ► Le mot est notablement positionné en début de phrase dans les dits de Jésus : ἀμὴν ἀμὴν λέγω ὑμῖν (amên amên legô humin) {amen amen je vous le dis} et ce afin de mettre l’emphase sur ses propos ; le plus grand nombre d’occurrences est chez Jean. II. Histoire► Le mot latin, attesté depuis Tertullien (De Spectacularis, 25 : ↳ En outre les rabbins (Talmud, Shabbat) en ont fait l’acrostiche de אל מלך נאמן (El melekh ne’eman) {Dieu en qui l’on place sa confiance} dont la traduction latine est Dominus Rex Fidelis. Il signifie communément "que la volonté du père soit faite", plus simplement "ainsi soit-il, conformément à ce qui a été dit" ou "en vérité". III. Significations► En terme de sens, c’est d’une part l’adhésion de la création à la volonté du Père, d’autre part la soumission du fidèle à la volonté de ce dernier. Mais aussi l’association à la prière précédemment prononcée, soit par un tiers mais aussi par soi-même.
↳ Cette signature verbale assure la conformité des paroles ainsi que l’adhésion volontaire et consciente de celui qui les prononce ou les entends. Amen peut alors être compris comme "Dieu m’a entendu et bénit cette prière, qui est parole de vérité, j’ai donc foi en sa réalité". Francis Warrain (Théodicée de la Kabbale) ajoute que kabbalistiquement, on peut voir que l’א signifie le puits profond d’où jaillissent les bénédictions, le ם, le double principe mâle et femelle ou l’universel et le ן, les bénédictions qui se répandent en tous sens. IV. Rapprochements► On a également voulu faire un rapprochement avec le Dieu égyptien Amon et le aum sanskrit. ↳ En effet, Blavatsky (Glossaire Théosophique) citant Manéthon de Sebennytos et Hécatée de Milet fait remarquer que "amen" signifie "le dissimulé". Les prêtres égyptiens de l’antiquité auraient invoqué Amon ou du moins remis leurs prières grâce à ce mot. ↳ L’homophonie est néanmoins attestée par les hiéroglyphes de la Pyramide d’Ounas(1), se retranscrit imnn (𝕍 ci-contre) et se prononce amn ou imn. 𓇋 𓏠 𓈖 ↳ Quoi qu’il en soit le rapprochement entre les trois termes, tout légitime et séduisant qu’il soit au niveau conceptuel (invocation au transcendant), ne repose que sur peu d’éléments factuels. |
Notes |
1.⟴ Tutankhamen, amenism, atenism and egyptian monotheism, Ernest Budge pour une trad. fra. 𝕍 Les Textes des Pyramides égyptiennes, Louis Speleers. |
Renvois |
↪ Connexe : Alléluia |
⟴Amor fati
[Amɔʁ fati], locution
Définition |
[Philosophie] ► litt. "amour du destin" : attitude stoïcienne consistant à considérer comme nécessaire ou mieux, désirable, les vicissitudes et évènements de l’existence par le biais de l’exercice de l’attention menant à la connaissance et à l’amour de soi. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *am- {prendre, mère} + *bʰeh₂ {briller}. |
Commentaires |
I. Description► Tels qu’il fut développés par Épictète et Marc Aurèle, il s’agit de l’acceptation d’une part des choix et de leurs conséquences et d’autre part des évènements qui échappent au contrôle de l’Homme. Cette attitude permet de percevoir le réel tel qu’il est vraiment. ↳ On en tire ainsi le meilleur parti, que ce soit en terme d’évolution intérieure que de contrôle sur les évènements, notamment par l’intégration de la souffrance et de l’impermanence. ↳ En conséquence, il est selon cette position, désirable de vivre le moment présent sans se préoccuper du passé ni surtout de l’avenir, source de passions. II. Chez Nietzsche► Dans l’articulation nietzschéenne (Ainsi parlait Zarathoustra) dont la dynamique fondamentale est différente mais les conclusions semblables, il s’agit de la principale manifestation pratique de la wille zur macht {volonté de puissance}. Il s’agit de l’affirmation de l’identification du psychisme avec l’essence de l’übermensch {surhumain}. Les contingences et nécessités de l’existence, toutes empruntes d’un éternel retour qu’elles puissent être par certains aspects, ne peuvent alors entamer d’aucune manière et au contraire, réjouissent. |
Renvois |
↪ Connexe : Destin |
⟴Amour
[amuʁ], subst. masc.
Définition |
[Philosophie, Psychologie] ► Affinité physique, émotionnelle et intellectuelle, éternelle et violente, poussant deux êtres distincts et uniques à se vouer une dévotion réciproque au-delà de leur propres limites individuelles. Cette affinité se manifeste par le désir et la volonté de fusion sans jamais que cette dernière ne soit effective et menant ainsi les deux parties à un état de communion transcendante de nature spirituelle. [Cosmogonie, Mysticisme] ► Force fondamentale du cosmos qui intime aux parties disparates le composant, et devenues conscientes, de se réunir à nouveau dans une synthèse dynamique. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *am- {mère, prendre} ↳ Lat. : amō {aimer}
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Commentaires |
I. Importance pour l’occident► La notion est d’une importance déterminante pour la culture occidentale : ↳ Elle est d’abord au cœur du message du Christ : ↳ De même son importance est principielle pour la littérature. Qu’il suffise d’évoquer Apulée, qui, in Métamorphoses (L°IV-VI) narre la célèbre histoire de Psyché et Éros qui, séparés par la curiosité de Psyché, sont finalement réunis pour toujours. II. Les types d’amours chez les anciens grecs► Les anciens grecs (ntm. Platon in Banquet et Aristote in Éthique à Nicomaque) différencient plusieurs amours : ↳ ἀγάπη (agápē) : Amour divin, inconditionnel, universel, sacrificiel, que l’on destine aux principes (La vérité ou l’humanité). Proche de la charité chrétienne. ↳ ἔρως (érōs) : Amour humain, conditionnel, personnel, que l’on destine à une forme spécifique identifiée comme désirable. Amour intime, romantique et passionnel, il peut se matérialiser en désir sexuel ou se transmuter en pulsion métaphysique vers le divin. L’histoire de la sorcellerie abonde en témoignages de filtres d’amour dont l’objet est de déclencher un érōs matérialisé furieux. Inversement, pour le mystique, l’amour est une vis unitiva {force unificatrice} qui vient unir son érōs à l’agápē divin. ↳ φιλία (philía) : Amour amical, dépassionné, tendre, ludique. Affinité entre deux personnes se considérant de dignités égales et qui ne se manifeste pas par intérêt. ↳ στοργή (storgḗ) : Amour familial ou patriotique, par devoir et empathie naturelle. ↳ ξενία (xenía) : Amour de politesse. Hospitalité pour un étranger basé sur la générosité et la réciprocité. ↳ φιλαυτία (philautía) : Amour de soi-même qui peut être égocentrique, égoïste et vaniteux ou vertueux, légitime et rationnel. ► Dans le système cosmogonique d’Empédocle, Amour et Haine sont les deux puissances primordiales issues de sphairos, point d’unité pré-cosmique présidant à la manifestation. De même dans la cosmogonie orphique, Éros est une entité démiurgique hermaphrodite qui naît de l’œuf cosmique enfanté par Éther et Chaos. III. Amour courtois► L’amour courtois, qui apparaît dans le Midi f.XI, est un rapport initiatique(1) aux femmes de la part d’un poète et/ou d’un chevalier. Il est de deux type : fin’amor et amour chevaleresque. ↳ Le premier, est adultère, hostile au mariage et la dame est d’un rang social supérieur. Le plaisir est subtilisé et il y a emploi du trobar clus(2) qui se veut hermétique par l’emploi de rimes rares, de concepts raffinés et d’une métrique complexe. Pour Rougemont (L’Amour et l’occident, 1939), il s’agit d’une expression déguisée du catharisme. ↳ Le second, mis en scène par Chrétien de Troyes, est sans adultère, la dame est d’un même rang, il n’y a pas nécessairement continence sexuelle et les épreuves initiatiques sont indirectes(3). ☩ À partir des travaux de Luigi Valli sur Dante et les Fidèles d’amour(4), le sujet a été notablement abordé par Guénon, Evola et Corbin. |
Notes |
1.⟴ Fidélité, sens du secret, sublimation des désirs matériels. 2.⟴ Marcabru, un des premiers troubadours dont les textes nous soient parvenu est un précurseur. 3.⟴ Quêtes démontrant les vertus du chevalier qu’il dédié à sa dame: honneur, force, courage, bonté… 4.⟴ 𝕍 à ce propos : Les Fidèles d’Amour dans la Vita Nova, in Chroniques Italiennes (Les) (N°1), Isabelle Abrame-Basttesti, 1984. |
Renvois |
↪ Connexe : Sagesse, Puissance |
⟴Anabase / Catabase
[anabaz] / [catabaz], subst. fém.
Définition |
[Mysticisme] ► Mouvement ascensionnel (anabase) ou au contraire descensionnel (catabase) d’une matière intelligente d’un plan d’existence à un autre. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀνά {en haut, en avant} + βασις {marcher, base}. ■ Grc. : κατά {en bas, en arrière} + βασις {marcher, base}. |
Commentaires |
I. Histoire► Les termes appartiennent originellement au vocabulaire technique des mystères. On les trouve dans la mythopoétique et la littérature, où un Homme vivant (un héros) effectue de son plein gré une descente chez les morts(1). ► Les exemples les plus connus et anciens sont ceux dans Gilgamesh, Enkidu et les Enfers (-2000) et dans la Catabase d’Innana (› -1600). Le voyage effectué par Dante in Divine Comédie est sans doute l’épisode littéraire le plus connu en occident décrivant les voyages de ce type. À noter que Jésus descend aux enfers dans l’Évangile de Nicodème et la Pistis Sophia. II. Des termes aux vastes contours► Les termes étant généralistes, ils peuvent concerner un vaste panel de possibilités à plusieurs niveaux : ↳ Tout d’abord ils peuvent intéresser toute partie du psychisme (âme ou esprit) pouvant faire l’objet de ce mouvement. ↳ La méthode employée peut aussi varier puisqu’elle peut être rituelle (ascension d’une montagne ou descente dans une grotte), imaginaire (les visualisations du tantrisme) ou spirituelle (L’Ascension du Prophète). ↳ Son objet peut également varier : il peut être, de manière exclusive ou tout à la fois, initiatique (Énéide, VI), médico-chamanique, magique(2) ou cathartique (Oracles chaldaïques). ↳ Les destinations célestes (cieux, paradis, royaume de Dieu) ou telluriques (intérieur de la Terre, enfers, royaumes des morts) de ce voyage vont évidemment dépendre également du système concerné. ► Notez que si un être remonte des enfers ou redescend du paradis, il effectuera également une anabase ou une catabase, le terme n’étant pas exclusivement lié à un départ dans le plan terrestre : les deux mouvements sont liés puisqu’un Homme qui effectue une descente ou une montrée doit pouvoir revenir de son voyage, i.e. vaincre la mort(3). |
Notes |
1.⟴ Ntm. Héraclès, Dionysos, Ulysse et Orphée, Pythagore aussi (indique Laërce), Énée… 2.⟴ Théurgique ou nécromantique afin d’obtenir une gnose, des savoirs ou des pouvoirs comme in Pimandre : 3.⟴ Ces mouvements étant exécutés naturellement et de façon définitive par le mourant. |
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↪ Connexe : Ascension, Anagogie, Extase |
⟴Anagogie
[anaɡɔʒi], subst. Fém.
Définition |
[Théologie (mystique)] ► Élévation, ascension du psychisme (âme et/ou esprit)) aux choses divines, célestes et éternelles. [Théologie (herméneutique)] ► Recherche du sens spirituel et mystique des textes sacrés (au delà de leur aspect littéral, allégorique ou tropologique). |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀνα (ana) {en haut, en avant} + aγωγή (agôgê) {attraction} = {élévation} ↳ Lat. : anagōgē {sens spirituel/mystique de l’Écriture}
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Commentaires |
I. Sens cultuel► Les anagogies sont également, dans l’antiquité grecque, des fêtes sacrificielles célébrées annuellement à Éryx (Sicile) et commémorant le départ d’Aphrodite pour la Libye. Leur pratique étaient tenues pour faire obtenir une heureuse traversée. Par extension, tout départ d’une divinité d’un lieu vers un autre sont des anagogies (son retour sont des catagogies). |
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↪ Connexe : Anabase, Extase |
⟴Analogie
[analɔʒi], subst. fém.
Définition |
[Ésotérisme] ► Similitude de rapport unissant deux objets d’ordre différents, au regard de l’identité intrinsèque émergeant des relations établies entre ses différentes parties et/ou propriétés. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀναλογία (analogia) {proportion (mathématique) rationnelle, correspondance} ↳ Lat. : analogia {rapport, conformité}
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Commentaires |
I. Description► L’analogie est l’un des axiomes de la magie(1) et par conséquent, la méthode de raisonnement, de langage et de connaissance préférentielle de l’ésotérisme. On la retrouve dans toutes les formes d’ésotérisme quelle que soit l’époque ou le lieu(2). Harmonie préétablie par le divin dans la Création, elle postule l’unité des parties (horizontales et verticales) du tout en ce que les éléments composant lesdites parties se correspondent symboliquement et s’influencent sympathiquement de façon réciproque. ↳ Ex. dans les règnes de la nature, un lien de sympathie unit le Soleil, le lion, l’olivier et l’or car ils tiennent la même fonction dans leurs parties respectives. De même, une analogie universelle existe entre toutes les unités de temps que l’on pourrait constituer car elles se structurent fonctionnellement de la même façon : l’année est comme le mois, le jour ou la vie Humaine. Elles sont en effet toutes composées d’un début printanier, d’une apogée estivale, d’un déclin automnal et d’une fin hivernale. On peut formuler plus simplement et poétiquement : "le nid est la maison de l’oiseau", car le nid endosse la même fonction que la maison pour l’Homme. ↳ L’utilisation de l’analogie inverse est fréquente (et importante) en ésotérisme lorsqu’il s’agit de tisser un lien entre deux réalités distinctes mais connexes sur le plan vertical (cela est du à l’alternance universelle des polarités) : au lieu de mettre en correspondance deux termes symétriques par rapport à leur partie, on met en rapport deux termes opposés (ex. le divin dans l’humain est le squelette et non l’esprit). ► Langage universel de la nature, le raisonnement analogique se distingue de la pensée hypothético-déductive, articulée autour de la démonstration et attachée aux principes d’identité, de non contradiction et de tiers-exclu. Son objet est de saisir l’ordre des choses, leur sens et leur finalité. Elle procède par induction(3) et recherche, par le biais de l’interprétation (et non par celui de la causalité phénoménale), la récurrence structurelle et la répétition des interrelations entre les éléments examinés. Il est notable que, outre l’ésotérisme, cette méthode est également la façon préférentielle de représenter et structurer la réalité chez l’enfant, le fou, le primitif, le poète et le sage. Tout comme la symbolique, au lieu de fermer les significations, la pensée analogique ouvre un réseau de sens par le jeu des assimilations et du mimétisme. Elle agit par unification, observation, stimulation et anticipation, elle stimule simultanément l’intuition analytique et synthétique. II. Utilisation► À partir de l’utilisation de la méthode analogique, l’ésotériste déduit des correspondances entre les différents niveaux de la réalité(4) ainsi que dans les niveaux internes de la réalité elle-même(5). ↳ Ex., en médecine occulte, toute imperfection psychique à sa répercussion dans le corps physique, engendrant des dysfonctions. De même en occultisme, il y a une correspondance de nature analogique entre les forces de l’érotisme et de la libido et celles du mysticisme et de la magie, les forces des unes étant convertible dans celles des autres : le faux mystique dont l’élan psychique ne parvient pas à s’extraire des limites du plan physique voit ses forces sexuelles opérer des boucles néfastes et sa sexualité devenir déviante et de même, l’impuissant sexuel est inapte aux exercices de l’occultisme ne disposant pas de la puissance — de la matière nécessaire — à l’accomplissement de son œuvre. III. En théologie► La notion est également importante en théologie : elle est effectivement introduite dans la réflexion chrétienne par IV. Définition d’Euclide◆ Selon Euclide (Éléments, L°V) et constituant sa définition stricte, l’analogie mathématique est une V. Socrate use de l’analogie dans la République◆ Platon fait notablement utiliser l’outil analogique à Socrate à la fin de République VI lorsqu’il expose les différents degrés de réalités et de connaissances (nous coupons Adimante) : Conçois donc, comme nous disons, qu’ils sont deux rois, dont l’un règne sur le genre et le domaine de l’intelligible, et l’autre du visible […]. Mais imagines-tu ces deux genres, le visible et l’intelligible ? […] Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l’un représentant le genre visible, l’autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d’après leur degré relatif de clarté ou d’obscurité, dans le monde visible, un premier segment, celui des images - j’appelle images d’abord les ombres, ensuite les reflets que l’on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables ; tu me comprends ? […] Pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces images représentent, j’entends les animaux qui nous entourent, les plantes, et tous les ouvrages de l’art. […] Consens-tu aussi à dire, demandai-je, que, sous le rapport de la vérité et de son contraire, la division a été faite de telle sorte que l’image est à l’objet qu’elle reproduit comme l’opinion est à la science ? […] Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible. […] De telle sorte que pour atteindre l’une de ses parties l’âme soit obligée de se servir, comme d’autant d’images, des originaux du monde visible, procédant, à partir d’hypothèses, non pas vers un principe, mais vers une conclusion ; tandis que pour atteindre l’autre - qui aboutit à un principe anhypothétique - elle devra, partant d’une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l’aide des seules idées prises en elles-mêmes. (Adimante ne comprend pas) Eh bien ! reprenons-le ; tu le comprendras sans doute plus aisément après avoir entendu ce que je vais dire. Tu sais, j’imagine, que ceux qui s’appliquent à la géométrie, à l’arithmétique ou aux sciences de ce genre, supposent le pair et l’impair, les figures, trois sortes d’angles et d’autres choses de la même famille, pour chaque recherche différente ; qu’ayant supposé ces choses comme s’ils les connaissaient, ils ne daignent en donner raison ni à eux-mêmes ni aux autres, estimant qu’elles sont claires pour tous ; qu’enfin, partant de là, ils déduisent ce qui s’ensuit et finissent par atteindre, de manière conséquente, l’objet que visait leur enquête. VI. Occurrences dans l’ésotérisme◆ L’évocation de l’analogie entre le microcosme, le mésocosme, le macrocosme et le divin, entre l’Homme, la Nature et Dieu — idée d’une importance capitale et principielle dans la pensée ésotérique — se retrouve dans les textes fondamentaux du corpus ésotérique occidental : in Table d’Émeraude tout d’abord VII. Note◆ Vraisemblablement à partir de ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 La Science des symboles, René Alleau, P°2 : L’Analogie (pp. 65-80), 1977. |
Notes |
1.⟴ Elle est également omniprésente en alchimie comme en astrologie. 2.⟴ En occident les œuvres de Swedenborg puis de Papus sont à cet égard remarquables. 3.⟴ Une 4.⟴ Réalité physique visible et sur-réalité psycho-spirituelle invisible. 5.⟴ Du macrocosme cosmique au microcosme atomique. |
Renvois |
↪ Npc. homologie, ressemblance, comparaison |
⟴Anathème
[anatɛm], subst. masc.
Définition |
[Polythéisme grec et romain] ► Offrande votive, expiatoire ou commémorative. Chose consacrée, puis plus tardivement, exécrable : on suspendait également des choses odieuses relatives aux ennemis afin de les livrer aux ires divines des dieux infernaux et ce sens l’a emporté. [Catholicisme] ► Malédiction et imprécation, exécration et excommunication par l’autorité ecclésiastique contre une doctrine ou une personne estimée hérétique. Celui qui en fait l’objet ne pouvait s’adresser à ceux restés fidèles et était voué à l’enfer s’il n’abjurait pas(1). [Judaïsme] ► חֵרֶם (ḥērem) : Ce qui est maudit, voué à être retranché et exterminé(2). |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀνάθημα (anáthema) {Suspendu (exposé)} ↳ Lat. : anathema
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Commentaires |
I. Le Sermone de anathemate de Jean Chrysostome► Dans l’une de ses homélies dédiée au sujet (Sermone de anathemate, trad. Jeannin : Qu’il ne faut anathématiser ni les vivants ni les morts), Jean Chrysostome s’écrie :
II. Un "anathème théologal" signalé par Wier► Wier (De praestigiis daemonum, L°5, C°6 : Sorcellerie magicienne pour recouvrer les choses dérobées) signale une prière imprécatoire à forte teneur exécratoire, un |
Notes |
1.⟴ Ex. Galates (I:8-9) : 2.⟴ Ex. Deutéronome (XIII:16) : |
Renvois |
↪ Connexe : Excommunication |
⟴Androgyne
[ɑ̃dʁɔʒin], subst. masc.
Définition |
[Ésotérisme] ► Qui possède les caractéristiques propres aux deux sexes. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀνδρόγυνος (andrógynos) {Homme-femme} ↳ Lat. : androgynus
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Commentaires |
I. Dans l’ésotérisme► Figuration anthropomorphisée du symbole de l’œuf cosmique, le mythe de l’androgyne est un des plus anciens et universels, il est remarquablement riche et de très nombreux systèmes religieux primitifs figurent des divinités androgynes. Aussi, ce symbole est naturellement fort important dans l’ésotérisme. Il figure la totalité par l’union des polarités masculines et féminines dans l’unité, totalité qui, selon les cas, figure l’union précédant ou suivant la division sexuelle, manifesté depuis l’unité primordiale ou y retournant. Le sentiment nostalgique de cette coincidentia oppositorum {coïncidence des opposés}, illud tempus {en ce temps-là}, et la volonté de de vivre concrètement cette métanoïa, de reconquérir cet état pour le réactualiser à un niveau égal sinon supérieur (en y intégrant le concept de différenciation), est une motivation permanente de la démarche ésotérique. ↳ Les représentants les plus significatifs de la figure de l’androgyne sont d’une part, celle d’אָדָם קַדְמוֹן (ʾāḏām qaḏmōn) {Homme primordial} dans la qabbale et celle du rebis (ex. 🗎⮵ 🗎⮵ 🗎⮵ 🗎⮵ 🗎⮵) ou androgyne hermétique, en alchimie. Le premier figure l’androgynie initiale tandis que le second signifie la conjonction terminale reconstituée à partir des principes premiers mercuriels et sulfuriques lors du coït ayant lieu dans le bain royal. ↪ Les spéculations de la théosophie sont, dès Böhme, également riches en cette matière et la thématique (liée à celle de la chute) est développée par Gottfried Arnold, Gichtel, Œtinger, Baader ou Swedenborg. Les théories swedenborgienne trouveront leur manifestation romanesque avec le Séraphîta de Balzac : ↳ Ces considérations sont précédées par celles sur l’Adam androgyne de Philon (De la création du monde), Origène (Homélies sur la Genèse), Clément puis Grégoire de Nysse. Érigène qui cite Maxime le Confesseur estime que le Christ, anticipant le destin eschatologique de l’humanité, a unifié les sexes dans sa propre nature à la résurrection. Pour Scotus, en effet, Dieu est unicité et totalité, mais la division des substances, processus cosmique, a abouti à la distinction sexuelle, résultat du péché. À la renaissance ensuite, Ficin et Léon l’Hébreu veulent harmoniser la Genèse et le Banquet et s’approprient l’idée de l’androgynie primordiale dans laquelle ils voient une voie d’accès privilégiée à l’amour divin. II. Dans la mythologie► Dans la mythologie grecque, Hermaphrodite(1) est le fils d’Hermès et Aphrodite. Ovide (Métamorphoses, IV:274-388) explique que sa double nature vient de la passion de la nymphe Salmacis, qui, éprise de lui, fit le vœu qu’ils soient indissolublement liés. La source dans lequel eu lieu cette conjonction eut dès lors, sur demande du nouveau être ainsi crée, le pouvoir de rendre hermaphrodite tout ceux qui entrent à son contact. Dans le monde grec, Dionysos(2) comme Heraclès présentent cette ambivalence : que l’on songe pour ce dernier, à son échange de vêtements avec Omphale (Fastes, II), à son prêtre de Cos qui prend une robe féminine ou à l’Hercules Victor italiote, qui était habillé en femme. Le monde latin archaïque rend compte de plusieurs divinités sive deus, sive dea, sive mas, sive femina et nombre de divinités romaines présentent par la suite les caractéristiques des deux sexes : l’Hermès de Jupiter Terminalis ou la Fortune barbue notamment. D’une façon générale, les syzygies présentées par des couples de divinités liées par la fraternité (Apollon et Artémis) ou le mariage (Astarté et Baal) participent également de ce symbolisme puisqu’on trouve des représentations ambivalentes ou fusionnées de ces couples. Ces couples sont pensés de façon plus abstraite en l’espèce des Éons du Plérôme de la gnose valentinienne qui sont en essence des "unités doubles". ↳ En effet, la multiplicité des attributs, notamment sexuels, augmentent d’autant le pouvoir d’une divinité qui acquière alors tant la puissance lunaire de fécondité et de multiplication féminine que la capacité d’action et de vectorisation solaire masculine(3) : ► En orient, l’hindouisme connaît également des figures composites reposant sur le même principe : Ardhanarishvara est une figuration androgyne de Shiva combiné avec sa parèdre Parvati et Vaikuntha-Kamalaja est de même une fusion de Vishnu et de sa paraèdre Lakshmi. Harihara est quant à lui, la fusion de Shiva et de Vishnu(4). Le tantrisme se penche particulièrement sur l’union du principe mâle statique et du principe féminin dynamique, principe qui est représenté dans le shivaïsme et le shaktisme par le symbole du lingam-yoni qui figure la complémentarité des sexes. Dans un mythe tibétain, l’Homme-Lumière est l’état asexué et sans désirs sexuels dont jouissait l’Homme au commencement, mais l’apparition du désir causa la disparition de cette lumière en même temps que l’apparition des luminaires dans le ciel. Le 太極圖 (taijitu) du taoïsme enfin, représente le mouvement d’alternance des 氣 (ch’i) {force vitale} 陰 (yin) et 陽 (yang), chacun contenant le germe de l’autre et qui peuvent être associés aux polarités féminines et masculines. D’une façon plus précise, il s’agit pour l’adepte du neidan de développer et de s’identifier à un élément éternel ("antérieur au Ciel et à la Terre") et préexistant à sa naissance qu’il doit élaborer par le truchement de la conjonction du sing {nature innée} céleste et du ming {destin} terrestre. Dans le shenisme, Fuxi et Nuwa, fréquemment représentés conjoints dans leur partie inférieure de nature ophidienne, représentent mythologiquement le même principe et de même le Fenghuang, phénix chinois, est tenu pour être de nature androgyne. III. Le mythe de l’androgyne du Banquet► Platon fait raconter le mythe de l’androgyne à Aristophane dans le Banquet :
IV. Pratiques culturelles et cultuelles► D’un point de vue historique, le sulfureux empereur romain Héliogabale, confondant l’introversion mystique de l’androgynie rituelle(5) et l’inversion décadente de l’hermaphrodisme physique(6), est connu pour avoir cultivé l’ambivalence sexuelle et voulut instaurer un culte monothéiste solaire. Il est en cela comparable au pharaon Akhenaton dont l’iconographie figure un être épicène et qui tenta lui aussi une réforme religieuse du même type. Durant l’antiquité, l’hermaphrodisme physique, considéré comme un prodigia monstrueux de mauvais augure, menait les nouveaux-nés atteints de cette difformité à être jetés à la mer afin sans doute, de les restituer à l’indifférenciation. Le travestissement rituel en revanche, s’exprimant dans le cadre de rites passages (puberté, mariage) ou de fécondité ainsi que la virginité et la castration sacerdotale étaient appréhendés comme des pratiques permettant de se concilier les forces principielles de l’unité primordiale(7). ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Méphistophélès et l’androgyne (𝕍 en fait pp. 78-122, nous sommes sur l’éd. orig. anglaise), Mircéa Eliade, 1962 : ☩ 𝕍 L’Androgyne dans la littérature (coll. Cahiers de l’Hermétisme), 1990. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Hermaphrodite, mythes et rites de la bisexualité dans l’antiquité classique, Marie Delcourt, 1958. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Le Mythe de l’androgyne, Jean Libis, 1980. [Ouvrage] ☩ 𝕍 L’Androgynie psychique chez Carl Jung, Barbara Gagné, 2001. [Mémoire] ☩ 𝕍 Le mythe de l’androgyne dans la modernité russe in Modernités russes (N°4, pp. 139-148), Michel Niqueux, 2002. [Article] ☩ 𝕍 Du sexe et de l’Androgyne Carpocrate et Jésus in Raison présente (N°32, pp. 65-83), Charles Maignial, 1974. [Article] |
Notes |
1.⟴ Vraisemblablement d’abord l’Aphrodite mâle Aphroditos signalé ntm. par Macrobe in Saturnales (III:8) et vénéré dans la ville chypriote d’Amathonte puis à Athènes. 2.⟴ Iconographiquement, tant par les traits de son visage, son attitude, que ses vêtements sur certaines représentations : 3.⟴ Le Zeus carien pourvu de mamelles ou l’Aphrodite barbue de Chypre représentent bien cette appropriation des attributs du sexe opposé. 4.⟴ Ce dernier est alors l’élément féminin, on lui connaît d’ailleurs un avatar féminin : Mohini. 5.⟴ Permettant par un coïtus intérieur d’amalgamer les principes mâles et femelles. 6.⟴ Qui est dégénération biologique, ni mâle ni femelle. 7.⟴ Les rites de circoncision et d’excision étant eux, des rites de passage destinés à sortir définitivement l’individu de l’indifférenciation sexuelle, condition sine qua non pour pouvoir y retourner par la suite. |
Renvois |
↪ Connexe : Hermaphrodite, Adam Qadmon, Protogonos |
⟴Anima / Animus
[anima] / [animys], subst. masc.
Définition |
[Psychologie (analytique)] ► a. Archétype anthropomorphique de l’inconscient collectif figurant la fraction et l’imago du masculin au sein de l’imaginaire et de l’inconscient d’une personne, en particulier de sexe féminin. ► b. Archétype anthropomorphique de l’inconscient collectif figurant la fraction et l’imago représentation du féminin au sein de l’imaginaire et de l’inconscient d’une personne, en particulier de sexe de sexe masculin. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂enh₁- {respirer} |
Commentaires |
I. Dialectique de l’anima/animus► L’anima, que Jung construira d’abord à partir du concept médiéval de l’âme est source de sensibilité, d’émotions et d’intuitions(1), de créativité et d’imagination, alogon. Il exerce une fonction médiatrice entre le moi conscient et le soi inconscient. Dans la dialectique jungienne, il compense le conscient masculin qui projette à partir de l’anima, une seule imago. ► L’animus pour sa part, plus complexe et de nature collective(2), producteur d’idées(3) et logikon, est une faculté raisonnante de discrimination et d’individualisation. Il compense le conscient féminin qui projette à partir de l’animus une multitude d’imago. Jung élaborera cette notion plus tardivement afin de créer une contrepartie à l’anima et créer ainsi un pôle reposant sur le même principe que l’androgyne primordial. II. Mécanismes principaux► Se manifestant principalement et de la façon la plus directe et spontanée par le biais des rêves, l’intégration de l’anima par l’homme et de l’animus par la femme(4) est la phase préliminaire de l’individuation car, transcendant la psyché individuelle, leur maîtrise permet de créer un dialogue entre le conscient à l’inconscient. Bien que porteur des qualités individuelles latentes du sujet, l’imago de l’anima/animus est tout au long de la vie du sujet, projeté sur les représentants du sexe opposé envers lequel le sujet aura des attitudes et des attentes relatives au contenu de ces imago. Bien que détenteurs de la clef permettant d’accéder à la maturité psychique, l’anima/animus, si ils sont appréhendés de façon incorrecte par le psychisme, peuvent cependant être des facteurs d’illusion, de régression et se manifester de façon négative voir devenir néfastes pour le sujet, soit en envahissant le conscient ou bien en se substituant à lui. III. Les quatre niveaux de manifestation► Dans l’introduction de sa Psychologie du transfert, Jung indique que selon le stade psycho-affectif du sujet, les projections et manifestations inconscientes de l’anima et de l’animus peuvent se déclarer selon quatre niveaux(5) : ↳ Primitif, biologique, instinctif et athlétique, pourvoyant la sécurité tant physique que affective. Le sujet est faible et impulsif, parfois sans désirs sexuels et ne discerne pas ses émotions personnelles de la réalité objective. ex. Ève / Tarzan. ↳ Actif, romantique, esthétique, guerrier et séducteur. Le sujet comprend l’altérité et est capable de planification mais il idéalise les autres et lui-même et se révèle inapte à la vertu et/ou à la spiritualité. ex. Hélène ( ↳ Sublimatoire, spirituel, religieux, dévotionnel et orateur. Le sujet possède une vie spirituelle, peut construire un discours sur le réel et discerne correctement sa vie intérieure de la réalité objective mais sa conscience à ce niveau reste encore à un niveau ambulatoire. ex. Marie de Nazareth / David Lloyd George. ↳ Sapientiel. Type le plus rare : le sujet, dans une dynamique efficace et adaptative a pris conscience des processus de son anima/animus à force de pratiquer le dialogue intrapersonnel. Il capable de dialoguer avec son inconscient qui devient une source inépuisable d’inspiration. ex. Sophia (gnosticisme) / Hermès, Gandhi. |
Notes |
1.⟴ Voir de caprices et d’humeurs du moi dans son aspect négatif. 2.⟴ Jung le compare à une 3.⟴ Voir des préjugés et a-priori engoncés dans la persona dans son aspect négatif. 4.⟴ Processus d’intégration qui intervient normalement après la rencontre avec l’ombre personnelle. 5.⟴ Dans le cadre d’une dialectique entre eros et logos qu’il établit avec ces deux notions il y ajoute des exemples prenant racine dit-il, dans une |
Renvois |
↪ Connexe : Jung |
⟴Animisme
[animism], subst. masc.
Définition |
[Anthropologie] ► Stricto sensu, catégorie de système de pensée qui postule ontologiquement d’abord, que la force créatrice et directrice qui constitue la vie est distincte de la matière et qui estime ensuite que cette force unique se confond avec les âmes qui y sont incarnées dans des formes distinctes et diverses. [Philosophie, Biologie] ► Doctrine physiologico-médicale, mise au point par Stahl(1), qui postule que chaque phénomène psychique et vital (y compris pathologique) d’un corps organisé à l’âme pour cause première et force directrice(2). |
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Étymologie |
■ Lat. : ănĭma {air, souffle, principe spirituel vital, âme} + fra. : -isme |
Commentaires |
I. Perspectives► L’animisme est une catégorie de système de pensée aux limites conceptuelles larges (𝕍 les termes connexes dans les renvois) et en conséquence très répandu(3), aussi en existe-il des formes variées quoiqu’elles partagent toutes la caractéristique de postuler une indistinction catégorielle entre le monde spirituel et physique. Bien que l’accent soit mis sur la notion de relation entre les âmes, il est délicat de parler de religion à moins qu’il y ait totémisme. L’animisme implique nécessairement un culte rendu au principe vital archétypal ainsi que fréquemment un culte des ancêtres avec lequel il s’interpénètre. En pratique pourtant, les animismes peuvent disposer d’un fond métaphysique variable et de même, les systèmes occultistes afférents peuvent comporter de nombreuses différences. ↳ Ils peuvent s’étendre ou non aux êtres et aux choses (objets, lieux, phénomènes météorologiques, évènements, mots, concepts), à certains ou tous les règnes de la nature (animaux, végétaux, minéraux…) qui peuvent selon certaines circonstances, comporter des exceptions. Il peut également inclure une relation avec des esprits directeurs correspondants à chaque groupe ou individualité, avec qui il faut pouvoir communiquer et se concilier les faveurs par la magie, magie(4) qui est plus ou moins ritualisée et structurée dans des élaborations chamaniques. Ces esprits, dotés d’une personnalité (ou à tout le moins d’une intériorité) peuvent ou non être agrégés en communautés plus ou moins hiérarchisées (et élaborées culturellement voir cultuellement). Leurs natures comme leurs fonctions varient également beaucoup : le fait est que le principe vital est appréhendé comme protéiforme dans ses manifestations et sujet à des circulations et des transformations permanentes. ► Ces animismes se rencontrent encore actuellement sur tout le Globe, souvent imbriqués avec des éléments polythéistes ou chamaniques. On en trouve trace d’abord en Afrique (Pygmées, Dogons), Amérique du Sud (Amazonie), Asie du Sud-Est (péninsule indochinoise), Océanie (Nouvelle-Calédonie, Philippines, Aborigènes d’Australie) et dans la zone arctique (Samis, Maris). Cependant toutes les religions ont gardé des pratiques sinon des échos de l’animisme à l’intérieur de leur système ou antéposé à leur influence et ce, dans des proportions variables : le shintoïsme(5), le muisme, le bön et le tengrisme ont ntm. gardé de puissantes composantes animistes dans leur système. Comme l’a fait remarquer Piaget, il est par ailleurs remarquable que les enfants (l’éducation érode le phénomène) ont une tendance naturelle à opérer des modes de pensée animistes : ils accordent ntm. une vie et des intentions aux objets inanimés(6). II. Histoire► Le concept anthropologique d’animisme(7), populaire au f.XIX – d.XX(8) n’est pas sans poser des problèmes épistémologiques liés aux conditionnements des paradigmes occidentaux et modernistes. Le terme est forgé par le médecin acquis aux théories radiesthésistes Pierre Thouvenel (in Mémoire physique et médicinal, 1781, p. 141). Le concept anthropologique lui-même(9) a d’abord été développé de façon séduisante — et dans le cadre de l’émergence de l’autonomie de l’anthropologie universitaire — par Tylor in Primitive Culture (1871), qui reprend le terme de Stahl (et l’idée qui remonte au moins à Nicolas-Sylvestre Bergier) afin de se différencier du "spiritualisme" alors en vogue. ↳ Évolutionniste comme son célèbre disciple Frazer ou comme Spencer (promoteur du spencérisme), l’animisme est pour Tylor, la manifestation cultuelle primitive de l’homo religiosus qui doit aboutir au monothéisme après être passée par le fétichisme et le polythéisme et de même, toute société évolue des croyances magiques, au rites religieux, jusqu’à aboutir à la pensée scientifique. Il estimait que cette intuition mystique prend racine dans l’observation rationnelle des rêves et visions (i.e. les expériences psychiques en général) ainsi que dans l’expérience de la mort (et les rituels funéraires qui en découlent), qui toutes deux, pousseraient l’Homme à estimer que son âme est distincte de son corps, intuition qu’il aurait ensuite étendu à toute la Création. ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Par-delà nature et culture, Philippe Descola, 2005. [Ouvrage] |
Notes |
1.⟴ Notablement précédé dans un contexte ésotérique par le vitalisme de Paracelse, Fludd ou Van Helmont. 2.⟴ Le concept de champ morphogénétique de Sheldrake (The Hypothesis of Morphic Resonance, 1981) reprend ajd. cette idée. 3.⟴ Il est quasi-omniprésent chez les chasseurs-cueilleurs. 4.⟴ Dont l’animisme constitue la source absolue d’un point de vue historique. 5.⟴ On trouve dans le 常陸国風土記 {Fudoki d’Hitachi} (713) : 6.⟴ On trouve le même mécanisme chez les mystiques ou les personnes atteintes de troubles mentaux. 7.⟴ Le terme n’a aucun ancrage concret chez les peuples autochtones qui lui sont associés. 8.⟴ Mais critiqué de nombreuses fois notamment par Frazer et Mauss et désormais globalement abandonné. 9.⟴ Alternative au naturisme anthropologique de Müller et au mânisme de Spencer. |
Renvois |
↪ Opposé : Mécanisme, Matérialisme, Organicisme |
⟴Anocchiatura
[anokiatyʁa], subst. masc.
Définition |
[Occultisme] ► Fascination involontaire s’exerçant par les yeux ou les paroles et qui a la caractéristique d’accomplir son objet en sens inverse. |
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Étymologie |
■ Ita. : an- (préfixe négatif) + occhio {œil} + -tura (suffixe ajouté aux verbes pour former des noms). |
Commentaires |
I. Description► La notion est une adaptation localisée de l’oculus malus. Elle se rencontre dans le mezzogiorno(1) et particulièrement dans les îles : Sardaigne et Sicile, en Corse également. Le fait que le sortilège marche en sens inverse pouvait donner lieu à des brutalités comportementales (regards malveillants) et verbales (jurons, injures voir menaces) envers les enfants (estimés particulièrement sensibles à cela) de la part des parents et des adultes, persuadés que de cette façon, ils bénissent en fait leurs marmots en déchargeant les éventuelles forces magiques inconscientes négatives dont ils pourraient être à l’origine. La population s’expliquait ce phénomène par le fait que chacun était accompagné d’un démon familier qui faisait tout pour aller en sens contraire des volontés humaines. Si des paroles trop élogieuses étaient destinées à un enfant, il existait plusieurs techniques préservatives pour contrer le charme. Si un enfant était innochiato, on le menait à un mazzeri pour le désenvoûter. Pour savoir si l’opération avait marché, le sorcier rebouteux exerçait une mantique sur les taches d’huiles formées par la chute du liquide dans une assiette remplie d’eau que l’on disposait sur la tête de l’enfant. II. Exemples► Dans certains ports de pêche méditerranéens, il était considéré comme inapproprié de souhaiter du bien aux marins partant en mer(2) et il fallait au contraire exprimer le souhait qu’il lui arrive quelque malheur. Cet occultisme superstitieux du folklore, dont on rencontre encore un écho dans certains milieux de l’agriculture rurale(3), trouve ajd. son application en France au travers de la pratique — issue du monde du spectacle — consistant à substituer le mot de Cambronne à "bonne chance". III. Occurrences► Les occurrences sont rares : hormis l’article chez Plancy 🗎⮵ (repris passim par ses émules) et une mention chez Piobb, Mérimée l’utilise in Colomba ( |
Notes |
1.⟴ Il y a vraisemblablement un rapport avec le jettatura napolitain. 2.⟴ Comme avec les formules "bon voyage" ou "bonne pêche". 3.⟴ Où les verbalisations positives sont appréhendées comme de l’hypocrisie voir une menace détournée plus ou moins consciente. |
Renvois |
↪ Connexe : Nazar |
⟴Aphète / Anérète
[afεt] / [aneʁεt], subst. masc.
Définition |
► a. Astre, lieu ou point le plus digne et bénéfique du thème natal, qui agit avec douceur, augmente la vitalité et concoure finalement à la construction et à la vie. Principal significateur de santé. Nommé aussi hyleg, surnommé "donneur de vie". ► b. Astre lieu ou point le plus affligé et maléfique du thème natal, qui agit avec violence, diminue la vitalité et concoure finalement à la destruction et à la mort. Principal significateur de la mort. Nommé aussi promissor, surnommé "destructeur de vie". |
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Étymologie |
■ a. Grc. : ἀπό (apó) {au loin} + ἦτορ (ètor) {cœur (centre)} ■ b. Grc. : ἀναίρεσις (anairesis) {Meurtrier} |
Commentaires |
I. Source et utilisation► Évoqués par Ptolémée (Tétrabible, L°3, C° X-XV), les termes sont désormais désuets. ► Ils sont utilisés pour calculer la durée de la vie et les périodes dangereuses de cette dernière. Pour ce faire, l’astrologue observe les directions maléfiques de l’anérète vers l’aphète voir tout significateur de santé). II. Identifications◆ L’aphète peut être préférentiellement le Soleil, la Lune, l’ascendant, le milieu du ciel ou la part de fortune mais après Ptolémée, on admet aussi Vénus, Jupiter voir toute planète dominant la lunation prénatale. ◆ L’anérète peut être préférentiellement Mars et Saturne, elle peut être aussi tout maître de VIII (ou son almuten) voir tout significateur de VIII ainsi que toute planète affligeant l’aphète voir l’ascendant. |
Renvois |
↪ Connexe : Directions |
⟴Apocalypse
[apɔkalips], subst. fém.
Définition |
[Théologie, Mysticisme (judéo-christianisme)] ► Révélation mystique sur la fin des temps, l’instauration du royaume de Dieu et le destin des élus et des pêcheurs. [Littérature (religieuse, ésotérique] ► Genre littéraire judéo-chrétien de nature prophétique et eschatologique répandue au -II – II. [Ésotérisme] ► Drame intérieur aboutissant à une révélation et à la transformation psycho-spirituelle qui en résulte. [Religion, occultisme] ► Anéantissement civilisationnel périodique qui résulte de la confrontation entre les forces célestes descendues affronter les forces telluriques, qui a pour cause la dégénérescence monstrueuse de la conscience morale et spirituelle de la collectivité(1) et qui se manifeste physiquement par des cataclysmes. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀποκάλυψις (apokálupsis) {dévoilement, révélation (divine)} ↳ Lat. : apocalypsis {révélation (divine)}
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Commentaires |
I. Caractérisation littéraire► Les textes de cette littérature pessimiste et dualiste(2), présentent une révélation de nature mystérieuse et secrète concernant les temps eschatologiques et dont, jusque ici, seul Dieu détenait jusque ici les clefs. Dans ce qui est présenté comme les visions-révélations d’un prophète, on lit les évènements se succéder de façon rigoureusement déterministe et fatale jusqu’à leur point de chute : la fin des temps. Il y est fréquemment abordé des questions de nature cosmologiques, tandis que les considérations morales sont peu évoquées sinon pour annoncer la récompense des justes et le châtiment des impies. Ces textes se déclarent systématiquement l’œuvre d’une prestigieuse personnalité religieuse venue annoncer l’imminence d’un monde nouveau, pour ainsi dire une recréation édénique. L’utilisation du symbolisme y est abondante (à la limite permanente), frappante et obscure, le recours aux spéculations numériques fréquentes et l’ensemble laisse deviner le fond extatique de cette mystique prophétique où la communication divine se manifeste dans la bouche de l’auteur dans un torrent kaléidoscopique d’images qui parfois se répètent. D’abord destinée à des cercles d’initiés, ces textes furent par la suite largement divulgués. II. Représentants de l’apocalyptique judéo-chrétienne● a) Puisque cette littérature s’est d’abord développée dans la culture juive de l’époque postexilique, les plus anciens textes viennent de la littérature juive du Second Temple. Ils présentent des motifs communs : tribulations des élus, cataclysmes, retour de Dieu établissant son royaume, résurrection des morts, jugement dernier. Les livres prophétiques de l’Ancien Testament sont notablement : Isaïe (XXIV-XXVII) : ● b) Cette littérature sera également populaire chez les premiers chrétiens qui ajoutent des composantes messianiques et millénaristes. Nous trouvons d’abord le représentant le plus connu du genre, qui est aussi le seul livre prophétique du Nouveau Testament : la Révélation de Jésus-Christ. Dans ce texte complexe, Jean polarise au travers de sept visions, révélant tant le passé, le présent que l’avenir de la religion chrétienne, l’opposition entre l’Église et le monde, le Christ et l’antéchrist, la prostituée et la femme nimbée, les élus et les damnés, annonçant la fusion à venir entre la Jérusalem Céleste et la Jérusalem pérégrinante. Ce texte aura une influence dans la sphère non seulement religieuse et mystique mais aussi ésotérique, aussi bien au niveau alchimique፧(3) qu’astro-arithmologique(4), donnant lieu à un grand nombre d’interprétations. Ensuite, le Nouveau Testament livre une apocalypse synoptique, moins élaborée in Marc (XIII), Luc (XXI) et stt. Matthieu (X et XXIV-XXV), qui se présente comme un développement du Livre de Daniel. Enfin, toujours dans le Nouveau Testament Paul développe également une eschatologie en affirmant la parousie et le jugement dernier in I Thessaloniciens et I Corinthiens. Concernant les textes apocryphes chrétiens nous trouvons ex. certains des Oracles sibyllins (-I), le Didachè (f.I), le Pasteur d’Hermas (d.II), les Actes de Paul (II), les Actes de Pierre (f.II). ● c) Nous trouvons en outre pour le gnosticisme : l’Apocalypse d’Adam (I – II), le Livre des secrets de Jean (II), l’Apocalypse de Pierre (II), l’Apocalypse de Jacques I et II (II), le Zostrien (f.II), la Paraphrase de Sem (III) qui annonce le manichéisme et l’Apocalypse de Paul (IV). Enfin, dans l’hermétisme un passage du Discours d’initiation (IV) relève également de l’apocalyptique : III. Textes "apocalyptiques" non judéo-chrétiens► On retrouve la thématique apocalyptique dans plusieurs systèmes religieux : ↳ La plus célèbre utilisation de cette thématique est représentée par le ragnarǫk des Eddas, stt. Vǫluspǫ́ pour l’Edda poétique ( ↳ On trouve également cette notion dans le celtisme avec la prophétie Morrígan écrite à la fin du Cath Dédenach Maige Tuired {La Dernière bataille de la plaine des piliers} ↳ Le Bundahishn rend compte dans le zoroastrisme, d’un concept proche de la théologie abrahamique : la frashokereti {restauration merveilleuse}. Ce concept est relatif à un affrontement entre yazatas et daevas dans lequel les premiers sortent vainqueurs, à une résurrection des morts et une séparation des vertueux et des mécréants ensuite, à la destruction définitive d’Ahriman qui s’en suit et enfin à l’union finale avec Ahura Mazda qui récompense les vertueux avec l’immortalité. ↳ Dans l’hindouisme, les पुराण (Purāṇa) présentent une eschatologie mettant en scène des âges intégrés dans une cyclologie à l’échelle cosmique, alternant les phases de कल्प (kalpa) {manifestation} et de प्रलय (pralaya) {dissolution}. Durant le kali yuga {âge noir} où règnent chaos et impiété, Kalki, avatar de Vishnu, vient rétablir la justice et entre chaque conflagration universelle, la région infernale du पाताल (pātāla) {qui est sous les pieds} est dissoute. ↳ Chez les mayas enfin, il existe une cyclologie astrologique calendaire complexe, basée sur le haab (calendrier civil de 365 jours) et le tzolkin (calendrier sacré de 260 jours). Cette cyclologie est composée de périodes de créations et de destructions interpénétrées et qui rend compte d’étape transformatrices charnières lors d’une transition de cycle. La Pyramide de Kukulcán est notablement connue pour figurer architecturalement ces conceptions calendaires. |
Notes |
1.⟴ L’Homme devenant incapable d’assurer son rôle médiateur. 2.⟴ Qui trouve son terreau dans les situations de crises, qu’elles soient psychologiques et/ou historiques. 3.⟴ Newton écrira ntm. un Traité sur l’Apocalypse. 4.⟴ Ex. Le Grand livre de la nature (1790) ? de Duchanteau, l’Évangile ésotérique de Saint-Jean (1950) de Lecour ou Introduction à l’Apocalypse de St Jean (2004-2008), Charles-Rafael Payeur. |
Renvois |
↪ Connexe : Eschatologie, Apocryphe, Âges |
⟴Apocryphe
[apɔkʁif], subst. masc.
Définition |
[Ésotérisme] ► Œuvre secrète ou du moins discrète, à teneur sacrée et/ou ésotérique, uniquement communiquée en privé à des initiés ou à une certaine catégorie de personnes et qui généralement, se réclament d’un être prestigieux et/ou supérieur (ex. les libri reconditi auguraux étrusques et latins). [Religion] ► Par dégradation du sens précédent (dès Origène) : œuvre qui, pour une religion (le christianisme en particulier), n’est pas canonique ; soit parce qu’elle est considérée comme non inspirée, soit schismatique voir hérétique et qui n’est donc pas lue dans les assemblées (ex. Le Pasteur d’Hermas). [Histoire] ► Par extension du sens précédent : œuvre dont l’authenticité (datation, lieu, auteur surtout) n’est pas établie (ex. le Compendium complet d’Art magique). |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀπόκρυφος (apókruphos) {caché, secret} ↳ Lat. : apocryphus {caché, secret}
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Commentaires |
I. Les attributions dans l’ésotérisme► Tout comme les textes anonymes et l’emploi des pseudonymes, les textes pseudépigraphes comme les attributions symboliques sont très fréquents en ésotérisme(1). Ce n’est en effet pas l’auteur qui compte mais le message, message qui doit en sus, s’inscrire dans une tradition. Ces procédés peuvent également comporter un sens, soit par la référence ou Ois., ou bien revêtir pour leur auteur une valeur initiatique. II. Apocryphes dans les christianismes► Si le terme peut s’appliquer à toutes les religions ayant une composante littéraire (ex. authenticité des aḥādīth en islam), il est plus particulièrement attaché à l’histoire du christianisme et en particulier à la période intertestamentaire et à celle du christianisme primitif. Corpus de textes au contenu varié, il existe naturellement des divergences et des cas-limites concernant l’intégration ou l’exclusion de textes aux canons des différentes branches du christianisme(2). ↪ Par exemple, le Troisième livre des Maccabées est authentique pour les églises orthodoxes, apocryphe pour les catholiques et pseudépigraphe pour les réformés. La Prière de Manassé est un court texte (15 versets) apocryphe pour les catholiques (depuis le Concile de Trente), les protestants et le judaïsme, deutérocanonique pour les orthodoxes. Cependant, il a été estimé authentique par les Pères et apparaît dans plusieurs versions de la Vulgate ou de la Septante (insérée à la fin du Deuxième Livre des Chroniques) jusque au XVI. Le Pasteur d’Hermas, très populaire aux premiers siècles, est canonique pour les Pères (ntm. Irénée et Clément) mais est finalement écarté par l’Église. Les livres deutérocanoniques sont canon pour le catholicisme et partagent le Livre d’Esdras avec la liste des anagignōskomena des orthodoxes russes et éthiopiens qui intègre quant à lui d’autres textes comme tous les Livres des Maccabées. Ils sont en revanche rejetés par le judaïsme et certaines branches du protestantisme. D’une façon générale, les avis divergent également entre ces différentes branches réformées. ↪ Pour diverses raisons, certains textes(3), ne trouvent de légitimité dans aucun courant comme ex. le Livre des Géants (-III) proche de Hénoch éthiopien, la Règle de la Guerre (-I – I), le gnostique séthien Livre sacré du Grand Esprit invisible (II), le gnostique simonien Exégèse de l’âme (II – III), la Sagesse de Jésus-Christ (II – III), la Pistis Sophia naturellement (III – IV) ou encore Le Combat d’Adam et Ève contre Satan (V – VI). 𝕍 aussi l’article "apocalypse" pour des listes supplémentaires de textes apocryphes se rapportant à cette littérature spécifique (volontairement éludée ici afin d’éviter les redites). ◆ Vis à vis de l’attitude à adopter envers ces textes, les avis divergent tout autant mais il est notable que ces textes ont malgré leur condamnation, influencé la théologie. Dans son monumental Speculum Majus, Vincent de Beauvais estime d’ailleurs que la consultation des apocryphes était possible, salva fide et constituait un intéressant bien que hasardeux appoint aux recherches spirituelles. |
Notes |
1.⟴ Ex. Oracles chaldaïques, le Lever de l’Aurore, les XXIV philosophes, le Livre de la formation, La Magie des anciens… 2.⟴ À cet égard, le L°V du Décret de Gélase du VI est un document historique de premier plan. 3.⟴ Dont on peut ajd. consulter la majorité grâce à la découverte de Nag Hammadi. |
Renvois |
↪ Connexe : Deutérocanonique, pseudépigraphe, gnosticisme |
⟴Apophatique / Cataphatique
[apofatik] / [katafatik], adj.
Définition |
[Théologie, Philosophie]. ► a. Pratique consistant à approcher un concept par des négations (via negationis). ► b. Pratique consistant à approcher un concept par ses prédicats positifs (via positiva), idéaux voir parfaits (via emnientiae). |
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Étymologie |
■ a. Grc. : ἀποφατικός {négation}. ↳ Lat. : apophaticus {négation}
■ b. Grc. : καταφατικός {affirmation}. ↳ Lat. : cataphaticus {affirmation}
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Commentaires |
I. Histoire► On trouve d’abord les termes chez Aristote (De l’Interprétation, 17a) et on devine ces notions chez Parménide(1) et dans l’enseignement oral de Platon via le Parménide et la théorie des formes. Les notions sont alors en germe dans l’ἐποχή (epokhế) et l’aphairétique i.e. le raisonnement par soustraction : l’abstraction. ↪ Mais c’est chez les médio-platoniciens(2) et surtout néoplatoniciens que les termes seront utilisés dans le sens mystique. Les concepts sont manipulés par Plotin d’abord, qui, au travers de ses spéculations sur l’Un et la mystique qui en découle, influence jusque Damascios qui extrémise ces notions. Plotin oriente aussi naturellement les réflexions de Proclus, qui s’appliquer à harmoniser les deux notions. Puis les théologiens chrétiens influencés par le néoplatonisme héritent de ces conceptions : Clément, le Pseudo-Denys(3), Maxime le Confesseur, Grégoire de Nysse puis Érigène en premier lieu, Eckhart, l’auteur du Nuage de l’inconnaissance, Nicolas de Cues (Docte Ignorance, 26), Jean de la Croix, Angelus Silesius ensuite. II. Description► Pour une approche apophatique de la théologie, il ne saurait y avoir de discours affirmatif sur l’essence de Dieu car étant absolu et donc transcendant, toute formule exprimable par l’esprit humain pour saisir les propriétés de cette essence sont par nature incorrectes. Dès lors, les négations sont les seules expressions pouvant la définir indirectement(4) et in extremis le silence devient l’expression finale du mystique(5). Un passage du Grand Livre de la forêt (VIII:8) illustre bien cette approche où परब्रह्म (Parabrahman) est निर्गुण (nirguṇa) {sans propriétés} : III. Exposé du Pseudo-Denys► Le Pseudo-Denys (Théologie mystique, III) écrit :
↪ Puis il termine à propos de Dieu (V) : IV. Exposé de Plotin► Plotin (Ennéades, V:3,14) nous confie : ☩ Documentation pertinente► La documentation est abondante et intriquée de façon complexe. 𝕍 déjà dans cet ordre : ☩ Fascicules thématiques Voies négatives I & Voies négatives II in Revue des sciences religieuses (T°67 & 72, F°4), dir. Yves Labbé, 1993-1998. [articles] ☩ Apophatisme et théologie mystique in Exercices spirituels et philosophie antique, Pierre Hadot, 1981. [article] ☩ Neopythagoreanism and negative theology in Symbolae Osloenses (N°44 pp. 109-125), John Whittaker, 1969. [article] ☩ Le Danger du néant et la négation selon Proclus in Revue Philosophique de Louvain (S°4, T°83, N°59, pp. 331-354), Christian Guérard, 1985. [article] ☩ La théologie aporétique de Damascius in Cahiers de Fontenay (N°19-22, pp. 125-139), Joseph Combès, 1981. [article] ☩ L’analogie de proportionnalité chez saint Thomas d’Aquin in Revue Philosophique de Louvain (A°24, N°96, pp. 454-464), Bernard Landry, 1922. [article] ☩ De la théologie apophatique comme antidote du nihilisme in Le Paradoxe du monothéisme, Henry Corbin, 1977. [article] |
Notes |
1.⟴ De la Nature : […] 2.⟴ Philon d’abord qui influencera Maïmonide sur ce point comme sur d’autres. 3.⟴ Dont l’importance est capitale pour les penseurs ultérieurs et qui, influencé par Proclus, proclame également la complémentarité des deux voies. 4.⟴ En ouvrant les limites de la conceptualisation induites par l’expression humaine. 5.⟴ C’est cependant l’expérience mystique qui est à l’origine de l’approche apophatique et non l’inverse. 6.⟴ "Analogie de proportionnalité" chez Aquin 𝕍 Somme contre les gentils. |
Renvois |
↪ Connexe : Théologie/Philosophie négative, aphairétique |
⟴Archétype
[aʁketip], subst. masc.
Définition |
[Philosophie (platonisme)] ► Principe intelligible primordial, éternel et universel. Il est métaphysiquement suprême et ontologiquement idéal vis à vis des êtres et des choses qui émanent de lui et dont il constitue le paradeigma. [Psychologie (analytique)] ► Structure formelle, universelle et primitive, organisant les représentations de l’inconscient collectif de l’humanité et se déclarant de façon spécifiée et innée dans l’imaginatio vera d’un sujet ou d’un groupe. |
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Étymologie |
■ Grc. : ἀρχέτυπος {modèle primitif} ↳ Lat. : archetypum {original}
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Commentaires |
I. Développements► Plotin et Proclus développèrent particulièrement la théorie des archétypes platoniciens, ces derniers devenant les matériaux avec lesquels Dieu échafaude le κοσμος νοητος {monde intelligible}, prōtótypon du monde manifesté. ► Jung précise que les archétypes se manifestent naturellement et de façon symbolique ntm. via les voies oniriques et folkloriques, religieuses et mythiques, cultuelles, artistiques et pathologiques enfin. II. Archétypes en ésotérisme► À la recherche de l’origine et du devenir, de la signification et du sens de la création, c’est par les pratiques hermétiques que les ésotéristes tentent de dévoiler les archétypes qui, exemplara de toute chose manifestée, constituent les causes principielles. Présentes ésotériquement, elles n’en sont en effet pas moins occultées derrière le voile des apparences exotériques et, résumées dans les nombres et les formes géométriques, elles constituent la doctrine de l’ésotérisme. ↳ Parmi les exemples les plus remarquables nous trouvons : ↳ Le sentiment du numineux et de l’unité transcendante (du moi, de la vérité, de l’humanité), les mouvements de chute, d’ascension et de cycle (ainsi que la sphère archétypale et l’œuf matriciel qui en découlent), le principe de choix, manifesté par le symbole du carrefour, ainsi que la transmutation (voir le polymorphisme ou même l’apocalypse), la résurrection et l’immortalité. ↳ L’androgyne et l’opposition entre la lumière bienfaisante et rayonnante et l’ombre effrayante et sclérosante ; le seuil et le gardien (monstrueux, bestial, énigmatique, fraternel : pareil mais différent) qui est associé à cette opposition. Le concept de la trinité divine (vieux sage et mentor du sommet, mère nourricière initiatrice et universelle, fils héros sacrifié et pérégrinant), la structure fractale de la création, son essence vivante et les correspondances (impliquant le raisonnement par analogique) ainsi que les entités qui en découlent. ↳ Les notions de Centre du monde, de verbe magique (simultanément sage et efficient) perdu dans la mer étoilée, les symboles de l’Arbre de vie et de la nourriture d’immortalité (ainsi que son récipient). ◆ La célèbre gravure en tête du De Opere Dei Creationis (1597) de Helisaeus Röslin porte le nom univoque de Signaculum Mundi Pythagoricum 🗎⮵. |
Renvois |
↪ Synonyme : Εἶδος (eidos) {forme, idée}, idea principalis (Augustin) |
⟴Arithmosophie / Arithmologie
[aʁitmɔzɔfi] / [aʁitmɔlɔʒi], subst. fém.
Définition |
[Ésotérisme] ► a. Gnose des objets mathématiques. ► b. Connaissance mystagogique de la valeur des objets mathématiques et des procédés combinatoires qui en découlent. |
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Étymologie |
■ a. Grc. : ἀριθμός (arithmós) {nombre, arithmétique} + σοφία (sophía) {sagesse, savoir} |
Commentaires |
I. Définitions préliminaires◆ L’usage a fait de ses deux mots des synonymes mais stricto sensu, l’arithmosophie en tant que telle, désigne la sapience ésotérique (au sens le plus entier du terme) relative aux nombres et dès lors, il n’y a rien à gloser à son sujet. Si elle s’exprime, c’est, à la rigueur, de façon indirecte dans le témoignage que peut rendre un être de sa propre essence, notamment par le biais d’une sagesse ou d’une puissance considérée comme surnaturelle. Dans la perspective arithmologique, les nombres s’expriment par le biais de la mathesis {mathèse}, sur le plan qualitatif et métaphysique : plutôt que des indications conventionnelles d’une valeur mathématique, ils sont considérés comme un signe exprimant les lois universelles et leurs rapports entre elles : ◆ En revanche, l’arithmologie est le discours (initiatique, religieux, philosophique), les spéculations (ntm. symboliques) et les procédés(1) que l’on peut produire à partir de cette mathèse. Ils permettent d’une part de faire fructifier cette sapience et d’autre part, de créer des ramifications avec les autres disciplines ésotériques ou occultes ; le rapport le plus direct en cette circonstance étant la pratique divinatoire de l’arithmancie (et son embranchement populaire contemporain : la numérologie). Cette pratique arithmologique est très ancienne autant que répandue : on peut en trouver des traces vraisemblables à l’époque de la Mésopotamie antique vis à vis de l’onomastique sacrée et en extrême-orient, l’expression chinoise 天地之數 (tiāndì zhī shù) {les algorithmes du ciel-terre} désigne les lois présidant à l’organisation du monde naturel. Factuellement, elle remonte au moins à l’époque assyrienne (inscription de Sargon II au -VIII : II. Histoire de l’arithmologie► Combinée avec des considérations d’ordre géométriques et musicales impliquant l’idée de proportion harmonique dans un cosmos lyramorphe, la discipline débute historiquement dans les milieux pythagoriens où, fondés sur le principe hénologique, les ἀριθμόί (arithmoí) {nombres} cinq (pentagramme), sept et dix (la τετρακτύς (tetractys)) étaient considérés comme les nombres les plus importants. L’Introduction arithmétique et la Théologie de l’arithmétique(2) de Nicomaque de Gérase, les fragments de Philolaos de Crotone et d’Archytas de Tarente, livrés respectivement par Porphyre et Proclus, ainsi que ceux de Théon de Smyrne (Des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon) sont, vis à vis de ce contexte, les textes les plus importants. L’isopséphie était en outre, également utilisée durant l’antiquité grecque › depuis la basse époque(3). L’arithmologique grecque, basée sur des correspondances opérées par l’analogie, trouve principalement son cadre d’expression dans la cosmogonie, la théologie et l’éthique. Elle transite au travers des considérations géométriques du Timée et l’idée platonicienne que les nombres structurent l’âme du monde jusque les néoplatoniciens dès Plotin (Ennéades VI,6 : Des Nombres) puis Jamblique (Sur la Secte pythagoricienne en 10 L°) et Proclus (Commentaire sur le premier livre des Éléments). ↪ Cette approche pythagorico-platonicienne fut exploitée de façon complexe et ramifiée par les différentes écoles gnostiques, notamment la gnose valentinienne, qui, tel Marc le Mage, formèrent ainsi des points de dogmatique à partir d’équivalences isopséphiques(4). Favorisée par les passages manifestement arithmologiques contenus dans la Bible et puisque Dieu a ↳ Dans son De la Genèse, Augustin spécule ex. sur le nombre six : ► Les considérations arithmologiques seront transmises au moyen-âge via les œuvres du IV – V de Calcidius (Commentaire au Timée de Platon), Macrobe (Songe de Scipion) et Martianus Capella (L°VII). On trouve ensuite plusieurs réflexions sur ce sujet dans le De la division de la nature (865) d’Érigène et, dans une moindre mesure, dans la tout aussi maladroite qu’influente compilation du pseudo-Boèce (Ars geometriae et arithmeticae, › IX). Les idées arithmologiques se manifestent ensuite avec ostentation dans les figurations arithmétiques et géométriques de la symbolique romane(5). Nonobstant, hormis dans le Traité sur le symbolisme des nombres (XII) de Thibaut de Langres ainsi que dans les travaux de l’École de Chartres, l’arithmologie, infusée dans la religion, est cependant et évidemment discrète et peu innovante durant la période scolastique. Néanmoins, elle sera bien à l’honneur lors l’époque médiévale, mais dans la littérature rabbinique et qabbalistique comme avec le discret mais important Sefer Melakhim {Livre des rois} de Kalonymus ben Kalonymus. Encouragée par l’œuvre de Philon pétrie d’arithmologie pythagoricienne, elle pouvait alors se destiner à un usage aussi bien spéculatif et théologique que pratique et magique.
↪ C’est surtout à partir de la renaissance, avec l’avènement du magisme, que la destination spirituelle des nombres ainsi que leurs propriétés secrètes sera de nouveau mise en valeur. Ce sont bien sûr Ficin (Commentaire sur le Timée, 1484) et Pic de la Mirandole (900 conclusions, 1486) qui se manifestent d’abord mais aussi Lefèvre d’Étaples (La Magie naturelle, 1493, L°2) qui fera des émules. À l’aide de la qabbale, le "Phénix des esprits" dégage l’arithmologie des limites de l’herméneutique biblique. Puis au XVI, Reuchlin (De l’Art cabalistique, 1517), Francesco Zorzi (De Harmonia mundi, 1525), Agrippa (Philosophie occulte, 1531, L°2), Dee (Les Éléments (préface), 1570), Paolini dans son remarquable Hebdomades (1589) et Bruno (De la monade, du nombre et de la figure, 1591) écrivent des œuvres importantes sur cette matière. Tous feront grand cas des considérations ésotériques et occultes autour des nombres, qu’elles soient pour les uns ou les autres, arithmosophiques, arithmologiques, numérologiques ou arithmanciques. ↪ Ces travaux seront poursuivis par les deux œuvres monumentales de Bongo (Numerorum mysteria, 1591) et Kircher (Arithmologia, 1665) puis, repoussés par la révolution mécaniste, et ainsi, le déclin de la conception considérant la nature comme une unicité vivante, ils trouvent leur chemin dans la théosophie allemande et le piétisme. Johann Lange écrit un court et illustré Theologia christiana in numeris (1702) puis Eckartshausen (Zahlenlehre der Natur, 1794) tire un système magique des considérations arithmologiques, tout comme Martinez de Pasqually (Traité de la réintégration, publ. 1899). Saint Martin (Des Nombres, 1843), influencé par son maître et l’herméneutique biblique numérale de Böhme (De la triple vie de l’homme, 1620, C°3,4,6,10,11,16) s’emparera du sujet qui, par son intermédiaire, sera promis à la postérité dans le martinisme. Von Baader commentera ensuite ces deux ouvrages de Pasqually et Saint-Martin. Taylor (La théorie arithmétique des pythagoriciens, 1816), Lacuria, le "Pythagore français" (Les Harmonies de l’être exprimé par les nombres, 1847), Malfatti de Montereggio (Mathesis, 1849 ), Papus (La Science des nombres, 1934) ou encore Allendy (Le Symbolisme des nombres, 1948) proposeront plus tard des ouvrages à tendance synthétisantes sur le sujet. Au XX, Gurdjieff utilisera également des considérations arithmosophiques dans le cadre de sa cosmosophie. III. La constitution arithmo-géométrique de la création du Timée► Platon (Timée) professe :
IV. Nature du nombre selon Plotin► Plotin (Ennéades, VI:6) nous expose : Outre l’Intelligence, et antérieurement à elle, existe l’Être ; il contient le Nombre, avec lequel il engendre les êtres : car il les engendre en se mouvant selon le Nombre, constituant ainsi les nombres avant de donner l’existence aux êtres, de même que l’unité [de l’Être] précède l’existence de l’Être et le relie au Premier [à l’Un absolu]. Les nombres ne relient point les autres choses au Premier : il suffit que l’Être lui soit relié, parce que l’Être, en devenant Nombre, rattache à lui-même tous les êtres. S’il est divisé, ce n’est pas en tant qu’il est un (car son unité est permanente) ; mais, s’étant divisé conformément à sa nature en autant de choses qu’il l’a voulu, il a vu en combien de choses il s’était divisé, et par là il a engendré le Nombre qui existe en lui : car il s’est divisé en vertu des puissances du Nombre, et il a engendré autant d’êtres que le Nombre le comportait. Le Nombre premier et véritable est donc la source et le principe de l’existence pour les êtres. V. Introduction de Papus► Papus (La Science des nombres, 1934) écrit :
☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 La Symbolique des nombres, Jean-Pierre Brach, 1994. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Le Nombre d’or, Matila Ghyka, 1931. [Ouvrage] |
Notes |
1.⟴ Ntm. l’isopséphie pythagoricienne et la guématrie hébraïque, le graphomorphisme, les opérations algébriques comme l’addition/réduction théosophique. 2.⟴ In Bibliothèque de Photius, cod.187 ; ouvrage repris aussi par le pseudo-Jamblique avec le même titre. 3.⟴ 𝕍 le dialogue delphique Sur l’ E de Delphes de Plutarque de Cheronnée et, plus spécialement sur l’isopséphie, le C°20 : Chiffres, écritures, magie, mystique et divination de l’Histoire universelle des chiffres de Georges Ifrah. 4.⟴ Ex. Ἰησοῦς (Iēsoûs) {Jésus} = 888, Αβραξας {Abraxas} = 365, "Amen" = 99, περιστερά (peristerá) {colombe} = 801. 5.⟴ 𝕍 Le Symbolisme des nombres à l’époque romane in Cahiers de Civilisation Médiévale (A°4, N°14 pp. 159-169), Guy Beaujouan, 1961. |
Renvois |
↪ Aval : Arithmancie, Numérologie, Isopséphie |
⟴Athanor
[atanɔʁ], subst. masc.
Définition |
[Alchimie፧ (exotérique)] ► Four servant à la préparation et à la coction de la matière première. [Alchimie፧ (ésotérique)] ► Désigne parfois la matière première elle-même puisqu’elle contient le feu secret qui doit être éveillé par l’art. [Alchimie፧ (mystique)] ► Désigne l’alchimiste lui-même (ou plus précisément son corps subtil). |
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Étymologie |
■ Sum. : 𒇌 (immindu) {four (à pain), fourneau}. ↳ Akk. : 𒅎𒋗𒆸 (tinūrum) {idem}. ↳ V.Prs. : تنور (tanūr) {idem}
↳ Heb. : تنور (tanúr) {idem} ↳ Arb. : التَنُّور (al-tannūr) {idem, tandoor} ■ Grc. : ἀθάνατος (athánatos) {immortel} + Ois. |
Commentaires |
I. Description► La description fondamentale de ce reliquaire hermétique est la suivante : il s’agit d’un four à calcination de forme carrée et muré, contenant en son centre une cuvette remplie de cendres tamisées et maintenues chaudes par un feu doux et permanent, produisant une chaleur stable et harmonieuse quoique potentiellement destinée, selon différents facteurs, à subir des régimes. L’objet de l’athanor est de chauffer indirectement le vaisseau (i.e. l’œuf philosophal) jusqu’à ébullition qui, pour se faire, est placé au-dessus de ladite cuvette et totalement recouvert de cendres. ↪ Ainsi, l’outil est traditionnellement composé de trois étages : le récipient inférieur où brûle le feu et par où pénètre l’air est mâle et figure le microcosme. La cornue supérieure (ou le dôme réverbérant) est femelle et figure le macrocosme. L’espace où est posé l’œuf philosophal, vase ou cornue luté contenant la matière première (amalgame devant produire la pierre), correspond au fils androgyne et figure le mésocosme. On trouve ex. plusieurs figurations d’athanors dans le Livre muet. Durant l’histoire de l’alchimie il a été conçu des athanors plus ou moins élaborés, soit que l’on mis au point des aménagements pratiques (pour évacuer la cendre, faire varier le régime…), soit que l’on tenta d’innover dans sa fabrication : on ajouta par exemple une tour latérale dans laquelle on produit la chaleur qui, externalisée, est dans ce cas communiquée à la partie principale par un tuyau. "Athanor" peut aussi simplement désigner un réchaud à combustion lente sur lequel on chauffe la cucurbite de l’alambic. II. Un terme complexe► L’athanor est l’un des termes les plus importants et complexes de la discipline. Forge magique ↳ L’Habitant du Nord (La Clavicule de la science hermétique, 1732) nous dit ex. : ↪ Analogue au ventre maternel(2), il est parfois figuré en montagne, en château ou en tour crénelée(3), construction qui contient la chambre du roi. On le trouve également sous la forme d’un chêne creux ou d’un tonneau. III. Description de D’Espagnet► D’Espagnet (L’Oeuvre Secret de la Philosophie d’Hermès, 115-118) explique :
IV. Description de Grassot► Grassot (La lumiere tirée du chaos) nous narre :
V. Une description allégorique de l’athanor chez Philostrate ?► Philostrate (Vie d’Apollonios de Tyane, L°III:13-14) nous narre :
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Notes |
1.⟴ Le pseudo-Geber en décrit différents types dédiés à la calcination, sublimation, distillation et fusion ; d’autres modèles de fours sont ex. livrés par Sedacer : fourneau du magistère, four oblique, à réverbère. 2.⟴ 3.⟴ Ce qui excite les parallèles avec la matière de Bretagne et pousse les alchimistes à voir en Barbe d’Héliopolis leur sainte. |
Renvois |
↪ Synonyme : Fourneau philosophique, Fourneau des sages, Fourneau arcanique, Fourneau secret, Fourneau cosmique, Fournaise, Vaisseau triple, Chambre (ou Sépulcre, ou Prison) du Roi, Maison (ou habitacle) du poulet, Crible, Bain-Marie, Phiole, Cucurbite, Fumier, Urinal, Lion vert, Sphère (attention à Ois. – notamment aux métonymies – qui peut égarer autant que dévoiler) |
⟴Athéisme
[ateism], subst. masc.
Définition |
[Théologie, Philosophie] ► Caractéristique d’une doctrine postulant la négation de l’existence d’un être suprême. |
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Étymologie |
■ Grc. : pfx.prv ἄ- + θεος (theos) {vie} ↳ Lat. : atheos
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Commentaires |
I. Histoire► L’histoire de l’athéisme prend racine dans l’école ionienne et éléatique avec, en particulier, les philosophies d’Héraclite et d’Empédocle puis surtout dans l’atomisme — dont Leucippe et Démocrite sont les penseurs les plus importants — et enfin, dans le sophisme, le cynisme, le pyrrhonisme et dans une certaine mesure l’épicurisme (qui est un athéisme pratique). Naturellement inexistant durant l’époque médiévale(1), l’athéisme prendra cependant son essor au XVI(2) et surtout au XVII avec Francis Bacon, Hobbes et Descartes qui sont accompagnés par l’autonomisation de la raison philosophique sur la pensée théologique. Même s’il n’est pas athée, Voltaire apporte également des éléments nourrissant cette conception au XVIII, siècle où l’athéisme, accompagné des Lumières, émerge définitivement et trouvera ses plus célèbres défenseurs : Julien Offray de La Mettrie (L’Homme Machine, 1748), Claude-Adrien Helvétius (De l’Esprit (1758)) ou Paul Thiry d’Holbach (Système de la nature, 1770). Au XIX, le positivisme de Comte et la gottlosigkeit {déréliction} de Hegel sont les deux notions dont les échos se poursuivent via leurs continuateurs jusque de nos jours. II. Les athées dans la Bible► David chante : ► Paul de Tarse dit : ► Job déclame : |
Notes |
1.⟴ On voit chez Anselme de Cantorbéry que la question est spéculative. 2.⟴ Le terme est attesté au plus tôt in Le Fort inexpugnable (1555) de François de Billon : |
Renvois |
↪ Opposé : Théisme, Déisme |
⟴Atlantide
[atlɑ̃tid], subst. fém.
Définition |
[Mythologie] ► Île-continent ℙ fabuleuse, située au delà des "Colonnes d’Hercule" (Détroit de Gibraltar) et qui, frappée par un séisme et un déluge (tsunami ?), aurait sombré. |
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Étymologie |
■ Grc. : Ἀτλαντίς (Atlantís) {appartenant à Atlas} ↳ Lat. : Ātlantis
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Commentaires |
I. Nature► La description de la géographie et du destin du peuple atlantéen telle que d’abord transmise par Platon in Critias et Timée est vraisemblablement un mythe philosophico-politique, quoique se reposant ? sur des faits réels plus ou moins déformés et/ou romancés via une prétendue source égyptienne, éventuellement sur l’éruption minoenne de -1550 ou encore sur Hérodote (IV:184-185) : II. Histoire► Le mythe, interpénétré par des considérations ethnogéographiques approximatives, ne suscita qu’un timide intérêt durant l’antiquité. Pline (VI:36) mentionne : ↪ Le moyen-âge sera encore moins intéressé mais le thème attira l’attention à la renaissance, dès Ficin et à la faveur de ses traductions de Platon. À partir de la Nouvelle Atlantide (1627) de Francis Bacon et du Mundus subterraneus (1678) de Kircher, l’intérêt pour le sujet est bien ancré. Mais c’est surtout à la faveur d’ouvrages populaires tel l’Atlantis (1882) de Donnelly d’abord puis le Problem of Atlantis (1924) de Spence et le Lost Continent of Mu (1926) de Churchward, que le sujet se voit offrir une large audience autour des spéculations à propos des "continents perdus". Le mythe fait ainsi l’objet d’une littérature spécifique et variée, ainsi que qualitativement inégale et plus ou moins séduisante : de l’interprétation ésotérico-occultiste(3), philosophique, littéraire(4) ou bien politique à l’explication symbolique ou à celle, réaliste, qui localise l’Atlantide dans des lieux et des époques divers. À ce propos, bien que l’hypothèse crétoise/minoenne de Spyridon Marinatos et Angelo Galanopoulos demeure la plus célèbre et la mieux étayée d’un point de vue scientifique, on a voulu ex., dans un cadre cryptoarchéologique, privilégier la piste mésoaméricaine en rapprochant le mythe aztèque d’Aztlan {lieu de la blancheur} de celui de l’Atlantide, localisant le continent perdu dans la zone de la Mer des Sargasses et rapprochant les civilisations maya et égyptienne, rapprochement dont on trouverait le maillon par l’intermédiaire des peuples berbères(5). ■ Atlantis est le nom d’une célèbre revue (et de l’association afférente) fondée par Paul Lecour et consacrée à l’ésotérisme፧ (et particulièrement intéressé aux sujets "atlantéens"). III. Évocation dans le Timée► Critias raconte (via Solon qui interroge un prêtre de Saïs) : IV. Description dans le Critias (extraits)► Critias raconte (via des manuscrits de Solon qui apprit tout cela de prêtres égyptiens) :
☩ Documentation pertinente☩ Athènes et l’Atlantide in Revue des Études Grecques (T°77, F°366-368, pp. 420-444), Pierre Vidal-Naquet, 1964. [article] ☩ Les Utopies grecques in Revue des Études Anciennes (T°78-79, N°1-4, pp. 120-128), Lawrence Giangrande, 1976. [article] ☩ Le Récit de l’Atlantide et les jeux d’écriture de Platon in Bulletins de l’Académie Royale de Belgique (T°18, N°1-6, pp. 31-46), Monique Mund-Dopchie, 2007. [article] |
Notes |
1.⟴ Où les nombres cinq, six et leurs multiples paraissent importants. 2.⟴ Le bon "athénien" vertueux véhiculant le principe d’unité et le mauvais "atlante" matériel chargé du principe de duplicité. 3.⟴ Ntm. celles de l’arianisme et du théosophisme de Blavatsky ainsi que de ses émules comme Scott-Elliot et Leadbeather puis Cayce et Steiner. 4.⟴ Nemo visite les ruines de l’Atlantide dans Vingt mille lieues sous les mers, L’Atlantide de Pierre Benoit est un succès dès sa parution en 1919. 5.⟴ Dont les Guanches des îles Canaries, pratiquant la momification. |
Renvois |
↪ Connexe : Mu, Lémurie |
⟴Attributs
[atʁiby], subst. masc.
Définition |
[Théologie, Philosophie] ► Propriété idéale d’une substance, caractérisant l’essence qui y est afférente et se manifestant par le symbole. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *bʰuH- {naître, devenir} ↳ Lat. (antique) : tribus {tribu}
↳ Lat. (médiéval) : attribuō {associer, joindre, assigner} |
Commentaires |
I. Description► Les attributs, en nombre et en diversité potentiellement infinis, sont l’expression des tentatives bornées d’appréhension des perfection ineffables de l’essence, simple et unique, de la divinité. Ils peuvent se manifester par la voie de l’analogie au travers de toutes les expressions symboliques : nominales (théonymes, épithètes et épiclèses), adjectivales (propriétés métaphysiques et excellences morales), arithmético-géométriques et peuvent en outre, s’exprimer par la métaphore et en conséquence, l’allégorie. Les attributs peuvent aussi bien désigner une fonction, un caractère ou une articulation structurelle de l’entité, de nature plus ou moins synthétique, révélant une ou plusieurs de ces facettes, et se destinant au domaine pour lequel on souhaite l’employer. La dignité de l’attribut dépend de cette capacité synthétique d’abord, puis surtout de son absence de mixité avec des imperfections qui le séparerait de façon honteuse de la chaîne des attributs le reliant à l’essence ineffable de l’entité concernée. Les attributs peuvent s’exprimer de façon cataphatique(1), apophatique(2) ou, en combinant les deux, éminente(3). ↳ Les 101 noms d’Ahura-Mazdā, le Tétragramme et le שֵׁם הַמְּפֹרָשׁ (Shem HaMephorash) de Jehovah, les 99 noms d’Allah ou le Aum hindou sont quelques exemples du nombre considérable de théonymes existant pour les divinités dans les diverses religions. L’omnibénévolence, l’omniprésence, l’omniscience, et l’omnipotence sont les quatre propriétés per se, fondamentales et éminentes qui sont récurrentes chez les divinités suprêmes(4). Notez que nous livrons un grand nombre d’exemples dans les tableaux généraux de chaque fiche "entité" de la section symboles. II. Exposition de Denys.► Denys (Des Noms divins, Introduction) explique synthétiquement :
☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Théologie platonicienne (𝕍 T°1,P°2), Proclus, V. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Des Noms divins , Pseudo-Denys l’Aréopagite, VI. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Itinéraire de l’esprit vers Dieu, Bonaventure de Bagnoregio, 1259. ☩ 𝕍 Les Perfections divines, Leonardus Lessius, 1620. [Ouvrage] ☩ Le problème philosophique des attributs de Dieu in Revue Philosophique de Louvain (S°3, T°53, N°38, pp. 165-196), Joseph Rauwens, 1955. [article] ☩ Les Attributs de Dieu d’après Maimonide in Revue Philosophique de Louvain (A°26, S°2, N°2, pp. 137-163), Maurílio Teixeira-Leite, 1924. [article] |
Notes |
1.⟴ Correspondant à tout et communicable : "Dieu est bon". 2.⟴ Ne correspondant à rien et incommunicable : "Dieu n’est pas mauvais, Dieu n’est pas bon comme la création peut le manifester". 3.⟴ Analogique à tout de façon absolue et à la fois communicable et incommunicable : "Dieu est absolument bon". 4.⟴ Quoiqu’elles ne les partagent pas forcément toutes et souffrent parfois de certaines limites leur ôtant alors leur caractère éminent. |
Renvois |
↪ Connexe : Anagogie |
⟴Aura
[oʁa], subst. fém.
Définition |
[Ésotérisme, Théologie] ► Halo solaire ou lunaire enveloppant tout ou une partie du corps, dont l’amplitude et l’intensité varie selon le degré d’accomplissement spirituel, et seulement visible par les adeptes (𝕍 Nimbe). [Occultisme] ► Radiation fluidique vaporeuse et/ou lumineuse, subtile et colorée, émanant des corps et les ceinturant, seulement visible des clairvoyants et présentant des propriétés variables en fonction des divers facteurs internes et externes. [Médecine (vieilli)] ► Exhalaison subtile de nature psychosomatique, perçue comme vaporeuse, qu’un malade sent(1) s’élever du tronc et/ou des membres l’avertissant de l’imminence de troubles épileptiformes, hystériformes ou simplement migraineux(2). [Art] ► Atmosphère immatérielle (sacrée ou impie) qui environne distinctivement un être, un lieu ou une chose remarquable, ntm. un chef d’œuvre naturel ou artistique et dont la résonance ricoche dans la sensibilité. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂ews- {Aube, est} ↳ Grc. : αὔρα (aúra) {Air, brise, vapeur}
↳ Lat. : aură {Vent, brise, souffle, fragrance, atmosphère, faveur (populaire)} |
Commentaires |
I. Description► Le concept, ayant agglutiné plusieurs sphères d’influences est délimité de façon large et approximative, il englobe ainsi un vaste spectre d’acceptions : du rayonnement électro-magnético-thermique scientifiquement démontrable à une émanation subtile de la force vitale, de la psyché ou de l’esprit, plus ou moins imperceptible sur le plan matériel. L’aura est appréhendée selon plusieurs modalités, générant des classements, des explications et des applications variées. Ainsi, selon les approches, la notion peut aussi bien déborder sur le terrain du magnétisme(3), de la psychologie appliquée et de la voyance, que sur celui de la spéculation artistique(4) et spirituelle. ► Dans la mesure où l’aura est un rayonnement subtil, elle ne pourrait être discernée que par un clairvoyant(5) par le biais d’une perception directe, de l’intuition ou d’une induction synthétique de facteurs perceptibles par les sens physiques. D’une façon générale, ces clairvoyants estiment que la dite aura présente, selon les circonstances, une multitude de variations : couleurs (les modèles de représentation varient beaucoup), pureté, intensité, puissance, formes (elle est usuellement ovoïde), grandeurs (elle peut avoir un périmètre de plusieurs mètres), intégrité (elle peut être endommagée ou trouée), mouvements… en outre, l’aura peut être ou non liée au phénomène de la respiration et est plus aisément visible au niveau de la tête et des doigts. Finalement, le fait est que, pour ces clairvoyants et conçue dans sa globalité, l’aura est l’émanation simultanée et non euclidienne de toutes les propriétés subtiles d’un corps, créant un carrefour voir un enchevêtrement de caractéristiques qui ne seront évidemment pas toutes perçues ni appréhendées de façon uniforme par chacun des clairvoyants. ↳ Ces variations sont, selon les auteurs, la conséquence de facteurs internes(6), aussi bien qu’externes(7). Lors d’une activité psychique caractérisée par une puissante dignité(8) l’aura devient plus intense et translucide et se rend plus aisément discernable : les phénomènes lumineux entourant les héros et les saints sont rapportés dans de nombreux systèmes religieux(9). ↳ Dans ses manifestations matérielles qui prendraient leur origine dans le système nerveux, l’aura est particulièrement signée dans le rythme et l’odeur naturelle du souffle, les différentes caractéristiques de la voix, du regard et de la peau, les formes et les couleurs dessinées par la silhouette et les postures, les odeurs corporelles et la fragrance naturelle, et se synthétise finalement dans le magnétisme sexuel d’une part et le charisme spontané d’autre part i.e. l’impression générale qu’un sujet provoque sur autrui. II. Histoire► La notion primitive d’aura se trouve d’abord contenue dans celle de nimbe(10). On peut ainsi estimer d’un point de vue littéraire, que les passages de l’Exode (XXXIV:29-30) : ↪ Le mot "aura" est d’abord employé dans l’antiquité de deux façons : d’une part dans le domaine artistique avec l’élément iconographique de la vélificantation : aura velificans, draperies mises en mouvement par un souffle interne ou externe et dont l’objet est de révéler un visage ou un corps, il est alors associé à l’idée d’un "air lumineux"(11). D’autre part, dans le domaine de la médecine, avec l’aura vitalis {souffle vital} ou seminalis {souffle séminal} qui, jusqu’au XVIII(12), véhiculait l’idée que tout agent fécondant (ex. le liquide spermatique ou le pollen) possédait un fluide magnétique subtil nécessaire à l’ensemencement et qui pouvait expliquer certaines fécondations mystérieuses. ↪ À la renaissance, les spéculations ésotériques autour de la lumière et de ses rayonnements a également part avec le sujet aurique : ↪ Cependant, les théories de Leadbeather in Homme visible et invisible (1902), semble-t-il largement tirées du tantrisme et sans doute entrées en collusion avec le conception de nimbe (Leadbeather était d’ailleurs simultanément théosophe et prêtre anglican), sont de première importance pour délimiter la notion contemporaine. Peu après, Kilner inaugure une approche scientifique, écrit son The Human Atmosphere (1911) où il propose un procédé pour rendre visible l’aura (ou du moins une portion) et rend compte de diverses expériences avec cet outil. Ses recherches entrent en corrélation avec les expérimentations parapsychologiques sur l’extériorisation de la sensibilité notamment celles de Joire qui met au point le sthenomètre, appareil permettant de mesurer la force cette extériorisation nerveuse. Peu après, en 1939, Kirlian met au point le procédé photographique du même nom se proposant également de mettre en valeur l’aura(13). Ces chercheurs sont précédés au XIX par les procédés électrographiques de Baraduc et les travaux de von Reichenbach sur son Od. A la faveur d’ouvrages comme Les Secrets de l’aura de Rampa, le sujet bénéficiera d’une fortune particulière auprès du grand public et à partir des années 1990 il se dissocie de ses racines théosophico-hindouistes et se dissout dans la mode new-age. III. Auréoles névropathiques, témoignage du docteur Ferré► Rapporté in Annales des sciences psychiques (Juin 1905, via Revue de Médecine du 10 avril 1905) :
☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Physiologie occulte, Rudolf Steiner, 1911. [Conférences] ☩ 𝕍 The Doctrine of the subtle body, George Mead, 1919. [Ouvrage] ☩ 𝕍 L’Aura et le corps immortel, Jean Prieur, 1979. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Le Corps subtil, David Tansley, 1976. [Ouvrage (principalement iconographique] |
Notes |
1.⟴ Parfois douloureusement et/ou accompagné de frissons et/ou de phosphènes. 2.⟴ Le terme vient de Galien mais le phénomène est déjà connu dès Hippocrate in La Maladie Sacrée. 3.⟴ Et de ses domaines corollaires, ex. la radiesthésie, la géobiologie et plus généralement la thérapeuthique magnétique dont le magnétisme animal et l’acupuncture sont les représentants les plus connus. 4.⟴ Ntm. sur les couleurs et les ornements. 5.⟴ Tel Ossowiecki qui décrivait les auras des personnes autour de lui ou Cayce qui a donné plusieurs lectures sur le sujet et ne put achever son Auras: An Essay on the Meaning of Colors. 6.⟴ Émotions et pensées, état de santé (spécialement liés aux organes alors considérés comme une unité), qualité psycho-spirituelle voir même destin. 7.⟴ Âge, blessure physique, empoisonnements, perturbations environnementales… 8.⟴ Une haute vertu, une élévation intellectuelle ou une intensité spirituelle. 9.⟴ 𝕍 ex.le प्रभामण्डल (prabhāmaṇḍala) {cercle de lumière} oriental. 10.⟴ Et ainsi, ultimement, dans le concept zoroastrien de khvarenah {gloire}. 11.⟴ Αὔρα (Aura) {brise} est la plus jeune titanide dans la mythologie grecque. 12.⟴ Archeus i.e. aura vitalis seminum chez Van Helmont. 13.⟴ Basé sur l’effet corona, il fera l’objet d’attentions dans les années 70. |
Renvois |
↪ Connexe : Nimbe |
⟴Autel
[otɛl], subst. masc.
Définition |
[Anthropologie] ► Plate-forme de pierre, de métal, de bois ou de terre sur laquelle on célèbre le culte, dépose des offrandes et où on effectue rituellement le sacrificium destiné à une divinité. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂eltós {croître, nourrir} ↳ Lat. : altāre {autel ("haut lieu")}
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Commentaires |
I. Description► L’autel, toujours surélevé, de forme et de taille diverses(1), creux (pour les libations) ou massif (pour les sacrifices) est une représentation microcosmique du temple (intérieur ou architectural) et ainsi, du cosmos d’une part et de l’Homme d’autre part. Lieu d’union du ciel et de la terre, conflux des gestes liturgiques et des lignes architecturales ou naturelles, il est un centre(2), le lieu de réunion de toutes les divinités, point focal catalyseur de condensation synthétique des forces sacrées où sont opérées, par le levier de la supplémentarité, les transmutations miraculeuses de l’opération magique(3). Il est parfois richement orné et on y pose souvent différents objets liturgiques : ex. dans le christianisme, on y place les tabernacles dès le XVI ; on peut autrement voir les objets magiques de l’opération hermétique disposés sur la table de jeu de la lame du Bateleur. Domestique ou public, en plein air ou couvert, il peut être destiné à une ou plusieurs divinités. Lieu sacré et inviolable par excellence, il est estimé comme étant le séjour des divinités : on y prêtait les serments et près de lui on était à l’abri de toute violence. ↪ L’autel est un mobilier très répandu dans les religions et qui a probablement ses origines dans la vénération d’objets naturels estimés sacrés (un rocher, un arbre, une source…) : les anclabres romains, les hǫrgar {autels} scandinaves, les ātašdān zoroastriens, les différents वेदी (vedī) {autels} védiques, les 神籬 (himorogi) {clôture divine} shintoïstes ou encore les autels des civilisations grecques, égyptiennes, mayas ou tibétaines et même, les autels maçonniques, en sont quelques exemples. ► Dans les cathédrales chrétiennes, où l’autel est tout à la fois une figuration de la table des agapes et des sarcophages des saints, il faisait l’objet d’attentions particulières, dont des baisements de la part du clergé et des fidèles ainsi que la pratique pieuse consistant à les visiter dans les basiliques ou les églises monastiques ou conventuelles. Durant le moyen-âge à jusque l’époque moderne, on pouvait déposer des objets (des écrits et des vêtements surtout) sur ou sous l’autel pour profiter de son aura bénéfique. Son contact guérissait les maladies et il faisait également office de témoin pour des engagements, notamment commerciaux. D’abord seul dans les églises, le nombre des autels s’accrut rapidement à mesure des siècles : Grégoire le Grand (VI) en mentionne déjà douze ou quinze dans certaines églises et la Cathédrale Saint-Maurice-et-Sainte-Catherine de Magdebourg en a comporté jusque quarante-deux. Le maître-Autel était jadis placé à la croisée du transept avant d’être repoussé au XI – XII dans le chœur. Il par ailleurs est défendu de l’ériger autrement qu’en pierre depuis le Concile d’Épaone (517). ◆ L’autel est également l’une des quinze constellations méridionales (entre le Scorpion et le Triangle austral) mentionnée par Ptolémée. Dans la mythologie grecque, il s’agit soit de l’autel sur lequel prêtèrent serment les dieux avant la titanomachie soit de l’autel sur celui Chiron immola un loup (la constellation de l’animal est non loin). Manilius (Astronomiques) chante : II. Histoire► Pour l’abrahamisme, le premier autel jamais édifié est celui de Noé (Genèse, VIII:20-22) et par la suite, Abraham (ex. XXII:7-8) en éleva plusieurs à son tour, puis Isaac (XXVI:25), Jacob (XXXV:1-7) puis Moïse (Exode, XVII:15). Dans l’Exode (XX:24-26), Jehovah explique que ces autels devaient être en terre |
Notes |
1.⟴ Rectangle, carré, cercle pour les plus communs et certains sont mêmes portatifs. 2.⟴ Au sens symbolique comme matériel lorsqu’il est le centre de l’espace sacré. 3.⟴ Pernety indique que quelques adeptes ont nommé "autel" leur mercure et leur matière dans le vase pendant les opérations. |
Renvois |
↪ Connexe : Rituel, Sacré |
⟴Avatar
[avataʁ], subst. masc.
Définition |
[Hindouisme] ► Descente d’une force supérieure et digne vers le plan matériel. Plus spécialement, incarnation d’une conscience surnaturelle supérieure, digne voir divine en particulier, sur le plan matériel et pouvant subsister de façon définitive ou transitoire dans un être. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂ew {loin de, séparer (le haut du bas)} + *terh₂- {traverser, surmonter} ↳ Skr. : अवतार (avatāra) {descente des cieux}
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Commentaires |
I. Description► Le concept d’avatar dans l’hindouisme est ancien, peut-être lié au totémisme car lié à la souveraineté sur un territoire donné. Il est sous-tendu dès les upanishad (Taittirîya Upanishad, II:6), apparaît clairement dans la श्रीमद्भगवद्गीता (Bhagavad-Gita) {Chant du Bienheureux} et émerge en tant que terme dans la littérature puranique, entre la période classique et médiévale. Même s’il s’applique théoriquement à n’importe quelle "descente" divine dans le plan matériel(1), le terme est principalement associé au culte de Vishnu qui l’a mené à sa plus vaste et complexe expression, opérant de nombreuses distinctions et subtilités. De façon stricte, le dieu est le seul à pouvoir manifester des avatars, qui, exempts de कर्म (karma) se soustraient à la dualité, sont capables de réaliser des miracles et d’enseigner de nouvelles voies religieuses. ↪ Minoritairement, avec de notables différences doctrinales et malgré sa caractéristique spécialement transcendante, il existe également des avatars de Shiva dans le shivaïsme (la plupart sont locaux), dont le plus connu est Hanuman, Shankara est également parfois considéré comme tel ; on trouve ntm. une liste dans le लिङ्गपुराण (Liṅga-purāṇa). De même dans le shaktisme, Mahādevī se manifeste dans différentes déesses comme Durgā ou Kālī comme on le trouve dans le देवी भागवतपुराणम् (Devī bhāgavatapurāṇam). Enfin, Lakshmi et Parvati, parèdres de Vishnu et Shiva ainsi que Ganesh manifestent également et notablement des avatars. Kârttikeya, autre fils de Shiva et bien plus ancien, possède dans le sud de l’Inde de nombreuses formes territoriales. |
Notes |
1.⟴ Y compris celle qui concernait des lieux rendus sacrés par cette opération. |
Renvois |
↪ Connexe : Vishnu, tülkou |
⟴Axiome
[aksjom], subst. masc.
Définition |
[Philosophie (Aristotélisme)]. ► Proposition initiale qui, au moins nécessaire à la prémisse d’une démonstration, est évidente en soi et ainsi, admise comme un principe ou du moins un postulat. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *h₂eǵ- {conduire} ↳ Grc. : ἀξίωμα (axíōma) {qui est digne, juste, nécessaire}
↳ Lat. : axiōma {principe} |
Commentaires |
I. Exemples► En remontant aux racines fondamentales des différents systèmes logiques, philosophiques ou religieux, on trouve leur ultime axiome ex. : ↳ Le ↳ L’axiome de l’ésotérisme፧ est exprimé, en occident, dans l’opération du soleil de la Table d’Émeraude : ↳ Le שְׁמַע יִשְׂרָאֵל (Šəmaʿ Yīsrāʾēl) {Écoute, ô Israël) ↳ Le symbole de Nicée-Constantinople ↳ ٱلشَّهَادَةُ (aš-šahādah) {le Témoignage} musulman, premier des أركان الإسلام (arkān al-Islām) {Cinq piliers de l’islam}, ↳ Humata Hūxta Huvaršta {Bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions} du zoroastrisme car ↳ ↳ Les चतुरार्यसत्य (caturāryasatya) {Quatre nobles vérités} dans le bouddhisme : दुःख (duḥkha) {souffrance} puis समुदय (samudāya) {origine} qui l’explique, निरोध (nirodha) qui la solutionne et मार्ग (mārga) {chemin} qui expose cette solution. ↳ Enfin : |
Renvois |
↪ Connexe : Aphorisme (apophtegme, épigramme, proverbe, maxime, adage…), Dogme |
⟴Azoth (Azoch, Azock, Azoph)
[azɔt], subst. masc.
Définition |
[Alchimie፧, Hermésisme] ► Appellation revoilée du mercure pour désigner sa descente sous forme vaporeuse et aqueuse vers la matière sur laquelle il opère avec acidité. |
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Étymologie |
■ Ind.Eur. : *gʷih₃wós {vivre} ■ Grc. : ἄζωτος (ázôtos) {invivable} (𝕍 discīnctus). ■ Ois. : (1)AZωת |
Commentaires |
I. Description► L’azoth en tant que sujet est la quintessence astrale renfermant la totalité des propriétés cabalistiques et symboliquement, figure par analogie Dieu dans la nature. En tant qu’agent elle est une eau céleste sous forme vaporeuse, qui lave et purifie par ablution la matière durant la putréfaction. Chargé des forces du πλήρωμα (plḗrōma) {plénitude} et contenant donc le principe et la fin, i.e. le sperme de tous les corps(2), l’azoth, réfracté sur Terre par la lune et partout présent, est pour ainsi dire, composé de gouttelettes ouroboriques qui rongent les fèces et corruptions qui ne peuvent se conformer à sa substance céleste. Pour cette raison, l’Azoth est un agent d’union, de conservation et donc une médecine universelle. Concept clef très important de l’alchimie, on trouve une figuration symbolique de l’Azoth dans la première figure du Très précieux don de Dieu : ► L’Azoth agit alternativement (voir simultanément) avec le feu secret et ensemble, ils constituent les fondations de l’œuvre comme le déclare Morien (Le Composé d’alchimie) : ► Pour Khunrath (Amphithéâtre) l’azoth est le ► Pour le néo-occultisme de Lévi, influencé par le magnétisme spiritualiste (qu’on trouve ex. chez Delaage), l’azoth désigne la lumière astrale, qui, esprit sidérique, est cosmologiquement le médiateur plastique et chez l’Homme un fluide magnétique mesmérien. Lévi professe (Dogme et Rituel) : ↪ Guaita (Au Seuil du mystère) synthétise à son tour : ☩ Documentation pertinente☩ 𝕍 Sur l’Eau Divine, Zosime (de Panopolis), III – IV. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Le Composé d’alchimie, Morien, f.V. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Le Livre secret, Artéphius, ? 1130. [Ouvrage] ☩ 𝕍 Azoth ou le moyen de faire l’Or caché des Philosophes, Basile Valentin, 1599. [Ouvrage] |
Notes |
1.⟴ Combinaison des lettres latines A puis Z suivi de la lettre grecque ω (oméga) et de la lettre hébraïque ת (tav) i.e. Alpha et Omega avec une cause et trois conséquences analogues entre elles. 2.⟴ Et des métaux en particulier desquels on peut l’extraire. 3.⟴ Latinistes, 𝕍 aussi le pseudo paracelsien Azoth sive De Ligno et Linea vitæ par ailleurs important pour le concept de nitre. |
Renvois |
↪ Synonyme : Quintessence astrale, Mercure des Sages, Eau céleste, Esprit animé, Serf-fugitif, Serpent Vert, Médecine universelle, Catholicon, Sperme du monde, Magnésie, Vinaigre, Auraric, Ethelia, Adrop, Atropum, Duenech vert (attention à Ois. – notamment aux métonymies – qui peut égarer autant que dévoiler) |
Version: 1.0
Maj : 20/12/2024