Personnalités collectives (XX)
⟴Guilmot Max | Ésotériste, Philosophe 🞄 Belge | XX
► Égyptologue rosicrucien, consultant du Rosicrucian Egyptian Museum. A écrit, dans le cadre intellectuel de l’AMORC, plusieurs ouvrages consacrés à l’Égypte antique, sa spiritualité et son ésotérisme. 𝕍 par exemple La signification des métamorphoses du défunt en Égypte ancienne in Revue de l’histoire des religions (T°175, N°1, pp. 5-16 ), Max Guilmot, 1969.
⟴Gamache Henri | Magicien 🞄 Conjureur (hoodoo) 🞄 Américain | XX.
► Auteur afrocentriste de plusieurs ouvrages de magie Hoodoo dans les années 1940 et qui la modernise en y combinant des éléments issus de la pensée de Randolph. La publication la plus connue est la première : The Master Book of Candle-Burning (1942), elle eut un important succès dans les milieux du vaudou de la Louisiane, adeptes de cette pratique. L’ouvrage traite en effet de l’emploi des bougies à des fins rituéliques et il fait encore autorité au d.XXI dans les milieux concernés. Cette pratique est désormais largement répandue dans le Hoodoo et ce, par l’intermédiaire de la Santeria qui en fait également un usage intensif.
⟴Fort Garett | Scénariste 🞄 Américain | 1900 – 1945
► Disciple de Meher Baba à partir de 1934. A travaillé pour l’industrie hollywoodienne du cinéma notablement dans le genre horrifique avec Frankenstein (1931) et Dracula (1932) mais aussi la comédie avec Applause (1929) et l’aventure avec La marque de Zorro (1940).
⟴Himmler Heinrich | Politique 🞄 Allemand | 1900 – 1945  
► Reichsführer-SS, créateur de l’Ahnenerbe. Influencé par Wiligut et Rahn, il instaure des rites revivalistes païens dans la Schutzstaffel. 𝕍 d’abord Les racines occultistes du nazisme, Nicholas Goodrick-Clarke, 1985.
⟴Tomberg Valentin | Ésotériste 🞄 Russe | 1900 – 1973  
► Anthroposophe converti au catholicisme en 1945. Son ouvrage le plus connu est Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot (1980) 🕮 ORAEDES 🗎⮵ où il est essentiellement question de théosophie. 𝕍 Accès de l’ésotérisme occidental 🕮 ORAEDES 🗎⮵ (T°2, pp. 290-337), Antoine Faivre, 1986. Pour un point de vue critique 𝕍 Le Problème Tomberg in L’Esprit du Temps (N°12, pp. 66-86), Christian Lazaridès, 1994.
⟴Siegmeister Walter [Bernard Raymond] | Spiritualiste, Écrivain 🞄 Américain | 1901 – 1965
► Docteur en éducation, sa thèse portait sur Theory and Practice of Dr. Rudolf Steiner’s Pedagogy (1932). Principalement intéressé par les médecines alternatives et plus particulièrement par la nutrition, c’est un promoteur de l’orthopathie. Il préconise des formes alternatives d’alimentation dont le véganisme, le crudivorisme, voir le fruitarisme et le respirianisme. Il s’est également penché dans une moindre mesure sur des sujets variés tels le spiritualisme, le complotisme et le survivalisme et enfin sur l’ufologie et les théories autour de la terre creuse avec The Hollow Earth (1965) qui est son ouvrage le plus connu. Ce dernier demeure un classique pour les tenants de cette théorie. Il terminera d’ailleurs sa vie en cherchant un tunnel d’accès aux royaumes intérieurs qu’il pensait pouvoir trouver au Brésil.
⟴Baskine Maurice | Peintre 🞄 Brutiste 🞄 Ukrainien | 1901 – 1968  
► Né ukrainien, sa famille s’installe à Paris en 1905. Influencé par la poésie romantique et symboliste (ntm. Nerval), il est mis en contact avec l’occultisme (chiromancie et onirocritique) dès 1933 et l’alchimie፧ dès 1937 avec la Lettre philosophique. Il adhère un temps au surréalisme (Breton lui fera découvrir Fulcanelli), à partir de 1946 mais rompt avec le groupe en 1951 souhaitant rester à l’écart de ces manipulations de souffleurs qui n’anoblissent pas le plomb, mais qui avilissent l’or
. Il crée alors, inspiré de l’alchimie, la fantasophie sur une ligne brutiste (faute de pouvoir le classer plus habilement) et particulièrement attachée au symbolisme chromatique. Baskine organisera en outre, des conférences sur Nostradamus ou le Tarot, dont il a d’ailleurs crée un jeu jamais publié de son vivant. Son œuvre la plus connue, de 5m sur 2, est le Fantasophe-Roc ou l’édification de la pierre de Fantasophopolis (1952-1958, ajd. bs. Musée d’Art Moderne de Cordes-sur-Ciel qui possède par ailleurs la plupart de ses œuvres). Ses cendres, anciennement inhumée 87D du Père-Lachaise ont étés dispersées en 1996 (ℙ in Jardin du souvenir en 77D).
⟴Lethbridge Thomas | Parapsychologue, Archéologue 🞄 Anglais | 1901 – 1971  
► Explorateur dans sa jeunesse, il devient ensuite archéologue spécialisé dans la civilisation anglo-saxonne puis détient le poste de conservateur au Musée d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Cambridge entre 1923 à 1957. Durant cette période, il conduit plusieurs fouilles, mais ses préoccupations, sa méthodologie et son style peu orthodoxe lui attirent le dédain de ses pairs. Lui-même critique du milieu universitaire, il le quitte pour se diriger dans la rédaction d’ouvrages relatifs à la parapsychologie comme The Power of the Pendulum (1976).
⟴Narayanananda (Swami) | Mystique 🞄 Indien | 1902 – 1988  
► Membre de la Mission Ramakrishna, il devient moine à 27 ans. Témoin de la partition des Indes, il se décide à enseigner et attire à lui des étudiants danois. Auteur de nombreux ouvrages, il fonde la Narayanananda Universal Yoga Trust.
⟴Brauner Victor | Peintre surréaliste 🞄 Moldave | 1903 – 1966  
► Né en Moldavie, d’un père spirite, sa famille se fixe à Bucarest en 1918 où il étudie à l’Université nationale d’art de Bucarest puis s’intéresse aux mouvements d’avant-garde de la capitale (expressionnisme, constructivisme, dadaïsme roumain) et met au point le concept de picto-peinture avec le poète Ilarie Voronca dans une tentative de lier verbe et graphisme. Il habite Paris dès 1932 et se lie avec les surréalistes jusque 1948. Intéressé par les sciences occultes et la psychanalyse, les ouvrages de Paracelse et de Jung, Brauner produit une œuvre insolite et à l’érotisme latent, violemment traversée par l’occultisme et la magie; La thématique de l’œil y est par ailleurs permanente. Il a notablement peint un Autoportrait à l’œil énucléé (1931) où il figure borgne : peinture auto-prophétique, démonstration du hasard objectif de Breton, puisqu’il subira une énucléation en 1938 lors d’une altercation. Lui-même annonce : tous mes documents, tableaux, dessins, objets, textes ont un caractère et un aspect très hermétique magico-occulte. Ceci naturellement dans une idée d’un ésotérisme absolument hétérodoxe-libre, et d’une force radiante, que l’on soupçonne cosmique. Ainsi mes documents deviennent plutôt des pantacles ou des talismans
.
⟴Choisy Maryse | Écrivain, Mystique 🞄 Française | 1903 – 1979  
► Touche-à-tout influencée par Villiers de l’Isle-Adam, Wilde et Nietzsche, Choisy est auteur et écrivain, fondatrice du suridéalisme et journaliste d’immersion à succès (Un mois chez les filles chez les prostituées ou Un mois chez les hommes en infiltration au Mont Athos). Durant sa vie, elle a rencontré nombre de célébrités : Teilhard de Chardin, Freud, Tagore, Nehru et Indira Ghandi, Tenzin Gyatso et, d’une façon générale, les milieux artistiques, intellectuels et occultistes du Paris d’alors.
► Intéressée par l’occultisme (La Chirologie, 1927) elle a fondé trois revues sur ce sujet : Votre Bonheur (1935-1936), Votre Destin (1935-1936) et Consolation (1935-1937) ainsi que l’Association pour la Rénovation de l’Occultisme Traditionnel avec Ambelain en 1935. Elle se penche également sur le yoga : elle soutient une thèse de philosophie : Les Systèmes de philosophie védanta et samkya en 1936, publie La Métaphysique des yogas en 1948 puis Yogas et psychanalyse en 1949. Elle s’intéresse encore effectivement à la psychanalyse : elle est, avec son époux Maxime Clouzet, fondatrice avec de la revue de psychanalyse Psyché (1946-1963) et publie également un Psychanalyse et catholicisme en 1950. Elle s’intéresse enfin à la religion, se convertit au catholicisme en 1939 et est la fondatrice de l’Alliance Mondiale des Religions en 1965 (33 éditions jusque 2000) inspiré par la World Fellowship of Religions la même année.
► 𝕍 le site de Grégory Halleux, dédié à l’auteur.
⟴Mahāsī (Sayādaw) | Moine 🞄 Birman | 1904 – 1982
► Moine theravāda spécialiste de vipassanā, disciple de U Nārada et propagateur de la nouvelle méthode birmane dans le sud-est asiatique ainsi qu’aux États-Unis.
⟴ Spiesberger Karl [Frater Eratus] | Ésotériste 🞄 Allemand | 1904 – 1992
► Occultiste intéressé par la radiesthésie et la divination (Der erfolgreiche pendel-praktiker, 1963 et Die Aura des Menschen la même année) connu pour son utilisation des runes d’Armanen (Runenmagie : Handbuch der runenkunde, 1955) de Von List et Kummer dont il expurge les éléments controversés (il permet ainsi à ces techniques de survivre à la disparition des nazis, ntm. dans via des groupes néo-païens). Membre important de la Fraternitas Saturni dès 1935 (il est reçu maître en 1957), il est pressenti pour succéder à Grosche mais il quitte le groupe dans les années 1960 à cause de dissentions internes.
⟴Mounier Emmanuel | Philosophe 🞄 Catholique 🞄 Français | 1905 – 1950  
► Influencé par Bergson, Berdiaeff et Péguy. Connu pour être à l’origine de la revue Esprit en 1932 et du personnalisme communautaire, courant spiritualiste révolutionnaire et humaniste mettant l’accent sur l’éthique et dont il devient le chef de file. La révolution sera spirituelle ou elle ne sera pas
estimait-il.
⟴Meier-Parm Heinrich | Astrologue, Auteur 🞄 École de Hambourg 🞄 Allemand | 1905 – 1987
► Fils d’horticulteur, il s’intéresse d’abord à la littérature. Il commence à se pencher sur la cosmobiologie en 1930. Pionnier, avec Brunhübner (Der neue Planet Pluto, 1935), dans les significations de Pluton (Pluto im Planetenbild, 1935) et de Vesta (Der Planetoid Vesta, 1974). Membre fondateur (avec ntm. Koch) de la Deutscher Astrologen-Verband en 1947, qui est, au d.XXI, la plus grande association astrologique en Allemagne. Classifie les horoscopes en huit types selon des figurinen {structures} et utilisateur des spannungsherrscher {dénominateurs tensionnels} (planètes les plus éloignées de toutes les autres) afin de signaler le point le plus dynamique du thème. D’orientation universaliste et anti-déterministe. A aussi écrit des nouvelles et des pièces de théâtre.
⟴Gröning Bruno | Mystique 🞄 Allemand | 1906 – 1959
► Promoteur d’une méthode de guérison, dite einstellen {syntonisation}, basée sur le magnétisme curatif et la guérison par la foi. Elle consiste par le biais de techniques psycho-corporelles proches du Qi Gong, à faire absorber par l’Humain le heilstrom {courant guérisseur}, force vitale issue de Dieu. Gröning ajoute qu’une période de regelungen {régulation} est parfois nécessaire à l’organisme afin de retrouver ses pleines facultés. Des groupes se réclamant de son enseignement sont encore actifs au d.XXI.
⟴Newhouse Flower | Mystique 🞄 Américaine | 1909 – 1994
► Depuis son plus jeune âge, elle se déclare en contact avec les anges. Née Mildred, elle obtient de ses parents à 13 ans d’être renommée "Flower". Elle délivre un enseignement chrétien spiritualiste dès 1924 d’abord à Los Angeles puis en Amérique du nord. Elle se marie en 1933 avec Lawrence Newhouse qui dès lors la soutiendra dans sa démarche. En 1940, elle construit la retraite de Quest Haven, fonde le Christward Ministry puis se dédiera à l’expansion de son projet en écrivant des livres.
⟴Albertus Spagyricus (Frater, F.R.C.) [Riedel Albert] | Alchimiste, Spagyriste 🞄 Allemand | 1912 – 1984  
► Né à Desde, il émigre aux États-Unis vers 1932. Membre de l’AMORC, lecteur du Rosicrucian Digest d’Orval Graves, influencé par ses lectures de Valentin (le Char Triomphal de l’Antimoine en particulier), Paracelse, l’Alchemy rediscovered and restored de Cockren, le couple Ingalese et Fortune. Publie un Alchemist’s Handbook en 1960 et dans le même temps, fonde la célèbre Paracelsus Research Society (plus tard Paracelsus College) à Salt Lake City puis en Australie. La société, qui cesse ses activités à la mort de son fondateur, en 1984, disséminera ses cours à des centaines d’étudiants (principalement issus de l’AMORC et de la Golden Dawn), conduira de nombreux séminaires (sur l’alchimie minérale, métallique, végétale et animale) et produira plusieurs bulletins internes : Alchemical Bulletin Codex (1960-1972), Parachemy (1973-1979) et Essentia (1980-1984). Enseigne notablement à George Fenzke, Regardie, Hans Nintzel (Fondateur de la célèbre Restorers of Alchemical Manuscripts Society ); rencontre Canseliet (𝕍 An interview with Eugene Canseliet in Parachemy N°4, 1976. Article reporté tout de suite après; nous avons corrigé les fautes et les maladresses) et semble-il, Fulcanelli (𝕍 The Alchemist of the Rocky Mountains, 1976).
An Interview With Eugene Canseliet (1976)
(By Frater Albertus)
It may be of interest to you to know that I have just now returned from Europe where Fulcanelli’s only pupil, Eugene Canseliet, and I have met at his home to clarify some topics that have caused misunderstandings among those who have read his books and explanations he previously gave about some of his personal alchemistical concepts.
On August 17th of this year Signore Augusto Pancaldi of Ascona and I took the Orient Express from Domodossella, Italy, to Paris. It had been arranged by Villa-Santa of Lugano that I should meet Fulcanelli’s only student, Eugene Canseliet, in his home near Beauvais, an hour’s train ride from the Gare de Lyon in Paris. Since Canseliet spoke no English, Pancaldi who speaks four languages fluently and who is himself active in laboratory alchemy, was to act as interpreter and to help with the difficult alchemistical language barrier.
When we arrived at the previously arranged time, Madame Canseliet informed us that she knew nothing of our coming and we were told Monsieur, Canseliet was not at home. This appeared to be a ruse to prevent him from being disturbed. However, she agreed that we could return later, since she did know how to reach him. We returned later and were received by him as he unlocked the chain from the gate and ushered us into his house and the not-too-large living room. Canseliet is small of stature, bald in front with the sparse hair left on the sides and back of his head hanging down in long strands to his neck.
The three of us were sitting at the round table, and after the formalities were concluded and the conversation became animated, Canseliet consented to answer the questions I had prepared on the train from Paris to Beauvais. Pancaldi began to read the questions and wrote down precisely the answers Canseliet gave to avoid any misunderstandings later. When some of the original French words of Canseliet’s are placed in my notes in parentheses it is only to compare meanings and show that the translation from the French has the same meaning.
I began by asking: "Monsieur Canseliet, you have become famous in Europe through your alchemistical literary efforts, especially by publishing Fulcanelli’s two books. Since only one has been translated into English, your name is not as well known in the U.S.A. as in your native France. I will give only an authentic version of our personal meeting here in your house. May I ask you for additional information ?"
A. Yes, because alchemy does not change in itself, immutable Alchemy is the great harmony. In a sense it is also the art of music as well as the priestly art that requires a constant purification because the alchemist has to be in constant unison (soit au diapason) with his matter and the Cosmic. All this has to be in absolute purity exactly as Rulandus said in his Lexicon: alchemia est impuri separatio…
Alchemy consists of three parts:
1.) To be in harmony with the matter to be worked with.
2.) This harmony has to be also within the alchemist.
3.) To be in harmony with the Cosmic.
All of these three have to be in harmony as one.
This harmony can be considerably intruded upon by waves which disturb the weather (meteora) as can be noticed by the constantly clouded sky and the presently continued drought.
We do the same in the laboratory that the old ones did, except that we have the advantage of better technical equipment but lack what the old one’s had, a closer relationship with nature. They also had the advantage of the four seasons that were not so disturbed as we experience now. When the sky is covered, the Universal Spirit can’t descend.
Q. Your name, Canseliet, has become almost synonymous with that of Fulcanelli. Is this because you are the only person who, can be named as his pupil ?
A. I have been the only (le seul) pupil of Fulcanelli.
Q. Did you work theoretically with Fulcanelli or were you only his helper in practical alchemistical laboratory work, or both ?
A. We, Fulcanelli and myself, were engaged only in speculative alchemy. I have seen quite a few things while I was with Fulcanelli. I did him many favors that made it possible for me to watch him often while he worked. I did not work with him. I only observed. It was in 1915 when I got to know Fulcanelli. I was then 16 years old and it happened through a servant of his who said to me: "I am going to introduce you to a very interesting person" and that was Fulcanelli.
Q. When did you see Fulcanelli last ?
A. I was around Fulcanelli for 15 years. Fulcanelli left in 1930, the year when "Demeures Philosophales" (Dwellings of the Philosophers) was published. Do you know "Le Mystere des Cathedrales" ? It has been translated into English but I am not convinced that it is a good translation, especially since I don’t speak English. In 1932 Jules Champagne died, whose portrait you see hanging there on the wall. He was the one who made all the drawings in the book.
Q. Do you know where Fulcanelli originated ? Where he came from ?
A. No. I only know that he had a large circle of friends, among them Ferdinand Lesseps (builder of the Suez Canal) and Pierre Curie to mention only a few well-known names.
Q. Do you know where Fulcanelli is now, or do you have any clues ?
A. In 1922 he visited me several times in Sarcelles. When he left in 1930, he was an old man (un vieillard) but when I saw him again in 1952 he looked hardly 50 years old.
Q. Whom do you consider the best informed alchemist alive in Europe or generally ?
A. I don’t know any (Je n’en connais aucun).
Q. Are you in contact with other alchemists here on earth ? If yes, with whom ?
A. I don’t know any. There was Barbault and Savoret, but otherwise I know only students of alchemy, and I am an older student, one of the oldest who works with the younger students because alchemy is above all the art of fire.
Q. What do you think of Armand Barbault and his spagyric method of production since we both, you and I knew him personally ?
A. This is spagyric chemistry. I know personally from him that he wanted to work in such a way. His "Turba" is not the prima materia of the philosophers. One cannot take it seriously (ce n’est pas sérieux). One cannot make out of plant leftovers (déchets végétaux) something useful, but there are fields where personal conviction plays a part and everyone works according to his beliefs.
Q. What do you see in the future concerning the practical laboratory alchemy ?
A. I believe youth (les Jeunes) will enter into it (s’y mettre). For more than 20 years I have observed that the future of alchemy belongs to youth. The philosopher with his stone is always in the presence and this presence contains both past and future.
Q. Would you be willing that we, you and I, perform jointly some practical laboratory experiments in your laboratory, or whatever place you would choose ?
A. I can see no difficulty as soon as the laboratory is ready, but not at this time of the year. Mr. Pancaldi then said to Canseliet: "I can take care of the preliminaries for this joint project. It is up to you to suggest which way you would like to prepare the philosophical mercury either by the dry or the wet method, since both can be used. The time is depending on our presence next year from the beginning of June until August."
A. I prefer the dry way. Do you know that the philosophical mercury can only be produced at the proper time ? This time is considered within traditional alchemy as spring because only the philosophical mercury that is produced during this time is the philosophical mercury. Therefore, to know the correct time is of importance.
Q. Are you acquainted with the product of the philosophical mercury both the wet and dry way and are you prepared to prove it ?
A. No. In my opinion most traditional texts speak of the wet and dry way, only to use it as a trick to conceal the dry way from obtaining the philosophical mercury. The philosophical mercury can only be made the dry way. Mr. Pancaldi interrupted and pointing to me said: "He can use a glass container for either the dry or wet way, to which, Canseliet answered only with, "No."
Q. What do, you understand under philosophical mercury ?
A. The soul (l’âme), this is the minute part (la partie minuscule) that can be obtained from the mass during the sublimation in the dry way. This also called the little fish (le petit poisson = la remore) that becomes a stone.
Q. Did Fulcanelli prove in the laboratory how to produce the philosophical mercury, and did you personally handle the same ? If Yes, would recognize at once the philosophical mercury if I were to show it to you ?
A. Yes, I have watched. Yes, I have handled the philosophical mercury. Yes, I would recognize the philosophical mercury if one would show some.
Q. Were you an eyewitness while Fulcanelli made the gold transmutation ?
A. Yes. I was present with Gaston Sauvage and Jules Champagne. The transmutation was made in the Usine a Gaz de Sarcelles where I was employed. The transmutation was performed by myself under the direction of Fulcanelli. I received three small pieces of the transmuting stone (pierre transmutatoire). This transmuting stone consisted of one part gold and one part philosophical stone.
Q. Did Fulcanelli make any other transmutation with only you present ?
A. No. He did not make any transmutation with only myself present. I know only of the one at Sarcelles.
Q. Do you continue to teach your pupils what Fulcanelli has taught you ?
A. I am the headmaster (chef d’école) similar to Andre Breton. My contact with the pupils is through books and considerable correspondence. I am also visited by many people and if I would not from time to time act that I am not available at home, I would not be able to do very much (sinon je ne ferais plus rien). I have also considerable correspondence with Italians.
Q. Have you had any personal alchemical success in the laboratory after Fulcanelli left you, which others can testify to ?
A. Yes. Formerly, when I was more engaged in experimenting than at present, I have caused an Aurora Borealis. The last coction I have not as yet accomplished except for the sequence of color and that of the planets which can’t be followed in an earthenware vessel. One can, however, by the harmonious noises and whistling sounds make a comparison without a chromatic scale. One may say chromatic because of its color relationship to the musical scale. This last coction I have not been able to complete because the time which the old ones called "the week of the weeks" (la semaine des semaines) has not been favored by the weather, because of the distortion of the air by the various waves. This is the reason why my last coction simply will not take place or can take place. You know that for such a week the following traditional requirements have to exist during spring: beautiful weather so the sky is clear (ciel découvert) and also, the second quarter of the moon going towards the full moon is not always so easy to bring together with the first.
Q. Do you still teach practical laboratory alchemy ?
A. I teach through books and personal contact. Science and the university are my territory and not so-called occult circles.
Q. Do your students teach ?
A. L’association culturelle de l’université de Paris gave me recognition with the title 'savant' and I am proud of it.
Q. Would you allow me to photograph your alchemistical laboratory so posterity would have a picture of it ?
A. Just now I am moving my laboratory. I can’t very well manage the stairs to the top anymore. You can see the new fireplace at the end of the garden. As you know, the chimney is an important part of the laboratory.
Q. Are you presently using any of your own alchemical preparations for your personal health ?
A. Yes. Thanks to this alchemical preparation I am still here. In 1974 I had a heart attack. Thanks to the 'niter' which I produce as a pink salt out of the dew in spring could I recover.
Since Mr. Pancaldi and myself had another appointment the same evening in Paris, we left, after spending the afternoon with Canseliet in his home, to meet with Prof. Dr. Monod-Herzen, the eminent French physicist, who showed considerable interest in laboratory alchemy. It was not only a pleasant meeting but a highly stimulating and interesting one, since the professor has spent his entire life to discover the origin of light from the physicists’ point of view while not ignoring what alchemy could reveal as possible additional information.
Soon after, we were invited to make the personal acquaintance of Signore Julio Villa-Santa of Lugano, who also had an interview with Canseliet some years ago, to compare his interview with ours. It showed no marked difference. The former was used in a Round Table discussion over the Swiss Radio Network. Both Villa-Santa and his wife, the former Countess Sophia Tekeli de Scel, are keen students of alchemy and are looking forward to next year and the joint experiments of Canseliet and myself near Beauvais, France.
⟴Zezulka Josef | Philosophe, Guérisseur 🞄 Tchèque | 1912 – 1992
► Inventeur de la "biotronique", forme de magnétisme curatif. Promoteur du végétarisme.
⟴Allard l’Olivier André | Essayiste, Poète 🞄 Pérennialiste 🞄 Belge | 1913 – 1985
► Converti au catholicisme en 1939. Essayiste guénonien, rencontre d’ailleurs Guénon juste avant son décès, en 1950. Publie une Illumination du Cœur en 1977. 𝕍 le site de ses ayants droits proposant plusieurs contenus numériques libres de droits .
⟴Koch Kurt | Théologien 🞄 Protestant 🞄 Allemand | 1913 – 1987  
► Missionnaire, principalement en Afrique. Connu pour ses ouvrages traitant de l’occultisme et de la démonologie dans une perspective pastorale comme Seelsorge und Okkultismus (1953).
⟴Brousse François | Poète 🞄 Théosophe 🞄 Français | 1913 – 1995  
► Poète et philosophe éclectique du Languedoc-Roussillon, auteur d’une centaine d’ouvrages. Influencé par Hugo, il est particulièrement intéressé par l’ésotérisme, la symbolique et le domaine de la prophétique. Précurseur, dès 1975, des cafés philosophiques.
⟴Raynaud de la Ferrière Serge | Astrologue 🞄 Français | 1916 – 1962  
► Né Raynaud. Penseur autodidacte d’abord proche de la Société théosophique puis de la maçonnerie, fondateur d’un Institut de cosmobiologie à Paris. Fondateur ensuite de la Grande fraternité universelle à Caracas en 1948 où Jose Manuel Estrada devient son principal disciple. C’est aussi un pionnier du yoga et d’une façon plus générale, de l’introduction du new-age en Amérique latine. L’organisation, qu’il dissémina au cours de ses nombreux voyages, se présente comme étant de nature éducative et humanitaire plus que religieuse et met en avant sa volonté de concilier science et religion. Elle combine cependant astrologie፧ millénariste (entretenant l’idée d’un changement imminent d’âge aux conséquences révolutionnaires), éléments yogiques et (prétendument) précolombiens, tout en encourageant le développement personnel, la médecine préventive et le végétarisme. Elle est en outre, dépendante d’un système initiatique hiérarchisée avec Raynaud de la Ferrière à son sommet, considéré par ses disciples comme "L’avatar du Nouvel Âge". Le mouvement, qui s’est scindé à plusieurs reprises existe encore surtout Amérique du sud et en Amérique centrale ainsi que dans plusieurs autres pays. Son ouvrage le plus important est son Yug, Yoga, Yoghismo. Una Matesis de Psicologia (1969).
■ Il existe peu d’informations fiables au sujet de sa biographie, la majorité des renseignement PSI sur son histoire personnelle sont basés sur ses propre allégations (dont le nombre extravagant de diplômes qu’il s’attribue) et sont, d’après nos recherches, vraisemblablement mensongers ou déformés. 𝕍 cependant Serge Raynaud de la Ferrière: Aspectos biográficos, Pamela Siegel, 2014 et un témoignage (à charge) de son ancienne épouse : Los Falsos Maestros. Mi Vida con Serge Raynaud de la Ferrière, Louise Baudin de Raynaud, 2011. Enfin, le site opportunément intitulé Sergeraynauddelaferriere rend disponible ses ouvrages.
⟴Vogel Marcel | Chercheur, Entrepreneur 🞄 Américain | 1917 – 1991
► Jeune, il expérimente une mort imminente. Il travaille sur la luminescence et fonde sa propre entreprise, pionnière dans ce domaine. De 1957 à 1984, il travaille en outre comme chercheur chez IBM, notamment dans le domaine du magnétisme. Il fonde ensuite son propre laboratoire Psychic Research où il conduit des travaux sur la structure de l’eau, les cristaux et leur capacité à stocker et transférer de l’information ainsi que sur la communication Homme-végétal. Pionnier dans ces domaines, il dépose une centaine de brevets pour divers inventions.
◆ Par leur nature et les conclusions de Vogel, ces différents travaux intéressent l’occultisme en ce qu’ils viennent alimenter plusieurs de ses théories. Le cristal est un objet neutre dont la structure interne présente un état cristallin de perfection et d’équilibre. Lorsqu’il est précisément adapté à la forme géométrique appropriée et que l’esprit humain entre en relation avec sa perfection structurelle, le cristal émet une vibration qui étend et amplifie la puissance et la compréhension de l’esprit de l’utilisateur. Comme un laser, il il irradie de l’énergie dans une forme cohérente et hautement concentrée, et cette énergie peut être transmise dans des objets ou des personnes à volonté.
𝕍 ce site sur son œuvre.
⟴Seckler Phyllis [Soror Meral] | Occultiste 🞄 Thélémiste 🞄 Américaine | 1917 – 2004
► Institutrice de formation. Seckler est une figure importante pour le renouveau de l’Ordo Templi Orientis et la préservation de la philosophie de Crowley, le thélémisme. Disciple de Wolfe, amie de Germer et épouse de McMurtry, elle rejoint l’O.T.O. en 1939 via la loge hollywoodienne Agape de Talbot Smith (la seule encore en activité à ce moment là) puis l’A∴A∴ dès 1940. En 1973, elle fonde le College of Thelema, destiné à former des étudiants en deux ans, et en 1976, elle renforce cette organisation par la publication du journal thélémite bi-annuel In The Continuum qui, qualitatif (on y trouvait des articles sur l’astrologie፧, le Tarot, la qabale, des textes inédits ou épuisés de Crowley), a pu poursuivre sa parution jusque 1996. Cofondatrice, avec James Eshelman, du Temple of Thelema en 1989 puis du Temple of the Silver Star en 2000.
⟴Huỳnh Phú Sổ | Mystique 🞄 Bouddhiste (Hòa Hảo) 🞄 Vietnamien | 1917 – 1947  
► Né dans une famille catholique du Delta du Mékong durant l’Indochine française. Après une illumination mystique en 1939, il se met se déclarer prophète et réincarnation de Bouddha, à voyager en tant que guérisseur et à prêcher, sous fond de millénarisme, pour une réforme du bouddhisme enracinée dans un syncrétisme de religion traditionnelle, de confucianisme et de l’École du lotus blanc; vers une forme, en fait, plus populaire, mettant l’accent sur le culte familial et les abstèmes, le patriotisme anti-colonialiste et anti-urbain et se référant, en définitive, à la figure de Đoàn Minh Huyên. Il rédige également dix livres des Sấm giảng {Enseignements prophétiques} la même année, qu’il distribue gratuitement. Exécuté par le Việt Minh en 1947. Le Hòa Hảo est au XXI, l’une des religions les plus représentées au Vietnam, forte de plusieurs millions d’adeptes (? ≈ 2 millions, largement sur-représenté dans la paysannerie défavorisée du Delta du Mékong).
⟴Bernard Jean-Louis | Occultiste, Ésotériste 🞄 Néo-occultiste 🞄 Français | 1918 – 1998  
► Né à Belfort, formé à l’École normale d’Obernai, il est instituteur au Maroc puis professeur de lettres à Alexandrie de 1949 à 1951. Il retourne en France, à Lyon et fréquente les milieux ésotériques lyonnais puis se fixe à Paris en 1957. Occultiste seulement connu des spécialistes et principalement actif dans les années 70. Initié au soufisme, il s’est penché sur l’Égypte antique et le tantrisme. Conférencier (𝕍 extraits la chaîne Youtube des éditions Ergonia ) et auteur de plusieurs articles pour des revues spécialisées (L’Initiation, Atlantis, Initiation et science, Les Cahiers du Chêne d’or, Ishtar…) ainsi que de plusieurs ouvrages : Le Tantrisme (1973), Les Archives de l’insolite (1978) 🗎⮵, La Science occulte égyptienne (1987). Fondateur d’un Cercle Jean-Louis Bernard
encore animé par ses enfants durant ans. 2010, mais qui ne semble désormais plus actif.
⟴Ygé (d’) Claude [Lablatinière Claude] | Alchimiste, Gnostique 🞄 Néo-hermétiste 🞄 Français | 1912 – 1964  
► Fils d’avocat qui l’initie à l’alchimie፧. Actif dans les milieux ésotéristes parisiens entre-deux-guerres (il connaît ex. Alleau, Ambelain et Rouhier et participe aux cérémonies de Naglowska), il publie de nombreux articles ntm. dans Initiation et science. Disciple et ami de Canseliet. Auteur des bien connus et appréciés Anthologie de la poésie hermétique et Nouvelle assemblée des Philosophes chymiques (également une anthologie). Influence Bernard Husson.
⟴Désaguliers René [Guilly René] | Maçonnologue 🞄 Franc-maçon 🞄 Français | 1921 – 1992  
► Initié dans la loge La Clémente Amitié du Grand Orient de France en 1951. Proche de Lepage et initié au martinisme "Sâr Athanasius Indagator" par Mariel en 1961. Fondateur de Renaissance traditionnelle et de sa revue afférente La Franc-maçonnerie de demain en 1970. Particulièrement attaché à l’histoire de la maçonnerie par laquelle il entendait éclairer ses rites et symboles.
⟴Hills Christopher | Hommes d’affaires, Auteur 🞄 Anglais | 1926 – 1997
► Riche homme d’affaires (négociant en matières premières, marchant d’art et d’antiquités, assurances…) mais aussi client régulier chez Weiser Antiquarian Books, Hills s’investit activement vers 1957 dans la philanthropie, l’éducation, la politique (il s’était précédemment investi dans la politique et la culture jamaïcaine et auprès des rastafaris), ainsi que, d’une façon plus générale, dans les domaines de la spiritualité et de la parapsychologie, essaimant les organisations caritatives. Il entame des séries de conférences en 1961 en Europe, au moyen-orient et en Inde où il devient proche de Nehru et disciple de Shantanand Saraswati. En 1962, il forme la Commission for Research in the Creative Faculties of Man et en 1970, il organise la World Conference on Scientific Yoga cherchant à établir un rapprochement entre les démarches spirituelles et scientifiques.
► Hills a notablement a participé à l’émergence du mouvement new-age par la fondation du Centre House à Londres en 1966 (focalisée sur le yoga, la méditation et la parapsychologie) ainsi que par celui, en 1973, de l’University of the Trees en Californie (école à but non lucratif et espace de vie communautaire dont l’objet était la recherche sur la conscience). Hills devient également citoyen américain et disposait d’un vaste réseau personnel. Parmi sa trentaine d’ouvrages, il aura, en outre, rédigé deux ouvrages importants dans le développement du new-age : Nuclear evolution (1968) et Supersensonics (1975). Hills est enfin connu pour avoir développé les recherches en aquaculture avec le biologiste Hiroshi Nakamura conduisant à la découverte de la spiruline — complément alimentaire produit à base de cyanobactéries — qu’ils estimaient pouvoir résoudre le problème de la faim dans le monde et que Hills a ensuite popularisé via la création d’un réseau d’organisations (𝕍 son Secrets of Spirulina, 1980). L’Université de Stanford possède plusieurs archives (M2705) qui lui appartenaient.
⟴Livraga Rizzi Jorge | Ésotériste 🞄 Acropolitaniste 🞄 Argentin | 1930 – 1991  
► Issu de parent immigrés italiens, son père décède alors qu’il est âgé de quinze ans, ce qui l’amène à s’intéresser à la spiritualité. Il est d’abord un membre reconnu de la Société théosophique de 1950 à 1962 et semble-il, proche des quatrième et cinquième présidents de l’organisation Jinarajadasa et Sri Ram, jusqu’à son départ (ou son expulsion) de l’organisation. En 1957 il fonde avec son épouse Ada Albrecht, la revue Estudios Teosóficos puis la même année, l’organisation Nouvelle Acropole et selon Livraga, à partir d’une requête de Sri Ram. En 1971 il se fixe en Espagne et fonde la branche espagnole de Nouvelle Acropole. En 1981 il se sépare de son épouse qui fonde l’association Hastinapura en Uruguay. Il s’investit jusqu’à sa mort dans son organisation en écrivant les cours et en publiant des articles dans la revue interne. Auteur d’un Los espíritus elementales de la naturaleza {Les esprits de la nature elfes, fées, gnomes} (1985).
◆ Nouvelle Acropole est d’inspiration pythagorisante, néoplatonisante et nettement théosophiste (la charte internationale du mouvement d’abord, est à cet égard sans équivoque) donc permissive à des influences orientales (ntm. hindoue et confucianistes). Elle est encore politiquement contestataire, traditionaliste, anti-moderniste et conservatrice, anti-démocratique elle est aussi élitiste et hiérarchisée. Elle se présente comme une école philosophique proposant des cours (philosophie, religion comparée et développement personnel d’abord, puis progressivement symbolisme, occultisme et ésotérisme dans les cycles le plus hauts), des animations culturelles et des missions de bénévolat, expurgeant au premier abord sa facette ésotérico-religieuse. Aujourd’hui présente à un niveau international (stt. Europe et Amérique du Sud, branche espagnol initialement dirigée par Delia Steinberg Guzmán et branche française depuis 1973, initialement dirigée par le français Fernand Schwarz
), l’organisation fut mise en accusation par les mouvements anti-secte français et belges dans les ans. 90-2000, sur la base de certaines déclarations d’ordre politiques et sociales de Livraga Rizzi, estimant l’organisation de philosophie fascisante et de structure paramilitaire. Discordances politiques mis à part, ces allégations ne semblent recouper que de façon partielle la réalité administrative et pédagogique de l’organisation.
⟴Nimrod de Rosario [Roca Luis] | Ésotériste 🞄 Argentin | 1946 – 1996
► Influencé par le néo-gnosticisme de Weor et Serrano. Fondateur d’un Ordre des Chevaliers Tyrodal de la République Argentine. Pour les hispanophones, 𝕍 ses Fundamentos de la Sabiduria Hiperborea {Fondamentaux du Savoir Hyperboréen} ou plus simplement son roman El misterio de Belicena Villca {Le Mystère de Belicena Villca} où se mêlent ésotérisme, histoire et conspiration.
⟴Liblin Marc | Voyant 🞄 Français | 1948 – 1998
► Passionné de linguistique, de cryptoarchéologie et de culture rapa, Liblin, autodidacte réputé brillant et atypique, fut un résident métropolitain de la petite île de Rapa Iti, située en Polynésie française et à ≈ 3500 km à l’ouest de sa grande sœur chilienne, Rapa Nui dite Île de Pâques. Il y habita ses seize dernières années en compagnie de son épouse, elle même rapa, Meretuini (𝕍 tout de suite après L’Indigène. Une nouvelle de Polynésie in Tahiti-Pacifique magazine, N°47, 1995). Là, il s’investit dans la culture locale, ntm. dans la préservation du patrimoine, l’administration et l’enseignement. Créateur de la revue Akarongo, il s’intéresse également au peuple rapa d’un point de vu ethnologique, notablement vis à vis de leurs traditions et du parau huna {secret} (𝕍 Les hommes sacrés de Rapa in Tahiti-Pacifique magazine, N°65, 1996).
◆ Liblin aura prétendu avoir apprit spontanément le vieux rapa depuis son enfance par le truchement de rêves dans lesquels un vieillard l’instruisait dans une grotte (typique des mystères rapa). Il ignore d’abord la signification et la provenance de cette langue et ce, malgré ses échanges avec des linguistes de l’Université de Rennes. C’est par hasard qu’il est mis en contact avec Meretuini qui elle, comprend encore le vieux rapa, pourtant déjà en désuétude sur l’île. A son décès, sa veuve réuni ses nombreuses notes.
L’Indigène. Une nouvelle de Polynésie
Voici une histoire invraisemblable. Ce qui est plus incroyable encore, c’est qu’elle est absolument véridique et vérifiée, cartésiens, chagrins et dubitatifs, s’abstenir de lire. Aux autres bienvenu à un monde fantastique…
Le 12 octobre 1994, arriva la frégate “Vendémiaire”. A son bord, le haut-commissaire de la République, le commandant supérieur des forces armées en Polynésie française, des personnalités et… un hélicoptère. Tout, en vrac, tourna, bourdonna, s’ébruita à Rapa jusque dans la soirée avancée, autour d’un vin d’honneur qui prolongeait l’excitation du bruit.
A cette nuitée, évitant la zone tranchée par les éclairages du festin, un indigène semblait hésiter, se perdre dans l’ombre comme l’animal qu’éloigneraient les feux de néolithiques pour la sécurité des Hommes. Pourquoi venait-il, puisque malgré ses fonctions sur l’île, il n’était plus l’invité aux réunions protocolaires ? Peut-être espérait-il la hauteur d’un appel, le renouvellement d’un lien vital et domestique…
On désigna l’indigène. De l’assemblée, un visiteur se détacha:
- « C’est lui, n’y va pas… tu perds ton temps, reste,… tu peux boire ici ! » Mais l’homme était journaliste: il sortit de la lumière pour chercher des éclaircissements dans l’obscurité.
Au contact qui se nouait, l’indigène ajouta spontanément un nouveau recul au masque de la nuit dont il profitait déjà: il projeta sa surprise réelle d’être abordé, nommément demandé.
Qui avait parlé ? Où ? Des Amis sincères, il en avait, mais ils étaient d’ordinaire discrets !
Son interlocuteur passa outre. Il voulait au moins l’échange ordinaire de leurs paroles.
A l’idée du plaisir tiré de rares rencontres inhabituelles, l’autre fléchit bientôt, imposant cependant quelques conditions faciles:
- « On va jusqu’à tai, au ventre du village, c’est le a’au qui hébergera la rencontre. » dit-il.
Seul réflexe de protection, ou besoin d’accueillir et de dire à travers ce qu’il y avait de plus authentique en lui, autour de lui ?
Le journaliste suivit. Ils franchissent la porte branlante d’une sorte de fare tutu très long, bas, comme accroupi sur la terre à côté du temple d’Haurei qui projetait en l’air sa reconstruction inachevée. La case était faite d’un assemblage hétéroclite de troncs d’arbres un peu tordus, fraîchement sciés, de tôles de récupération, de tonneaux découpés, des fils, de gargouilles qui pendaient. A l’intérieur: des feux, des eaux courantes comme des ruisseaux, une terre battue qui tenait la présence de toute une communauté disparate, au moins 100 personnes, houleuses de rires et de travail, affairées à se fixer ou graviter autour des nourritures de leurs surabondance. Des tables et des bancs à l’image de ce partage ! C’était là grande salle d’un château à la Rapa. Le plafond était bas, nuageux des fumées d’une bienvenue purifiante. Enfants à demi-endormis, agités dans des rêves béats, chiens roulés à terre, immobiles, tous demeuraient là comme les miettes excitées et ravies du bonheur de consommer cette communauté.
Les deux hommes s’installèrent, les mamas les envahirent, les replacèrent, les disposèrent. Ils se découvrirent assis dans le mouvement qui les emportait et parlèrent, tandis qu’on se ne s’entendait plus parler ! L’indigène exprimait la joie de son état, de cet état qui jaillissait là, tout autour jusqu’en lui. Il devenait transparent dans le Nombre de son Unité.
De ses poches, le visiteur tira un magnétophone, le posa entre eux deux, tapota, écoutant la santé de l’engin, vivant l’harmonie de minuscules rouages comme s’il consacrait l’outil par des gestes rituels. Mal à l’aise, l’autre regarda l’objet: il paraissait perdu, fragile devant cette mécanique de l’intermédiaire.
- « Tu n’écris pas, sinon je pars ! » réagit-il.
- « Non, seulement je t’écouterais dans le calme. Avec du recul ce que tu pourras me dire passera mieux, c’est tout. »
L’indigène, tranquillisé, se détendit; l’idée seule de la Parole échangée, partagée, semblait prévaloir en lui sur les fixités de l’Ecrit, l’enregistreur déroula enfin le temps de la rencontre et le moment précis, mesuré, de l’interrogation assembla les deux hommes.
- « Pour commencer, qui es-tu, réellement ? Tu t’acceptes indigène, et visiblement tu n’es pas d’ici, tu restes popa’a. un français de métropole »
A la question, l’indigène offrit sa spontanéité:
- « La forme pourrait être trompeuse. Mais, devant ceux de l’extérieur et surtout auprès des blancs, je passe bien pour quelqu’un qui n’est pas spécialement des leurs, un égaré… spécifique à Rapa. Littéralement, cela me confirme dans une position indigène véritable dont je détiens beaucoup plus ainsi qu’un simple local ! »
Le journaliste s’étonna:
- « Depuis quand es-tu ici ? »
- « Depuis bientôt 13 ans, et en continu… »
- «Et tu n’es jamais reparti en métropole ? »
- «Non… »
Le journaliste s’agita. Il voulait cerner le personnage dans des dimensions formelles, plus communicables, et orienta ses questions.
- « Tu ne dis pas comment on peut en arriver là, rester si longtemps à Rapa ? », insista-t-il.
- « Très complexe, c’est toute une vie qui est enjeu. Indubitablement un Idéal qu’on ose vivre, presque une infraction uniquement permise par la Tolérance des Rapa. Ce type de marginalisation, organisée tout de même, reste trop sensible et trop intime. Il faut l’accord du temps pour parler du chemin hors le temps, …et en plus, un Compagnon auquel transmettre, à condition que la compréhension d’une pensée à chevaucher tente celui-ci qu’à l’intérieur des conflits et codes de l’ego, il perçoive la notion spirituelle d’un itinéraire où le façonnage civilisé de l’Etre ne sert plus que d’abri temporaire à toutes les transhumances formatives de l’Esprit. »
Maintenant, il s’échauffait, le journaliste !
Et il exprima fort son désir de savoir enfin une forme, le pourquoi et les choses:
- « Ça ne va pas ! Tu bâtis tes réponses comme les plis d’un manteau ou les conséquences d’un nomadisme spirituel: elles cachent toutes la réalité, il enfant bien une pour vivre parmi les autres, arriver et rester ici, comme tu le fais… » Cette insistance surprit l’indigène:
- « Je décris un fait vivant, ça ne te suffit pas ? Mon aventure personnelle n’est que tribulations fallacieuses du passé, un Apprentissage rendu inutile dès qu’on sait savoir à la fois rien, à la fois “tout". Ça n’est qu’une histoire qu’il a fallu reconnaître et suivre aveuglément pour s’ouvrir les yeux, reprendre le souffle de l’Oral à la bouche du premier des silences. Mais, je sais que cette vérité ne te satisfait pas ! »
- « Bien sûr ! Elle n’aidera pas tes Enfants: tu ne leur donnes aucun passé dans l’Avenir… » Insidieusement, le journaliste avait trouvé la faille, celle du temps, celle des générations.
L’indigène fit la pose, reflétant manifestement le grand problème d’une Vérité muette face à l’héritage transmis de tous les bruits, des joies, des peines, des chemins ancestraux, héritage qu’on lègue de tous les temps afin que tout continue vers l’étemelle recherche.
Un long silence… L’indigène releva la tête.
- « Je parle», dit-il. Mais, ajouta-t-il timidement tout bas, comme pour lui-même:
- « Ce ne sera que l’aspect d’une saga qui n’a jamais été la mienne, c’est autre chose qu’une histoire, presque une légende, celle de la Mère de mes Enfants et de sa seule lignée, avant et après. Les faits restent si inhabituels que pour les avoir vécus, j’en suis dépossédé. » Nouveau silence qui devint presque un recueillement, cimentant dès cet instant les deux hommes et les rendant prisonniers de l’édifice de transmission dans lequel ils étaient entrés. Pus l’indigène parla, comme libéré par une Tradition qui jaillissait là, en L’autre, pour apprendre, restait muet…
- « Il y a “longtemps”, - depuis ma jeunesse -, j’avais en ma possession un modèle de langage si particulier que son étude tout à la fois me hantait et me paraissait impossible. A l’image des personnages d’Umberto Ecco, d’incessantes recherches personnelles pas spécialement linguistiques, m’avaient promené dans de nombreux milieux que j’essayais de comprendre à travers une lecture “tous azimuts” qui occupait la majeure partie de mes nuits. Mes activités visibles, économiques et sociales, restaient à l’instar de la pérégrination intellectuelle, me plaçant directement auprès de décideurs dans des entreprises en difficulté à reconcevoir. Mais sur le fond, ces mêmes activités ne pouvaient me donner la satisfaction d’espérances qui m’apparaissaient de plus en plus différentes. Et ce fut la rupture avec la mode de vie qui m’hébergeait !…
Sous le boutoir des choses, il me fallut le courage de l’abandon de tout un pan de vie, rejoignant la société des pensées “gratuites” qui déjà m’abritaient. Réutiliser les connaissances formelles tirées de mes recherches antérieures aurait été positif, cela aurait été un gage d’ancrage consenti, une réinsertion rapide et une reconnaissance rentable. Mais sans faillir, vivait toujours en moi l’appel de la découverte dont je tenais les indices sous la forme du langage dont j’ai parlé. Ces indices, c’était une véritable carte de Péri Reiss (Carte hollandaise montrant le Nouveau Monde que Christophe Colomb aurait vu avant son premier voyage de découverte.), c’était déjà en soi un Nouveau Monde.
J’habitais l’Est, je pris la route d’un retour vers une vie plus adaptée à mes défauts en société. Un hiver, j’échouai à Rennes…
Mes pensées, si généreuses à ma tête, ne l’étaient pas pour mon corps: malgré l’aide essentielle sous la forme d’un emploi prodigué rapidement par un Ami, les souliers percés et fourrés de papier pour combattre le froid, je dus faire parfois les poubelles de quelques restaurants, dont l’un universitaire, à Beaulieu. A cet endroit, je mangeais “ce qu’il restait des intellectuels” de l’U.E.R.
Ce fut ma chance, non parce que cela me rendit plus intelligent, mais parce que j’y découvris J.M.V., un universitaire qui m’offrit un jour le papier de sa nappe de table. Tous deux nous y couchâmes des hypothèses et des algorithmes abordés seulement en recherche fondamentale et qu’embellissaient les taches de graisse ou de tomate qui les ponctuaient. L’un et l’autre, nous étions très étonnés de découvrir une telle identité de connaissance, acquise dans des conditions totalement différentes. Nous parlâmes de surdotation, de la misère souvent commune à ces cas et des moyens d’y faire face. Par delà l’Université, J.M.V. n’avait pu trouver un havre à la hauteur de son brillant esprit qu’auprès d’une Association reconnue de chercheurs pluridisciplinaires rennais. Il m’adressa à son Président… Pour moi, l’hiver finissait ainsi: je pus enfin exposer devant des scientifiques éminents et attentifs, les conceptions inusitées que j’avais tirées d’un parcours spécifique, et par là même, celles de liens que j’entrevoyais dans la compréhension d’une langue dont je tenais les éléments intacts.
Après six mois de débreefing, je fus admis au sein de cette Association. Pendant plus d’une année, dégagé de tout soucis: j’eus ensuite l’exceptionnelle chance de pouvoir repenser et stabiliser formellement mes hypothèses. Egalement, j’avais tout latitude d’aller chasser sur le terrain le fameux langage que je poursuivais toujours, très soutenu par une aide plus que généreuse de mon Mentor dans le groupe, le Dr. G.C.. Ensemble, nous fîmes la rencontre systématique de linguistiques et d’érudits de tous bords. En général, on nous répondait que les sons présentés s’apparentaient à une langue Mère archaïque moyen-orientale ou orientale, aujourd’hui morte. L’araméen en aurait été proche. Souffis, Rooms, etc… ressentaient un sens à cette glossolalie qu’ils traduisaient très symboliquement à partir des bases les plus anciennes de leur Tradition. Manifestement, une “translation” plus affinée fut donnée par un Chinois qui prétendait qu’il s’agissait là d’un dialecte désormais perdu, pratiqué encore 50 ans auparavant du côté des sous-plateaux du Tibet, loin derrière Formose. L’absence de succès rationnel, faute de critères de vérification, confina bientôt cette recherche au rang d’une marotte qui devait s’éteindre d’elle-même. C’en était fini des visites aux mandarins et le merveilleux pouvait entrer en scène.
La fréquentation des bars n’étant pas l’ennemie du chercheur, à L’Aquarium, un estaminet de Rennes, je fis un jour, un “solo” de langage non identifié devant un aréopage de Tunisiens qui ne buvaient pas que du café. Sur des indications fumeuses, je les supposais détenir une clé. Malgré le brouhaha, le barman semblait n’écouter plus que nous, très attentif à ce dont je me faisais l’écho. Il nous rejoignit, délaissant tout travail, et comme il avait suivi la discussion, il alla directement aux faits: « J’ai déjà entendu parler de cette façon, c’était sur une île du Pacifique, à Rapa. Je ne peux donner plus de renseignements, je ne pratique pas cette langue, mais il faut voir Mérétuini Make, elle habite dans la ZUP. Elle vient de là-bas, j’ai son adresse. Elle est seule, et peut-être que ?… »
Le ton de la confidence, l’endroit, rendaient le renseignement bien aléatoire. Et puis comment aborder seul une femme isolée sur des prétextes de langue ? Par avance, c’était la méprise. Hors de question aussi d’envoyer un groupe savant à cette inconnue: aurait-elle été attirée à coup sûr dans le cas où son discours nous aurait été essentiel ? Alors, j’attendis la bonne heure, puisque je savais le lieu.
Septembre 80. Charlie, Tahitien rencontré, cherchait désespérément de l’aide: pas de travail, pas d’hébergement, un monde étranger: avec de la chance, un emploi Sut trouvé, mais il fallait aussi une chambre. De cette impasse, émergea enfin la meilleure des résolutions pour tous les deux, tirée des souvenirs de L’Aquarium :
« On va chez Mérétuini Make, c’est une Polynésienne, elle dépannera forcément un autre Polynésien… » Nous fumes vite devant la bonne porte. Charlie, trop anxieux, refusait de faire les premiers pas. Il resta sur le trottoir. Il me fallut avancer seul vers la femme qui apparut, figée et silencieuse, attendant de comprendre le pourquoi d’une visite aussi bizarre et peu hardie.
Ce qu’il y a eu en moi à cet instant, je l’ignore. Mais, sans aucun préambule, j’adressai à la statue qui nous faisait face, le flot des paroles de cet autre langage que mes recherches passées infructueuses avaient tant contenu. Et la statue répondit du même parler…
Le choc m’immobilisa, je ne savais pas que le rêve avait ses réalités. J’étais devant cette femme comme un païen crédule, avec une sorte de prière informelle qui s’exauçait, cependant impossible à assimiler devant les fossés d’une magie positivement exercée. Dans cette rencontre, semblait s’être écartée toute gauloiserie pour que le ciel me tomba sur la tête !
Oublié, Charlie qui se désolait à quelques mètres de ne toujours pas savoir son avenir immédiat ! Oubliée, l’errance d’un chemin à travers tant d’années pour entendre une Parole !
Oublié, tout ! Mérétuini, “Humere-hiti-tui-nei”, - soit grandement louée ce qui rattache à travers -, se tenait droite à la porte du Nouveau Monde, sur le pas d’une ancienne ou nouvelle conscience qui n’avait pas disparu. Nous étions deux dans cette unité.
Les problèmes de Charlie solutionnés rapidement, place fut laissée aux nombreuses rencontres désormais possibles avec celle qui devint immédiatement l’objet d’une étude “conportementaliste” et psycholinguistique sérieuse. Le recollage de son propre cas et du mien s’agrémentaient pour les scientifiques concernés, d’un apprentissage et d’une acceptation obligés du mode de vie polynésien que Mérétuini maintenait dans son espace.
L’océan et ses îles envahirent l’Association, tandis que m’envahissait celle qui m’attirait pour mieux m’étudier. Dans ses filets, bien formés, me semblait-il, je me débattais courageusement, conscient d’avoir à protéger l’enjeu unique et intellectuel de notre fréquentation. Très platoniquement, - mot difficile à comprendre en Polynésie - , nous promenions avec Mérétuini notre étude réciproque en des lieux communs, dans la forêt de Brochéliante toute proche… et toute hérissée des pierres phalliques dressées là par des Celtes avertis. En déambulant, je parlais, en suivant, elle traduisait. Et cela devenait une cour galante, un vol nuptial, tant nos deux parlers identiques révélaient une poésie qui nous unissait, nous emmêlait, nous attachait en effaçant le le temps. Sur les “trois tons”, tour à tour se présentaient la force des guerres, la douceur des odes issues de la terre Kara’ea, la grande terre rouge, l’envolée des cœurs dialoguant avec leur surnature. L’émotion nous volait l’un à l’autre, elle nous mettait ailleurs, elle nous préparait déjà à un départ qui ne serait qu’un retour à notre nature, une migration constructrice, notre avenir.
A cette date, mes Amis allaient au gré de leurs expériences en laboratoire, vers un monde de découvertes flagrantes et successives de plus en plus multi-directionnelles. Au “centre” apparaissaient les fondements répétitifs et euristiques, d’un positionnement par delà les aspects euclidiens de l’ordinaire, qui venait comme une sorte de porte tangible, disposant du domaine quantique. Ce passage, pour son étude, sous-entendait l’abord d’une psychologie adaptée très inhabituelle. Celui qui aurait eu conscience et utilisé de tels phénomènes, liés à une pratique de l’espace-temps, l’aurait immanquablement somatisé dans son comportement et en ces outils humains les plus essentiels que restent les moyens de communiquer. Et Mérétuini, chaque jour, se révélait “coller” de plus en plus aux modèles que nous supposions les plus adaptés. Elle devint positivement un sujet d’étude qui fréquenta les laboratoires de l’Association.
La prise en charge par les autres du travail de recherche qu’elle générait, me laissa la liberté de voir enfin en elle la Femme qui rayonnait, et tout aussi ravis que par l’intellect, nous nous connûmes plus naturellement encore. N’était-ce pas normal, puisque nous semblions destinés l’un à l’autre par 33 années d’une vie séparée ?
L’autre hiver à Rennes, il fut vécu bien “douillettement”, au deuxième sens du terme…
Avec Mérétuini, nous en étions à profiter des hypothèses émises par les chercheurs de l’Association, segmentant par des procédés dérivés de la génétique et des mathématiques, rigidifiant, puis pondérant des tracés pétroglyphés ou des boustrophédons. Peu à peu s’établissait la proposition d’un code de translation bruitée, qui faisait apparaître les bases d’une communication littérale certaine mais aussi conceptuelle au travers de ce qui s’avérait alors des écrits d’un autre type. La grande difficulté surmontée dans ces décryptages, restait le fait de n’être qu’en présence de mots descriptifs de situations ou d’éléments qui ne prenaient des liens et des valeurs ordonnés qu’après connaissance globale de la phrase. Les pavés de mots ne faisaient office d’une phraséologie à postulat d’unique verbe et celui-ci devenait totalement conceptuel dans un premier temps, précurseur de l’entendement, autant que capable ensuite d’un syncrétisme de résumé final, dernier lieu associé aux mots de la phrase. Les mots n’étaient pas figés, seulement constitués de racines amalgamées pour une description figurative. Mérétuini excellait dans la préhension de ces phénomènes qu’elle connaissait déjà. Par contre, elle butait sur d’anciennes consonances qu’elle savait avoir appartenu à sa langue, mais dont elle ne connaissait plus les significations exactes.
Malgré quelques “blancs”, je m’émerveillais de la cohérence des textes tracés dans le temps qui réapparaissaient si jeunes et si vivants auprès de ma compagne. Mérétuini s’émouvait de leur contenu, d’une histoire qu’ils lui restituaient, de dernières navigations qu’ils commentaient. Par transfert, nous semblions préparés à reprendre le chemin de ceux qui nous avaient dans un monde oublié et qui nous laissaient leur livre transparent. Nous insistâmes auprès des scientifiques qui nous avaient tant aidés pour que soit trouvée une solution à notre fait.
Mais, il fallait une rationalité à l’irrationnel d’une renaissance d’entre quelques êtres seulement.
Qui, à l’origine, avait été le modèle comportemental de Mérétuini . Indubitablement, son Père, Teraimaeva Make, qu’elle suivit pas à pas dans sa Nature jusqu’à l’âge de 20 ans. D’où Teraimaeva tenait-il son expression ? Comment avait-il réalisé ce type de Connaissance ? Avant d’aller plus loin, une enquête formelle sur le Père s’imposait. Mais, pour support d’un éventuel missionnement, il n’y avait que sa Fille: sur elle, se jugerait la crédibilité de la continuation de nos recherches.
On emmena donc Mérétuini à la Sorbonne, afin d’obtenir l’avis autorisé d’un ténor de la linguistique française, le professeur Maurice Ross. Un accueil assez peu intéressé fut réservé entre deux portes aux hypothèses trop avancées. Une référence de la linguistique canadienne, le professeur Jean Beaudot, se déplaça ensuite spécialement à Rennes pour émettre son opinion. La rencontre n’était pas chronométrée comme celle à Paris et l’interview d’étude durant trois jours. On déboucha sur une reconnaissance positive: feu vert fut donné pour que soit bouclé le dossier de recherche assujetti à notre départ vers l’Ile de Rapa où séjournait Teraimaeva Make.
Je devenais un vacataire officiel de l’Association, subventionné pendant un an, chargé de poursuivre l’Etude et la Femme que j’aimais jusqu’auprès d’un Père qui comprendrait encore mieux le langage de cette union.
Mérétuini, quant à elle, donnait une voie royale à son retour: La Présidence de la République et le Vice-Président de Tahiti, Francis Sanford, la rapatriaient…
Nous prîmes le même avion et arrivâmes sur Rapa, fin avril 82.
La rencontre du Patriarche des Make, -dernier des trois Rapa de sa génération à avoir voulu parcourir l’ancienne valeur culturelle-, fut à la hauteur de notre voyage, déjà pour tous les sentiments qu’y s’y exprimaient, ensuite pour la certitude qui apparaissait du bien fondé de l’étude de cet homme. Peu de temps après, pourtant, à la suite d’une séance de comparaison symbolique de nos conceptions communes, le Sage décida de couper court à toutes recherches à ces côtés, disant qu’il fallait fermer là un monde inaccessible de par les difficultés de son accès.
Sous l’impact de ce que je pensais alors représenter un véritable suicide intellectuel, je tentai avec l’aide sur le terrain d’une Mérétuini qui revivait comme un poisson revenu à son bocal, de retrouver des compétences aussi spécifiques que celles entrevues chez Téraimaeva, dont la haute capacité d’un langage “résurgeant”. Ce fut l’échec ! De plus, mes tentatives d’interprétations linguistiques soulevaient dans le milieu à cette époque très fermée de Rapa, les rumeurs… d’un dialogue avec les anciens et leur esprit. Domaine sensible où s’exerce facilement tout rejet d’éradication. Comment pouvait-on parler d’une même langue que les ancêtres morts sans avoir vécu parmi ceux-ci ? Qui était le popa’a ? Danger du retour en fils prodigue. Je fus mis sur un bateau quasi manu militari sous l’unique prétexte de l’inconnu forcément étranger. Si, sur le moment très isolé, je vécus douloureusement la situation, je sais que j’eus ainsi la proposition d’une chance par les Rapa. Celle de revenir, satisfaire à l’épreuve de force traditionnelle qui permet d’être admis comme participant dans un milieu dont l’équilibre fragile doit se gérer. L’autre chance, la plus grande, fut que Mérétuini choisit de me suivre dans cet exil momentané. Elle s’avouait mon épouse devant sa Communauté et cela se traduisit par le mariage, dernier et premier de l’année 82, le 31 décembre, dès notre retour sur l’île.
Si la première fois, je m’étais présenté comme accueilli par la famille Make, à cette deuxième arrivée, j’étais nanti d’une autorisation officielle de recherche délivrée par le haut-commissariat, ce qui me paraissait tout de même superflu pour interroger ma propre femme. Mais, j’attendais qu’on me demanda la production de ces papiers qui validaient une situation bien étrange à mes yeux cette fois-ci. Il n’en fut rien, l’accueil était familial, j’avais satisfait airs cérémonies du test d’opiniâtreté et de résistance qui me permettraient de vivre la Communauté insulaire.
Avec Mérétuini, notre position n’était pourtant pas “claire”: un obligation d’immersion et de retour partiel aux conditions de vie des ancêtres colonisateurs de Rapa, — principe prévu par nos Amis expérimentalistes de Rennes —, nous décalait d’une société devenue villageoise. Durant six mois, aux côtés d’une Mérétuini radieuse de revivre sa saine enfance, je dépéris de ne manger que racines et coeurs de fougères, poissons encore vivants déchirés avec les dents, akaikai frémissants sous la dent, bananes vertes salées à l’eau de mer… Je n’acquis pas la stature d’un homme de chez elle, mais, Mérétuini me considéra comme une Mère, dès lors qu’elle dût me soigner de mes inanitions de plus en plus fréquentes.
Débarrassé de la dysenterie, regonflé à la popoi, ce fut une nouvelle tentative pour comprendre la vieille condition Rapa. Finit le squat des grottes humides du littoral que nous tapissions d’herbe pour le couchage. Nous nous attaquâmes durant un an à la vie des “forts”, des Pare propres à Rapa dont les reliefs tournementent encore les pitons de l’île.
Toujours aussi épanouie, Mérétuini m’y appris l’importance du portage obligé de la moindre des choses, du bois et de l’eau, des feuilles indispensables et des nourritures toujours en surcharge. Elle m’apprit que le vide n’existait pas quand il ne fallait choisir que des chemins verticaux. Les quelques Rapa qui nous croisèrent dans nos incessants déplacements sommitaux, s’ils ne disaient pas leur admiration évidente pour le retour aux sources de mon épouse, ne manquaient pas des discuter avec elle du kopitoro tangata, l’homme araignée qui la suivait: je pratiquais en effet assez souvent la marche à quatre pattes, sujet au vertige et effondré sous le portage imposé.
Nous avions notre établissement dans les ruines, d’une station météo en altitude accolée au fort de Tevaitau. La présence des nuages autour de nous, irradiés par les soleils montants et descendants donnait à nos efforts continus de survivance, la récompense d’un paradis mérité. Mais, le paradis, il restait dans la vallée, à nos pieds: le village y étendait la quiétude de ses taches partagées, l’attirance de rencontres qu’on ne faisait plus au ciel, quand celui-ci paraissait dépeuplé avec ses “forteresses” vides. Comme beaucoup d’anges, la chute nous tenta.
Quand nous revenions sporadiquement de nos "expérimentations", l’accueil généreux que nous prodiguaient depuis le début Daniel, notre tia’au, et le reste de la famille Make qu’il assemblait, restait la source de départs de plus en plus difficiles.
Avec l’aide de Daniel, j’obtins en 1983 un poste de secrétariat de mairie qui nous sédentarisa vite. La naissance de nos enfants fixa définitivement cette position villageoise, et durant sept ans, j’appris les arcanes et les règles du jeu de la vie communautaire à Rapa.
Le poste “charnière” que j’occupais me permis de vivre plus lentement, mais avec des résultats de plus en plus probants, l’espèce de queste dont j’accompagne encore aujourd’hui Mérétuini.
Maintenant, je sais qu’il nous faudra bientôt repartir.
J’ai la sensation d’avoir assimilé le message tout en non-dits laissé par Téraimaeva et vécu jusqu’à celui-ci, -au-delà de nos morts qui ne nous sépareront pas-, la lecture d’une autre histoire que ses descendants directs prolongent déjà.
En somme, je dois suivre Mérétuini et les siens, nous sommes sur le front de la plus belle aventure que l’on puisse espérer… dans tous les domaines… » L’indigène se tut.
Le journaliste qui écoutait depuis longtemps, fit suite à cette fin rêveuse d’une histoire si personnelle, hasardeuse et pourtant si logiquement familiale.
- « Le navire repart demain, en une nuit, ne voudrais-tu pas me faire comprendre cette génération Make, peut-être simplement de Rapa, à laquelle tu donnes tant de qualités, même à l’insu de certains de ses intéressés ? »
L’indigène continuait le rêve des découvertes, le besoin de partager, de rapporter.
Il répondit son accord sans autre forme: le magnétophone n’existait plus devant lui, les dernières réticences avaient disparu.
- « De toutes façons, la lune a toujours été l’amie des connaissances. » dit-il. Il paraissait reposé par son précédent discours, allégé, rassuré par la libération de ses premières confidences.
Et le récit dans la nuit commença pour tous les deux, ils devinrent des haerepo malgré eux…
Marc LIBLIN
Rapa iti, îles Australes
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