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Gérard Labrunie
Gérard de Nerval

Données générales

PériodeLieu
GénéralXIXFrance
Naissance22 mai 1808, 20h Paris, France
Décès26 janvier 1855 (46 ans)Rue de la Vieille-Lanterne, Paris, France
Cause
Inhumation
Pendaison (? Suicide)
Cimetière du Père-Lachaise 🗎⮵ 1èreS, 46èmeD (Paris, France)

DomaineCourantOrdre
Littérature
Mysticisme
Romantisme français "adonhiramite" 🎓

RelationsNom
Entourage
AmiThéophile Gautier
RencontreVictor Hugo
Influence
ParDruzisme
Néoplatonisme médicéen
Antoine Court de Gébelin
Antoine-Joseph Pernety
Apulée
Edgar Poe
Emanuel Swedenborg
Ernst Hoffmann
Fabre d’Olivet
Jean Terrasson
Johann von Goethe
Lord Byron
Saint-Martin
Victor Hugo
SurSurréalisme

Repères biographiques

I. Histoire

► Le père de Nerval est médecin militaire franc-maçon, sa mère meurt alors qu’il a deux ans. Enfant, il entre en contact avec l’ésotérisme via la bibliothèque du père de la femme de son cousin, Pierre Vassal. Il fait ses études au collège Charlemagne où il se lie avec Théophile Gautier. Il écrit ses premières poèmes, traduit Faust et participe à la Bataille d’Hernani. En 1834 il rencontre Jenny Colon pour qui il conçoit une intense passion. Mais l’actrice se marie quelques années après et il part en voyage afin de l’oublier. Peu après son retour en France, il eut en 1841 une crise hallucinatoire mystique qui le fit interner 10 mois. En 1843, il voyage de nouveau, en Égypte et en moyen-orient où il paraît trouver confirmation de ses intuitions. À partir de 1852, il est interné plusieurs fois de façon momentanée et sporadique jusqu’à sa mort en 1855 et dans le même temps, écrira ses œuvres les plus reconnues.

■ Bien que ses difficultés financières orientent certains à attester l’interprétation du suicide, cette thèse n’a jamais fait l’unanimité. Ses proches invoquèrent que outre son habitude se marcher seul dans des quartiers dangereux, il portait encore son chapeau lorsqu’il fut retrouvé, alors que les tressaillements de la strangulation auraient du le faire tomber.

II. Pensée

◆ On reconnaît dans son œuvre une forte imprégnation pour la nostalgie et l’étrange mais aussi l’ésotérisme et l’occultisme, intérêts qui transparaîtront dans ses dernières œuvres. Ces aspects, passés inaperçus de son vivant, ont été découverts par les symbolistes. En plus de réinterpréter les mythes antiques et orientaux, il mêle à ses compositions personnelles des notions arithmosophiques, tarologiques et astrologiques, maçonniques, alchimiques et théosophiques. Chez Nerval, plus que chez tout autre auteur français, l’exercice de la littérature est concomitante avec sa quête initiatique. Le rêve éveillé et son symbolisme projeté dans la réalité est chez lui, le levier de cette quête.

↳ Dans les Filles du feu, il idéalise la femme, formule l’éternel féminin sous ses multiples formes aboutissant à Isis et à la Vierge. Dans Les Chimères, il amalgame mystique de christianisme et de paganisme. Et dans Aurélia enfin, il décrit ses visions extatiques, brouillant la frontière entre rêve et réalité.

III. Documents pertinents

𝕍 Gérard de Nerval et les doctrines ésotériques, Jean Richer, 1947.

Œuvres choisies

  • Voyage en Orient, 1851. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Les Chimères, 1854.
  • Les Filles du feu, 1854. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Aurélia, 1855. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Citations

Elle n’appartenait pas au rêve ; c’était la voix d’une personne vivante, et pourtant c’était pour moi la voix et l’accent d’Aurélia… J’ouvris ma fenêtre ; tout était tranquille, et le cri ne se répéta plus. — Je m’informai au dehors, personne n’avait rien entendu. — Et cependant, je suis encore certain que le cri était réel et que l’air des vivants en avait retenti… Sans doute on me dira que le hasard a pu faire qu’en ce moment-là une femme souffrante ait crié dans les environs de ma demeure. — Mais, selon ma pensée, les événements terrestres étaient liés à ceux du monde invisible. C’est un de ces rapports étranges dont je ne me rends pas compte moi-même et qu’il est plus aisé d’indiquer que de définir… Qu’avais-je fait ? J’avais troublé l’harmonie de l’univers magique où mon âme puisait la certitude d’une existence immortelle. J’étais maudit peut-être pour avoir voulu percer un mystère redoutable en offensant la loi divine ; je ne devais plus attendre que la colère et le mépris ! Les ombres irritées fuyaient en jetant des cris et traçant dans l’air des cercles fatals, comme les oiseaux à l’approche d’un orage.
Aurélia (I)
J’attribuais un sens mystique aux conversations des gardiens et à celles de mes compagnons. Il me semblait qu’ils étaient les représentants de toutes les races de la terre et qu’il s’agissait entre nous de fixer à nouveau la marche des astres et de donner un développement plus grand au système. Une erreur s’était glissée, selon moi, dans la combinaison générale des nombres, et de là venaient tous les maux de l’humanité. Je croyais encore que les esprits célestes avaient pris des formes humaines et assistaient à ce congrès général, tout en paraissant occupés de soins vulgaires. Mon rôle me semblait être de rétablir l’harmonie universelle par l’art cabalistique et de chercher une solution en évoquant les forces occultes des diverses religions.
Aurélia (II)
Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l’image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l’instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l’œuvre de l’existence. C’est un souterrain vague qui s’éclaire peu à peu, et où se dégagent de l’ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : – le monde des Esprits s’ouvre pour nous.
Aurélia (I)
C’était bien lui, ce fou, cet insensé sublime… / Cet Icare oublié qui remontait les cieux, / Ce Phaéton perdu sous la foudre des dieux, / Ce bel Atys meurtri que Cybèle ranime ! / L’augure interrogeait le flanc de la victime, / La terre s’enivrait de ce sang précieux… / L’univers étourdi penchait sur ses essieux, / Et l’Olympe un instant chancela vers l’abîme.
Reconnais-tu le TEMPLE, au péristyle immense, / Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents ? / Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents, / Où du dragon vaincu dort l’antique semence. / Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours ! / Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ; / La terre a tressailli d’un souffle prophétique…