🔍
Bouton_Accueil

Le Message retrouvé🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
L’Horloge de la nuit et du jour de Dieu


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Louis Cattiauxpubl. 1946Littérature
Poésie
publ. FranceMysticisme
Christianisme
Hermésisme
Alchimie
Non applicable

► La rédaction de l’ouvrage poétique débute en 1938, sa publication date de 1946 mais il ne s’agit que des douze premiers chapitres. L’auteur augmentera l’œuvre jusque sa mort, sans parvenir à l’achever, produisant 40 chapitres.

► L’œuvre présente une mystique chrétienne teintée d’hermésisme et d’alchimie. Elle se montre sous une forme spécifique : il s’agit d’une suite de sentences formées en plusieurs blocs et présentées deux par deux formant, selon l’auteur, un couple d’opposé terre/ciel présentant une équivalence.

◆ Concernant des commentaires sur l’œuvre, il est bienvenu de se reporter d’abord aux articles d’Hooghvorst. Les revues Le Miroir d’Isis, Le Fil d’Ariane et la Revue Arca Lien vers le site, ont en outre, proposé un certain nombre d’articles sur Cattiaux et Le Message retrouvé. 𝕍 enfin les éditions Beya qui font paraître dans leur catalogue tant Cattiaux qu’Hooghvorst.

🕮 ORAEDES 🗎⮵

Le site Le Message retrouvé Lien vers le site est entièrement dédié à l’œuvre et la propose en téléchargement, basé sur l’édition de 1978.


Texte : version numérique du Message Retrouvé, Louis Cattiaux, 1946. Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

séparateur

séparateur

À la gloire de Dieu* et pour le service des hommes qui liront avec les yeux de l’esprit et du cœur les signes inscrits dans la chair du monde.
« Rentre et repose, ou sors et brille, mais demeure toujours en un. »
Ce livre n’est pas pour tous, mais seulement pour ceux à qui il est donné de croire l’incroyable.

* LVI: le feu secret qui suscite les univers, qui les entretient, et qui les consume.


Père
doré qui
êtes partout
et qui reposez
dans le soleil et
dans la terre sainte.
Donnez-nous l’intel-
ligence de vos formes
et l’amour de votre Être.
Effacez notre tache, tirez-nous
de la boue où nous sommes
tombés. Faites-nous semblables à
la sainte Mère et engendrez-nous
dans l’amour parfait. Père caché et très
évident. Possesseur de la lumière éternelle.
Créateur magique des mondes. Guérissez nos
corps, apaisez nos âmes, libérez nos esprits.
Faites-nous héritiers de la gloire où brillent
vos enfants bien-aimés. Faites-le, Seigneur.

Mère brillante qui êtes en tout et qui transformez
les étoiles et la mer. Accordez-nous le secret de
votre lumière et l’amour de votre pureté.
Baptisez-nous dans l’eau et dans le feu
divins, et recevez-nous dans votre sein
vivant. Mûrissez-nous jusqu’à la per-
fection de l’amour. Mère lumineuse
entourée de ténèbres. Substance de
la vie et source du bonheur.
Semence bénéfique de Dieu.
Nourrissez nos corps, dé-
saltérez nos âmes, éclairez
nos esprits. Montrez-
nous la route qui
mène au Soleil
bien-aimé. La-
vez-nous,
Mère
sainte.

LA LUMIÈRE

Comme une terre promise abreuvée d’innocence je me livre à celui qui débrouille ma nuit, et mon cœur se décante dans le repos, et luit.

Ô Sulamite, ma seule amie, je suis ton Salomon seul au monde. Sol et Séléné en Sel unis. Salut des mythes et Salam des monts !

Antique solitude des forêts primordiales où brille l’émeraude émanée des étoiles ! Celui qui vous trouva possède le secret divin qu’un maître certain nous légua dans le pain et le vin !

LIVRE I

La pluie rend la vie à la terre stérile, image de la résurrection.
Coran
Jour de ténèbres et d’obscurité, Jour de nuages et de sombres nuées.
Joël

VÉRITÉ NUE

LA POUSSE VERTE

1. Celui qui est dans l’erreur essaie de l’imposer aux autres. Celui qui possède la vérité s’efforce de l’appliquer à lui-même. C’est la marque qui ne trompe pas.

1’. La vérité qui sépare et qui unit. Uns. Deux. Un et rien de plus. « Quelle que soit la chose que nous avons décidé de faire, persévérons jusqu’à ce que l’absurde ou la lumière de Dieu nous délivre et nous rende libres dans l’acte et dans le repos. »

2. Les hommes purs arrivent jusqu’à Dieu sans clercs et sans savants, car ils sont déjà saints dans le Seigneur qui les instruit comme il veut, quand il veut et où il veut.

2’. La fin est comme le commencement, mais le milieu nous illumine. « La Prière, l’Étoile, la Pierre. »

3. L’homme supérieur évite aux autres le mal qu’il a vaincu. L’homme inférieur inflige à tous le mal qui l’a assujetti.

3’. La mort sépare ce que la vie a uni, et l’eau délivre le prisonnier de ses chaînes.

4. On peut nuire à quelqu’un contre son gré. On ne saurait lui faire du bien contre sa volonté.

4’. La pierre déliée ne revient pas visiblement, cependant elle brille comme la lune dans tout son éclat.

5. Celui qui peut faire revivre a seul le droit de tuer.

5’. On arrose ce qui doit refleurir.

6. Dieu reconnaît ses fils à l’accomplissement de son œuvre.

6’. Il trie les semences et fait paraître le fruit magique.

7. Il n’y a pas de salut collectif, c’est une croyance des médiocres et des paresseux.

7’. Celui qui surnage se nomme le vivant.

8. Celui qui n’a rien à défendre n’a personne à combattre.

8’. La nudité du Père.

9. Le sage est seul avec Dieu comme Dieu est seul avec lui-même.

9’. Tout repose dans le cercle de l’or lumineux.

10. Les morts se rassemblent pour prier. Les vivants s’isolent pour s’entretenir avec Dieu.

10’. Le cri qu’on n’entend pas et qui arrive. La réponse qui jaillit du sein de l’abîme.

11. Le sage enseigne seulement les hommes de sa trempe.

11’. Le feu s’allie au feu pour durcir le sang de la terre.

12. Le plus simple à enseigner est le plus difficile à comprendre.

12’. La boue nourricière demeure abandonnée sur le chemin.

13. Celui qui est strict pour lui-même est indulgent avec les autres.

13’. La perfection de la sphère engendre une moindre friction.

14. Celui qui est intelligent examine la création afin de connaître le créateur.

14’. En consumant tout, on obtient la fumée et les cendres et quelquefois aussi la lumière de Dieu.

15. « Fou au monde, sage en Dieu. » Telle est la devise des vivants.

15’. Manger, boire, travailler et dormir n’est pas la vie du croyant.

16. La confusion et la contradiction de l’esprit sont l’image même de la mort. « Spectateur immobile, attentif et sans passion, tel est l’éveillé. »

16’. L’excès du malheur et l’excès du bonheur procurent l’oubli de soi pour un temps. L’union divine l’engendre pour toujours.

17. Beaucoup sont arrivés et ne sont jamais partis. Ils se trompent et trompent les autres.

17’. Les vases de terre renferment une chose précieuse, mais ils ne durent pas longtemps quand la chose les abandonne.

18. Le fou interroge les autres. Le sage s’interroge lui-même, dit-on. Tous les deux sont près de Dieu, mais un seul le sait.

18’. Qui peut différencier le feu du feu ? Qui peut incarner le soleil dans l’étoile du matin issue de la terre ténébreuse ?

19. Le sage voile la vérité en la mettant en évidence.

19’. Ce qui touche l’œil n’est pas vu.

20. Disputer avec des ignorants, c’est agiter la boue pour qu’elle s’éclaircisse.

20’. La terre demeure au fond. La vie va en haut. Dieu seul peut les séparer et les unir à nouveau.

21. Toutes les œuvres du monde ne sauraient être comparées à la plus infime créature de Dieu.

21’. La plus petite fleur représente l’Univers. Mais l’homme seul le contient entièrement.

22. Le mal et la haine sont tellement associés à la mort qu’ils deviennent inconscients par la faiblesse et la médiocrité de nos cœurs. Mais le bien et l’amour sont si bien attachés à la vie qu’ils subsistent seulement dans la conscience en éveil et dans l’activité d’un cœur aimant.

22’. Nous devons nous détacher des formes créées, mais c’est afin de posséder la création dans sa substance première et dans son essence cachée. Ainsi, plus le repos augmente, plus l’attention doit grandir afin de survivre à la dissolution de l’eau et à la coagulation du feu. « On ne choisit rien quand on est mort. »

23. La science des hommes est la violation des lois naturelles et divines. Elle tue tout et ne ressuscite rien.

23’. Beaucoup de travail pour mal faire, et beaucoup de travail pour défaire.

24. L’intuition associée à la bonne volonté engendre la puissance de l’amour qui mène à la perfection de l’union dans la paix.

24’. L’eau et le feu multiplient et perfectionnent toute la création visible et toute la création cachée.

25. Il faut observer patiemment la nature avant d’agir, sinon on devient insensé devant Dieu, insupportable aux autres et finalement odieux à soi-même.

25’. Le jardinier est le plus savant des hommes, mais il ne le sait pas, parce qu’il travaille sur des semences obscurcies et sur une terre mélangée de mort.

26. La sagesse vraie, la connaissance ultime isole l’homme de ses semblables plus sûrement que ne pourrait le faire n’importe quel crime, n’importe quelle lèpre, n’importe quelle mort. L’union avec Dieu est la vraie récompense du parfait.

26’. Le noyau est caché dans la chair, l’amande se tient sous le bois et le germe repose dans l’eau nourricière. « Qui séparera la lumière des ténèbres, et qui manifestera le feu caché du Seigneur ? Qui transformera le lait virginal en la consistance corporelle du Fils nouveau-né? »

27. Ce qui tue le faible fortifie le fort. Ce qui décime l’impie multiplie le croyant.

27’. L’épreuve dénude la vérité et la fait resplendir pleinement.

28. Les chiens aboient après ce qui les domine, ou après ce qui leur échappe.

28’. La montagne se rit du vent, mais elle reçoit l’eau et le feu qui la fécondent.

29. La condition essentielle de toute cure, c’est la volonté de guérir; on ne saurait sauver ceux qui ont choisi la mort et qui s’y maintiennent volontairement.

29’. L’eau fait tout refleurir, et le feu mûrit le monde nouveau jusqu’à la terre sainte promise aux sages. « Ô lumière cachée ! »

30. Le plus petit atome est comme le plus grand Univers, et la masse des hommes, comme une parcelle de Dieu.

30’. Le sperme est caché dans le corps de la terre et dans celui de la pluie.

31. Tout est dans Tout; Lumière dans Lumière.

31’. Le germe se tient dans le sperme.

32. Tout est dans Rien; Lumière dans l’Ombre.

32’. Le mixte universel.

33. Rien n’est dans Rien; Ombre dans l’Ombre.

33’. La mort enveloppe le ciel et la terre.

34. Celui qui méprise l’enseignement des anciens sages, se condamne à l’ignorance pour toujours.

34’. Ceux qui cultivent la terre manquent souvent du principal aliment céleste qui est la bénédiction de Dieu.

35. La nature met toute lumière en évidence et amène toute chose à sa perfection.

35’. Le sage dispose la semence et Dieu l’ouvre par le moyen de l’eau et du feu.

36. Les sages disent aux insensés : Vous détruisez les corps, mais nous sauvons l’esprit; nous retournerons tous dans la terre, mais nous ne la posséderons pas également.

36’. Le monde a été fait avec l’eau et avec la terre. Il redeviendra comme un limon avant d’être refait comme une terre.

37. Arroser les pierres pour obtenir du fruit est une opération plus aisée que de parler de Dieu aux railleurs pour les instruire.

37’. Dieu connaît l’intérieur de toute chose. Il est Juge par le temps dans l’éternité.

38. On ne peut être esclave du monde et ami de Dieu.

38’. On nettoie le flacon avant d’y mettre le vin céleste.

39. Dieu par lui-même produit la Mère, Dieu par la Mère engendre le Fils, le Fils par la Mère multiplie Dieu. Ainsi Dieu n’a ni commencement ni fin.

39’. Les opérations divines sont instantanées et soumises à la foi. Les opérations naturelles sont lentes et soumises à l’espérance. Les opérations humaines sont aveugles et soumises à la charité.

40. Celui qui est instruit ne méprise aucune religion ni aucun enseignement des anciens sages.

40’. La terre recouvre le diamant sublime.

41. L’homme doit passer par la mortification et les ténèbres de la mort, avant de parvenir jusqu’à Dieu.

41’. Le feu et l’eau purifient la terre, mais c’est Dieu qui l’anime à nouveau.

42. Le clairvoyant loue Dieu pour la perfection de son œuvre.

42’. Les vers vivent du feu, mais ils ne le voient pas.

43. Se fier à un impie, c’est lancer une pierre et croire qu’elle ne retombera pas.

43’. La planche pourrie n’enrichit que le fumier.

44. L’eau qui lave et qui donne la vie est un esprit très délié qui vient du ciel et qui se fixe dans la terre.

44’. Le feu qui anime et qui mûrit est une âme très pure qui vient du soleil et qui unit le ciel et la terre.

45. La vraie sagesse consiste à séparer ce qui est bon de ce qui est mauvais, et à unir ce qui est bon avec ce qui est meilleur.

45’. L’eau et le feu purgent la création mixte jusqu’à l’étoile du renouvellement et jusqu’au soleil de l’achèvement.

46. Celui qui est intelligent compare minutieusement les paroles des sages pour découvrir le lieu où ils s’accordent tous.

46’. Il faut rentrer par où on est sorti si on veut reposer dans la paix du Parfait.

47. La rage venimeuse et raisonnante des ignorants sanctionne toutes les œuvres saintes.

47’. La nature donne des leçons, elle n’en reçoit pas.

48. Incapables d’atteindre ce qui les dépasse, ils essaient de tout rabaisser jusqu’à eux. Ne pouvant souffrir la beauté, ils s’efforcent de souiller tout ce qui les entoure. Impuissants à saisir la vérité, ils tentent de déformer tout ce qu’ils voient et entendent mal.

48’. « La mort dans la boue, l’enfer du mélange. » Les médiocres ne pourront pas toujours enterrer la vérité de Dieu. Les croyants l’ébruiteront à nouveau jusqu’aux extrémités de la terre et la feront germer jusqu’aux cieux.

49. Les hommes révoltés sont comme des rats pris au piège. Dans leur confusion délirante, ils s’entre-déchirent et entament leur propre chair par l’effet d’une rage aveugle et désespérée.

49’. Ils se disputent les excréments et délaissent le baume. Ils transforment les pierres en fumée, mais qui transformera la fumée en pierre sainte ?

50. Ceux qui envisagent la vie comme la recherche du pouvoir d’anéantir tout ce qui existe autour d’eux, ne récoltent que la mort.

50’. La vérité ne peut être saisie que par le sage et elle ne peut être cuite que par lui.

51. Le propre de l’ignorant, c’est de vouloir à tout prix convaincre les autres de systèmes qui le rassurent momentanément.

51’. « Dans les limbes, tout est confondu et à naître. » Dieu attend de nous la mort intellectuelle et la naissance spirituelle du cœur.

52. La vraie philosophie est basée sur la connaissance de la réalité divine parfaitement éprouvée, qui libère de toutes les servitudes du monde.

52’. La mort est une lumière voilée de terreur; le sage la considère avec sérénité et l’expérimente avec intelligence et profit.

53. La fausse science est cet échafaudage de pensées délirantes bâti dans l’ignorance des lois naturelles, et qui s’écroule constamment dans le désespoir, la folie et la mort.

53’. L’habit devient guenille, et la guenille redevient habit; celui qui les porte et qui les rejette ne change pas.

54. L’une édifie dans la vie au moyen de la mort, l’autre bâtit dans la mort au moyen de la vie.

54’. Ce qui paraît impossible s’accomplit quelquefois aisément, et ce qui semble facile est souvent irréalisable.

55. Ceux qui s’attribuent les titres de savants et de philosophes, sont soumis aux effets du mal qu’ils portent en eux et qu’ils ne savent pas rejeter. Ils ignorent la cause de leur chute et le moyen de leur délivrance.

55’. La MORT sert a tous, mais un seul l’emploie comme il faut. « Bien peu savent que la richesse première et dernière est cachée dans le cœur des hommes exilés. »

56. Ils fabriquent et distribuent la mort sous le prétexte hypocrite de rechercher la vie, mais leurs œuvres prouvent en définitive leur orgueil et leur démence.

56’. Une seule graine renferme tout le mystère du monde. Qui la fera reverdir ? Et qui la fera fructifier ? « La vie est pour ceux qui la respectent, qui l’aiment, qui l’aident et qui l’accouchent. »

57. C’est parce que l’humanité a le cœur affaibli et obscur qu’elle repousse les fortes émotions de l’amour divin.

57’. La perle est cachée dans l’abîme, et le soleil demeure dans la perle.

58. Tout est esprit, Tout est matière, selon que l’Unique se dilate ou se condense.

58’. Dieu habitera le limon de la terre purifiée.

59. La science divine se sert des lois naturelles comme moyens. Elle transforme tout et ne tue rien. Elle consolide le sperme et multiplie le germe. Elle manifeste la vie en se servant de la mort.

59’. La création de Dieu s’accomplit avec aisance, comme tout ce qui s’épure et se perfectionne par le va-et-vient de la grâce délivrante et de l’amour unifiant.

60. Les hommes vivants font tellement peur aux morts qu’on attend leur disparition pour annoncer qu’ils existent.

60’. L’eau céleste entame tout et n’est entamée par rien; c’est elle qui nous délivre du tombeau.

61. Les paroles des sages sont excellentes, mais ceux qui prétendent les expliquer sont souvent mauvais.

61’. La nourriture trop fortement chauffée est morte et impropre à l’entretien de la vie cachée.

62. Trop de complications et trop de subtilités amènent l’anarchie et la mort.

62’. La nature enseigne celui qui la regarde en face et qui l’explore jusqu’au fondement secret.

63. Les hommes vulgaires haïssent le sage, mais lui ne méprise pas les instruments de son travail.

63’. Dans l’homme le plus corrompu subsiste une lumière sublime et vivante.

64. Ce qui passe pour fou, ce qui ressemble à un rêve, ce qui paraît incroyable. Voilà ce que le sage étudie avec amour.

64’. La vie dans l’ombre de la mort. La pierre cubique et la pierre triangulaire cachées dans la sphère du chaos.

65. Ce que le monde méprise, ce qui est rejeté par tous, ce qui paraît vil et sans valeur. Voilà ce que le sage examine avec soin.

65’. La boue de l’abîme, l’humilité de la terre, le voile de la mort. « La pierre fondamentale et l’eau de la résurrection. »

66. Celui qui sait se passer de l’approbation des hommes, n’est pas tenté de faire un travail inutile.

66’. La liberté se conquiert sur les passions, sur les désirs et sur la mort.

67. Il n’y a pas de plus grande punition que d’ignorer Dieu dans le monde et il n’y a pas de plus grande joie que de le connaître dans son cœur.

67’. Entre le sage et la brute, il y a un abîme que Dieu seul peut combler. « Pardonnons l’incompréhension et prions pour la conversion de nos ennemis et de nos persécuteurs. »

68. Par l’homme on arrive plus facilement à Dieu que par l’Univers tout entier.

68’. En scrutant l’image on reconnaît facilement le modèle.

69. Celui qui s’imagine être fort au milieu des hommes, est le plus faible des êtres dans la solitude.

69’. Celui qui est véridique avec lui-même n’est injuste envers personne.

70. Personne ne cherchera Dieu pour nous. C’est une croyance des paresseux et des lâches.

70’. On ne profite bien que de la nourriture qu’on choisit en soi-même.

71. Les religions se combattent quand Dieu est mal servi et mal aimé.

71’. Les disputes font paraître l’intérêt véritable.

72. Quand nous repoussons un sage, un saint, un artiste ou un poète, nous augmentons sa gloire et nous multiplions nos maux.

72’. L’arbre produit ses fruits sans se soucier de celui qui les mangera, mais il lui faut la pluie et le soleil comme à tous les vivants.

73. Ce sont toujours les mêmes qui enseignent le monde et qui sont le plus méprisés pendant leur vie et le plus trahis après leur mort. Ce sont toujours les mêmes qui trompent l’humanité et qui sont le plus honorés de leur vivant et le plus respectés après leur mort.

73’. Le monde préfère le poison fabriqué plutôt que l’eau naturelle du soleil et de la lune. « Ô individus endormis des foules agonisantes, votre égarement lamentable ne saurait réjouir les simples enfants de Dieu; vous réveillerez-vous à la voix du Seigneur qui vous prie d’amour ? »

74. Les plus mauvais vengent les meilleurs sans le savoir, et tous concourent à l’illumination de l’homme par l’homme qui aboutit à la nature divine. « Celui qui connaît le sens caché des Écritures saintes, n’utilise pas le verbe de Dieu pour maudire les hommes égarés dans la mort. »

74’. Notre frère, c’est ce sage ou bien ce fou, c’est ce saint ou bien ce criminel, c’est ce chef ou bien ce mendiant, c’est cet enfant ou bien ce mort. « Ô splendeur enterrée ! Eau sainte qui délivre nos âmes de la terre étrangère. »

L’élan de la foi qui touche les cœurs est ardu pour les mortels et méprisé par eux.
Empédocle
Quand la foi n’est pas totale, ce n’est pas la foi.
Lao t’seu

LIVRE II

Il est dur de quitter les voies familières et présentes pour retourner aux anciennes, car les apparences sont délicieuses et l’invisible est incroyable.
Hermès Trismégiste
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et quand il l’est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne deux fois plus que vous !
Jésus

ÈVE TRI UNE

LA VIE PURE

1. Les hommes nouveaux font toujours scandale.

1’. Le réveil brutal rend toute chose effrayante.

2. Instruire les hommes vulgaires des secrets de Dieu, c’est susciter le désir et l’orgueil délirants, c’est engendrer le désordre et le malheur pour toujours.

2’. Les joyaux divins ne parent que les hommes purs et que les femmes nettes. « Ceux qui resplendissent le plus en Dieu paraissent souvent les plus obscurs dans le monde. »

3. Il y a un travail qui lie dans la mort, c’est celui du monde. Il y en a un autre qui délie de la mort, c’est celui de Dieu.

3’. Les hommes font paraître la mort par le moyen du feu. La nature fait paraître la vie par le moyen de l’eau.

4. Le premier s’accomplit difficilement et ne produit que la tristesse et la mort. Le second s’exécute facilement et engendre la joie et la vie éternelle.

4’. L’esprit droit et simple pénètre facilement jusqu’au centre de la terre où repose l’or vivant. « C’est la pauvreté du vide total qu’il nous faut atteindre afin d’être emplis de Dieu exactement. »

5. Il faut être intelligent et instruit par Dieu pour reconnaître l’évidence de la création.

5’. La malice des hommes les égare dans le nombre, et l’orgueil les scelle dans la boue.

6. La science des hommes est un fumier recouvert de clinquant. La science de Dieu est un or recouvert de boue.

6’. La croûte terrestre égare les plus subtils observateurs, mais la mer intérieure illumine l’homme simple et croyant.

7. Le propre de la vérité, c’est qu’elle suffit à elle-même; celui qui la possède n’essaie de convaincre personne.

7’. Celui qui est rassasié ne dispute pas aux chiens l’ordure du chemin dont il connaît l’origine et la fin.

8. N’accusez pas l’outil si vous êtes le mauvais ouvrier, et ne criez pas au meurtre si vous livrez votre vie à la mort.

8’. La grande bataille élimine la crasse morte et fait paraître la lumière mouvante de Dieu.

9. Un seul peut avoir raison contre mille, et un saint dire vrai contre le monde entier.

9’. Un tas de boue ne renferme qu’un grain d’or pur.

10. Il y a autant de mérite à se taire quand on a trouvé qu’il y en a à chercher quand on ne connaît rien.

10’. Dieu ouvre les yeux à ses enfants, et ferme la bouche à ses amis.

11. La simplicité et l’amour devenus étrangers aux hommes font que la parole la plus claire est la plus délaissée.

11’. Quoi de plus méprisé que le vêtement de Dieu ? Quoi de plus méconnu que la lumière du soleil ?

12. Réduisons par notre exemple la médiocrité et l’hésitation des cœurs tièdes.

12’. Faire ce qu’on ne prêche pas et prêcher ce qu’on a fait seulement.

13. L’aiguillon de la mort est là pour obliger les hommes à rechercher le pourquoi de toutes choses et d’eux-mêmes.

13’. Peu d’hommes méditent les changements du monde jusqu’au centre secret de la nature illuminante et illuminée.

14. Le travail qui augmente les besoins est vain. Celui qui les diminue est sacré. Le monde pratique le premier. Les sages aident au second.

14’. Dieu fait surgir les fruits de la terre par le moyen de l’eau et du feu unis en un. « Ô miracle de résurrection ! »

15’. Quand on leur offre l’eau pure ils répondent : « Rendez-nous le poison auquel nous sommes habitués ».

15’. Oublier sa misère pendant un instant, c’est la retrouver grandie de toute une éternité.

16. Combien réfléchissent à l’œuvre générale de Dieu ? Combien sont enseignés par le renouvellement de toutes choses ? Combien accomplissent l’œuvre particulière du Seigneur ?

16’. Le grand travail qui fait peur, celui qui libère de l’ombre de la mort, celui qui nivelle les montagnes, celui qui fait germer la terre, celui qui fait briller la vie et qui la fixe dans le Seigneur glorieux.

17. Il n’y a personne au-dessus de celui qui connaît Dieu, excepté Dieu lui-même.

17’. Il nage sur la grande eau, le vivant d’éternité, l’Unique.

18. Celui qui n’est pas stupéfait et en admiration devant le mystère de l’homme et devant les miracles de la nature, ne découvrira jamais Dieu.

18’. Les yeux neufs et innocents voient Dieu dans sa première nudité et revêtu de la splendeur dernière.

19. Les ignorants parlent beaucoup et n’observent rien. Le sage se tait et examine tout pour découvrir l’Unique.

19’. La connaissance de Dieu est la seule réalité qui sauve de la mort.

20. L’ignorant prétend ceux qui ne demandent rien.instruire L’homme savant se tait et attend qu’on l’interroge.

20’. Dieu prodigue tout ce qui est précieux. Le monde accapare tout ce qui est sans valeur.

21. Honoré ou méprisé, le sage demeure égal à lui-même.

21’. L’or qui sommeille dans la boue est aussi pur que celui qui brille dans le soleil.

22. Tout le temps qui n’est pas consacré à Dieu est un temps perdu. Tout travail qui n’aboutit pas à lui est un travail inutile.

22’. Les égarés regimbent ici, parce qu’ils préfèrent l’agitation qui les maintient dans la paresse de la mort.

23. Ils croient follement créer avec leurs mains, sans comprendre qu’ils ne savent même pas faire des mains.

23’. La science de la science consiste à préparer les choses et à laisser faire Dieu.

24. Le premier devoir pour le plus petit comme pour le plus grand, c’est acquérir l’intelligence en priant Dieu, pour connaître l’évidence de la création.

24’. L’amour de l’or le fait rechercher jusque dans l’ordure, mais peu d’hommes sont capables de le saisir dans le ciel et de le fixer dans la terre.

25. La plus grande bataille et la plus grande victoire, c’est acquérir la générosité du cœur envers tous les êtres en découvrant Dieu en soi.

25’. Le soleil visible et le soleil invisible mûrissent toutes choses jusqu’à la perfection aurée du fruit très parfait.

26. Tous les savants du monde jugent stupidement de l’œuvre de Dieu, parce qu’ils considèrent seulement l’ouvrage et pas l’ouvrier.

26’. La matière moyenne donne la connaissance des essences extrêmes.

27. Ont-ils vu comment la terre produit l’eau ? Savent-ils par quelle voie l’eau engendre la terre ?

27’. Le brouillard condense la pluie, et les ténèbres couvent la lumière.

28. Diront-ils dans quelle proportion l’eau amollit la terre ? Et ensuite comment la terre consolide l’eau ?

28’. L’arc-en-ciel annonce les noces du ciel et de la terre.

29. Et de quelle façon tout retourne enfin en terre par le moyen du feu ?

29’. Le fruit rouge capable de sauver le monde.

30. Ils demeurent ignorants, orgueilleux et stupides, Dieu se moque d’eux et ils trompent le monde.

30’. Les sages proclament leur ignorance devant Dieu.

31. Ils se flattent d’être les maîtres du monde, mais aucun n’ose avouer sa misère.

31’. Le fils de Dieu surmonte la mort en trois jours.

32. Leur vaine suffisance ne les empêche pas de tomber lourdement à la fin et de retourner au chaos boueux.

32’. Les limbes sont l’antichambre de Dieu, qu’il faut traverser pour parvenir au Père nouveau-né.

33. Leur science est née des interprétations sinistres de l’enseignement des anciens sages.

33’. La complication engendre la folie et la mort inextricables.

34. Elle varie comme l’ombre et comme le vent.

34’. Le feu revêt toutes les formes, mais demeure fixe dans son intérieur.

35. La science de Dieu est immuable comme le soleil et comme l’or. « Nous passerons par le feu et par l’eau, et le soleil de Dieu nous embrasera pour toujours. »

35’. Tous les sages professent le même enseignement. L’eau dans la terre, et Dieu dans l’homme.

36. La partie ne peut juger la totalité de l’Être, et celui qui est à la périphérie ne peut voir comme celui qui se trouve au centre.

36’. Le feu n’est visible qu’au milieu du ciel. Il demeure caché dans le centre de la terre et dans l’eau moyenne.

37. Il appartient maintenant à l’homme d’accomplir le premier pas vers Dieu, puisqu’il a aussi fait le premier pas vers l’ombre.

37’. La liberté accordée à l’homme lui permet toutes les folies et toute la sagesse. La curiosité qui l’a perdu peut aussi le sauver.

38. Comme un aimant, Dieu fera aussitôt parcourir à l’homme le double du chemin.

38’. La lumière descend sur la terre et remonte au ciel pour rassembler en Dieu la poussière d’humanité dispersée aux abîmes.

39. Il n’y a de véritable force et de vraie faiblesse que du cœur. Tous les secrets du monde sont contenus en lui.

39’. L’eau dans la graine et le feu dans l’eau sont comme l’eau de la pierre et comme la pierre de l’eau.

40. La plus grande récompense c’est éclairer un autre homme après avoir découvert la lumière en soi.

40’. Peu de disciples savent profiter de la leçon des hommes sages, et découvrir le don naturel de Dieu.

41. L’imagination est l’outil qui découvre Dieu. La patience est celui qui le met en évidence.

41’. L’eau dissout toute sorte de chose, mais le feu n’en coagule qu’une seule.

42. C’est au milieu de la corruption que la vérité apparaît clairement.

42’. La sainte Mère brille au milieu des ténèbres du monde.

43. La création de l’Univers s’accomplit dans la solitude acceptée et suffisant à elle-même.

43’. Il n’est rien ajouté à l’eau vierge si ce n’est le feu pour la mûrir.

44. Quand le symbole est une réalité, il est impossible de le découvrir sans l’aide de Dieu.

44’. L’évidence du mystère aveugle les plus savants.

45. L’aveuglement et l’orgueil des hommes sont devenus tels qu’ils transforment tous les biens en maux au nom de la science et du progrès.

45’. Ce qui est trop fortement cuit ne recèle que la mort et n’engendre que la mort.

46. La vraie réussite s’accomplit au profit de tous et aux dépens de personne.

46’. Dieu comble ses enfants sans privation pour quiconque.

47. Lorsque les églises et les états s’appuient sur la force du monde, ils se soumettent à la mort parce que la puissance de Dieu les abandonne.

47’. Ceux qui possèdent le vrai pouvoir spirituel contrôlent sans effort la puissance temporelle; cependant la contrainte et la violence leur demeurent étrangères.

48. Nous voudrions que votre peine ne soit pas d’accuser celui qui vous reprend, mais plutôt d’être fâché de prêcher la vérité et de ne pas l’observer.

48’. En suscitant des saints plutôt que des savants, nous mériterons enfin un sage.

49. Ceux qui repoussent la fille et l’enfant se condamnent gratuitement à la mort.

49’. Ils sont abandonnés dans le chemin et couverts par l’ordure.

50. Dieu n’attend pas leur approbation pour mettre au jour ce qu’il lui a plu de créer.

50’. L’eau sainte vole au ciel et s’enfonce dans la terre pour mouvoir toutes choses.

51. Le sage recueille la mère et la loge jusqu’à ce que l’enfant paraisse au jour.

51’. Seul celui qui a acquis la connaissance de Dieu sur les trois plans de la création peut être nommé délivré pour toujours.

52. Dieu se moque des sciences, des lois et de la morale des hommes.

52’. Les hommes passent, mais la doctrine de l’Esprit demeure éternellement.

53. Tous les événements bons ou mauvais sont utiles pour celui qui les fait servir à son instruction.

53’. Le monde entier aide l’homme qui cherche Dieu, mais rare est celui qui comprend et qui accepte la leçon mystérieuse.

54. Que sont même les livres saints comparés au mystère de vie qui subsiste dans le soleil et dans la terre ? Cependant, ils renferment la clef qui ouvre et qui ferme la source de l’abîme et le sceau qui couvre le germe du Seigneur des mondes.

54’. Celui qui comprend loue le Seigneur dans son cœur. Celui qui croit entendre et celui qui ne saisit rien doivent prier et se taire.

55. La vérité suffit à elle-même. Tout ce qu’on y ajoute l’obscurcit.

55’. C’est dans les lieux communs qu’apparaît l’évidence du mystère.

56. Dieu ouvre les yeux à qui lui plaît sans l’aide d’aucun savant.

56’. L’Esprit opère devant tous. Peu le voient. Un seul le saisit et le fixe.

57. Les sciences professées par les hommes exigent de la subtilité et beaucoup de peines pour être possédées en partie. La science enseignée par Dieu demande la simplicité et la patience pour être connue dans sa totalité.

57’. La connaissance de l’arbre est moins importante que celle du fruit, et celle-ci est moins utile que la connaissance du noyau. Enfin c’est l’amande qu’il nous faut connaître dans sa pureté et c’est le germe qu’il nous faut manifester dans sa perfection.

58. L’injustice qui nous écrase est là pour nous rappeler que Dieu nous attend avec sa justice.

58’. La mort chasse la mort et fait paraître la vie cachée.

59. Celui qui est vraiment dévoué à Dieu ne porte aucune marque spéciale pour le signaler à la vénération des foules. Il est nu et pauvre au monde.

59’. La terre pure séparée de sa mort. La lune blanche sortie de son ombre. Le soleil rouge lavé de ses taches.

60. Les hommes ignorants méprisent la terre et le ciel qui les ont fait naître et qui les nourrissent. Les hommes sages s’efforcent d’unir ce qui est bas avec ce qui est haut pour ne faire qu’une seule chose.

60’. L’eau sort de terre et retourne en terre jusqu’à l’épanouissement de la fleur blanche et jusqu’au mûrissement du fruit pourpre.

61. Il n’y a pas de nouvelle vérité. Il y a seulement des formes et des expressions nouvelles de l’éternelle vie très cachée et très évidente.

61’. Celui qui m’incarne, dit l’homme céleste, connaît la voie sainte des anciens sages de Dieu.

62. Il faut être très instruit et très puissant pour redevenir simple et humble comme un petit enfant.

62’. Dieu : le fou que nous aimons, le sage qui nous épouvante !

63. Dieu permet la tentation afin que nous soyons équitablement jugés par nous-mêmes. C’est une justice telle que toute contestation augmente notre peine.

63’. Celui qui est en Dieu commande même aux astres, car il possède le corps et l’esprit purs unis dans l’âme parfaite.

64. Le signe du mensonge, c’est le changement, celui de la vérité, c’est l’immutabilité.

64’. Le feu jugera le monde pourri, mais les vivants de Dieu sortiront sains et saufs de l’épreuve terrifiante. Eux seuls !

65. La plus grande joie que l’homme puisse éprouver, c’est la parfaite manifestation de sa force en Dieu.

65’. Le soleil fixe et parfait issu de la pure et vivante lumière qu’il engendre au commencement.

66. Dieu qui est la perfection de la science et de l’amour, n’offre et n’accepte que la science et l’amour parfaits.

66’. Le trésor enseveli dans la terre. Le grand concentré de l’Univers.

67. La réflexion doit nécessairement précéder toute expérimentation pour parvenir à la vraie connaissance.

67’. La fin du doute : L’expérience de Dieu par la connaissance de la nature et de l’homme.

68. La liberté, c’est tout savoir et se taire, Tout avoir et ne rien posséder, Tout pouvoir et reposer.

68’. La quintessence du ciel et de la terre, qui produit le soleil et qui le reçoit en mariage.

69. Le naturel et le surnaturel sont mêlés si intimement que Dieu seul peut les séparer et les réunir.

69’. En retournant la terre REA, nous découvrirons l’AER céleste qui fait l’ERA divine.

70. Celui qui travaille plus que ne l’exigent les besoins naturels, épouse l’enfer et la mort.

70’. La nature produit tout par l’eau et par le feu. Le sage perfectionne le monde de la même manière.

71. La recherche de la science de Dieu est le seul travail qui se passe de toute approbation humaine. Elle comble tellement ceux qui l’atteignent qu’ils sont en état de tout donner, alors que le monde ne peut plus rien leur offrir.

71’. La mère universelle existant par Dieu qui la modèle à son gré. La fécondante du ciel. La fécondée de Dieu. La féconde de la terre. « La vérité est une malédiction pour ceux qui l’approchent et qui ne la reçoivent pas. »

72. Quand les meilleurs hommes semblent perdus pour le monde, ils sont gagnés à Dieu qui possède tout.

72’. La réunion des quatre éléments forme la cinquième essence, racine de la lune et du soleil.

73. Le maître peut libérer des prisonniers repentants, mais il ne délivre pas les esclaves volontaires de la mort.

73’. Sous la bête, le Dieu secret, et dans la boue, la perle cachée.

74. Dieu a créé le monde qui se perpétue en soi-même. Là se trouve l’enseignement unique.

74’. Le corps-esprit accomplit aisément toute chose, car il est déjà en tout depuis le commencement.

75. Les hommes préfèrent leurs propres systèmes qui s’écroulent, leurs inventions qui tuent et leur travail qui enchaîne.

75’. Le monde mixte, trompeur et trompé. La roue qui ne se repose pas.

76. Dieu se moque des savants du monde parce qu’ils le considèrent comme étranger à son propre ouvrage. Ainsi plus ils voient de merveilles, plus ils deviennent insensés.

76’. L’extrême humiliation de la mort est l’entrée obligatoire à la splendeur de la vie céleste, car la séparation terrestre est le commencement du ciel manifesté.

77. Dieu est tout-puissant. Il renouvelle toutes choses sans effort.

77’. Le commencement dans la terre. Le milieu dans l’eau du ciel. La fin dans le soleil.

78. On peut tout comprendre avec son inspiration. On peut tout examiner avec son aide. On peut tout épurer avec sa science. On peut tout perfectionner avec son art. Il possède tous les noms et n’en a aucun.

78’. La terre produit l’eau et se nourrit de l’eau. L’eau engendre l’air et se vivifie de l’air. L’air devient feu et s’alimente du feu. Le feu tourne en terre et sort de la terre.

79. Rien ne fait jamais défaut à celui qui s’appuie sur Dieu.

79’. Le camphre d’or où réside toute la vertu de la terre et du ciel.

80. Celui qui a obtenu l’amitié de Dieu n’est ni gai ni triste. Il demeure dans la paix du Parfait et il aide les hommes réconciliés dans la Mère aimante.

80’. Le poète fou et saint qui entend Dieu et qui le traduit. Il flambe en éclairant le monde et parle de la vie aux rochers de la terre jusqu’à les éveiller de leur mort solitaire. Sa joie et sa peine sont incommunicables.

81. La plus grande volonté, c’est la plus grande patience. La plus grande patience, c’est la plus grande acceptation. La plus grande acceptation, c’est la plus grande sagesse. La plus grande sagesse, c’est la volonté et la voie de Dieu.

81’. Mille noms et mille visages, sur l’unique pureté contenue dans notre cœur. «Ô lumière universelle des mondes ! » «Ô feu très secret de l’Unique ! » «Ô perfection très sainte de l’Union ! »

82. C’est en confrontant les doctrines de tous les livres saints qu’on peut découvrir la vérité de l’Unique.

82’. Le Père au centre. Le Fils à la périphérie. L’Esprit Saint entre deux. Tous en Un toujours.

83. Étudions les triples mystères anciens. Révérons les doctrines et les fables sacrées. Cherchons le bien qui subsiste dans le mal. Méditons les ouvrages des prophètes et ceux des saints philosophes. Comprenons qu’il n’y a qu’un seul Dieu, une seule science, et une seule création partout et toujours.

83’. Toute humidité sera chassée de la terre, et le feu consumera la crasse immonde jusqu’à ce que le sel virginal paraisse, auquel sera rendue l’eau céleste pour former le nouveau monde de Dieu. « Qui nous fera entendre cette parole du commencement et de la fin des temps ? Qui nous montrera le germe dénudé de la création parfaite du Seigneur ? »

84. Heureux celui qui se tait jusqu’au temps de la connaissance, parce que son ignorance ne se retournera pas contre lui pour l’accabler au jour de la séparation.

84’. Quand on cherche Dieu, on n’a pas le temps de s’occuper du monde, comme lorsqu’on court après le monde, on ne peut pas reposer dans l’Unique.

85. Celui qui se décourage à la première ou à la millième tentative, n’est pas digne de posséder le don de Dieu.

85’. L’eau de la terre et la terre de l’eau, voilà le mystère du Seigneur incarné dans la chair du monde.

86. L’unique voie qui mène à la possession de Dieu, c’est la connaissance de la nature et de l’homme.

86’. Les métamorphoses du monde enseignent le clairvoyant et le ramènent à la source universelle de la vie.

87. Le don exige le commandement, la médiocrité demeure dans l’obéissance. Quand la règle est violée, les sociétés sombrent dans le chaos.

87’. Le feu domine finalement l’eau dans la création cachée et transforme tout en terre sainte.

88. Connaître les trois fondations héréditaires de l’homme, c’est posséder la science. L’âme qui vient de Dieu, l’esprit qui vient des astres, le corps qui vient de la terre.

88’. Celui qui délivre l’homme enseveli, reçoit tout du Père, par le moyen de la Mère et du Fils manifestés clairement. « Nous ne prêchons ni le vent, ni la fumée, ni la cendre, nous prêchons la vie sauve en âme, en esprit et en corps ressuscités. »

89. Les querelles proviennent de la confusion des esprits, de l’emportement des passions, et de l’inexactitude du langage.

89’. La terre couve l’aigle lumineux. Qui le saisira à sa sortie de l’œuf ? Et qui l’élèvera jusqu’à son retour à la terre sainte ?

90. L’homme fort commande sans parler et il est obéi. Le faible crie sans cesse et personne ne l’écoute.

90’. Écouter et regarder en soi pour connaître Dieu dans l’Univers, c’est la voie directe.

91. Il n’y a pas de plus grande malédiction que d’être verrouillé dans l’orgueil de l’esprit et dans la grossièreté du sentiment.

91’. La folie apparente du secret de Dieu exclut les orgueilleux, les cupides et les impies.

Nous sommes enfants des saints et nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne lui retirent jamais leur fidélité.
Tobie
Beaucoup paraissent hors de l’Église qui sont dedans ; beaucoup paraissent dedans qui sont dehors.
Augustin

LIVRE III

Je suis dans le Père, et le Père est en moi.
Jésus
Ô Père, tu es dans mon cœur et nul ne te peut connaître si ce n’est moi ton fils.
Akhénaton

UN ÊTRE VIE

GLOBE SANS TACHE

1. La prière est le moyen le plus accompli du développement de la volonté en Dieu.

1’. L’eau qui jaillit de la terre sainte retombe en pluie d’or sur le monde enténébré.

2. Dominer les autres est une facile illusion. Dominer soi-même est une dure réalité.

2’. L’étude du monde moyen donne la connaissance du grand Univers.

3. Qui est assez grand pour demeurer caché? Qui est assez connu pour rester anonyme ? Qui est assez généreux pour tout posséder ? Qui est assez puissant pour ne rien exiger ?

3’. Tous voient l’ancêtre, quelques-uns le reconnaissent, un seul le réveille et délivre le monde du péché. « Donne-nous ton NOM secret, ô Seigneur, si tu juges que nos cœurs sont assez purs pour ne pas en mourir. »

4. Toute la science des hommes leur a-t-elle jamais fait repousser un cheveu ? Effacé une ride ? Redonné la jeunesse ? Les a-t-elle sauvés de la mort, comme fait l’amour de l’Unique pour ses amis secrets ?

4’. Liquéfier la terre et concentrer l’eau, puis marier la terre à l’eau et jouir de la paix du Seigneur dans la pierre sanctifiée par l’Union.

5. La dispersion et l’agitation engendrent la triste folie du monde.

5’. L’amour s’emparera de la vertu du soleil, et la multipliera jusqu’au repos du Seigneur ultime.

6. Demeurons silencieux et solitaires, scrutons attentivement la nature mouvante, prions Dieu avec amour et dépassement, ainsi nous arriverons aisément à la lumière qui enfante l’Univers.

6’. Les noces célestes font jaillir la clarté des étoiles. Les noces terrestres manifestent le poids et la vertu de l’or lumineux.

7. Quand un saint guérit un malade, il lui apprend ensuite à aider les autres. Ainsi il le guérit deux fois.

7’. De Saturne à la lune et au soleil, il n’y a qu’une voie qui est l’épuration patiente du corps brut jusqu’à l’union de l’esprit net avec l’âme parfaite.

8. Comment saisirons-nous le mystère des choses cachées, si nous ne comprenons pas l’évidence de celles qui nous aveuglent ?

8’. L’astre externe se joint au soleil interne pour engendrer l’unique clarté. « Ô beauté secrète ! »

9. De l’œuf couvé sort un poulet, mais personne n’y prend garde.

9’. La lumière des astres brille au ciel et à l’intérieur de la terre.

10. L’accoutumance à la mort de l’esprit nous masque les miracles de Dieu et de la nature.

10’. C’est elle qui libère la fontaine de vie où sommeille le germe du ciel et de la terre.

11. Il est superflu d’attaquer la science des hommes, puisqu’elle se détruit elle-même.

11’. Tout ce qui s’accomplit en dehors des lois naturelles est mort et engendre la mort.

12. On ne peut se débarrasser d’un méchant qu’en essayant de l’amender. Le temps et le malheur en viennent facilement à bout et séparent en lui ce qui est bon de ce qui est mauvais.

12’. La vraie nature de l’homme est la lumière céleste couverte par l’ombre de la mort. « Le chercheur d’idéal est un fou dangereux. Le chercheur de réalité transcendante est un sage bénéfique. »

13. À force d’intransigeance et de rigueur imbéciles, on écarte les hommes droits des choses saintes.

13’. Celui qui demeure pauvre en Dieu peut posséder le monde sans danger de mourir.

14. La simplicité et la paresse des foules font du dieu vivant une idole, et de la religion la peur.

14’. La vie du soleil est visible au ciel, et sensible sous l’écorce de la terre.

15. Disputer avec un ignorant, c’est devenir plus faible que lui.

15’. La corruption met toute pureté en évidence.

16. Le sage repose dans la plénitude de l’unique lumière. Le fou s’agite dans le vide des ténèbres multiples.

16’. Nous devinons Dieu dans le temps d’un souffle, mais lui nous considère pendant l’éternité.

17. La vérité se cache sous le voile des fables et des paraboles, il faut un esprit très droit et très pénétrant pour la découvrir, comme il faut un œil bien exercé pour reconnaître le diamant sous l’enveloppe qui le protège.

17’. Dans le centre de l’Univers et dans le cœur de l’homme, sont contenus les mystères de Dieu. Qui creusera l’abîme ? Qui manifestera la vie de la terre ? Et qui consolidera la rosée du ciel ?

18. Les philosophes divins, les saints, les poètes, les artistes et les enfants, pensent et agissent souvent en Dieu.

18’. L’oubli de soi grandit l’homme jusqu’à l’origine sans limite dont est revêtu l’Inconnu.

19. Cependant, quand les premiers parlent, tous doivent écouter humblement et se taire.

19’. La connaissance fait reposer l’homme dans le centre immuable qui porte la mer mouvante du monde.

20. Les hommes grossiers ne sont jamais étonnés devant la création stupéfiante de Dieu. Ils ne voient rien, n’admirent rien, n’aiment rien, ne comprennent rien et ne trouvent rien.

20’. Les sens privés de l’esprit rampent misérablement sur la croûte terrestre; mais l’esprit sans les sens pénètre jusqu’au tréfonds du ciel et de la terre. Cependant, c’est l’amour qui nous fait reposer dans l’unique clarté.

21. La force de la véritable philosophie, c’est de considérer ce qui est et non pas ce qu’on croit être.

21’. La lumière du bois présage le Dieu dans l’homme, et le fruit de notre terre nous fait héritiers du Père magnifique.

22. Peu d’hommes sont capables d’agir en Dieu dans la veille, dans le rêve et dans la mort.

22’. Ceux qui sont morts à l’eau sainte sont doublement privés du feu céleste.

23. Les fonctions de l’homme supérieur sont parfaites et complètes, et c’est en cela qu’il se rapproche de Dieu.

23’. Il ne suffit pas d’atteindre la lumière pendant quelques instants; il faut pouvoir s’y maintenir durant toute l’éternité.

24. La plus infime partie de l’Univers est une image du tout, et suffit à elle-même.

24’. Le cœur du ciel et de la terre est comme un œuf caché dans la mer du monde.

25. La naissance et la mort, l’action et le repos, la lumière et les ténèbres, l’union et la séparation, viennent du mouvement des quatre qui font les changements du monde.

25’. L’imagination du Seigneur vit sous la terre et vole dans le ciel pour animer les mondes. Qui la saisira dans ses mains ? Et qui la fixera dans son cœur ?

26. Le repos de Dieu s’établit dans la pureté, lorsque les éléments sont unis dans un équilibre parfait.

26’. La joie et l’étonnement de celui qui se découvre en Dieu, n’ont pas de fin.

27. On ne tue pas les morts pour les instruire ni pour les sauver, on les baptise de feu et d’eau et on les confie à la terre et au ciel.

27’. La patience de la grâce nous délivre des plus sombres prisons. La douceur de l’amour fait fleurir notre vie cachée.

28. Le monde est pluriel, mais l’homme est singulier.

28’. La grande connaissance demeure au fond de nous.

29. La vérité ne perd jamais les hommes, ce sont eux qui la délaissent.

29’. Dans les ténèbres, la lumière est une avec Dieu depuis le commencement.

30. L’homme sage ne demande rien à ceux qui croient tout avoir et qui ont peur de tout perdre.

30’. Celui qui connaît l’issue de toute chose est sage parmi les sages, dieu parmi les dieux et fou au milieu des hommes vulgaires.

31. Ceux qui, réduits au pain et à l’eau, sont encore joyeux, viennent plus facilement à bout du monde que le monde ne vient à bout d’eux.

31’. On ne peut vaincre la folie de la mort dans le monde qu’en pratiquant la sagesse de la vie en Dieu.

32. La haine est le point extrême de la faiblesse dans la séparation, comme l’amour est le point culminant de la puissance dans l’union.

32’. La dureté et la sécheresse de la terre pour la mort. La souplesse et l’humidité de l’eau pour la vie. Le combat des deux fait paraître la gloire du tout.

33. Les hommes soupirent après les étoiles sans savoir que le soleil roule sous leurs pieds et repose quelquefois dans leurs mains d’aveugles. « La pierre brute deviendra prière, et la prière deviendra pierre précieuse. »

33’. Tous voient le ciel à découvert. Quelques-uns utilisent l’influence des étoiles. Une poignée capte la lumière de la lune. Mais un seul incarne la vie du soleil très parfait.

34. La nature enseigne le sage, et le sage aide la nature afin que le fruit paraisse à la vie et devienne parfait.

34’. Celui qui sait unir les contraires de même nature possède la science.

35. Un simple berger peut être plus instruit que cent mille savants réunis dans le monde, et un misérable idiot peut montrer au sage la lumière du Parfait.

35’. Celui qui possède le sel de la terre assaisonne le monde à son goût, il saupoudre tout mal jusqu’à le faire disparaître en témoignage de la glorieuse vertu de Dieu.

36. Dieu est présent aussi longtemps que nous sommes là.

36’. La perfection qui s’accomplit en secret ne suscite aucune entrave.

37. Ce qui paraît absurde et incroyable, est souvent une barrière destinée à arrêter les hommes remplis d’orgueil et de malignité.

37’. En élevant la terre jusqu’au ciel et en abaissant le feu jusqu’au tombeau, nous obtiendrons la gloire de Dieu par le moyen de l’eau et de l’air moyens.

38. Celui qui sait tout est comme celui qui ne sait rien. Cependant, l’un repose et l’autre s’agite, l’un se connaît, l’autre est connu, l’un crée, l’autre est créé.

38’. Tous les deux sont en un, mais un seul se connaît au-dedans et au-dehors et subsiste dans la gratuité du don perpétuel.

39. L’ange et le démon nous sont incompréhensibles, mais la nature humaine nous éclaire merveilleusement.

39’. « L’homme épuré engendre le monde parfait. » Fuyons les méchants et leurs œuvres, car tout est impie en eux et va à la mort.

40. La voie de la sagesse, de la sainteté et du génie, c’est la solitude intérieure où couve l’étoile de notre naissance divine.

40’. Celui qui sème et qui récolte la lumière du soleil, possède la plus haute vertu et le plus grand trésor du monde total.

41. Chaque terre produit au jour ce que Dieu y a enfermé dès le commencement et rien d’autre.

41’. La vérité apparaît d’abord crue, il faut ensuite la cuire pour l’offrir aux hommes.

42. Il est aussi vain de vouloir se passer de tout que d’essayer de tout posséder dans ce monde.

42’. L’homme instruit demande tout à Dieu, mais il n’imagine aucun moyen, afin de ne pas entraver le don du ciel.

43. Celui qui sait tout ne discute de rien. Celui qui a tout ne refuse rien. Celui qui peut tout ne se flatte de rien. Celui qui a l’amour ne méprise rien.

43’. Le soleil tout-puissant éveille la vie jusque dans la terre morte et la fait germer jusqu’au ciel de résurrection, mais c’est l’eau mère qui fait fructifier la semence de l’or pur.

44. Nous sommes souvent fautifs quand nous croyons les autres coupables. Il faut une grande lucidité et une grande loyauté pour découvrir cela.

44’. Le sage voit le défaut et la vertu de toute chose, mais il est trop occupé à rejeter l’un et à glorifier l’autre, pour en parler.

45. Il vaut cent mille fois mieux être le dernier devant Dieu que le premier parmi les hommes.

45’. L’homme intelligent élimine les envieux, en proclamant sa nullité devant tous.

46. La sagesse de Dieu dépasse de beaucoup notre courte vue et notre faible intelligence.

46’. C’est la prière jaillissante de tout l’être qui rompt les frontières du corps et nous fait un avec Dieu.

47. La puissance première, suprême principe, créateur et pivot du monde, est comme Dieu reposant dans la vie au milieu de la mort.

47’. Le commencement des commencements, le mystère des mystères, le voile protecteur de l’éternité.

48. L’Univers est le cadre de l’homme, et l’homme est le cadre de Dieu.

48’. Le centre du centre est comme le feu au milieu de la grande eau.

49. Le plus facile et le plus difficile au monde, c’est savoir qui nous sommes.

49’. Celle qui nous délivre de toute obscurité. Celui qui perfectionne toute pureté.

50. Quand le monde nous repousse, c’est parce que Dieu nous attire; mais combien répondent à l’amour par l’amour ?

50’. Celui qui est digne de recevoir l’instruction, se désigne à Dieu par la force de son désir et par la puissance de son amour.

51. Aucune parole ne doit être acceptée sans un examen rigoureux et long, afin de séparer le vrai du faux.

51’. L’aboutissement de la science, c’est l’expérimentation de Dieu dans la sainte Mère.

52. Dans l’œuvre de Dieu, le mouvement et le temps sont les juges qui font paraître la vérité.

52’. Concentré, il se dilue; dilué, il se concentre.

53. Celui qui n’augmente pas le travail nécessaire à sa vie, est un homme sage et libre.

53’. Pour un saint qui atteint Dieu, des millions de morts retombent dans la fosse commune.

54. Quand nous croyons perdre ou acquérir quelque chose ici-bas, offrons-le à Dieu. Ainsi nous serons toujours heureux en tout.

54’. Celui qui convoite l’Univers ne s’embarrasse pas de l’ombre du monde.

55. Dieu rêve les créations pour sa connaissance et pour sa joie.

55’. L’oiseau qui sort du rocher retourne à la pierre.

56. Le sage est seul avec Dieu, comme Dieu est seul avec lui-même.

56’. La lumière se dilate jusqu’à l’éther impondérable, et se concentre jusqu’au soleil fixe et pesant.

57. Les mystères de Dieu ne doivent être proposés qu’aux hommes saints. C’est un crime d’en parler à ceux qui demeurent volontairement dans la mort immonde.

57’. La nuée qui vole au-dessus des montagnes, niche dans les cavernes de la terre où elle couve l’unique clarté.

58. L’Univers et l’atome forment le corps unique de Dieu. Qui les cuira au feu doux de l’amour ?

58’. Le sage brille au-dedans et paraît obscur au-dehors. Il ressemble à l’origine du monde qui repose ignorée de tous.

59. Appliquer uniquement notre volonté à trouver Dieu en nous-mêmes, c’est abréger au maximum le temps de notre exil. « Efforçons-nous à ne rien faire afin que Dieu puisse nous parler et afin que ses anges puissent nous servir sans entraves. »

59’. Le froid et le sec paraissent au-dehors. Le chaud et le sec se manifestent au-dedans. L’humide relie le ciel et la terre.

60. La nuit contient le jour. Le mort couvre le vif. Le dur reçoit le mou. Ainsi Dieu manifeste la vie, et la vie manifeste Dieu.

60’. En plaçant le dedans au-dehors, nous ferons paraître l’invisible dans le visible et la lumière de Dieu illuminera la terre des hommes.

61. L’ignorant parle toujours de ce qu’il ne connaît pas. — L’homme instruit s’entretient quelquefois de ce qu’il connaît. — Le sage écoute et se tait.

61’. Entre les deux faces de Dieu, il n’y a que la différence de la pierre à la pierre, mais l’une est obscure et l’autre brille magnifiquement.

62. La plus parfaite joie, c’est adorer Dieu. La plus haute science, c’est imiter son œuvre. Le plus grand trésor, c’est le découvrir et le conserver en soi.

62’. Si tu veux connaître le commencement, étudie la fin et si tu veux parvenir à la fin, prends le commencement. « Désunir n’est pas disperser. Réunir n’est pas ajouter. »

63. L’amour inexprimable n’admet rien autre que lui-même.

63’. L’eau qui sort de la terre retourne à la mer vivante du grand monde.

64. Le repos contient le mouvement. Le mouvement engendre le changement. Le changement purge la création.

64’. La création épurée manifeste Dieu en trinité une et en unité triple. « Consumer n’est pas tuer. Cuire n’est pas détruire. »

65. Celui qui a trouvé Dieu n’oblige personne à croire. La plénitude de l’amour et de la connaissance lui suffit.

65’. Tout ce qui est véridique au-dedans est aussi valable au-dehors, car les deux ne font qu’un en trois.

66. Celui qui sait et qui peut est comme celui qui est.

66’. Le feu central mûrit la lumière céleste.

67. La honte est l’unique châtiment de celui qui reconnaît son ignorance. Dieu est réellement grand et généreux.

67’. Il n’y a rien dans l’Univers qui ne soit aussi dans l’homme. Le grand monde peut donc délivrer le petit et le petit peut aussi rassembler le grand.

68. Quand un peuple méprise, maltraite ou tue ses sages, ses saints, ses enfants, ses poètes et ses artistes, la nation est près de sa fin.

68’. La haine que les médiocres portent à la connaissance, à l’amour, à la vie, à la grandeur, à la beauté, n’a pas de borne.

69. En se présentant aux autres comme ignorant et incapable, on obtient facilement la paix nécessaire à la quête de Dieu.

69’. La réalité la mieux éprouvée par le saint paraît justement absurde au plus grand nombre.

70. Celui qui fait le bien, ne se met pas en peine du mal qu’on fait autour de lui.

70’. La vie instinctive domptée, canalisée et sublimée dans sa source mène à la sainteté.

71. Celui qui instruit les foules est rejeté par tous, ensuite il attire tout le monde; c’est la justice de Dieu. « Les sophistes nous amusent bien un temps, mais ils nous laissent le cœur et les mains vides, à la fin. »

71’. Dieu, qui est vie et feu, manifeste l’Esprit Saint par la mort et par la résurrection de son Fils. « Parmi tous ces intelligents qui nous décrivent le monde où nous sommes prisonniers, quel est celui qui s’en sort et qui nous en délivre ? »

72. Le saint est seul avec Dieu au milieu des hommes vulgaires, comme le mercure et l’or sont unis parmi les déchets de la terre.

72’. L’acceptation et le détachement guérissent toutes les folies, parce qu’ils mènent à l’oubli de soi qui est la sagesse de Dieu.

73. Il existe des esprits faits pour se rencontrer et pour communier entre eux; leur nombre varie peu à travers les âges.

73’. Les combinaisons du perpétuel devenir sont infinies. Dieu seul demeure inchangé dans son vêtement de vie.

74. Les marques extérieures du mérite sont la preuve de l’impuissance et la juste compensation offerte aux médiocres.

74’. Celui qui cherche Dieu en pensée et en action doit écarter les apparences de la mort, qui s’opposent au retour de l’or céleste.

75. La médiocrité assure contre les trop grandes douleurs et contre les trop grandes joies.

75’. La précaution inutile et la mort mitoyenne.

76. Les saints ne sont pas aimés du monde parce qu’ils exigent trop des gens vulgaires.

76’. Une seconde d’intuition révèle ce que mille ans de travaux ne permettent pas d’entrevoir.

77. Quand un bon enseignement est donné à des hommes médiocres, ils le rendent plus néfaste que l’ignorance même.

77’. L’eau est universelle, les semences sont particulières. L’une dissout, les autres consolident, mais une seule chose contient Dieu en secret.

78. Tout ce qui est public s’avilit et se perd. Tout ce qui demeure secret garde sa vertu et son prix.

78’. Sublime vierge revêtue de terreur. Aliment vivant du monde. Nourrice du soleil. Sainte Mère des hommes.

79. L’imbécillité est un frein appliqué à la malfaisance, car elle empêche le choix systématique de ce qui est mauvais pour les autres et pour soi.

79’. La nature se dévoile devant les hommes simples et patients, mais aucune contrainte ne saurait l’obliger à se montrer nue aux sots et aux orgueilleux.

80. La limitation des désirs et l’acceptation du changement engendrent le détachement, la liberté et le repos nécessaires à la recherche du Parfait.

80’. Celui qui veut entrer en Dieu doit devenir comme Dieu, c’est-à-dire très pur et très parfait comme l’eau et comme le feu célestes.

81. Sans la volonté de guérir, il n’y a pas de cure possible ; il faut donc interroger tout malade avant de rien entreprendre.

81’. La prudence du sage consiste à instruire ceux qui le demandent et à ne forcer personne à croire ou à savoir.

82. La femme désagrège l’homme jusqu’à l’eau de l’air. L’homme consolide la femme jusqu’au feu de la terre. De ces deux jaillit l’infini de la création parfaite qui manifeste la gloire de l’Unique sur la terre des vivants.

82’. La liquéfaction et la végétation de la terre sont le premier mystère. La solidification et l’animation de l’eau forment le second mystère. L’alliance de la première eau avec la seconde terre constitue le troisième mystère.

83. Il faut faire en sorte que chacun soit jugé par ses actes et par ses pensées; c’est le vrai jugement de Dieu que personne ne saurait contester sans se condamner davantage.

83’. Si notre chance semble être trop mauvaise, consacrons-la à Dieu qui la fera devenir excellente, car le Savant sait délivrer et mûrir notre lumière enfouie dans la mort.

84. Le don inné, qui vient du passé, détermine l’état présent, qui prépare à son tour le don à venir.

84’. Aucune injustice dans l’état de chacun, par conséquent le silence et l’acceptation conviennent également à tous.

85. Il est plus aisé d’abaisser une grande œuvre jusqu’à soi que de s’élever jusqu’à elle, mais il est indispensable de croître et de mûrir après avoir germé.

85’. Dans les limites où l’eau monte et descend, et là où la lumière des astres et le feu central se joignent, la vie prend corps : sous terre, sur terre, dans l’eau et dans l’air.

86. Savoir, c’est comprendre que la plus petite chose créée par Dieu vaut mieux que toutes les œuvres humaines réunies.

86’. Quand nous serons préparés à suivre la mort sans nous retourner, nous pourrons jouer avec le monde sans crainte de mourir.

87. Le seul but utile ici-bas, c’est atteindre Dieu; tout le reste est comme un rêve, comme la poussière et comme la mort.

87’. Vivre, aimer, désirer, souffrir, expérimenter, connaître, choisir, arriver au repos, c’est le destin de l’homme.

88. La projection patiente et résolue de la volonté vers un but choisi, est le secret de la réalisation du désir.

88’. La prière inspirée constitue le moyen, et Dieu est le but. « Sens aiguisés, muscles abandonnés, jambes pliées, bouche fermée, souffle coupé, sang purifié, tête vidée, cœur apaisé. »

89. Le sage ne condamne pas la folie des hommes, parce qu’il se souvient d’en être sorti depuis peu.

89’. Dans le meilleur homme, quelque chose de mauvais demeure, et dans le plus mauvais subsiste une étincelle de lumière.

90. Le bonheur, c’est adorer Dieu en paix et user du monde comme en rêve.

90’. Nous verrons le monde sans illusion quand nous aurons trouvé Dieu.

91. Effacer le malheur et pardonner les offenses n’est pas les oublier, c’est les dominer seulement, afin de ne pas tomber dans l’ornière de la haine.

91’. Épargnons la vie qui nous entoure, ainsi nous augmenterons celle qui subsiste au-dedans de nous.

92. Si la vérité réjouit et éclaire l’homme sage, elle blesse et égare l’ignorant; c’est pourquoi elle demeure voilée dans le monde.

92’. Celui qui cherche le secret de Dieu trouvera la vie s’il demeure simple et droit, sinon la folie et la mort le disperseront aux abîmes.

93. L’homme supérieur accomplit tout solitairement. Les hommes inférieurs corrompent tout en commun.

93’. Le feu et l’eau séparent ce qui est mêlé dans le monde, et concentrent ce qui est uni par Dieu.

94. L’épreuve confirme les saints et enseigne les impies. « Celui qui accepte est vite délivré de la pression du malheur, car il reçoit aussitôt le remède divin. »

94’. Celui qui a vaincu le monde, dans le monde et par le monde, est déclaré vainqueur devant Dieu. « La première charité, c’est penser aux autres, la dernière, c’est penser à Dieu uniquement. »

95. Si l’obéissance des inférieurs doit être basée sur le désir de se perfectionner, l’autorité des supérieurs doit se justifier par la volonté d’aider et d’instruire.

95’. Seuls les hommes sages connaissent l’art d’enseigner le monde par l’absurde, mais nul ne les entend plus. « Fais bien ce que tu as à faire parmi les hommes, mais n’en escompte rien et n’y crois surtout pas. »

96. Si le livre aide un homme à parvenir jusqu’à Dieu ou à l’approcher, il n’aura pas été écrit en vain.

96’. Chaque chose émerge de son chaos et se perfectionne en soi-même.

97. La lumière du monde sort des ténèbres universelles pour engendrer le jour de Dieu.

97’. Elle sera trouvée par peu d’hommes qui en valent beaucoup.

98. Il y a deux enseignements et plusieurs sens. Dieu les mettra en évidence, ou les voilera à son gré.

98’. La vierge resplendissante et son fils doré reparaîtront sur la terre des vivants.

99. En bénissant ceux qui croient nous dépouiller et nous contraindre, nous ne perdrons rien de plus, mais au contraire, nous deviendrons plus riches de leurs dépouilles et plus assurés de leur défaite ultime ou de leur conversion imprévue.

99’. Tous ceux qui prêchent Dieu parlent la même langue, mais nous les entendons différemment.

100. Donner la forme à la nature, c’est le propre de Dieu. — Détruire l’apparence, c’est l’œuvre des fous et quelquefois, celui des sages. — Imiter les procédés naturels, c’est le travail de l’artiste. — Contrefaire les aspects du monde, c’est la folie de l’ignorant.

100’. La création,
La science,
L’art,
L’artifice.
N’expliquons rien à personne. Efforçons-nous plutôt de trouver et de manifester la vérité de vie qui enseignera tout à tous.

101. Le plus grand parmi les hommes, c’est celui qui peut accorder l’enseignement de la nature avec celui des livres saints pour ne faire qu’une seule chose.

101’. Confier la direction des hommes à ceux qui en ont le plus grand amour et la plus grande connaissance, c’est honorer Dieu et le servir utilement.

102. Les religions, les arts, les sciences et les lois ne doivent pas être soumis aux hommes médiocres qui dégradent tout.

102’. La terre redeviendra comme la boue, comme la vie et comme l’or sous le souffle du Très-Haut.

103. Si nous entendons directement l’enseignement du Seigneur, abandonnons-nous à lui et laissons les livres aux suivants qui le cherchent à tâtons.

103’. Tout appartient à Dieu, même la mort, qui le dissimule sagement. « Ceux qui disent à présent : “C’est obscur”, s’écrieront au jour du jugement : “C’était aveuglant et nous n’avons rien vu”. »

103’’. Les intelligents expliquent tout, mais ils entrent dans la fosse et ils n’en ressortent pas. Alors à quoi bon toute leur science ?

Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre : qu’il dorme ou qu’il veille, la nuit et le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment, car la terre produit d’elle-même son fruit.
Jésus
La vérité germera de la terre, et notre terre donnera son fruit.
David

LIVRE IV

La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient est devenue la pierre angulaire du faîte. C’est l’ouvrage du Seigneur et c’est une merveille devant nos yeux.
David
Oh ! que je sois régénéré, que mon esprit soit purifié et sublimé, que souffle en moi l’Esprit d’en haut, que je voie le feu divin.
Prière égyptienne

VERTU NIÉE

LE VOILE

1. L’admiration et l’étude des œuvres naturelles mènent à l’amour et à la connaissance de Dieu.

1’. La terre noire endormie. La vivante lumière du monde. Le Sauveur rouge très parfait.

2. Les alternatives de la foi et du doute font tout le drame de notre quête divine.

2’. Tout ce qui s’éloigne de la nature va à la mort, et tout ce qui pénètre l’homme aboutit à Dieu.

3. L’abandon à la volonté divine, c’est l’aveu difficile de notre ignorance et de notre impuissance.

3’. Donnons et recevons tout avec détachement, afin de connaître l’unité des hommes en Dieu.

4. Le sage qui perd un ami demeure sans surprise et sans tristesse, parce qu’il est depuis longtemps seul avec Dieu. « Les vrais amis demeurent toujours unis dans le Seigneur doré. »

4’. L’amour nous délivre de la solitude, en nous faisant un avec les hommes sur la terre, et il nous mène à la connaissance, en nous faisant un avec Dieu dans le ciel.

5. Il faut examiner attentivement tous nos désirs terrestres pour comprendre qu’ils sont vains, et que l’amour et la connaissance de Dieu sont la seule fin désirable.

5’. La voie de la connaissance réside dans la confiance de l’amour, qui est la foi parfaite dans le pouvoir de l’Esprit saint en action.

6. La connaissance du bien et du mal provoqua la chute du premier dieu créé.

6’. L’étude de la nature et de l’homme mène à la connaissance de l’Univers divin.

7. Emprisonné dans la mort, il ne peut être délivré que par sa partie demeurée pure et libre en Dieu.

7’. C’est dans l’eau qui a baigné le lépreux que se cache la clarté des étoiles.

8. La connaissance du secret divin libère du monde moyen. Le nouvel état de pureté sera conscient et plus accompli que le premier.

8’. Elle offre l’argent et l’or, le diamant et le rubis, mais tous repoussent sa main parce qu’elle est noire.

9. On évite les troubles en faisant participer les hommes doués et vivants aux charges et aux bénéfices de la nation.

9’. Les morts mêmes enseignent le saint que les hommes repoussent stupidement de leurs vies obscurcies.

10. Le juste qui est enterré vivant brise tout ce qui s’oppose à sa résurrection.

10’. Celui qui aide un homme en détresse secourt sa propre vie.

11. Celui qui médite sur la fin de toutes choses acquiert la vraie science. L’aspect en est disgracieux, mais le fruit est doré et vivant.

11’. La triple vie et la double mort engendrent l’Univers moyen. Qui devancera le partage de la fin des temps ?

12. Le sage parle peu, observe tout et agit rarement. Il connaît l’inanité de tout ce qui n’aboutit pas à Dieu.

12’. La sagesse, c’est ne rien préjuger du monde, mais considérer ce qui le transforme, afin de découvrir ce qui est.

13. Tout homme doit faire bénéficier ses semblables des dons qu’il a reçus de Dieu, afin de participer à la délivrance générale et particulière de l’Univers mixte.

13’. Celui qui lit dans les âmes est véridique envers tous, mais bien peu sont à l’aise devant lui, car il dénonce les fardeaux secrets de nos vies obscurcies.

14. Toute joie, tout amour et toute vie sont dans la contemplation, dans la connaissance et dans la possession de Dieu. « Témoignons notre foi en Dieu par la vérité du Livre qui manifeste la lumière dans nos cœurs. »

14’. Ceux qui ont trouvé l’Unique oublient tout, comme ils se sont oubliés en tout. « Celui qui dit un mot à son Seigneur a gagné sa journée, mais celui qui entend un mot de son Seigneur a gagné sa vie. »

15. Toute désolation, toute haine et toute mort se trouvent dans les soucis du monde, dans la fréquentation des hommes vulgaires, et dans la possession extérieure.

15’. Dieu fait secrètement envie à ceux qui l’ont perdu, parce que tout le reste leur fait toujours défaut.

16. Il est aisé d’imposer sa loi par la force, il est difficile de la propager par l’exemple.

16’. La loi endigue l’homme, le devoir le grandit, la servitude l’avilit, mais l’amour le dresse jusqu’à Dieu.

17. Ne méprisons aucune pensée ni aucun travail de notre père, car c’est par eux que nous sommes vivants. « Le voyant de Dieu contemple émerveillé la mer cubique où paraissent et où s’évanouissent les univers du rêve divin. »

17’. Tout est en corps et en esprit. Tout est en bas et tout est en haut. Cela vit et se transforme perpétuellement. Tout est triple et double et cependant unique. Cela monte et cela descend. Tout est femelle au-dehors et mâle au-dedans.

18. La vérité gît dans la parole délaissée des anciens sages. Qui la mettra au jour ? Et qui l’enfouira de nouveau ?

18’. L’ancêtre des jours nous sourit à travers la mort, mais il demeure sans nom et sans figure dans l’éternité.

19. Les fils de Dieu sont envoyés par l’amour pour ramener à leur source les hommes égarés dans les immobiles ténèbres de la mort. Chasser ou tuer un de ces messagers, c’est renvoyer à Dieu son pardon et se condamner à l’exil pour toujours.

19’. La lumière du soleil, de la lune et des étoiles féconde perpétuellement l’eau du ciel qui porte la semence jusque dans les profondeurs de la terre d’où surgit la vie des êtres et des choses.

20. La justice secrète veut que les hommes remplis de Dieu soient jalousés et persécutés par ceux qui en manquent le plus.

20’. Prions le Seigneur pour qu’il éclaire nos ennemis comme nos amis, car si nous devons tout aimer en Dieu, hors de lui, nous devons tout redouter.

21. Le sage enseigne le monde dans le repos et le silence. Le fou trouble tout par son agitation et par ses cris.

21’. Méditons Dieu jusqu’à ce que toute réflexion disparaisse et que notre lumière devienne une avec lui.

22. Seigneur, accorde-nous l’amour et la connaissance que nous pouvons supporter sans mourir et pardonne à notre aveuglement lamentable.

22’. Aidons discrètement ceux qui souffrent, afin d’éviter les remerciements ou les insultes des ignorants, qui croient acquérir ou perdre quelque chose ici-bas.

23. Injuste et menteur avec les hommes, on acquiert les biens de ce monde. Simple et droit devant Dieu, on obtient la vie éternelle de son règne.

23’. Quand la mort dominera sur le monde, la vie sainte sera bien près de paraître. « Ce qui se fait au grand jour ne s’accomplit pas nécessairement au grand air. »

24. L’orgueilleux est vomi par l’Univers tout entier. Il demeure seul enfoui dans la boue morte.

24’. au-dehors Mort. Orgueil. Ignorance. au-dedans Mare. Occultum. Igneum.

25. Le mélange général a été produit par l’arrêt infime de la contemplation de Dieu par l’homme qui voulut connaître le Rien et le Tout, en mangeant le fruit mélangé de mort.

25’. Avant le commencement, tout demeurait dans le repos des dures ténèbres de la mort. Le feu en s’éveillant dans l’eau ordonna le chaos, et les quatre éléments engendrèrent l’esprit vivant de l’Univers.

26. Ainsi naquit l’être moyen par la chute d’une parcelle de l’être lumineux dans le non-être ténébreux.

26’. Le chaud et le sec animèrent au-dedans la jeune lumière de Dieu, et le froid et l’humide la manifestèrent au-dehors; sept fois le feu intérieur divisa l’Unique, et les étoiles parurent dans leur rang.

27. La séparation et la réunion s’accompliront par le rassemblement des parties vivantes et par le rejet de la portion morte. L’accomplissement et le perfectionnement s’opéreront par la concentration de la lumière et par le mariage ultime du ciel et de la terre.

27’. En dernier lieu, tout reposa dans le soleil parfait. Ainsi la lumière divine manifesta sa noble origine. Dieu se contempla dans l’homme et lui donna son âme. Il leur recommanda alors de ne pas chercher à connaître leur limite, afin de demeurer immortels.

28. L’amour accomplira la délivrance totale; ceux qui en sont privés demeureront dans la mort.

28’. Personne ne saurait parvenir jusqu’à Dieu sans passer par la sainte Mère universelle.

29. Dieu attire ce qui lui ressemble et repousse ce qui lui est étranger. Il ne saurait s’unir qu’à une chose parfaitement épurée.

29’. Celui qui aime vraiment n’a aucune étroitesse d’esprit; c’est pour cela qu’il est haï des médiocres.

30. La variété du mélange d’une partie de l’Être avec le non-être produit la hiérarchie des créatures depuis le ciel jusqu’à l’enfer.

30’. Celui qui possède la sainte lumière est complet et vivant comme son Père céleste et comme sa Mère terrestre.

31. L’Être s’enterre et ressuscite pour sa seule connaissance et pour sa seule perfection.

31’. Le premier sage qui reconnut Dieu n’avait pas de livres. La nature l’enseignait, et il aidait la nature.

32. Ami de Dieu, instruit de son œuvre. — Consacré à Dieu, le cherchant en soi-même. — Artiste, faisant paraître la nature sainte. — Guérisseur, soulageant ses frères. — Instructeur, dirigeant les hommes vers leur perfection. — Producteur, accomplissant patiemment le travail nécessaire à la vie. — Pacificateur, en paix avec ses semblables, maintenant l’ordre dans sa maison.

32’. « Révérons nos instructeurs divins comme les plus belles images de Dieu ici-bas. » Notre vie dans ce monde est un jeu perpétuel de déguisements, tantôt attirants et tantôt repoussants, comiques ou tragiques, qui mettent la perspicacité de chacun à l’épreuve. Heureux celui qui découvrira, sous l’écorce de l’ombre, la nudité triomphante du Seigneur intangible.

33. Toute tristesse vient de l’importance qu’on attribue à soi-même et aux autres. Toute joie vient de la confiance qu’on a en Dieu.

33’. Les hommes peuvent bien s’oublier en Dieu, puisque lui-même n’a pas craint de s’oublier dans l’humanité.

34. Le malheur est venu par l’abus de la liberté que Dieu nous a accordée. Le bonheur se retrouvera dans l’observance des lois qu’il nous a données.

34’. C’est en passant par la mort hideuse que nous rejoindrons la vie sublime du Parfait. « L’eau du ciel et la lumière de Dieu nous feront germer certainement. »

35. Le mal spirituel et corporel apparaît par la diminution de l’Être pur qui subsiste en nous, et par l’augmentation du non-être impur qui nous enserre de toutes parts.

35’. L’embrasement du monde précédera la bénédiction et la venue du Seigneur, mais combien seront préparés à faire face à la tempête du feu ? Ceux qui auront mangé l’incombustible !

36. La prière spontanée, le repos solitaire, la méditation profonde, la nourriture simple et le mouvement mesuré entretiennent l’âme, l’esprit et le corps du sage.

36’. Le centre de l’Univers repose dans le cœur de l’homme, mais pour le délivrer, il faut premièrement que l’esprit libre vienne au secours de l’esprit prisonnier des ténèbres.

37. Les sages, amis de Dieu, possèdent la perfection du monde dans une seule chose méprisée de tous.

37’. C’est la bénédiction de Dieu qui envoie l’eau de vie, et c’est son amour qui incarne le feu saint.

38. Plus l’ascension est élevée, plus le risque de tomber devient grand. Fixons donc toujours le Seigneur et ne regardons pas en arrière.

38’. Acceptons les échecs qui nous rapprochent de Dieu et défions-nous des réussites qui nous maintiennent dans la mort.

39. L’Être et le non-être sont les pôles du tout entre lesquels paraissent les mélanges de l’Univers mixte.

39’. La femme qui a introduit la mort dans le monde, est destinée à l’effacer dans l’homme, avec l’aide de Dieu.

40. Les ténèbres recèlent la lumière. Le mal couvre le bien, et la mort masque la vie.

40’. Il n’y a rien dans le monde qui ne soit entaché de boue, sauf la glorieuse vêture du Seigneur dans le ciel.

41. Le point le plus éloigné de Dieu est une absence complète de Dieu, et le point le plus proche est une présence totale de Dieu. Les points moyens forment l’Univers gradué.

41’. Tout ce qui est au-dedans doit rejoindre ce qui est au-dehors, et tout ce qui est au-dehors doit rejoindre ce qui est au-dedans pour engendrer le soleil de la résurrection glorieuse.

42. Quand la première séparation se fera, il ne subsistera que l’Être et le non-être, qui sera rejeté. Quand la seconde séparation s’accomplira, il demeurera l’Être en unité, qui sera exalté.

42’. Pensons à Dieu au moment de la mort et nous serons avec lui à l’heure de la vie pour le perfectionnement ultime et pour la multiplication dernière.

43. Quand nous mourrons, nous nous réveillerons en Dieu et nous nous souviendrons de notre vie comme d’un rêve absurde.

43’. Éventrons les mondes et rassemblons leur lumière dans le soleil de pierre. « Le très pesant rubis du Seigneur. »

44. Il est plus efficace de vaincre le monde en l’affrontant que de ne pas être vaincu en se dérobant. Mais les deux victoires ont leur récompense propre.

44’. On peut tout espérer d’un révolté, d’un meurtrier, même d’un fou. On ne saurait rien attendre d’un médiocre.

45. Toutes les habitudes mènent à la mort. Le ronronnement et l’assoupissement des cloîtres sont autant à craindre que les tentations du monde.

45’. Celui qui regarde trop le ciel laisse brûler son dîner, et celui qui ne voit que la terre oublie sa pureté.

46. Les sages naturels ont institué les sociétés, les religions et les arts. Inclinons-nous devant eux, comme ils sont agenouillés devant Dieu.

46’. Les fils du Seigneur sont les frères du soleil éternel, ils brillent déjà de l’éclat des joyaux célestes et possèdent la densité de l’or épuré.

47. Le blanc dans le noir et le rouge dans le blanc, voilà toute la création présente.

47’. Celui qui connaît la Mère délivre l’homme et pénètre jusqu’à Dieu.

48. Dieu est comme un feu fixe et sec, caché dans un feu mouvant et humide. Celui qui le découvre possède la maîtrise de la vie.

48’. Le sage parle et se tait dans le même instant. Il découvre tout, mais ne vilipende rien.

49. Dieu est incompréhensible pour tout autre que lui-même. La science opère extérieurement. La connaissance accomplit tout en dedans.

49’. Quand je pense à lui, mon cœur se fond dans l’eau, et mon esprit vole dans son immensité, mais le poids de l’amour me fixe dans la paix du centre secret.

50. L’étude des transmutations est le commencement et la fin de la sagesse. « Qui rendra consistant l’esprit moyen du ciel et de la terre ? »

50’. Le sperme est la partie la plus concentrée et la plus pure du corps. Le germe est la portion la plus parfaite et la plus fixe du sperme.

51. Il faut reconnaître humblement la loi du monde et conformer notre vie à la sagesse de Dieu qui a tout établi pour notre perfectionnement ultime.

51’. L’eau est unique dans tout l’Univers, mais elle se différencie dans chaque création dont l’homme est la plus accomplie.

52. C’est en étudiant l’œuvre qu’on arrive à connaître le maître qui l’a faite.

52’. La vérité repose dans l’intérieur de chaque terre.

53. Il appartient à chacun d’imiter Dieu et de séparer le vrai du faux.

53’. L’esprit éclaire manifestement l’homme épuré, car l’Unique Splendeur habite en nous depuis le commencement.

54. Le plus grand mal est comme le plus grand oubli de Dieu, et le plus grand bien est comparable à sa plus grande présence.

54’. Il vaut mieux ne pas être enseigné par Dieu que s’obstiner à ne pas l’entendre. « Repose-toi et tu seras animé, vide-toi et tu seras rempli. »

55. La correction du malheur est sans objet pour celui qui va au plus court vers Dieu. Celui-là éprouve volontairement par la pensée toutes les joies et toutes les souffrances des hommes. Il a une immense bonne volonté envers Dieu et se confie à lui totalement.

55’. Celui qui possède l’amour et la connaissance agit sans pécher, car il coopère avec la puissance du Seigneur, qui est toute pureté et toute force dans la vie éternelle et libre. « L’humilité parfaite ne peut aller sans la pauvreté totale, et l’amour saint ne peut paraître sans ces deux-là. »

56. Le travail consacré à la recherche de Dieu apporte seul la délivrance des liens du monde.

56’. La parole de vie vient de la connaissance par le canal de l’amour.

57. Aucune créature ne saurait être préférée à Dieu, même si cette créature porte Dieu en soi.

57’. Du Dieu total et caché émane l’Être visible et parfait.

58. Il est plus sage d’obéir à la volonté divine qui nous connaît, que d’essayer d’échapper à la loi que nous ne comprenons pas.

58’. Les échecs du monde nous ramènent sagement dans la voie de Dieu. « Ce qui n’a jamais été perdu entièrement, ne saurait être oublié tout à fait. »

59. L’homme impatient affiche son ignorance; celui qui sait attendre voit son désir se réaliser.

59’. La faux du temps sépare toute vérité, mais c’est le feu secret qui la met en évidence et qui la mûrit.

60. Les mille et mille univers qui nous submergent sont comme la millionième partie d’une goutte du sang divin. Le plus infime atome renferme des mondes inconcevables. Ainsi l’Univers est en Dieu, et Dieu est dans l’Univers.

60’. Il vaut mieux regarder en soi et se taire. Ô germinative lumière ! Ô fruit très pesant du soleil ! Ô mariage secret des identiques contraires ! Ô splendeur fructifiante de l’unique beauté!

61. Dieu par la nature refait sans effort tout ce que les hommes s’imaginent détruire avec beaucoup de peine. Ainsi Dieu par la nature enseigne subtilement l’observateur clairvoyant.

61’. De « un total » qui sont cinq, par « un secret » qui sont quatre, est fait « un vivant » qui sont trois. Mâle et femelle en deux qui engendre le « un vainqueur » qui est le point dans le cercle.

62. La gloire du monde rend l’homme triste et vain; c’est une fumée qui aveugle les plus clairvoyants. Celui qui la cueille change sa vie contre le vent.

62’. La gloire de Dieu est une nuée qui illumine et vivifie celui qui l’atteint. Ô bénédiction !

63. Les esprits montent et descendent pour laver la terre de ses souillures afin que Dieu puisse venir l’habiter à nouveau.

63’. Il est sorti de la mort et s’est fixé dans le soleil glorieux. Ô rédemption !

64. Celui qui met sa confiance en Dieu acquiert la paix de l’esprit et du cœur qui rend les tribulations du monde indifférentes.

64’. Ceux qui savent aller nus puisent dans le trésor de Dieu. Ô pureté!

65. Celui qui se tient au-dessus des louanges et des reproches, a vaincu le monde présent, car il communie déjà avec Dieu.

65’. La douceur du feu fait jaillir la source des étoiles. Ô germination !

66. C’est Dieu seul qui procure la sauvegarde et la consolation, et tout fait défaut à l’heure de la mort s’il est absent de nous-même.

66’. La pureté de l’eau porte le souffle de vie au-delà de la mort. Ô transfiguration !

67. Ceux qui méprisent l’enseignement des anciens sages, entassent la folie sur l’ignorance et provoquent la mort de tous.

67’. Le chemin de la délivrance est partout visible dans ce monde. Ô pluie fécondante !

68. Le travail du monde est illusoire et de peu de profit, mais le temps consacré à la recherche de Dieu n’est jamais perdu pour personne.

68’. La foi approche la merveille du monde. La patience la met en lumière. L’amour multiplie sa vertu.

69. Le détachement des choses créées est la condition de l’amour de Dieu.

69’. Celui qui est en Dieu reconnaît aisément l’unité de l’Univers.

70. Ce qui paraît impossible au début, semble aisé à la fin. Ce qui est dur et mort, redeviendra souple et vivant.

70’. Prions Dieu afin qu’il nous permette d’entendre, de voir et de goûter ce qui est en lui.

71. La méconnaissance des lois naturelles enfonce l’homme dans le désordre et la douleur d’une révolte inutile. L’observation de cet enseignement universel libère sa vie des liens de la mort.

71’. Qui redeviendra élève de la nature et enfant de Dieu, afin que l’eau du ciel et de la terre délivre notre vie et nous fasse semblables à la Mère sainte, ensuite au Fils très saint et très parfait ?

72. Il y a un sens caché et une parole claire. Dieu ouvrira l’entendement à celui qui est simple, aimant et fidèle.

72’. Qui saisira la clarté qui monte au ciel ? Et qui fixera la lumière qui descend sur la terre ?

73. Reprendre un savant ignorant, c’est s’en faire un ennemi et l’enfoncer dans son erreur pour toujours, car il raisonne sur tout, il explique les mystères et dévoile les Écritures, mais il ne possède rien en vérité, pas même l’écorce des choses.

73’. Celui qui s’attache à l’écorce des choses ne perçoit que la mort. Celui qui découvre l’essence de l’Univers, atteint la vie éternelle. « Le repos de la sagesse, c’est être sorti de la mort et c’est ne plus y rentrer. »

74. Il vaut mieux agir par l’exemple sans vouloir convaincre personne, ainsi tous peuvent se convertir sans paraître céder à quiconque.

74’. Aimer la création, la pénétrer et se taire : telle est la sagesse du sage, et telle est la prudence du saint.

75. Comment croire ce que les saints voient en nous, quand nous n’entendons pas ce qui se passe au-dedans de nous-même ?

75’. Le feu central vit actuellement dans l’eau céleste, sous le voile de la terre étrangère.

76. Éloignons-nous des fous, abandonnons-les à leurs agitations contraires. Le malheur va les instruire gratuitement et les calmer pour longtemps.

76’. C’est au moment du conflit avec soi-même ou avec les autres qu’il faut surtout recourir à Dieu, parce qu’il est l’amour et la paix inaltérables.

77. Recherchons celui qui bouge peu, qui parle peu et qui médite beaucoup. Dieu l’éclaire et le délivrera pour toujours.

77’. Ceux qui affichent la sainteté ne la portent pas toujours en eux, car le dehors dans ce monde est rarement identique au dedans.

78. Ne répondons ni à la raillerie, ni à la grossièreté, ni à l’injure. Plaignons dans notre cœur celui qui se montre inférieur à l’amour.

78’. Remettons nos ennemis dans les mains de Dieu, afin qu’il les instruise comme nous-mêmes, par la misère, le deuil, la maladie, la vieillesse, l’abandon et la mort.

79. La plus sage réponse peut provoquer la plus grande fureur, et le meilleur enseignement peut engendrer les pires folies.

79’. Consacrons nos pensées et nos actions à Dieu, afin qu’aucun mal n’en résulte pour personne.

80. Dieu vit et attend dans chacun de nous. Il suffit de mourir au monde et à soi-même pour l’entendre et pour le voir aussitôt.

80’. Le feu et l’eau délivreront l’Univers des ténèbres de la mort et le glorifieront jusqu’au noyau vivant de l’unité première et dernière.

81. La mort sépare ce qui est mauvais et rassemble tout ce qui est bon, mais il lui faut l’aide de la vie céleste.

81’. Quand le corps est vaincu, l’esprit paraît pur et libre, et l’âme sainte les unit en Dieu pour toujours.

82. Quelques sages inconnus possèdent la terre sainte et mystérieuse de Dieu.

82’. Personne ne les écoute, et ils ne parlent presque plus.

83. Celui qui voit et aime Dieu à travers toutes les apparences du monde, est seul à ne pas s’étonner et à ne pas souffrir quand tout s’évanouit.

83’. La lune et le soleil ressortiront de la mer à la fin de la longue nuit, et je louerai le secret de mon Seigneur dans l’éternité de son don magnifique.

84. L’homme qui aide la nature suscite la vie. Quand il la torture, il engendre la mort.

84’. La fin verra le feu pur transformer l’eau du monde en sa propre nature.

85. Celui qui reconnaît son ignorance, son impuissance et ses fautes, n’a pas de concurrent à redouter, et Dieu peut lui parler sans entrave.

85’. Celui qui part de ce qui est, arrive rapidement à ce qui sera. Et celui qui accepte tout avec amour, reconnaît vite le secours miraculeux de la Providence cachée du Seigneur.

86. Chaque persécution que le monde inflige au sage rapproche celui-ci de Dieu, et l’éloigne de la mort.

86’. Chaque méchanceté augmente le vêtement de mort de celui qui la pense ou qui la commet.

87. C’est l’humilité qui prend conscience de notre ignorance et de notre impuissance d’hommes égarés. C’est l’orgueil qui croit en notre science et en notre pouvoir de dieux déchus.

87’. La faiblesse de l’eau se meut dans le ciel. La force du feu demeure dans la terre. De ces deux réunis émane l’Être parfait.

88. Il est risqué de rechercher la science pour soi-même, mais il est encore plus dangereux d’instruire les hommes de ce qu’ils ne veulent pas entendre.

88’. Ne nous lassons pas de l’obscurité apparente des livres saints. Essayons plutôt de la pénétrer jusqu’à la nuée de l’amour et jusqu’au soleil de la connaissance.

89. Rien ne peut être dit clairement sans provoquer l’incrédulité, ou la cupidité, ou la haine, ou la mort.

89’. Le connaisseur conserve évidente et secrète la clef du ciel et de la terre.

90. La création est comme l’actualisation du pouvoir imaginatif de Dieu, qui, par une extension de lui-même, manifeste la vie jusqu’aux limites de la mort.

90’. Le corps-esprit est sans commencement et sans fin. Quand il se dédouble, les univers naissent dans l’amour; c’est le temps du mouvement. Quand il se réunit, les mondes disparaissent dans la connaissance; c’est le temps du repos.

91. La nature enseigne le secret des êtres et des choses; peu d’hommes savent comprendre ce qu’ils voient.

91’. Le temps fera éclater les pierres jusqu’au ciel et les ramènera en terre sainte.

92. Il n’y a qu’un Dieu, qu’une vérité, qu’un enseignement; mais la confusion des mots et la subtilité des pensées masquent l’évidence de la vie éternelle et mouvante.

92’. L’eau monte de l’abîme de mort et descend du ciel de vie par la puissance de l’amour qui unit toute pureté en Dieu.

93. L’esprit de vérité est un don de Dieu; l’étude des lois naturelles et la méditation des livres saints le développent jusqu’à l’entendement de l’incompréhensible.

93’. Instruire ceux qui ne recherchent rien, c’est troubler l’ordre du monde, et lire ceci sans méditer, c’est semer et ne pas arroser.

94. Le sage qui s’est donné à Dieu n’éprouve aucune peine à se prêter aux hommes.

94’. Si nous ne trouvons pas le Dieu qui vit caché au-dedans de nous, nous ne connaîtrons jamais celui qui demeure libre au centre de l’Univers.

95. Il cultive la terre féconde et abandonne les malins à leur orgueilleuse ignorance.

95’. Celui qui ne cherche à convaincre personne ne craint aucune dispute.

96. Conservons dans nos cœurs le souvenir de ceux qui nous ont appris à aimer Dieu. Évoquons-les avec le père. Bénissons-les avec le vivant. Prions Dieu pour qu’il les comble de son amour dans l’éternité du grand souffle alterné.

96’. Notre vie est éternellement grosse de Dieu. Qui le fera paraître avant le terme de la mort et de la résurrection du grand monde ? « La nature délivrera la nature, et l’enfant mystérieux naîtra de l’unique mère. »

97. Le saint vit sur la terre comme en prison. L’heure de la mort marque la fin de son exil.

97’. Celui qui sourit à la désolation du malheur, voit bientôt paraître la lumière de Dieu.

98. Chacun se forge une fausse image du monde et s’efforce vainement de la faire coïncider avec la véritable. « L’éducation convient à tous, mais l’instruction n’est profitable qu’à quelques-uns et la révélation ne sert qu’à un seul. »

98’. Dieu a manifesté la nature et créé l’homme. L’homme accouche la nature. La nature accouche l’homme. Ainsi la nature et l’homme reproduisent Dieu.

La vérité vient de Dieu. L’homme est libre de croire ou de persister dans l’incrédulité.
Coran
C’est Dieu qui révèle les choses profondes et cachées, qui sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui.
Daniel

LIVRE V

Le feu ne fondait pas cet aliment céleste semblable au givre et fusible comme lui.
Sagesse
Car ce qui résistait à l’action destructrice du feu se fondait aisément, échauffé par le moindre rayon de soleil.
Sagesse

TRÊVE UNIE

LA MÈRE CÉLESTE

1. Celui qui a placé sa confiance et son amour en Dieu, peut tout perdre ou tout acquérir ici-bas; il ne s’en soucie plus.

1’. Le Seigneur reconnaît ses fils à la folie de leur amour qui fait la sagesse de leur vœu.

2. L’homme supérieur illumine et vivifie tout ce qui l’approche. L’inférieur obscurcit et tue tout ce qui le touche.

2’. L’eau purifie la souillure du monde. Le feu perfectionne la vertu de l’eau.

3. Menons les guerriers devant les ossements des morts et demandons-leur : « Placez vos amis à droite et mettez vos ennemis à gauche; enseignez-nous la justice ».

3’. Derrière les changements du monde, demeure l’essence éternelle de la vie. Qui peut la reconnaître à présent ?

4. Dieu seul peut réunir ce que la mort a dispersé. Il placera les terres mortes au-dehors et réunira les soleils dans son cœur. À lui le jugement, la lumière et la gloire.

4’. Le feu créateur reposait dans l’eau vive, et tout était caché sous le manteau de la mort ténébreuse.

5. L’envoyé de Dieu n’éprouve aucune prudence quand le feu du Seigneur le possède.

5’. Le saint épargne l’existence des autres en sacrifiant la sienne.

6. L’ami de Dieu est toute réserve quand la lumière du ciel est sienne.

6’. Le sage aide tous les hommes en menant sa vie vers la perfection.

7. Ceux qui tentent Dieu se verrouillent dans la mort.

7’. Le héros tue tout le monde et se tue.

8. La victoire s’obtient sur la bête qui vit en nous et ne veut pas céder.

8’. Ce qui force Dieu détruit l’homme, et ce qui brime l’homme efface Dieu.

9. Prions pour que la mort nous trouve louant Dieu en vraie poésie et l’adorant en pur amour.

9’. Celui qui a obtenu l’eau de la terre doit chercher la terre de l’eau pour parfaire l’œuvre du Seigneur.

10. La perfection serait de penser et d’agir comme si le monde nous appartenait et que nous l’ayons remis à Dieu.

10’. Le voyageur du ciel et de la terre pèse au plus bas de l’enfer, et vole au plus haut firmament.

11. Le Krist, invité à la noce, s’y rendait sans façon et participait aux agapes sans déchoir. « La perfection dans l’amour, la simplicité dans l’accomplissement. »

11’. Entre l’eau et le vin, il y a place pour le sang de la terre et entre la boue et le froment, il y a place pour le corps du soleil.

12. La méditation tue les morts et éclaire les vivants. Les vaines discussions égarent tout le monde.

12’. Celui qui possède l’or ne dispute avec personne pour affirmer sa richesse.

13. On ne peut s’entretenir avec Dieu que dans la paix intérieure, comme on ne peut converser avec les hommes que dans le calme extérieur.

13’. La lumière du ciel jaillit du grand silence de la mort par l’effet de la grâce et de l’amour agissants.

14. La pensée de la mort n’est plus un frein à la folie des hommes, parce que le monde devenu ignorant et faible repousse cette vision avec horreur, ou s’y livre avec passion et aveuglement.

14’. On reconnaît l’ignorant à l’ennui, au mépris ou à la colère qu’il éprouve devant l’enseignement naturel de Dieu.

15. La misère, l’esclavage, la maladie, la vieillesse et la mort nous ramènent constamment vers la seule réalité qui est Dieu.

15’. Celui qui ne détourne pas le regard de la fin misérable de toute chose, voit bientôt resplendir la gloire du Seigneur.

16. La plus grande révolte contre le monde doit aboutir à la plus totale soumission envers Dieu.

16’. L’absurdité du malheur nous démontre clairement la vanité de nos jugements et de nos actes.

17. Dieu délivre seulement ceux qui l’implorent avec un désir furieux et un amour insensé.

17’. Celui qui renonce à la terre et au ciel reçoit Dieu sans entrave.

18. Les saints sont haïs par les hommes vulgaires, comme étant les vivants exemples de ce qu’ils ne sont pas.

18’. L’or se sépare de la boue par son propre poids, et quelquefois par sa grande légèreté.

19. Dieu communique sa science et infuse son amour à ceux qu’il reconnaît pour ses fils.

19’. Les enfants de l’amour sont engendrés par le feu céleste; c’est pourquoi ils sont vivants dans l’éternité.

20. Les doigts de la main suffisent à dénombrer les élus d’un moment de la terre. « Ô vivants joyaux cachés parmi la foule éteinte des hommes aveugles ! »

20’. Il n’y a aucun encouragement ici-bas pour les sages et pour les saints. Les persécutions qu’ils subissent dans ce monde ajoutent à leur prix devant Dieu.

21. La connaissance originelle comporte une immense tentation pour l’homme mortel. Elle n’est révélée qu’aux cœurs purs, humbles et fidèles.

21’. Dieu est comme un trésor enfoui dans la terre que nous foulons aux pieds et comme un secret caché dans la pluie qui tombe sur nos têtes.

22. Ceux qui possèdent la science demeurent soigneusement cachés, sauf un seul qui enseigne la voie aux hommes purs.

22’. Celui qui possède l’amour et la sagesse ne juge rien ni personne.

23. Prions Dieu pour qu’il nous fasse rencontrer un instructeur véridique avant le jour du jugement et prions-le afin de reconnaître son envoyé quand il se présentera à nous.

23’. Tout ce qui est patiemment souhaité est facilement obtenu. Il suffit de bien choisir au commencement, afin de ne pas récriminer à la fin.

24. Retournons à Dieu les louanges qui nous sont adressées, puisque les dons qui les motivent proviennent tous de lui.

24’. L’eau céleste engendre l’Univers, qui la manifeste à son tour dans la pierre sainte et parfaite.

25. C’est dans le malheur et au moment de la mort que l’homme révèle ce qu’il porte en lui.

25’. L’eau vivante d’éternité est le singulier pluriel des mondes visibles et invisibles.

26. La prière vécue une minute vaut mieux que la leçon morte ruminée pendant toute une vie.

26’. Le saint qui prie Dieu dans son cœur est plus efficace que toutes les armées du monde réunies.

27. Prêcher la renonciation et s’accrocher aux richesses, c’est se condamner à la double mort.

27’. Celui qui possède le feu secret peut tout acquérir et tout renoncer sans dommage.

28. Il vaut mieux user discrètement des choses du monde et louer Dieu pour les occasions qu’il nous offre.

28’. La sainteté des peuples paraît au détachement et à la simplicité des maîtres.

29. Celui qui s’occupe seulement de ses affaires, évite les ennemis gratuits et la dispersion aveugle.

29’. En demeurant inconnu dans le monde, on échappe à la malveillance des médiocres, des envieux et des fourbes.

30. Celui qui collabore à l’œuvre de Dieu acquiert la vie substantielle et la paix pour toujours.

30’. Le sage joint son action à celle du ciel et de la terre, car il connaît le commencement, le milieu et la fin de toute chose ici-bas.

31. Celui qui se plaint des hommes ou de Dieu affiche son ignorance ou sa présomption.

31’. Celui qui plaint les hommes et qui loue Dieu, prouve son amour et sa connaissance.

32. Il n’y a ni paix, ni sécurité pour personne dans ce monde. Le malheur nous tient constamment éveillés; c’est par excellence l’instructeur des hommes égarés.

32’. Tout ce qui est venu de la boue retournera en boue, jusqu’à ce que le soleil s’empare de toute la pureté du monde et la fixe dans la nouvelle terre de Dieu.

33. Les remèdes souverains sont souvent les plus amers au goût.

33’. La pénétration de la pensée des sages mène l’homme le plus ordinaire jusqu’à Dieu.

34. L’homme vulgaire est comme un bouchon dans la mer démontée du monde. Celui qui a l’amour de Dieu demeure ferme en tous lieux et en toutes occasions; c’est un sujet d’étonnement pour ceux qui l’entourent.

34’. Le saint aide la foule des hommes, mais ceux-ci ne peuvent rien pour ou contre son avancement, car c’est le Seigneur qui nous éveille ou qui nous endort à son gré.

35. L’épreuve trempe les forts et enseigne les faibles. C’est la loi du monde.

35’. Tout ce que nous envoyons nous revient augmenté, et nous devenons ce que nous avons choisi d’être.

36. Celui qui parvient à la vérité divine rit, pleure, admire, loue et bénit éternellement.

36’. L’étoile du matin nous guide jusqu’à la lune de douceur et jusqu’au soleil de force.

37. L’idolâtrie de soi-même conduit à la folie dans la mort. L’amour de Dieu mène à la sagesse ultime dans la vie impassible.

37’. L’homme qui relie la lumière aux ténèbres participe au monde total.

38. En évitant les compétitions mondaines, on acquiert facilement la liberté de prier et de chercher Dieu.

38’. N’imposons rien par la violence, pas même la vérité si cela doit provoquer la dispute et la haine.

39. L’ignorant torture la nature par tous les moyens et dans tous les domaines. Celui qui est instruit la découvre par une seule voie et dans un seul lieu.

39’. La grâce et l’amour nous délivrent des immondices et nous unissent à Dieu dans le secret de la substance et de l’essence premières.

40. Celui qui découvre la vérité de Dieu sourit même au malheur et à la mort.

40’. Quand nous posséderons la vérité unie, aucune contradiction ni aucun acquiescement ne pourront ébranler notre jugement.

41. Celui qui obéit à Dieu déplaît aux hommes vulgaires.

41’. Dieu aimante ses fils jusqu’à les délivrer de l’exil avant le temps marqué.

42. Nos joies et nos douleurs n’intéressent pas le monde; offrons-les à celui qui accueille amoureusement ses enfants, parce qu’il est la somme de tous les ancêtres.

42’. L’amour saint est comme un va-et-vient qui relie entre eux et à leur source les hommes égarés dans la mort.

43. S’il faut parler, louons la perfection des œuvres de Dieu. Si nous devons nous taire, prions-le dans notre cœur afin de le connaître mieux.

43’. La connaissance est comme la réunion de l’homme avec son origine éternelle, vivante et libre.

44. L’entrée de la science, c’est observer le monde sans préjugé et étudier comment il se perpétue dans la vie et dans la mort.

44’. La sagesse n’a pas commencé et elle ne finira pas, tout comme l’Unique qu’elle couve dans son sein.

45. Plus on appartient à l’Être, plus le monde devient irréel; plus on se donne au monde, plus Dieu semble inexistant.

45’. L’amour a commencé avec la première séparation; il reposera avec la dernière réintégration dans l’identification de l’union totale.

46. La limitation des désirs assure la liberté et le repos de l’homme intelligent.

46’. Prions devant Dieu, afin qu’il nous réengendre dans la sainteté de l’amour parfait.

47. L’union avec Dieu engendre la joie et la paix sans mélange.

47’. Il n’y a aucun point commun entre l’œuvre de Dieu et la science des hommes révoltés.

48. La force et la sécurité du saint, c’est être ignoré par le monde corrompu.

48’. La vertu de chaque être est cachée dans sa semence.

49. La gloire de la sagesse est de converser avec Dieu et de ne jamais se confier aux hommes impies.

49’. Les quatre éléments forment l’alphabet avec lequel Dieu enseigne les hommes clairvoyants.

50. Notre plate raison nous dérobe l’évidence de la science divine.

50’. Dieu moque les savants du monde d’une façon inouïe.

51. Dieu possède le don de l’humour parfait. Il se joue des orgueilleux, des malins et des cupides.

51’. Combien se détournent de la futile agitation du monde ? Combien se penchent sur les agonies et sur les résurrections de la terre ?

52. Celui qui a acquis la maîtrise de soi-même peut seul commander aux autres hommes.

52’. L’homme qui possède la connaissance de l’amour se perpétue éternellement.

53. Pensons d’abord à Dieu, et il pourvoira à nos besoins ordinaires et extraordinaires.

53’. Le silence, le repos et le détachement entretiennent l’énergie du sage.

54. La santé, la richesse, la gloire et la science des hommes sont des fumées vite dissipées par le malheur.

54’. Le secret de la vraie réussite consiste à suivre toujours la plus grande pente de l’amour.

55. La puissance et la grandeur véritables s’accompagnent toujours d’une grande tolérance.

55’. La pierre sainte n’écrase que les impies et les profanateurs.

56. Celui qui est instruit considère le monde comme le voile qui couvre la réalité vivante de Dieu.

56’. Derrière les changements du monde se meut la sainte Mère des hommes, et en elle repose le Père mystérieux.

57. Si le monde nous méconnaît ou nous repousse, tournons-nous vers Dieu, qui nous connaît et qui nous aime depuis toujours.

57’. Quelle différence subsiste-t-il entre le fleuve et la goutte de rosée, quand ils ont rejoint l’océan primordial ?

58. Passer pour fou, incapable, paresseux ou idiot et ne pas s’en affliger, ressemble à de la sagesse.

58’. Le sage sourit même à la mort. Il sait qu’aucune parcelle de Dieu ne peut être détruite.

59. Ce qui fait le plus défaut aux hommes vulgaires, c’est de ne pas admirer, de ne pas aimer et de ne pas connaître Dieu.

59’. Il est comme le point central de la sphère lumineuse épurée.

60. On ne saurait sauver quelqu’un contre son gré, mais on peut le perdre sans son consentement.

60’. La chute de l’homme fut provoquée par le froid de la mort. L’assomption de la Mère est libre dans la chaleur de l’amour.

61. User du monde comme d’un prêt consenti par Dieu, et l’en remercier en toute circonstance : voilà l’intelligence.

61’. Accomplissons parfaitement ce que nous avons décidé de faire, mais ne considérons aucune chose de ce monde comme définitive.

62. N’accepter aucune parole sans en avoir fait mille fois le tour, et ne parler que de ce qu’on connaît bien : voilà la prudence.

62’. Celui qui fixe le feu au-dedans de la terre épurée devient maître de soi et du monde total.

63. Il faut une grande perspicacité et une droiture absolue de l’esprit pour voir le monde tel qu’il est, et non pas tel que nous l’imaginons.

63’. La mort fait paraître le renouvellement de toute chose par la vie qui sort et qui rentre sans que nous sachions la saisir et la fixer.

64. Il y a plus de profit et de joie à s’entretenir pendant une minute avec Dieu que de disputer durant toute une vie avec les hommes.

64’. Celui qui atteint Dieu perfectionne l’humanité tout entière, car il attire alors comme un aimant sa propre substance enfouie dans la tombe.

65. La raison d’être de toutes choses, c’est Dieu qui est sans raison d’être.

65’. L’Être demeure toujours maître de la création fractionnée.

66. Dieu nous a suscités pour être les témoins de sa splendeur, et pour partager sa gloire au commencement et à la fin de la création.

66’. L’Esprit Saint fait paraître l’âme pure et exalte le corps net. « Ô sainte trinité, soleil admirable de la grâce, de l’amour et de la connaissance ! »

67. Il vaut mieux subir mille injustices que d’en commettre une seule.

67’. Imaginer est plus troublant que faire ou que subir.

68. Dieu dans le centre de la vie. La vie au milieu de la mort. Ainsi tout est exposé à la vue de chacun.

68’. Le mystère de Dieu est un trésor qu’il faut soigneusement garder en soi-même, jusqu’au temps du jugement universel, sous peine d’être tué par le monde ou de tuer le monde.

69. L’intelligence de l’eau et la possession de la terre font l’homme modeste et silencieux.

69’. Ce qui est obscur au commencement paraît lumineux à la fin.

70. Celui qui croit en Dieu n’économise rien. Celui qui le connaît ne possède rien.

70’. En se retirant de ce qui est vain, on parvient rapidement à la solitude et à la liberté nécessaires à la quête de Dieu.

71. C’est l’amour qui unit la parcelle à la totalité, et c’est la connaissance qui maintient le tout en un.

71’. Le rejet des passions du monde est la condition de l’union divine.

72. L’un est comme l’eau mouvante. L’autre est comme l’or impassible.

72’. De l’union de l’homme et de la femme naîtra l’Univers glorieux.

73. La volonté divine n’est pas violente, et sa perfection ne se hâte jamais.

73’. Celle-ci ouvre la terre jusqu’au milieu de l’enfer. Celle-là édifie la lumière jusqu’au ciel.

74. La plus dangereuse folie, c’est obliger à vivre ceux qui n’en ont pas envie et instruire ceux qui ne le demandent pas.

74’. Tout ce qui contraint l’homme répugne à Dieu.

75. La loi du perfectionnement s’accomplit dans l’épreuve, dont la plus excellente est la vie incarnée.

75’. Du mouvement au repos et du repos au mouvement, il n’y a que le temps du jugement de Dieu.

76. Celui qui reçoit le plus de crachats sans s’essuyer, est déclaré vainqueur sur la terre et dans le ciel.

76’. Celui qui a maîtrisé les passions voit à travers la nuit du monde resplendir la lumière du Parfait.

77. Peu d’hommes sont capables de subir victorieusement l’épreuve de l’humiliation.

77’. Les maîtres se servent de la subtilité de la grâce pour faire paraître la fidélité de l’amour.

78. Celui qui s’éprouve et qui s’humilie volontairement, éloigne le malheur et la honte.

78’. La victoire secrète sur le monde se parfait dans la solitude de Dieu.

79. La réussite isole l’homme de ses compagnons terrestres. L’échec le renvoie à la masse commune, cependant celui qui atteint Dieu n’est plus jamais seul.

79’. La destinée des hommes est inscrite dans les astres et se résorbe en eux; mais celui qui a fixé sa vie en Dieu échappe aux alternatives du destin.

80. Le victorieux porte la lumière du monde. Le vaincu demeure honteusement dans l’ombre. « Qui recevra la couronne glorieuse et vivante des mains du Seigneur de justice ? »

80’. Celui qui explique n’a pas compris. Celui qui a compris cherche l’eau de la terre et du ciel. Celui qui a l’eau de la terre et du ciel y sème le soleil.

81. La fonction du ciel et de la terre est d’abaisser ce qui est haut et d’élever ce qui est bas pour accomplir l’œuvre de Dieu.

81’. La perfection de l’or céleste manifeste la gloire et la puissance de Dieu dans sa création épurée.

82. On peut tout détruire dans le monde, excepté l’origine du monde.

82’. Il se dérobe dans la boue ténébreuse et figée.

83. Tout ce qui est extraordinaire et beau s’accomplit dans la solitude de la création divine.

83’. Le travail forcé n’engendre que la tristesse et la mort.

84. Sortir de Dieu, c’est tomber dans le nombre de la mort. Rentrer en Dieu, c’est renaître à l’unité de la vie.

84’. Celui qui cherche à plaire ou à déplaire aux hommes, ne pénétrera jamais jusqu’à Dieu.

85. L’homme instruit recherche le contenu de toute chose et aide aux changements du monde. L’ignorant ne perçoit que l’écorce des choses et contrecarre les transformations de la nature.

85’. Les amis de Dieu ne sont pas aimés du monde, tout comme les amis du monde ne sont pas aimés de Dieu; cependant tous subsistent dans la main du divin connaisseur.

86. Celui qui admire et qui aime véritablement Dieu, n’a qu’un désir : retourner à lui.

86’. Ceux qui disputent au sujet de Dieu ne sont pas en lui.

87. Celui qui a rejoint la Mère et le Père n’est plus troublé par les apparences du monde. Il use avec détachement des choses de la terre et se plie avec indifférence aux nécessités de la vie incarnée.

87’. En considérant les êtres et les choses sans désir, on voit ce qu’ils sont véritablement, et celui qui ne brime personne connaîtra la liberté et le repos de Dieu.

88. L’âme prisonnière ne peut échapper à la désolation de la mort sans le secours de sa source demeurée vivante et libre.

88’. La multitude mouvante des étoiles accomplit sa destinée dans la fixité du soleil ultime.

89. Dieu peut délivrer notre vie de la boue qui l’enserre de toutes parts et qui l’étouffe jusqu’à la mort. Lui seul peut la féconder et l’amener jusqu’à la perfection d’une génération infinie.

89’. Extraire le parfum et rejeter le poison. Réduire la terre en eau et refaire l’eau en terre. Cuire le ciel et la terre jusqu’à l’enfantement du soleil très parfait.

90. La méditation délie l’esprit, libère l’âme et purifie le corps des saints; mais elle épouvante et tue les hommes vulgaires.

90’. Celui qui flotte dans le monde comme le bois dérive sur le fleuve, baigne vite dans l’océan divin.

91. Ne rejetons pas la plus infime leçon du malheur, dans la crainte d’en recevoir aussitôt une plus grande.

91’. Travailler à se connaître, c’est aider toute l’humanité à renaître.

92. Le malheur ne poursuit pas longtemps celui qui fait face et qui sourit sans contrainte, car la constance de l’amour efface nos taches et décharge des fardeaux de la mort.

92’. En nous abstenant des œuvres de mort et en participant à celles de la vie, nous diminuerons la somme du malheur nécessaire à notre instruction.

93. La recherche de Dieu engendre une telle passion et procure un si grand contentement que tous les ennuis du monde en sont comme effacés.

93’. Fuyons les médiocres qui nous parlent de Dieu, car les morts ne sont pas qualifiés pour présenter le vivant.

94. La science de Dieu revêt un masque terrifiant afin d’éloigner les hommes pusillanimes.

94’. Sous la puanteur de la mort se cache le parfum de la rose.

95. L’évidence de la création et le mystère de l’enseignement des sages ne peuvent être entendus sans l’aide de Dieu.

95’. L’eau qui sort de la terre engendre le soleil de résurrection par la puissance de l’amour fécondant du Très-Haut.

Qui donc pourrait vivifier une chose morte en lui donnant le mouvement ?
Lao t’seu
Ils meurent avant d’avoir connu la Sagesse.
Job

LIVRE VI

Si la femme a été tirée de l’homme, l’homme aussi naît de la femme, et tout vient de Dieu.
Paul
Je me révèle à toi qui es marié plutôt qu’au célibataire.
Zarathoustra

UNITÉ RÊVE

LE CERCLE ÉTERNEL

1. Si nous sommes intelligents, prions Dieu pour devenir intelligents.

1’. L’ignorance du sage est comme la science de Dieu.

2. Celui qui connaît le corps, l’âme et l’esprit, la façon dont ils se séparent et comment ils se rejoignent, est seul juge parmi les hommes. Cependant, il n’intervient pas dans leurs querelles.

2’. Le malheur et la mort départagent efficacement tous les hommes, mais peu d’entre eux achèvent le travail de la grande épuration.

3. Mourir à soi-même, c’est naître à Dieu ; peu savent cela et quelques-uns à peine l’osent.

3’. C’est l’eau sainte et la terre pure qui formèrent l’amalgame premier.

4. Imaginons toutes les joies et tous les malheurs, afin d’abréger le temps de notre expérience et pour arriver plus rapidement au repos désiré.

4’. Cherchons premièrement l’abandon dans la grâce, et tout le reste fleurira et mûrira à son heure.

5. La croix unit le feu et la terre qui sont au centre, et le cercle unit l’air et l’eau qui les entourent.

5’. Tout ce qui va au ciel part du pied de la croix, et tout ce qui va en terre provient du ciel le plus élevé.

6. La plus utile et la plus haute fonction de l’homme, c’est examiner l’œuvre qui le contient, afin d’y reconnaître Dieu, de le rendre évident et de le glorifier dans son être.

6’. La voie du retour mène à notre seigneur le soleil et au soleil de Notre Seigneur, qui est au centre du centre.

7. Voilà le véritable travail d’affranchissement. Tout le reste est une immense illusion de la nécessité.

7’. Plus nous serons intelligents en Dieu, plus nous paraîtrons idiots dans le monde.

8. Les pratiques extérieures ne sauraient à elles seules élever l’homme jusqu’à Dieu, mais elles l’empêchent de tomber jusqu’à la bête.

8’. Il y a un grand enseignement caché dans les sacrements de l’Église de Krist. Qui le découvrira ? Qui le réalisera ? Et qui l’appliquera à nouveau ?

9. Les religions les plus sublimes laissent les hommes entre la vie et la mort, parce que personne ne cherche à les pénétrer et à les éprouver.

9’. C’est l’or céleste qu’il nous faut, car la maladie de la mort n’épuise pas nos désirs.

10. La guerre, l’épidémie et la famine réveillent les hommes de leur torpeur. Combien peu comprennent la vanité de ce monde prisonnier de la mort !

10’. Celui qui possède en soi la semence de Dieu, la verra germer dans la pureté de son âme libérée ; mais celui qui n’a pas ce feu desséchera même au contact de l’eau de la grâce.

11. Il vaut mieux risquer la folie et la mort en cherchant Dieu dans le nombre que de croupir dans cette stérile agitation qu’est la fainéantise spirituelle du monde.

11’. Notre raison est le mur qui nous fait douter du ciel. L’absurde est celui qui nous fait renoncer à l’exil sur la terre.

12. Quand tout se disloquera et s’écroulera en nous, Dieu agira dans nos cœurs, et la désolation de la mort se changera en lumière de vie.

12’. Ce qui descend au plus bas est cela même qui monte au plus haut, pour rassembler l’Univers épars.

13. L’amour et la connaissance de Dieu font oublier tout ce qui n’est pas lui, au-dedans et au-dehors de nous-mêmes.

13’. Quand la désolation et l’abomination de la mort seront parvenues à leur comble, la pureté de la vie sainte brillera sur un monde réconcilié.

14. Le malheur conserve l’homme éveillé au milieu même de la mort.

14’. Nous sourirons de nos agonies quand nous aurons rejoint celui qui féconde la vie et qui la concentre jusqu’à lui.

15. Nous ne voyons rien, nous ne comprenons rien de ce qui est en nous et hors de nous. Accorde-nous, Père des eaux, l’intelligence de tes lois, l’amour de toi-même et la connaissance de ton œuvre.

15’. Il est bon que la jeunesse repousse la pourriture du monde. Il est excellent que l’âge mûr considère les deux faces de l’Univers. Il est saint que la fin atteigne la pureté cachée.

16. On ne peut être en même temps orgueilleux avec les hommes et simple devant Dieu.

16’. Faire notre soumission et revenir à Dieu, c’est échanger notre charogne morte contre la pierre céleste.

17. En nous accusant du mal qui arrive et en remerciant Dieu du bien qui se présente, nous sommes assurés de ne jamais nous tromper.

17’. Impossible de rejoindre Dieu et sa grâce sans retraverser les ténèbres franchies lors de la première séparation.

18. La vraie philosophie, c’est la recherche de l’origine et de la fin de toutes choses.

18’. La sainte quête de Dieu s’accomplit dans les ténèbres de la nature et dans l’humilité de l’homme.

19. La nature et les anciens sages enseignent presque à découvert les secrets divins, mais c’est Dieu seul qui en donne la compréhension.

19’. La connaissance procédera au-dedans par trois fois : l’eau paraîtra la première, le feu ensuite, enfin l’eau et le feu s’uniront en Dieu.

20. Nous sommes tombés dans la terre étrangère par désobéissance à la vie intérieure. Nous retournerons à notre source par renoncement à la mort du dehors. « Dieu ne nous a pas mis un coutelas dans une main et une torche dans l’autre pour tout tuer et pour tout consumer ici-bas. »

20’. C’est notre liberté divine qui permet de nous enfoncer dans la mort ou de revenir vers la lumière, sans autres limites que la raison de l’absurde qui nous fait repentir et la folie de l’amour qui nous fait connaisseurs et possesseurs.

21. Le sage n’impose rien à personne. Il perfectionne constamment sa science dans la contemplation de Dieu, et communique prudemment son enseignement à ceux qui sont capables de le recevoir.

21’. Ils offrirent au sage connaisseur des monceaux de pièces d’or, des sacs de pierres précieuses, puis des champs, des villes et des armées, enfin les continents et les océans de la terre, mais lui réclama un peu de boue pour préparer sa moisson.

22. Les livres saints inspirés sont les guides de l’humanité et forment l’héritage le plus précieux des ancêtres.

22’. Ceux qui connaissent le mouvement et le repos de l’Être, les ténèbres et la mort du non-être, peuvent seuls enseigner sans vieillir et sans faillir.

23. Les poètes chantent le désespoir du Dieu déchu, mais aucun n’apporte le remède au mal qui nous terrasse. Les artistes prodiguent les œuvres admirables, mais aucune ne nous transporte jusqu’au feu vivant.

23’. La femme épurée délivrera l’homme, et celui-ci la mènera jusqu’au repos de Dieu dans le soleil très pesant de la fin des temps. « Ô pyramidale beauté de la pierre angulaire ! »

24. On ne peut approcher l’unique soleil sans éprouver l’admiration, l’amour et la reconnaissance pour celui qui se donne aussi entièrement à nous.

24’. Le chemin qui mène à Dieu est parsemé de terreur, de désolation et de mort, qui sont les vêtements extérieurs de l’unique clarté.

25. Celui qui est simple avec Dieu et avec les hommes, sera comblé dans ce monde et dans l’autre.

25’. L’Art de Dieu est exempt de tout effort et de tout ennui, car la patience du Seigneur est infinie et son amour est doux et parfait.

26. Le sommet de l’amour, c’est découvrir Dieu dans l’homme et le feu dans l’eau. Le sommet de la science, c’est unir les contraires de même nature jusqu’à la perfection concentrée du rubis solaire.

26’. Celui qui aide à sauver un seul homme fait plus que celui qui tente de les consoler tous. « Puissions-nous arriver devant notre Seigneur, croulant sous le poids de la moisson et de la vendange ! »

27. Il faut beaucoup de temps et de peines pour apprendre que nous ne savons rien, que nous ne pouvons rien, que nous ne sommes rien par nous-mêmes, mais que nous savons tout, que nous pouvons tout et que nous sommes tout en Dieu.

27’. Celui qui atteint le Seigneur ne sait plus se conduire ; c’est Dieu qui le mène vers la vérité cachée dans l’humilité première méprisée par les ignorants et par les savants du monde.

28. Celui qui a trouvé Dieu sait que le monde actuel est comme une boue puante, et que le monde à venir sera comme une terre parfaitement purifiée.

28’. Le sage n’est ni poli ni grossier, il est véridique ; c’est pour cela que peu de personnes peuvent supporter de l’entendre.

29. User sagement des biens et supporter les maux de ce monde permet de recueillir l’eau du ciel et d’amasser le sel de la terre.

29’. Le maître enseigne les disciples, mais c’est Dieu qui donne l’intelligence des paroles précieuses.

30. Celui qui n’aspire pas désespérément au royaume secret, sera tôt ou tard écrasé par le monde sans profit pour personne.

30’. Tout ce que nous demanderons à Dieu dans la douceur et dans la violence de l’amour nous sera accordé, car c’est la clef qui ouvre et qui ferme le trésor mystérieux de la vie.

31. Quand nous découvrirons l’œuvre étonnante, nous serons écrasés par la surprise et par l’admiration, très honteux de notre souillure ; et quand nous obtiendrons la grâce, l’amour et la connaissance, nous serons anéantis et transformés en Dieu.

31’. Quand nous l’aurons pressenti dans notre cœur, rien ne pourra jamais nous le faire oublier. Mais quand nous l’aurons goûté dans notre corps, rien ne pourra jamais nous en séparer, car nous serons en lui en esprit, et lui sera en nous en acte.

32. Plus le ciel nous confère de dons, plus l’occasion de nous élever ou de tomber devient grande.

32’. Prions Dieu afin de savoir ce que nous devons demander, avant d’être confondus avec les morts.

33. L’ignorant qui se tait fait aussi bien que l’homme instruit qui parle.

33’. Celui qui maîtrise les stimuli du corps, du cœur et de l’esprit, devient maître du dedans et du dehors.

34. Celui qui a trouvé Dieu et son amour ne peut plus être oublié, car Dieu est la vie, l’amour et l’union.

34’. Personne ne saurait naître à la lumière sans transformer sa condition présente.

35. Celui qui persiste dans l’imbécile alliance de la mort, demeure séparé du Seigneur pour toujours.

35’. La porte étroite est comme une fente à ras de terre ; quelques-uns la découvrent bien, mais peu d’hommes se trouvent assez nus pour y passer sans entrave.

36. Qui est Dieu ? Qui sommes-nous ? Voilà la quête, voilà la sagesse et voilà le repos.

36’. L’analyse psychologique fait paraître Dieu dans la conscience, l’analyse physique le montre en action dans le monde.

37. Dieu est tout, l’homme est moyen, l’ombre n’est rien. « C’est bien la mort qui pue, et c’est bien la vie qui exhale ce parfum inoubliable. »

37’. Ne rejetons pas ce qui est bon à cause de ce qui est mauvais, mais séparons patiemment chaque chose et exaltons la meilleure.

38. Tout ce que fait la lumière, l’ombre le défait et tout ce que défait celle-ci, la première le refait. Ainsi l’homme est comme un mort qui vit, et Dieu comme un vivant qui meurt.

38’. Attelons-nous aux mystères de Dieu dès le premier temps, car la purification est douloureuse, le perfectionnement est long et l’union divine est très secrète.

39. La séparation est le commencement du travail secret qui mène à Dieu. La réunion en est le terme.

39’. Celui qui se séparera de l’immonde trouvera Dieu concentré dans sa vie.

40. Le fils de Dieu peut voir et comprendre ce que nul autre ne saurait même entendre ou soupçonner, car celui qui est instruit par l’Unique entend avec les oreilles et voit avec les yeux de l’Esprit Saint.

40’. Laissons les stupides à leur stupidité et les intelligents à leur intelligence, car nous ne paierons pas pour eux au jour du règlement des comptes ; mais embrassons la Mère ancienne, afin d’être faits un avec le Père nouveau-né.

41. Toute espérance, toute vie, tout amour et toute science sont en Dieu seul, et lui est en nous toujours attentif et toujours vivant.

41’. Celui qui a séparé le ciel et la terre les réunira à nouveau et les multipliera dans la perfection de l’or vivant.

42. La femme a brouillé l’homme avec le monde entier, cependant elle le réconciliera avec Dieu.

42’. Quand nous aurons trouvé le refuge de la Mère, il nous faudra chercher l’impassible repos du Père.

43. Celui qui se tient au dernier rang n’a pas à lutter contre ceux qui aspirent aux premières places, et la sortie lui est grandement facilitée à la fin.

43’. Il nous faut descendre l’échelle de la création avant de pouvoir remonter jusqu’à Dieu et nous fixer en lui.

44. Celui qui atteint l’Être est seul à goûter la paix au milieu du monde en folie.

44’. Le vrai repos est dans le centre de la lumière où demeure le Seigneur très parfait.

45. Chacun répondra pour soi au jour du jugement. Pourquoi nous occuper des fautes du voisin et pourquoi négliger les nôtres ?

45’. Le Livre départagera beaucoup d’hommes dans le monde, car certains seront confirmés dans la vie, et d’autres seront enfoncés dans la mort.

46. C’est au moment où nous nous croyons forts que nous découvrons notre faiblesse ; c’est quand nous pensons être arrivés que nous nous apercevons n’être jamais partis.

46’. Celui qui ne descend pas volontairement dans la grande eau, y est précipité un jour ou l’autre et se noie misérablement.

47. Celui qui repousse les hommes ne doit pas s’étonner s’il n’est pas secouru par eux, et celui qui se retire de Dieu ne doit pas se plaindre s’il est abandonné de tout.

47’. Le malheur et la corruption sépareront la pureté de la boue, et chaque chose se rassemblera dans sa propre sphère soit pour être exaltée, soit pour être rejetée.

48. La sagesse permet de tout acquérir et de tout perdre sans être troublé. Elle possède une grande puissance cachée.

48’. La vraie révolte contre ce monde ne se fait connaître qu’à Dieu, qui la rend muette et patiente à l’extrême.

49. On peut s’entendre avec tous les hommes en ne parlant pas. On peut se fâcher avec son meilleur ami en prononçant un seul mot.

49’. Le premier homme venu, s’il laissait paraître sa lumière, enseignerait comme un dieu et resplendirait comme un astre.

50. L’homme illuminé aime Dieu jusqu’à s’oublier en lui. L’homme aveuglé s’admire jusqu’à ne plus se reconnaître en rien.

50’. Ayant reçu son Dieu, il fut revêtu de la splendeur première et participa dans son corps glorieux à la fête éternelle du Père et de la Mère.

51. En jugeant mal les hommes, on se prive à coup sûr de tout ce qu’ils ont conservé de bon.

51’. C’est la grâce du Seigneur qui nous délivre de la mort et qui nous lave de toutes nos souillures.

52. L’homme, semé dans le monde, ne peut germer sans l’aide de la grâce et de l’amour demeurés libres.

52’. Qui débondera les sources d’eaux ? Qui fera germer la terre sainte ? Qui moissonnera la Providence du Seigneur ?

53. L’homme intelligent et instruit use avec prudence du feu et de l’eau nécessaires à la vie.

53’. Il assemble les contraires avec poids et mesure, car il faut beaucoup de ciel pour mélanger avec un peu de terre.

54. Le sage sait que Dieu accomplit toutes ses œuvres sans effort, et que nous exécutons les nôtres avec beaucoup de peines.

54’. Le sage vénère également le commencement, le milieu et la fin du travail fécondant du ciel et de la terre.

55. Le saint accepte de vivre et de mourir sans récriminer, afin de mieux entendre l’enseignement secret du Seigneur.

55’. Nous savons que tout change, excepté l’immuable qui meut l’Univers.

56. L’homme prodigieux est celui qui aime Dieu, celui qui le découvre en soi et celui qui devient un avec le Parfait. Aussi le saint agit-il dans ce monde comme si rien n’était séparé par la mort du péché.

56’. Parler de Dieu, aimer Dieu, connaître Dieu et posséder Dieu sont des choses différentes. La première édifie, la seconde excite, la troisième instruit, la dernière délivre et fait reposer pour toujours.

57. La prière est l’art parfait de communiquer avec Dieu. Elle mène à l’amour qui console, à la connaissance qui illumine et à l’union qui sauve.

57’. La reine de l’Univers est faible et molle comme la vie, cependant elle détruit tout ce qui est fort et dur comme la mort.

58. Il est dangereux de renoncer au monde sans l’avoir expérimenté, parce que la tentation subsiste longtemps encore.

58’. Pour tout avoir il faut d’abord savoir se passer de tout et ensuite renoncer à tout, quand on a obtenu toute chose.

59. Il est aventureux d’éprouver le monde avant d’y renoncer, car le risque de s’y perdre est grand.

59’. Quand nous nous connaîtrons pleinement, nous saurons que nous ne possédons plus rien, pas même nous.

60. Il est prudent de tout posséder et de tout renoncer en esprit, afin de ne pas être surpris par l’événement.

60’. Chercher hors de soi, c’est se fractionner indéfiniment dans mort ; chercher en soi, c’est augmenter infiniment jusqu’à l’unité de la vie essentielle.

61. Il est saint de considérer attentivement le bien et le mal avant de rien entreprendre, et il est sage de ne pas forcer le feu quand on a bien choisi.

61’. Le sage s’accorde avec le contenu unique de toutes choses ; il porte le monde visible comme un vêtement passager.

62. Trop de gens prétendent nous enseigner le sens caché des Écritures alors que visiblement ils ne jouissent pas des bénédictions que procure une telle connaissance, car les œuvres de vie doivent sanctionner les paroles saintes et sages, à l’exemple de la création qui manifeste la vertu du verbe divin. « Si nous sommes ignorants, étudions les livres saints et si nous nous croyons instruits, devenons simples en Dieu. »

62’. Beaucoup de savants croient nous révéler le secret des êtres et des choses, mais aucun n’est capable de nous communiquer la lumière du ciel qui importe seule, étant la vérité et la vie de Dieu. « Ils se disputent et se battent stupidement au sujet de la coquille, mais le sage possesseur se tient éloigné de la confusion des mots vides et savoure l’amande en secret. »

Pour rétablir la piété, je prends naissance à divers âges.
Krishna
Négliger la racine et soigner les rameaux, c’est impossible.
Khong t’seu

LIVRE VII

C’est la bénédiction de Dieu qui procure la richesse, et toute la peine qu’on prend n’y ajoute rien.
Salomon
Ta parole, Seigneur, est une rosée de lumière.
Isaïe

VU ET RENIÉ

LE SAUVEUR

1. L’ouvrage de Dieu s’accomplit dans le temps, et la lumière est la récompense du patient imitateur.

1’. Nous chercherons Dieu, premièrement avec une grande fatigue et finalement dans un grand délassement.

2. Le sage admirable est celui qui dénude la terre, qui dispose la semence et qui attend la moisson.

2’. C’est l’âme du grand monde qui délivrera et qui recevra l’âme de l’homme, avec sa semence particulière.

3. Nos pensées et nos démarches sont vaines si Dieu ne les approuve pas. C’est lui qui les dirige mystérieusement, par la joie ou par la tristesse de l’esprit, par la plénitude ou par la désolation du cœur, par l’euphorie ou par la souffrance du corps brut.

3’. Quand la mort invite le sage à faire un pas avec elle, celui-ci en accomplit deux, et la mort se trouve bientôt dépassée et seule. « Ô jeu mystérieux et divin de l’oubli et de la connaissance de soi ! »

4. L’amour de Dieu, qui fait l’illumination de l’homme, mène à la connaissance unique. Tout le reste est alors comme une boue inutile qui ne recèle que la mort.

4’. Il nous faudra tout rendre à la terre et au ciel. Prions seulement pour que cela ne se produise pas avant que nous ayons accompli volontairement ce sacrifice en nous-mêmes.

5. Pauvre ou riche, méprisé ou glorieux, l’homme intelligent et instruit adore Dieu sans plus considérer ce qui l’entoure.

5’. Prions pour arriver à la mort du monde, déjà morts au monde.

6. Le génie manifeste l’appel inconscient vers Dieu à travers les douleurs et les ténèbres de l’exil. La sainteté est l’offrande volontaire de soi dans la joie du retour à l’origine de la vie. La sagesse est la possession détachée de l’Univers et de soi-même.

6’. Celui qui renonce au monde extérieur de son propre mouvement ou sous les coups du sort, conquiert finalement le monde intérieur de la grâce, de l’amour et de l’union. « Le repos qui aime, qui connaît, qui possède et qui peut. »

7. Tout le secret, c’est vouloir ce qu’on désire, et désirer Dieu jusqu’à ne plus savoir ce qu’on désire.

7’. Le mouvement qui engendre la création n’ajoute et ne retranche rien à l’Être.

8. On ne comprend la vanité du monde qu’en expérimentant ses mirages et en méditant ses revers.

8’. Le mal est comme la face extérieure du Dieu total, et le bien est comme l’Être intérieur dans sa chair.

9. Il faut beaucoup d’études, beaucoup de temps, beaucoup de douleurs, beaucoup d’amour et beaucoup de savoir pour redevenir simple et naturel, mais c’est alors une simplicité qui se connaît et qui se garde.

9’. Nous trouverons au-dehors mille choses pour nous distraire, mais nous n’en découvrirons pas une qui soit capable de nous contenter vraiment comme la paix du dedans.

10. La vérité est nue et simple, les hommes la voient plus ou moins nettement selon la pureté, selon l’amour et selon la connaissance de chacun.

10’. C’est la grâce qui sauve ce qu’il y a de bon en nous. C’est l’amour qui le perfectionne, mais c’est la connaissance qui accomplit l’union mystérieuse et dernière.

11. Ceux qui viennent de Dieu emploient le même langage et se transmettent l’enseignement véridique à travers les âges.

11’. La bénédiction du ciel multipliera le généreux et illuminera le croyant.

12. Celui qui connaît Dieu supporte facilement de passer pour ignorant. Il demeure dans sa joie et fait preuve d’indulgence envers tous les êtres.

12’. Le soleil ne peut habiter qu’une terre pure séparée de toute fèce.

13. La méditation amène d’abord un grand vertige, puis une immense désillusion et la solitude poignante comme la mort. Ensuite elle mène à l’admiration intense de la Mère et à l’amour ébloui du Père. Enfin elle donne la paix dans l’union qui engendre le Fils très parfait.

13’. Éloignons toute passion et tout attachement pour le monde. Approfondissons la mort jusque dans ses abîmes ténébreux. Purifions notre vie jusqu’à la lumière première. Aimantons Dieu jusqu’à ce qu’il engendre en nous le soleil de perfection.

14. Celui qui se confie aux hommes ignore tout de ceux-ci et méconnaît Dieu. « La médiocrité, c’est tout attendre des autres et rien de Dieu ni de soi-même. »

14’. C’est dans l’abjection terrestre que nous connaîtrons le mieux la sainteté, mais c’est seulement dans la gloire céleste que nous reproduirons pleinement Dieu.

15. Présentement, Dieu ne juge et ne condamne personne, mais nous demeurons redevables pour nos pensées, pour nos paroles et pour nos actes.

15’. Ce qu’il a décidé pour chacun, nul ne peut le savoir avant le terme de l’accomplissement.

16. Celui qui veut plaire aux hommes évince Dieu, car on ne peut contenter la multitude et l’Unique.

16’. La grâce de Dieu est comme une eau immaculée qui délivre les univers et les ramène au Seigneur ultime et premier.

17. Celui qui peut se connaître et s’amender devient facilement maître de soi-même et du monde.

17’. Il n’y a qu’un petit nombre d’hommes capables d’apprécier l’obscure origine du ciel et de la terre.

18. La connaissance de soi-même permet de supporter tous les jugements et tous les abandons en silence.

18’. Celui qui se lèvera à la fin des temps commandera au ciel et à la terre, et tous lui obéiront comme le cœur se soumet à l’amour.

19. S’il paraît inutile de nous vaincre, demandons-nous au moins s’il est possible de nous commander.

19’. Tout ce que nous repoussons et tout ce que nous retenons nous écrase, mais tout ce que nous acceptons et tout ce que nous donnons nous délivre.

20. Il est plus aisé d’entraîner tous les hommes à la conquête du monde que d’en amener un seul à la possession de soi-même. « Le saint pleure sur les égarés et fuit les hypocrites. Le sage patiente avec les ignorants et sourit même aux méchants. »

20’. La nature enseigne le monde, mais les hommes préfèrent déraisonner avec subtilité pour n’aboutir à rien, plutôt que la suivre pas à pas pour connaître ce qu’ils sont.

21. Celui qui se prépare à la mort avec application ne sera pas surpris au jour de la séparation et de la réunion.

21’. Le sage est comme un noyau qu’on abandonne avec indifférence, et comme un os qu’on jette avec mépris.

22. Il est difficile de se plier à la volonté de l’Être, parce qu’il est dur de reconnaître notre ignorance et notre impuissance actuelles.

22’. L’enfant de Dieu pénétrera aisément dans les détours du Livre et suivra fidèlement la voie qui mène au plus que Parfait.

23. La mort étonne douloureusement ceux qui ignorent la pérennité de l’âme divine et la discontinuité du support terrestre.

23’. L’égout du monde exhale pour tous la pourriture, mais le sage est seul à déceler l’antique parfum enseveli dans la mort.

24. La grâce de Dieu est comme l’eau céleste qui fait tout reverdir.

24’. Bénissons la sainte Mère, car si nous sommes sortis par elle, nous rentrerons aussi par son ministère.

25. La Mère ne se montre nue qu’aux âmes pures et simples ; ainsi celui qui s’endormira en Dieu s’éveillera en sa présence.

25’. Quand nous aurons conquis l’immortalité particulière, il nous faudra y renoncer pour pénétrer dans le repos de Dieu.

26. Comme il nous faudra un jour tout abandonner, il est sage de nous exercer à ne plus rien posséder dès maintenant.

26’. Efforçons-nous à devenir comme l’or, qui est incorruptible et souple à l’extrême dans sa précieuse pureté.

27. Les désirs qui ne sont pas orientés vers Dieu accentuent notre deuil et nous enfoncent dans la mort.

27’. Voir toujours Dieu derrière les apparences qui s’offrent à nous, permet d’user du monde sans devenir son esclave.

28. Le désir fervent dirigé par une volonté patiente, devient une force qui peut séparer et unir, tuer au monde et vivifier en Dieu.

28’. Le mal n’est pas ce qui nous contrarie, c’est ce qui nous empêche d’être simples et purs. Le bien n’est pas non plus ce qui nous flatte, c’est ce qui nous rapproche de Dieu et ce qui nous unit à lui.

29. La mort est un phénomène qu’il faut étudier longtemps avant de pouvoir le dominer réellement par la puissance du Dieu vivant incarné en nous.

29’. Celui qui s’ouvre à Dieu germera comme un noyau qu’on arrose, mais celui qui se ferme à la vie deviendra comme une pierre qu’on écarte du chemin.

30. Que notre dernier souffle, que notre ultime pensée soient en Dieu, afin que nous jouissions de la délivrance tant attendue.

30’. Communier, c’est faire passer Dieu en nous et passer en lui, c’est absorber la vie et être absorbé par elle.

31. L’homme a été créé libre, mais il ne le sait plus, sinon il retournerait immédiatement à sa source qui est Dieu.

31’. Suivons ceux qui nous enseignent la générosité, et nous aurons l’abondance en tout.

32. Celui qui est instruit éloigne l’illusion et fait paraître la réalité divine. Il sait que tout sort de l’Unique et que tout rentre en lui. Il se connaît pleinement et devient vivant et libre comme son Père et comme sa Mère éternels.

32’. L’eau précieuse paraît méprisable dans sa simplicité, c’est pourquoi le monde la délaisse, mais la terre morte qui semble ornée de tant de promesses coûte la vie aux hommes soumis à l’apparence.

33. Ainsi tout ce qui est entré dans l’homme universel doit nécessairement en sortir, car il est lui-même la cause et l’effet, et ceci fait que tout ce qui est sorti doit rentrer en lui et l’amener à la perfection d’une nouvelle génération parfaitement accomplie.

33’. Il faut avoir la patience de briser l’os pour en goûter la moelle, et prendre le temps d’examiner la terre avant d’explorer le ciel, afin de ne pas oublier la vie à force de courir après son ombre.

34. Tout ce que l’homme sème il le récolte, et tout ce qu’il reçoit il le restitue. Ainsi la vie cachée n’a ni commencement ni fin.

34’. Tournons-nous vers la pierre sainte qui nous a engendrés au commencement, et nous connaîtrons la grâce, l’amour et la gloire de Dieu.

35. La nature moyenne de l’homme ne lui permet pas de débrouiller le vrai du faux sans l’aide de Dieu.

35’. Trop de subtilités mènent à la folie, et trop de désirs conduisent à l’esclavage.

36. La multitude des expériences décevantes accomplies dans le monde amène rarement l’homme à rechercher Dieu en lui-même.

36’. L’art du jardinier, l’art du potier et celui du médecin s’unissent dans l’art du sage, pour manifester la lumière de Dieu dans le monde.

37. Il y a des hommes immenses comme l’Univers, et d’autres qui sont aussi petits qu’un atome. L’amour augmente les généreux par l’union avec Dieu. La haine diminue les médiocres par le fractionnement dans la mort.

37’. Sois comme celui qui EST, sans lieu, sans espace et sans temps dans l’éternité du mouvement, et deviens comme celui qui NAÎT avec corps, avec mesure et avec poids dans l’éternité du repos. « Seul celui qui a rejoint le cœur de l’Unique n’est plus sujet au changement. »

37’’. Une mort engendre l’autre, et une vie présage la suivante; c’est la justice de Dieu.

38. L’ange est tombé pour avoir détourné sa face de son dieu, et l’homme est mort pour avoir voulu connaître les limites de son être.

38’. La sagesse, c’est préférer la qualité cachée de chaque chose plutôt que le vêtement ténébreux du monde.

39. La patience de l’amour consiste à tout remettre dans les mains de Dieu et à demeurer éveillé dans la nuit de ce monde.

39’. L’homme sage emploie le feu pour mûrir ; les autres s’en servent pour tuer.

40. Commander aux hommes, c’est s’identifier à eux par l’amour et agir comme on le désire.

40’. Le vivant est obéi par tout l’Univers, et la grande eau même est sa servante.

41. La première prière d’un homme exige une grande générosité du cœur et un grand courage de l’esprit. Elle peut être aidée par la joie ou par la douleur, mais il est préférable qu’elle soit le fruit d’une claire méditation.

41’. Dieu fait briller sa lumière dans les plus sombres abîmes et l’amour fortifie ensuite l’être secret, selon la foi de l’esprit et selon la générosité du cœur.

42. Le Sauveur s’incarne dans la neige du nord et se manifeste dans le sable du midi.

42’. Un saint vaut mieux que la nation qui le rejette, et un sage vaut plus que le monde qui l’ignore.

43. La lumière du soleil est comme la vie secrète des semences que modèle le feu du Seigneur.

43’. La grande eau alimente l’Univers et demeure entière. Le grand feu sauve le monde et repose dans sa propre unité.

44. Celui qui rejette le noyau obéit à la loi sans le savoir, et quelque chose peut être recueilli par le monde, mais celui qui plante collabore avec Dieu, et le fruit n’appartient qu’à lui seul.

44’. Celui qui sait d’où sort la vie et où elle rentre, abandonne le monde et médite en adorant l’Unique.

45. Partager les joies et les douleurs des autres, c’est augmenter notre expérience au-delà de toute limite ; c’est converser avec la folie ; c’est apprendre à aimer le repos.

45’. Saisissons la vérité du Livre avant l’heure de la mort, car il serait alors trop tard pour l’appliquer utilement.

46. La partie est l’image du tout, et l’homme est comme l’Univers, cependant l’un est à demi voilé tandis que l’autre l’est entièrement.

46’. Le sage est comme une pépite d’or cachée dans une poche de sel qu’enferme une montagne de pierre dressée au milieu du désert.

47. Tout ce que l’homme désire peut être obtenu par le ministère du Père et de la Mère qui veillent en lui comme dans l’Univers.

47’. L’homme inspiré mènera la nature à son terme qui est Dieu. « Nous n’avons pas achevé notre demande et nous voilà exaucés au-delà même de notre vœu. »

48. Le bonheur, c’est rassembler nos désirs dans la grande lumière, afin de demeurer libres en Dieu.

48’. Considérons l’eau de notre rocher et nous verrons briller les étoiles, la lune et le soleil en nous-mêmes.

49. Chaque chose est imprégnée par celui qui l’a possédée. Ainsi en chaque homme persiste le parfum de Dieu.

49’. C’est la grande eau qui mènera le ferment de l’homme jusqu’à Dieu.

50. Qui mettra en vue le vivant, le très pur, le plus que Parfait ?

50’. La grâce ne peut ouvrir que les cœurs généreux déjà pourvus d’eau céleste.

51. L’homme a été créé libre pour demeurer avec Dieu, il expérimente à présent qu’en dehors du feu créateur, il n’y a que ténèbres palpables et mort.

51’. La vie de ce monde est comme un jeu caché, destiné à éprouver la perspicacité des enfants de Dieu.

52. L’innommable est comme l’union des trois puretés cachées dans les ténèbres du commencement.

52’. La nature sort de terre et se perfectionne en soi-même jusqu’à la paix de Dieu.

53. Les âmes et les corps alourdis tombent facilement dans l’orgie. Les âmes et les corps épuisés déraillent vite dans le délire. Les âmes et les corps épurés se soutiennent aisément dans la vérité.

53’. « Aider la nature ne signifie jamais la priver ou la forcer. » C’est en expérimentant l’œuvre de Dieu et sa promesse sainte que nous serons sauvés ici-bas, et non pas en y croyant sans rien disposer, sans rien épurer et sans rien mûrir.

54. Le sage préfère l’actualité divine à tous les passés, à tous les présents et à tous les futurs du monde.

54’. « L’ignorance qui se connaît est une sagesse qui se tait. » La volonté de Dieu, c’est l’absence de tout jugement préconçu dans l’homme.

55. L’extérieur est multiple, apparent et illusoire. L’intérieur est unique, caché et réel. Le tout n’a pas de nom.

55’. L’origine de la lumière sainte est un secret que Dieu révèle aux élus de son cœur.

56. La connaissance de l’Unique est comme la sagesse et comme la folie des sages. La recherche du multiple est comme la folie et comme la sagesse du monde.

56’. Aucun être ne saurait disparaître tout à fait dans la mort, mais tous peuvent y croupir et s’y enfoncer indéfiniment, ou au contraire en sortir pour renaître à la totalité de la vie libre et pure.

57. Les trois émanations de l’Être furent comme émulsionnées dans le non-être et formèrent la hiérarchie des mondes.

57’. La nature cachée sera délivrée, épurée et magnifiée jusqu’à son origine divine, pour devenir l’épouse du Seigneur magnifique.

58. Tout ce qui existe comporte donc une partie divine si diminuée soit-elle.

58’. Le mal a fragmenté l’homme à l’infini, mais il ne saurait le tuer complètement.

59. Ainsi il faut tout examiner attentivement avant de rien rejeter ou de rien accepter dans l’œuvre proposée.

59’. Dieu ne peut se nommer néant, comme disent certains esprits confus et mal instruits, qui jettent ainsi le trouble chez ceux qui cherchent la vérité.

60. Plus une créature se trouve éloignée de sa source, plus elle est imparfaite, impure et proche de la mort.

60’. Confier le Livre à un railleur, c’est l’enfoncer dans son égarement et ajouter à son fardeau secret.

61. Le Livre est consacré à la gloire de Dieu, pour la délivrance des hommes et pour la plénitude des saints et des sages. « Une grande doctrine présentée par des médiocres peut paraître une ineptie. »

61’. La connaissance ultime s’exercera au-dedans et au-dehors, car elle rejoindra un lieu unique comme le feu divin, qui se meut dans le temps infini de la grande eau.

62. L’intelligence des livres saints sera accordée aux enfants de Dieu selon la capacité de leur amour pour lui.

62’. Celui qui demeure dans l’adoration secrète, est porté par l’eau du Seigneur.

63. Certains hommes recevront ici une magnifique révélation et pleureront de joie. D’autres n’y verront qu’une absurdité sans nom et ricaneront de mépris.

63’. Dieu nous instruit avec amour et avec patience, mais le malheur sanctionne sa parole infaillible. Ne nous séparons donc jamais des livres saints qui filent le lien qui nous unit au Seigneur de toute sagesse.

64. L’impureté, l’orgueil et l’avarice aveuglent tellement les hommes pervers, qu’ignorant toujours leur propre égarement, ceux-ci s’enfoncent de plus en plus dans la mort très opaque et très puante.

64’. Instruire une brute ou lui témoigner de l’intérêt avant qu’elle ne le sollicite, c’est s’exposer inutilement aux injures et aux coups. « Seule la grâce divine fait fleurir notre vie cachée, et seul l’amour du Seigneur la fixe dans l’éternité. »

Ô terre, je dépose cet homme dans ton sein. Puisses-tu me le rendre restauré lors de la triomphante régénération du monde !… Puissions-nous faire partie de ceux qui aideront à la régénération du monde !
Zarathoustra
À moi qui veux vous adorer, ô Seigneur sage, avec la bonne pensée, donnez-moi selon la justice, les succès de l’un et de l’autre monde, le corporel et celui de la pensée, pour me soutenir par eux et me mettre dans la félicité.
Zarathoustra

LIVRE VIII

Le Seigneur fait produire à la terre ses médicaments, et l’homme sensé ne les dédaigne pas.
Ecclésiastique
Et Dieu le fit sortir du jardin d’Éden pour qu’il cultivât la terre d’où il avait été pris.
Moïse

TRIÉ EN VUE

L’AMOUR

1. La spiritualisation du corps fait paraître l’eau et l’air qui nous animent et qui nous entretiennent. La corporification de l’esprit engendre la terre et le feu qui nous soutiennent et qui nous multiplient. Qui pèsera la part de chaque chose ?

1’. L’homme sans la femme est comme une pierre dans le fond desséché d’un torrent ; et la femme sans l’homme est comme un nuage égaré sur la mer. « Qui fera l’union des contraires au moyen du semblable ? »

2. La connaissance de l’homme intérieur procure l’illumination et la possession de Dieu. « Qui saurait marcher comme un aveugle confiant en la seule voix du Très-Haut ? »

2’. « Tout sort de Dieu et tout rentre en lui. » Celui qui connaît cela ne fait plus attention ni au monde ni à lui-même.

3. Le Père du monde qui habite la Mère universelle est inaccessible à la souillure des ténèbres du dehors.

3’. Ainsi ceux qui regardent toujours au-dehors demeurent dans la mort.

4. La sainte Mère demeure cachée dans le centre de la terre, ou bien resplendit au ciel selon la volonté du Père.

4’. La création peut changer de forme, elle ne saurait changer d’être.

5. La mortification du corps doit préparer la purification de l’esprit et la régénération de l’âme.

5’. Celui qui se détourne du mystère de la mort, ne connaîtra jamais la puissance et la gloire de Dieu.

6. Quand les pieds seront sains, les yeux verront clair.

6’. L’homme descend dans la terre et monte au ciel, afin de connaître la totalité mystérieuse de son être.

7. Quand les railleurs seront submergés dans la fange de la mort, nous leur demanderons : « Où en êtes-vous de vos bons mots ? » et il n’y aura que des hurlements de bêtes pour toute réponse.

7’. Si nous ne pouvons être comme celui qui instruit, efforçons-nous au moins de ne pas ressembler à ceux qui égarent. « Seigneur, délivre-nous de l’esprit rebelle qui nous mange le cœur. »

8. Nous sommes tous des figurations plus ou moins voilées du Seigneur. Personne ne saurait donc se présenter comme étant son image parfaite, ni comme étant son ombre absolue.

8’. Celui qui connaît l’inanité du monde apparent, sourit aux mirages de l’eau qui l’anime et recherche la pierre qui le soutient.

9. Ceux qui ont vu le Seigneur à découvert peuvent seuls enseigner les hommes et rétablir leurs lois, mais ils ne violentent aucune créature à l’exemple de Dieu, leur père.

9’. Les grands sages et les grands prophètes sont les bergers des immenses troupeaux d’hommes qui appartiennent à Dieu.

10. Dieu est comme un soleil caché dans le centre de chaque terre, et comme un soleil visible dans le milieu de chaque ciel.

10’. La sagesse véritable ressemble à la folie de Dieu, qui est la sauvegarde de la vie dans la mort.

11. La nature lumineuse est la première et la plus belle manifestation du Seigneur. L’homme pur est la dernière et la plus parfaite création de Dieu et de la nature. Là est le résumé de l’Univers.

11’. Quarante est le chiffre de l’espérance, du dépouillement, de la transformation et du mûrissement. « Impossible de séparer Dieu de l’humanité présente, aussi ce que nous demandons au ciel nous est souvent offert par les hommes. »

12. À quoi bon dénoncer et réprimer les erreurs des autres, si nous sommes incapables de découvrir et de corriger nos propres fautes ?

12’. Celui qui est intelligent et instruit, tait son savoir et déplore son ignorance, mais celui qui connaît et qui possède la vie pure est déjà établi dans la paix du Parfait.

13. Personne ne peut s’examiner extérieurement sans rencontrer l’obscurité du mensonge. Comment quelqu’un pourrait-il se connaître intérieurement sans trouver la lumière véritable ?

13’. Celui qui pacifiera la mer du monde reposera dans le noyau vivant de l’or pur. « Ô splendeur, ô miracle de l’eau et du feu unis en Un ! »

14. Demandons à Dieu ce qui peut nous servir à l’atteindre, soit la grâce, soit l’amour, soit la connaissance, soit le repos ; et ne nous occupons pas des moyens qu’il emploie pour nous sauver. Le Seigneur ne refuse rien aux croyants.

14’. La puissance première était dans l’eau vierge. La puissance dernière sera dans la terre sainte. « L’homme habile met en évidence la lumière de chaque chose et de chaque être. »

15. Celui qui semble abandonné produira un trésor inestimable, et l’être apparemment déshérité se révélera beau comme un dieu. La douceur de la grâce et la puissance de l’amour accomplissent tous les miracles.

15’. Ne confondons pas le repos de l’Être avec le néant du non-être, comme font les ignorants qui se trompent sur les mots, parce qu’ils ne connaissent pas la nature secrète des choses. Ainsi beaucoup d’intelligents célèbres bâtissent sur cette erreur et aboutissent au désespoir des apparences de l’absurde.

16. Celui qui a la connaissance de Dieu est rempli d’amour pour tous les êtres, car il perçoit la lumière qui les anime depuis le commencement.

16’. Chaque fils de Dieu qui enseigne dans le monde revient au Père, démesurément grandi par la multitude des êtres conquis dans l’amour.

17. L’homme corporel meurt avec tristesse. L’homme astral passe avec courage. L’homme spirituel rejoint Dieu avec joie.

17’. Avant de pouvoir sauter dans le vide divin, il faut gravir longtemps les chemins de l’ascèse, sous peine de sombrer dans la boue du chaos.

18. La vraie possession, c’est la science de Dieu éprouvée dans le secret du cœur. La possession illusoire, c’est la science des hommes pratiquée dans le monde.

18’. L’ignorant parle de supprimer le mal, le sage se contente de le séparer et de le rejeter, afin de glorifier le bien sans entrave.

19. On peut connaître l’Univers sans bouger, en s’identifiant à celui qui le contient et qui l’anime.

19’. Les hommes intelligents selon le monde n’aboutissent qu’au doute, au désespoir, à la mort ; c’est la marque de l’ignorance dans laquelle l’humanité demeure prisonnière.

20. Le savoir sans le pouvoir est comme une graine sans eau, comme l’esprit sans le corps et comme le Seigneur sans sa création.

20’. Il vous a été dit : « Ne parlez pas contre l’esprit », et nous ajouterons : « Ne blasphémez pas la terre », car vous ne connaissez ni l’un ni l’autre dans leur union intégrale.

21. Celui qui cherche Dieu hors de soi ne rencontre que la confusion des ténèbres infinies et la mort.

21’. La grande nuit protège le noyau de lumière où le feu se délecte éternellement.

22. Celui qui se réfugie en Dieu échappe aux hallucinations du monde transitoire.

22’. Le Seigneur se maintient en lui-même, par lui-même, pour lui-même.

23. Tous les mystères se réduisent à une terrifiante et admirable réalité : « Dieu en nous, nous en Dieu ».

23’. La vie dans le repos mène au repos dans la vie.

24. Celui qui s’examine dans la mort et dans la vie, apprend à connaître Dieu.

24’. La paix du centre commande au mouvement éternel de la roue céleste.

25. Celui qui connaît la Mère pénètre toutes les choses du monde et délivre aisément celui qu’il aime.

25’. Elle paraîtra nue dans le ciel pour recevoir la gloire du soleil bien-aimé.

26. Les hommes souhaitent bien la lumière et la paix, mais à la condition que cela ne dissipe pas leurs ténèbres et n’entrave pas leur agitation.

26’. L’abstention du poison mitigé est le fait des saints, mais sa séparation est le travail du sage.

27. Dieu se cache dans les ténèbres de la mort et se manifeste dans la lumière de la vie.

27’. D’un regard l’amant a pénétré l’aimée, et celle-ci a reproduit l’amant.

28. Celui qui le voit partout, qui l’aime en tout et qui le manifeste en lui-même, est vraiment éclairé.

28’. Le soleil nichera dans nos âmes dévoilées, et nous serons faits uns dans l’Unique.

29. La connaissance et la maîtrise parfaites de soi-même font la fin du changement.

29’. L’émeraude terrestre présage le diamant lunaire et le rubis solaire.

30. La foi est comme la certitude de Dieu en nous-mêmes, et la connaissance est comme la preuve de sa présence intime.

30’. Les ténèbres secrètes couvent la lumière immortelle du Parfait.

31. Celui qui n’a pas la soif de l’eau vive et celui qui ne prend pas le temps nécessaire pour la puiser, ne seront jamais sages.

31’. La fontaine qui jaillit de la terre de Dieu vivifie l’Univers tout entier.

32. Faire paraître l’unité divine cachée sous la diversité du monde, c’est l’œuvre de la nature. Incorporer le plus haut esprit avec le corps le plus bas et les amener à la perfection absolue, c’est l’œuvre de l’art.

32’. L’amour obéit à Dieu, et Dieu consent tout à l’amour, mais c’est par le moyen de la grâce qu’il nous délie et qu’il nous enlace.

33. La nature nous fournit tout ce qui est nécessaire à la vie ; il suffit de lui venir en aide sans rien forcer ni détruire.

33’. Ceux qui se contentent de l’ombre du monde, sont bien peu exigeants envers Dieu.

34. Le sage est seul à pouvoir considérer ses deux faces, sans reculer d’effroi.

34’. L’entrée dans la nuit est le commencement de l’illumination.

35. Les fous s’entretiennent de ce qui n’est pas ou de ce qui ne les regarde pas ; ils n’aiment personne et sont en désaccord avec tous les hommes, et avec eux-mêmes.

35’. La connaissance spéculative est au savoir possédant comme une jambe de bois est à un membre sain.

36. L’insensé donne asile à la multitude anarchique de l’enfer. Le saint habite dans l’unité pacifiante de Dieu. Le sage aime tout, connaît tout, possède tout et remet tout.

36’. Tout repose dans notre cœur, dans notre esprit et dans nos mains. Peu le croient, quelques-uns le pressentent, un seul l’expérimente.

37. Celui qui sait tout et celui qui ne sait rien savent se taire, mais celui qui est à demi instruit ne peut se retenir de parler. « Faire de grandes œuvres et les considérer comme un néant, voilà l’intelligence devant Dieu. »

37’. « La vérité de Dieu ne coïncide jamais avec les passions du monde. » Il faut une audace inouïe pour écouter la voix intérieure qui nous contrarie toujours, mais il faut un courage d’idiot pour obtempérer aveuglément à ses injonctions saintes.

38. La sainte Mère est légère comme l’air et changeante comme l’eau. Le Père sacré est pesant comme la terre et immuable comme le feu. L’union des quatre engendre le triple Fils, qui manifeste la création prodigieuse de l’Unique.

38’. Ceux qui méprisent la nature tout en louant Dieu, sont comme des ânes chargés de cailloux qui foulent l’or du chemin. Ils se fatiguent inutilement et n’aboutissent à rien de durable.

39. J’ai demandé l’impossible à l’Innommé, et lui s’est donné aussitôt. Cependant, je n’ai aucun mérite et je ne possède pas d’intelligence, mais je l’aime au-delà de toute raison et de toute science.

39’. « L’étonnement de l’étonnement. » Le plus beau titre qu’un sage puisse désirer après « fils de Dieu », c’est celui d’« accoucheur d’âmes ».

40. Le moyen pour connaître et pour être connu, c’est prier en soi-même ; c’est mettre en évidence la semence particulière en se servant de l’eau universelle.

40’. Le rien enveloppe le tout qui demeure en soi. « Le noyau, l’amande, le germe. »

41. À quoi pourraient nous servir les multiples connaissances extérieures, si nous ignorons le centre qui les résume toutes ?

41’. Le feu qui anime l’Univers demeure caché dans la terre et resplendit dans le ciel.

42. Le sage s’entretient avec Dieu et ne dispute avec personne. « Comme ils sont beaux cependant et comme ils resplendissent, ceux qui se lèvent pour prêcher la vérité de Dieu avant l’éclair foudroyant de la fin ! »

42’. Celui qui reçoit Dieu dans son cœur, dans son esprit et dans son corps, est élu parmi les élus et il marche sur la mer des mondes.

43. La grâce, la persévérance et l’amour mènent à la connaissance de toutes choses.

43’. Il est difficile de voir et d’entendre ce qui existe en soi-même.

44. On commence par aimer ce qu’on possède et on finit par être possédé par ce qu’on aime.

44’. L’accumulation du travail extérieur est une proie offerte au malheur. L’accumulation de l’amour intérieur est un trésor qui sauve de la mort.

45. Celui qui se fait obéir sans parler est digne du pouvoir, car il communique par le cœur et commande par l’esprit.

45’. Bénis soient les maîtres qui nous mènent jusqu’à la racine secrète du feu. Leur mémoire se perpétuera dans les cœurs reconnaissants.

46. Tout ce qui n’est pas vivement ressenti, ardemment désiré et animé par la foi, est nul et sans effet.

46’. Ô feu coulant qui dissout et qui coagule, notre Seigneur fécondant !

47. Le monde est un équilibre entre la vie et la mort, c’est l’expression du plus grand mystère visible.

47’. La nature est profondément enfouie dans la terre, et hautement placée dans le ciel ; mais il existe un lieu particulier où elle est plus cachée et plus évidente que partout ailleurs.

48. Ainsi le bien et le mal forment la totalité qu’on ne peut nommer que par le silence. « Il est vain d’essayer de lutter contre Satan, il vaut mieux prier pour sa conversion et pour la nôtre. »

48’. Il y a ici une grande perdition pour les malins, mais aussi une grande récompense pour les cœurs simples et détachés.

49. La mort ressemble à l’immobilité des ténèbres dans le froid. La vie est comme le mouvement de la lumière dans le chaud. Le monde est un mélange qui subsiste par le désir et par le changement dans l’éternité.

49’. Celui qui a dépouillé le monde de son vêtement d’illusion, sourit au bien suprême qui paraît dans le centre de l’immensité mouvante de la vie. « Et nul n’a été violenté, pas même soi ! »

50. L’amour de Dieu mène à la répulsion terrestre et à l’attraction céleste. Ainsi Dieu et l’homme s’unissent dans un certain milieu, qui constitue le mystère de la terre et du ciel.

50’. Celui qui veut parvenir jusqu’à Dieu doit abandonner tous les préjugés du monde et toutes les certitudes de la raison humaine, pour ne suivre que la nature illuminative cachée dans les ténèbres de la création primordiale.

51. Être Dieu, c’est être un avec soi-même dans la totalité de l’être, au-dedans et au-dehors.

51’. Le sommet de tout, qui est la possession de tout, aboutit au renoncement à tout, qui est la profondeur de tout.

52. La volonté divine s’accomplit du dedans au dehors et se parfait du dehors au dedans.

52’. L’eau sort de la terre et retourne en terre pour séparer le monde de l’immonde.

53. Ainsi Dieu libère sans détruire et perfectionne sans forcer. Il commande et tout lui obéit. Il paraît et tout lui sourit. Il repose et tout rentre en lui.

53’. La grâce et l’amour de Dieu se manifestent mystérieusement par les échecs que nous essuyons dans le monde, et son redoutable jugement s’exerce étonnamment par les réussites qu’il nous permet ici-bas.

54. Toute délivrance et toute perfection s’accomplissent donc dans le cœur de l’homme par le ministère de la grâce et de l’amour de Dieu, et non pas brutalement sur les corps par la contrainte des individus.

54’. Le feu de Dieu édifie la vie. Celui des hommes la consume. Cependant la douceur du second peut manifester la vertu du premier.

55. Pour qu’un homme puisse être rempli de Dieu, il faut nécessairement qu’il se vide de toute l’immondice terrestre qui l’obscurcit. Alors l’union s’accomplit aussitôt.

55’. Le sage en Dieu est comme un ignorant parmi la multitude des savants, cependant il est seul à connaître le commencement et la fin de toutes choses.

56. Les hommes vulgaires affectent de l’orgueil pour le travail qui leur est imposé et pour celui qu’ils se donnent, afin de masquer la pauvreté spirituelle qui les accable. Ils se trompent et trompent les ignorants. « Seul le précieux sang du Fils céleste et terrestre peut nous délivrer du poison antique introduit par la femme dévoyée dans le monde présent. »

56’. Le sage se glorifie uniquement d’être en Dieu, c’est-à-dire qu’il repose et qu’il se tait le plus souvent possible, car l’union des hommes en Dieu ne peut s’accomplir que sur la montagne sainte dans l’unité du silence reposant.

57. La misère, la maladie, la vieillesse, le doute et la mort devraient nous précipiter dans les bras de celui qui nous propose la richesse, la santé, la jeunesse, la connaissance et la vie.

57’. Peu d’hommes détestent véritablement le mal qui est dans la mort, et bien peu recherchent le bien qui est avec la vie.

58. Dieu se manifeste à l’homme quand il est désiré, aimé et reconnu par celui-ci, dans le silence de l’union : « Là où le vide de l’esprit engendre la plénitude de l’âme ».

58’. Rejetons tout ce qui est compliqué et tout ce qui est mal commode, afin de ne pas multiplier les tentations qui nous éloignent de l’Unique.

59. Tout est possible pour le croyant, rien ne réussit pour celui qui doute.

59’. Ils sont devant la création comme des bêtes devant une porte verrouillée qu’aucune main ne sait manœuvrer.

60. Le fait d’être Dieu et homme dépasse toute science, parce que c’est la plus complète expérimentation du tout dans le tout.

60’. Celui qui veut être grand dans la vie doit devenir imperceptible dans le monde et ne plus exister dans la mort.

61. L’action divine est proportionnée à la pureté de la créature, qui s’acquiert par la mortification, c’est-à-dire par l’eau de la grâce et par le feu de l’amour.

61’. Sainte Mère qui paraissez au milieu de la détresse du monde, accordez-nous la délivrance et l’oubli de nos maux.

62. La lettre est peu de chose quand on veut bien considérer l’esprit qui l’illumine et l’âme qui l’anime.

62’. L’ignorance rampe sur la croûte de la terre, la connaissance pénètre jusqu’au centre de la mer du grand monde.

63. La vie éternelle, c’est la sortie de soi-même et la rentrée en Dieu. « La Mère lumineuse est la substance de tout ce qui vit. Le Père brillant est l’essence de tout ce qui se meut. »

63’. Le saint peut sembler idiot et le sage peut paraître égaré, mais ni l’un ni l’autre ne sont jamais médiocres dans le monde et en Dieu.

Seul celui qui n’est pas exclusivement accaparé par la lutte pour l’existence, peut sagement apprécier la vie.
Lao t’seu
Ceux qui me comprennent sont rares, c’est la mesure de ma valeur, certes.
Lao t’seu

LIVRE IX

Toute notre œuvre, c’est vous, Seigneur, qui l’avez faite pour nous.
Isaïe
Il élèvera la pierre du sommet au milieu des acclamations.
Zacharie

VUE TRI NÉE

L’ACCOMPLISSEMENT

1. Dieu est comme un océan infini d’essence lumineuse et vivante, dans lequel tout se pénètre et se connaît par l’amour.

1’. La grâce et l’amour présagent le chemin de la connaissance et du repos.

2. S’il plut à Dieu de se faire homme, il appartient maintenant à l’homme de se refaire Dieu.

2’. J’ai cherché la vérité jusque dans la corruption du monde et j’ai séparé la vie de la mort.

3. Le monde présent est comme un mélange intime de lumière et de ténèbre.

3’. Celui qui libérera sa vie sera délivré par elle.

4. Les choses créées sont irréelles par rapport à Dieu, mais elles sont réelles entre elles, pendant le temps de leur apparition.

4’. Les yeux de l’esprit perçoivent aisément l’évidence de l’éternité, et les mains de la connaissance la manifestent sans effort.

5. Le monde actuel n’est ni réel, ni irréel, ni bon, ni mauvais. Il est formé par une portion de la lumière divine fractionnée à l’infini dans les ténèbres du non-être.

5’. Dieu subsiste éternellement au-dedans et au-dehors, sans pourquoi ni comment. Tel est le mystère de l’éternité.

6. Voilà la chute de Lucifer et l’exil d’Adam.

6’. Qui sauvera son âme de la boue ? Qui la délivrera de la prison de la mort ?

7. Le retour à Dieu est comme la séparation d’avec les ténèbres et comme la réunion avec la lumière primordiale.

7’. La grâce libère sans effort ce que la plus grande violence ne saurait entamer à la longue.

8. Voilà la rédemption d’Adam.

8’. Qui présentera la vierge sainte au soleil fécondant ?

9. Les saints demeurent dans la boue pour aider leurs frères qui sont une partie d’eux-mêmes, comme ils sont une parcelle de Dieu.

9’. Celui qui s’expose pour les autres reçoit mille crachats pour une fleur. C’est la loi du rachat. « Qui ne s’exposerait pour le Seigneur d’amour ? »

10. Toute connaissance qui n’est pas expérimentée est nulle, parce que sans effet.

10’. Les fils de Dieu délivrent de la misère, de la maladie, de la vieillesse, du doute et de la mort. C’est la marque qui ne trompe pas.

11. L’homme redoutable est celui qui veut faire obligatoirement le bonheur des autres ; ensuite vient celui qui veut faire leur malheur.

11’. Les discussions sont des ignorances qui s’affrontent dans la mort ; et les disputeurs, des fantômes qui se battent dans le vide.

12. Le crâne poli d’un mort nous reflète la vérité mieux que n’importe quel miroir magique.

12’. Les saints peuvent aider le monde entier, mais personne ne les interroge, et quand ils parlent nul ne les écoute.

13. Tout vient du dedans. Tout retourne à l’intérieur. Tout se maintient dans le centre.

13’. L’examen du monde circulaire ramène l’homme clairvoyant jusqu’à Dieu.

14. Vivre, c’est communiquer avec Dieu sans obstacle ; mourir, c’est être séparé de lui par l’immondice.

14’. La beauté du génie, la pureté de la grâce et la sainteté de l’amour font enrager les médiocres jusqu’à la mort.

15. La confusion mentale, l’inaptitude au discernement et au choix, l’absence du pouvoir de synthèse et de clarté sont les marques de la médiocrité des êtres vulgaires.

15’. La sainte Mère de Dieu secourt les hommes purs et généreux, cependant les ignorants disent : « Dieu ne nous donne pas à manger », car ils ne reçoivent pas ce qui leur est envoyé, ou bien ils le reçoivent avec ingratitude.

16. La lumière du soleil contient toutes les autres lumières, elle est comme l’essence de la vie.

16’. Quand nous serions secs comme des pierres, la grâce du Seigneur nous ferait encore germer jusqu’au ciel.

17. Réduire sa nature, l’épurer et la perfectionner, c’est se connaître et devenir comme Dieu. « Il nous faut semer si nous voulons récolter un jour. »

17’. Celui qui atteint la Mère demeure dans la joie, et celui qui pénètre jusqu’au Père se fixe dans la paix.

18. Le bonheur est tout avoir et ne rien posséder ; n’être attaché à rien, pas même à soi ; c’est tout faire et tout supporter pour l’amour de l’Unique.

18’. Celui qui rejoint Dieu ne peut plus se perdre, car le Seigneur est comme une garde à soi-même et aux siens.

19. Nous ne renonçons efficacement qu’à ce que nous possédons réellement ou à ce que nous pouvons avoir certainement.

19’. Quand nous serons brisés, purifiés, vidés et nus, nous verrons Dieu clairement, et il pénétrera en nous sans obstacle.

20. Les pensées et les visions sublimes ou atroces doivent être acceptées également et réduites au même principe divin par la méditation parfaite.

20’. Celui qui est avancé ne prie plus Dieu, il le loue ; enfin il se tait en lui pour toujours.

21. Dieu enseigne ceux qui désirent apprendre, mais seulement jusqu’à la limite où ils osent connaître, afin que nul ne périsse.

21’. Le croyant retourne à sa source comme le grain enfoui va vers la lumière, et ceci est un grand exemple de l’amour céleste et de la foi terrestre.

22. La paix du cœur et de l’esprit s’obtient en offrant à Dieu tout ce qui nous comble et tout ce qui nous vide.

22’. Nous ne gagnerons ni terre ni ciel en écrasant d’autres hommes, mais nous récolterons certainement la malédiction de Dieu.

23. L’assemblée des astres est comme la mer lumineuse où Dieu se meut entre les commencements et les fins, et où il repose entre les fins et les commencements.

23’. Les hommes sages ne se désolent ni ne se réjouissent des bouleversements du monde, car ils savent que le Père et le Fils demeurent immuablement unis au sein de la Mère mouvante.

24. En remettant tout à Dieu, nous nous débarrasserons aussi de nous-mêmes.

24’. Le vivant qui pénètre la grande eau flotte et vogue sans effort.

25. Il n’est rien qui déplaise tant aux hommes que la vérité sur eux-mêmes, parce que la nudité de l’esprit, comme celle du corps, n’est supportée avantageusement que par ceux qui sont parfaits.

25’. Il ne suffit pas que Dieu soit caché en nous, il faut aussi qu’il y brille démesurément, comme l’étoile de notre naissance nouvelle. « Dieu ne va pas aux médiocres, et les médiocres ne vont pas à Dieu. »

26. La création des univers est comme l’expérimentation d’une partie de Dieu par lui-même.

26’. Nous prions pour être brisés et pour que nos lumières soient réunies dans l’amour de l’Unique.

27. Il n’y a pas d’instruction possible et il n’y a pas de paix certaine pour celui qui s’occupe des affaires du monde.

27’. Le plus sage des hommes ne saurait s’empêcher de pleurer sur la souffrance de tous les êtres.

28. Krist dut chasser les marchands du temple avant de pouvoir s’y faire entendre. Ferons-nous pas aussi le vide en nous pour entendre la voix du Seigneur ?

28’. Si nos cœurs savaient communier avec Dieu et avec les hommes, nos lèvres demeureraient closes.

29. Aider à vivre ceux qui nous entourent est une façon intelligente et prudente de s’enrichir.

29’. Celui qui s’attache à trois choses, alors que deux suffisent et qu’une seule est vraiment nécessaire, prépare pour tous le désordre et la ruine.

30. Tout ce qui se détruit rapidement est du monde. Tout ce qui est immuable est de Dieu.

30’. Pour atteindre la vie essentielle, il nous faudra premièrement devenir absents comme des morts.

31. La lumière nous vient des astres et retourne aux astres qui la restituent à Dieu.

31’. L’homme pur et parfait est le point d’équilibre le plus accompli de l’Univers.

32. Le mélange des lumières fait la diversité infinie de la création et manifeste l’unité du créateur.

32’. Hors de nous, c’est encore nous, car nous sommes une parcelle de celui qui contient la création visible et invisible.

33. Le repos alterne avec le mouvement dans l’œuvre de Dieu. Celui qui unit ces deux en un, n’a plus de passion pour le monde transitoire.

33’. La grâce libère tout sans rien forcer et sans rien détruire ; c’est elle qu’il nous faut au commencement.

34. L’eau sainte délivre, épure, élève et bénit. La terre de Dieu nourrit, unit, fixe et consacre. Les deux travaillent sous la direction du feu premier et dernier.

34’. L’enseignement des sages est à l’image du monde moyen, où la lumière subsiste sous une croûte obscure. « Ne discutons pas, exerçons-nous plutôt jusqu’à la parfaite connaissance de notre Art. »

35. Dieu comble l’amour obéissant, au-delà de toute limite. — C’est le baptême dans l’eau de la genèse qui nous donne le glorieux corps du pardon. — C’est la communion mystérieuse du vrai sang et du vrai corps de l’Unique qui nous communique l’âme divine de la rédemption. — C’est l’onction par l’huile sainte de la pierre qui nous confirme dans la paix de la réconciliation. — C’est la bénédiction secrète du mariage ultime qui nous lie et qui nous multiplie dans la gloire de l’union.

35’. Nous n’avons plus d’honneur, plus de fierté, plus de courage et plus de vertu ; nous sommes sans savoir et sans intelligence ; nos talents sont comme la fumée, et notre force ressemble à de l’eau répandue. Notre piété demeure comme une boîte vide, et nos jours sont devenus insensibles sous l’ardeur du regard divin. Mais la grâce multiplie l’amour secret qui habite notre cœur, et nous goûtons déjà la douceur du feu transcendant.

36. L’homme est le principal ferment de la régénération du monde ; son action sur la terre est comparable au travail du levain sur toute la masse d’une pâte.

36’. Il y a ici plus qu’une morale et plus qu’une ascèse, plus qu’une philosophie et plus qu’une mystique. Il y a la clef de la restitution de l’homme et du monde en Dieu.

37. Celui qui aime les hommes malgré leurs faiblesses, sera aimé de Dieu malgré ses taches.

37’. Si nous obéissons une fois à la haine, elle commandera cent fois et se souviendra mille.

38. Qui sera assez audacieux pour demander l’impossible à Dieu ? Qui sera assez saint pour l’obtenir sans dommage ?

38’. La grâce de Dieu nous imbibera de nouveau, et nous deviendrons comme de la boue avant d’être refaits comme de l’or.

39. Le mensonge, la lâcheté, la trahison et la haine sont les marques spécifiques de la faiblesse des hommes vulgaires.

39’. L’amour vrai et la connaissance ultime supportent tout, pardonnent tout, accordent tout.

40. Ce qu’il y a de meilleur dans l’homme et dans le monde, est ce qui s’y trouve de plus simple.

40’. En rejetant tout ce qui nous encombre et tout ce qui complique notre vie, nous atteindrons rapidement le désert où Dieu se fait entendre.

41. Rien ne procure autant de joie que d’aimer tous les hommes en Dieu, après avoir reconnu le Seigneur en chacun d’eux. « Le crime unique, c’est être séparé de Dieu. »

41’. Nous pouvons rapidement atteindre Dieu en mourant au monde et à nous-mêmes, et éviter ainsi les expériences absurdes qui vont du bonheur déguisé au malheur très certain.

42. On ne peut aimer Dieu et détester les hommes, mais on doit craindre l’un et les autres pendant tout le temps de notre exil.

42’. Que les paroles du Livre ne soient jamais une condamnation pour les croyants, mais qu’elles ajoutent encore, si possible, à la gloire de Dieu, en les faisant devenir enfants de la grande eau !

43. La connaissance vraie s’accompagne de modestie et de silence.

43’. Acceptons de paraître idiots, pauvres et inutiles, afin de demeurer libres en Dieu.

44. Quand ce qui est supérieur abandonne ce qui est inférieur, le corps se décompose tout entier. Mais quand ce qui est supérieur s’unit à ce qui est inférieur, le corps se recompose dans son intégrité.

44’. L’eau nous soutiendra lorsque nous aurons abandonné toute terre, et le feu nous affermira jusqu’à l’île sainte de l’amour et de la connaissance.

45. Il n’y a personne aussi libre qu’un sage, et personne aussi occupé qu’un fou.

45’. C’est au-delà des prières, dans le repos de l’esprit, que Dieu manifestera sa gloire en nous.

46. Il faut supplier et tromper les hommes pour conserver le droit d’agoniser dans ce monde, alors qu’il suffit de prier et d’aimer Dieu pour obtenir la vie éternelle.

46’. Un seul mot, un seul fait peuvent engager l’homme le plus enterré dans la voie de la réconciliation et de la délivrance. « N’ayons jamais raison contre quiconque, communiquons seulement la vérité à ceux qui l’aiment. »

47. Tout ce qui nous paraît indispensable et urgent présentement, nous semblera inutile et vide à l’heure de la mort.

47’. La raison et la folie du monde s’effacent rapidement devant la sagesse de Dieu qui pénètre tout.

48. Exerçons-nous dès à présent à tout abandonner et à nous tourner vers Dieu, avant que tout nous délaisse et se retourne contre nous.

48’. Il n’y a qu’une séparation, qu’une solitude et qu’une mort redoutables, qui sont l’absence de Dieu et l’oubli de son amour.

49. Celui qui connaît sa solitude devant Dieu n’éprouve aucune appréhension à l’heure de la mort. La goutte de rosée est comme la mer qui la produit et qui la recueille.

49’. La volonté de Dieu consiste à ramener l’homme jusqu’à la perfection de sa propre personne. « Il se propulse par le verbe. Il repose par le silence.»

50. La folie des hommes consiste dans la recherche de l’infini dans la mort. La sagesse de Dieu réside dans l’examen de l’unité de la vie. Ainsi l’homme savant est celui qui interroge son Seigneur, qui entend sa réponse et qui y conforme sa vie.

50’. L’Innommé ne saurait supprimer le mal, cette nuit qui l’entoure et qui le cache, comme il ne saurait créer le bien, cette lumière qui l’habille et qui le garde ; mais il peut mélanger ou séparer la lumière et les ténèbres extérieures, pour la connaissance des puissances et des limites de son Être et de son non-être.

51. La misère et la richesse s’opposent également à la recherche de Dieu et à la paix de l’âme.

51’. Il y a plusieurs voies qui mènent à la sainteté ; mais il n’y en a qu’une qui conduit à la sagesse.

52. La prière est comme un entretien secret entre le Dieu créé et le Dieu incréé, c’est-à-dire comme le lien d’amour qui unit le fini à l’infini et qui permet à la totalité de se connaître en Un.

52’. Nous savons que nous approchons Dieu, quand nous sommes magnifiquement soutenus dans le malheur et quand nous parvenons à sourire à la vie, à travers les fumées de la mort.

53. L’art consiste à faire paraître le surnaturel caché dans le naturel.

53’. Dans tout ce qu’il entreprend, le sage ne compte que sur Dieu et sur lui-même.

54. Plus le ciel est vu d’en bas, plus il paraît beau et profond. Ainsi dans l’humiliation et dans le malheur, peut-on souvent mieux apercevoir Dieu qu’au milieu des plaisirs et de la gloire du monde.

54’. Dieu médite sa voie dans la grande nuit de l’homme ; c’est pourquoi la foi doit accompagner jusqu’au bout celui qui accomplit son œuvre, car la purification se fait premièrement au-dedans, ensuite elle paraît au-dehors et resplendit pleinement dans l’union.

55. La nature fournit l’aliment, et c’est le feu intérieur qui le digère et qui le transmue. Celui qui prétend faire mieux n’est qu’un présomptueux ignorant.

55’. L’homme devient son propre instructeur, son propre juge et son propre sauveur, quand il pénètre jusqu’au centre secret de son cœur.

56. L’enseignement du sage déplaît aux hommes vulgaires, parce qu’il met en évidence la fin de chaque être et l’ombre de chaque chose.

56’. Si nous sommes résolus à croître en Dieu, rien de mauvais ne nous retardera dans ce monde.

57. La meilleure vengeance, c’est de prier Dieu pour qu’il enseigne nos ennemis comme nous-mêmes.

57’. Il n’y a qu’une vie universelle, qui est comme un jeu d’ombres et de lumières sur la surface mouvante des eaux de l’abîme.

58. Le dégoût du monde et le repentir de notre égarement forment le chemin ordinaire du retour à Dieu.

58’. L’esprit orgueilleux s’enfoncera toujours plus et demeurera scellé dans la terre et dans l’eau mortes.

59. La grâce et l’amour accompagnent ensuite le chercheur sur la route royale des élus.

59’. Il n’y a qu’une connaissance, qu’une union et qu’un repos véritables, qui sont dans la fixité accomplie du feu céleste.

60. Personne ne nous demande de libérer la grâce. Personne ne nous implore de parfaire l’amour. Personne ne nous requiert de dévoiler l’union. Personne ne nous somme de manifester l’Unique. Si nous faisons quelqu’une de ces choses, que ce soit gratuitement et à nos risques et périls, pour l’amour des croyants.

60’. L’origine de la vie et de la mort doit être tenue secrète, afin que la majesté divine ne puisse être profanée par le premier venu, comme cela s’est produit une fois déjà en Adam. « Ô bienfaisante douleur de l’exil ! » « Ô multipliante vertu du soleil ! » « Ô sublime accomplissement de l’innocence qui sait ! »

61. Beaucoup bénéficieront de la lumière du Seigneur au grand jour de la réunion, et les saints habiteront son soleil au jour de l’accomplissement. Mais il n’y aura que quelques sages qui connaîtront l’origine secrète du tout et du rien.

61’. L’esprit est caché dans le corps, et l’âme se manifeste par la séparation et par l’union de ces deux dans l’éternité de l’Unique.

Dieu a choisi les choses viles du monde et les plus méprisées, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu.
Paul
Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus du même Père.
Paul

LIVRE X

Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens, ma colombe qui te tiens dans la fente du rocher.
Salomon
S’ils arrosaient d’un tel vin la terre d’un tombeau, le mort retrouverait son âme, et son corps serait revivifié.
Omar ibn al Fâridh

IVRE ET NUE

LA SAGESSE

1. Le commencement de la révolte est le rejet de tout ce qui blesse ; la fin, est l’acceptation de tout ce qui tue.

1’. L’abandon de soi, l’acceptation des remèdes et la pratique de l’amour divin délivrent l’homme des contraintes du monde.

2. L’ignorant brime la vie et construit dans la mort. Le sage sépare la mort et perfectionne la vie.

2’. Il vaut mieux tenter de sortir de notre prison plutôt que d’essayer de l’aménager et de nous y installer.

3. Ce qui paraît trop simple dissimule souvent une vérité sublime, et ce qui est compliqué cache presque toujours le mensonge et la mort.

3’. Quoi de plus léger que la lumière du soleil ? Cependant c’est elle qui donne le poids à toutes les choses du monde.

4. Aucune religion ne détient le monopole de Dieu, puisqu’il est unique et qu’elles sont diverses.

4’. Tout sert à celui qui a la volonté d’apprendre : la mort comme la vie.

5. Celui qui recherche Dieu n’a que lui-même à dépouiller et à connaître.

5’. La foi aveugle obtient de Dieu ce que la raison n’ose pas concevoir.

6. Celui qui a trouvé le bonheur peut seul en indiquer le chemin, mais peu l’écoutent, et personne ne le croit.

6’. Le détachement du monde et l’abandon en Dieu engendrent une délivrance rapide.

7. Toute science, toute religion et toute juridiction qui s’éloigne des lois naturelles et divines, est fausse et mène à la mort.

7’. Par la nature, on pénètre jusqu’à l’homme, et par l’homme, on arrive à Dieu.

8. Celui qui connaît et qui possède la lumière de la terre sainte, ne s’agite plus, n’étudie plus, ne parle plus ; il communique avec le ciel et enseigne le monde par son exemple.

8’. La paix est comme la fixation de la vie dans la pureté de la terre de Dieu. « Ô perfection rénovatrice des mondes, tu montes et tu descends sans effort. »

9. Les savants du monde masquent leur ignorance par des mots insensés et par des subtilités folles. Ils ne parviennent à rien de vrai ni de durable.

9’. Tout ce qui est ennuyeux et compliqué n’est pas de Dieu. Mais la bonne volonté utilise au mieux tout ce qui se présente sans discuter et sans juger témérairement la vie qui est encore voilée.

10. Personne n’est aussi attaché aux richesses et à la gloire apparente de ce monde que les mauvais pasteurs qui le mènent à la mort, par la haine, par le mensonge et par la cupidité.

10’. Honorons dans le tabernacle de notre cœur la mémoire de ceux qui nous conduisent vers Dieu, et bénissons-les dans le Parfait.

11. Celui qui a rejeté la mort et affermi sa vie en Dieu, lira le Livre en tremblant de surprise et en pleurant de joie.

11’. L’inaccessible se meut sous nos yeux, et repose dans nos mains. Qui le rendra visible ? Et qui lui donnera le poids de l’incarnation divine ?

12. L’intelligence tortueuse, les subtilités délirantes, la ruse, la malice et le rapt ne serviront ici à rien.

12’. Aucune main d’homme ne saurait forcer l’entrée du jardin de Dieu.

13. La modestie et l’amour sont la parure et la sauvegarde du sage.

13’. Qui admirera la partie la plus belle de soi-même ? Qui s’humiliera devant Dieu ?

14. Nous naissons maître ou esclave selon les dons de Dieu, mais les hommes faussent la justice divine par leur orgueilleux et cupide aveuglement. « Apprends-nous, Seigneur, notre propre désir, afin que nous ne soyons pas tentés de demander ce qui ne nous convient pas. »

14’. Nous pouvons railler les croyances, corrompre les églises, compliquer les lois, renverser les pouvoirs, violenter la nature et bouleverser les nations ; nous ne changerons ainsi rien aux ténèbres de nos cœurs où patiente la lumière du monde.

15. La vraie connaissance est actuelle et vivante, silencieuse et cachée.

15’. Le sage voit la nature dépouillée de ses voiles et contemple l’homme dans sa gloire céleste.

16. Celui qui promet est fêté. Celui qui donne est méprisé. Celui qui prend est admiré. Celui qui reçoit est humilié. Celui qui remet est délivré. Celui qui bénit est comblé. Celui qui trouve est aimé.

16’. Les sages ont parlé sans détours, mais les hommes ont bouché leurs oreilles. Les saints ont opéré devant tous, mais les foules ont détourné les yeux. Dieu consumera la pierre dans laquelle l’humanité a enseveli son cœur.

17. Celui qui aime bien n’est attaché à rien, parce qu’il aime en Dieu et non pas pour lui-même.

17’. La haine emprunte souvent le visage du devoir et se réclame de l’amour de l’humanité pour mieux séduire les hommes.

18. La médiocrité, la haine, l’orgueil, l’avarice et la malice sont des obstacles insurmontables à la grâce, à l’amour, à la connaissance, à la possession et au repos en Dieu.

18’. Devenons purs et transparents comme le cristal, et les rayons divins nous illumineront et nous féconderont pleinement.

19. Acceptons également le bon et le mauvais et laissons à la méditation du temps le soin de les séparer en nous, car les sages ont dit : « La patience est l’échelle des philosophes, et l’humilité est la porte de leur jardin secret ».

19’. Ne nous laissons pas entraîner par les jugements et par les passions aveugles du monde vulgaire. Consacrons plutôt notre temps et notre force à rechercher celui qui persiste à travers la douleur et la mort, dans la joie de la vie délivrée.

20. Il nous faut nécessairement tout abandonner, tout retrouver et tout remettre à Dieu pour être comme le Parfait qui, après s’être fractionné dans le nombre, se retrouve dans l’unité.

20’. Ceux qui se passionnent encore pour le monde après avoir connu le Livre, sont aveuglés ou faibles à l’extrême, cependant Dieu ne les abandonnera jamais complètement.

21. La ruse de l’ignorant, c’est expliquer l’inexplicable avec des mots insensés, jusqu’à ce que la confusion soit devenue telle que personne n’ose contredire, dans la crainte de paraître arriéré et stupide.

21’. Les méchants et les fous peuvent devenir saints et sages, en se tournant vers le Dieu qui sommeille dans leur cœur depuis le début de leur égarement. « Celui qui mange la vie héritera la vie. Celui qui mange la mort héritera la mort. »

22. Il est ridicule de parler de ce qu’on ne connaît pas, surtout avec des mots inconnus ou empruntés.

22’. Renonçons à être compris, encouragés ou admirés par le monde, car il n’y a que la réussite en Dieu qui compte vraiment.

23. Accepter ce qui vient et laisser aller ce qui part, c’est la sagesse au-delà du désir et de la renonciation.

23’. Fuyons le malheur, il nous poursuivra. Faisons-lui face, il s’effacera.

24. Les seules défenses efficaces dont nous disposons contre les tentations du monde, sont celles que nous édifions en nous-mêmes, et non pas celles que nous empruntons aux autres.

24’. Celui qui agit avec détachement n’est souillé par aucune action. Celui qui médite sans désir n’est terni par aucune pensée.

25. Le comble de la folie, c’est de spéculer sur l’avenir, regretter le passé et ignorer le présent qui repose en nous.

25’. L’homme intelligent repousse tout travail et toute agitation inutiles. Il concentre ses pensées en Dieu et le recherche en lui-même.

26. La femme douce et nette est une bénédiction odorante du Seigneur. La femme acariâtre et souillée est une malédiction puante de l’enfer.

26’. La vie et la mort se rient de notre stupide aveuglement qui ne sait ni séparer ni unir la merveilleuse lumière du Seigneur.

27. Celui qui sait maintenir sa vie dans la grâce, dans l’amour et dans la sagesse, plaint ceux qui parlent tant pour ne rien dire, ceux qui s’agitent tant pour ne rien faire, ceux qui étudient tant pour ne rien savoir et ceux qui travaillent tant pour ne rien posséder.

27’. Tous peuvent étudier le Livre, mais ceux qui n’entendent rien ou qui entendent peu, doivent aimer et croire simplement dans leur cœur, afin que la fidélité de l’amour contrebalance en eux les effets de l’ignorance.

28. Le saint demeure inconnu parmi les hommes déchaînés et cupides, comme Dieu reste caché aux yeux des orgueilleux et des brutes qui violentent tout.

28’. La nature grossière et butée de certains individus ne peut être amendée que par les coups répétés du malheur. Prions Dieu afin de n’être ni juges ni exécuteurs.

29. Ce qui ne peut être réalisé naturellement et surnaturellement est vain, parce que sans fondement et sans être.

29’. C’est par la grâce de la Mère que le Fils multiplie l’amour du Père.

30. Les faux prophètes abusent les ignorants, mais ils sont dénoncés par leurs œuvres qui n’aboutissent qu’à la confusion et à la mort.

30’. Celui qui est instruit se maintient dans la solitude, dans le dépouillement et dans la paix de l’Être parfait.

31. Les sages enseignent les hommes doués et perspicaces ; leur œuvre est reconnue par les illuminés du Seigneur.

31’. La sainte adoration méprise les vêtements, les postures, les rites et les langages conventionnels.

32. L’amour de Dieu et des hommes ne doit jamais aller jusqu’à la démence, qui est une destruction de soi et des autres.

32’. L’illumination est souvent expansive. La sagesse n’est jamais fanatique.

33. Notre recherche consiste à découvrir la vie, notre but est de nous fondre en elle et de la fixer en nous. Tout le reste est un rêve sans importance.

33’. La grâce et l’amour de Dieu délivrent de toute faute. La connaissance et la possession du Seigneur libèrent de toute servitude.

34. L’homme pur et parfait ne recevra pas plus de neuf femmes nettes et pas moins de trois.

34’. Un saint envoyé de Dieu justifie, équilibre et féconde tout un peuple de croyants unis par la grâce et par l’amour.

35. Depuis l’instant de la conception jusqu’au moment de l’enfantement, la vierge demeurera sous la garde du sage.

35’. Les changements du monde purgent la création ; le perfectionnement intérieur conduit au repos dans la paix éternelle.

36. L’or divin est le corps le plus accompli du monde. Qui saura le laver ? Et qui saura le cuire ?

36’. L’aide apportée à l’humanité est un baume répandu sur soi-même.

37. Celui qui connaît les deux faces de la création et qui invoque Dieu dans son cœur, commande aux mirages du monde, dans la veille, dans le rêve et dans la mort.

37’. Ceux qui ne comprennent rien s’écrient : « Personne ne sait rien qui vaille » et les voilà rassurés dans leur nuit.

38. Le fou ignore le sage, mais celui-ci connaît son égarement et peut le délivrer s’il en est prié saintement. « Ne mentons jamais pour flatter le monde, car de toute façon, le monde nous abandonnera finalement. »

38’. Le défaut apparent des êtres et des choses, trompe beaucoup d’hommes intelligents, et la beauté secrète du monde ne se manifeste qu’aux sages et aux saints.

39. La parole de Dieu engendre la joie, et sa possession procure le bonheur.

39’. L’union sainte nous fait échapper aux enchantements et aux désolations du monde.

40. Quand un croyant nous reprend, examinons premièrement s’il n’y a pas une petite part de vérité dans ce qu’il nous dit, et nous finirons par découvrir que l’image présentée est très en dessous de la réalité.

40’. Celui qui adore Dieu en pensée et en action, ne saurait pécher, car c’est le Seigneur qui parle et agit en lui. « Soyons entièrement nous-mêmes dans la liberté de l’Unique sans souci des contingences de notre prison terrestre. »

41. Il vaut mieux arriver en morceaux jusqu’à Dieu plutôt que demeurer entier dans la mort.

41’. Le destin de l’homme, c’est Dieu, et Dieu est comme l’unité de l’Être dans l’immensité de la vie.

42. Tout perfectionnement s’accomplit par la mort, par la résurrection et par la multiplication de l’Être.

42’. Le sage expérimente tout avec patience et avec détachement, jusqu’à ce qu’il ait découvert l’unique clarté et multiplié la semence divine.

43. Acceptons tout patiemment, usons de tout modestement, abandonnons tout sagement. Ainsi nous aurons tout et nous ne serons possédés par rien, nous goûterons au monde et nous ne serons pas empoisonnés, nous manierons le feu et nous ne serons pas consumés. N’enfonçons personne dans la mort par des reproches tardifs, ni par des exclusions vaines, ni par des condamnations hasardeuses. Offrons l’amour qui comprend tout, qui excuse tout, qui réconforte, qui éclaire et qui ramène sans contrainte dans la voie de la vérité de l’Unique. « Ne prenons jamais le ton d’un maître avec quiconque, afin de ne pas heurter la liberté de Dieu qui sommeille en chacun de nous. »

43’. L’humanité égarée ne sait plus se nourrir, ni se reposer, ni se reproduire. Elle a oublié la prière, la méditation et les jeux. Ses hommes ne connaissent plus la terre, leur peau a oublié le soleil, le vent et la pluie, et leurs yeux ne voient plus les étoiles. Leurs bouches ne goûtent plus aux herbes salutaires, leurs nez sont enfumés et leurs oreilles ne résonnent plus que du bruit de la mort. Ils ont perdu la simplicité et l’intelligence de leur nature première. Ils ont émoussé l’étonnement qui les portait jusqu’à Dieu, et la vision du monde qui les entoure ne les instruit plus. Ils sont devenus insensés et malheureux par leur orgueilleuse folie. Ils se déchirent et dépècent le monde avec l’obstination d’une folie aveugle.

44. L’ignorant détruit les créatures furieusement, il disperse et rassemble mille choses au hasard.

44’. La façon dont tout disparaît nous enseigne clairement comment le monde se renouvelle.

45. Le sage délie le monde doucement, il sépare et conjoint une seule chose selon la nature.

45’. L’homme instruit connaît l’essence générale de l’Univers et le germe particulier de chaque être.

46. Dieu est ce que nous possédons de plus clair et de plus caché en nous-mêmes.

46’. Connaissant et possédant l’eau et le feu dans la terre sainte, l’homme sage ne redoute rien et ne désire rien.

47. La multitude des lumières dispersées dans le ciel et dans la terre est comme une parcelle plus ou moins concentrée de la substance de la vie.

47’. Quand les soleils s’uniront, les mondes seront éclaboussés d’une lumière qui les aimantera jusqu’à Dieu.

48. Celui qui recule devant la terreur et la puanteur de la mort, demeure dans les ténèbres de l’ignorance.

48’. Vous monterez dans ma lumière et vous plongerez dans mes ténèbres jusqu’à ce que vous m’ayez retrouvé, dit le Seigneur Dieu.

49. Il faut rompre le noyau pour dégager la semence, et il faut consumer l’homme pour libérer sa lumière.

49’. Là où l’eau et le feu n’agissent pas, les hommes travaillent en vain.

50. Le plus grand don offert ou reçu est comme la plus grande épreuve de fidélité envers Dieu.

50’. Les soleils ajoutent à leur perfection en condensant la lumière éparse jusqu’à la fixité de leur être glorieux.

51. Dieu nous a donné la vie et la liberté, et nous nous sommes offert l’emprisonnement et la mort.

51’. Nous redeviendrons comme la lumière qui nous a donné naissance, et comme la lune et comme le soleil qui nous font croître et multiplier.

52. Si un homme faiblit après avoir approché Dieu, il retombe dans une mort encore plus opaque.

52’. Là où il n’y a pas mélange de choses contraires, la mort est impuissante.

53. L’homme saint et sage ne juge personne, il instruit par l’exemple, comme fait la nature du Seigneur.

53’. Le mystère de Dieu est tellement à découvert dans le monde que les sages sont muets d’étonnement et frappés de stupeur.

54. Nous retenons les fèces du monde et nous laissons échapper notre vie dans le temps, voilà la stupidité qui nous fait héritiers de la mort. Abandonnons le filtre plein d’ordures et sublimons patiemment notre vie en Dieu jusqu’à la perfection de la paix éternelle.

54’. Nous divisons par le feu de la terre. Nous épurons par l’eau moyenne. Nous unissons par le feu céleste. Nous multiplions par l’eau et par la terre saintes.

55. Celui qui travaille à unir les hommes met la main à la restitution de l’unité de l’être.

55’. C’est dans nos cœurs que repose la sagesse cachée du Seigneur.

56. Les doutes, les sarcasmes, les tentations et les persécutions du monde sont des obstacles difficiles à surmonter. Mais la foi, la prière, la grâce et l’amour viennent à bout de toutes les écorces ténébreuses.

56’. Le sage ne se détourne pas de la corruption du monde, il sépare ce qui est bon et le perfectionne en soi-même. Ainsi, le saint se sépare aussi du monde pour mieux atteindre Dieu.

57. Nous pouvons sans danger être riches en dons dans le monde, si nous demeurons pauvres en esprit devant Dieu.

57’. Il y a celui qui cherche, celui qui aime, celui qui connaît, mais celui qui possède est seul comme celui qui est.

58. Le dévouement envers les autres est la meilleure charité pour soi-même.

58’. La grâce est comme l’eau qui délivre, et l’amour est comme le feu qui unit.

59. Nous prierons efficacement dans le désir, dans l’imagination et dans l’amour ; et non pas avec les lèvres, avec les gestes et avec la peur.

59’. Dieu est comme l’eau qui rassemble les univers, et comme le feu qui les mûrit.

60. Ne pouvant plaire à tous, efforçons-nous au moins de ne pas contrarier le Père et la Mère qui nous ont engendrés au commencement et qui subsistent en nous mystérieusement. « Le sage médite sur la lumière du monde jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Ensuite, il médite sur son contenu jusqu’à ce qu’il l’ait manifesté. »

60’. Nous vous adorons, Eau, mère des eaux, car le feu vivant est dans votre centre, et vous êtes excellente sur toutes les autres lumières. Le soleil est votre production magnifique. Sainte Mère du feu, secourez-nous à présent et à l’heure du passage difficile. Qu’il soit fait ainsi !

61. Celui qui est comblé des biens apparents de ce monde, est connu et aimé de Dieu pour sa fidélité unique ; ou bien il est abandonné comme incurable et comme étant déjà mort.

61’. Dieu ne châtie personne, c’est notre alliance avec le mal et son extirpation qui nous font endurer tant de maux ici-bas.

62. Dieu comble ceux qui sont assez sages pour obéir aux lois de la création par amour pour lui, mais il ne dédaigne pas d’exaucer parfois ceux qui sont assez fous pour oser commander au monde en son NOM.

62’. Il nous faut prendre le baume avec le poison, puis les séparer l’un de l’autre pour avoir la vérité pure.

63. Les fils de Dieu rassemblent la vie du milieu même de la mort et la glorifient ici-bas.

63’. Celui qui modèle la lumière à sa voix et qui l’anime de son souffle, est comme Dieu.

64. Tous perdent leur temps et leur vie devant Dieu : croyants et impies, honnêtes gens et criminels, travailleurs et fainéants, intelligents et idiots, ascètes et débauchés, savants et ignorants, génies et médiocres, glorieux et ignorés, doués et maladroits, jeunes et vieux, riches et pauvres, civilisés et sauvages, tous ! excepté celui qui cherche follement son Seigneur ici-bas sans distraction et sans repos, excepté celui qui met la main au limon premier et qui fait l’œuvre de Dieu.

64’. Les savants et les intelligents seront ridiculisés devant Dieu et chassés loin de sa lumière ; seuls les simples et les croyants trouveront grâce devant lui. Quant aux sages et aux saints, leur cœur est depuis toujours avec le Seigneur de sagesse et d’amour. « Le Livre où Dieu a écrit son secret, c’est le ciel et la terre. Aussi, l’homme saint et sage étudie la science du Seigneur dans la paix du jardin d’Éden. »

65. Nous ne changerons pas la nature des êtres et des choses par nos petits travaux et, si nous la contenons un moment, elle surgira ensuite plus forte que jamais. Mais Dieu est tout-puissant, car il change même les ténèbres en lumière de vie.

65’. Oh ! qui nous donnera la foi absurde et la persévérance folle ? Oh ! qui nous apprendra la simplicité dérisoire et l’humilité toute nue ? Oh ! qui fera briller devant nous la sainte lumière de Dieu afin que nous devenions comme l’or du Parfait ?

À celui qui vaincra, je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu.
Jean
C’est moi l’origine, la dissolution, le lieu, le dépôt, la semence, l’inaltérable. C’est moi le berceau et le sépulcre de tout le monde… C’est la science des sciences, le secret des rois, la lustration suprême.
Krishna

LIVRE XI

Tu es une terre qui n’a pas été purifiée, qui n’a pas été lavée par la pluie.
Ézéchiel
Ce livre a été composé par Isis pour son frère Osiris, afin de faire revivre son âme, de ranimer son corps et de rendre la vigueur et la jeunesse à tous ses membres divins, afin qu’il soit finalement réuni au Soleil, son père.
Sahu

RIVE TÉNUE

TERRE VIVANTE

1. L’homme le plus fou peut devenir sage si Dieu l’éclaire, mais le sage ne saurait devenir insensé, parce que c’est le Seigneur qui le soutient.

1’. Il vaut mieux paraître idiot en louant Dieu que passer pour intelligent en niant l’évidence de la vie.

2. Le travail qui convient aux ignorants et qui les maintient dans l’obéissance et dans l’ordre, ne saurait s’appliquer aux hommes instruits et maîtres d’eux-mêmes.

2’. Si nous ne trouvons pas Dieu pendant notre veille, nous ne le posséderons pas davantage durant notre sommeil.

3. Les subtilités intellectuelles sont piètres choses eu égard à la connaissance du monde total.

3’. Jetons notre science au feu, et elle nous produira enfin quelque chose de bon, comme la simplicité des cendres.

4. Le sage et le fou ne doutent pas, cependant l’un possède et l’autre est possédé.

4’. Abandonnons toute vaine malice, et Dieu paraîtra nu devant nos yeux éblouis.

5. La vie en Dieu est d’abord douceur, allégresse et libération, ensuite elle se perd dans la contemplation de l’Être sans analyse possible.

5’. Celui qui atteint Dieu en esprit et en corps est comme la quintessence du ciel et de la terre.

6. La grande révolte, c’est chercher Dieu sans arrêt. La vraie réussite, c’est l’atteindre sans retour.

6’. Dans le lieu caché, le joyau lumineux vit actuellement. « En faisant le bien, le mal disparaît de lui-même. En combattant le mal, on risque fort de s’y enliser encore plus. »

7. Celui qui s’imagine mal faire ou bien faire selon les hommes, pèche par ignorance. Celui qui est instruit dispose les choses et laisse à Dieu le soin d’accomplir son œuvre.

7’. Il n’y a pas de loi pour celui qui habite la loi, car il est déjà la loi et l’amour avec l’Unique. « Que les ignorants n’expliquent rien, et la vie ne sera plus divisée. »

8. La joie de Dieu est dans l’union des sages et dans la prière des saints, comme elle est dans l’inspiration des artistes, dans les jeux des enfants et dans les chants de toute la nature.

8’. Celui qui est véridique est rapidement délivré du monde des médiocres, car la lumière se sépare par elle-même des ténèbres qui l’environnent.

9. Le Livre est poussière et cendre comparé à la vivante réalité de Dieu. Cependant, il donne le moyen de reconnaître la source du ciel et de la terre.

9’. La connaissance libère le sage, et la foi sauve le saint ; mais c’est l’amour qui les unit en Dieu.

10. La morale des hommes sages ne viole pas les lois naturelles.

10’. Ce sont nos mains qui préparent la terre, mais c’est la bénédiction du Seigneur qui lui fait produire son fruit.

11. Ce qui flatte la brute peut torturer le saint, et ce qui plaît au sage peut répugner au vulgaire.

11’. J’oublierai ceux qui ne se sont pas souvenus de moi, dit l’Unique.

12. Une vie de travail, de plaisir, de repos, de souffrance, de résignation ou de révolte ne vaut pas une minute consacrée à chercher Dieu en soi-même.

12’. Celui qui franchira la barrière du feu liquide, atteindra la vraie connaissance de l’amour.

13. La résignation est comme le renoncement à Dieu, car elle nous maintient dans la crasse qui nous sépare de lui.

13’. Remettons tout à Dieu, et nous posséderons le monde sans dommage.

14. Le bonheur est là où il n’y a ni séparation, ni changement, ni mort.

14’. Comment pourrait-il y avoir un repos pour le sage tant qu’une portion de l’Être demeure exilée dans la mort ?

15. Celui qui sait où mène la mort a bien rempli sa vie.

15’. Dieu offre la lumière et ne reçoit qu’elle.

16. Le bon médecin aide la nature, et le sage patiente avec tous les hommes.

16’. Il faut se servir de la fin de tout pour connaître le commencement de tout.

17. Aucune croyance ne saurait être rendue obligatoire. Dieu hait les persécuteurs et les médiocres.

17’. Si vous rencontrez Dieu, ne le criez pas sur les toits et surtout n’essayez de convaincre personne.

18. Le sage et le fou ignorent la peur, cependant l’un domine la mort, et l’autre en est l’aliment.

18’. C’est l’absurde qui délivre des prisons de l’esprit.

19. Quand on voudra faire de vous des héros, vous ne serez pas loin de devenir des morts.

19’. Détache avant qu’on arrache.

20. Le malheur sauve ceux que la routine entraînait vers la mort.

20’. C’est l’excès de l’amour qui nous ramène à Dieu, jamais la médiocrité satisfaite d’elle-même.

21. Le sommeil, la prière, l’amour, le travail et la drogue font oublier le malheur pour un temps ; mais seule la connaissance de Dieu nous en délivre pour toujours.

21’. Tout ce que l’homme a entraîné dans sa chute sera réhabilité avec lui, et la création revivra apaisée dans le sein de l’Unique Splendeur.

22. Reprendre un insensé, c’est l’enfoncer dans sa folie et se faire un ennemi gratuitement.

22’. Ne frappons que par compassion et seulement pour instruire quand le Seigneur l’exige formellement.

23. Discuter avec un inférieur c’est tomber à son rang et perdre toute chance d’être entendu.

23’. Le vivant va aux morts pour les sauver, mais ceux-ci essaient stupidement de le tuer, car ils ne reconnaissent pas la lumière qui habite l’Univers.

24. Celui qui a vraiment raison n’entreprend jamais de le prouver, car il sait que le malheur même n’est pas entendu.

24’. La sainteté, c’est la confiance en Dieu, c’est la générosité envers tous, c’est l’abondance en tout, c’est la joie pour soi.

25. La ronce et le méchant s’écartent avec le bâton ; celui qui y met la main s’empêtre et se déchire inutilement.

25’. La sagesse dernière est comme l’innocence première, avec cette seule différence que l’une se connaît et que l’autre s’ignore.

26. C’est la connaissance première et dernière qui fait l’enseignement de tous les livres saints. « Ô trésor inestimable foulé aux pieds par les hommes ignorants ! »

26’. Que les croyants qui aiment le Livre prient dans leurs cœurs et disent : « Que celui qui nous a parlé de ta grâce, de ton amour et de ta science, soit ivre de toi à jamais, ô Seigneur ! »

27. Peu d’hommes se perfectionnent dans la paix, car beaucoup s’y ennuient et s’y amollissent ; et peu sont enseignés par le malheur, parce que presque tous s’y raidissent ou s’y désespèrent.

27’. Nous jouons avec tout ce que nous croyons être, mais nous ne conserverons que ce qui est véritablement. « L’incombustible pureté. »

28. Qui libérera son âme de la terre étrangère ? Et qui fera descendre le Seigneur dans la terre sainte ?

28’. Quand la forme disparaît, la substance de l’eau émerge du chaos et manifeste l’essence du feu divin.

29. C’est par la folie de l’amour que nous approchons Dieu, et c’est par la raison du monde que nous nous en éloignons.

29’. Observons le spectacle du monde jusqu’à rire ou à pleurer, mais n’y participons jamais sérieusement, sous peine de nous perdre dans sa nuit.

30. Dieu vit et se meut au-delà de toute raison humaine.

30’. La plus petite expérience de Dieu vaut mieux que toutes les théologies du monde.

31. Si nous voulons parvenir jusqu’au Père et recevoir l’héritage promis, il nous faut premièrement ne plus être orphelins dans les ténèbres de la mort, et secondement nous fixer dans la Mère sainte où l’amour nous mûrira.

31’. Le propre de l’amour, c’est la confiance et le don illimité de soi-même dans la liberté de l’Être. Mais quand paraît la moindre contrainte, disparaissent aussitôt l’amour et la liberté.

32. Le mal n’a pas d’existence intrinsèque, il apparaît comme le ralentisseur de toute parcelle de vie qui s’éloigne de la source du bien éternel qui est l’Être Dieu.

32’. Correction pour les autres, injustice pour soi-même ; tel paraît le malheur pour les ignorants.

33. Les soleils meurent et renaissent dans l’eau et dans la terre nourricières.

33’. Ce qui a été désuni par le feu ne peut être réuni que par lui.

34. Ne nous engageons pour personne. Dieu seul peut assumer un tel fardeau, car il sait délivrer des rets de la mort.

34’. La malice nous a perdu, la simplicité nous sauvera, et nous habiterons à nouveau le jardin de délices.

35. Trop de liberté mène l’ignorant à l’esclavage de la mort.

35’. Si quelque chose nous ennuie, examinons si cela est utile aux autres ou à nous-mêmes.

36. Celui qui est sorti de la mort connaît seul la valeur du repos dans la vie retrouvée.

36’. Ô splendeur, ô vie, ô noyau, c’est toi que nous adorons, ô Éternel des éternités !

37. Ne violons pas les limites que Dieu nous a fixées, afin de ne pas nous enfoncer dans une mort plus opaque.

37’. Soyons devant Dieu comme un cadavre dans les mains de l’embaumeur qui prépare la résurrection.

38. La fin de notre révolte sera la fin de notre agitation. Le malheur nous lassera un jour, et nous nous souviendrons de Dieu, et nous retournerons à lui.

38’. Les sages de ce monde s’humilieront devant le simple qui possède Dieu et sa lumière.

39. Dieu sourit à la révolte des hommes, car il sait qu’ils reviendront plus sages et plus aimants après leur migration dans les ténèbres de la mort.

39’. Celui qui connaît et qui possède la vérité, ne se fatigue pas à avoir raison contre quiconque.

40. Nous pouvons nous perdre éternellement si l’absurde ne nous arrête pas sur le chemin de l’égarement et si l’amour ne nous ramène pas à notre origine sainte.

40’. Pour certains, Dieu est une sublime réalité. Pour d’autres, il semble être une folie incroyable. « Les intelligents ont repoussé le Livre, et les savants du monde n’y ont rien compris. »

41. Dieu ne punit personne, le malheur est seulement l’effet de notre éloignement de la source première.

41’. La vérité resplendit éternellement, mais son vêtement terrestre est obscur.

42. Celui qui remet tous ses dons à Dieu rejoint la simplicité divine, qui est comme l’humilité parfaite.

42’. Quand nous donnerons et quand nous recevrons sans souci, nous serons près de Dieu.

43. Le malheur est illusoire par rapport à l’Être, cependant c’est lui qui ramène l’homme à sa source.

43’. Les lois de Dieu et celles de la nature oppriment ceux qui les violent, et délivrent ceux qui les observent.

44. Le savant connaît beaucoup de choses, mais n’en possède aucune. Le sage n’en possède qu’une seule et connaît toutes les autres.

44’. C’est en montant et en descendant que nous découvrirons le mouvement et le repos de Dieu.

45. Ne prenons parti pour rien ni pour personne ; cherchons Dieu qui est plus urgent que tout le monde ensemble.

45’. Le sage agit gratuitement parce qu’il sait que tout est en Dieu.

46. L’homme prend conscience dans la séparation, dans l’absence et dans le retour.

46’. Nous demeurons unis en Dieu, mais nous sommes plusieurs dans le monde, selon les lieux et selon les temps.

47. C’est Dieu qui commande, et c’est la déité qui exécute. C’est l’homme qui ensemence, et c’est la femme qui accouche.

47’. Comme l’eau a servi à former toutes choses, ainsi toutes choses redeviendront comme l’eau.

48. En détruisant les êtres et les choses, nous ne trouverons jamais Dieu, mais nous nous fractionnerons et nous nous enfoncerons davantage dans la mort.

48’. Les enfants de l’Unique imitent l’œuvre du Père et vivent déjà en paix dans le monde présent.

49. Les dialectiques habiles n’égarent pas les connaisseurs, car la lumière sainte oriente toutes leurs pensées vers l’Unique.

49’. C’est l’œuvre qui provoque les discussions, et non pas celles-ci qui engendrent celle-là.

50. Notre foi est comme le parfum et comme le souvenir de l’invisible mer du monde, où repose le Parfait.

50’. Le sage et le saint ne se lassent pas d’admirer et de louer la création de Dieu.

51. L’amour de Dieu est comme le souvenir intense de notre liberté et de notre unité première dans la pureté du ciel.

51’. La réalisation du souhait est fonction de la précision de l’image conçue, de la puissance de projection du désir et de la régularité patiente de la prière.

52. La lumière de nos cœurs crie vers Dieu à travers les ténèbres du corps qui l’emprisonnent, et le Père délivre l’égarée, et le Fils paraît dans la splendeur de l’union.

52’. Il y a une grande beauté et une grande vertu dans l’œuvre du Seigneur ; c’est pour cela qu’il travaille toujours par-dessus et ne la rejette pas.

53. L’ignorant méconnaît l’instruction ancienne et brouille la vérité présente.

53’. Il y a de l’intelligence à reconnaître l’origine du malheur qui nous couche jusqu’à terre.

54. Quand on ne peut amender l’arbre stérile, le feu le rend aux cendres nourricières et à l’eau fécondante.

54’. La seule perfection est ascension, descension et repos.

55. Personne ne viendra à bout de celui qui dit non, si ce n’est l’absurdité de ce non devenue évidente dans la mort.

55’. La sainteté est comme une malédiction pour ceux qui l’ont vue, qui l’ont entendue et qui ne l’ont pas reconnue.

56. J’ai admiré la patience lumineuse de la vie et j’ai loué celui qui la mûrit jusqu’au repos de Dieu.

56’. L’intelligence de l’eau et la mémoire de la terre forment le corps-esprit de l’Univers, mais c’est l’amour du feu qui lui confère l’âme vivante.

57. Appliquons-nous à devenir immenses, afin de recevoir Dieu dans sa totalité.

57’. Il n’y a rien à comprendre là où tout doit être senti.

58. La connaissance vraie implique la possession, l’absorption et la transmutation.

58’. C’est la nature divine qui nous console, qui nous guérit, qui nous instruit et qui nous sauve.

59. Celui qui a tout laissé venir et qui a tout laissé partir peut se tourner utilement vers Dieu, car il est déjà en lui.

59’. La bénédiction de Dieu coulera sur celui qui est nu, et la grâce du dedans et celle du dehors ne feront qu’une seule eau.

60. Les amis de Dieu sont puissants, mais ils paraissent comme des vers. Ils possèdent toutes choses, et on les traite en misérables. Ils habitent avec la sagesse, et le monde les croit fous. Ils débordent d’amour, et ils paraissent durs.

60’. L’expression la plus accomplie de l’amour est la générosité et la patience envers tous les êtres de la création. À l’exemple du Seigneur que nous mangeons et qui nous mange, le sage montre la lumière de vie aux êtres égarés dans la mort.

61. La meilleure pensée, la plus belle action, sont celles qui nous rapprochent le plus de la gratuité divine.

61’. L’acceptation, le détachement et l’oubli de soi sont la perfection de l’amour en Dieu.

62. L’amour de Dieu est le commencement du savoir, et sa possession est la fin de la science.

62’. Le premier devoir, c’est faire paraître Dieu en soi ; le second, c’est contribuer à le manifester dans les autres.

63. La timidité est presque toujours un orgueil qui ne dit pas son nom. Qui mendiera sa vie au TrèsHaut ?

63’. Celui qui s’est délivré de la volonté de bien faire et de la peur de mal faire, est près de la liberté de Dieu.

64. Celui qui se contient est un sage, mais celui qui se brime est un fou.

64’. Le saint qui veut aller à Dieu doit se libérer des liens du péché et de ceux de la vertu.

65. Tous les maîtres ont été traités d’orgueilleux par ceux qui ne pouvaient les suivre, mais ils sourient sans répondre, car ils savent qu’ils se sont oubliés en Dieu pour toujours.

65’. Observons les morts de ce monde pour comprendre à quel rêve insensé ressemble leur ignorance de Dieu.

66. C’est la grâce qui délivre, c’est l’amour qui rassemble, c’est la connaissance qui perfectionne et c’est l’union qui fait reposer.

66’. La sagesse n’a pas commencé et ne finira jamais. En elle se manifeste l’amour en unité.

67. Quand la bouche s’agite, écoutons les paroles du cœur et nous connaîtrons la vérité sur ceux qui nous entretiennent.

67’. Le faible qui dit oui et qui n’agit jamais, amasse le mépris des hommes et se sépare de Dieu, car la planche pourrie n’est bonne ni à l’eau ni au feu.

68. Les obligations du monde semblent bien peu urgentes à celui qui cherche Dieu.

68’. Celui qui est instruit demande à Dieu. Celui qui ne l’est pas demande aux hommes.

69. Peu d’hommes ont été favorisés ici-bas par la connaissance possessive, car peu de saints parmi les meilleurs sont capables d’acquérir la puissance divine sans dommage pour eux-mêmes et pour les autres.

69’. Être possédé de Dieu, c’est être saint. Posséder Dieu, c’est être sage. Mais pénétrer Dieu, c’est être insensé et c’est devenir comme Dieu qui est le sens premier et dernier.

70. Quand nous atteindrons Dieu, n’omettons pas de tout lui remettre, sinon nous le perdrions aussitôt.

70’. Notre amour et notre connaissance se fondront dans l’union divine, et le repos vivant sera notre récompense éternelle.

71. Le langage peut changer, l’esprit du Livre ne vieillira pas, car il enseigne le commencement et la fin de la création apparente et cachée.

71’. Le Livre est pour le plus subtil et pour le plus épais, car il participe du ciel et de la terre. Chacun y puisera selon sa capacité.

72. Vaincre le monde en le combattant ou en le fuyant, telle est l’alternative apparente qui s’offre à tous, si nous voulons éviter les écrasements, les déchirements et l’enlisement. Cependant le sage connaît une troisième solution qui délivre de tout mal, de toute servitude et de toute ignorance, car c’est elle qui sépare patiemment en nous la vie de la mort.

72’. La perfection de l’Un manifesté émane de l’union du joyau d’or et du lotus lumineux, issus par la puissance du souffle divin du chaos ténébreux et caché. « Le dernier-né est l’enfant chéri du Père et de la Mère, et le frère bien-aimé des grandes âmes. »

Insensé, ce que tu sèmes ne reprend pas vie si d’abord il ne meurt… Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel.
Paul
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire le miracle d’une seule chose.
Hermès Trismégiste

LIVRE XII

C’est une source fermée, une fontaine scellée.
Salomon
Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera, et mon voile jamais aucun mortel ne l’a encore soulevé. Le fruit que j’ai engendré a été le Soleil.
Isis

NUIT RÊVÉE

LA SOURCE

1. C’est la connaissance parfaite qui nous démontre notre ignorance absolue. « Celui qui préjuge du choix de Dieu, se retranche de l’amour de son Seigneur. »

1’. C’est par la pure gratuité de nos pensées et de nos actes, que nous acquerrons et que nous conserverons la paix du cœur.

2. Notre gloire, c’est laisser Dieu opérer en nous sans entrave. « L’intellect est l’épée flamboyante et tournoyante qui nous défend l’entrée du jardin d’Éden. »

2’. L’amour saint est comme un va-et-vient qui relie entre elles et à leur source divine, les créatures égarées dans la mort.

3. L’arbre de vie est planté au centre du jardin de paradis, mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal pousse à cheval sur le mur de clôture.

3’. Le sage médite sur le rien d’où est sorti le tout. Il est gardien de la sagesse issue du ciel et de la terre.

4. L’homme est le terme moyen de l’Univers gradué et l’expression de son plus grand mystère.

4’. C’est dans la lumière céleste que demeure la vie du monde, mais elle agit aussi quelquefois dans l’ombre terrestre.

5. L’homme a été fait de la meilleure partie du ciel et de la terre, et s’il était nettoyé de sa crasse, on le verrait resplendir comme les étoiles, comme la lune et comme le soleil.

5’. Le Livre enseigne à sortir de la mort et à reposer dans la vie, mais combien parmi les croyants se passionnent pour ce mystère ?

6. La contrainte est une chose totalement étrangère à Dieu et au sage, car ils habitent la liberté où il n’y a ni obscurité ni mort.

6’. Les médiocres croupiront dans la mort, jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent dans l’abandon de la grâce et dans la générosité de l’amour.

7. Commandons une fois à notre agitation et nous jouirons de la vie, au milieu même de la mort du monde.

7’. Conservons le détachement et l’allégresse de la sainteté, et tout nous deviendra aisé et simple.

8. Le sage est comme la pierre précieuse cachée sous sa gangue.

8’. Que notre vertu secrète soit l’union avec Dieu.

9. Ceux en qui ne se trouvent ni bassesse ni médiocrité, sont repoussés et maintenus à l’écart par le monde, qui les renvoie ainsi à Dieu sans le savoir.

9’. Soyons riches au point de ne plus rien posséder. Soyons aimants jusqu’à pouvoir tout donner. Soyons fidèles jusqu’à lasser les ténèbres.

10. L’accommodation au monde est comme l’oubli de Dieu.

10’. La désunion et l’union font paraître l’impassible.

11. Nous souffrirons dans les mondes pendant des temps immenses, nous jouerons dans la mère durant des éternités, mais nous reposerons seulement en Dieu pour toujours.

11’. L’amour commença avec la première séparation. Il reposera avec la dernière réintégration, dans la connaissance possessive et unitive du Seigneur des mondes.

12. Il y a un état plus haut que toute prière, qui est l’absence, la présence et l’union. Ce degré appartient aux maîtres.

12’. Le cœur de l’homme est comme une pierre qui scelle l’entrée du trésor de Dieu.

13. Quand nous éprouverons une grande fatigue pour l’agonie de ce monde, nous serons prêts à vivre en Dieu.

13’. Dissous dans l’eau de la grâce et dans le feu de l’amour, il manifeste la lumière sainte où tous se meuvent, et où quelques-uns reposent.

14. Celui qui s’est oublié en Dieu demeure indifférent aux promesses et aux menaces de ce monde.

14’. La grande purification, c’est aimer, contempler, connaître, posséder et reposer.

15. La sagesse du sage est comme une ignorance qui se connaît et qui se tait.

15’. Le silence permet de tout entendre et de tout dire, sans exciter l’incrédulité ou la colère des médiocres.

16. Lorsque nous aurons tout obtenu dans l’esprit, dans le cœur et dans les mains, nous comprendrons qu’il n’y a de désirable que le repos dans le centre du centre.

16’. Celui qui ne rugit pas dans son cœur et qui ne verse pas les larmes du désespoir au milieu de la mort de ce monde, ne peut être instruit de Dieu.

17. Considérons l’instabilité du monde présent et tournons-nous vers Dieu, avant que le changement ait brisé nos volontés et nos attachements particuliers.

17’. Triples fous qui croyez pouvoir vous organiser définitivement dans la boue mouvante du monde ; la grande marée va effacer vos ouvrages et vous ramener à l’humilité nue.

18. Sans les leçons du malheur et sans les échecs de ce monde, combien d’hommes seraient pour toujours enfoncés dans la mort ?

18’. Il nous faut vivre en esprit de plus en plus, sous peine de demeurer esclaves sur la terre étrangère pendant l’éternité.

19. Nous honorerons Dieu en faisant connaître le Livre à ceux qui cherchent une issue à leurs peines.

19’. Rien n’est plus urgent que la recherche de Dieu, et rien n’est plus vain que la dispute humaine.

20. Le Livre est puissant comme le feu et conciliant comme l’eau, subtil comme l’air et fidèle comme la terre.

20’. Dieu ne parle qu’à Dieu et n’est entendu que par Dieu.

21. Les médiocres pensent avoir peur de la mort, mais c’est la vie qu’ils redoutent par-dessus tout en réalité.

21’. Offrons chaque jour une louange à l’Unique, afin que sa joie demeure avec nous.

22. L’art de guérir est noble, car il préfigure l’art de la régénération, qui est saint.

22’. Il est plus avantageux d’être sauvé par un simple rempli d’expérience, plutôt que d’être tué par un savant bourré de science.

23. Aucune joie ni aucune douleur de ce monde ne sauraient nous faire oublier l’agonie de la terre.

23’. La clairvoyance envers soi-même est la forme la plus accomplie du courage.

24. Nul ne peut changer la nature, mais quelques-uns savent la purifier et la mûrir pleinement.

24’. Dieu est partout, mais il n’est trouvé que par ceux qui le cherchent dans les limbes du monde.

25. Considérons la paix intérieure et demeurons le plus possible absents de ce monde.

25’. La sagesse est comme l’union avec le centre vivant, éternel et libre.

26. Dieu fait mouvoir les mondes en attirant ce qui est lumineux et en repoussant ce qui est obscur.

26’. Le soleil féconde la vie qui monte et qui descend. Il est comme le centre de chaque monde, soit infiniment grand, soit infiniment petit.

27. Un peu de poussière ternit une masse d’or, et un petit défaut masque quelquefois une grande sainteté.

27’. Peu d’hommes goûtent les belles choses du monde, et moins encore admirent celles qui sont sages.

28. Il n’y a qu’un malheur véritable ici-bas, c’est ignorer Dieu et son repos. « Ô Père mystérieux et caché ! » « Ô Mère lumineuse et vivante ! » « Ô Fils rayonnant et parfait ! »

28’. Profitons du plus petit répit que nous accorde le monde pour converser avec celui qui est toujours attentif au-dedans de nous-mêmes.

29. Celui qui croit parvenir jusqu’à Dieu sans connaître l’homme et la nature, est plus ignorant qu’un ver de terre.

29’. Tout ce qui tombe du ciel s’accumule dans nos âmes jusqu’à ce que la lumière nous délivre de la mort.

30. La médiocrité, c’est ne pas donner et ne pas recevoir librement ; c’est ne pas aimer et ne pas augmenter ; c’est n’avoir ni générosité ni don ; c’est haïr la grandeur, la beauté, le génie, la sainteté et la pureté ; c’est être séparé de la grâce et privé de l’amour ; c’est penser et agir bassement ; c’est être faible et lâche dans toutes les circonstances de la vie cachée ; c’est opprimer le dedans et être écrasé par le dehors.

30’. Démasque-toi, dépouille-toi, et la Mère t’apparaîtra sans voile ; mais prends garde que nul n’ajoute ou ne retranche sous peine de troubler la vérité qui t’éclaire et qui t’anime. « Si nous pouvions voir le monde à découvert, nous serions pétrifiés par la surprise et écrasés par la honte de notre exil volontaire, car Dieu est la conscience de la vie, et la vie est le corps de Dieu. »

31. On peut être médiocre, on ne saurait s’en glorifier.

31’. Tout ce que nous accomplissons avec amour est exempt de l’ennui.

32. Pas de repos sans connaissance. Pas de connaissance sans amour. Pas d’amour sans la grâce. Pas de grâce sans abandon.

32’. Celui qui féconde se tient dans le soleil. Celle qui nourrit demeure dans la terre. Celle qui délivre se meut dans le ciel. Celui qui unifie repose dans le cœur.

33. La lumière première fut tirée du chaos par Dieu et quintessenciée en Adam. Celui-ci ne fit que remélanger cette lumière sublime avec les ténèbres extérieures du non-être ; par curiosité, présomption, vanité et désobéissance.

33’. L’union de l’eau et de la terre fait paraître la pureté du vêtement lumineux du Seigneur, et le feu manifeste la vertu secrète du trésor de Dieu.

34. Le nouvel Adam, vrai fils de Dieu qui est venu, qui vient et qui viendra, sépare à nouveau la lumière des ténèbres par humilité, amour et obéissance à la loi de l’Unique.

34’. C’est la femme et l’homme intérieurs qu’il nous faut faire émerger du chaos, par le secours divin de la grâce ouvrante et de l’amour fécondant.

35. La première révolte exila l’homme sur la terre étrangère. La seconde le porte à s’y organiser confortablement. La troisième le fait renoncer à ce monde et le ramène vers Dieu.

35’. La mortification qui prépare à la vie nouvelle s’accomplit dans les ténèbres de la foi et dans la vacuité de l’être.

36. La volonté particulière de l’homme ne fait qu’accentuer toujours plus la faillite de sa révolte contre Dieu.

36’. Dieu ne nous demande pas de plaire, il nous demande d’être simples et vrais.

37. Celui qui a expérimenté l’humiliation et la tristesse de la mort extérieure, apprécie comme il faut la joie de la vie retrouvée et la gloire du Seigneur reconnu.

37’. C’est l’abandon, la grâce et l’amour qui délivrent des prisons de la mort et qui nous font accéder aux demeures du ciel ; mais c’est la connaissance possessive qui nous fixe dans le centre secret.

38. Il appartient à chacun de nous de susciter Dieu en soi avec sa foi particulière, soit patiente, soit douce, soit hardie, soit volontaire, ou même violente ; mais toujours animée du feu de l’amour.

38’. Le saint qui prie pour connaître son Seigneur se garde bien d’imaginer le lieu, le moment et l’ordonnance de la rencontre, afin de ne pas faire obstacle à l’union mystérieuse de l’Unique.

39. Dieu peut demeurer sourd à toutes sortes de prières, mais il ne saurait résister longtemps à la générosité de l’amour.

39’. L’intention profonde détermine les moyens de l’accomplissement, soit au bien, soit au mal.

40. La science des hommes a mis le monde à feu et à sang. Que serait-ce si la science de Dieu tombait dans les mains des méchants ?

40’. L’intelligence sans l’amour est comme un engrenage sans huile qui, malgré sa perfection, finit par grincer insupportablement.

41. Même le sage, qui connaît la pérennité du support du monde, pleure quelquefois comme un petit enfant devant la douleur des séparations.

41’. La vérité possède mille habits, mais elle n’a qu’un seul corps, qu’un seul esprit et qu’une seule âme en l’Un.

41’’. Ainsi, si le Livre nous était pesé au poids de notre or, s’il nous était compté au nombre de nos jours et s’il nous était mesuré à la quantité de notre sang, ce serait encore peu de chose eu égard au don du Seigneur.

42. N’attendons pas d’être hébétés par le malheur pour nous tourner vers Dieu.

42’. Quand une tentation devient trop violente, offrons-la à Dieu qui rend tout supportable.

43. Les vanités du monde ne sont ici d’aucune utilité, car il ne s’agit pas d’être surchargé de mémoire ou gonflé d’importance, mais plutôt d’être simple et nu comme au dernier jour de la création et comme au premier jour de notre naissance.

43’. Nous rejoindrons le trésor de Dieu et nous demeurerons dans sa splendeur et dans sa paix, pour toujours. « Il n’y a que l’eau sainte qui puisse nous laver de la crasse ténébreuse et nous faire revivre dans la lumière du Seigneur. »

44. Les médiocres au pouvoir abattent un peuple plus certainement que ne sauraient faire tous ses ennemis coalisés. « Le Seigneur s’obscurcit dans la coque, mais il demeure lumineux dans le centre secret de sa création. »

44’. Celui qui est au sommet de l’amour et de la connaissance, est comme un vase rempli du nectar des dieux où tous les êtres s’abreuvent ; mais celui qui demeure à mi-chemin du savoir, est comme une cruche pleine de cendres qui ne sert à personne.

45. Là où la tentation n’existe pas, il n’y a ni combat, ni défaite, ni victoire, mais plutôt repos pour les élus, stagnation pour les médiocres et mort pour les rebelles.

45’. Utilisons modestement les biens de ce monde afin de ne pas nous priver du nécessaire, d’une part ; et afin de ne pas être exclus de la surabondance de Dieu, d’autre part.

46. C’est tout de suite qu’il nous faut Dieu et son royaume, afin d’échapper au vertige de l’abîme ouvert dans ce monde.

46’. Dieu est plus proche de l’homme que d’aucun autre corps terrestre, excepté le sel de la terre.

47. Dépouillons ceux qui nous recommandent la misère et assommons ceux qui nous prêchent la résignation, pour voir s’ils disent vrai.

47’. C’est l’identification avec Dieu qui donne la toute-puissance et la gratuité parfaites.

48. Soutenons ceux qui cherchent l’Unique, afin qu’étant parvenus à la vie, ils nous aident à gravir l’échelle de la création.

48’. Celui qui possède la lumière dans sa pureté première, est coadjuteur de Dieu.

49. Mon Nom est comme un point d’or dans le tabernacle des ancêtres. Qui le fera briller sur la terre ? dit le Seigneur. Et qui le fera resplendir dans le ciel ? demande l’Unique.

49’. Celui qui n’a pas la patience de l’eau, la constance de la terre, la subtilité de l’air et la pureté du feu, qui séparent et qui unissent, n’entrera pas dans la gloire du Seigneur.

50. Il y a une chose que Dieu ne saurait faire : c’est se détruire.

50’. Matière. Matrice. Matras. Mater. Patrie. Partie. Pâtre. Pater.

51. Celui qui ne peut atteindre Dieu dans l’extase, tente de s’en approcher par l’ivresse vulgaire, car chacun essaie à sa façon de trouver le repos de l’Unique.

51’. C’est dans l’apparente folie de Dieu que subsiste la raison profonde de l’Univers, comme l’étincelle du feu demeure cachée dans la pierre brute.

52. Le propre du saint est de se prêter aux hommes et de se donner à Dieu.

52’. L’étude de la création ne saurait se passer de l’amour du créateur.

53. Faites à autrui ce que vous désirez qu’on vous fasse, et la rosée du soleil fera refleurir toute la terre des hommes.

53’. Il n’y a que la pureté de l’enfance, celle de la sainteté et celle de l’amour qui puissent approcher Dieu.

54. Les sages renonceront à leur sagesse pour s’unir à Dieu, et les saints oublieront leur sainteté pour rejoindre l’unique clarté.

54’. Ce monde est comme une maison de fous, et nous n’en sortirons qu’en devenant plus fous que les plus fous, c’est-à-dire sages en Dieu.

55. Le passé est comme le temps de la folie. Le présent est comme le temps de l’ignorance. Le futur est comme le temps de l’illusion. Seule la vie en Dieu est comme la sagesse éternelle.

55’. Attachons-nous à Dieu dès le temps présent, afin que lorsque le malheur arrivera, il passe sur nous comme l’eau glisse sur les plumes du canard. « Ô vérité brillante qui efface toute souillure de mort ! » vit.

56. Nous devons nous reconnaître dans tous ceux qui souffrent et qui manquent de secours, et leur offrir l’eau nécessaire à la purification et le feu indispensable à l’union.

56’. Le fou tue et disperse ce qui Le sage vivifie et concentre ce qui semble mort. « Une seule substance, une seule essence. Une seule nourriture, un seul breuvage. »

57. Tout ce qui nous ennuie est précisément ce qui nous est inutile pour l’instant ; c’est pourquoi chacun va vers ce qui l’attire le plus, afin d’expérimenter le monde avec le meilleur profit.

57’. Il vaut mieux bégayer le Nom de Dieu dans notre cœur plutôt que le nommer savamment par les lèvres des autres.

58. Le travail est une chaîne et un boulet imposés à l’orgueil et à la révolte de l’homme déchu. La douleur est un mors et une bride passés au mensonge et à la désobéissance de la femme infidèle.

58’. Il faut être fou pour s’enorgueillir d’une plaie et dément pour l’entretenir dans l’espoir d’obtenir un soulagement, car il n’y a que le médicament du ciel et de la terre qui délivre de tout mal et de toute mort.

59. Il vaut mieux devenir inconscient dans la vérité que demeurer conscient dans le mensonge.

59’. La voie tortueuse est fatigante, et la voie droite si aisée. « La sagesse ne violente rien, cependant elle découvre toute chose. »

60. L’orgueilleux ne doit ni se plaindre, ni pleurer, ni maudire, puisqu’il a choisi de vivre seul au milieu des ténèbres de la mort.

60’. L’air pur et les herbes amères font le sang propre. Le détachement et l’oubli de soi font l’âme nette.

61. C’est la faculté d’expansion, de don et d’amour qui nous fait un avec Dieu.

61’. L’anarchie de l’amour prépare la voie du Seigneur.

62. L’orgueil considère le dehors. L’humilité regarde en soi. La sagesse fixe Dieu.

62’. Sans l’épreuve, personne ne se connaît ni ne se possède vraiment.

63. Prions pour devenir simples et souples à l’extrême, afin de posséder la joie qui ne finit jamais.

63’. Notre sauvegarde réside dans la générosité envers tous les êtres et envers nous-mêmes.

64. Il vaut mieux dissiper dans la charité, plutôt qu’économiser pour la destruction.

64’. Commençons par donner, afin de recevoir sans pécher.

65. Tout ce qui vient de l’homme est humain, même ce qui semble inhumain.

65’. Ne nous raidissons devant rien et nous ne serons brisés par rien.

66. Toute la création est précieuse devant Dieu, car son changement fait paraître le sel de la vie.

66’. L’homme ne subsiste que par ses échanges avec Dieu à travers la création.

67. Prions d’abord avec humilité et avec persévérance dans les ténèbres de la foi. Ensuite, nous louerons avec abandon et avec reconnaissance dans la lumière de l’amour. Enfin, nous adorerons avec dépassement et avec intégration dans l’unité de la connaissance.

67’. Celui qui est révolté par la faiblesse et par l’égarement des hommes, doit s’efforcer à la sainteté, afin d’effacer en lui ce qui lui déplaît tant chez les autres. « Quand notre rêve sera comme notre veille et quand notre veille sera comme l’absence du monde et comme la présence de Dieu, l’unité sera réalisée en nous. »

68. La puissance de l’homme réside dans la générosité de la justice. Celle de la femme est dans la grâce de la vertu.

68’. Celui qui observe les commandements de son cœur, peut ignorer ceux des hommes vulgaires, car il les dépasse déjà tous dans l’amour de Dieu.

69. Celui qui a bouclé le cercle de la création, sait qu’il n’existe rien en dehors de l’essence première et dernière, où repose le germe des créations merveilleuses de l’éternité.

69’. L’équilibre des contraires s’établit dans l’accomplissement de l’amour parfait et dans le repos de la connaissance ultime. « Nous mangerons le soleil glorieux et nous serons vivants à jamais. »

70. La violence peut terrasser le monde pour un temps, elle ne saurait convaincre personne.

70’. Quand nous craindrons pour nos vies comme nous craignons pour celle d’une fourmi, nous serons près d’être instruits.

71. La création est comme un délire dont le générateur conserve le contrôle de justesse.

71’. En joignant le ciel et la terre, nous obtiendrons la gloire de Dieu.

72. Être absent n’est pas s’enivrer grossièrement : c’est demeurer vide de désirs afin que Dieu puisse nous visiter librement.

72’. LA GRÂCE qui ouvre.

73. Accepter n’est pas se coucher et attendre : c’est bien faire ce qu’on doit, et ne pas considérer le résultat.

73’. L’AMOUR qui fait germer.

74. Être détaché n’est pas devenir insensible à la création : c’est tout laisser venir, et tout laisser aller sans contrainte.

74’. LA PURETÉ qui éclaire.

75. S’oublier n’est pas se retrancher du monde et de l’humanité : c’est se fondre en eux jusqu’à pouvoir tout aimer, et ne rien juger.

75’. LE SAVOIR qui unit.

76. Reposer n’est pas demeurer dans la mort : c’est vivre en Dieu, et ne pas s’immiscer dans la marche du monde ni dans les affaires des hommes.

76’. LA PAIX qui équilibre.

77. Après s’être perdu en Dieu, la plus grande joie consiste à s’y retrouver. « Qui se présentera pur et entier devant le Seigneur afin d’être fait un avec l’Unique ? »

77’. LA GRATUITÉ qui perpétue.

Il y a trois solutions possibles pour les hommes ici-bas :


Compter uniquement sur soi, comme font les ignorants égarés dans la nuit du monde.


Compter sur soi et sur Dieu, comme font les croyants qui ont entendu parler de la lumière du commencement.


Compter sur Dieu seulement, comme font les sages et les saints qui connaissent ou qui approchent l’origine et la fin de toute chose.

Confie-toi de tout ton cœur en Dieu et ne t’appuie pas sur ta propre intelligence.
Salomon
Pour recevoir le royaume, l’unique moyen est de ne rien faire pour cela. Tant que l’on agit pour y parvenir, on ne peut gagner le royaume.
Lao t’seu

LIVRE XIII

Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme ! Béni soit l’homme qui se confie en Dieu !
Jérémie
N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, éprouvez toutes choses et retenez ce qui est bon.
Paul

VUE… ET RIEN

LE MILIEU

1. Celui qui parle au-dehors demeure dans l’ignorance. Celui qui se tait au-dedans habite avec la sagesse.

1’. N’abandonne pas ton Dieu, et lui ne te quittera pas, et vous serez en un toujours.

2. L’identification avec Dieu engendre la puissance et la liberté parfaites.

2’. L’illumination transfigure celui qui devient vide après avoir cherché longtemps.

3. Le conquérant des trois mondes reposera pour toujours dans la mer translucide du commencement des commencements.

3’. J’ai fait une absence de ma prière et une hébétude de ma louange. Ah ! quand saurai-je faire une mort de mon amour afin d’être rétabli dans ta vie impérissable ?

4. C’est la pacification de tout l’être qui mène à la vision intérieure et à l’union divine.

4’. Pleurons d’être si pleins du monde et si vides de l’Unique.

5. C’est la contemplation de l’unité première et dernière qui engendre l’union et la paix véritables.

5’. Nous sommes tous en Dieu, mais peu le savent et quelques-uns à peine l’expérimentent dans ce monde.

6. Espérons sa présence nuit et jour, sans jamais nous lasser, car lorsque nous serons mûrs, nous tomberons de nous-mêmes dans ses bras.

6’. Toutes nos pensées et tous nos actes sont ineptes ou menteurs. Le sage le sait, le saint le croit, le poète le soupçonne quelquefois.

7. Si nous aimons vraiment Dieu, rejetons tout ce qui n’est pas lui, afin qu’il se manifeste en nous sans entrave. Oublions sectes et sectaires, sciences et savants, lois et juristes, patries et politiques, esclaves et maîtres, et ne servons que notre paix intérieure en prenant seulement conseil de notre conscience profonde.

7’. C’est dans la foi et dans la patience que la Mère est trouvée, et elle agit aussitôt. C’est elle qui délivre et qui guérit. L’eau du ciel fait germer la terre, mais tous demeurent sourds et aveugles devant le miracle de Dieu, car ils se croient plus intelligents et plus savants que le créateur des mondes innombrables.

8. Laissons aller et venir la vie, car elle est mouvement et changement ; celui qui l’habite ne varie pas.

8’. Celui qui s’endurcit dans le combat, comment fera-t-il ensuite pour être pénétré par l’amour ?

9. Ne soyons pas trop scrupuleux sur ce qui nous vient, afin de ne pas l’être trop non plus sur ce qui nous quitte.

9’. Un voleur qui donne est plus près de Dieu qu’un juste qui conserve ce qu’il a reçu.

10. Nul ignorant ne saurait blasphémer le Nom de Dieu, puisque personne ne le connaît sauf celui qui vit déjà l’éternité.

10’. Il n’y a rien de tragique dans le monde, excepté l’idée que nous nous faisons des choses du monde.

11. Méditons Dieu et sa lumière en sortant de la nuit, et pensons-y en y entrant afin que le lien ne soit pas rompu entre nous et lui.

11’. Aimons sans autre espoir que l’amour, que la connaissance et que le repos dans la paix du Parfait.

12. Il joue à nous faire peur dans le monde, mais quand nous nous éveillons en lui, il rit avec nous de nos visions délirantes.

12’. C’est le dédoublement infini de l’Unique qui fait la création, et c’est la réunion des parties qui fait le repos.

13. Abandonnons nos droits et nos possessions et nous serons délivrés de nos devoirs et de nos charges.

13’. Celui qui dit : « Dieu n’existe pas » affirme la réalité de la création.

14. Laissons Dieu parler et agir à notre place et ne nous occupons pas du résultat.

14’. Interrogeons le Seigneur en toute circonstance et nous connaîtrons la vérité sur tout.

15. Ne nous confions en rien ni en personne, sauf en Dieu, et nous ne serons déchirés par rien ni par personne, car le Seigneur est seul à ne pas décevoir ceux qui se donnent à lui.

15’. Ne nous questionnons pas, interrogeons-le plutôt. Ainsi nous ne nous encombrerons pas de ce qui nous fait envie, mais nous accomplirons ce qui nous est utile.

16. Enseigne-nous les prières vigoureuses comme les ruts de l’amour. — Procure-nous les élans qui porteront nos âmes au-delà de l’abîme. — Chante-nous le NOM qui force les portes de la mort. — Nourris-nous de l’essence que charrie l’or vivant. — Offre-nous le soleil rédempteur de nos vies égarées.

16’. Quand notre raison, notre volonté et notre intelligence seront annihilées par la longueur et par la violence de notre quête, l’innocence, la grâce et l’amour nous livreront alors le secret tant recherché de l’Unique Splendeur. « Ô pauvre idiot, il suffit de te taire et de ne plus t’agiter pour que le Parfait t’anime à nouveau dans ta perfection première. »

17. La pire fainéantise, c’est désespérer de Dieu et de soi-même.

17’. Prospectons notre cœur et nous serons éclairés par notre propre lumière.

18. Nous aurons beau croire, beau voir et même toucher, si nous ne possédons pas la Mère éternelle et le Père divin, nous n’atteindrons jamais le Fils saint.

18’. La vertu du lion maîtrisé l’emporte sur la douceur naturelle de l’agneau, et ces deux réunis engendrent la perfection du Seigneur ultime.

19. L’aimantation de l’amour se communique à ceux qui sont assez purs pour lui livrer passage. Ainsi d’aimantés, ils deviennent aimants à leur tour, et la chaîne de la réintégration qui se forme dans le monde se fond en Dieu.

19’. Notre curiosité du Seigneur est une grâce ignorée, mais notre amour pour lui est une bénédiction confirmée. La porte et la clé. « Ô sainte lumière qui brille dans la grotte mystérieuse d’Adam ! »

20. L’aventure extraordinaire n’est pas d’accomplir des actions périlleuses dans des pays étranges. C’est plutôt rechercher la Mère et le Père divins cachés derrière la banalité apparente des choses de ce monde.

20’. Il y a peu de croyants dans le monde qui sont réellement dégoûtés par la lèpre qui les couvre et qui les empoisonne toujours plus. Tout ce qu’on pensera et tout ce qu’on dira d’eux n’ajoutera et ne retranchera rien à ce qu’ils sont réellement.

21. Quand le monde jugera notre patience comme une stupidité, notre foi comme une idiotie et notre amour comme une folie, nous serons proches de la perfection.

21’. Notre révolte contre le monde correspond à la condamnation de notre propre égarement, mais peu savent cela.

22. Nous apprendrons que nous sommes prêts pour la quête divine quand nous serons las de nous fuir, las de nous passionner, las de nous mentir, las de nous égarer, las de nous révolter, las de nous distraire, de nous agiter et de nous disperser dans le monde. Alors nous ne considérerons plus la place que nous occupons ici-bas, mais plutôt le vide ou la plénitude de nos cœurs, qui importe seulement. Alors la foi sera en nous comme la surabondance des puissances de la vie divine qui déborde nos limites étroites sous la poussée irrésistible de l’amour.

22’. Bâtis ta maison, cultive ton jardin, tisse ton vêtement, couds ta chaussure, coupe ton bois, fais ton pain, enterre le mort, arrose la terre, accouche la femme, élève l’enfant. Mets la main une fois à cela et médite le commencement et la fin du monde moyen, afin de connaître le début du monde inférieur qui s’unit à la perfection du monde supérieur. Ainsi tu te souviendras d’où tu viens, tu comprendras où tu es et tu sauras où tu vas, et la délivrance de la paix habitera en toi pour toujours.

23. Peu d’hommes se rendent dignes du don de Dieu qui est la liberté de l’être dans la vie éternelle ; c’est pourquoi tant de créatures se débattent ou languissent dans les entraves de la mort. Faisons donc de notre vie une perpétuelle action de grâce, et sachons que tout ce que nous imaginons et que nous nommons avec foi et amour, est réalisé dans le ciel et sera bientôt manifesté sur la terre.

23’. Il faut nécessairement que les malins, les orgueilleux et les violents expérimentent l’absurdité de leurs systèmes. Malheureusement, cela se fait d’abord sur le dos des innocents avant de se retourner contre eux. Cessons donc d’être si intelligents dans le monde afin de devenir toujours plus simples en Dieu. « La pire tromperie, c’est avoir les mains propres et le cœur sale. »

24. Chacun de nous doit supporter jusqu’au bout sans récriminer la charge qu’il a choisie en s’enfonçant dans les ténèbres du dehors. Car c’est la germination solitaire qui trie le bon grain et qui prépare la moisson fructueuse.

24’. Quand nous nous sentons tentés au-delà de nos forces, ou de notre intelligence, ou de notre amour, prions en nous-mêmes pour que le révolté se soumette et revienne à Dieu comme un fils prodigue recueilli et introduit par l’amour maternel.

25. En haïssant et en condamnant ceux qui sont égarés, nous les enfonçons dans l’erreur. En les aimant sans les juger, nous les aidons à sortir du chaos de la mort.

25’. Exerçons-nous à pratiquer les vertus opposées aux vices qui nous répugnent tant chez les autres. Ainsi le mal visible servira à nous ramener au bien caché.

26. Même ceux qui savent qu’on flotte sur la mer sans bouger, n’osent pas se lancer nus en Dieu.

26’. Briser premièrement les barrières du dedans afin de devenir un en soi, et secondement briser celles du dehors afin d’être fait un dans la totalité de l’Être.

27. Agissons gratuitement le plus souvent possible afin de ne pas nous laisser prendre aux pièges de l’apparence des nombres et des comptes.

27’. Essayons d’acquérir le détachement des formes temporelles afin d’atteindre la connaissance du dedans, qui nous fera jouir pleinement de la vie cachée.

28. La crasse extrinsèque et la substance intrinsèque de l’Univers sont incréées, infinies et contiennent celui qui ne peut être nommé que par le silence. Mais les formes émanées du centre secret sont créées, finies et temporelles dans le monde mixte.

28’. Toutes les vagues de la création passent et s’effacent, mais la mer du grand monde et celui qui l’anime subsistent éternellement. « Le comble du repos aboutit à l’acte créateur, le comble du mouvement mène au repos régénérateur. »

29. Ne nous émouvons de rien, mais soyons attentifs à tout ce qui survient au monde et à nous-mêmes, afin d’apprendre à distinguer la réalité divine des apparences de la création mélangée.

29’. Prions Dieu en nous-mêmes afin de reconnaître le moyen qui permet de découvrir la substance cachée sous la croûte de la terre étrangère.

30. Si nous ne rencontrons pas le maître, devenons le maître en libérant notre Dieu au-dedans et au-dehors de nous-mêmes.

30’. Conversons uniquement avec notre âme, elle nous apprendra tout ce que nous désirons connaître.

31. Le saint amour se rit des systèmes, des méthodes, des logiques, des complications, et même de la mort ; car il enjambe du même pas folie et raison, ténèbres et lumière pour se fixer dans la paix de l’Unique.

31’. L’aimée se soumet au désir de l’amant, et l’amant accomplit le désir de l’aimée. Ainsi manifestent-ils l’unité de l’amour parfait.

32. N’accusons personne des difficultés qui surviennent, ne serait-ce que pour ne pas les augmenter inutilement. Demeurons le plus possible dans le repos et dans le silence de Dieu jusqu’à ne faire qu’un avec l’Un ; ainsi nous commanderons aisément aux êtres et aux choses du monde total sans rien violenter. Le sage et le saint sont seuls véritablement dégoûtés par la crasse de l’immonde ; le premier la sépare et la rejette ici-bas, le second patiente avec elle jusqu’au temps du jugement général.

32’. Notre lumière se sépare elle-même des ténèbres qui l’emprisonnent. Il suffit que nous n’y mettions pas obstacle par notre agitation dans le monde et par notre volonté particulière, qui s’opposent à la décantation secrète du chaos de l’abîme ; car la sagesse est comme notre union intime avec l’essence et avec la substance premières, qui forment le support indestructible de la création changeante. « Il y a une chair sur le noyau, mais il y a une chair bien plus précieuse dans le noyau, et dans cette chair précieuse il y a aussi un autre noyau très secret et très saint. »

33. Quand nous saurons demeurer absents de nous-mêmes au point que Dieu puisse nous emplir entièrement, tout nous sera possible sans effort et sans peine.

33’. Quand nous aurons pacifié et clarifié le dedans, le dehors nous obéira de même et nous paraîtra aussi lucide.

34. Considérons en nous-mêmes et en chacun des êtres l’image ensevelie du Seigneur afin d’aimer tout selon la réalité de la vie, au lieu de haïr selon les apparences de la mort.

34’. Par leur louange intime, les saints produisent une harmonie qui réjouit toute la création, mais par leur opération secrète, les sages concourent à la réintégration de l’Univers en Dieu.

35. Mille petites simplifications sur mille petits ennuis font une vie toute remplie de lumière.

35’. L’amour envers tous les êtres engendre la clairvoyance et la paix pour soi-même.

36. La véritable perspicacité, c’est déceler Dieu sous son vêtement de lumière après avoir découvert la vie sous son enveloppe de ténèbres.

36’. Quand nous croirons l’avoir vu, nous n’aurons aperçu que l’ombre de son habit, et quand nous penserons l’avoir touché, nous n’aurons effleuré que la poussière de ses pas.

37. Nous obtiendrons du Seigneur tout ce que nous lui demanderons. Faisons donc bien attention à ce que nous choisissons afin de ne pas demeurer ridiculement au-dessous du don de Dieu.

37’. Celui qui pénètre la connaissance risque la mort, la folie ou l’aveuglement, mais s’il ressort indemne protégé par l’amour, Dieu l’établit dans son éternité et dans sa royauté.

38. L’ignorance est comme la force au-dehors et comme la faiblesse au-dedans. La sainteté est comme la faiblesse au-dehors et comme la force au-dedans. La sagesse est comme la force au-dedans et au-dehors, et quelquefois aussi comme la faiblesse au-dehors et au-dedans ; c’est-à-dire comme Dieu dans la sainte ignorance de l’amour, qui se garde ou qui se perd à son gré. « Ô mystère du choix et du don de l’Unique ! »

38’. Celui qui lira jusqu’au bout le Livre des contraires et qui saura les unir dans le NOM unique, double, quadruple et octuple, paraîtra sage aux sages, saint aux saints et fou aux fous. Ainsi beaucoup ont discouru magnifiquement sur Dieu, sur ses attributs et sur sa création, mais combien ont entrevu le bout de sa robe et combien ont baisé la trace de ses pas ? Mais combien donc alors ont contemplé la splendeur de son corps, et combien, ô stupeur, ont goûté les délices de son cœur ?

39. Quand nous verrons notre ennemi abattu et demandant du secours, précipitons-nous pour l’aider ; car c’est l’occasion unique qui s’offre à nous pour en faire un ami. En attendant, prions en nous-mêmes pour sa conversion, ainsi il nous laissera vite en paix.

39’. La malédiction de Dieu est comme l’ignorance ou comme le renvoi de sa bénédiction. Ainsi ce n’est jamais lui qui condamne, mais c’est nous qui demeurons stupidement et orgueilleusement ensevelis dans la solitude de la mort.

40. Quand nous aurons tout séparé, tout classé, tout étiqueté et tout empaillé, il nous faudra finalement tout réunir et tout unifier dans la vie, sous peine de rester scellés dans la lettre et dans le nombre de la mort.

40’. Celui qui peut joindre à la pénétration de l’esprit l’élan du cœur et la pureté de la vie, ne connaîtra ni le doute, ni le désespoir, ni la mort ; car Dieu l’abreuvera à la source des vivants.

41. Dans ce monde tout n’est que vêtements qui nous isolent et possessions qui nous enchaînent. C’est pour cela qu’il nous faut devenir nus et pauvres, afin de pénétrer sans obstacles dans le sein de la Mère éternelle, où repose le vivant secret de l’Unique.

41’. Nous possédons tous la même lumière, mais elle est plus ou moins voilée et ralentie selon l’épaisseur des écorces ténébreuses qui nous séparent de l’aimant premier. Mais la vie incarnée décante et éclaire l’homme attentif et reposé.

42. L’amour le plus direct et le plus dénudé donne la paix. La nourriture la plus simple et la mieux préparée donne la santé. La connaissance la plus humble et la plus unifiée donne la richesse.

42’. Abstenons-nous de rêver le monde dans le monde et par le monde si nous voulons palper la vérité de l’Unique. « Il n’y a pas de vide universel. Il n’y a qu’un plein total, mais c’est un plein translucide qui fait croire au vide. »

43. Si chacun se simplifiait sans attendre que le voisin commence, toute l’humanité serait vite resplendissante de beauté et de sainteté.

43’. Méditer, c’est cuire doucement le corps et l’esprit jusqu’à la glorification de l’âme.

44. Celui qui s’ouvre entièrement à l’amour n’est plus sujet à l’enseignement de l’absurde.

44’. Ceux qui savent séparer mais qui n’ont pas appris à conjoindre, ne reposeront jamais dans l’unité de l’essence cachée.

45. Toutes les choses créées servent de véhicules pour remonter à la source ou pour s’en éloigner. Abandonnons-les de bonne grâce à chaque étape du voyage divin.

45’. C’est seulement dans la solitude, au milieu du malheur et à l’heure de la mort, que nous mesurerons l’assurance de notre foi et la pureté de notre amour en Dieu.

46. L’intelligence des nourritures corporelles et celle des nourritures spirituelles, c’est non seulement bien choisir ce qui nous convient, mais c’est aussi rejeter ce qui ne nous convient pas, afin de conserver uniquement en nous ce baume qui entretient et qui perfectionne le corps et l’esprit, jusqu’à la glorification de l’âme dans le Seigneur merveilleux.

46’. C’est la douce et longue méditation qui rend toutes choses fixes et parfaites, car elle sépare au commencement pour mieux conjoindre à la fin. C’est donc en devenant simples et nus que nous verrons Un en tout, et Tout en Un. La bonne volonté en Dieu utilise au mieux tout ce qui se présente, mais ne désire rien. Elle est comme l’attention très soutenue au milieu de la quiétude la plus parfaite.

46’’. « Les élus monteront habiter le soleil de vie. Les réprouvés descendront habiter la pierre morte. » Ceci n’est pas une fable.

47. La paix du sage est comme l’unification des trois mondes ; c’est une réintégration particulière de la création, c’est le repos des formes dans le centre de l’essence pacifiée, et non pas leur destruction.

47’. Si nous sommes dérangés par le monde, c’est parce que nous ne sommes plus en Dieu. Rien ne saurait en effet brimer celui qui baigne dans la lumière du commencement et de la fin des temps.

48. Ceux qui par l’amour et par la connaissance enseignent la voie du retour à l’Unique, sont sages parmi les saints, mais ceux qui pénètrent le secret du Seigneur par le silence de l’adoration, sont saints parmi les sages. Ainsi les biens de la terre par les affaires terrestres, les biens du ciel par le commerce céleste, mais Dieu par Dieu seulement.

48’. Les mots du Livre ne sont rien, c’est la lumière palpable de l’Unique qui est tout. Quand nous la posséderons dans notre tête, dans notre cœur et dans nos mains, nous n’aurons plus besoin ni de l’enseignement, ni de la consolation, ni du travail, ni des soins de quiconque, car c’est le Seigneur en personne qui sera en nous et qui nous fera vivre en lui.

49. Il y a l’Être, il y a l’acte, il y a le repos, et il y a tous ceux qui essaient d’expliquer l’un ou l’autre parce qu’ils ne sont pas en cette unité qui se suffit à elle-même.

49’. C’est le verbe qui diversifie la substance première, et c’est le silence qui l’unifie à nouveau. Ainsi l’art qui donne la forme à la matière est une noble fonction de l’homme parce qu’elle le rapproche de son créateur.

50. Dans la création, tout n’est que prêts et que restitutions. Ainsi après avoir remis nos corps à la terre et nos esprits au ciel, il nous faudra finalement remettre aussi nos âmes à Dieu, qui réunira tout pour la pureté ou pour l’immondice, au jour du jugement.

50’. C’est Dieu qui crée et qui anime les formes, et c’est la nature qui les entretient et qui les multiplie jusqu’au temps du retour à leur source initiale.

51. Tous les mystères sont contenus dans la sueur de la terre et dans la rosée du ciel.

51’. L’oiseau divin fait son nid dans la poussière de la terre des hommes.

52. Seul le sage ne se déguise ni au-dehors, ni au-dedans, car il sait que le manteau de l’ombre protège naturellement la lumière du Seigneur.

52’. La naissance du monde est comme l’expansion de l’Unique. La fin de la création sera comme le repos de l’UN.

53. C’est le feu divin qui manifeste la lumière sainte et c’est lui qui propulse les formes dans la vie ; et quand quelque chose s’égare dans la mort, c’est encore lui qui l’en délivre.

53’. Les œuvres des hommes sont devenues une tentation formidable pour ceux qui ne s’aperçoivent pas qu’elles ne recèlent que la mort.

54. Chaque prêtre, chaque chef, chaque juge, chaque législateur doivent expérimenter la condition humaine des plus humbles pour connaître les besoins de chacun, afin de maintenir vivants l’amour, la justice et la paix parmi les enfants des hommes.

54’. Au commencement, notre curiosité indiscrète nous a coûté la liberté du ciel ; à présent, notre science extérieure pourrait bien nous ôter ce qui nous reste de vie dans ce monde. « Le Seigneur réserve ses dons les plus grands pour ceux de ses enfants qui subissent les revers du monde en riant. »

55. La folie de la sagesse et de la sainteté, c’est ne plus prendre au sérieux les mirages du monde ; c’est accepter les crachats et dire merci parce qu’ils lavent, et recevoir les coups avec reconnaissance parce qu’ils ouvrent ; c’est avoir le respect de la boue et clouter ses sandales avec l’or ; c’est sourire de l’absurde et apprendre aux autres à en pleurer. C’est pressentir au-delà de toute raison la liberté parfaite et le repos absolu dans le sein lumineux de l’Unique.

55’. Supporter les injustices, les injures et les brimades personnelles n’empêche pas de relever celles faites aux faibles et aux saints. « Le tentateur et le tenté se réuniront un jour dans le tentant, comme l’amant et l’aimée subsisteront finalement dans l’Amen. » « Nous n’entendons que l’écho de ta voix, nous n’apercevons que le reflet de ta clarté, et nous voilà tout abasourdis, tout aveuglés et sans force devant ta grandeur. »

56. C’est notre Dieu qu’il faut libérer au-dedans, et non pas celui des autres qu’il faut prier au-dehors. « Le centre du centre. »

56’. Apprenons à bien faire avec notre cœur, ensuite avec notre esprit, enfin avec nos mains ; et demeurons silencieux et en repos jusqu’au temps de l’union.

57. Remercions et louons Dieu en toutes circonstances, ainsi il nous délivrera des maux de l’immonde et il nous comblera des biens célestes et terrestres. La chose est certaine.

57’. Quand quelque chose nous contrarie ici-bas, recherchons si notre désir est encore en Dieu. Ainsi nous reprendrons la bonne route au lieu de nous débattre inutilement dans les marécages de la mort.

58. Il ne faut jamais perdre de vue la pérennité de l’essence de la création, afin de ne pas être égaré par les formes montantes et descendantes du monde transitoire.

58’. Celui qui pacifiera et qui décantera la mer intérieure, reposera pour toujours dans la paix de la lumière du Seigneur. « En corrigeant l’aigreur des humeurs, on corrige aussi l’aigreur de l’esprit. »

59. C’est la vie mélangée au non- être du dehors qui est souffrance, car la substance pure des commencements demeure jouissance éternelle en soi.

59’. Ce qui n’est pas est ce qui ne peut se transformer en soi-même, par soi-même, pour soi-même. Néant, ténèbres et mort extérieure.

60. Le plus infime abandon de notre volonté particulière est comme le premier gage de notre couronnement céleste.

60’. Ne nous agitons au sujet de rien, car la mort même ne saurait plus alors nous calmer.

Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera.
Jésus
Tous suivent leur propre chemin, chacun selon son profit, du premier jusqu’au dernier.
Isaïe

LIVRE XIV

Né avec un corps composé, vous êtes soumis à la loi de la dissolution.
Lie t’seu
La dissolution est inhérente à toutes les formations ; travaillez sans relâche à votre délivrance.
Bouddha

ENIVRE TUE

LA PRÉSENCE

1. Quand nous serons instruits par le Seigneur, notre crasse nous fera horreur et celle des autres nous causera de l’épouvante. Alors nous prierons pour que notre tache soit effacée et pour que le fardeau de tous soit allégé.

1’. Quand nous connaîtrons que nous sommes aveugles, sourds et stupides, la crainte de Dieu ne sera plus pour nous une énigme. Et quand nous verrons sa lumière, l’amour du Seigneur nous illuminera et nous vivifiera pour toujours.

2. Nous observerons les commandements de Dieu et nous réjouirons par nos dons secrets le cœur des pauvres et des malheureux.

2’. « Le grain semé meurt et renaît à la vie, mais nul ne s’étonne et personne n’admire le miracle de Dieu. »

3. « Ne jamais désespérer de Dieu et de soi », telle est la loi du salut. Nous devons donc persévérer, faire confiance au Seigneur et agir selon sa loi, car c’est l’acte de foi du semeur et l’acte d’amour du ciel et de la terre qui nous sauvent de la mort. Mais combien pénétreront ce mystère, et combien l’accompliront avant l’heure du jugement ?

3’. Le Livre est de Dieu et il retournera à Dieu, et nous, qui sommes de la terre, nous retournerons aussi à la terre, et nul ne pourra rejoindre le Seigneur sans avoir été lavé par sa bénédiction et sans avoir été réanimé par son Esprit Saint, car c’est là le jugement tant espéré par les uns et tant redouté par les autres.

4. C’est par la lecture et par la méditation des livres saints que nous entretenons et que nous développons en nous le feu sacré du Seigneur.

4’. Celui qui lit le Livre aux siens réveille la vie dans leurs cœurs et les fait germer devant Dieu. Rien n’en sera perdu, car les croyants seront confirmés et les railleurs seront éprouvés.

5. Qui se chargera du Livre et qui le présentera aux croyants ? La bénédiction de Dieu coule sur ceux-là. « Nous chercherons au-dehors, puis nous chercherons au-dedans. »

5’. Ce n’est pas un devoir d’aller à Dieu, c’est le plus grand des plaisirs. « Nous manifesterons au-dehors, mais nous garderons au-dedans. »

6. La persévérance dans la pratique des lois divines et naturelles procure l’immunité et mène à la liberté de la vie pure et sainte.

6’. Le Seigneur enverra ses ondées sur la semence qu’il a cachée en terre. Il la fera germer certainement.

7. Faire la queue aux spectacles de la folie, croupir devant les guichets de la famine, se bousculer aux portillons de la mort, s’épuiser au service des machines, végéter dans des trous sans lumière et sans air, écouter, lire, respirer, boire et manger la mort, voilà ce que les hommes appellent à présent « vivre librement ».

7’. Plus l’homme s’éloigne de Dieu, plus il lui faut travailler et craindre, entasser et manquer, souffrir et douter, s’agiter et se détruire. Insensé qui prétend vivre sans l’aide du Seigneur, il perd son eau comme un os qui se dessèche, et nulle main d’homme ne le délivrera du désert et de l’ombre de la mort où il agonise.

8. Le Seigneur a ensemencé et nous avons produit le Livre pour tous les hommes de dessus la terre, pour tous ceux qui sont et pour tous ceux qui viennent, de toutes races et de toutes nations. Pour tous ceux qui ont de l’intelligence et qui ont mis leur foi dans la toute-puissance de Dieu.

8’. La sagesse de Dieu est voilée par une obscurité et par un chaos sans nom, mais elle brille quelquefois comme une lumière très pure. La sagesse de l’homme est comme un crépuscule et comme une aurore qui gravite entre ces deux pôles.

9. Et nous n’avons réclamé de salaire à quiconque ici-bas, car le don du vivant d’éternité sera notre lot prodigieux et réel.

9’. Souvenons-nous que le culte des saints ancêtres complète le culte de Dieu, qui est le vivant d’éternité. « Adorons le soleil de vie et ne méprisons pas les cendres des ancêtres. »

10. Dieu est véritablement magnanime, car il nous délivre de la mort. Il est véritablement patient, car il attend que nous revenions à lui.

10’. Quand nous pourrons subir les abandons, les trahisons, les reproches, les moqueries, les injures, les coups et la mort sans murmurer, nous serons proches de Dieu et de son salut.

11. Laissons donc là amour-propre, intelligence, raison et volonté particulière, pour aller vers le Seigneur comme l’enfant retourne à sa mère quand il est las de jouer avec l’eau fangeuse du ruisseau.

11’. Limitons nos soins au maintien de la vie incarnée et nous disposerons du temps nécessaire à la quête du Parfait.

12. Pouvons-nous lire le Livre et ne pas louer Dieu dans notre cœur lorsqu’il nous inonde de lumière ? Pouvons-nous recevoir la parole inouïe et ne pas bénir le Seigneur qui nous offre la vérité qui affranchit ? Pouvons-nous entrevoir la délivrance de la mort et ne pas pleurer de joie ?

12’. Nous aimanterons en nous la lumière du Parfait pour la sauvegarde et pour le renouvellement de toute la création. Qui peut vérifier cette chose à présent ? Qui peut éprouver la vérité du Livre ici-bas ? Qui peut tenir dans sa main le poids de la hauteur ?

13. Dirons-nous aux fils d’un même Père et d’une même Mère que l’un est légitime et que l’autre est bâtard ? Ou que l’un est blanc et que l’autre est noir ? Ou bien que celui qui garde le patrimoine est plus estimable que celui qui recouvre les créances anciennes ?

13’. Ne voyons-nous pas que c’est la lumière qui éclaire les hommes et le monde, et que les astres ne sont que les instruments de sa manifestation ? — Quand la torche s’éteint, il ne demeure qu’un tison de bois mort.

14. Redoutons le moment de confusion où le Père, la Mère et le Fils ne ratifieront pas nos jugements aveugles, l’instant stupéfiant où nous ne verrons qu’un Dieu là où nous aurons cru discerner la pluralité, le temps cruel où celui que nous aurons méconnu et rejeté ne nous reconnaîtra pas et nous rejettera à son tour.

14’. Confondrons-nous encore longtemps l’outil avec l’ouvrier ? Et rendrons-nous un culte profane aux propagateurs de l’Unique ? — Lui seul a droit à notre hommage et à notre don. — Ses fils qui lui ont tout remis le savent bien. Ils le proclament hautement depuis le commencement, et nul parmi eux ne s’est fait passer pour Dieu.

15. Il y a eu le Livre des sacrifices et des rites, le Livre des morts et de l’attente, le Livre de la voie et de l’eau, le Livre du feu et de la purification.

15’. Avons-nous des oreilles pour entendre la parole ? Avons-nous des mains pour purifier la terre ? Avons-nous des yeux pour voir la lumière ?

16. Il y a eu le Livre de la révélation et du commencement, les Livres de la loi et de la justice, les Livres de la grâce et de l’amour, le Livre du jugement et de la fin, le Livre de l’ensemencement et du renouvellement.

16’. Avons-nous des narines pour humer le parfum ? Avons-nous un palais pour goûter le nectar ? Avons-nous une bouche pour baiser la pierre sainte ?

17. Il y a eu le Livre de la foi et de la résurrection, le Livre du secret et de la connaissance, le Livre de l’obéissance et de l’imitation.

17’. Avons-nous une langue pour louer Dieu ? Avons-nous un corps à purifier ? Avons-nous un esprit à simplifier ? Avons-nous une âme à incarner ?

18. Dieu nous envoie à présent le Livre de la science et de l’union et le suivant qui est le Livre de l’accomplissement et de la multiplication.

18’. Avons-nous un tout à glorifier ? Avons-nous une intelligence pour manifester la fleur et le fruit ?

19. Mais dans chacun d’eux, les autres sont déjà contenus en entier, et ce que l’un dit en secret l’autre le proclame devant tous.

19’. Avons-nous un amour pour les multiplier ? Avons-nous une sagesse pour les recueillir et pour les faire servir à la gloire du Tout-Puissant ?

20. Si nous demeurons tellement sourds et aveugles pour le bien, efforçons-nous d’être également muets et inertes pour le mal.

20’. Celui qui jure par un livre saint et qui rejette les autres écrits des prophètes, nie les membres de l’Unique.

21. Et si nous sommes si stupides devant la création de Dieu, n’expliquons pas aux autres la parole que nous ne comprenons pas.

21’. Il est préférable d’arriver entier jusqu’à Dieu plutôt que d’y parvenir en morceaux. Cependant, il vaut mieux y arriver en pièces que pas du tout.

22. Examinons le bien et le mal qui arrivent aux autres et à nous-mêmes, et louons le Seigneur pour la façon magistrale dont il enseigne les aveugles et les clairvoyants.

22’. Efforçons-nous d’être comme Dieu qui unit en lui avec fruit les contraires de même nature. « Les sages et les saints de Dieu bénissent le Livre qui confirme et qui honore leur parole inspirée. »

23. Les vagues de la mer n’ont pas d’existence particulière permanente, cependant la mer existe bien dans ses parties et dans son ensemble.

23’. L’Absolu est inconnaissable dans sa totalité, mais il peut être approché dans ses parties qui sont comme des images du tout.

24. Travaillons pour entretenir notre vie, n’œuvrons jamais pour amasser des richesses.

24’. Soyons satisfaits de ce que nous possédons, et pensons que c’est encore beaucoup de superflu.

25. Soyons intelligents pour tout ce qui concerne l’amour et le bien, mais devenons idiots pour tout ce qui se rapporte à la haine et au mal.

25’. Les gens qui vantent leur pureté sont mille fois plus pourris que les pécheurs qu’ils dénigrent habituellement.

26. Fuyons l’illusion du passé et celle de l’avenir en nous établissant dans la présence divine, qui est comme l’actualité de l’éternité.

26’. Si tu cherches le monde, cours après lui ; mais si tu désires Dieu, attends qu’il vienne à toi.

27. Ce qui fait enrager le plus les cuistres, c’est de ne pouvoir intégrer les sages et les saints dans leur plate raison de médiocres incurables. « L’obscurité de la plénitude n’est pas l’obscurité du vide, car la lumière habite la première, et les ténèbres peuplent la seconde. »

27’. Les fils de Dieu fraternisent dans le centre de l’« Unique Merveille », car leurs enseignements sont Un pour ceux qui pénètrent saintement la parole divine, au lieu de l’examiner curieusement du dehors.

28. On ne sert pas Dieu en contraignant les hommes, en torturant les bêtes et en forçant la nature ; mais plutôt en aimant l’Être incréé à travers tous les êtres créés et en accomplissant son œuvre cachée.

28’. Les sages n’inventent rien, ils remettent seulement les hommes dans la voie de la lumière et de l’amour qui aboutit à Dieu. « Qui purifiera son corps ? » « Qui simplifiera son esprit ? » « Qui incarnera son âme ? »

29. Les puissants et les riches s’opposent généralement aux sages et aux saints parce que ces derniers exigent la liberté pour tous les hommes et la générosité envers tous les êtres. « Il nous appartient uniquement de labourer, car c’est le Seigneur qui fait germer et qui mûrit la semence sainte. »

29’. Il n’y a qu’un crime devant Dieu : être médiocre et ne rien aimer librement, pas même soi. Il n’y a aussi qu’un péché : le manque de vie pure, odorante et lumineuse en nous. Et il n’y a qu’une sanction : la mort puante et ténébreuse qui nous enserre de toutes parts.

30. Pratiquons notre propre règle et ne nous occupons pas de celle du voisin, si ce n’est pour emprunter ce qui nous semble utile à l’obtention et à la conservation de la paix en Dieu.

30’. C’est l’agitation dans le monde qui fait l’enfer temporel, et c’est le repos en Dieu qui fait le ciel d’éternité. « Qui nous donnera le pain de la terre et du ciel ? Qui nous donnera le vin de l’eau et du feu ? Qui nous donnera le sang du vivant d’éternité ? »

31. Le véritable sage est celui qui voit les deux faces de Dieu et qui contemple ce qui est caché au-dedans. Car c’est dans l’union des contraires que paraît la vérité de l’Unique.

31’. Le secret des sages, c’est Dieu et sa lumière placés à la portée du cœur et de la main de l’homme sanctifié par l’amour.

32. Les hommes soumis à la vie d’exil, à la faim, au froid, à la douleur, à la maladie, à la décrépitude, au doute, à l’apparence, à la solitude, au désespoir et à la mort, doivent s’entraider pour vivre et espérer, sans oublier toutefois de chercher la voie de la pureté divine qui mène là où rien ne fait défaut à personne.

32’. Ceux qui ne disposent pas du conseil secret de Dieu et qui ne puisent pas directement dans sa Providence cachée, sont obligés de recourir à l’opinion et à la science des hommes pour se gouverner, pour s’entretenir et pour se guérir ici-bas. Mais là n’est pas la vérité du Seigneur.

33. Accomplissons ce qui est nécessaire pour entretenir nos vies terrestres, mais quand nous devons mourir, offrons-nous joyeusement et saintement à Dieu qui accueille, qui pardonne, qui console et qui rénove au-delà de toute limite.

33’. Nous ne sommes réellement frères qu’en Dieu, car c’est le seul lieu où il n’y a ni séparation, ni obscurité, ni mort. Aussi la révélation des fils de Dieu ne se fait entendre clairement qu’aux cœurs épurés par l’amour.

34. Ceux qui, recevant le Livre, ne le lisent pas et ceux qui, l’ayant lu, ne répondent pas dans leur cœur, se proclament satisfaits dans la mort puante de l’immonde. Ils se jugent eux-mêmes et leurs plaintes ultérieures ne seront pas reçues.

34’. L’amour, qui est la nourriture de l’âme, n’a pas besoin d’être digéré comme la grâce et comme le manger, qui sont les nourritures de l’esprit et du corps, car il est déjà comme le feu divin : accompli et parfait.

35. Les sages qui connaissent le dedans des êtres et des choses, sont touchés par la disparition de ceux qui leur sont chers. Comment les hommes ordinaires qui ne connaissent que le dehors du monde, n’en seraient-ils pas cruellement déchirés ?

35’. Le mal a pris corps par l’égarement de l’homme, et une partie de la création s’est perdue avec lui. Le mal cessera par le retour de l’homme à sa source, et celui-ci aimantera à nouveau le monde jusqu’à la pureté du vivant d’éternité.

36. Gloire au Père qui l’engendre mystérieusement. Louange à la Mère qui le manifeste clairement. Amour au Fils qui s’offre à tous. Reconnaissance aux sages qui le recueillent, qui l’élèvent et qui l’abaissent pour le salut du monde, dans la terre des vivants.

36’. Le soleil de Dieu rassemblera les lumières égarées dans la mort, et la vie concentrée manifestera la gloire de l’Unique, pour la communion mystérieuse des sages et des saints, dans le corps, dans le sang et dans l’esprit unis du Très-Parfait.

37. Nous demanderons premièrement à vivre afin d’apprendre à louer Dieu. Ensuite nous demanderons à mourir pour mieux nous taire en lui.

37’. Quand on nous offrirait le ciel et la terre et toute la création intermédiaire, nous demanderions toujours LUI, LUI, LUI, parce qu’il est la semence sans laquelle rien ne serait.

38. Le divin don de liberté veut que l’homme égaré dans la mort ne puisse rejoindre la source vivante et pure que par cet autre don divin que constitue l’aimantation réciproque de l’amour.

38’. Les fils de Dieu possèdent l’Unique et sont possédés par lui dès ce monde. Ainsi l’amour secret réalise pour quelques élus le don total de l’UN à l’Un en l’Un, avant la séparation et avant le jugement universels.

39. Quand nous mettrons en balance les œuvres de toute notre vie avec les minutes qui précèdent la mort, nous serons terrifiés par la légèreté des premières, comparées au poids des secondes.

39’. C’est dans la privation seulement que nous mesurerons notre amour pour Dieu, car dans l’abondance nous ne saurions que louer le sien envers nous.

40. En nous considérant comme responsables de toutes les difficultés et de tous les maux qui nous briment dans ce monde, nous serons délivrés du souci de les attribuer aux autres, et en les supportant patiemment nous en serons bientôt délivrés, si nous n’abandonnons pas le Seigneur des âmes.

40’. Le silence et le jeûne absorbent efficacement les stimuli de l’impatience et de la colère, comme l’amour de Dieu et l’oubli de soi étouffent les semences de la cupidité et de l’orgueil. « La vie éternelle est comme la fixité du feu de la conscience parmi les créations mouvantes de l’eau mère. »

41. Celui qui a tout remis à Dieu y compris lui-même, n’éprouve plus la tentation de rien violenter pour affirmer un isolement auquel il a définitivement renoncé. « Par sa vision dénudée et par son détachement inhumain, le saint est un objet de scandale pour ceux qui demeurent soumis aux apparences et livrés aux attaches de ce monde. »

41’. C’est par l’étude assidue des livres sacrés que la grâce et que l’amour du Seigneur sont éveillés en nous, et c’est par la pratique des œuvres saintes qu’ils sont manifestés dans le monde ; aussi nous ne pouvons légitimement être fiers ici-bas que de notre bonne volonté envers tout et tous.

42. Quand nous serons las de le pourchasser avec notre raison, il faudra bien que nous nous décidions à l’attirer par la folie de notre amour, sous peine de nous éteindre pour toujours dans la cendre et dans l’eau mortes.

42’. Où sont les fils bien-aimés toujours repoussés par les hommes et toujours attirés par l’amour ? Là où l’absurde de la raison va engendrer la raison de l’absurde. Là où l’antique souche va refleurir et donner son fruit doré.

43. La grande douleur du saint ici-bas, c’est de se heurter à l’aveuglement stupide des impies aussi souvent qu’au sectarisme vaniteux des croyants.

43’. L’amour de Dieu ne saurait justifier aucune violence envers soi-même ou envers les autres créatures. « Il ne s’agit pas de refouler les passions, ce qui provoque des accidents funestes ; il faut plutôt leur ôter l’occasion de naître. »

44. Les médiocres ensevelissent Dieu au plus profond de leur mort ; c’est pour cela qu’ils haïssent tant la liberté de la vie qui manifeste l’esprit du Seigneur, et qu’ils étiquettent la lettre de toutes les Écritures saintes, croyant clouer les prophètes comme ils fixent des insectes dans leurs collections de poussières éventées.

44’. Ils tentent vainement de se rassurer dans leur nuit, mais la pourriture de la confusion et la sécheresse de la mort sont leur héritage assuré. « Le saint possède seul la conscience exacte de son égarement et de sa responsabilité anciens et présents. C’est pour cela qu’il pleure et qu’il quête tous les jours de sa vie, la lumière perdue par l’ancien. »

45. Que celui qui ne voit et qui n’entend rien dans le Livre, regarde et écoute dans le monde ; et s’il ne voit et n’entend rien dans le monde, qu’il regarde et qu’il écoute en lui-même ; et s’il ne voit et n’entend rien en lui-même, qu’il se couche dans la mort ; mais surtout qu’il se taise afin de n’entraîner personne dans sa solitude aveugle et sourde.

45’. La tristesse vient du regret inconscient de la vie libre en Dieu. L’amour naît par l’approche de la source aimée. La connaissance paraît par l’union avec l’Impassible. « Nous recevons tous le même amour, mais nous ne le reconnaissons pas tous de la même façon ni au même moment. »

46. Ceux qui louent Dieu dans le secret de leurs cœurs sont seuls admis dans la création intérieure ; tous les autres sont des parasites qu’il tolère sur sa peau par l’effet de sa miséricorde infinie.

46’. Celui qui est éclairé s’intitule « fainéant, idiot et inutile », car c’est sa seule justification devant « le Paisible, le Saint et le Gratuit ».

47. Nous ne sommes grands ni par les dons reçus ni par les privations endurées, mais seulement par leur dépassement en Dieu.

47’. Ô mon Seigneur secret, tout mon progrès en toi c’est toi-même qui l’accomplis en moi, et ma nudité demeure mon seul ornement devant ta splendeur.

48. L’ignorant juge tout inconsidérément parce qu’il ne perçoit que l’écorce des choses qui le maintient dans le chaos apparent de l’absurde. L’homme éveillé ne condamne rien ni personne mais il recherche le bien qui est en chaque créature et l’exalte jusqu’au repos du Seigneur.

48’. Nous étions comme des bêtes aveugles et enragées enfermées dans une cage étroite et sordide, et nous voilà libres et en repos, baignant dans la lumière de l’Unique Père et Mère. « Ô merveille du Parfait ! Ô bénédiction du Généreux ! Ô amour du Gratuit ! »

49. Tous sont utiles à quelque chose ou à quelqu’un ici-bas, mais nous semblons inutiles aux autres et à nous-mêmes. C’est donc pour nous consoler que Dieu consent quelquefois à nous dire un petit mot.

49’. Si nous ne vidons pas le corps par le jeûne, l’esprit par la prière et l’âme par la contemplation, comment le Seigneur pourra-t-il nous combler de sa présence, triple et unique ?

50. Le plus avancé parmi les passants de ce monde est celui qui supporte sans murmurer les vicissitudes de la vie incarnée et qui ne se pose plus jamais cette question : comment ? et pourquoi ? car la foi qui repose dans la Providence de Dieu, n’interroge pas.

50’. Celui qui connaît le dessous de la création ne se scandalise d’aucune injustice, ne se heurte à aucune apparence et ne s’émeut d’aucun bouleversement dans le monde, car il sait que tout se conforme en nous et autour de nous à la vision intérieure.

51. Les poètes et les artistes sont des amoureux qui ne consentent pas à s’entretenir avec Dieu sans signes et sans témoins, comme font les sages et les saints. « Ô pudeur extrême des amours saintes ! Ô douce lumière de l’union divine ! »

51’. Le retour de l’âme à sa source est comme la préfiguration de la fin des temps, car tout s’accomplit selon une progression géométrique ; c’est- à-dire avec l’accélération des corps purs rejoignant leur centre primordial.

52. La récompense et la joie des saints et des sages, c’est offrir à Dieu les remerciements, les louanges et l’amour de ceux qu’ils ont retirés de la mort par leur enseignement, par leur exemple et par leur sacrifice.

52’. Les fous travaillent contre la création et la desservent, mais ils ne le savent pas. Les sages délivrent la création et l’accouchent, mais ils connaissent le but de leurs efforts.

53. Que notre vertu cachée soit la fréquentation journalière de l’Unique dans l’oubli de nous-mêmes.

53’. Le saint qui sert fidèlement son Seigneur ne sera pas étonné d’être servi par son Seigneur.

54. Nous sommes ici-bas constamment en péril d’aveuglement et de mort définitifs, comme nous serons là-haut en perpétuelle menace de vie éternelle esseulée, si nous ne nous fixons pas dans le cœur de l’Unique.

54’. Celui qui se complaît dans la prison de ce monde, comment fera-t-il pour découvrir la liberté de l’autre ? Et celui qui s’installe dans cette plénitude, comment fera-t-il pour entrer dans le repos de l’union très secrète ?

55. La poésie ultime de l’amour et de la connaissance paraît dans le silence de Dieu. « Aujourd’hui je vais à tous, mais qui m’accueille et qui m’écoute ? Demain tous viendront à moi, mais qui recevrai-je ? et qui entendrai-je ? » dit le Seigneur de la grâce et de l’amour.

55’. Il nous délivre de la mort et ensuite il nous retire de la vie, afin que nous demeurions avec lui dans le secret de son secret pour toujours. « Ô repos très saint dans le centre du centre ! »

56. Quand nous aurons compris avec notre tête, nous serons comme des morts dans la vie. Quand nous aurons senti avec notre cœur, nous serons comme des vivants dans la mort. Mais quand nous aurons palpé avec nos mains et goûté avec notre bouche, nous serons comme des dieux dans l’Unique.

56’. Être possédé par la multitude de l’Universel, c’est être fou. Être possédé par l’Unicité de l’Un, c’est être saint. Posséder l’Unité de l’Unique, c’est être sage. Mais pénétrer la plénitude de la vacuité, c’est être Dieu avec Dieu.

57. Celui qui adore Dieu dans son cœur, qui aime l’humanité dans le monde et qui respecte les êtres vivants, justifie toute la création présente parce qu’il est déjà seul justifié devant Dieu.

57’. Si nous libérions ce qui est caché dans l’homme, nous deviendrions comme le Seigneur de lumière et nous bénirions l’humanité et la création tout entière au milieu même des ténèbres de la mort.

58. Il se chante en chacun de ses poètes. Il s’annonce en chacun de ses prophètes. Il se joue en chacun de ses enfants. Il se loue en chacun de ses croyants. Il s’aime en chacun de ses saints. Il se connaît en chacun de ses sages. Il brille en chacun de ses fils.

58’. Pénétrons la folie apparente de l’enseignement des saints et des sages et considérons leur intention profonde, qui est le rassemblement de tous les êtres en Dieu. Ainsi, nous pourrons rire de tout ce qui arrive comme d’une farce continue autant qu’illusoire, jusqu’à ce que tout cesse de nous rassurer ou de nous épouvanter ici-bas et ailleurs.

59. En nous fuyant toujours plus, nous n’obtiendrons qu’un surcroît d’esclavage, tandis qu’en nous oubliant patiemment, nous atteindrons la liberté de l’Unique.

59’. Il passe en nous, nous passons en lui, et nous voilà fécondés et renouvelés par le seul mérite de notre mort en lui, et de sa naissance en nous.

60. La connaissance intellectuelle qui n’aboutit pas à l’amour unifiant et à la possession transformante du Seigneur, est aussi illusoire que le reflet de la lune dans un verre d’eau agitée.

60’. À quoi bon tous nos travaux merveilleux, si nous ne découvrons pas et si nous n’incorporons pas l’Unique Splendeur de la vie sanctifiée ? À quoi bon les magnifiques discours sur la lumière de Dieu, si nous ne la voyons pas et si nous ne la mangeons pas saintement ?

61. La puissance de Dieu ne peut être accordée qu’à celui qui a renoncé à toute démonstration, à toute compétition, à toute approbation, à toute possession et à toute vengeance, c’est- à-dire qui a renoncé à lui-même.

61’. Quand nous le contemplerons émerveillés, que pourrons-nous lui demander d’autre que lui ? rien que lui ? toujours lui ? Car quel est le connaisseur qui ne désirerait pas contempler la splendeur et habiter en elle ?

62. Ceux qui lisent le Livre et qui ne choisissent pas dans leur cœur l’amour et la quête du Parfait, sont plus retranchés que ceux qui s’agitent aveuglément dans le monde sans rien soupçonner de la vérité de l’Unique.

62’. Dieu seul nous offre un amour sans déception parce que toujours plus grand que notre propre don. « Le vivant témoignera devant tous de la vérité du Livre, mais peu d’hommes possèdent les yeux de l’esprit qui permettent d’approcher l’évidence de la vie dénudée. »

63. Les sages et les saints véritables aimantent tous les hommes de bonne volonté jusqu’à Dieu, et c’est en cela qu’ils sont les fils uniques et les serviteurs fidèles de leur Seigneur.

63’. Celui qui ne sait pas tirer sa vie du ciel et de la terre, ne connaît rien de Dieu, ne possède rien de Dieu, n’est rien en Dieu.

64. Celui qui ne s’émeut plus des grimaces de la mort, voit briller partout le sourire de l’unique clarté.

64’. Préparons la terre, soyons simples, soyons confiants, soyons patients, demeurons en paix, et Dieu nous fera voir son salut.

65. NON. NON.
OUI. NON.
OUI. OUI.
OUI. OUI. OUI.

Le commencement
Le milieu

La fin

65’. OUI. OUI. OUI.
OUI. NON. OUI.
NON. OUI. NON.
NON. NON.

66. Si tu m’aimes et si tu me cherches de tout ton esprit, de toute ton âme et de tout ton corps, je mettrai un esprit de discorde entre toi et le monde afin qu’aucune consolation étrangère ne te détourne de ma voie droite ; tes proches te haïront et te repousseront, tu leur seras odieux et ils te seront insupportables et opposés en tout, dit le Seigneur caché ; ta compagne même se dressera contre toi, et tes enfants te moqueront à cause de moi. Paroles cruelles pour le monde ignorant ; amour saint et parfait pour celui qui sait, car lorsque nous l’aurons trouvé, tout nous sera rendu selon notre désir et bien plus encore.

66’. Qu’ils soient humbles et timides ceux qui enseignent les mystères de Dieu qu’ils ne connaissent que par ouï-dire, et qu’ils demeurent cachés ceux qui les ont expérimentés dans leurs cœurs et qui les ont tenus dans leurs mains de vivants. Ô — TOI — MOI NOUS — UN QUI EST — PAR SOI — EN SOI — POUR SOI — TOUJOURS — AMANT — AIMÉ — AMOUR — AMEN.

Tous les livres qui ne reposent pas sur la sainte Écriture, sont sortis de la main des hommes et périront.
Lois de Manou
Toute parole vraie, quel qu’en soit l’auteur, est dite par le Saint-Esprit.
Ambroise

LIVRE XV

Les verrous de la terre étaient tirés sur moi pour toujours, et vous avez fait remonter ma vie de la fosse, IEVE mon Dieu.
Jonas
Lorsque les hommes ressusciteront, la terre deviendra blanche, unie et pure.
Coran

NUÉE REVIT

LA SORTIE

1. Un travailleur, un inutile, un paysan, un vagabond, un commerçant, un pauvre, un penseur, un simple, un croyant, un impie ont les premiers lu et aimé le Livre. Ô dérision sur les savants, sur les lettrés et sur les religieux officiels qui ne l’ont pas reçu !

1’. Combien la voie de Dieu est originale et simple, combien elle est secrète et exposée aux yeux de tous, combien elle est noble et commune cependant ! Qui saisira à présent le sens premier et dernier de la parole inspirée ?

2. Celui-ci s’intitule fondateur de religion et il n’entend même pas celle de ses pères. Celui-là se nomme sage et ne sait ni semer ni moissonner. Cet autre prend le titre de savant et il ignore comment il subsiste et pourquoi il meurt.

2’. C’est parce que nous sommes trop occupés de nous-mêmes et pas assez de Dieu que le Seigneur ne se fait plus entendre et qu’il ne se manifeste plus en nous.

3. Quelqu’un se dit religieux et saint parce qu’il porte une robe ; comme un autre se proclame intelligent et courageux parce qu’il arbore un diplôme ou une médaille.

3’. Le règne du Seigneur viendra quand la semence de Dieu jonchera toute la terre, et nul n’arrivera à Dieu s’il ne passe par la créature de Dieu qui est la création excellente du Seigneur.

4. Quand nous commentons une Écriture sainte, un rite ou un symbole, ajoutons pour les auditeurs et pour nous-mêmes : « Voici une des nombreuses interprétations de la vérité Une. Dieu est seul maître du vêtement et de la nudité. »

4’. Celui qui entend, qui voit, qui hume, qui goûte et qui palpe la vérité sans voiles, ne peut que se taire et adorer dans l’Unique Splendeur. Celui-là peut bien paraître insensé devant tous puisqu’il est seul à être instruit devant Dieu.

5. L’Amen est le verbe de Dieu manifesté, la droite du Tout-Puissant, l’exécuteur des jugements du Juste. Il ne discute pas, il agit. Malheur à ceux qui ne l’auront pas reconnu et reçu au temps marqué, car ils seront balayés au jour du jugement général comme la poussière est charriée par la tempête d’équinoxe.

5’. Les religions peuvent bien arriver à se confondre avec les morales mortes, et les initiations saintes peuvent bien ressembler à des mascarades ; la science de Dieu renaîtra toujours de leurs cendres refroidies, et les gardiens de nécropoles feront place à nouveau aux bâtisseurs de vie. C’est la loi du renouvellement de toutes choses.

6. Dieu est le créateur éminent et l’ordonnateur excellent. Il ébauche son œuvre par une touche lumineuse et il l’achève par une architecture impérissable. Il est unique certainement.

6’. Il a commencé son ouvrage comme en se jouant et il le termine en montrant son excellence et sa perfection sur toutes les œuvres du monde. Au jour du jugement, la splendeur sera sur ses saints, mais les railleurs seront plongés dans la consternation et rejetés dans l’anarchie de la mort.

7. Aussi les prophètes et les sages qui se glorifient en Dieu se considèrent personnellement comme incapables et comme inintelligents devant le Seigneur, car ils croient, ils entendent, ils voient, ils palpent et ils goûtent véritablement l’unique lumière. Eux seuls !

7’. Ô moment cruel où une parcelle de nous-même va croupir dans le néant ! Mais le Seigneur est miséricordieux, il remet son jugement et il pardonne à nos âmes égarées quand nos cœurs de pierre s’ouvrent à sa grâce agissante et à son amour transformant.

7’’. Les sages et les saints, qui possèdent Dieu en eux-mêmes, ressortiront indemnes de la nuée ardente, car le Seigneur Dieu, qui est l’essence du feu, est incombustible. Les méchants seront réduits en cendres et ils serviront d’engrais pour la nouvelle plantation de Dieu.

8. Ne nous faisons pas justice, car nous perdrions le bénéfice de nos épreuves et nous effacerions l’iniquité du méchant. Remettons-nous au jugement du Seigneur, qui sait discerner les intentions profondes et les buts éloignés.

8’. C’est la bonne volonté en Dieu qui nous sauve de la mort, et c’est la bonne volonté en nous-mêmes qui nous y précipite. En effet, si toutes les deux sont aveugles, la première cependant est guidée et elle devient réceptrice et organisatrice, tandis que la seconde est errante et devient anarchique et destructrice.

9. Bénissons l’égaré et le révolté afin de bénéficier de sa conversion toujours possible. « Si nous tuons les méchants, comment ferons-nous ensuite pour les convertir ? Et si les méchants nous tuent, comment feront-ils pour être sauvés ? »

9’. On pense s’arranger avec le mal, mais c’est toujours le mal qui nous arrange. On croit pactiser avec la mort, mais c’est toujours la mort qui nous surprend.

10. Exerçons-nous à lâcher les petites choses afin que lorsque les grandes nous lâcheront, nous demeurions sereins parce que riches en Dieu.

10’. Dieu exauce de préférence l’énormité de la demande de ses fils, parce que celle-ci est plus en rapport avec sa magnanimité et avec sa toute-puissance.

11. Celle-là a été une compagne courageuse et dévouée, ensuite elle est devenue rebelle et aveugle, car elle a jugé le Livre comme une inutilité sans jamais l’avoir ouvert. Enfin elle a accepté la voie de Dieu par amour pour nous. « Sommes-nous pas tous stupides devant la vérité de Dieu qui nous aveugle ? »

11’. Ne nous prévalons ni de notre santé, ni de notre intelligence, ni de notre savoir, ni de notre beauté, ni de notre fortune, ni de notre travail, ni de notre famille, car ce sont des prêts consentis par Dieu que le malheur et la mort ont rapidement transformés en fumée et vite résorbés en cendres.

12. En effet, nous ne connaissons ni les anges qu’il suscite pour garder nos voies, ni les démons qu’il autorise pour éprouver nos cœurs. Dieu délivre ceux qui suivent sa voie sans révolte et pardonne à ceux qui se repentent sincèrement. À lui le jugement et la gloire.

12’. Prévalons-nous plutôt de notre foi en Dieu et en sa toute-puissance, qui nous rendra la vie éternelle et pure si nous sommes trouvés tels que nous devons être, c’est-à-dire fidèles, purs, simples et aimants.

13. Un jeune ignorant est naturellement porté à mépriser tout ce qui paraît faible, vieux, abandonné et mort dans le monde ; et sa cécité est excusable.

13’. Quand nous prendrons conscience du passage difficile qui nous attend, nous réformerons nos pensées, nos jugements et nos actes, et nous ne jouerons plus à contrefaire l’histrion parmi les insensés.

14. Mais un vieillard instruit qui ne reconnaît pas la Providence et la science de Dieu en action dans l’Univers et dans son cœur, est aussi stupide qu’une souche pétrifiée.

14’. Faites, Seigneur, que nos yeux et nos oreilles s’ouvrent avant le commencement de la fin ou, tout au moins, avant la fin de la fin.

15. Dieu ne nous oblige pas à rejeter nos parents, nos femmes, nos enfants, nos amis et nos biens pour lui plaire. Il demande que nous ne nous attachions pas aveuglément aux choses passagères de ce monde afin que nous ne soyons pas trompés et déchirés cruellement au jour de la séparation ; car la vraie pauvreté est en esprit, et la vraie richesse est en Dieu seulement.

15’. Dieu n’exige pas que nous violentions notre nature ni celle des autres êtres pour lui être agréables. Il demande au contraire que nous l’épurions, que nous la décantions et que nous la mûrissions doucement, afin qu’il soit manifesté en nous pleinement. Ce ne sont ni la répression violente ni le travail forcé qui comptent pour le salut, mais plutôt l’attention éveillée et la quête persévérante.

16. Cependant nul ne peut être jugé coupable d’abandonner le monde pour aller à son Seigneur, car c’est ce qu’il nous faudra bien tous faire à la fin.

16’. Tout comme les gens du monde, les saints oublient ce qu’ils possèdent et déplorent ce qu’ils n’ont pas, mais il ne s’agit pas des mêmes choses.

17. Le sage et le saint rassemblent toute leur attention pour la quête de Dieu et sont comme absents aux occupations ordinaires des hommes.

17’. Ce qui vous semble vide nous apparaît plein, et ce qui vous semble plein nous apparaît vide. Car le monde est comme retourné pour ceux qui voient le dedans des êtres et des choses.

18. Si nous pouvions lire le Livre à découvert, nous serions frappés d’épouvante et nous demeurerions cloués par la stupeur, puis nous courrions le cacher dans la tombe dans la crainte que les impies n’abusent du divin mystère et ne profanent la lumière de Dieu à jamais. Mais le Seigneur a justement prévu cela, car il est sage parmi les sages.

18’. Beaucoup de livres géniaux contiennent la sagesse des hommes, mais combien renferment la sagesse de Dieu ? Beaucoup d’hommes ânonnent les Écritures saintes ou en font des commentaires aveugles, mais combien entendent directement la parole de Dieu ? Combien la transcrivent clairement ? Et combien l’expérimentent dans leur cœur ici-bas ?

19. Ainsi les savants et les intelligents, les rusés et les cupides demeurent-ils stupides devant la serrure et la clef sans pouvoir rien ouvrir. Remarquons comme ils affectent ensuite de dénigrer ou de ridiculiser ce qu’ils n’ont pu dérober ou violenter.

19’. « Dieu cherche des fous pour en faire des sages. Il se moque des gens raisonnables. Voilà qui ne plaît pas à tous. » — Ce ne sont pas des conférenciers savants qu’il nous faut, mais des prophètes remplis du Saint-Esprit.

20. La morale est une barrière et l’ascèse est un garde-fou. La loi est une digue et les rites sont un guide. Les sacrements sont un mémento, les symboles sont des images parlantes et les livres saints montrent la voie, mais la science de Dieu annule tout parce qu’elle surpasse tout.

20’. Chaque fois que nous avons lu le Livre, nous avons appris à nous conduire en Dieu et nous nous sommes souvenus de la voie du Seigneur. Alors nous avons béni son sacré Nom et nous avons adoré sa Personne sainte, cachée dans la lumière du commencement et de la fin.

21. Qui serait assez ignorant cependant pour mépriser les marches qui nous font accéder au tabernacle du Seigneur de vie ?

21’. Combien davantage apprendront ceux qui lisent le Livre et qui ne l’ont pas écrit ?

22. Si Dieu abandonnait ses enfants, ce serait tant pis pour Dieu et pour nous, mais le Seigneur n’est ni oublieux envers lui-même ni ingrat envers les siens.

22’. Ah ! combien les poètes, les pauvres et les simples sont proches de Dieu, et combien ils ignorent leur proximité !

23. C’est pour cela que nous devons espérer en lui contre toute apparence dans ce monde mélangé, jusqu’au jour de la balance des comptes et de l’élimination de la mort.

23’. Les pieds de l’humanité sont encore sains, mais la tête est pourrie et aveugle. Il faut donc ensemencer ce qui est en bas afin que ce qui est en haut soit guéri et renouvelé, comme autrefois ce qui était en bas a été sauvé et blanchi par ce qui brillait en haut dans la pureté.

24. Tout ce que le Christ a dit sur les pharisiens est encore vrai pour la plupart des croyants actuels. Ô dérision ! Ô cruauté ! Ô pénitence ! « Ô dérision ! » Nous avons rejeté le secret de la science de Dieu et à présent nous voilà adorant la science de Satan dans la crainte de paraître arriérés. Nous nous sommes réservé le sacrement de la connaissance et depuis ce temps-là nous sommes devenus aveugles et sourds à la volonté de Dieu. Nous sommes conciliants avec la mort et arrangeants avec le mal pour de l’argent, et nous haïssons ceux qui le dénoncent et qui ne s’en accommodent pas.

24’. « Ô pénitence ! » À présent, nous allons rentrer dans la poussière et nous finirons comme nous avons commencé, en nous cachant sous terre, dans les tombes, dans les caves et dans les carrières abandonnées ; et nous redeviendrons un petit nombre devant Dieu, car les médiocres et les lâches nous auront quittés, comme les branches mortes que la tempête arrache. Quand le chef aura passé l’eau, nous saurons que le temps de la pénitence va commencer pour nous. Quatre chiffres suffiront pour nombrer les rescapés de la fin, mais nous serons comme une semence sainte qui produira un fruit magnifique devant le Seigneur.

25. « Ô cruauté ! » Nous nous sommes retirés des simples et des pauvres, et ceux-ci ont même oublié le Nom de Dieu. Nous avons rejeté les sages et les saints, et notre science et notre foi se sont volatilisées en discours raisonnables. Nous avons hissé les drapeaux des nations sur la maison de Dieu pendant que les peuples s’égorgeaient, et nous portons fièrement les décorations du meurtre. Considérons d’où vient l’avertissement : d’un homme inconnu mais aimé, d’un pauvre mais comblé, d’un laïc mais relié.

25’. C’est le Livre de la hauteur et de la profondeur qui nous unira en un seul corps devant le Parfait, car un reste de chaque foi et de chaque croyance se reconnaîtra en Dieu et fusionnera dans l’amour par l’approchement de l’unique racine, et l’homme de l’eau et du feu sera notre guide et notre sauveur, car la voie de Dieu qui est la sienne sera aussi la nôtre en ce jour-là. Alors la souche antique refleurira secrètement et manifestera son fruit saint dans un monde réconcilié.

26. Reconnaissons l’amour et l’humour du Seigneur qui nous rappelle ainsi à l’ordre saint qu’il a institué pour ses amis et pour ses disciples. Car l’or ne nous sauvera pas, ni la diplomatie, ni les alliés, ni les gémissements, mais plutôt notre foi, notre espérance et notre charité en action, et par-dessus tout la connaissance de la toute-puissance de Dieu qui retire de la mort. Comprendrons-nous enfin ?

26’. Les méchants verront la béatitude des saints, et cela constituera leur plus grand tourment, car l’amour sera alors derrière eux sans espoir, au lieu d’être devant comme il est encore à présent avec l’espérance. « L’innocence retrouvée peut tout contempler, car elle seule ne s’étonne de rien, ne juge rien et ne profane rien. »

27. La révolte du rebelle, c’est son échec qui l’a endurci au lieu de l’instruire.

27’. La sauvegarde du sage, c’est fuir les assemblées des hommes et se complaire dans la solitude de Dieu.

28. La cruauté du méchant, c’est sa souffrance qui l’a fermé au lieu de l’ouvrir.

28’. La sanctification du saint, c’est donner dans l’indigence et c’est bénir dans la souffrance.

29. L’enfer de tous, c’est le refus d’accomplir bénévolement le pacte que nous avons signé avec la mort.

29’. La foi du croyant, c’est effacer la désolation de la mort à force d’espérer la résurrection et la joie de la vie nouvelle.

30. Si nous considérions d’abord le mal apparent ou caché qui ronge chaque être ici-bas, nous deviendrions plus attentifs à ses plaintes, plus patients à ses cris, plus pitoyables à ses faiblesses et plus secourables à ses douleurs.

30’. Si nous pensions d’abord à la lumière du Seigneur enfouie au fond de chaque être, nous supporterions plus aisément les contradictions et l’aveuglement de ses ténèbres extérieures, et nous serions confondus de notre propre obscurcissement intérieur.

31. Nous sommes sans mérites comme des petits enfants qui ne peuvent compter que sur l’amour de leurs parents pour l’entretien de leur vie. Envoie-t-on les petits enfants au travail ou à la guerre ? Les traîne-t-on en justice ou en prison ? Les condamne-t-on à la torture ou à la mort ? Ne les garde-t-on pas plutôt précieusement dans le sein familial pour les jeux, pour la joie, pour l’amour et pour la vie future ?

31’. À quel sommet et à quelle profondeur ne peut-il espérer atteindre, le révolté qui se soumet à Dieu ? — À quelle récompense et à quel don ne peut-il prétendre, l’indigent qui se donne au Seigneur ? — À quelle consolation et à quelle douceur n’est-il pas promis, le violent qui recherche la paix de l’Unique ? — À quelle bénédiction et à quelle union n’est-il pas destiné, l’abandonné qui espère en l’amour du Parfait ?

32. Imaginons nos contradicteurs et nos ennemis comme ils seront bientôt, c’est-à-dire comme des morts : ainsi nous n’éprouverons plus à leur endroit ni ressentiment ni haine, car on ne peut que prier pour les morts en espérant le temps de leur résurrection et de leur illumination.

32’. Ils sont aussi ignorants que ceux qui demandent de l’argent pour expliquer la parole qu’ils n’entendent pas. Au moins ces derniers transmettent-ils sans le savoir la science aux enfants de Dieu, qui savent bien la reconnaître toujours identique à elle-même parmi toutes les Écritures saintes.

33. Nos dons conviennent plutôt à la quête de Dieu qu’à la conquête du monde, car ce qui vient de l’Unique doit aller à l’Unique, comme ce qui vient du monde doit retourner au monde.

33’. Ne nous tuons ni au travail ni au plaisir, tuons-nous plutôt à rechercher Dieu et son salut, qui sont dans la vie éternelle, évidente et cachée.

34. Les échecs dans le monde sont la sauvegarde des bénis de Dieu, afin qu’ils ne soient pas distraits de la quête du Parfait et qu’ils ne soient redevables de rien à quiconque ici-bas, mais qu’au contraire les hommes leur soient débiteurs pour la révélation de l’amour et de la connaissance de Dieu.

34’. Les saints qui sont actuellement ignorés ou repoussés seront connus et recherchés par la suite, car si le monde les traite comme des nullités et comme un néant, ils seront établis maîtres par Dieu sur ceux qui les ont méconnus et sur leur descendance. « C’est la justice du Seigneur que nul ne peut fausser. »

35. Tous s’épuisent, et nul ne repose. Tous se précipitent, et nul n’arrive. Tous entassent, et nul ne profite. Tous s’efforcent, et nul n’obtient. Tous s’inquiètent, et nul ne voit. Tous expliquent, et nul n’entend. Tous prêchent, et nul ne pratique. Tous luttent pour la vie, et nul ne sauve la sienne.

35’. Si nous nous trouvons faibles : secourons. Si nous nous sentons repoussés : accueillons. Si nous nous estimons pauvres : donnons. Si nous souffrons : soulageons. Si nous sommes désolés : réconfortons. Si nous sommes haïs : bénissons. Si nous sommes tentés : prions. Si nous sommes esseulés : louons Dieu.

36. Où est l’intelligent qui attend tout de Dieu et rien du monde ? Où est le laboureur ? Où est le moissonneur ? Où est le comblé de Dieu ? — Là où germe la lumière du Parfait !

36’. Où est l’Amant ? Où est l’Aimé ? Où est l’Amen ? — Dans notre cœur de pierre d’où il nous faut l’extraire et le manifester clairement !

37. N’attendons pas d’être terrassés par le malheur, la souffrance ou la mort pour nous souvenir du Dieu de notre enfance et pour lui parler sans témoins et sans retenue.

37’. Chacun accomplit ici-bas un travail utile ou agréable aux hommes et à lui-même, mais quel est celui qui met la main en secret à l’œuvre de Dieu ?

38. Nos travaux les plus utiles et les plus admirables seront comptés pour rien au jour du jugement. Seuls l’amour de Dieu, l’observance de sa loi et la pratique de sa voie nous ouvriront les portes de la vie sans mélange.

38’. L’intelligence et la raison humaine sont d’humbles servantes qui ne doivent jamais usurper la place de l’inspiration et de l’amour qui sont les maîtres de la maison de Dieu.

39. Si nous pouvions nous contempler après avoir médité le Livre, nous serions surpris devant notre propre spectacle. Combien, dans ce cas-là, les autres ne doivent-ils pas être troublés par ces mêmes apparences ? Ainsi c’est uniquement l’Esprit de Dieu qui démêle, en nous et dans le monde, la vérité du mensonge, et c’est pour cette raison que nous devons demander avec insistance la lumière qui nous éclairait au commencement et qui nous illuminera à la fin.

39’. Les apparences de ce monde sont étrangement trompeuses et troublent les plus avertis, comme elles égarent les mieux préparés. C’est pour cela qu’il est préférable de réserver notre jugement jusqu’au temps où toutes les choses et tous les êtres nous seront manifestés sans voiles et sans déguisements. « Beaucoup critiquent tout et propagent le découragement et la haine. Bien peu consolent et offrent leur aide et leur amour. »

40. « Qui pourrait croire, sans l’avoir vu, qu’un ver méprisable et obscur se transforme en un papillon resplendissant de lumière ? »

40’. Fuyons les méchants qui enfantent le mal, qui le nourrissent en eux-mêmes et qui le répandent dans les autres ; et recherchons le conseil de ceux qui n’ont pas d’intérêts dans le monde et pas de passions dans le cœur.

41. La lumière qui recèle le Seigneur est comme le vêtement et comme l’ombre lumineuse du Parfait dont nous devons être couverts si nous sommes trouvés simples, fidèles, aimants et purs, comme au dernier jour de la création et comme au premier temps de notre nouvelle vie.

41’. Une fois, dix fois, cent fois, le Livre ne nous dira rien, mais croyons bien qu’à la millième il nous parlera un peu, et qu’à la fin il nous apparaîtra trop clair et trop évident, c’est-à-dire imprudent à l’excès.

42. Celui qui mesure sa faiblesse dans le monde et sa force en Dieu, ne se compte plus pour grand-chose ici-bas.

42’. Que peut offrir le monde à celui que Dieu a déjà pourvu de son amour ? à celui qui suit sa voie ? à celui qui accomplit son œuvre ?

43. Dieu ne se réjouit ni de notre agonie ni de notre mort dans ce monde. C’est pourquoi il nous propose la vie délivrée de la souffrance et de la mort pour toujours.

43’. Si les livres saints sont si beaux et si profonds, c’est parce qu’ils reflètent directement la splendeur de la lumière divine et qu’ils nous entretiennent du mystère insondable de l’œuvre de Dieu.

44. C’est la secrète révélation de Dieu qui nous fait rentrer dans la poussière et qui nous illumine tout à la fois. Ainsi celui qui reconnaît son Seigneur devient humble parmi les humbles, cependant il resplendit comme la lune qui reflète la lumière du soleil.

44’. Celui qui a la pleine conscience de sa faute devant Dieu, est précisément celui qui s’efforce le plus à l’effacer. — Que sera donc le remords de celui qui s’est oublié dans le monde quand l’heure solennelle et imprévue sonnera pour lui ?

45. Un travail long et solitaire, l’indifférence ou la méfiance de tous, les refus, l’hostilité, la pauvreté, le silence et la solitude pour compagnons. — Telle l’œuvre sainte offerte aux morts, tel le salaire des morts qui ne la reçoivent pas.

45’. Ce n’est pas l’amphitryon qui sera privé, mais bel et bien les convives qui s’abstiennent volontairement. — Quant à celui qui est chargé d’annoncer le festin de l’union sainte, il bénéficiera avec ses amis de la part des absents.

46. Mais quelle importance cela a-t-il pour celui qui a la vision de la promesse étonnante du Parfait ? Car sa progéniture sera comme les étoiles dans le ciel, et ses fils peupleront la terre sainte.

46’. Leur lot sera formidable et comme absurde, car au-dehors ce sera alors la famine, la souffrance, le désespoir et la mort, et nul ne pourra fermer la porte de l’enfer, et nul ne pourra ouvrir la porte du ciel.

47. Il est apparemment logique, pour ceux qui ne perçoivent pas plus loin que leurs sens extérieurs, de nier le salut de Dieu et de préconiser le salut de l’homme par le travail de l’homme. « Pauvre travail, pauvre salut, avant-goût de l’enfer ! »

47’. Comment condamner ceux qui n’entendent pas la vérité du Seigneur, quand il nous a fallu tant de peines pour pénétrer dans le temple de Dieu et tant de temps pour découvrir son cœur vivant ?

48. Ne disons pas à présent : « Si nous avions connu le Livre, nous l’aurions honoré et fait connaître autour de nous », car beaucoup ont lu et presque tous se sont abstenus.

48’. Semons le Livre comme nous semons nos cœurs, afin que la semence de Dieu soit multipliée dans le monde et que le règne du Parfait soit ainsi avancé pour tous.

49. Remercions plutôt Dieu de ne pas être tentés par une apparence commune, car celui qui écrit n’est rien, mais celui qui dicte est tout.

49’. Il suffit que le laboureur laboure, car c’est Dieu qui sème, qui arrose, qui fait germer, qui fait fleurir, qui fait fructifier et qui multiplie la semence.

50. Aucune parole d’Écriture sainte ne contredit en fait la parole d’une autre Écriture sainte. Ainsi Dieu apparaît multiple en personnes, mais il est cependant unique en acte et en repos, comme étant l’Être par excellence, c’est-à-dire le premier et le dernier en tout.

50’. Il nous faut donc connaître toutes les Écritures saintes et les étudier jusqu’à ce que nous ayons découvert l’identité première et dernière de la parole inspirée. « Penser à Dieu et méditer sur sa création, c’est prier et louer Dieu. »

51. C’est tout de suite qu’il faut cesser de nous faire de nouveaux ennemis, et c’est à présent qu’il faut nous réconcilier avec nos anciens ennemis. C’est tout de suite que nous devons ménager et aider tous les êtres de la création. C’est à présent qu’il nous faut combler le déficit énorme de nos actes d’amour envers le créateur et envers les créatures. « Remarquons que ce qui nous arrive est précisément ce que nous souhaitons aux autres ou ce que nous leur faisons subir. »

51’. Les impies ont pris à leur compte la doctrine de fraternité que les croyants ont rejetée, et à présent tous se combattent au lieu de se convertir, soit à la patience et à la douceur pour les uns, soit à l’humilité et à la générosité pour les autres ; c’est-à-dire, à l’amour de Dieu pour tout le monde. Quand beaucoup seront meurtris, dépouillés et réduits à rien, les survivants reconnaîtront peut-être la sagesse de la loi de Dieu et la sauvegarde de sa voie sainte ? Ayant tout perdu, peut-être seront-ils alors sans cupidité et sans haine ?

52. Les pauvres, les simples, les poètes, les artistes et les saints véritables ont-ils jamais maudit et exterminé leurs semblables au nom des Écritures saintes, ou de la charité, ou de l’amour, ou de la beauté, ou au nom de Dieu et de sa justice ?

52’. Ceux qui aident secrètement leur prochain en pensée et en action, reçoivent sans retard l’inspiration de Dieu et le secours des humains, mais souvent ils ne les perçoivent pas.

53. « Les sectaires, les tortionnaires et les criminels ne sont pas de Dieu certainement. »

53’. Comment disputer avec le monde et entendre la voix du Seigneur en soi-même ou remarquer l’occasion qui s’offre ?

54. Célébrant les mystères de Dieu dans un langage mort, pouvons-nous nous étonner de ne pas être entendus par les croyants et de ne plus être écoutés par les simples ? Peut-être cela indiffère-t-il les pasteurs et les troupeaux à présent ?

54’. Il faut toute une équipe pour écrire un livre sur Satan, et les curieux se précipitent et admirent. Il faut un seul croyant pour écrire un Livre sur Dieu, et nul ne bouge et personne ne dit mot. « Ô comme les intelligents sont devenus idiots à force d’intelligence ! »

55. Pourquoi ceux qui font profession d’enseigner la loi de Dieu, de transmettre sa parole, voire de parler en son nom ou de le représenter ici-bas, pourquoi ignorent-ils les collaborateurs qui ne sont pas de leur bord ? Pourquoi repoussent-ils les croyants pauvres ou indépendants ? Pourquoi traitent-ils leurs confrères qui prêchent l’Unique Dieu comme des concurrents, et leurs fidèles comme des indésirables ? Dieu lui-même cependant, juge nos cœurs et non pas nos situations ni nos appartenances. « Qu’ils soient bénis les saints prêtres qui prêchent le salut de Dieu de la fin des temps ; mais qu’ils soient comblés les sages prêtres qui enseignent la délivrance de Dieu dès ce temps d’exil ! »

55’. Qui parmi nous peut juger de l’œuvre de Dieu, et combien connaissent sa voie cachée ? Qui parmi nous peut préjuger du choix et de la décision du Seigneur ? Nous sommes devenus comme des aveugles qui se battent pour de la fausse monnaie et comme des sourds qui s’injurient pour des guenilles. Hélas ! ceux que nous avons stupidement abandonnés et oubliés vont nous mettre d’accord. Les incroyants vont nous ramener à l’humilité de notre condition d’exilés, car nous allons être couchés dans la mort, sans distinction et sans pardon, empilés comme du gibier abattu, dispersés comme la balle du grain, jetés à la fosse comme la viande avariée.

56. Qui donc parmi ceux-là conseille le Seigneur sur le choix de ses envoyés, de ses inspirés, de ses élus, de ses saints et de ses sages ? « Nous devons nous convertir, c’est-à-dire nous retourner et, au lieu de regarder le dehors où se disperse le passé, contempler le dedans où repose l’éternel Présent de la vie. »

56’. Il n’y aura plus alors de disputes subtiles, plus de préséances dérisoires, plus de salaires d’hommes, plus de savants et plus de sermonneurs. Seulement des tas d’ossements humbles et anonymes, et le silence éloquent des mâchoires béantes de la mort. Comprendrons-nous alors ?

57. Ô Seigneur, combien entendent ta voix ? Combien reçoivent ton ondée vivifiante ? Combien entrouvrent leur cœur de pierre ? Combien fructifient devant toi ? Combien rejoignent ta terre promise ? Combien multiplient en toi ? Combien moissonnent ta récolte ? Combien revêtent ta vie, ô Seigneur ? « Ne réponds pas à présent, afin que la stupeur et le désespoir ne nous renversent pas à terre irrémédiablement. »

57’. Allons à ceux qui pleurent et non à ceux qui se réjouissent. Allons aux humbles et non aux puissants. Allons à ceux qui souffrent et non à ceux qui dominent. Allons à ceux qui se perdent et non à ceux qui se sauvent. Allons à ceux qui manquent et non à ceux qui regorgent. Allons à la semence et non au fruit sec. Allons à la terre sainte et non à l’or faux. Allons à la mort afin de sauver notre vie.

58. Tout cela est difficile et presque au-dessus de nos forces, mais faisons au moins quelque chose pour la communion sainte de l’amour ; et si misérable et si pitoyable que cette chose soit, qu’elle demeure néanmoins secrète et gratuite.

58’. Celui qui cherche Dieu peut paraître tourmenté et être difficile à fréquenter, mais celui qui a trouvé Dieu est serein et demeure patient avec tous les hommes et avec lui-même, car il ne quitte plus la compagnie de l’Unique.

59. Prenons un métier d’homme libre et abandonnons nos déguisements. Officions et prêchons dans la langue du pays où nous nous trouvons. Faisons en sorte que rien ne nous distingue ni ne nous sépare des croyants, si ce n’est la vertu et l’exemple de la sainteté.

59’. Officions et prêchons dans la maison commune à Dieu et aux hommes, et prêchons et officions chez les croyants qui nous reçoivent. Acceptons du pauvre et méfions-nous du riche pour nous-mêmes, car ce sont les pauvres que nous devons enrichir et non pas les riches qui doivent nous corrompre.

60. Ne tendons la main que pour nous-mêmes et pas pour les autres. Il suffit que nous signalions en secret la détresse d’un fidèle pour que tous aillent à son secours si nous sommes tels que nous devons être, c’est-à-dire sanctifiés par l’amour. — Il vaut mieux obéir à Dieu seul plutôt qu’aux hommes et au monde, comme font beaucoup à présent.

60’. Il suffit pour eux qu’ils portent directement secours à ceux que nous leur désignons en secret ou qu’ils découvrent eux-mêmes. — Ainsi ne nous éloignons pas des simples et des pauvres et ne négligeons pas la racine des peuples où se cache la gloire de Dieu. — Ce sera pour nous la joie du cœur qui paraît dans la fraternité des humbles, les véritables enfants de Dieu.

61. Soyons donc imprudents et gratuits comme de vrais poètes. — Soyons libres et insouciants pour nos vies comme de véritables artistes. — Soyons simples et confiants comme des enfants de Dieu. — Soyons bons et secourables comme l’ancien samaritain. — Soyons détachés et clairvoyants comme les sages antiques. — Soyons attentifs et humbles comme des ignorants qui se connaissent. — Soyons assurés et consolants comme des sauvés de Dieu. — Soyons inspirés et convaincants comme des prophètes remplis du Saint-Esprit.

61’. Semons donc et nous vivrons dans l’abondance du Seigneur. « Il y a parmi nous plus d’endormis que de morts, plus de prudents que de lâches, plus de timides que d’hypocrites. » Réveillons-nous donc avant que la mort nous endorme tout à fait. Relisons les livres sacrés et pratiquons la voie sainte comme des imprudents et comme des fous de Dieu, car nous sommes là pour avertir, pour secourir, pour excuser, pour consoler, pour pardonner, et certainement pas pour injurier, pour dénoncer, pour juger, pour condamner ni, surtout, pour exécuter notre prochain.

62. Ne nous inquiétons pas trop de comment nous vivrons, car Dieu y pourvoira par l’inspiration et par le secours, si nous le lui demandons avec confiance, car il surveille, il inspire et il soutient ses enfants en toutes occasions.

62’. Notre Dieu est un Dieu qui se mange, qui se boit, qui communique la vie, qui l’entretient, qui la délivre et qui la restitue dans sa primauté admirable. C’est un Dieu qui se donne pour sauver en nous ce qui subsiste de vie égarée dans la mort.

63. Il permet aussi qu’ils soient tentés très souvent afin qu’ils s’affermissent dans sa voie. Ainsi le mieux est de demeurer dans la confiance du Parfait sans nous poser d’inutiles questions sur le monde.

63’. Ainsi possédant en nous-mêmes les arrhes de Dieu, nous devons nous ouvrir à sa bénédiction et à son amour, afin d’être délivrés de l’exil de la mort et afin d’être faits un avec l’Unique.

64. Il est donc recommandé de prier, de louer et de se taire en attendant que la révélation nous soit devenue claire et perceptible, car c’est dans notre cœur que réside le mystère de Dieu, et c’est lui-même qui accomplit en nous notre délivrance.

64’. Nous devons tout espérer de l’ensemencement, de la germination et de la maturation naturelles ; et nous devons tout redouter de la contrainte, de l’impatience et de la violence des ignorants bien intentionnés.

65. Éveillons-nous avec le Livre afin de commencer notre journée par une pensée salutaire. — Déplaçons-nous avec le noble outil afin d’œuvrer utilement entre nos occupations futiles. — Endormons-nous avec le message afin de l’avoir sous les yeux au jour du jugement.

65’. Tous verront le jugement de Dieu. — Beaucoup vivront de la vérité de l’Unique. — Un petit nombre habitera le cœur du Seigneur. — Quelques-uns contempleront l’œuvre secrète du Parfait. — Mais combien connaîtront le mystère des origines et des fins qui font l’éternité des éternités ?

66. Ainsi nous pourrons vérifier point par point l’œuvre prodigieuse du Très-Haut, la vérité de sa loi et l’excellence de sa voie.

66’. Ô épouvante mortelle du secret dévoilé ! Qui résistera au vertige de la connaissance et de l’amour unis en Un ?

67. Nous sommes dépassés par la beauté de l’ouvrage du Seigneur, nous demeurons stupides devant sa profondeur et nous sommes muets devant sa grandeur. — Certains ricanent pour se donner une contenance, la plupart feignent de l’ignorer afin de ne pas découvrir leur aveuglement. Le trou qui va les recevoir est déjà entrouvert, mais cela ne les instruit même pas.

67’. Comme sa prudence est admirable, et comme son audace est folle ! — Comme sa science est impénétrable, et comme son amour resplendit ! — Comme sa grâce est subtile, et comme son cœur est fidèle ! — Comme sa voie est obscure, et comme son salut est lumineux ! — Comme ses coups sont miséricordieux, et comme sa paix est parfaite !

68. Refais la boue.

68’. Et cuis-la.

69. Nous rechercherons l’œuvre du Très-Haut comme une chose curieuse et comme un jeu sans importance. Ensuite, nous étudierons le travail de l’Unique avec une savante assurance et avec une conscience aiguisée. Enfin, nous serons pris au piège du Parfait sans savoir comment la chose s’est produite, et nous serons, tantôt appelant au secours dans ses ténèbres mystérieuses et tantôt aussi, goûtant le repos de son amour divin.

69’. Nous ne pleurerons plus de désespoir et de souffrance, nous pleurerons de joie et de reconnaissance, et ce sera cependant la même eau et le même sel ; mais le cœur se sera ouvert sous l’ondée du Seigneur, et l’esprit se sera illuminé par le miracle de Dieu.

70. Mais le Seigneur est miséricordieux avec ses enfants terribles, il leur fera voir à la fin son salut et sa gloire pour qu’ils vivent à jamais devant lui.

70’. Ô combien la voie du grand Guérisseur est mystérieuse, combien elle est assurée, combien elle est puissante, combien elle est transformante et combien elle est salvatrice !

70’’. C’est par un sage jugement de Dieu que les brutes et les impies foulent aux pieds les perles de sa couronne, et que les malins et les cupides ne peuvent les voir dans la boue où elles sont cachées ici-bas.

Toutes choses se résolvent en feu et le feu se condense en toutes choses, de même que les marchandises se convertissent en or et l’or en marchandises.
Héraclite
Tout sera jugé et dévoré par le feu qui surviendra.
Héraclite

LIVRE XVI

Et l’eau leur fut donnée d’un rocher et d’une pierre, l’apaisement de leur soif.
Salomon
Qui est une pierre si ce n’est notre Dieu ?
Salomon

RÉUNIT ÈVE

LE ROCHER

1. Examinons bien ce qui nous est dit ou demandé par chacun et voyons si la chose est conforme à la loi de Dieu et non pas aux lois des hommes, et Dieu nous répondra dans notre cœur. Mais peu d’entre nous écoutent la voix du Seigneur, car elle bouleverse nos habitudes, contredit nos passions et détruit notre fausse tranquillité d’agonisants aveugles et sourds. « Qui bouchera ses oreilles pour mieux entendre et qui fermera ses yeux pour mieux voir ? »

1’. Celui qui ne possède pas l’Esprit de Dieu jugera le Livre comme une chose ennuyeuse, obscure et inutile, car trop de médiocres ont discrédité la parole inspirée en émasculant le verbe de Dieu, en propageant des écrits imbéciles, en fabriquant des images mortes et en faisant des commentaires erronés. En un mot, en faisant servir les Écritures saintes à leurs petitesses d’hommes au lieu de servir la grandeur des révélations divines.

2. Ne savons-nous plus reconnaître le ton de la vérité de Dieu ni le langage de la poésie sainte ? Ne serait-ce pas parce que notre misérable raison, notre petite intelligence et notre médiocrité assurée ont étouffé en nous les voix de l’humilité, de l’inspiration et de l’amour, qui ne trompent pas les vrais enfants de Dieu ?

2’. En mutilant nos antennes réceptrices, nous nous coupons de l’inspiration et nous devenons sourds. En supprimant nos antennes émettrices, nous nous privons de notre virilité et nous devenons aveugles. C’est alors que nos compagnes se rebellent, et qu’elles nous méprisent quand il leur faut assumer nos rôles défaillants.

3. Rends-nous humbles, patients, aimants, innocents et purs, afin que nous soyons pleinement fécondés par ton amour et menés jusqu’à ta gloire impérissable, Seigneur magnanime et parfait.

3’. Ce sont enfin nos enfants qui nous traitent comme des nullités dans nos propres foyers, puis l’anarchie qui gagne les nations et enfin l’esclavage qui s’établit dans le monde.

4. Quand nous rencontrerons un croyant, nous lui dirons : « Parle-nous de Dieu ». Ainsi nos conversations seront toujours intéressantes, belles et utiles. Cependant, le silence en Dieu l’emporte encore sur le bruit dans le monde.

4’. Celui qui dévoilerait à quiconque le mystère de Dieu, et celui qui le recevrait indûment, seraient retranchés sans pardon pour l’éternité.

5. « Nous n’avons à être patients et courtois ni avec les méchants, ni avec les hypocrites, ni avec les médiocres qui sollicitent notre approbation pour leurs méchancetés et pour leurs platitudes. Qu’ils se retirent devant nous, comme nous nous retirons devant eux ! »

5’. En effet, Dieu seul dénude sa vérité devant celui qu’il a choisi, car il est seul juge de nos cœurs et seul maître de son secret. Les sages, les prophètes et les saints de Dieu ne peuvent que le révéler en images aux croyants avec crainte et avec tremblement.

6. Ceux qui sont instruits par Dieu reconnaissent les religions et les initiations des hommes, car ce sont eux qui les instituent quand elles manquent et qui les redressent quand elles dévient.

6’. Si nous n’attirons pas en nous l’Esprit de Dieu, nous demeurerons ici-bas comme des bêtes misérables bornées à leurs sens extérieurs et stupides devant la création vivante de l’Unique.

7. L’agriculture est certainement la connaissance la plus utile à l’humanité, cependant beaucoup l’ignorent, et presque tous la méprisent. « Étrange aveuglement ! »

7’. On nous nommera « planteur d’hommes, et jardinier de Dieu ». Ce sont des titres prestigieux et glorieux pour ceux qui comprennent.

8. Ensemencement, mortification, germination, ablution, floraison, fructification, multiplication : tels sont les états successifs de notre perfectionnement en Dieu.

8’. La vérité de Dieu repose dans nos cœurs obscurcis. Seuls la grâce et l’amour du Seigneur peuvent la manifester clairement au-dedans de nous-mêmes et au-dehors dans le monde ténébreux.

9. La communion s’accomplit en nous par le mariage du pain et du vin, qui s’unissent au moyen de l’eau qui est contenue en tout. Ainsi ils entretiennent et ils développent la vie qui nous habite depuis le commencement, et ils la délivrent mystérieusement des griffes de la mort.

9’. Celui qui a reçu la vie directement de Dieu peut aussi la donner à qui lui plaît. Cependant, il préfère laisser au Seigneur le soin de ce choix redoutable, car seul Dieu est le connaisseur parfait. Il sait ce que recèlent nos cœurs. Il connaît ce que produit le temps. Il possède ce qui fait l’éternité.

10. Tant que nous serons ignorants de la voie de Dieu et privés de sa lumière sainte, nous pourrons nous imaginer être seuls à posséder la vérité et à pratiquer la vraie religion. Mais quand nous pénétrerons le mystère de l’unité des saints en Dieu, nous serons stupéfaits de reconnaître en même temps l’unité des enseignements de Dieu dans le monde.

10’. Ainsi nous devons confronter les paroles et la pensée des livres saints de l’humanité afin d’accéder à l’unité transcendante qui accorde entre eux tous les sages illuminés de Dieu depuis le commencement jusqu’à la fin. Souvenons-nous bien cependant que la plate raison des hommes exilés s’oppose formellement à l’inspiration et à la révélation du Seigneur de lumière.

11. Les rationalistes ressemblent à des fourmis qui ne voient que leur fourmilière, ignorant le ciel qui les abrite, la terre qui les contient et l’homme qui les observe. Car ils croient vaniteusement être les maîtres de leurs travaux et de leur destin, sans prévoir l’inondation, l’incendie ou le coup de pied du promeneur distrait qui les dispersera.

11’. Les temples sont devenus des lieux publics que les profanes foulent aux pieds et traversent comme des places désertes, et les fidèles s’y rendent comme ils vont à une gare, à un marché ou à une corvée ; et les desservants y sont installés derrière des comptoirs de vente et de mendicité.

12. Un dieu attentif les regarde eux aussi, et ils ne le savent pas. « Tombés dans l’ordure, ils s’y organisent au lieu d’en sortir. Intelligence malheureuse, courage inutile en vérité. »

12’. Il n’y a plus de candidats à la science de Dieu parce qu’il n’y a plus de croyants en la toute-puissance de Dieu. Ainsi les initiés de Dieu sont devenus imperceptibles dans le monde, et ses adeptes ont disparu tout à fait.

13. Il y a l’essence qui féconde, il y a la substance qui est fécondée, il y a le milieu qui est né, il y a la matière qui est créée. Il y a inversement la matière qui est solide, il y a le milieu qui est aqueux, il y a la substance qui est gazeuse, il y a l’essence qui est fluidique. Car ce qui descend est comme ce qui monte dans le sein de l’Unique.

13’. Il nous faut premièrement patienter dans la terre de la foi. — Il nous faut secondement être purifiés par l’eau de la grâce. — Il nous faut troisièmement être fécondés par l’air de l’Esprit Saint. — Il nous faut quatrièmement être mûris par le feu de l’amour. — Il nous faut cinquièmement être multipliés par la mort et par la résurrection dans l’Unique, car tout finit comme tout a commencé.

14. Nous pleurons à présent notre agonie dans le monde, mais un jour nous pleurerons en voyant le sort de ceux qui nous renient et qui nous accablent ici-bas.

14’. Prenons garde que la mort ne nous tombe pas dessus comme la foudre et qu’elle ne nous trouve pas nus et vides comme des calices déjà bus.

15. Hélas ! la pitié et l’amour même des sauvés ne pourront rien pour ceux qui auront choisi les excréments de la mort.

15’. Celui qui veut faire sa paix avec Dieu doit premièrement faire sa paix avec les hommes et avec lui-même.

16. L’aide nous vient de Dieu par l’inspiration des anges et par le ministère des hommes. Qui sera assez stupide pour repousser le conseil des saints et pour refuser l’aide des hommes après avoir sollicité le secours du Très-Haut ? Qui sera assez ignorant pour louer l’instrument en négligeant l’artiste ? Qui sera assez intelligent pour remonter jusqu’à l’ouvrier en passant par l’outil et par l’œuvre ?

16’. Celui qui est invité au banquet du Seigneur reçoit la promesse de la vie. — Celui qui mange à la table du Seigneur bénéficie du don de la vie. — Celui qui boit à la coupe du Seigneur obtient la connaissance de la vie. Mais celui qui baise le Seigneur aux lèvres repose dans le sein de la vie et commande avec le Parfait. « Qui peut donner sans se sentir important ? Et qui peut recevoir sans se sentir diminué ? Celui qui vit en Dieu seulement ! »

17. Les méchants seront contraints pendant tout le temps de leur méchanceté, d’avaler leur vie mélangée à l’ordure. Car l’éternité de l’enfer est faite de l’obstination de la révolte dans l’ignorance, dans l’orgueil et dans la méchanceté.

17’. Ô croyants de Dieu, réjouissez-vous dans vos larmes et riez dans les souffrances de l’exil, car vous vivrez un jour dans la lumière de Dieu et vous deviendrez transparents et purs.

18. C’est l’absurdité du travail forcé et inutile, c’est le péché de la vie mêlée à la mort, c’est l’infection et l’horreur de la pourriture toujours agonisante et toujours renaissante.

18’. Tout vous sera donné sans mélange infâme et sans travail mercenaire, vous boirez à la source sacrée et vous sucerez la pierre sainte, vous habiterez la splendeur, vous louerez et vous bénirez le Seigneur magnifique pendant l’éternité de l’union.

19. Efforçons-nous chaque jour d’affermir notre foi dans la promesse étonnante du Tout-Puissant. Efforçons-nous d’augmenter notre amour pour le généreux qui nous alimente. Efforçons-nous de supporter sans faiblir les épreuves de nos vies obscurcies. Ne nous lassons pas de solliciter le secours de la Providence du Très-Haut. Ne nous rebutons jamais dans notre quête du trésor saint.

19’. À présent, mon Dieu, si nous avons parlé selon ta vérité sainte et si nous avons agi selon ta voie droite, laisse couler ta bénédiction et fais pleuvoir ton amour sur tes enfants bien-aimés. Accorde ton repos à tes serviteurs obéissants. Procure ta paix à tes héros dévoués. Communique ta sagesse à tes amis fidèles. Multiplie ton amour dans tes fils aimants. Fais éclore ta vie pure dans tes images assombries. Envoie ton salut à tes os endormis.

20. Le seul travail qui compte véritablement est le travail sur nous-mêmes. Le reste est un pis-aller provisoire consenti aux nécessités de nos vies prisonnières.

20’. À présent, Seigneur, que nous avons labouré et que nous avons préparé ta moisson, accorde-nous les prémices de ton abondance et donne-nous les gages de ta gloire sans pareille.

21. N’y a-t-il plus parmi nous que des chasseurs de nuages et que des collectionneurs de fumées ? N’y a-t-il plus que des conquérants de poussières et que des conservateurs de mort ?

21’. Honorons les saints et souvenons-nous des croyants fidèles qui ont illustré la parole de foi et d’amour et qui nous ont montré la voie de l’acceptation et de la patience en toutes choses.

22. N’y a-t-il plus que des coques vides que le vent agite en passant ? N’y a-t-il plus que des vaniteux stériles et que des bêtes abruties ? N’y a-t-il plus que des délirants égarés dans les ténèbres du dehors, et que des porcs vautrés dans leurs excréments ?

22’. Louons et bénissons dans nos cœurs les fils de Dieu, les sages et les prophètes qui nous ont transmis la promesse ancienne du Seigneur de vie et qui nous ont révélé la voie sainte qui sauve de la mort.

23. Quand le vent souffle, le désert semble animé, mais lorsqu’il cesse, tout retombe en poussière. Quand les passions s’élèvent, le monde paraît en mouvement, mais quand elles s’apaisent, on ne voit plus que la platitude du doute et on n’entend plus que les borborygmes de l’agonie des bêtes.

23’. Adorons dans nos cœurs le Dieu tout-puissant qui nous arrose de sa grâce, qui nous réchauffe de son amour et qui nous fait germer jusqu’au ciel de résurrection. « Les faillites renouvelées des chercheurs d’arts, de systèmes, de sciences et de lois devraient nous ouvrir les yeux et nous ramener dans la voie de la quête intime du Parfait. »

24. Le malin paraît doucereux et flatteur, aimable et prudent, prometteur et facile, séduisant et sucré, déguisé et habile, éludant et vague, complaisant et charmant, empressé et servile. Le monde le recherche et tombe aisément dans ses filets ; son salaire, c’est la tromperie, la désolation, le tourment et la mort.

24’. Le saint semble dur et grossier, décevant et sévère, rugueux et brutal, maladroit et blessant, exigeant et intraitable, scandaleux et outré, rebutant et amer. Tous le fuient comme la peste. Son cadeau, c’est la vérité, la consolation, la paix et la vie en Dieu.

25. Ô tentation, ô piège ! les impies accaparent tous les biens apparents du monde et délaissent le trésor de la vie.

25’. Ô tentation, ô sauvegarde ! les chercheurs de Dieu doivent mendier leur subsistance, alors qu’ils possèdent l’or qui ne s’épuise pas.

26. Ne prenons pas des airs de sauvés et n’affectons pas la sainteté, car la boue qui nous couvre des pieds à la tête nous rendrait encore plus grotesques et plus risibles aux yeux de tous. — Ne nous arrêtons pas non plus à nos chutes et ne nous endormons pas sur nos petites victoires. Marchons vers le centre, car c’est cela qui compte seulement, et non pas les quolibets ou les acclamations des foules ignorantes. « Faisons premièrement notre soumission à Dieu dans le secret de nos cœurs, ensuite il ne nous en coûtera plus de le publier devant tous. »

26’. N’entendons-nous pas la parole qui sonne vraie ? — Ne reconnaissons-nous pas le ton qui vibre juste ? — Ne sommes-nous pas frappés par le verbe inspiré de Dieu ? — Ne sommes-nous pas remués par la voix intérieure de celui qui nous parle ? — Ne sommes-nous pas réveillés par les clameurs des envoyés de Dieu ? — Ne sommes-nous pas chavirés par les plaintes des crucifiés innocents ? — Ne sommes-nous pas épouvantés par les appels du Très-Haut qui nous prie d’amour ?

27. Rions des railleurs en pensant à notre récompense, et pleurons sur eux en songeant à leur salaire. Ô tristesse, ô douleur du refus des morts et des agonisants !

27’. Il vaut mieux secourir un croyant que d’être enrichi par un impie. Combien il est préférable alors d’aider un seul croyant plutôt que d’enrichir mille impies !

28. Celui qui regarde humblement son Seigneur laisse au temps le soin de décanter la boue du péché dans laquelle il languit misérablement, car ceux qui veulent orgueilleusement l’analyser, ne font que la rendre encore plus opaque et plus malodorante.

28’. La connaissance de l’œuvre sainte, c’est l’obtention de la grâce, c’est la possession de l’amour, c’est l’entrée dans la gloire et dans le règne de Dieu.

29. Les saints de Dieu ressemblent plus à des mendiants errant sur la terre qu’à des puissants établis dans leurs palais, mais les sages de Dieu peuvent se rencontrer partout, car les tentations du monde ne sauraient plus jamais leur faire oublier leur Seigneur magnifique.

29’. En mettant la main à la semence, nous aurons de la pâte, en mettant la main à la pâte, nous aurons du levain, en mettant un peu de levain dans beaucoup de pâte, nous aurons l’abondance du pain qui guérit et qui nourrit les enfants de Dieu.

30. À l’exemple des germes qui se développent longuement dans l’obscurité et qui jaillissent d’un seul coup à la lumière pour mûrir et pour fructifier dans le don d’eux-mêmes…

30’. nous ressortirons de la terre, nous marcherons sur l’eau, nous voyagerons dans l’air et nous reposerons dans le feu, à l’étonnement de tous et de nous-mêmes.

31. Ainsi notre amour en Dieu couve longtemps dans les ténèbres de la foi, pour paraître au jour de l’espérance et se réaliser pleinement dans la vertu multiplicative de l’amour. « Telle est la mort, et telle est la vie en Dieu. »

31’. Car le Seigneur est un compagnon merveilleux qui sauve de la détresse, de l’abandon, de la chute et de la dispersion dans la mort. « Libère ton Dieu, nourris ton amour et tu ne seras jamais triste ni abandonné. »

32. Tout peut nous faillir et nous abandonner, car nous pouvons nous-mêmes tout renier et tout délaisser, mais le Sauveur ne saurait égarer une parcelle de sa chair ni oublier une goutte de son sang dans le monde. Telle est la promesse et tel est l’amour de Dieu. « Bénéficier du sacrement de vie n’est pas nécessairement en disposer, et en disposer n’est pas obligatoirement le connaître. »

32’. Ô sauvegarde de l’amour crucifié ! Ô mémoire du sang dispersé ! Ô puissance du centre éclaté ! Ô vertige du moyeu aimanté ! Ô miracle de la vie retrouvée ! Ô splendeur de l’or épuré ! Ô stupeur de l’unité gardée ! Ô ferveur du cœur extasié ! Ô terreur de l’union exaltée ! Ô mort dans la vie du Bien-Aimé ! Ô paix dans le sein de celui qui EST !

33. À quoi bon prier hypocritement Dieu dans ses temples, si nous violons sa loi dans nos maisons, si nous nous écartons de sa voie dans nos vies, si nous entravons son œuvre dans nos cœurs ?

33’. Pourquoi ne pas dire la vérité ? Seuls les hypocrites et les méchants la redoutent, parce qu’elle dérange leurs machinations, qu’elle dénude leurs mensonges et qu’elle met leurs malhonnêtetés en relief.

34. Un croyant sincère qui prie, qui loue et qui adore Dieu dans son cœur, vaut mieux devant le Seigneur que tous les bien-pensants qui s’exhibent complaisamment sur ses parvis.

34’. L’illusion du mensonge sera tôt ou tard cruellement dissipée par le malheur et par la mort qui seront le partage des trompeurs et des trompés.

35. Allons-nous encore longtemps refuser ou feindre d’ignorer le Livre quand nous nous intitulons croyants de Dieu ? Qui parmi nous peut le prendre en défaut et qui peut le réfuter devant Dieu et devant les hommes ? Ô ingratitude, ô hypocrisie ! nous nous taisons et nous tentons d’ensevelir à nouveau le talent de Dieu. Ô ignorance malheureuse ! nous ne savons pas encore que la vérité de Dieu brise toutes les serrures de la mort et qu’elle brille finalement au grand jour devant tous les hommes de la création, afin qu’ils puissent choisir librement et que le jugement de Dieu soit ainsi rendu irrévocable et sans appel.

35’. Nous sommes tous doués pour les jouissances matérielles parce qu’elles flattent la bête et ne demandent aucun effort. Un grand nombre d’hommes sont doués pour le travail parce qu’il permet de ne pas penser et de s’oublier dans le monde. Une égale quantité d’individus sont doués pour les affaires parce qu’elles s’arrangent du mensonge et qu’elles encouragent la cupidité. Beaucoup sont doués pour les sciences parce qu’elles excitent la curiosité et la dispersion. Un petit nombre est doué pour les lois parce qu’elles demandent de la subtilité et de la réflexion. Une minorité est douée pour les arts parce qu’ils exigent de l’intuition et du renoncement.

36. Quel sort malheureux que celui des timorés, mais quel sort lamentable attend les opposants à la lumière du Seigneur ! « Notre crime est impardonnable, car nous avons raison contre les impies et contre les hypocrites, contre les savants et contre les ignorants, contre les intelligents et contre les médiocres. »

36’. Quelques-uns sont doués pour la recherche de la sainteté parce qu’elle nécessite l’amour du prochain et l’oubli de soi-même. Il n’y a presque personne qui soit doué pour le mystère de Dieu, parce qu’il faut y méditer longtemps et acquérir l’entière connaissance de la nature et de l’homme. Cependant l’amour de Dieu suffit à chacun, et tous peuvent l’acquérir facilement.

37. L’artiste est un perpétuel nouveau-né qui s’étonne de la création apparente. Le savant est un perpétuel curieux qui cherche le ressort de la création présente. Le saint est un perpétuel agonisant qui espère le repos dans la création cachée. Le sage est un perpétuel vivant qui s’active et qui repose avec le Parfait dans le sein de la création épurée. « Dans la semence de l’homme est caché un germe qui consolide la substance de la femme. Ainsi la conscience de Dieu est comme un point qui coagule l’Univers et qui lui donne la forme. »

37’. Il y a les promis par la révélation du Seigneur de charité. Il y a les engagés par la foi dans le vivant d’éternité. Il y a les liés par la grâce du Tout-Puissant. Il y a les enchaînés par l’amour du Bien-Aimé. Il y a les cloués par l’union avec le Très-Parfait. Il y a les agonisants par l’intégration à l’Unique Splendeur. Il y a les morts par la connaissance du Très-Caché. Ceux-là ne parlent plus et n’agissent plus personnellement, car ils demeurent en repos et en acte avec l’Inconnaissable qui EST.

38. C’est la lecture assidue des livres saints qui engendre et qui entretient notre foi et notre courage en Dieu. C’est la fréquentation journalière des Écritures sacrées qui fait naître et qui maintient notre ferveur et notre espérance en l’Unique. C’est l’étude répétée des paroles révélées qui éclaire et qui augmente notre science et notre amour de Dieu et des hommes.

38’. Si nous abandonnons, ou même, si nous négligeons les livres saints, nous retomberons rapidement dans le chaos de l’enfer et de la mort. Si nous les étudions patiemment et si nous les pratiquons dans nos cœurs, Dieu nous fera accéder à sa vie magnifique et il nous mènera à sa paix sans mélange.

39. C’est la pratique patiente et attentive des enseignements sacrés qui délivre et qui perfectionne notre vie en Dieu.

39’. Prions le Seigneur pour qu’il nous permette d’atteindre le fond des choses et de nous-mêmes, afin de pouvoir accéder à sa grandeur divine et à son repos très saint.

40. Les commentateurs bien-intentionnés sont souvent sinistres, mais la fréquentation directe du Seigneur n’est jamais ennuyeuse.

40’. La lumière nous habite et nous environne, mais nous demeurons dans les ténèbres du doute, du désespoir ou de la foi, tant que le Seigneur ne lève pas le voile ténébreux qui nous enserre étroitement de toutes parts.

41. Ce sont les saints et les anges de Dieu qui accoucheront les vrais croyants quand ceux-ci renaîtront dans le monde glorieux du Parfait, et ce sont les méchants et les démons qui accoucheront les impies et les hypocrites dans le monde des bêtes brutes.

41’. Non, la promesse fantastique du Seigneur n’est pas un conte de vieille femme ni une histoire pour amuser les enfants. C’est une réalité que tous verront de leurs yeux, que bien peu toucheront de leurs mains et que quelques-uns seulement connaîtront dans le secret de leur cœur.

42. Tous les livres sages et saints sont du verbe, ils rentrent dans le verbe, ils demeurent dans le verbe et ils ressortent du verbe pour l’instruction et pour la sauvegarde de certains et pour la condamnation des autres. C’est l’épreuve imposée par Dieu, qui prépare ainsi le jugement de la fin des temps et la hiérarchie de sa nouvelle création.

42’. Il y a un certain nombre de fidèles parmi les nations. Il n’y a qu’un petit nombre de croyants parmi les fidèles. Il n’y a qu’un petit nombre de saints parmi les croyants. Il n’y a qu’un petit nombre de sages parmi les saints. Il n’y a qu’un petit nombre de fils de Dieu parmi les sages. Et il n’y a qu’un seul verbe de Dieu parmi les fils divins.

43. Ainsi parmi les croyants qui servent actuellement beaucoup seront servis, et beaucoup parmi ceux qui commandent devront obéir. « Remarquons que les envoyés de Dieu se sont toujours proclamés serviteurs de Dieu et des hommes. »

43’. C’est lui qui fait tout, car tout vient de lui et tout retourne à lui. C’est lui qui inspire les Écritures saintes, c’est lui qui les anime, c’est lui qui les propage, c’est lui qui les garde et c’est lui qui les renouvelle à son gré.

44. Ne méprisons rien ni personne, car tout ce que nous méprisons ne nous apporte plus rien de bon et finit même par se retourner contre nous. Alors la haine et le malheur succèdent au mépris et à la privation. En effet, celui qui se retranche de la vie et de l’amour est finalement retranché par les hommes et par Dieu. Ainsi nous devons prendre garde à ne jamais mépriser les êtres et les choses qui nous font vivre, mais au contraire nous devons les estimer et les aimer toujours plus, afin qu’eux aussi deviennent de plus en plus bénéfiques et aimants.

44’. Ne nous disputons au sujet d’aucune religion ni d’aucune doctrine. Étudions assidûment toutes les Écritures saintes. — Observons la loi de l’Unique, qui est l’amour de Dieu et de sa création tout entière. — Pratiquons sa voie, qui est le retour à la vie pure et sainte des temps anciens. — Accomplissons son œuvre, qui est la fixation de nos vies dans le centre très parfait. Ainsi toutes choses seront accomplies dans la splendeur dernière et première.

45. Combien donc ne devons-nous pas aimer d’amour celui qui nous a donné la vie, qui l’entretient, qui la délivre et qui la restitue dans sa splendeur primitive, quand nous l’en prions saintement !

45’. Les élus de Dieu le perçoivent en essence, ils le contemplent en substance, ils le palpent en naissance et ils le goûtent en corps ressuscité. Ô mystère saint et parfait de la totalité de l’Être !

46. Les grands sages, les grands saints et les grands artistes sont des exemples merveilleux qui ne doivent pas nous décourager de jouer notre petite partie personnelle, car ils sont là comme exemples et comme guides vers la perfection à laquelle nous pouvons tous atteindre, par la simplicité et par la pureté des opérations de nos cœurs.

46’. Ne désespérons jamais de Dieu dans cette vie et ne nous abandonnons jamais dans le monde. Demandons plutôt le secours du Seigneur et remettons-nous entre ses mains habiles, car il délivre notre vie de l’immonde, il la purifie merveilleusement et il la mène jusqu’à la perfection de son Être admirable.

47. Allons visiter les morts, les malades, les prisonniers, les malheureux, les abandonnés et après les avoir secourus, considérons en nous-mêmes le répit dont nous jouissons encore et mettons-nous aussitôt en quête de Dieu avant qu’il ne soit trop tard.

47’. Le Livre peut paraître facile ou difficile, mais il n’est jamais obscur ni éloigné pour celui qui choisit de secourir et d’aimer sans juger. « Dans la tentation, prions pour notre conversion et pour celle de l’ennemi. »

48. Nous désirons collaborer à la réhabilitation et à la réintégration en Dieu de toutes les créatures égarées dans la mort. Tel est notre vœu, car c’est le plus noble travail devant Dieu que séparer avec lui la lumière des ténèbres et cuire sa vérité jusqu’à la splendeur fixe et parfaite.

48’. Il nous faut une grande audace pour bénir nos ennemis, mais c’est le seul moyen assuré de nous en délivrer en les libérant du mal qui obscurcit leurs cœurs et qui les maintient dans la mort aveugle. Dieu ne fait-il pas aussi refleurir toutes choses par sa bénédiction sainte ?

49. Il y a beaucoup plus de fidèles bien-intentionnés que de croyants éclairés. — Il y a beaucoup plus de gens de bonne volonté que d’hommes instruits. Et il y a beaucoup plus d’égarés que de méchants dans le monde.

49’. Si nous ne comprenons rien après avoir étudié et médité le Livre, c’est parce que nous sommes encore enténébrés par la crasse du péché qui nous empêche de voir le miracle de Dieu en action dans le monde et en nous-mêmes.

50. Chacun dénonce le voisin au nom de la morale des hommes, au lieu de rechercher l’amour de l’Unique pour soi-même et pour les siens. « C’est la nature qui nous fait connaître l’homme, et c’est l’homme qui nous fait connaître Dieu. »

50’. Il n’y a qu’une réponse à la méchanceté : prier dans nos cœurs afin que le méchant se convertisse et qu’il cesse de nous tourmenter et de se tourmenter. « Dieu écrase les rebelles et pardonne aux repentants. »

51. Comment se fait-il que ceux qui se recommandent le plus de Dieu, se dénoncent et se déchirent, au lieu de s’aimer et de s’entraider comme des frères issus du même Père et de la même Mère ?

51’. Certains par leur attitude vaniteuse et hypocrite rendent le culte de Dieu suspect ou même odieux à beaucoup. D’autres par l’effet d’un zèle aveugle en sortent avec fracas et le fractionnent à l’infini.

52. C’est qu’ils ont plus confiance en eux-mêmes qu’ils n’en ont en Dieu et en sa sainte loi d’amour. « Ils se battent comme des chiens et ils aboient stupidement après les hommes sages et saints. Mais le fouet divin va les calmer bientôt. »

52’. Tous ces gens-là ne vivent que de l’écorce des Écritures et ils ne soupçonnent pas l’amande précieuse qu’elles renferment. « Celui qui étudie les livres saints et qui parle au Seigneur dans son cœur, pratique la vraie religion. »

53. Ils ignorent le sens caché de la parole inspirée, leurs explications morales en sont la preuve attristante. S’ils comprenaient, ils remonteraient à la source au lieu de se perdre dans des justifications oiseuses et dans des disputes imbéciles. « Dieu effacera les patries, les idéologies, les confessions et les sectes, car les croyants sont tous frères dans l’unité de l’Unique. »

53’. Dieu nous propose l’aventure inouïe et il nous offre le lot incroyable. Il nous présente les clefs de la mort et de la vie et il nous indique la voie qui sauve du chaos de l’absurde. Mais nous nous acharnons stupidement dans la poursuite de la pourriture agonisante et nous crions à l’injustice. Serons-nous toujours aussi imbéciles et aussi incurables ?

54. Ne craignons pas d’être comme des solliciteurs acharnés et comme des mendiants importuns devant le Seigneur, car il n’accorde ses trésors qu’à ceux qui l’en prient avec humilité, avec persévérance et avec amour.

54’. Nous sommes cousus de dettes devant le Très-Haut, mais nous lui demandons toujours plus, afin d’éprouver sa générosité sans borne et afin d’approfondir son amour sans fond.

55. Dans toutes les occasions où nous sommes tentés, prions avec amour pour la conversion du malin, c’est-à-dire pour sa soumission et pour son retour à Dieu. Ainsi ou bien il se convertira, ou bien il s’éloignera et de toute façon nous serons délivrés.

55’. Ce n’est pas en maudissant le maudit que nous le ramènerons au bercail et ce n’est pas en luttant avec lui que nous nous en délivrerons ; c’est en demandant pardon à Dieu pour lui et pour nous.

56. La fréquentation intime du Seigneur nous enlève toute timidité et rend notre foi agissante et notre amour miraculeux ; c’est elle qui nous donne le nécessaire et qui nous comble du superflu, afin que nous soyons les vivants témoins de la bénédiction du Tout-Puissant.

56’. Quand nous sommes tourmentés, prions pour le tourmenteur. Quand nous sommes comblés, louons le Généreux, mais quand nous sommes abandonnés, faisons humblement l’inventaire de notre nudité et de notre nullité et efforçons-nous de rétablir le contact par la méditation des livres saints.

57. Beaucoup d’hommes et de choses passeront, et le Livre sera toujours neuf et scellé comme au jour de sa naissance, dans la pauvreté, dans l’anonymat et dans l’abandon.

57’. Non, nous n’avons pas écrit le Livre en vain, car des multitudes de croyants en seront confirmés dans leur foi, fortifiés dans leur amour et éclairés dans leur quête. Et notre récompense brille déjà dans les mains et vit dans le cœur du Seigneur magnifique.

58. Dieu ne regarde pas beaucoup à nos situations dans ce monde. Il considère plutôt l’état de nos cœurs, car c’est de lui que provient notre sauvetage ou notre perdition, et la couleur de nos peaux n’ajoute ni ne retranche rien à cela.

58’. Tous gagnent leur vie en travaillant, en trafiquant, en jouant ou en volant. Seul celui qui cherche Dieu est contraint de mendier son pain comme un inutile. « Ô merveilleux humour du Très-Haut pour celui qui sait ! »

59. Imbéciles et incurables, ces savants confondent Dieu avec un idéal et la réalité vivante avec la cendre morte.

59’. Imitons fidèlement les procédés de la nature, mais ne copions pas stupidement ses apparences trompeuses.

60. Laissons le monde à ses affaires qui lui apparaissent si sérieuses et si importantes, et occupons-nous des affaires de Dieu qui semblent si irréelles et si lointaines au monde, et souvenons-nous du proverbe qui dit : « Rira bien qui rira le dernier », car l’écho de ce rire envahira le monde et couvrira les hurlements des réprouvés.

60’. La raillerie des intelligents, la grossièreté des brutes, la malice des méchants, l’avarice des cupides, l’orgueil des puissants, la vanité des savants, l’aveuglement des sectaires, l’hypocrisie des habiles, l’indifférence des ignorants, la satisfaction des médiocres éloignent du divin trésor qui recèle la vie sans mélange.

61. Pourquoi toujours mendier auprès des hommes qui ne donnent qu’en rechignant et ne jamais rien demander à Dieu qui nous comble si généreusement ?

61’. Quelques-uns ont trouvé en reposant ce que des multitudes n’ont pas approché en travaillant durement. « Ô mystère insondable du don divin ! »

62. La violence du désir empêche finalement sa réalisation. Aussi, après avoir bien prié, est-il sage de nous en remettre à Dieu du soin de nous exaucer, en demeurant simplement très attentif à ce qui se passe en nous et autour de nous.

62’. Il faut toujours laver pour séparer l’amande de la crasse qui l’entoure, et c’est un grand secret que la nature met journellement en évidence devant tous. Seulement, il faut l’inspiration de Dieu pour comprendre l’évidence de la science divine.

63. Qui pourrait éteindre le mouvement de la vie ? La mort elle-même le masque, mais ne le supprime pas.

63’. Tout demeure dans l’unité de l’Un, rien ne persiste indéfiniment dans les nombres.

64. Donnons tout au nom de Dieu afin que les remerciements, les louanges et les bénédictions aillent à lui et reviennent ensuite sur nous par l’effet de sa grâce débordante. « Les saints aiment ceux qui aiment Dieu avant d’aimer ceux qui les honorent. »

64’. Nous sommes unis à tous les croyants, à tous les hommes et à toutes les femmes de bien comme à des sœurs et à des frères jumeaux qui partagent le même corps et le même esprit dans l’unité transcendante de l’Unique.

65. Labourons patiemment le Livre, et sa moisson nous enrichira et nous nourrira dans la paix de l’Unique. « Le propre des savants du monde, c’est la profanation. Le propre des sages de Dieu, c’est la révélation. »

65’. Le faussaire peut contrefaire l’apparence de la parole sainte, il ne saurait imiter son contenu mystérieux et vivant. Oh ! qu’ils se taisent tous ceux qui nous décrivent la lumière sainte qu’ils n’ont pas vue et qu’ils n’ont pas touchée.

66. Nous n’avons pas un génie poétique ou littéraire pour attirer les hommes à Dieu, nous ne connaissons et nous ne prêchons que la vérité sainte. « Faible appât : terrible hameçon ! »

66’. Notre but doit coïncider avec le but de Dieu qui est notre conversion et notre restitution intégrale, c’est-à-dire le rachat de la bête et de toute la création dans l’unité reconquise du corps, de l’âme et de l’esprit divins.

67. En exigeant beaucoup de soi-même et très peu des autres, on remporte toutes les victoires désirées.

67’. En s’examinant naturellement jusqu’au cœur et en reposant dans le monde, on arrive vite jusqu’à Dieu.

68. Les philosophes rationalistes et les faux prophètes délirants ne sont-ils pas comme les épines qui couronnent le Seigneur et comme celles qui entourent la rose mystique ?

68’. La vérité luit bien dans le puits, mais l’entrée est couverte de ronces enchevêtrées inextricablement.

69. CHOISIRA QUI VOUDRA. COMPRENDRA QUI POURRA.

69’. PRENDRA QUI OSERA. REVOILERA QUI DIRA.

La division n’est pas la mort, c’est la séparation du mélange. Les corps sont divisés non pour être abolis, mais pour être renouvelés.
Hermès Trismégiste
Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
Paul

LIVRE XVII

Mais une vapeur montait de la terre et arrosait toute la surface du sol.
Moïse
À lui le précieux don du ciel, la rosée.
Moïse

ÈVE NUE RIT

LA JOIE

1. Comme les impies raillent cruellement les hypocrites, et comme les hypocrites condamnent férocement les impies ! Car n’étant ni les uns ni les autres enfants de Dieu, leur sort est de se détruire mutuellement.

1’. Les vrais croyants ne s’exhibent pas, ils ne jugent pas et ne se troublent pas ; car ayant l’esprit constamment fixé sur Dieu, ils n’ont pas le loisir de s’occuper beaucoup du monde ni de ses affaires.

2. Les prédicateurs vantent à présent dans le lieu saint les savants et leurs poisons pour flatter l’ignorance du monde et pour ne pas paraître arriérés ; car la foi, l’amour et la science de Dieu leur semblent trop puérils et trop démodés et ils ont honte de la simplicité de nos premiers pères.

2’. Satan a pris une telle avance que les sanctuaires de Dieu lui servent à présent de banques et d’agences de propagande sans le savoir. « Ô Seigneur compatissant, qui nous sauvera de l’enfer si tu ne viens pas à notre secours rapidement ? »

3. Qui inspire ces pasteurs qui nous vantent le siècle, l’usine, la machine, le poison, la politique, le patriotisme, le social, l’intelligence, le travail et la vanité des hommes, au-dessus de la connaissance et de l’amour de Dieu ? Qui inspire ces panégyristes de l’orgueil et de l’aveuglement humains ?

3’. Ô prêtres, ô moines, ô laïcs qui croyez encore à Dieu dans vos cœurs, rejetez le levain de la science orgueilleuse de Satan. Comprenez qu’il est vain de vouloir organiser ici-bas la pourriture du péché de mort. Souvenez-vous de la parole du maître qui a dit : « Les œuvres du monde sont mauvaises » et ne craignez pas plus que lui la haine du monde en portant ce témoignage devant tous.

4. Les intelligents sont vexés car ils ne peuvent retourner le Livre comme on fait d’un doigt de gant, et leur intelligence est humiliée. Satan leur soufflera-t-il pas une misérable explication et ne voilera-t-il pas leur nullité avec quelque défroque sordide ?

4’. Les méchants nous couvriront d’ordure comme nous les avons couverts de pardon, mais le Seigneur nous délivrera pour toujours de la puanteur de la mort et de la compagnie des mauvais.

5. Et puis les méchants et les hypocrites ne viendront-ils pas à leur secours comme des alliés naturels ?

5’. Eux demeureront à tout jamais avec la compagne infâme et pourrissante, et son feu dévorant les consumera sans répit.

5’’. Quand l’eau virginale nous baignera à nouveau, nous nous redresserons dans nos tombes, lavés de la crasse de la mort, et nous louerons le Seigneur Dieu d’une seule voix et d’un seul cœur.

6. Prions Dieu saintement, et il nous fera connaître d’une façon ou d’une autre la vérité du Livre et l’authenticité de son inspiration, si nous avons encore un doute.

6’. Celui qui fréquente l’ordure finit par sentir mauvais, et celui qui hante les Écritures saintes finit par transpirer le parfum de Dieu.

7. Beaucoup ont cru bien faire en recherchant la mort de Jésus, mais aucun ne l’a suivi dans la résurrection qui justifie seule la passion du beau Seigneur et qui confirme notre délivrance à venir.

7’. Ne souhaitons pas devenir des martyrs, afin que nos successeurs ne soient pas tentés d’être des bourreaux. « La méchanceté, c’est l’absence de Dieu ; la sainteté, c’est sa présence assurée. »

8. Les grands sages et les grands saints sont leur propre moule et ils n’ont que faire de celui des autres, car ils entendent Dieu directement. Mais il est bon et même excellent pour les plus faibles de suivre les voies tracées par les plus forts.

8’. Découvre-toi prudemment, Seigneur, afin que nous ne soyons pas pulvérisés par ta gloire, mais pour que nous vivions de plus en plus devant ta splendeur, pour que tes saints habitent ta lumière et pour que tes sages atteignent ton centre très secret.

9. Nous n’avons rien à expliquer, rien à démontrer et surtout, personne à convaincre ; car l’amour et la paix de l’Unique suffisent à notre contentement.

9’. Tout a été dit, tout est redit et tout sera répété jusqu’à ce que les élus du Seigneur soient entrés dans le secret lumineux de la parole de vie.

10. La preuve de l’origine divine de la création, c’est sa révolte devant la mort et son accoutumance innée à la vie qui ne périt pas.

10’. Le mal est ce qui nous détruit et ce qui détruit les autres. Le bien est ce qui nous anime et ce qui conserve autrui dans la liberté de Dieu.

11. Prions Dieu follement afin de connaître le moyen de notre délivrance immédiate, ou tout au moins afin de bénéficier de cette délivrance au jour du grand jugement seigneurial.

11’. Celui qui est suffisamment détaché du monde peut tout voir et tout entendre sans trouble et sans dommage, mais celui qui n’est pas parfaitement dénudé peut mourir même de la vérité de Dieu.

12. Un riche peut devenir pauvre et humble et un criminel peut se convertir à l’amour, mais comment un malin pourra-t-il jamais devenir simple ? Et comment un pourceau pourra-t-il devenir pur ?

12’. Les trop simples prennent le doré pour l’or et les trop intelligents rejettent l’or à cause du doré, mais tous mangent la crasse du péché sans le savoir.

13. Ceux-ci accumulent les livres rares et poursuivent les connaissances cachées, mais ils renient Dieu et les saintes Écritures, qui pourraient seuls leur donner l’intelligence des textes voilés et la clef des trésors ensevelis.

13’. Ils croient orgueilleusement dérober le secret de la création sans le demander au créateur, et leur subtile intelligence et leur grand savoir sont devenus comme la plus grande stupidité qui soit, car toutes leurs œuvres sont mortes et engendrent la mort.

14. Nous prenons trop souvent pour nous ce qui ne nous est pas destiné et nous adressons aussi trop fréquemment aux autres ce qui ne leur est pas dû, car nous considérons trop le dehors du monde et nous négligeons le dedans de l’homme.

14’. Répondons aux accusations, aux insultes et aux persécutions du monde en nous rapprochant toujours plus du Seigneur de vie qui nous épure dans la fournaise de la solitude et de l’amour saints.

15. Les religieux et les impies nous ignorent, les savants et les ignorants nous méprisent, les intelligents et les stupides nous moquent, les travailleurs et les débauchés nous repoussent. Si un ami nous reconnaît, c’est encore superflu, car notre consolation est en Dieu seulement.

15’. On ne peut convertir un hypocrite, un impie, un méchant ou un égaré en mettant son mal en évidence et en le lui reprochant véhémentement, mais on peut l’améliorer en cultivant le bien qui est demeuré en lui, en l’encourageant et en l’aimant tel qu’il est, si défiguré soit-il.

15’’. Faut-il pas laver une grande quantité de terre pour découvrir une petite émeraude ?

16. Les plaisirs du monde vont disparaissant pour celui qui vieillit, car le corps diminué ne peut plus les supporter ; mais la douceur de l’amour de l’Unique augmente pour le croyant, car l’âme se dégage des liens du corps brut et communique de plus en plus avec son Seigneur. Ainsi, pour certains, la vieillesse est une triste déchéance et pour d’autres, c’est une douce illumination.

16’. La sagesse et la sainteté en Dieu ne dépendent ni des opinions mondaines, ni des obédiences générales ou particulières, ni des rites figuratifs, ni des situations sociales, ni des patriotismes, ni du nombre de femmes ou d’enfants, ni de la quantité des biens, mais plutôt de la connaissance de la cause première et de l’effet dernier.

17. Celui qui approche la vérité de Dieu ne dispute plus de rien avec personne, car il est trop occupé à se remémorer la parole délaissée.

17’. Si nous ne sommes pas assez forts pour convertir la mauvaise compagnie, fuyons-la avant qu’elle nous ait pervertis et gâtés entièrement.

18. Se convertir, c’est se retourner dans la grande eau et contempler la lumière du ciel face à face.

18’. La relation d’un aveugle semblera toujours plus sensée aux autres aveugles que la description d’un clairvoyant.

19. Les prophètes nous auraient-ils trompés en annonçant la résurrection, et le Christ lui-même nous aurait-il abusés en ressuscitant le premier ? Comment les croyants peuvent-ils alors se désoler devant la mort des leurs ?

19’. Défendons le joyau, mais ne défendons pas la crasse qui le recouvre ; rejetons-la plutôt hardiment en prenant bien garde toutefois de ne pas rejeter le joyau en même temps.

20. Devraient-ils pas plutôt se réjouir dans l’espérance de la vie nouvelle et de leur réunion prochaine en Dieu, si leur foi n’est pas vaine et si leur amour n’est pas mort ?

20’. Nous nommerons notre espérance avec foi contre toute apparence contraire et contre toute raison opposante, éliminant ainsi le doute et la peur qui tuent l’âme.

21. Seuls les ignorants se plaignent et revendiquent ici-bas, car les saints bénissent dans la pauvreté et les sages reposent au milieu même du chaos de l’absurde.

21’. Exerçons-nous journellement aux actes de foi en nommant saintement la chose désirée jusqu’à ce qu’elle se réalise devant nos yeux.

22. Une petite charité vaut mieux qu’un grand savoir. Un petit amour vaut mieux qu’une grande richesse. Une petite paix vaut mieux qu’une grande puissance. Mais alors, que valent la grâce, l’amour et la connaissance du Parfait ?

22’. Quand nous bénirons nos ennemis de bon cœur, nous serons proches du Seigneur qui est la source de l’amour jaillissant. En attendant, efforçons-nous de bénir et d’aimer nos amis comme il convient à des croyants de Dieu.

23. Quand la mauvaise parole et quand le mauvais coup sont partis, qui pourra les retenir et qui pourra les effacer ensuite ?

23’. Le saint Nom du Seigneur est une magie toute-puissante dans la bouche de celui qui croit et qui aime véritablement.

24. Quand nous serons dégoûtés des vanités du monde, nous reviendrons au Livre qui nous redonnera le goût de la foi et de la paix si nécessaires à la manifestation de l’amour divin.

24’. Chaque imagination paraît absurde jusqu’à ce qu’elle soit réalisée dans le monde, chacun s’étonne alors, puis tout le monde s’accoutume au prodige et finalement nul n’y fait plus attention.

25. La sobriété, la simplicité et la charité sont les trois grands médecins du corps, de l’esprit et de l’âme, mais l’amour divin est le seul remède à la maladie de nos vies exilées.

25’. En éliminant le doute de la raison par l’exercice constant de la foi en action, nous arriverons non seulement à ne plus tenir compte des apparences contraires, mais encore à les modifier miraculeusement.

26. Nous agirons avec une foi absurde dans la veille jusqu’à ce que nous agissions de la même façon dans le rêve, alors l’unité sera réalisée en nous.

26’. Comment celui qui est faux devant les hommes pourrait-il être vrai devant Dieu ? Et comment celui qui s’est livré aux passions du monde pourrait-il encore entendre son Seigneur ?

27. Comme les hommes violentent leurs corps ! Comme ils torturent leurs esprits et comme ils briment leurs âmes ! « Remercions Dieu pour la bonne créature et louons-le pour le fruit excellent. »

27’. En délaissant les mirages du monde et en se consacrant à la quête de l’unité divine, le sage évite bien des complications, bien des excès et bien des douleurs inutiles.

28. Ils ont astucieusement et criminellement substitué leurs paroles profanes aux paroles saintes, et à présent, les médiocres suivent aveuglément leurs mots d’ordre, sans même connaître l’enseignement du maître divin dont ils se recommandent avec impudence.

28’. Les chargés d’âmes ont délaissé la moisson de vie pour la moisson de mort. Trompeurs et trompés seront rejetés, et il y aura de la stupéfaction, des pleurs et un désespoir affreux comme la fange du bourbier où ils seront relégués avec les méchants.

29. Comment croire quand l’injustice et la mort nous sapent ? — Comment bénir quand la misère et le désespoir nous écrasent ? — Comment être vertueux quand tout nous manque et comment être détaché quand le monde nous opprime ?

29’. La sainteté est vraiment une épreuve d’endurance et de force que bien peu d’hommes peuvent subir sans succomber. « Paraître ceci ou paraître cela, se trouver ici ou se trouver ailleurs, quelle importance pour celui qui s’est oublié en Dieu ? »

30. Il vaut mieux avoir à faire à mille incroyants qu’à un seul sectaire aveugle et ignorant.

30’. La pire ignorance n’est-elle pas de se prendre au sérieux et de croire à sa propre intelligence ici-bas ?

31. Beaucoup prétendent avoir le monopole exclusif de Dieu, et en conséquence, chacun excommunie le voisin au nom de la grâce, de l’amour et de la connaissance qu’il ne possède manifestement pas.

31’. Ne nous laissons ni marquer, ni dénombrer, ni mener, ni exploiter comme du bétail. Répondons aux oppresseurs par la sobriété, par la simplicité, par la charité de nos vies et proposons-leur la liberté des croyants dans le sein de l’Unique.

32. Ne nous affublons ni de diplômes, ni de décorations, ni de titres, ni de grades, ni d’aucun déguisement pour faire illusion au monde et à nous-mêmes. Demeurons plutôt dans la vérité de Dieu qui suffit à tout.

32’. Ne préparons ni discours ni sermons d’hommes. Parlons de Dieu uniquement quand l’Esprit Saint nous inspire, ou taisons-nous humblement afin de n’être trouvés ni ennuyeux ni menteurs.

33. Les méchants qui se disent religieux ont seulement troqué leur impiété naturelle contre l’hypocrisie sociale, et leur méchanceté s’est multipliée au-dedans d’eux-mêmes, les empoisonnant irrémédiablement.

33’. La prétention de certains faux croyants n’a d’égale que leur aveuglement lamentable. Quelle cruelle désillusion sera la leur quand paraîtra la vérité du Très-Haut ! Combien ils regretteront leurs vains jugements et combien ils pleureront sur leur amour absent !

34. Ceux qui observent extérieurement la loi font bien. Ceux qui vivent dans leur cœur l’amour du Parfait font mieux.

34’. Qui oserait s’exposer comme un chien devant tous ? Et qui pourrait s’entretenir d’amour en public avec le Bien-Aimé ?

35. Ceux qui éprouvent une défaite ou une peur en conservent un grand ressentiment et exercent une grande vengeance, et ceux qui se livrent aux passions du monde sont perdus pour Dieu.

35’. Celui qui menace disparaît soudainement avant d’avoir pu frapper, et celui qui promet se dérobe avant d’avoir rien donné. « Seules les promesses du Seigneur s’accomplissent certainement. »

36. Comme ils se croient en sûreté, les médiocres qui ne vivent que pour eux ! — Comme ils se croient habiles, ceux qui frustrent leurs frères ! — Comme ils se croient intelligents, ceux qui dominent les malheureux ! — Comme ils se croient forts, ceux qui écrasent les faibles ! Ô croyants, considérez la fin de ceux qui disent « MOI » et jamais « DIEU ».

36’. Ô comme ils ont bien réussi, les puissants et les malins ! — Ô comme ils sont fiers, les intelligents et les pourvus ! — Ô comme ils sont assurés, les troupeaux de médiocres et d’hypocrites ! La terre est déjà entrouverte pour les recevoir et ils ne comprennent pas, car le contentement d’eux-mêmes les aveugle, et tous vont à la fosse dont on ne revient pas.

37. Comment se débrouilleront-ils dans le bourbier de la mort ? — Comment fausseront-ils la justice dans les ténèbres éternelles ? — Comment s’approprieront-ils la bonne part dans la fosse d’immondices ? — Comment seront-ils astucieux et menteurs parmi les démons déchaînés ? — Comment seront-ils féroces et impitoyables au milieu des bêtes fauves ? — Comment digéreront-ils en paix dans les abattoirs de l’enfer ?

37’. Ô croyants de Dieu, changez votre façon de vivre alors qu’il en est temps encore et recherchez avec acharnement les clefs qui ouvrent les portes du séjour de vie, de joie, d’amour et de paix. Abandonnez vos encombrants bagages aux avides et demandez au Seigneur d’amour et de connaissance la route ainsi que le viatique, comme des enfants égarés et repentants, car c’est l’inouï, l’incroyable, l’énorme que nous devons demander à Dieu qui est tout-puissant pour nous satisfaire.

38. Nous ne plions pas la vie à nos lois ; c’est la vie qui s’accommode de nos lois et qui persiste malgré elles.

38’. Heureux celui qui reconnaît son incapacité et sa nullité ici-bas, car celui-là ne craint pas de mendier journellement sa vie à Dieu !

39. Ô Seigneur, pardonne aux ignorants, aux égarés et à tous les pécheurs repentants, mais frappe les hypocrites qui affectent publiquement la piété et la vertu et qui sont remplis de haine, de dissimulation et d’orgueil.

39’. Il n’est pas question d’être gracieux et aimable avec les méchants et avec les hypocrites. Il est plutôt question de les fuir quand on les rencontre et de les éviter ensuite par tous les moyens.

40. Ceux qui comptent uniquement sur leur savoir, sur leur intelligence, sur leur courage ou sur leur habileté ici-bas, se condamnent sans le savoir aux travaux forcés à perpétuité, et toute leur peine demeure vaine et stérile devant Dieu. « Nos pères qui ont reçu l’Esprit Saint n’étaient pas fous, et ce qu’ils enseignent est la vérité. »

40’. Remarquons bien comment les ignorants et les impies repoussent systématiquement tout ce qui pourrait les aider, les soigner, les consoler et les sauver, car leur ignorance et leur refus de Dieu font obstacle à l’aide des hommes saints et à celle de la Providence du Seigneur.

41. Prouvez-nous ceci, faites-nous voir cela, disent les incroyants avec la prétention vaniteuse de fainéants qui veulent tout connaître sans rien rechercher.

41’. Comme les vaniteux sont susceptibles, comme ils se vexent de ne pas comprendre l’évidence, comme ils se punissent d’être cuistres et ignorants !

42. Un miracle même ne saurait les satisfaire, alors que le spectacle du grain qui germe illumine l’esprit du croyant.

42’. Comment pourrait-on délivrer ceux qui s’enferment volontairement dans la grossièreté spirituelle et dans le culte d’eux-mêmes ?

43. Ce n’est pas la robe qui fait le sage ni la barbe qui fait le prophète, mais seulement l’inspiration du Seigneur qui visite ses vivants en secret comme il veut et quand il lui plaît.

43’. Celui qui n’essaie pas de se faire passer pour ce qu’il n’est pas et qui accepte même de passer pour autre que ce qu’il est, possède déjà une grande paix.

44. Une poignée de scribes incroyants ou hypocrites pourront-ils enterrer le talent de Dieu pour toujours ? Les croyants ne publieront-ils pas un jour le témoignage de leurs yeux, de leurs oreilles et de leurs cœurs ?

44’. Nous reconnaîtrons les hypocrites et les impies à ce que les uns et les autres demeurent cois quand on les invite à parler spontanément du Seigneur de vie. « Toujours attristants et toujours sinistres comme des morts. »

45. L’argent des méchants brûle comme l’enfer, car leur méchanceté y est attachée comme la mauvaise odeur est attachée à l’ordure.

45’. Mais le champ transforme le fumier en moisson, et la grâce de Dieu transfigure le péché en lumière de vie.

46. Tous ont un métier, un emploi ou une pension qui les font vivre et prospérer. Seul celui qui s’est consacré à la quête et à la louange du TrèsHaut ne reçoit aucun salaire ici-bas. Mais sa récompense n’est-elle pas déjà visible dans le ciel et n’est-elle pas inscrite sur la terre des saints ?

46’. Celui qui aura supporté sans faiblir la pauvreté et l’abandon pour la gloire de son Seigneur, sera un jour comblé des richesses de l’Univers et il sera chargé de distribuer la manne de vie aux croyants charitables et fidèles.

47. Beaucoup de riches disent : « Nous nous moquons de l’argent », et leur vie est remplie de bassesses et de rapines pour l’acquérir.

47’. Comment celui qui possède la liberté et l’amour divins, pourrait-il encore oublier son Seigneur pour courir après le vent et après la mort dans le monde ?

48. D’autres se vantent de leurs bonnes œuvres et font, sous le couvert de la charité, travailler les misérables pour la moitié du salaire qui leur est dû. Comme ils se saluent gravement sur les parvis des temples de Dieu, et comme ils festoient joyeusement dans les lieux infâmes !

48’. Ô comme les pourvus trouvent le monde présent agréable, juste et bien ordonné, comme ils sont satisfaits de leurs superstitions, de leurs vanités, de leurs hypocrisies et comme ils se sentent bien installés dans leur cloaque pourrissant !

49. Ô comme ceux qui mendient leur vie aux riches sont humbles devant l’argent, comme leur dos est souple et comme leurs mains sont bénisseuses devant l’hydre triomphante !

49’. Si le salaire des hypocrites et des méchants est l’enfer, quelle sera la punition de ceux qui les encouragent et qui les bénissent au nom du Seigneur d’amour et de justice ?

50. Comme ils sont accommodants avec les crimes des gagnants, comme ils sont résignés devant l’injustice qui écrase les malheureux, et comme ils patientent avec le désespoir des abandonnés !

50’. Nul croyant ne peut y penser sans avoir le poil qui se lève de terreur. « L’homme pur est seul à ne pas courber l’échine devant l’argent, et c’est le signe rare et précieux entre tous. »

51. Les sages ne guident plus les nations, parce qu’ils semblent trop ignorants dans ce monde. Et les saints n’inspirent plus les églises, parce qu’ils ne paraissent pas assez « bien-pensants ».

51’. Si les doués occupaient ici-bas les places qui leur reviennent, que deviendrait la multitude des médiocres et des ratés qui s’agitent dans leurs entreprises vaines ?

52. Certains jouent aux sages et ne répondent qu’en hochant gravement la tête ou en se dérobant subtilement, mais c’est le plus souvent pour cacher leur ignorance, leur impuissance et leur platitude de médiocres incurables.

52’. D’autres vantent la vie bestiale dont ils jouissent présentement, et moquent la vie spirituelle qu’ils ignorent. Au lieu de dire humblement : « Nous ne voyons rien », ils affirment orgueilleusement : « Il n’y a rien ».

53. Chacun refait sa petite expérience d’aveugle et chacun propose son petit système d’agonisant, sans s’apercevoir de l’immensité de la création de Dieu et sans soupçonner la présence de la doctrine unitive des maîtres.

53’. Ne nous cassons pas la tête sur le Livre, cassons-nous y plutôt le cœur, afin que notre âme précieuse germe et fructifie devant Dieu dans le secret du commencement et de la fin de toute chose.

54. C’est une sûreté pour tous de refuser d’introduire et d’entretenir la mort dans soi-même et dans les autres, quel que soit le motif invoqué par les marchands de mort.

54’. Aucune foi, aucun secours, aucun médicament, aucun aliment, aucune assurance ne doivent être imposés de force à quiconque sous le fallacieux prétexte de le sauver.

55. Il n’y a pas de hasard pour les croyants, le hasard est pour ceux qui demeurent volontairement égarés dans le bourbier de la mort ténébreuse et puante.

55’. Les méchants sont les instruments de la destruction des impies, comme les saints sont les instruments de la délivrance des croyants.

56. Le monde n’accorde ses suffrages qu’aux destructeurs et aux empoisonneurs professionnels, aux criminels et aux brutes de métier, aux oppresseurs et aux voleurs patentés ; et les noms des saints et des justes sont partout remplacés par ceux des méchants.

56’. Ceux qui sèment préparent la résurrection, et ceux qui prient font descendre la bénédiction de Dieu. Ainsi les plus utiles et les plus estimables parmi tous les hommes paraissent les plus inutiles et les plus méprisables dans le monde aveugle et sourd.

57. La quantité des croyants importe peu devant Dieu, c’est leur qualité qui compte seulement. Ainsi ceux qui ne brillent pas dans la nuit ne rejoindront pas la lumière de la splendeur première.

57’. Comme les saints de Dieu sont joyeux et vivifiants, et comme les méchants sont sinistres et mortels ! « Celui qui a remplacé son intelligence par l’amour de Dieu et des hommes, est un maître. »

58. La liberté parfaite serait de ne pas avoir de besoins et pas de désirs. « Ce qui scandalise les hypocrites n’étonne même pas le saint de Dieu ; quant au sage, il lui suffit de considérer attentivement ce qu’il possède pour se trouver comblé. »

58’. L’Esprit Saint s’unira premièrement au corps pour le réanimer ; ensuite l’âme divine unira ces deux dans la splendeur pour les glorifier dans le sein du Seigneur magnifique.

59. Le malin ne saurait être opposé à Dieu comme un égal, car c’est encore une partie du tout qui travaille sans le savoir à la purification hiérarchique de la création dispersée.

59’. L’abondance et la paix descendent sur les saints de Dieu, comme la désolation et le malheur s’abattent sur les méchants. Ainsi tous sont diversement enseignés ici-bas, mais les apparences sont trompeuses.

60. Les saintes Écritures ne sont pas imbéciles, et les églises ne sont pas idiotes, car ce qu’elles enseignent est préférable pour l’homme et ce qu’elles défendent lui est dangereux. L’expérience le prouve bien, car l’intelligence ne suffit pas ici pour se protéger des effets du péché primordial. L’obéissance aux lois de Dieu, voilà l’intelligence qui éclaire et qui sauve !

60’. Ceux qui, habillés, voyagent en bateau ne doivent pas mépriser ceux qui nagent nus dans la grande eau ; et ces derniers ne doivent pas moquer ceux qu’on mène en barque. Car beaucoup des premiers font naufrage et plusieurs des derniers sont dévorés par les bêtes de la mer, avant de pouvoir parvenir au but.

61. La sobriété, la simplicité et l’étude attentive des Écritures saintes sont la sauvegarde du sage enquêteur de Dieu. « Comme les climats chaleureux et comme les lieux paisibles facilitent la quête du Seigneur de vérité ! »

61’. Quant à ceux qui demeurent sur la terre étrangère, ils se détruisent mutuellement et sont séparés de la vie essentielle aussi longtemps que dure leur exil volontaire. « Les méchants sont quelquefois les outils de Dieu sans que nul ne s’en doute. »

62. Ce sont nos mauvaises pensées, nos mauvaises paroles et nos mauvaises actions qui donnent entrée en nous aux démons du malheur, du désespoir et de la mort et par-dessus tout, la curiosité imprudente de nos premiers parents.

62’. Ce sont nos bonnes pensées, nos bonnes paroles et nos bonnes actions qui nous sauvent du mélange infâme et de la mort pourrissante. Mais par-dessus tout, c’est l’amour de Dieu qui nous illumine et qui nous purifie du poison antique.

63. Si Satan plaçait une fois l’amour de Dieu au-dessus de sa propre intelligence et de sa propre estime, il serait sauvé et réintégré dans l’unité vivante de l’Unique.

63’. Il ne s’agit pas pour nous de convaincre le monde, il s’agit plutôt d’aider les hommes de bonne volonté, comme a fait notre beau Seigneur en montrant la sortie de l’enfer mitigé.

64. Comme les méchants sont habiles pour déchirer et pour détruire, et comme ils sont pauvres pour encourager et pour secourir !

64’. Plutôt des racines crues, du pain grossier et de l’eau claire avec la paix du Seigneur que toutes les richesses de la terre avec la rage venimeuse des méchants !

65. Ceux qui auront soutenu les œuvres destructrices de Satan, soit par goût du lucre, soit par penchant naturel, ne devront pas récriminer à l’heure du règlement des comptes, car nul ne les aura obligés à augmenter le désordre de la mort.

65’. Beaucoup aboient après les juifs par entraînement ou par jalousie, sans savoir que ce sont eux qui nous ont transmis la lumière de Dieu héritée de la terre d’Égypte et qu’ils en ont été privés à cause de leur mauvaise conduite comme il nous arrive aussi présentement.

66. La justice du Seigneur sera minutieuse et implacable pour les méchants et pour les hypocrites, soyons-en assurés et tremblons d’être à notre grand étonnement comptés parmi eux.

66’. Le malheur frappe durement les rebelles et les impies, mais le pardon et la bénédiction du Seigneur descendent en abondance sur les généreux et sur les croyants.

67. Les sages ont pénétré et révélé le mystère de la chute et de la réintégration de l’homme et de toute la création en Dieu. Cependant, pour les croyants, il s’agit de se sauver plutôt que comprendre et qu’expliquer le secret divin.

67’. La vraie philosophie ne repose pas sur les subtilités délirantes de l’esprit, ni sur les principes rigides d’une morale, ni sur l’observance minutieuse de rites, mais plutôt sur la connaissance du contenu du noyau de toute chose.

67’’. Tout ici-bas est comme l’ombre mouvante de l’unique réalité divine.

Il y a diversité de dons, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous.
Paul
Ton jugement, c’est la lumière qui se lèvera.
Osée

LIVRE XVIII

Ah ! les pasteurs sont stupides. Ils n’ont pas cherché IEVE, aussi n’ont-ils pas prospéré et tout leur troupeau a été dispersé.
Jérémie
Et moi à mon tour, je vous ai rendus méprisables et vils pour tout le peuple parce que vous ne gardez pas mes voies et que vous avez égard aux personnes en appliquant la loi.
Malachie

VIE NEUTRE

L’ATTENTE

1. Ce jour-là, nous serons plusieurs en un même corps et en un même esprit, et le mystère de la communion dans le sein de l’Unique sera révélé aux croyants, sans qu’ils sachent le pourquoi ni le comment de l’union sainte.

1’. La sagesse, c’est reposer en paix et observer attentivement le renouvellement de la création du Seigneur. La sainteté, c’est se taire et écouter en soi la voix de l’Unique.

2. C’est une grande délivrance que d’être prêt à quitter cette vie à n’importe quel moment, dans l’espérance du jour du Seigneur.

2’. Il est dur de croire sans avoir vu, et cependant qui peut voir sans avoir cru follement l’incroyable ?

3. Certains travaillent comme des forcenés dans des endroits sinistres pour fabriquer la mort qui les estropiera, qui les empoisonnera ou qui les volatilisera, et ils ricanent quand on leur parle de l’enfer, car leur petite intelligence et leur orgueil dérisoire les ont aveuglés totalement.

3’. Satan est comme nous-mêmes une lumière occultée et tarée, mais qui essaie par tous les moyens d’attirer dans sa malheureuse compagnie les âmes égarées ici-bas, au lieu de faire sa soumission et de retourner dans le sein très pur de la splendeur divine, comme l’espèrent les sages, les saints et les croyants de Dieu.

4. Vivant d’artifices dans un monde truqué, ils collectionnent les maladies physiques et mentales les plus horribles et ils parlent de leur science qui sauvera l’humanité, car leur vieux fond de révolte les a rendus sourds à la voix de la sagesse divine.

4’. Qui pourrait juger le rebelle si ce n’est le Seigneur juste et clairvoyant ? Pour nous, il suffit de faire le bien et de mettre notre confiance en Dieu seul. « L’enfer est rempli de feu, de machines, de puanteur et de cris. Le paradis est plein de lumière, de fleurs, de parfums et de chants. »

4’’. Rien pour l’homme révolté contre Dieu. Rien pour la femme révoltée contre l’homme. Rien pour l’enfant révolté contre la femme. Rien pour le monde révolté contre l’enfant.

5. Le malin ne dit jamais son nom franchement, il préfère se cacher sous une fausse identité ou bien il dit « MOI ».

« L’écorce. »

5’. Je suis l’essence, je suis la substance et je suis le nœud, dit le Seigneur du centre.

« L’amande. »

6. Les croyants postulent l’âme divine, les saints et les sages l’incubent et la manifestent ici-bas ; mais les méchants et les brutes stagnent dans les limbes de l’oubli et s’amenuisent dans la périphérie ténébreuse.

6’. Les âmes divines tendent par leur nature à se séparer de la croûte du péché et à rejoindre leur centre éternel pur et vivant. « Les prophètes sont venus collecter la poussière d’or dispersée dans la boue de ce monde. »

7. Il nous faut devenir indifférents aux biens matériels et comme absents aux dons spirituels, afin de pouvoir goûter pleinement la béatitude de l’union divine. « Voilà la pauvreté au monde, et voilà la richesse en Dieu. »

7’. Les écorces innombrables de la création attirent les hommes bien mieux que l’amande substantielle qui y est enfermée. Ainsi beaucoup préfèrent les explications subtiles et superficielles qui les égarent dans le nombre, plutôt que la pensée concise et profonde qui les centrerait dans la lumière de l’Unique.

8. Si nous voulions développer systématiquement l’enseignement des Écritures saintes, nous nous apercevrions finalement que toute la création est comme la prodigieuse bibliothèque du verbe incarné.

8’. L’intelligence nous a été donnée afin que nous la chevauchions et qu’elle serve à notre délivrance, et non pas pour qu’elle nous écrase et nous enchaîne dans ce monde mélangé.

9. Celui qui commence à voir clair en soi n’est vraiment pas fier de sa vie dans ce monde, ensuite il n’en est même plus honteux, quand il connaît la faiblesse de sa condition de créature incarnée dans la boue ténébreuse et malodorante.

9’. Le péché est ce qui engendre en nous la puanteur de la misère, du crime, de la maladie, de la décrépitude et de la mort. « Qui peut se glorifier d’habiter le fumier ici-bas ? Et qui peut se vanter de s’être purifié de sa mauvaise odeur ? »

10. Qui est le plus grand parmi les prisonniers de la geôle ténébreuse et puante ? — Qui est le plus estimable parmi ceux qui pourrissent dans le cul-de-sac de la mort ? — Quel est le plus connu, mais quel est le meilleur ? — Quel est le plus honoré, mais quel est le plus utile ? — Quel est l’intelligent, mais quel est le saint et quel est le sage ? — Quel est le sauvé, et quel est le sauveur ? — Qui sert, et qui est servi véritablement ?

10’. Celui qui partage son pain, ou celui qui le fait pour tous ? — Celui qui nettoie la geôle, ou celui qui l’organise ? — Celui qui console, ou celui qui soigne ? — Celui qui prie pour la délivrance de tous, ou celui qui souffre avec les damnés ? — Celui qui se révolte dans l’esclavage, ou celui qui s’y installe ? — Celui qui prêche la bonne conduite, ou celui qui montre l’issue cachée ? — Celui qui veut forcer les serrures de la mort, ou celui qui recherche la clef qui les ouvre toutes ?

11. Les poètes et les artistes chantent la beauté perdue, mais bien peu savent qu’ils pleurent leur Seigneur renié. « Le mal n’EST pas, mais il demeure comme l’enveloppe de ce qui EST. »

11’. Même quand Dieu inspire l’homme sage et saint, le mystère de la création, celui de la chute et celui de la régénération demeurent encore à sa taille et le résultat de sa quête n’est pas assuré !

12. Tous se demandent ce qu’en penseront les autres, mais nul ne songe jamais à ce qu’en dira Dieu.

12’. La pire tentation, c’est vouloir réformer et sauver le monde au lieu de faire son propre bonheur et son propre salut.

13. Il n’y a qu’une réponse aux tentations attirantes ou repoussantes et à l’absurde du monde présent. C’est la prière du saint, le repos du sage, ou bien le rire de l’absent !

13’. Ô piège subtil, ô fantasmagorie du monde des images ! Il suffit que nous ayons raison en Dieu une fois seulement, et les contradictions et les approbations du monde ne nous toucheront plus.

14. Les sages et les saints de Dieu sont aussi intelligents que quiconque, mais ils ont plus de confiance dans la connaissance et dans l’amour de leur Seigneur que dans leurs capacités particulières.

14’. Celui qui croit en Dieu est comme celui qui ne croit plus à rien dans ce monde, mais avec cette différence que le premier est joyeux, alors que le second est désespéré.

15. Si nous repoussons l’œuvre d’un homme, tant pis pour lui ; mais si nous rejetons l’œuvre de Dieu, tant pis pour nous. Ainsi il vaut mieux ne pas avoir connaissance de la parole du Seigneur plutôt que la refuser quand elle se présente à nous.

15’. Comme les hypocrites se cabrent devant la vérité et devant la simplicité de la parole de Dieu quand ils ne peuvent pas la faire servir à leur platitude de lâches et à leur sécurité de moribonds aveugles ! Les vers sont plus intelligents certainement !

16. Nous pourrons indifféremment agir ou reposer quand nous rirons également de nos savants travaux et de nos déguisements ridicules.

16’. C’est notre absence qui permet sa présence, et c’est notre dépouillement qui fait notre royauté.

17. Aux inspirés, la révélation. Aux intelligents, l’instruction. Aux habiles, le travail. À tous, l’éducation. Aux brutes endurcies et aux voyous, le fouet. Aux dénonciateurs, la mort.

17’. Le Seigneur connaît seul le rang et la qualité de chacun de ses envoyés et il les fait luire différemment pour l’enseignement des ignorants, pour la sauvegarde des croyants, pour l’illumination des saints et pour la résurrection des sages.

18. Qui peut mordre dans un fruit juteux sans remercier le divin jardinier ? — Qui peut contempler la courbure parfaite d’un sein de femme sans louer le magnifique artiste ? — Qui peut reposer nu sur le sable chaud sans sourire à son Seigneur ?

18’. Hélas ! à présent le ver est dans le fruit, le parasite est dans le sable, la malice est dans la femme et la mort nous habite. — Qui nous délivrera de l’infection de la pourrissante étrangère ? — Qui nous rendra l’entière jouissance de la vie sans mélange ?

19. Qui peut se sentir vivant et sain sans chanter un hymne d’amour à son créateur ? Et que faisait d’autre notre père ADAM dans le jardin d’Éden ?

19’. Ô beau Seigneur de compassion, viens à nous qui te prions désespérément et follement dans nos cœurs exilés. — Délivre tes petits enfants bien-aimés avant que l’horreur les engloutisse entièrement.

20. Aucun méchant n’entrera dans la paix du Seigneur et aucun malin ne découvrira l’arbre de vie, car les méchants seront écrasés par leurs méchancetés et les malins seront enlacés par leurs ruses. C’est la justice de Dieu qui ne brime personne, mais qui rend à chacun son propre salaire.

20’. Celui qui est violenté par autrui peut trouver un défenseur bénévole ou même, fuir ou apitoyer son bourreau ; mais celui qui se violente lui-même, par qui sera-t-il défendu et par qui sera-t-il délivré ? « Celui qui est éveillé et fort en Dieu paraît endormi et faible dans le monde. »

21. La création est comme l’imagination de Dieu coagulée par le verbe. Le repos est comme l’imagination divine liquéfiée par l’Esprit Saint.

21’. La vie mange la vie et la vie s’unit à la vie ; quoi d’irrémédiable, et quoi de triste à cela ?

22. La vraie sagesse ne consiste pas à vivre, en aveugle prudent, une vie transitoire dans ce monde mélangé ; c’est plutôt chercher, découvrir et manger la vie purgée de la mort afin de devenir comme elle, immortel et pur.

22’. La sagesse des hommes n’est qu’un accommodement forcé avec la pourriture de la mort. — La sagesse divine est la possession de la vie éternelle et la délivrance de la mort.

23. Les livres saints et sages sont bien nécessaires pour connaître le Seigneur, mais une bêche et un arrosoir ne sont pas inutiles pour approcher la sainte Mère.

23’. Il y a une grande différence entre l’intelligence des hommes et celle de Dieu, mais peu comprennent cela.

24. Ceux qui sèment l’amour seront délivrés par l’amour. Ceux qui sèment la haine seront écrasés par la haine. Avec un peu de patience la chose est facile à vérifier dans le monde.

24’. La réalité est ce que l’homme incarne assez nettement pour le rendre sensible dans le monde. — L’idéal est ce que l’homme n’incarne pas assez puissamment pour lui donner vie et corps ici-bas.

25. Celui qui s’occupe de son propre bonheur et de son propre salut, n’est pas tenté de troubler le monde sous le fallacieux prétexte de sauver les hommes et de leur donner son bonheur et sa paix, qui se nomment en réalité pour les autres « violence, contrainte, esclavage, misère, désespoir et mort ».

25’. Les seules occupations sérieuses ici-bas ne sont pas le travail, le plaisir, le gain, la puissance ou la gloire, mais bien certainement, la contemplation, la prière, l’amour et la vie qui germe en nous et autour de nous constamment.

26. Celui qui ne se violente pas est un homme sage, heureux et aimé, car il n’est pas tenté non plus de forcer la nature ambiante ni les autres créatures.

26’. La vraie chance, c’est être assez reposé, assez gratuit et assez vide pour entendre la voix intérieure de Dieu et pour recevoir sa bénédiction sans entrave.

27. Ô croyants de Dieu, reconnaissez l’authenticité de la voix qui vous appelle à la régénération terrestre et à l’union céleste. « Approcherons-nous toujours Dieu et ses saints pour mendier sordidement et jamais pour louer gratuitement ? »

27’. Les ignorants et les hypocrites se présentent en pions tristes, sévères et ennuyeux, alors que les saints de Dieu sont passionnants, joyeux et libres. Autant les uns sont compliqués et sinistres, autant les autres sont simples et droits.

28. La plus grande erreur pour l’homme est comme le plus grand doute et comme la plus grande timidité envers Dieu ; et la plus grande vérité inversement est comme la plus grande foi et comme la plus grande familiarité avec lui.

28’. Celui qui a usé le Livre commence à vivre avec Dieu. — Celui qui l’a compris commence à vivre en Dieu. — Celui qui l’a expérimenté commence à vivre Dieu.

29. La création est un secret de Dieu que bien peu ont connu ou connaîtront clairement, et cela humilie les intelligents du monde qui ne peuvent parvenir à le percer avec leur petite intelligence.

29’. Il y a aussi beaucoup d’incroyants, mais il y a bien peu de fils de Dieu disposés à manifester l’incroyable ; car où serait alors le mérite de notre quête ? Et comment s’établirait la hiérarchie du monde futur ?

30. Le sage véritable est comme un petit enfant qui suit la nature divine et qui se fait obéir des éléments sans en être autrement étonné.

30’. Dieu s’est reposé dans l’homme pur pour jouir de sa propre création si merveilleuse et si variée.

31. Si nous tombons ou si nous croyons tomber, conservons les yeux fixés sur notre beau Seigneur d’éternité au lieu d’analyser la boue où nous nous débattons lamentablement depuis la première chute, car ce n’est ni l’intelligence ni la main de l’homme qui séparent le vrai du faux et qui sauvent de la mort, mais plutôt la grâce et l’amour du Seigneur très savant et tout-puissant qui pardonne et qui délivre ses enfants bien-aimés.

31’. Ayant renoncé à la boue du dehors, mon Seigneur me donna une perle ; ayant renoncé à la perle, il m’offrit un diamant ; ayant renoncé au diamant, il me présenta un rubis ; mais comme je n’avançais pas la main cupidement, il se donna lui-même, et je mangeai mon Bien-Aimé avec prudence afin de ne pas mourir de sa grande perfection. « Ô saveur unique du vivant d’éternité ! »

32. La générosité envers les autres et envers soi-même est le meilleur placement qu’on puisse faire dans ce monde et dans l’autre ; donnons donc un peu de notre bien avant qu’on ne nous prenne tout et ne refusons pas notre secours aux humbles chercheurs de Dieu.

32’. Chacun n’aura finalement à faire qu’aux images bonnes ou mauvaises de sa foi particulière. Seul celui qui aura espéré Dieu sans rien imaginer, jouira pleinement du repos et de la liberté de l’Unique.

33. Rien à espérer au milieu des impies et des médiocres. Rien à espérer non plus parmi les intelligents et les savants du monde. Rien à faire, surtout, dans la compagnie des hypocrites et des méchants.

33’. Notre prochain est celui qui s’éveille à la réalité de Dieu et non pas celui qui s’endort dans le rêve de la bête. « Qui peut se vanter d’entretenir son Seigneur parmi la mauvaise compagnie ? »

34. N’importunons pas constamment les sages enfants de Dieu par des questions indiscrètes et vaines ; efforçons-nous plutôt de percevoir silencieusement la pensée de leur cœur qui nous mènera à la vie et au repos de la splendeur de l’Unique.

34’. Qui nous mènera à la demeure du sage de Dieu et qui nous introduira auprès de lui ? Qui nous montrera le lieu saint et qui nous découvrira la lumière qui l’habite en secret ? Ô crèche cachée, ô secret premier et dernier !

35. Recherchons imprudemment le vivant qui peut nous sauver de la fosse d’immondices et fuyons les agonisants et les morts qui nous entraînent dans leurs ténèbres imbéciles et satisfaites. « Combien de sages mondains sur lesquels on a oublié de placer l’étiquette “factice” ! »

35’. Beaucoup sont endormis au point de s’oublier dans des occupations vaines ou sinistres, et bien peu sont assez éveillés pour se chercher dans les livres saints et pour se trouver sous le voile de la création mélangée.

36. Ce ne sont pas des savants et des penseurs qu’il nous faut, mais plutôt un seul sage connaisseur et un seul saint possesseur du secret de Dieu.

36’. Ô sainte lumière de vie qui luis dans les ténèbres de la fin, combien ont vu ton salut ? Et combien le verront avant le jugement définitif ?

37. Il ne nous appartient pas de dévoiler devant tous la secrète beauté de la création de Dieu, il nous appartient seulement d’affirmer son existence dans le cœur de l’homme et de l’Univers.

37’. Ô vie fugitive, le Seigneur du ciel te fécondera et te fixera dans la paix de l’or saint, et ta gloire illuminera les mondes et ta vertu désaltérera les croyants de l’Univers grandiose !

38. Comme tout nous devient égal et léger quand nous goûtons l’amour et la liberté de l’Unique, et comme tout nous déchire et nous écrase quand nous nous attachons passionnément aux êtres et aux choses du monde transitoire.

38’. Ne craignons pas tellement de pécher en détail, craignons plutôt de ne pas aimer Dieu et ses créatures comme il faut et redoutons de nous conduire comme des hypocrites satisfaits dans ce monde divisé et obscurci.

39. Procure-nous l’absence de nous-mêmes, Seigneur, afin que nous jouissions de ta présence sainte et afin que nous trouvions ta vérité cachée qui sauve de la mort.

39’. Fais que nous n’entendions que ta voix véridique, fais que nous ne voyions que ta face rayonnante, fais que nous ne recevions que ton souffle vivifiant, ô beauté sainte et voilée !

40. Il ne suffit pas d’étudier, il faut aussi comprendre ce que nous étudions ; et à quoi bon comprendre si nous n’expérimentons pas en nous-mêmes la vérité de Dieu ?

40’. La prière et la louange ne sont pas des fins en elles-mêmes, mais plutôt l’apprentissage du silence en Dieu, qui seul nous instruit pleinement.

41. Beaucoup sont devenus sinistres à force de se prendre au sérieux ; prions donc le Seigneur afin qu’il nous apprenne à rire de nous-mêmes avant que le piège du monde se soit refermé sur nous pour toujours.

41’. Dieu est libre et vivant, c’est pourquoi il entend aussi, comme il faut, l’humour absurde de la mort et la liberté stupéfiante de la vie. « Vive notre Seigneur le feu qui s’incarne dans notre maîtresse l’eau ! »

42. Les religions des larmes et du repentir sont pour les êtres égarés dans la mort. La religion de la joie et de la liberté est pour les fils de Dieu retrouvés dans la vie.

42’. Nous n’obtiendrons ici-bas et ailleurs que ce que nous pourrons entendre, voir et goûter sans danger de périr, car le Seigneur ne violente personne, fût-ce par le don inestimable de la vie éternelle.

43. Qui aurait l’intelligence d’écouter en soi la voix du Très-Haut, et qui aurait la sagesse de s’y conformer ? Celui-là verrait que la plus grande soumission à Dieu engendre la liberté parfaite dans ce monde et dans l’autre.

43’. La bonne volonté en Dieu ne violente rien, pas même soi. La bonne volonté en soi violente tout, même Dieu. « Qui dénude l’amande et qui fait germer la semence ? N’est-ce pas l’esprit du Seigneur tout-puissant ? »

44. Les prudents qui repoussent à présent l’Écriture deviendront les gardiens des paroles précieuses. Ô humour très subtil du Parfait, qui fait garder par les aveugles la lumière des enfants du ciel !

44’. La vraie liberté est comme une sainte folie qui se connaît et qui se garde en Dieu. « Qui pourrait empêcher les fils de Dieu d’entrer en possession de leur héritage saint ? »

45. Il a fallu dix ans pour écrire le Livre ; qui donc refuserait de le lire pendant le même temps avant de poser des questions inutiles ? « Plus nous agiterons la boue, plus elle se troublera et plus nous la laisserons reposer, plus elle se décantera naturellement. »

45’. En voulant aller directement à la lumière de vie, nous risquons de nous épuiser contre la vitre de la raison humaine et de ne pas sentir le courant d’air de l’inspiration divine qui vient de la porte étroite, cachée dans l’ombre de notre prison terrestre.

46. L’utilité de la souffrance est de nous dégoûter de notre exil dans ce monde mélangé de mort.

46’. Celui qui sait tout est comme celui qui ne sait rien, avec cette différence que le premier est libre, alors que le second est esclave.

46’’. Les interdictions, les séparations, les limitations et les jugements aveugles sont dans nos têtes et dans nos cœurs avant d’être dans nos maisons et dans le monde.

47. Quand on demandera à celui qui a vécu saintement sur cette terre en union avec Dieu : « Qu’as-tu fait de bien ? », il répondra : « Rien », car seuls les méchants s’excuseront dans le vain espoir de cacher leurs crimes innombrables.

47’. C’est notre silence qui permet à Dieu d’énoncer en nous sa vérité sainte et c’est notre repos qui lui permet d’accomplir en nous sa perfection ultime. « Sobriété, Simplicité, Solitude, Salut, Sainteté. » « Solution, Sel, Santé, Secours, Sagesse. »

48. Grimpons à l’échelle de l’amour et de la connaissance sans vaines discussions sur la façon d’empoigner les barreaux et sans vains regrets sur ce que nous laissons en bas.

48’. Nous voilà submergés par les savants et par les intelligents du monde, qui nous expliquent toutes choses, mais qui ne nous donnent rien de la vie impérissable.

49. Le grand homme est celui qui attire Dieu dans son cœur, qui le fixe en corps et qui le manifeste en soi et dans le monde.

49’. Il ne s’agit pas ici de disputer sur des mots ; il s’agit plutôt de trouver le Dieu qui nous délivre de la mort.

50. Soyons des pécheurs qui font quelquefois le bien plutôt que des dévots qui font souvent le mal.

50’. Tout ce qui est noble, généreux et grand effraie les êtres médiocres et suscite leur haine. « L’amour seul pourrait encore les sauver. »

51. Nul ne saurait haïr ceux pour lesquels il prie devant Dieu, car ils sont comme les arrhes de sa victoire sur la mort qui nous a dispersés ici-bas.

51’. Remarquons bien que l’action de Dieu tend à unir doucement, alors que l’action du démon tend à séparer brutalement.

52. Quand nous aurons atteint la pérennité de la vie cachée, nous supporterons tout en silence et nous assisterons aux catastrophes de l’absurde en souriant.

52’. Nous serons illuminés par ce que nous n’aurons pas inventé, et nous serons sauvés par ce que nous n’aurons pas fait. (Parole étrange pour les intelligents et pour les savants de ce monde.)

53. Nous devons aimer Dieu et ses créatures pour eux-mêmes et pour ce qu’ils sont réellement, et non pas pour nous-mêmes et pour ce qu’ils semblent être. Tel est le véritable amour.

53’. La vérité scandalise les ignorants, c’est pour cela qu’elle demeure voilée dans le monde et qu’elle n’est montrée qu’à celui qui a renoncé à toute passion et à tout jugement humains.

54. Le Livre n’est pas pour les savants du monde, ni pour les satisfaits, ni pour les agités, ni pour les vendus, ni pour les impies, ni pour les sectaires. Il n’est surtout pas pour les hypocrites.

54’. N’y a-t-il plus sur la terre que des hommes satisfaits de leur petite intelligence et rassurés par leur misérable raison ? N’y a-t-il plus ici-bas que des ruminants d’ignorance et que des repus de vanité ?

55. Enfoncés dans la boue, nous devons nous laver journellement. Tournant en rond, nous devons persévérer dans notre marche vers Dieu. Aveugles et sourds, nous devons rechercher la lumière du Parfait et écouter sa parole sainte.

55’. Le repos, le silence, la prière, la méditation, l’oubli de soi sont les moyens d’arriver à la présence divine et à la communion avec Dieu, qui nous procurera tout ce que nous lui demanderons.

56. Beaucoup croient ruser avec Dieu sans voir que c’est Dieu qui se joue d’eux. « Lamentable aveuglement, triomphe dérisoire ! »

56’. Ajoutons toujours ceci après avoir prié le Seigneur généreux : « Exauce mon désir, Père tout-puissant, si cela ne doit pas me nuire ou nuire à tes enfants. »

57. Celui qui retient sa langue évite la plus fréquente occasion de pécher qui soit.

57’. L’homme de poids et la femme élevée engendrent le monde parfait.

58. La liberté et la puissance premières sont comme la sortie de la conscience individuelle et comme l’immersion dans la conscience divine où Dieu agit et repose éternellement.

58’. Toutes les disputes de mots sont piètres choses eu égard à la réalité tangible du Seigneur incarné que nos yeux voient, que nos mains touchent, que notre bouche goûte et que notre cœur abrite secrètement.

59. La foi véritable en Dieu et en son salut ne peut naître et grandir que dans l’absolue liberté du choix particulier.

59’. Le Père est caché dans le Fils comme le Fils est caché dans la Mère et comme la Mère est cachée dans les ténèbres de nos cœurs.

60. Devenons assez pauvres et assez simples afin que nul ne puisse nous dérober ni nous humilier, ou bien devenons assez riches et assez instruits pour que personne ne soit capable de nous appauvrir ni de nous décevoir.

60’. Si Dieu habite en nous et nous submerge, nous ferons aussi les œuvres de Dieu comme des fils bien-aimés comblés par l’amour. « Qu’il fait bon écouter notre Dieu, et comme son verbe nous féconde merveilleusement quand nous sommes trouvés purs, simples et croyants ! »

61. Il faut une générosité folle et un amour insensé pour pardonner et pour bénir nos ennemis, mais il faut une sainte humilité pour leur demander pardon d’avoir raison contre leur haine et contre leur aveuglement.

61’. Si Dieu ne passe pas en nous et si nous ne passons pas dans notre prochain, nous ne pourrons pas recevoir et transmettre la bénédiction qui sauve de la mort. « Les méchants se punissent de leur méchanceté en repoussant le secours du Seigneur et celui des hommes saints et sages. »

62. Que chacun honore Dieu dans le tabernacle secret de son cœur et que chacun écoute le prophète intérieur qui le mènera au Très-Unique, au Très-Parfait, au Très-Vivant, au Très-Pur.

62’. Tout nous est possible, Seigneur, quand tu parais en nous, mais lorsque tu te retires, nous voilà plus impuissants et plus stupides que les pierres du chemin.

63. L’amour, la beauté et le don répugnent aux médiocres et aux hypocrites, car eux-mêmes sont haineux, laids et plats, et c’est pour cela qu’ils tentent de souiller et d’étouffer tout ce qui les dépasse.

63’. C’est le Seigneur qui nous rend saints et vivants à jamais, mais c’est nous qui accordons ou qui refusons l’entrée secrète de nos cœurs.

64. C’est Dieu qui nous marque pour la quête de la vie et c’est lui qui nous mène au but quand nous sommes humbles, aimants et obéissants à sa loi d’amour. « L’union du ciel et de la terre fait paraître la lumière du Parfait. »

64’. Les sages et les saints transpirent Dieu malgré eux, et c’est en cela seulement qu’ils ont de la vertu. « Ainsi ce que nous faisons n’est rien, c’est ce que Dieu fait en nous qui est tout. »

65. Nos mains sont impuissantes à trier la vie de la mort, et l’humble connaissance de cette vérité permet seule à Dieu et à la nature d’accomplir notre délivrance ici-bas.

65’. Le saint Nom de Dieu est une réalité vivante et palpable qui peut tout. C’est un mystère que bien peu ont connu ou connaîtront.

65’’. Soyons pieux et croyants, soyons simples et patients, soyons sobres et paisibles, et cultivons la terre du jardin d’Éden avec l’aide du Seigneur tout-puissant.

66. L’amour pénètre, l’amour anime, l’amour exalte, l’amour multiplie, l’amour unifie dans la splendeur.

66’. C’est par la pureté de la grâce que nous aimantons l’amour divin et que nous incarnons Dieu en nous.

67. Les savants et les intelligents du monde seront bien déçus en lisant le Livre et ils diront : « Ça n’a ni queue ni tête », car, justement, le Livre est un cercle qui garde l’âme et qui lui parle au-dedans.

67’. La parole de Dieu humilie d’abord notre raison, ensuite elle communique secrètement sa lumière à l’âme avant d’illuminer l’esprit, si nous sommes attentifs et persévérants dans notre quête sainte.

68. Qui présentera au Très-Haut un miroir d’amour et de pureté, afin qu’il habite à nouveau parmi nous dans la splendeur première et dernière ?

68’. Notre vierge a conçu sous les regards du Très-Haut et elle nous a donné un fils qui a vaincu la mort et qui perfectionnera tous ses frères estropiés.

69. Il n’y a plus de hasard et il n’y a plus de doute pour celui qui fixe Dieu en esprit et qui l’héberge dans son cœur. Il n’y a plus ni tribulations ni mort pour celui qui est un avec le Parfait dans sa lumière sainte.

69’. Celui qui a vu le Seigneur, qui l’a touché et qui l’a goûté, n’a plus ni foi, ni crainte, ni espérance, car la possession de la vie l’illumine et l’anime pleinement dans la certitude expérimentale de l’Unique.

70. Si nous désirons demeurer vivants, nous devons aimanter en nous la vie céleste afin qu’à son tour elle nous attire jusqu’à elle, où il n’y a plus de place pour la mort.

70’. Qui a vu la lumière de Dieu briller sur la terre des morts ? — Qui a vu l’or du Seigneur féconder la terre des hommes ? — Qui a vu le Sauveur très parfait se multiplier dans la terre des vivants ?

71. Beaucoup ont la nostalgie et l’envie secrète de Dieu et ils en sont profondément troublés et désolés, car ils ne savent pas à qui leur amour s’adresse.

71’. C’est l’amour sincère de Dieu et le désir ardent de sa connaissance qui provoquent les conditions de notre rencontre et de notre union avec le glorieux vivant.

Et que servirait-il à un homme de gagner le monde s’il perdait son âme ?
Jésus
En tout et par-dessus tout, repose-toi en Dieu, ô mon âme, parce qu’il est le repos éternel des Saints.
Imitation de J.-C.

LIVRE XIX

Oui, dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront.
Jésus
Celui qui est de Dieu entend la parole de Dieu, c’est parce que vous n’êtes pas de Dieu que vous ne l’entendez pas.
Jésus

NUE VITRÉE

LE MIROIR

1. Les prophètes nous ont parlé de la substance et de l’essence de Dieu, et nous épluchons leurs textes pour y découvrir l’histoire, la morale, la poésie ou la divination ! Ô stupide aveuglement des intelligents et des savants ! Ô médiocrité satisfaite des croyants !

1’. N’adaptons pas les Écritures saintes à nos petites pensées, car tout ira mal à la fin pour nous. Plions plutôt nos désirs à la parole de Dieu afin de jouir de la protection et de l’aide du Tout-Puissant. « Si nous nous accrochons aveuglément à nos opinions, comment Dieu pourra-t-il nous instruire dans la vie ? »

2. Qui saura piéger la vie du TrèsHaut ? Qui saura la mûrir et qui saura la manger afin de devenir comme elle pur, libre et éternel ?

2’. Ce sont de belles pensées, disent les gens superficiels en feuilletant le Livre, mais ceux qui sont instruits pensent : « Ce sont les serrures et ce sont les clefs de la porte de la vie ».

3. Si nous fréquentons les brutes, les méchants, les malins ou les impies, nous deviendrons comme eux. À plus forte raison, si nous fréquentons Dieu et ses amis véritables, nous serons aussi faits à leur image et nous goûterons au breuvage de vie pure.

3’. Le Livre parle à l’intuition, à l’amour et à la mémoire profonde, et non pas à l’intelligence, à la volonté et à la raison superficielle des hommes. « Ce que dit le Livre est grand, mais ce qu’il induit en chacun de nous est incommensurable. »

4. Les sages et les saints authentiques attribuent à Dieu seul le mérite et la louange de tout ce qu’ils font en son NOM. « Ô parfaite humilité de la connaissance vraie ! »

4’. La science de la nature mène à la connaissance substantielle, et la science de Dieu mène à la connaissance essentielle. Celui qui possède ces deux trésors est héritier du Seigneur éternel et vivant.

5. La religion et l’initiation transmettent un enseignement précieux ; il nous appartient de le ressusciter par notre foi, de l’animer par notre amour et de le manifester par notre connaissance. « Les faux croyants sont mille fois plus repoussants que les brutes impies. »

5’. Que diront les hypocrites de celui qui nomme Jésus-Christ son frère aîné ? « Le silence, ensuite la calomnie, puis la persécution s’il leur est permis ; car Dieu les ayant quittés, c’est le démon qui les inspire à présent. »

6. Le Livre peut bien recéler la vérité, si nos cœurs n’y participent pas c’est comme un trésor inutile devant lequel tous meurent de faim et de soif.

6’. Ne pensons pas : « Nous deviendrons riches, ensuite nous chercherons Dieu ». Mais disons plutôt : « Nous chercherons Dieu, ensuite nous serons riches ».

6’’. Ne nous attablons pas devant une multitude de mets et de boissons compliqués ; disposons plutôt un plateau avec un mets et un breuvage simples comme le pain et le vin qui contentèrent nos sages pères.

7. Puisque nous ne supportons pas la vérité simple, nue et parfaite, il faut bien que le Seigneur la pare de feuillages et de fleurs pour nous contenter. Seulement il y a aussi mis des épines afin d’éloigner les superficiels et les inconstants. « La couronne du Seigneur peut bien éborgner les imprudents et les présomptueux qui se jettent inconsidérément à sa tête au lieu d’adorer à ses pieds saints et parfaits. »

7’. Si nous sommes pusillanimes dans notre quête et si nous craignons d’examiner le fondement de toutes les choses créées, nous ne trouverons et nous ne goûterons jamais Dieu ici-bas. « Comme nous sommes faibles, tristes et pauvres quand le Seigneur est absent de nous-mêmes, et comme nous voilà animés, réjouis et comblés quand il habite à nouveau dans nos cœurs ! »

8. Le Livre confirme les Écritures saintes comme un enfant dévoué répond pour ses parents bien-aimés.

8’. Dieu s’est fait homme dans la chair d’Adam afin que nous soyons fait Dieu dans l’or de Christ.

9. « Plus nous donnerons et plus nous recevrons. » Ainsi l’enrichissement vient de la libre circulation des biens, et l’appauvrissement vient de leur immobilisation.

9’. Celui qui aime Dieu et sa création sera aussi aimé par tous les êtres, car en aimant nous sauverons et nous serons sauvés.

10. Celui qui espère s’asseoir au banquet divin ne doit pas s’étonner de ne pas recevoir ici-bas les miettes qui comblent les passants étrangers à l’amour. « Ô fidélité de la première et de la dernière heure ! »

10’. Celui qui maudit les riches et les puissants s’interdit de jamais devenir comme eux sous peine d’être maudit par lui-même, mais celui qui méprise les pauvres s’est déjà condamné à la solitude de la mort. « Ô comme le don secret lave la souillure du péché ! »

11. Qui que nous soyons et quoi que nous fassions, gardons l’esprit et le cœur fixés en Dieu afin de ne pas nous perdre dans les ténèbres de ce monde.

11’. Faisons en sorte que notre pensée ultime soit toujours en Dieu afin de purifier nos visions pendant le recueillement de la veille, pendant celui du sommeil et pendant celui de la mort.

12. Celui qui adore Dieu en esprit et en acte est assuré de ne pas se tromper ici-bas et ailleurs.

12’. Celui qui cherche Dieu va à la solitude de la nature. Celui qui a trouvé Dieu revient à la société des hommes.

13. Il n’y a pas d’obstacle infranchissable pour celui qui cultive la bonne volonté en Dieu, car les terreurs de la nuit s’évanouissent devant la lumière du Parfait.

13’. Notre Seigneur qui habite la vie ne nous abandonnera pas à l’heure difficile de la séparation et du dépouillement, pourvu que nous brillions au moins comme des vers luisants dans la nuit du monde.

14. Si les médiocres peuvent encore germer, ce ne peut être que par la chaleur de l’amour fraternel. Qui ne voudrait tenter de sauver les plus déshérités des humains ?

14’. Que les sages et que les saints qui nous ont mis sur la voie de Dieu soient bénis à jamais dans le sein très pur et très vivant de l’Unique Splendeur !

15. Celui qui reconnaît ses torts désarme ses ennemis et les transforme en alliés.

15’. Tout ce que nous aimons nous sert et nous libère. Tout ce que nous haïssons nous échappe et nous opprime à la fin.

16. Dieu nous recherche bien malgré nous quand nous nous cachons de lui. Pourquoi ne le rechercherions-nous pas malgré lui quand il se dérobe à nous ?

16’. Le baptême de l’eau nous délivre et nous purifie, mais le baptême du Saint-Esprit nous féconde et nous anime pleinement.

17. Des légions d’ignorants nous expliquent la sagesse profane. Des nuées de savants nous imposent la science étrangère. Des foules d’intelligents nous dévoilent les secrets de la création. Une multitude de courageux nous promet le bonheur pour demain. Des millions de délirants multiplient la folie de tous. Des milliers de faux prophètes nous décrivent leurs ténèbres.

17’. Et vous, pauvres révoltés qui vous agitez, qui hurlez et qui maudissez dans l’exil de la mort, on vous prête du génie et vous n’avez pas même l’intelligence de rechercher en silence et avec patience la sortie de votre prison ténébreuse et glacée. Vous vous heurtez à la surface des mots et des choses et vous lancez inutilement des mots et des choses à la surface du monde.

18. Et nous continuons tout abasourdis de leurs cris et de leurs gesticulations, à périr dans l’ignorance et dans la peur, dans le doute et dans la haine, dans la solitude et dans le désespoir, dans l’esclavage et dans la misère, dans la vieillesse et dans la maladie, car nous avons perdu comme eux la connaissance divine et répudié la conscience de Dieu, croyant stupidement ordonner le chaos avec notre intelligence, avec notre raison et avec notre volonté dérisoires.

18’. Vous êtes aussi peu perspicaces que votre conseiller le démon, qui jugea stupidement sur l’apparence le premier homme que Dieu lui présenta. Vous qui glorifiez journellement la haine, Dieu vous a déjà retranchés de la terre des vivants et vous vous haïrez toujours plus jusqu’à l’éparpillement final. « Comme la chute des méchants est brutale et inattendue ! Et comme Dieu pardonne à ceux qui reviennent à lui librement ! »

19. C’est la puanteur du péché qui nous a menés à la fosse. Mais c’est la bénédiction de Dieu qui nous sauvera de la mort, et c’est l’amour réchauffant du Seigneur qui nous confirmera dans la splendeur de la vie.

19’. Notre semblable et nous-même formons le même être et renfermons la même lumière. C’est un secret de Dieu que bien peu approchent et que quelques élus seulement possèdent en entier, car les âmes demeurent distinctes même dans le sein de l’Unique.

20. Il appartient à chacun de chercher Christ, de le trouver et de l’héberger pour être sauvé, transformé et perfectionné en lui.

20’. C’est l’or céleste que nous devons incarner (après nous être débarrassés de la pourriture du péché), afin d’être affermis dans la vie éternelle.

21. Les stupides et les ignorants veulent toujours avoir raison en tout parce qu’ils se fient à eux-mêmes ou aux autres. Les sages et les saints acceptent aisément d’avoir tort, car ils s’en remettent à Dieu qui connaît exactement le fondement de toutes choses.

21’. Consultons le Seigneur et obéissons-lui en tout si nous voulons conserver la vie, la santé, la paix, l’honneur et les biens qu’il nous a consentis ici-bas. « Les saints de Dieu rayonnent l’amour pour toutes ses créatures. »

22. Beaucoup sont remplis de bonnes intentions envers les saintes Écritures, mais ils sont également pleins d’ignorance en ce qui concerne leur signification essentielle.

22’. Si nous possédions une simplicité et une foi capables d’expérimenter l’invraisemblable, nous pénétrerions dans le secret des paroles divines et nous retrouverions l’immortalité du jardin de Dieu.

23. Les étoiles, la lune et le soleil brillent sur le monde pendant que les intelligents et que les savants disputent et délirent sur le Dieu invisible qui envoie la vie et qui la tire à soi.

23’. Celui qui est pur, lumineux et vivant ne s’en soucie pas, cependant il éclaire dans l’épaisseur de la nuit. « Être et l’oublier. »

23’’. L’Esprit de Dieu, en revenant sur lui-même, produit la lumière.

24. Quand nous aurons saisi le Seigneur par sa chevelure dorée, quand il aura transfiguré en palais notre misérable chaumière, quand il sera devenu notre compagnon victorieux et indéfectible, alors nous bénirons en connaissance de cause les Écritures saintes de toutes les nations et nous louerons Dieu et son œuvre sans livres et sans instructeurs.

24’. Il est aisé de reprendre les pécheurs, de fustiger les hypocrites et d’assommer les impies, mais il est difficile de les convertir par l’exemple et de les sauver par l’amour, quand on ne connaît pas visiblement l’unité dont ils sont issus et où ils retourneront. « Celui qui connaît le mystère de Dieu aime naturellement son prochain sans hésitation et sans effort. »

25. Toute la création nous est offerte par Dieu ; il suffit que nous choisissions et que nous semions pour récolter en abondance, soit les œuvres de vie, soit les œuvres de mort.

25’. Partout des savants qui épluchent les saintes Écritures, partout des intelligents qui profanent les mystères de Dieu, et pas un saint qui purifie le corps terrestre, et pas un sage qui accomplisse l’incarnation divine.

26. La terre est noire et va devenir encore plus noire, ensuite elle blanchira peu à peu et les astres reparaîtront, les étoiles innombrables, la lune pure et blanche et le soleil vivant et doré, qui seront les signes de l’incarnation triomphant sur la mort.

26’. C’est la main de l’homme qui dispose la terre, mais c’est la nature qui opère et c’est Dieu qui anime. « Si nous aimons et si nous bénissons constamment Dieu et sa création, celui-ci nous aimera et nous bénira aussi toujours à travers elle. »

27. Devenons bienveillants et courtois avec nos prochains et envoyons de bonnes pensées même à nos ennemis, afin qu’ils se convertissent à Dieu dans leur cœur. Car les malédictions ne peuvent que les enfoncer dans leurs opinions et dans leurs haines obscures. Gardons-nous d’eux cependant tant que leur méchanceté n’est pas éteinte.

27’. Les méchants viennent de notre manque de bonté, les pauvres viennent de notre manque de charité, les incroyants viennent de notre manque de foi, les révoltés viennent de notre manque d’obéissance, et ainsi pour tout le reste. Voilà pourquoi c’est toujours notre faute et jamais celle des autres, contrairement à ce que nous croyons communément.

28. Ô dérision ! le Seigneur nous a donné le Livre en premier, et les étrangers le reçoivent avant nous, car nous croyant intelligents dans le monde, nous sommes devenus stupides devant Dieu.

28’. Mieux nous connaîtrons notre indignité et plus nous serons épouvantés par l’immensité de la miséricorde du Seigneur et par la grandeur du don qu’il nous accorde.

28’’. Qui se lavera dans le feu et dans l’eau afin de redevenir pur et blanc comme le sel de la vie ?

29. Si Dieu est mal servi, éloignons-nous des mauvais serviteurs, mais ne rejetons pas le Seigneur comme font les ignorants qui jugent grossièrement du dedans sur les apparences du dehors.

29’. Celui qui se sent libre et riche en Dieu ne se désole plus de sa pauvreté ni de l’esclavage de ce monde, car il goûte déjà les arrhes de la vie éternelle. « Enivrante promesse ! Incroyable donation ! »

30. Nous devons nous efforcer d’imiter Dieu qui ne contraint rien ni personne au nom de sa vérité et de sa justice, mais qui mûrit tout patiemment par la douceur de sa grâce et de son amour.

30’. La bonne volonté en Dieu nous délivre des contraintes du monde, car elle nous permet d’entendre l’enseignement du Seigneur et elle suscite l’action de sa Providence cachée.

31. La sagesse des hommes n’est pas la sagesse de Dieu, car l’une regarde le dehors tandis que l’autre considère le dedans.

31’. L’eau vient du corps et le corps semblablement vient de l’eau et ces deux s’unissent dans la gloire du Sauveur très parfait.

32. Ne condamnons et ne repoussons pas les égarés, car il n’y a pas longtemps encore que nous étions parmi eux. Prions plutôt afin qu’ils viennent avec nous par la grâce délivrante et par l’amour unissant du Très-Haut.

32’. Quand le Seigneur nous visite, nous voilà comme des dieux illuminés, mais quand il nous quitte, nous voilà comme des bêtes stupides. Qui peut prévoir le moment de sa venue, et qui peut prédire le temps de son départ ?

33. La grâce, l’amour et la foi engendrent les œuvres vivantes ; quand ils disparaissent, le devoir, la loi et la contrainte font les œuvres mortes.

33’. Nos désirs sont dix mille choses éparpillées et mortes ; la volonté de Dieu est une seule chose concentrée et vivante.

34. Si nous bénissons Dieu et sa création, la vie s’ouvrira à nous et nous recevra dans son sein. Si nous maudissons tout, la vie se fermera à nous et nous demeurerons abandonnés dans la mort.

34’. Nos saints maîtres spirituels sont les instruments de la bénédiction de Dieu. Honorons-les et prions-les dans le Seigneur afin qu’ils nous mènent jusqu’à la sainte lumière de Dieu qui nous fait tant défaut ici-bas.

35. Qui ira jusqu’au bout de la parole du Seigneur ? Qui pénétrera la vérité lumineuse des écrits saints ? Qui pratiquera la science divine sur la terre ? Qui entrera vivant dans le royaume de l’éternité ?

35’. Seigneur, nous baisons ta terre sanctifiée, nous semons ton cœur caché et nous recueillons précieusement ta gloire incomparable qui nous fait vivre éternellement.

36. Si nous possédons la grâce et l’amour et si nous les pratiquons envers tous, nous pouvons ignorer la loi et le devoir, mais si nous ne vivons pas encore en Dieu, la loi et le devoir doivent nous guider comme la canne dure et sèche guide les pas de l’aveugle.

36’. La prière et la louange qui montent vers Dieu retombent sur nous en bénédictions multipliées, comme les bonnes pensées que nous envoyons aux vivants et aux disparus, nous reviennent en dons inattendus.

37. Un seul verset éclairera celui-ci alors qu’un autre ne verra rien dans tout le Livre. « Il n’y a pas de pourquoi ni de comment pour cela qui EST. »

37’. Comme la parole du Seigneur fait germer le croyant et comme elle endurcit l’impie ! « Ô profondeur, ô mystère, ô jugement secret du Parfait ! »

38. Soyons ceux qui ne se débrouillent pas, mais qui ont foi dans le Dieu qui ordonne le chaos. — Soyons ceux qui n’exigent rien, mais qui cherchent la vie éternelle. — Soyons ceux qui ne s’emparent pas, mais qui prient celui qui comble de bénédictions. — Soyons ceux qui n’envient pas, mais qui se réjouissent des dons du Dieu d’amour. — Soyons ceux qui ne s’agitent pas, mais qui œuvrent avec le Dieu de résurrection. — Soyons ceux qui ne condamnent pas, mais qui demandent pardon à Dieu pour tous. — Soyons ceux qui n’entassent pas, mais qui imitent le Dieu de charité. — Soyons ceux qui ne se battent pas, mais qui patientent avec le Dieu qui sépare et qui unit. — Soyons ceux qui ne tuent pas, mais qui manifestent la vie de Dieu en unissant le ciel et la terre.

38’. Les ingrats et les impies ne sont pas auprès de Dieu, mais les flatteurs et les hypocrites non plus. — Les débauchés et les paresseux ne sont pas auprès de Dieu, mais les moralistes et les travailleurs non plus. — Les ignorants et les stupides ne sont pas auprès de Dieu, mais les savants et les intelligents non plus. — Les révoltés et les blasphémateurs ne sont pas auprès de Dieu, mais les résignés et les récitants non plus. — Les jouisseurs et les prodigues ne sont pas auprès de Dieu, mais les refoulés et les économes non plus. — Les méchants et les furieux ne sont pas auprès de Dieu, mais les bien intentionnés et les pleurnicheurs non plus. — Les justes et les connaisseurs sont auprès de Dieu, mais les charitables et les simples le sont aussi, et par-dessus tout, ceux qui ont la bonne volonté en Dieu.

39. Examinons en quoi les autres ont raison et en quoi nous avons tort. Ainsi l’accord se fera aisément par l’approchement des semblables et par l’éloignement des contraires.

39’. Tout ce que nous pensons, nommons et faisons prend corps et se précipite vers nous. Faisons donc bien attention à nos pensées, à nos paroles et à nos actions, afin de ne pas créer notre propre malheur sans le savoir.

40. Les hypocrites, les orgueilleux et les méchants se détruisent mutuellement et blasphèment le verbe de Dieu, soit en bénissant le crime, soit en maudissant l’amour, car ceux qui se sont enflés vont être vidés par la tempête, et ceux qui se sont endurcis vont être écrasés sous la meule. Faux frères contre frères ennemis. Faux dévots contre dévots de science morte.

40’. Le Seigneur n’abandonne pas les siens, ceux qui l’aiment dans leur cœur et sont soumis à la sagesse cachée. Le filet du malheur et de l’extermination ne se refermera pas sur eux, car l’humilité de leur amour et de leur connaissance passera même à travers les mailles resserrées de la mort. « Comme notre amour pour le Seigneur est misérable, et combien notre foi en sa Providence est nulle ! »

41. Beaucoup veulent faire croire qu’ils en savent plus que quiconque sur les mystères de Dieu en citant à tort et à travers les magnifiques paroles des prophètes et des sages, et en les interprétant selon leurs misérables pensées du moment.

41’. Ô dérision : ils se battent avec la lumière des paroles saintes et sages, et cependant ils croupissent dans les ténèbres. Ô cruauté : ils s’assomment à coups de sentences de vie, et ils pourrissent toujours plus dans le fumier ; car les sourds nous font à présent la leçon, et les aveugles nous montrent la voie sainte !

42. Ainsi l’un moralise, et l’autre émascule. Celui-ci dissèque, et celui-là empaille ; et tous ressemblent à des pingouins qui expliqueraient l’Écriture sainte à d’autres pingouins.

42’. C’est la pratique de la parole et de la science de Dieu qui nous sauvera de la mort, et non pas nos bonnes intentions, nos belles paroles ou nos grands travaux.

43. Tout ce que nous demanderons avec foi et persévérance se réalisera un jour devant nos yeux ici-bas.

43’. Surveillons donc attentivement tout ce qui entre et tout ce qui sort afin de ne pas être pris au piège des apparences trompeuses de ce monde.

44. Faisons tout pour plaire à Dieu et supportons patiemment les jugements aveugles du monde, sans défi et sans justification profane.

44’. Le Livre sera encore neuf et présent quand toutes les orgueilleuses productions du monde seront retournées au néant.

45. Ô comme la bonne pensée, la bonne parole et la bonne action effacent le péché du monde ! Ô comme la louange, la prière et la charité en Dieu délivrent l’âme du croyant !

45’. Celui qui nous a donné l’être peut aussi tout nous reprendre et tout nous redonner. Qui peut croire cela dans son cœur avant de l’avoir vu avec ses yeux ?

46. Quel sera le ridicule de tous ceux qui nous auront expliqué la parole de Dieu sans l’avoir comprise eux-mêmes ? Et quelle sera leur assurance devant l’évidence manifestée au dernier jour ?

46’. Celui qui a semé le bon grain attend avec confiance le temps de la moisson. (Ne croyons pas pénétrer aisément la parole inspirée de Dieu si elle-même ne nous a pas premièrement pénétrés.)

47. Les incroyants nous ont nommé « homme heureux », car l’amour du Seigneur nous a fait luire même devant les aveugles !

47’. Le temple du Seigneur, c’est sa grâce dans notre cœur ; et le sacrifice, c’est son amour pour nous et c’est notre amour pour lui.

48. On voudra nous affilier à des églises, à des sectes ou à des sociétés secrètes pour expliquer l’inexplicable ; car même les croyants ne croient plus que Dieu soit encore capable de parler directement à ses enfants.

48’. Nous ne cherchons ni esclaves, ni sectateurs, ni ouailles, nous cherchons des hommes et des femmes capables de vivre saintement et librement en Dieu. Car le temps des troupeaux est passé et celui de la liberté arrive.

49. La sagesse de Dieu, c’est la liberté et l’abondance de la vie offerte gratuitement aux hommes simples et droits. La sagesse du monde, c’est le bruit et la vanité des mots creux avec lesquels les aveugles se rassurent dans leur nuit.

49’. L’athée pense survivre par son travail et par son intelligence. Le religieux croit se sauver par son espérance et par sa résignation. Un sage ou deux à peine par siècle opèrent le miracle de Dieu ici-bas et entrent vivants dans l’éternité. (Nous exagérons leur nombre à dessein.)

50. Il vaudrait mieux ne jamais être né plutôt que mépriser la vie qui nous a été donnée par Dieu et que nous avons stupidement obscurcie.

50’. La raison de Dieu est au-delà de l’absurde, la raison des hommes demeure toujours en deçà.

51. Pas un sou et la réprobation de tous pour la vérité nue. L’argent et l’aide du monde entier pour le mensonge déguisé.

51’. Être comblé par Dieu et vivre ignoré du monde, et non pas, être comblé par le monde et vivre ignoré de Dieu.

52. Les brutes procurent au moins le repos de l’esprit, tandis que les hypocrites détruisent la foi, et les délirants communiquent la folie du démon. Heureux celui qui trouve un croyant de Dieu et qui s’entretient de l’Unique avec lui ; et bienheureux celui qui arrive jusqu’à un saint de Dieu et qui l’écoute parler du Seigneur d’amour. Très heureux surtout celui qui découvre un sage de Dieu et qui demeure dans son silence divin.

52’. Seigneur, apprends-nous l’humilité de ta sainte quête, mets-nous un poids pesant sur le dos et de la terre dans la bouche jusqu’à ce que nous considérions la souche d’où nous avons été pris, et jusqu’à ce que ta bénédiction nous délivre de la puanteur du péché et de l’obscurité de la mort. Seigneur, par compassion, fais que nous nous taisions et que nous n’expliquions rien profanement et vainement à personne.

53. Satan est là pour perdre les méchants, mais il est là également pour renvoyer à Dieu les âmes éclairées par l’amour et par la connaissance.

53’. Il n’y a rien d’obscur ni de caché dans l’amour de Dieu, mais dans sa science, tout est profondeur et mystère.

54. Savons-nous qui est ce petit enfant qui meurt présentement devant nous de la peste ? N’est-ce pas l’affameur ancien qui fit périr de misère un quart de la ville ? Qui juge ici la justice de Dieu avec la vue perçante d’une taupe ? Qui condamne la sagesse du TrèsHaut avec l’assurance inébranlable d’une bûche ?

54’. Ô malheur ! les aveugles se sont érigés en juges sévères, et les sourds sont devenus des exécuteurs impitoyables. Aussi la foi et la charité se sont éloignées de tous, et le malheur et la confusion culminent à présent dans un monde défiguré par le péché, par la haine et par la peur. « Qui peut croire fermement dans la protection de l’Unique ? Et qui peut espérer follement son don très saint ? »

55. Ô comme le malin est subtil, comme il est raisonneur et comme il est bien renseigné sur le monde ! Ô comme le trompeur se déguise, comme il s’insinue et comme il est habile pour piéger les créatures de Dieu !

55’. Soyons des aimants de vie et non des aimants de mort et sachons que tout ce que nous pensons prend corps en nous et autour de nous et s’alimente de nos paroles et de nos actes.

56. Tentateur bien nommé, comme tu nous éprouves dans la fournaise de l’envie et de l’orgueil ! Tu dis « MOI », mais nous répondons « DIEU ». Ô ennemi, qui nous sauvera du vertige de ta face enténébrée, si ce n’est l’amour de notre Seigneur resplendissant et très pur ?

56’. Faisons donc bien attention à ce que nous pensons et à ce que nous disons, car si c’est le bien, le bien paraîtra, et si c’est le mal, le mal viendra semblablement. « Il n’y a que l’amour de Dieu qui nous comble et nous satisfasse vraiment. Tout le reste nous déçoit et nous ennuie rapidement. Mais c’est bien aussi sa sainte science qui nous sauve de la mort ici-bas. »

57. Celui qui poursuit les choses du monde est bien déçu à la fin de sa course, mais celui qui ne cherche rien dessèche dans sa triste médiocrité.

57’. Celui qui cherche inlassablement Dieu et sa vérité, a une chance de les trouver ici-bas et la sainte assurance de les approcher dans le ciel.

58. Confions-nous au Seigneur qui effacera notre peine et qui multipliera notre joie, et ne nous confions pas au monde qui enviera notre joie et qui repoussera notre peine.

58’. Si nous aimons Dieu dans l’humanité et dans la nature, Dieu nous aimera aussi dans les hommes et à travers toute sa création.

59. Après que tout sera consumé, la grâce, la justice, la simplicité, l’obéissance, le pardon et l’amour germeront à nouveau et notre Dieu reposera visiblement dans ses saints, et tous les sauvés se donneront le baiser de paix sur une terre blanchie et réconciliée par la résurrection.

59’. Le Livre pourrait s’étendre à l’infini ; il suffit qu’il nous ait fait toucher la racine sacrée du commencement et entrevoir la sainte lumière du Parfait, car le Seigneur en personne sera le vivant mot de la fin pour ses sages et pour ses saints.

60. Le monde essentiel et substantiel sera séparé du monde excrémentiel et le premier sera glorifié avec les saints de Dieu, alors que le second sera rejeté avec les rebelles et les méchants.

60’. Dans le commencement crépusculaire de la fin, les étoiles seront rassemblées pour former avec le soleil, la lune et les saints, la terre des vivants fécondée de Dieu ; et ce sera ensuite le milieu ténébreux de la fin.

61. Nous ne trouverons Dieu ni par les spéculations de l’intelligence ni par le travail de nos mains. Nous trouverons Dieu uniquement en imitant Dieu, car l’ensemencement de notre mort prépare la moisson de notre vie.

61’. Puis la lumière reviendra peu à peu et la reine et le roi du ciel paraîtront dans la splendeur divine, et ce sera la fin éclatante de la fin, annoncée et bénie par les prophètes du Seigneur Dieu.

62. Notre raison, notre courage et notre travail sont impuissants à nous ouvrir les portes de la vie si la bénédiction et l’inspiration divines ne les accompagnent pas.

62’. Le Seigneur ouvre l’entendement de celui qui est docile à sa voix et tout lui réussit sans effort, mais il aveugle l’insensé qui n’écoute que son propre conseil et il le mène à sa perte.

63. Pourquoi travailler durement et pourquoi combattre férocement pour obtenir l’ombre de la vie, alors que le Seigneur nous offre généreusement la réalité divine qui ne s’épuise jamais ?

63’. Ne force pas la Désirée, mon ami, car si elle doit venir à toi elle se manifestera par elle-même. Le Seigneur sait ce qu’il fait et toi, tu l’ignores encore.

64. Il est bon d’offrir un présent au maître spirituel, mais quel est le disciple intelligent qui enverra une bonne pensée d’amour ?

64’. Celui qui bénit dans son cœur Dieu et ses saints, fait briller visiblement une parcelle du vêtement de l’Unique.

65. Soyons comme des orphelins qui cherchent fiévreusement leur Seigneur le jour et la nuit, et puis devenons comme des outres vides qui attendent d’être emplies du nectar des cieux.

65’. On pardonne tout à un vivant, excepté d’être présent parmi les agonisants de ce monde. « Ô sacrifice très saint des fils de l’Unique ! »

66. Nous sommes tombés dans la fosse d’immondices et nous avons avalé l’ordure ténébreuse. Qui nous délivrera à présent de la puanteur du péché qui nous submerge de toutes parts ? Qui nous guérira du poison virulent qui ronge nos cœurs et qui éteint notre esprit ? Qui séparera la sanie de la chair du Dieu vivant ?

66’. Ô Seigneur miraculeux, ouvre nos cœurs à ta sainte rosée et viens nous habiter à nouveau dans la splendeur première, sinon nous sommes perdus à jamais et nul ne compatira à notre plainte désolée ici-bas. « Lave-nous, pluie des cieux, et ensemence-nous, soleil glorieux. »

67. C’est bien notre présomption imbécile qui nous empêche de reconnaître l’œuvre grandiose du Seigneur de vie et de lumière, et c’est bien notre attentive et sainte humilité qui nous permet de la découvrir dans le monde.

67’. Nous admirerons premièrement les œuvres des hommes pendant notre sommeil ; ensuite, nous admirerons les œuvres de la nature quand nous commencerons à voir clair. Enfin, nous admirerons celles de Dieu quand nous serons tout à fait éveillés.

68. Le péché et la chute, c’est avoir mangé le fruit empoisonné de l’arbre double, c’est avoir absorbé la substance vivante avec la crasse morte et c’est continuer à le faire.

68’. La régénération et la rédemption, c’est découvrir et c’est manger le fruit pur de l’arbre unique qui chassera hors de nous la puanteur, l’obscurité et l’inertie fatale de la mort.

Il y aura une réunion de sauvés comme l’a dit IEVE.
Joël
Cherchez Dieu, vous tous humbles du pays qui avez pratiqué sa loi. Recherchez la justice, recherchez l’humilité. Peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère de Dieu
Sophonie

LIVRE XX

On te jeta par dégoût de toi sur la face des champs le jour de ta naissance.
Ézéchiel
Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil.
Jérémie

VÊTE RUINE

LE SEL

1. Celui qui ne perçoit que l’enveloppe des êtres et des choses, est séparé de l’unité essentielle et substantielle de Dieu jusqu’à ce que sa cécité cesse dans la naissance de la lumière du Sauveur.

1’. C’est la pureté de la substance de la Mère qui nous permettra d’incarner la splendeur de l’essence du Père et de devenir ainsi vrais fils de Dieu pour l’éternité.

2. Les saintes Écritures sont au complet depuis leur commencement, et chaque nouveau livre révélé ne fait que les confirmer sans rien ajouter et sans rien retrancher au mystère de l’esprit incarné qui fait leur fondement sacré.

2’. Apprends-nous à t’entendre et à t’obéir. Apprends-nous à t’aimer et à t’imiter. Apprends-nous à te recevoir et à te mûrir. Apprends-nous à te conserver et à te multiplier, ô Seigneur de la vie impérissable !

3. Qui peut dire ceci sans blasphémer et qui peut l’entendre sans être scandalisé ? Nos sacrifices et nos crimes sont également illusoires devant Dieu. Nos bénédictions et nos malédictions sont pareillement vaines devant sa grandeur.

3’. Pourquoi tenter d’avancer et pourquoi craindre de reculer ? Pourquoi s’efforcer à monter et pourquoi redouter de tomber ? Puisqu’il suffit que la grâce de l’Unique nous dénude du péché vénéneux et que son amour nous vête de la splendeur dorée.

4. Nos pensées d’amour ou de haine sont tout à fait dérisoires devant sa splendeur ; seuls notre repos et notre bonne volonté en lui sont agréés par l’Unique.

4’. Suffit-il pas de notre bonne volonté du cœur envers le Seigneur et envers sa création pour être pardonné de la faute imbécile et pour être sauvé de la mort de l’immonde à la fin des temps ?

5. Car même notre amour pour le Seigneur n’est que le reflet de sa gloire et il ne nous appartient pas en propre, tandis que l’obéissance et l’acceptation sont les offrandes acceptables d’un cœur enseveli dans la mort et brisé par l’exil.

5’. Apprends-nous, ô Très-Pur, à nous conduire selon ta volonté sainte et donne-nous l’intelligence de ton enseignement sublime ainsi que la compréhension de ton œuvre sacrée.

6. Nous sommes tous indignes de recevoir la parole de Dieu. Aussi n’omet-il pas de nous le rappeler miséricordieusement afin que nous n’oubliions jamais l’humilité de la créature et la gloire du créateur.

6’. Si le monde repousse nos travaux et nos dons, tournons-nous vers Dieu et offrons-lui notre silence attentif et notre nullité reposée qui seront certainement mieux accueillis et mieux appréciés par l’Unique Connaisseur.

7. Comme je demandais un jour à mon Seigneur : « Que dois-je faire pour te plaire ? », il me répondit : « Rien, surtout rien, afin que je puisse t’arroser en toute tranquillité et afin que je puisse te mûrir en toute sécurité ».

7’. Nous cesserons nos ablutions quand nous reluirons de pureté et c’est alors que le soleil de Dieu nous fécondera pleinement, car c’est un cœur virginal et léger que nous offrirons au Seigneur, et c’est un cœur ensemencé et dense qu’il nous donnera en échange.

8. Il y a deux façons de sortir de toute chose, soit par le haut, soit par le bas. Celui qui sort du monde par le haut est saint et sauvé. Celui qui en sort par le bas est fou et damné.

8’. Nous l’espérerons afin d’être espérés. Nous le chercherons afin d’être cherchés. Nous le trouverons afin d’être trouvés. Nous reposerons dans sa paix afin d’être unifiés en lui.

9. Comme le singe qui demeure prisonnier de la calebasse, la main obstinément refermée sur l’appât, il suffit aussi pour nous de lâcher la poignée de boue que nous étreignons stupidement dans ce monde pour être rendus à notre liberté première. Cependant, tous se moquent des singes, et nul n’entrevoit sa propre cupidité.

9’. Mon Seigneur me demanda une fois : « Que m’apporteras-tu au jour du jugement ? » et je répondis : « Toi dans ton secret en moi ». Alors il dit : « C’est bien. Va donc, germe, mûris et porte du fruit pour ma moisson » et je pleurai amèrement d’être encore recouvert par la boue de la terre étrangère.

10. Qui voudrait encore disputer avec des créatures ignorantes quand Dieu nous entretient si merveilleusement dans nos cœurs ?

10’. Ordonner la boue du monde est un pis-aller ; en sortir, voilà l’intelligence !

11. Ô musique des musiques ! Ô parfum des parfums ! Ô saveur des saveurs !

11’. La science des hommes organise la fosse de la mort, mais la science de Dieu nous en délivre pour toujours.

12. Comment se détendra-t-il le ressort qui n’a pas été bandé ? Et comment rencontrera-t-il en lui-même son Seigneur celui qui ne l’a pas cherché follement dans le monde ?

12’. Le jugement de Dieu n’est pas le jugement de l’homme, et ce que l’un exalte l’autre le méprise.

13. Nous prierons afin d’apprendre à louer, et nous louerons afin d’apprendre à nous taire devant lui.

13’. « Quand vous vous aimerez comme je vous aime, vous serez un avec moi », dit le Seigneur de l’unité de l’amour.

14. Celui-ci nous explique l’incarnation de Dieu en détail, sans même connaître la nature virginale de la sainte Mère ; celui-là nous démontre le mystère du Christ, sans même connaître la vertu du soleil qui l’éclaire.

14’. À la fin, les huissiers sont venus et ils ont chassé tous ceux qui faisaient antichambre dans la maison du TrèsHaut, mais j’ai continué d’attendre sur les marches de son perron jusqu’à ce que le sommeil soit venu calmer mon désespoir et voiler ma solitude.

15. Ainsi trop de savants nous assomment de leur science, alors qu’ils n’entendent rien, qu’ils ne voient rien et qu’ils ne goûtent rien de l’unique vérité, car leur connaissance de Dieu est intellectuelle et livresque, au lieu d’être expérimentale et vécue.

15’. Et c’est là qu’il m’a trouvé et qu’il m’a pris dans ses bras pour me consoler, et quand je me suis éveillé j’étais dans son propre lit. Lui me souriait comme une mère attentive et heureuse qui a retrouvé son enfant perdu.

16. Un jour rentrant dans le monde après un entretien avec mon Seigneur, j’eus une nausée subite et j’éprouvai une tristesse affreuse. Ainsi je connus que ma grande douleur commençait ici-bas, alors que je la croyais finie.

16’. Quand nous aurons trouvé le Seigneur au-dedans de notre cœur, peut-être se fera-t-il voir aussi au-dehors dans le monde ? Ô rareté insigne ! Ô confiance suprême ! Ô épreuve terrifiante du don total ! Combien ont pu supporter sans mourir ta présence visible et ta splendeur incarnée ?

17. Nous croirons faire un sacrifice en renonçant au monde pour nous tourner vers Dieu. Ensuite, nous comprendrons que c’est le Seigneur qui se sacrifie en se tournant vers nous.

17’. « Nous ne choisissons pas Dieu, c’est lui qui nous choisit. » En nous tenant en repos et en demeurant attentifs, peut-être l’entendrons-nous et peut-être le verrons-nous un jour ici-bas ?

18. Comment croire en Dieu dans ce monde absurde quand on n’a pas vu luire la lumière du Parfait ?

18’. Ô miséricorde infinie de la foi aveugle ! Ô sécurité étonnante de l’amour divin !

19. Il n’y a ni compétitions, ni jurys, ni examens, ni prix, ni médailles, ni diplômes qui comptent dans la quête du Très-Haut.

19’. Ce sont les fainéants et les bénis de Dieu qui gagneront le céleste enjeu, et non les travailleurs et les intelligents de ce monde.

20. Seulement un cœur brisé dont le Seigneur sépare doucement la vérité du mensonge, afin de venir l’habiter dans toute sa gloire retrouvée.

20’. Celui qui tient les yeux fixés sur son Seigneur avance d’un pas égal à travers l’or et à travers la boue de la création mélangée.

21. La meilleure voie vers Dieu, c’est la plus grande attention dans le plus grand abandon, après la quête longue et ardue dans les ténèbres de la foi.

21’. Comme il est difficile de retrouver la joie de son Seigneur quand on a sollicité le monde et quand on a reçu en paiement ses fleurs ou ses crachats !

22. Nous nous passerons aisément du monde extérieur le jour où nous ne pourrons plus nous passer du Seigneur intérieur.

22’. Deux choses nous désolent : notre éloignement du Seigneur et notre stupidité devant sa création, mais une troisième nous épouvante : la crasse qui nous masque la lumière du Parfait.

23. Si le monde se révèle à nous comme une planche pourrie, appuyons-nous sur le Seigneur qui ne se dérobe jamais quand un bien-aimé vient reposer sur son sein.

23’. Nous pourrons d’autant plus aimer les hommes que nous ne leur demanderons rien, et nous pourrons d’autant mieux aimer notre Seigneur que nous lui demanderons tout.

24. La meilleure façon de servir Dieu, c’est être pour les autres hommes comme un poteau indicateur qui montre le chemin de l’Unique Splendeur.

24’. Comme la présence du Seigneur est merveilleuse, et comme son absence est terrible ! Compagnon très secret. Compagnie très sainte. Accompagné très aimé.

25. Contempler son Seigneur et organiser le monde, c’est impossible. Il faut choisir au commencement afin de ne pas hésiter à la fin.

25’. Ni les joies ni les douleurs de ce monde ne doivent nous faire oublier le refuge de l’unique candeur.

26. Celui qui aura approché son Seigneur ici-bas dira : « Ma vie a été une fête perpétuelle » et les autres ajouteront : « C’était un saint », après avoir craché sur lui. Quant au sage possesseur de l’unité de l’Unique, bien peu le reconnaîtront sous son enveloppe mortelle.

26’. Les fainéants de Dieu reçoivent tout des mains de leur Seigneur, alors que les travailleurs du monde peinent durement pour manquer de tout ici-bas. « Ces fainéants peuvent travailler comme les travailleurs, mais quel travailleur pourrait fainéanter comme ces fainéants ? »

27. Ayant repoussé leur Seigneur, ils se sont plongés dans l’horreur pour oublier leur chagrin, mais ils n’ont fait que le décupler. Qui leur rendra à présent la paix du Parfait ?

27’. Comment l’amour de Dieu et des saints pourrait-il se détourner d’un être, si défiguré soit-il par la chute ? Satan lui-même n’est-il pas susceptible de rejoindre son Seigneur s’il le désire une fois ?

28. Le Seigneur ne nous a pas donné des recettes pour nous débrouiller dans la boue du monde, mais il nous a fait voir comment nous pouvons en sortir tout entiers.

28’. Celui qui contemple son Seigneur peut rire franchement de soi-même après en avoir longtemps pleuré. Celui-là n’a plus rien à redouter de la misère ni rien à espérer de la richesse du monde.

29. Le saint n’est ni distant, ni important, ni supérieur avec personne, mais il est véridique avec tous, et c’est pour cela qu’il fait enrager les hypocrites et les médiocres.

29’. Quelques-uns ont persévéré dans l’amour de leur Seigneur au milieu des chagrins et des douleurs, mais combien se sont souvenus de lui parmi les joies et les biens de ce monde ?

30. Combien, parmi les meilleurs, ont été éloignés de Dieu par la médiocrité de ceux qui enseignent son salut ! Quelle sera la confusion des égarés qui auront rejeté le Seigneur à cause des mauvais serviteurs ! Mais quel sera le sort des serviteurs médiocres qui auront fait obstacle aux hommes de bonne volonté !

30’. N’importe quel fils de Dieu, s’il en recevait l’ordre, révélerait le secret de l’Unique, et toute la création revivrait dans la splendeur première. L’insuffisance des médiocres et la malice des méchants s’y opposent seules, mais le Seigneur du centre connaît l’heure du jugement.

31. La mort nous fauche inopinément et elle nous ratisse en un clin d’œil, et voilà tous nos petits soucis et toutes nos petites pensées volatilisées dans l’instant. Oh ! qui aura l’intelligence de chercher assidûment son Seigneur ici-bas afin d’obtenir la victoire de la vie ?

31’. Ne nous endormons pas sur le Livre, mettons aussi la main à la résurrection et à la transfiguration du monde enténébré ; ainsi nous aurons la vie immortelle et pure du commencement qui comble les enfants de Dieu.

32. Ô croyants épars sur la terre, vous ressusciterez et vous vous embrasserez un jour au nom de Dieu en pleurant de joie, comme des frères et comme des sœurs qui se retrouvent dans le lieu de leur naissance, et vous habiterez la pureté où il n’y a pas de mort.

32’. Aie de l’intelligence, et la lumière illuminera ta voie. Aie de la pureté, et le Très-Haut ensemencera ton champ. Aie de la patience, et ta terre produira le salut. Aie de la simplicité, et le ciel multipliera ta vertu.

33. Entrons dans le repos et éloignons-nous des affaires du monde, car c’est le seul moyen pour obtenir le loisir et la paix indispensables à la quête de Dieu qui nous fera beaux, riches, glorieux, puissants et immortels, quand nous aurons trouvé l’unique trésor.

33’. Aie du cœur, et tu posséderas le trésor des enfants de Dieu. Aie de la sobriété, et tu nageras dans la richesse qui ne tarit jamais. Aie la foi, et le Seigneur lui-même travaillera pour toi.

34. Ce que nous paraissons aux yeux du monde importe peu, c’est ce que nous sommes devant le Seigneur de vérité qui compte uniquement. « Les insultes et les crachats des méchants n’ajouteront rien au vêtement de boue qui nous couvre, comme ils ne retrancheront rien au noyau de lumière qui nous habite. »

34’. Les intelligents du monde nous railleront et ils nous couvriront d’injures à cause de la parole du Seigneur de vie, mais il suffit pour notre joie qu’un cœur simple et avisé entende et pratique ici-bas la voie de Dieu avant le temps du grand jugement qui consumera toute crasse et qui séparera toute fèce du corps glorieux.

34’’. MARANATHA. Il vient certainement.

35. Pas une pensée, pas un regard, pas un mot, pas un geste pour le mal ; ainsi il ne prendra corps et vie ni en nous ni autour de nous, et s’il paraît par l’effet de la faute antique, nous penserons le bien, nous verrons le bien, nous nommerons le bien et nous accomplirons le bien, afin que la lumière de vie nous envahisse et subsiste seule en nous et autour de nous.

35’. Attachons les bonnes paroles autour de notre cou et vivons avec elles jusqu’à ce qu’elles soient entrées en nous. Comptons premièrement sur la Providence du Seigneur, ensuite, œuvrons saintement afin de donner corps à sa bénédiction transformante. « Qui mangera le verbe issu du ciel et de la terre afin d’avoir la vie qui ne périt pas ? »

36. Les travaux nécessaires à l’entretien de nos vies sont peu de chose pour ceux qui pensent à Dieu plus qu’au travail de leurs mains. « La délivrance de la malédiction de la mort vole vers celui qui prie son Seigneur avec amour et avec dépassement. »

36’. Associons Dieu à nos travaux et à nos peines, mais associons-le également à nos loisirs et à nos plaisirs, afin que le mal ne puisse s’introduire en nous pendant l’absence du Parfait.

37. Que les intelligents et que les savants du monde ne se vexent pas s’ils demeurent à la porte du Livre avec toute leur intelligence et avec tout leur savoir, et qu’ils nous pardonnent ce qui leur paraît obscur, car nous ne désirons ni les convaincre ni les instruire malgré eux.

37’. Nous devons apprendre à nos frères à prier Dieu afin qu’ils obtiennent sa grâce et son secours, plutôt que les porter sur notre dos, ce qui ne saurait leur apprendre à marcher dans la foi, et ce qui ne saurait nous avancer dans le chemin de la liberté des enfants de Dieu.

38. Si nous sommes forts dans notre faiblesse, c’est parce qu’alors la force de Dieu nous habite entièrement et agit à notre place.

38’. La prière et la louange à Dieu font la joie des saints et des sages, mais c’est l’absence et le silence qui font la présence du verbe de Dieu et l’union des parfaits.

39. Ne nous livrons à aucune compétition dans ce monde, car nos performances sont ridicules devant Dieu.

39’. Si nous ne pouvons nous pousser jusqu’à Dieu, tirons-le hardiment jusqu’à nous. Cela ira peut-être mieux ainsi.

40. Celui qui sait que Dieu seul opère tout en tout, n’est pas tenté de se glorifier de ses œuvres ici-bas. Espérons donc en la Providence du Seigneur plus qu’en les œuvres de nos mains. Parole dure pour les intelligents, pour les courageux et pour les raisonnables de ce monde.

40’. Nos travaux sont inutiles sans la bénédiction du Seigneur rayonnant, car ils ne peuvent rien sans elle alors qu’elle peut tout sans eux ; cependant, en les unissant par un moyen naturel, nous obtiendrons le repos et la gloire de Dieu.

41. Celui qui a appris à tomber sait aussi se relever sans dommage, mais celui qui n’a pas appris risque de se briser un membre ou même tout le corps à cause de sa trop grande rigidité.

41’. Nul ne connaît l’épaisseur du manteau de crasse qui nous recouvre, excepté le saint qui le consume, et nul ne connaît le poids de la lumière qui nous habite, sauf le sage qui la mûrit en secret.

42. Ne faisons rien que nous n’osions aussi accomplir en la présence de Dieu.

42’. Celui qui associe Dieu à toutes ses pensées et à tous ses actes, devient un avec le Parfait.

43. Ceux qui auront été nettoyés par le feu de la géhenne, devront être purifiés par l’eau moyenne et réanimés par l’esprit céleste afin d’acquérir l’incorruptibilité du royaume de Dieu.

43’. L’huile s’unit au sel par le moyen de l’eau et l’eau se fixe dans le sel par le moyen de l’huile et tout demeure en Un.

43’’. Ô humbles cendres de la mortification ! Ô vive eau de la bénédiction ! Ô pur sel du baptême ! Ô sainte huile de la résurrection !

44. Qui étudiera le Livre et qui parcourra la voie de l’Unique ? « Dans le doute, remettons-nous-en à Dieu qui nous parle par la voix intérieure et faisons sa volonté, car il connaît parfaitement la droite, la gauche et le milieu de l’homme. »

44’. Dégageons notre reine virginale, et elle nous donnera un fils qui sauvera le genre humain et qui le restituera dans sa splendeur première. I. N. R. I.

45. Manifestons le dedans au-dehors comme a fait notre beau Seigneur descendu du ciel. « Bénédiction et malédiction procèdent de la vision intérieure de l’esprit et de la foi en action par le verbe. »

45’. Le désir donne la substance. L’imagination donne la forme. Le verbe donne le poids. La foi donne la vie, mais c’est la pureté du cœur qui permet seule l’union avec le Dieu créateur et rénovateur de toutes choses.

46. La Providence de Dieu se manifeste de préférence par l’intermédiaire des croyants de bonne volonté ; mais elle peut exceptionnellement agir par le moyen des esprits, ou même directement en combinant les éléments primordiaux.

46’. N’imaginons pas les moyens de réalisation de notre prière, car les voies de la Providence du Seigneur sont imprévisibles, déroutantes et impénétrables à notre petite raison.

47. Dieu forme et dissout des images, mais il en sauve quelques-unes par le Fils, qui est semblable au Père.

47’. Ce qui est nettement établi au-dedans est déjà en voie de réalisation au-dehors dans le monde.

48. Tout est en puissance dans la substance cachée, et ce sont nos pensées qui manifestent le désirable ou l’indésirable.

48’. C’est le monde du dedans qui changera premièrement, ensuite le monde du dehors sera aussi fait clair et beau.

49. C’est notre vision intérieure qu’il faut exercer et animer jusqu’à ce qu’elle paraisse dans le monde vivante et pure.

49’. La foi vivante est folle et absurde, car elle ne tient même pas compte des apparences raisonnables de la mort.

50. N’imaginons pas et ne nommons pas l’indésirable afin de ne pas lui donner corps et vie en nous et autour de nous.

50’. Il est plus assuré d’être avec Dieu que d’être contre quiconque, car de cette façon, nous sommes certains de ne jamais nous tromper et d’aller au plus court.

51. Allons là où la Providence de Dieu nous sourit et quittons les voies où elle nous contrecarre.

51’. Allons là où la vie céleste s’incarne dans la terre pure et sainte.

52. Tout ce qui ressemble à un travail d’homme n’est pas de Dieu et disparaîtra dans le monde nouveau.

52’. Il engendre sa Mère, et sa Mère l’engendre dans le monde pour la sauvegarde des saints et des sages.

53. L’enfer, c’est la mort entretenue en nous perpétuellement ; c’est la vie toujours agonisante et toujours renaissante ; c’est la puanteur et l’horreur de la crasse pourrissante mélangée à la lumière de vie.

53’. Travaillons tous les jours de nos vies à séparer et à rejeter la crasse de la mort qui nous envahit depuis la chute première, car c’est un travail agréable et saint aux yeux du Seigneur, qui nous viendra en aide en nous délivrant complètement de la pourrissante étrangère.

54. Si nous nous sentons abandonnés et tristes, si nous sommes tentés et agités, plongeons-nous dans la lecture et dans la méditation des sages Écritures qui nous nimberont de la joyeuse lumière du Très-Pur.

54’. Que le désir et la volonté de notre créateur et donateur, Père très saint et très sage, s’accomplisse en nous parfaitement, et que la pure unité retrouvée des trois mondes nous introduise dans la présence éternelle du vivant qui EST.

55. Celui qui a trouvé la lumière du Seigneur peut abandonner le Livre ; Dieu l’établira dans la paix par son amour, de la même façon qu’il l’a introduit dans la grâce par sa bénédiction.

55’. La pureté du Seigneur envahira toute la terre et consumera la crasse de la mort, effaçant notre péché par le miracle inouï de la séparation et de l’union sainte.

55’’. Car le comble de la mortification manifeste la vie céleste, qui engendre à son tour l’éternité de la paix de Dieu.

56. L’obstination orgueilleuse de l’homme est telle que la faiblesse de sa chair et la fragilité de sa condition ne parviennent pas à le ramener à l’humilité libératrice et rénovatrice où repose le secret de Dieu.

56’. Celui qui cultive son jardin et qui fouille sa propre terre accomplit un travail agréable à Dieu. Certainement, la neige du Seigneur consumera son péché et il resplendira devant toutes les nations et sa parole aura la densité de l’or fermenté.

57. Certains reçoivent directement et entièrement la parole de résurrection et de vie, mais d’autres ne peuvent l’absorber que peu à peu et avec beaucoup de difficulté. Ceux qui la rejettent sont déjà retranchés sans le savoir.

57’. Ne nous égarons pas dans la dispersion de nos cœurs, ni dans l’agitation de nos esprits, ni dans les travaux de nos mains. Demeurons plutôt dans la persévérance de la quête de l’Unique, qui nous comblera bien au-delà de nos désirs.

58. Aussi s’il nous est permis de pleurer de joie au sujet des premiers, il nous est recommandé de patienter avec les seconds, et surtout de ne pas les rebuter par une intransigeance aveugle et sourde. « Les prêtres ont condamné Jésus au supplice et les soldats l’ont cloué sur la croix. »

58’. Qui rejoindra le Seigneur du centre dès ce monde ? Qui retournera au Père inépuisable et pur avant le jugement universel ? Qui retraversera les ténèbres de l’exil terrestre ? Qui surmontera l’épreuve de la chute mortelle ? Qui suivra le Seigneur de résurrection ici-bas ?

59. Louons le Béni pour tout ce que nous avons et remercions-le pour tout ce qui nous vient. Ainsi nous serons toujours comblés et riches dans le Seigneur.

59’. Une bonne rencontre vaut mieux que mille bonnes idées, et la fréquentation du Seigneur vaut mieux que toutes les richesses de la terre.

60. Quand les ignorants de ce monde nous traiteront d’inutiles, de fainéants et de lâches à cause de notre quête du divin trésor, nous pourrons nous estimer bien heureux parce que assurés d’être dans la voie de l’Unique Splendeur.

60’. Le rebelle et ceux qui le servent se démènent dans la dispersion aveugle et dans le travail forcené. Le Seigneur et les siens se complaisent dans l’unité du cœur et dans le saint repos de l’accomplissement de toutes choses.

61. Les âmes des croyants et le sang des impies ne s’élèveront pas contre nous au jour du règlement des comptes, car le Livre sera notre témoin devant le Très-Haut et tous demeureront cois devant la révélation prodigieuse de l’Unique, mais les uns se réjouiront pendant que les autres pleureront amèrement.

61’. Ô intelligents, où seront vos astuces ? Ô savants, où seront vos lumières ? Ô travailleurs, où seront vos ouvrages ? Ô médiocres, où seront vos jugements ? Ô importants, où seront vos assurances ? Ô hypocrites, où seront vos déguisements ? Ô railleurs, où seront vos bons mots ?

62. Remettons nos causes entre les mains du Seigneur de justice, et notre sommeil sera paisible et aucune tache n’assombrira la lumière de nos cœurs.

62’. Ô Tout-Béni, enlève le sac et la cendre morte qui nous aveuglent afin que nous voyions ta lumière de sagesse et afin que nous louions à jamais ton saint NOM dans ta gloire retrouvée.

63. Soyons exigeants envers nous-mêmes, mais ne violentons rien au-dedans ni au-dehors, demandons plutôt le secours du Tout-Puissant, qui nous tend constamment une main secourable.

63’. Ce que nous avons fait avec nos mains chancelle et s’écroule déjà derrière nous, mais ce que nous avons à faire avec notre cœur peut devenir impérissable comme la pierre céleste. « Les ignorants séparent brutalement ce que le sage dénoue avec patience. »

64. Les ignorants du monde moqueront la science de Dieu ainsi que ceux qui la recherchent et diront : « Si la chose était véritable tout le monde le saurait ». Ainsi ils se retranchent du secret seigneurial pour toujours, et leur lumière demeure enfouie dans les ténèbres de la mort.

64’. Quand tout sera devenu évident et clair, mais là où nulle main ne pourra s’avancer pour saisir la vie resplendissante des enfants de Dieu, qui pleurera et qui se réjouira véritablement ?

65. Si nous ne savons pas prier, disons seulement : « Mon Seigneur et mon Dieu » et le vide ténébreux de nos cœurs se changera en la plénitude de la sainte lumière des élus, et nous entendrons la voix du Très-Secret et nous ferons sa volonté sans discuter vainement.

65’. Le dehors est peu de chose pour celui dont la lumière brille au-dedans, car il voit à travers les écorces et pénètre au-delà de la mort. « Plus nous consumerons nos écorces, plus notre lumière resplendira sous les regards du Très-Haut. Voilà ce que les méchants ne comprendront pas. »

66. Nous nous nommerons incapables, inutiles et stupides quand nous reposerons dans la contemplation de l’Unique ; ou bien nous nous nommerons charlatans, bateleurs et pitres quand nous enseignerons sa sainte loi dans le monde.

66’. Il ne nous appartient pas de nous prendre au sérieux ni d’exiger que les autres nous y prennent. Cela revient à Dieu, qui seul voit clairement le dedans des créatures.

67. Ainsi nul ne pourra nous injurier ni nous salir, et la porte demeurera fermée aux orgueilleux, aux hypocrites et aux médiocres.

67’. Pour nous, il suffit que nos cœurs germent dans les ténèbres du monde, qu’ils fleurissent dans la lumière de l’Unique et qu’ils se fixent dans son soleil glorieux.

68. La multitude des biens engendre la multitude des soucis, et trop de choses dérangent de la quête de l’Unique ; mais la pauvreté n’est possible que là où le ciel et la terre sont généreux et doux.

68’. Liquidons le superflu afin de ne pas être dispersé dans le nombre, et vérifions constamment par l’inspiration de l’Unique la nécessité de notre action et la droiture de notre quête dans le monde.

69. Nous nous croyons intelligents, honorables et importants, et cela nous empêche de vivre agréablement dans la simplicité et dans la joie des enfants de Dieu.

69’. Il vaut mieux passer pour un fou en parlant des choses de Dieu, que passer pour un sage en parlant des choses du monde.

70. Il n’y a pas de réussite dans le monde pour celui qui cherche Dieu, mais seulement des échecs et des coups renouvelés, des ténèbres très opaques et la solitude qui fait pleurer sur soi-même ; mais quelle récompense à la fin quand la lumière de l’Unique illumine la voie des enfants de Dieu.

70’. Il faut être fou de Dieu pour croire au-delà des apparences sinistres qui nous aveuglent, qui nous écrasent et qui nous désespèrent ici-bas. Qu’il nous rende donc fous afin que nous devenions sages et que nous trouvions la lumière de vie qui ne manque jamais à ceux qui l’ont connue une fois !

71. L’état le plus évident de l’Unique Splendeur, c’est la vie libre et pure. Ainsi ne brimons rien ni personne soit en pensée, soit en parole, soit en acte, si nous désirons que le TrèsSubtil établisse sa demeure dans nos cœurs purifiés.

71’. Ô Seigneur compatissant, éloigne de nos os l’affreuse puanteur qui tue ; ôte de nos cœurs la crasse ténébreuse qui nous aveugle et fais briller ta lumière de vie sur tes enfants réconciliés. Ô Rénovateur très sage et très saint ! Ô Sauveteur tout-puissant et caché !

72. La compagne rebelle à la sainte quête de son compagnon serait rejetée à la fin et son remords serait très cruel, car sa chance aurait été la plus grande dans ce monde. « Le sort de chacun repose dans son cœur, et le Seigneur d’équité est seul juge. »

72’. Ô femmes, votre malice dans le monde est grande, mais votre intelligence en Dieu est petite. Retenez donc vos pensées et vos jugements en ce qui concerne votre prochain et ne méprisez pas les chercheurs de Dieu, afin de ne pas brûler un jour dans le feu dévorant des regrets tardifs.

73. Qui se souvient de Dieu aime Dieu. Qui aime Dieu entend Dieu. Qui entend Dieu obéit à Dieu. Qui obéit à Dieu imite Dieu. Qui imite Dieu connaît Dieu. Qui connaît Dieu embrasse Dieu. Qui embrasse Dieu devient un avec Dieu.

73’. Gloire éternelle au Seigneur vivant et splendide qui inspire ses sages et ses saints et qui les sauve de la mort. M. O. I. O. M. « La foi parfaite est simple et absurde ; c’est pourquoi elle est toute-puissante. »

73’’. Il y a une prière importante et urgente que nous devons répéter tous les jours de notre vie exilée : « Délivre-nous, Père tout-puissant, de la crasse immonde qui nous submerge de toutes parts, afin que nous resplendissions à nouveau dans ta pureté, et féconde-nous de ton saint amour afin que nous soyons fixés en toi pour l’éternité. AMEN ».

La pierre cachée dans les ténèbres et l’ombre de la mort.
Job
Il y aura là une voie qu’on appellera la voie sainte. Nul impur n’y passera… Ceux qui la suivront, les simples mêmes, ne s’égareront pas.
Isaïe

LIVRE XXI

Il y en a beaucoup qui seront purifiés, blanchis et éprouvés, et les méchants feront le mal, et aucun méchant ne comprendra, mais les intelligents comprendront.
Daniel
Ils ont péri parce qu’ils n’avaient pas la vraie science. Ils ont péri à cause de leur folie.
Baruch

VUE NITRÉE

LE GIVRE

1. Un seul verset déclenchera des vocations, et un seul mot ramènera des âmes à Dieu. Que ne fera donc pas le Livre tout entier dans l’esprit et dans le cœur des croyants ?

1’. Le plus pauvre est comme le plus riche dans ce monde devant le secret de Dieu. Cependant, le pauvre n’est pas tenté de se disperser dans les complications onéreuses qui égarent le riche chercheur.

2. Dieu nous a engendrés de sa substance et de son essence pures, et nous nous sommes jetés stupidement dans le bourbier de la mort.

2’. Si nous le lui demandons avec ténacité et avec amour, le Seigneur peut nous retirer de la fosse de perdition où nous agonisons ici-bas.

3. Satan a été trompé par l’apparence d’Adam, c’est pourquoi le Seigneur a permis qu’Adam soit trompé par Satan au moyen des apparences du monde et que les fils d’Adam subissent la même épreuve troublante.

3’. Ceux qui sont tombés dans les ténèbres et qui se relèveront dans la lumière, seront établis pour toujours dans la gloire de Dieu.

4. Les incroyants disent : « Ce Livre n’est rien », mais nous disons ceci : « C’est un monument que les croyants du ciel et de la terre visiteront avec vénération, alors que le nom des négateurs aura disparu pour toujours dans la mémoire de Dieu et des hommes ». Ne nous lions pas avec des impies, car ils ne deviendront pas croyants, mais ils nous rendront impies.

4’. Confessons-nous ainsi au TrèsHaut : « Je m’accuse d’être tombé ici-bas par ma faute et de me trouver dans l’état lamentable où tu me vois, mais veuille me délivrer de l’horrible boue du péché de mort et veuille me revêtir de ta sainte lumière de vie, ô Miséricordieux, dont le cœur est une fournaise de pardon et d’amour, toi éternel Amant des âmes aimées ».

5. Un balayeur est plus considéré qu’un prophète dans ce monde aveugle, car il semble moins inutile que celui qui annonce aux hommes la vérité de Dieu. Celui-là est méprisé par les siens et passe pour un fainéant incurable aux yeux de tous.

5’. J’ai douté des soins et de l’aide de mon Seigneur, et lui m’a généreusement exaucé au lieu de me reprendre et de me punir pour ma foi vacillante. Ô comme tu soignes ma faiblesse, ô comme tu patientes avec ma stupidité, ô comme tu illumines mon bourbier, Seigneur attentif et caché !

6. Le Christ veut nous délivrer de la fosse d’immondices où nous sommes tombés, alors que l’antéchrist veut nous y installer pour toujours. Voilà l’action de Dieu et voilà celle de Satan, il y a là une différence fondamentale qui doit départager une fois pour toutes les vrais croyants qui espèrent en l’action de la nature divine, d’avec les impies endurcis qui ne comptent que sur le travail de leurs mains pour se sauver.

6’. Ô Seigneur tout-puissant et miséricordieux, ôte le sac qui nous aveugle et qui nous assourdit, brise la cangue qui enserre nos cous et nos mains, et dénoue les liens qui entravent nos pieds afin que nous marchions dans ta lumière de vie en publiant tes bontés et en élevant nos mains en offrande vers ta très sainte face. Louanges à toi qui nous délivres du dehors par le dedans, ô Vivant, car tu ridiculises toute mort à jamais !

7. Comment le Seigneur nous entretiendra-t-il si nous ne soignons pas les êtres dont nous nous sommes chargés ici-bas ? Comment la main de notre ange nous déchargera-t-elle des fardeaux trop pesants si nous chargeons les autres sans mesure ?

7’. Celui qui maltraite ou qui néglige un enfant, une bête ou une plante, se retranche de la bénédiction de Dieu et tombe au hasard de la pierre et de la fosse. Cependant l’enfant qui nous frappe sera fouetté, la bête qui nous attaque sera abattue, la plante qui nous déchire sera coupée et brûlée.

8. Les machines sont stupides et leur stupidité nous entraînera toujours trop vite et trop loin de la contemplation de l’Unique et de sa quête sainte.

8’. Ne récriminons pas continuellement contre ce qui nous déplaît : abandonnons-le plutôt et contentons-nous du pain de la terre et de l’eau du ciel avec le repos et la joie du Parfait.

9. Tous mes amis se souviennent de moi et me réjouissent par leurs dons et par leurs bonnes pensées sans que je fasse rien pour eux. Ainsi le Seigneur, qui me comble de sa joie et de son amour, me rappelle-t-il aimablement que je suis également indigne de ses grâces et de ses ris.

9’. Longtemps j’ai séché sur le sable mort, mais lorsque la rosée du Seigneur m’a béni, j’ai refleuri dans le secret aérien de la neige et j’ai mûri dans le poids de l’or épuré. « Si l’Esprit de Dieu est avec nous, qui pourra s’opposer à notre prédication dans le monde ? »

10. Gardons-nous bien de nous identifier aux choses défectueuses que nous faisons journellement afin de ne pas être amenés à défendre l’indéfendable ni à justifier l’injustifiable.

10’. Les prophètes du Seigneur ont été honnis par leurs proches et ils ont été persécutés par leur peuple uniquement parce qu’ils n’ont jamais transigé en ce qui concerne la vérité révélée de Dieu.

11. Ne discutons jamais vainement pour avoir raison ; interrogeons plutôt humblement et ensuite éprouvons la vérité de la réponse dans notre esprit et dans notre cœur.

11’. Ô Très-Précieux, donne-nous l’intelligence des sentences mystérieuses énoncées par les sages de ta maison et fais fleurir notre vie cachée.

12. Quand les clercs laissent tomber le flambeau de Dieu, il appartient aux croyants de le ramasser et de le replacer sur l’autel afin qu’il éclaire à nouveau le monde enténébré.

12’. Il est plus intelligent et plus avantageux pour ceux qui sont au pouvoir, d’éprouver et d’adopter ceux qui ont l’inspiration et qui les reprennent, plutôt que d’étouffer leur voix par le silence ou de les faire disparaître par la violence.

13. Et les clercs qui sont demeurés éveillés et fidèles à leur Seigneur, doivent aider ces croyants à restaurer le vrai culte de Dieu qui s’accomplit dans le cœur des hommes, au lieu de faire corps avec la frigidité envahissante des pierres mortes.

13’. Car la vérité de Dieu ressort toujours triomphalement de la prison ténébreuse où les pusillanimes la relèguent, et elle germe toujours irrésistiblement des cendres dont les méchants la recouvrent.

14. Par leur médiocrité satisfaite et par leur hypocrisie repoussante, certains « bien-pensants » dégoûtent même les impies. Comment ne répugneraient-ils pas aussi aux chercheurs de l’Unique ? Et comment pourraient-ils être connus de Dieu ?

14’. Si nous « aimons » véritablement, nul mal ne nous atteindra et la liberté, la joie et la paix de l’Unique habiteront en nous pour toujours. « Les enfants de Dieu fleuriront dans la paix du Seigneur, tandis que les rebelles y dépériront et y sécheront sans retour. » Voilà la marque et voilà le jugement.

15. Quels que soient nos égarements et nos fautes, revenons sans cesse à la quête de l’Unique sans nous décourager et sans douter de la fin.

15’. Ô mon Seigneur, tu parles à mon âme et tout le reste s’efface, car ta plénitude s’établit en moi et envahit le ciel et la terre.

16. Cessons de combattre dans le monde pour entasser des richesses, car l’heure vient, et elle est déjà venue, où nous devrons tout abandonner et où nous n’aurons pour paraître en justice que nos bonnes pensées, nos bonnes actions et notre repos dans l’Unique.

16’. Dans la quête de Dieu, nous ne rencontrerons que des frères qui nous aideront aimablement, tandis que dans la poursuite du monde, nous n’aurons affaire qu’à des concurrents qui nous combattront durement. Remarquons bien ceci et tenons-nous éloignés des polémiques vaines.

17. Examinées du dehors, les rosaces des cathédrales ne laissent voir que leur ossature, mais vues du dedans, leur éclat illumine le croyant. Ainsi la parole de vie entendue du dehors ne laisse apercevoir que l’os de la vérité, tandis que cette même parole perçue du dedans, fait goûter la moelle nourrissante du créateur de toute chose.

17’. Ô importants, ô puissants, ô riches, ô savants, ô intelligents, qu’apportez-vous au Seigneur que vous discutez avec tant de jactance ? Ou bien, qu’offrez-vous à l’humanité dont vous vous recommandez avec tant d’impudence ? Des paroles vaines qui rejoignent le silence de la mort, et des œuvres vides qui pourrissent à la surface de la terre.

18. Le Livre a germé dans un homme réputé par certains comme : inutile, paresseux, révolté, orgueilleux, voire impie, car l’humour du Parfait se plaît à accomplir de grandes choses avec des instruments dérisoires.

18’. Le Livre brillera sur le monde comme un soleil, et quand il sera retourné à l’Unique, sa lumière et sa chaleur seront encore longtemps perceptibles dans le cœur des hommes. « Prions pour que celui qui nous l’a donné repose dans la paix adorable du centre de l’Unique. »

19. Nous cherchons les deux colonnes du Temple et nous les avons sous nos yeux et sous nos mains, mais nos cœurs sont obscurcis par le péché de la chute et la vérité de Dieu s’est retirée dans le puits de l’abîme.

19’. Sépare ce qui est uni, et les ténèbres te feront voir le commencement de l’œuvre. Conjoins ce qui est séparé, et la lumière te mènera à la fin de l’ouvrage divin qui est le soleil glorieux.

20. La reconnaissance envers le créateur est la chose la plus rarement rencontrée dans l’humanité déchue ; les bêtes sont unanimes à saluer son image, mais nous ne rougissons pas de honte d’être les seuls à la mépriser ici-bas.

20’. Si nous n’allons pas audacieusement au Seigneur les yeux fermés, le Seigneur ne viendra pas à nous, et il n’enlèvera pas le bandeau qui nous aveugle et qui protège notre approche de la lumière stupéfiante de l’Unique.

21. Les symboles des mystères de Dieu peuvent être proposés à tous les croyants, mais les mystères de Dieu doivent être réservés uniquement aux hommes saints et sages. Les femmes y sont opposées par nature.

21’. L’inconstance d’Ève a tiré Adam hors de l’Éden. La constance d’Adam ramènera et convertira Ève dans le sein de Dieu.

22. Les incroyants n’entendent pas le Seigneur parce qu’ils ne parlent pas les premiers à Dieu. Comment leur ouvrirons-nous le cœur et la bouche si le Seigneur ne nous aide en personne ? Car l’orgueil est une cuirasse impénétrable sous laquelle la vie agonise, et nul autre que Dieu ne peut la briser du dehors ou la fondre du dedans.

22’. Ô tentation incompréhensible, ô mystère vertigineux, nous nous refusons à juger et nous nous couchons à terre, pleurant nos frères perdus jusqu’à ce que le Seigneur nous retire par la seule puissance de son amour, car nous ne pouvons qu’espérer en gémissant la conversion des égarés et le pardon de Dieu.

23. Prions afin que l’ange de la mort nous trouve louant et bénissant Dieu à l’heure de la séparation et de la réunion.

23’. Louons Dieu et confessons-nous dans nos cœurs devant le Seigneur afin qu’il nous lave de la boue envahissante du péché de mort.

24. Quand nous flotterons sans effort dans la lumière de vie, nous nous réjouirons en Dieu, mais nous pleurerons en nous souvenant de nos compagnons et de nos compagnes incrédules qui croupiront dans l’agonie des bêtes. Seul le sort des hypocrites nous laissera indifférents.

24’. Ô frères aimés qui lisez ceci, convertissez-vous dans vos cœurs pendant que le temps vous est encore mesuré. Cessez de vous agiter dans le vent de la nuit et considérez attentivement la fin de toute chose afin de ne pas vous laisser séduire par les apparences de ce monde.

25. Nos cœurs sont impatients devant la réussite des impies, mais nous avons choisi la récompense de vie du Seigneur et notre espoir ne sera pas trompé. « Les insensés servent le monde qui leur débite la mort, les croyants servent Dieu qui leur prodigue la vie. »

25’. L’ange du Seigneur était en moi et me pressait de toutes parts afin que je proclame la vérité de l’Unique, « car, me disait-il, beaucoup d’oreilles sont à présent attentives dans l’Église et hors de l’Église ».

26. Nous n’avons proposé que la vérité de Dieu, mais les médiocres et les pusillanimes ont pris peur devant la crudité de la chose et ils se sont retranchés derrière leur jugement aveugle.

26’. Il ne nous appartient pas d’habiller la vérité de Dieu pour séduire les incapables. Il nous appartient seulement de la présenter dans sa nudité, afin qu’ils se jugent eux-mêmes en se scandalisant et en la repoussant loin d’eux.

27. Ceux qui sont capables de scruter la vérité de Dieu, fût-ce à travers l’horreur de la mort, méritent seuls de voir briller la lampe du Parfait.

27’. Qui liera l’esprit ? Qui incarnera l’âme ? Qui purifiera le corps ?

27’’. Ô divin soleil de Dieu, tu nous ensemences dans la mort, tu nous fais croître dans la vie, et tu nous établis pour toujours dans ta gloire sans pareille !

28. Ne craignons pas de développer longuement nos racines dans les ténèbres de la foi nourricière, car lorsque nous germerons dans la lumière de Dieu, aucune tempête ne pourra nous abattre et le poids de notre croissance dans le ciel ne pourra pas nous faire basculer dans l’abîme.

28’. Le serviteur fugitif et méprisé qui nourrit mystérieusement le monde, est devenu le maître fidèle et très précieux qui nourrit en secret les élus de Dieu. Qui verra luire le verbe ? Qui palpera la lumière ? Qui goûtera le parfum ? Qui ? Qui ? Ô qui incarnera son Seigneur dans un cœur épuré ?

29. Fuyons les gens pressés et agités, car leur cœur est fermé à la voix du Très-Haut et leur folie est inguérissable.

29’. Si notre vie intérieure ne croît pas dans la mesure où notre vie extérieure décroît, nous n’aurons comme héritage que la crasse de la mort au jour du jugement.

30. Il suffit d’un charbon ardent pour enflammer une montagne de combustible, comme il suffit d’un saint pour faire germer une multitude de croyants et comme il suffit d’un seul fils de Dieu pour rénover et pour sauver la création exilée.

30’. Le petit caillou de Dieu vaut infiniment plus que toutes les montagnes de la terre et que tous les nuages du ciel. Qui le découvrira avant que le voile ne se déchire sur la création cachée ?

31. L’orgueil, c’est être comblé de dons et de richesses et ne pas louer Dieu, ou bien c’est crever de misère et de désespoir et ne rien demander à Dieu. Le premier orgueil peut encore recevoir la leçon du malheur, mais le second ne saurait céder, même devant l’abondance des dons du Seigneur.

31’. Les impies déclarés et les religieux déguisés traitent le Livre de « sottises » et de « blasphèmes », mais que diront-ils quand ils seront irrémédiablement écrasés sous le poids de la pierre manifestée ? Hélas ! la bouillie d’hommes ne parle pas.

32. Tous les prudents éditeurs ont repoussé le Livre, car la parole de Dieu ne paie pas, paraît-il. Hélas ! ils ont raison, car le nombre des amants de Dieu est devenu imperceptible dans le monde. Hélas ! ils ont tort, car la parole du Seigneur paie plus que tout puisqu’elle donne la vie aux intelligents de Dieu.

32’. Nous ressortirons de la terre comme des champignons sous l’ondée céleste et le Seigneur cueillera les uns pour les établir dans son jardin, et il abandonnera les autres à la pourriture de la terre étrangère, comme fait un jardinier judicieux qui sait distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais.

33. Le Seigneur est cruel, car il se joue même de ses saints. Il les plonge dans les ténèbres, il les ridiculise, il les humilie jusqu’à ce qu’ils soient comme des cadavres entre ses mains miraculeuses qui donnent la vie aux morts.

33’. Prenons garde aux méprisés, aux faibles et aux simples, car souvent le Seigneur se meut en eux et il y germe mystérieusement. « Ô sainte humilité, ô sainte boue de l’abîme, ô saint chaos du commencement ! »

34. Quelle malchance pour ceux qui méprisent le Livre et qui jugent sordidement celui qui l’a écrit sous le souffle du Seigneur. Que penser de ceux qui déchirent l’âme et de ceux qui perdent patience et qui frappent ?

34’. Les croyants libres sauveront l’Église de Dieu que les religieux laissent sombrer misérablement dans les affaires et dans les passions du monde. Ils la rétabliront dans sa pureté fraternelle avant le jugement de Dieu.

35. Le Seigneur réglera leur différend, et son jugement sera un exemple pour ceux qui croient.

35’. Si la richesse du Seigneur nous habite, notre pauvreté dans le monde nous sera légère et salutaire.

36. Satan ne pardonne pas et il ne nous lâche pas d’une semelle, et la femme rebelle demeure le principal instrument dont il se sert pour nous désespérer et pour nous damner ici-bas. Malheureux bourreau, malheureux supplicié, malheureux instrument de supplice ! Ô Seigneur, aie pitié de nous et délivre-nous de la malice et des coups du démon irréductible. Sauve-nous par la grâce de la Mère céleste soumise à ton amour fécondant.

36’. Satan nous ramène vers Dieu sans le savoir à coups de pied dans le derrière, et c’est pour cela que, même déchirés et culbutés dans la boue, nous devons nous tourner avec confiance vers le Seigneur de pardon, qui nous sauvera et qui nous rétablira dans son royaume de paix par la grâce de son amour, qui est incommensurable et fou.

37. Ne nous associons jamais avec des créatures sans générosité et sans grandeur d’âme, car à la fin nous serons méprisés et opprimés à mort sans profit pour personne, et forcés de fuir leur méchanceté aveugle et sourde sous peine de tomber dans l’esclavage de la Bête.

37’. Ô Seigneur tout-puissant, éloigne de nous les cœurs misérables qui sécrètent la haine et qui suintent la bassesse de l’enfer. Délivre-nous de l’infâme petitesse des médiocres et de l’envie corrosive des méchants.

38. Pas de gros lot de la fortune ici-bas pour les rescapés du Seigneur, mais seulement le mépris, les injures, les coups et la pauvreté dans l’exil.

38’. Ce qui est assuré, c’est peu de désirs, peu de soucis et peu de soins dans le monde, avec en soi la présence consolante du Seigneur de vérité et de vie.

39. La souffrance est un aiguillon qui actionne les intelligents de Dieu vers la paisible demeure de l’Unique, mais où souffler sur cette route escarpée ?

39’. Ô mon Seigneur, nos défaites sont trop persistantes ici-bas et si tu ne viens à notre secours, nous nous coucherons dans la poussière et nous mourrons devant ta face.

39’’. Veux-tu voir les méchants jubiler en brisant nos os ? Veux-tu les voir triompher en insultant ton saint Nom ?

40. Les saints du Seigneur sont seuls à voir luire sa justice dans le ciel ; pour nous, il nous faut marcher selon la boussole de la foi dans les ténèbres du monde et nous sommes souvent tentés de nous demander si les impies qui nous moquent et qui vivent la vie présente, ne sont pas plus avisés que nous qui espérons l’impossible et qui croyons l’incroyable.

40’. Satan nous aveugle par toutes sortes de ruses et de mirages et il nous décourage par toutes sortes de coups et de chutes. Demeurons donc dans la sainte communauté des enfants de Dieu et tenons-nous à la chaîne de l’amour afin que le tueur d’âmes ne nous trouve pas isolés et exposés comme des brebis errantes.

41. Nous accepterons tout ce qui s’offre et qui se donne, et nous laisserons tout ce qui se refuse et qui résiste. Ainsi nous accomplirons la volonté de Dieu qui ne violente jamais rien ni personne. « Celui qui s’empare est un criminel, celui qui ramasse n’est qu’un parasite de Dieu. »

41’. Brisé de coups, fou de douleur, enivré de désespoir, me voici comme un homme stupide qui adore son Seigneur en pleurant dans la poussière. Scandaleuse stupidité, désarmante stupidité, troublante stupidité, bienheureuse stupidité, triomphante stupidité qui fait jaillir la lumière des ténèbres.

42. Nous vous disons clairement ceci : vous êtes tombés dans la fange et vous avez été revêtus d’une peau de bête. Si vous agissez comme les anges qui sont demeurés dans la patrie céleste, Dieu vous ramènera à lui et vous jouirez de son saint repos dans sa lumière de vie ; mais si vous vous conduisez comme des rebelles, Satan vous enfoncera pour toujours dans la bestialité aveugle et sourde, et vos hurlements de damnés ne traverseront pas la couche de mort qui vous entourera de toutes parts.

42’. L’Unique se divise et l’Unique se rassemble, et chacun émet son petit jugement sur le pourquoi et sur le comment qu’il ne connaît pas, au lieu de rejoindre l’unité de l’Un et de demeurer en elle jusqu’au jour du choix de l’Unique.

42’. Quelle joie d’avoir écrit le Livre et quelle assurance d’entendre la voix du Seigneur qui nous approuve ! Oh ! quelle récompense débordante sera nôtre quand la multitude des âmes bénies viendra vers nous afin que nous les remettions en hommage dans les mains du Parfait. Lui choisira et mangera celles qui l’auront mangé afin que l’unité du cœur unique s’accomplisse en Un. Quant aux autres, il les établira dans son jardin de délices comme des étoiles dans le ciel.

43. Quand les impies et les méchants du monde nous découragent, relisons le Livre de l’Unique, et la voie triomphale brillera dans nos cœurs. Alors le rire de notre joie étonnera et scandalisera les aveugles remplis de l’assurance de leurs ténèbres, et les prestiges de la mort même nous sembleront vains.

43’. Quand nous aurons placé un saint livre chez un cœur généreux, nous aurons semé le grain d’or qui germera et qui embrasera le ciel et la terre, mais si le cœur est sec, nous ne devons pas nous décourager, car dans ceux qui l’avoisinent la lumière du Seigneur repose peut-être, attendant la libre rosée de l’Unique pour fleurir et pour paraître au monde de l’amour.

44. Le cœur stérile est jaloux de toute amitié, même de l’amour de Dieu, car il embrasse comme la pieuvre qui suce la vie jusqu’à la dernière goutte et qui rejette la dépouille vidée. Fuyons donc les méchants qui aiment pour eux seuls et jamais pour Dieu, car ceux-là prennent tout et ils ne donnent rien.

44’. Ton père, ta mère, tes frères, tes sœurs, ta compagne, tes enfants, tes amis peuvent se tourner contre Dieu et t’accabler de leurs mauvaises pensées et de leurs sarcasmes. Il ne t’appartient pas de les juger, mais tu peux les fuir aussi vite et aussi loin que te porteront tes deux jambes, car le Seigneur t’accompagnera et il remplacera avantageusement ta famille de vanité.

44’. Après les larmes corrosives de l’amertume, voici les douces larmes de la joie débordante, car l’abondance du don de notre Seigneur fait couler l’eau prisonnière de nos cœurs, et son amour la condense en une pierre sainte et précieuse.

45. Quand j’eus frappé la compagne rebelle à la voie du Très-Haut, je pensais être privé de mon Seigneur pour longtemps, mais lui déborda aussitôt dans mon cœur en révélations magnifiques et en amoureuses consolations ; et mon étonnement fut grand qu’ayant ainsi frappé, mon cœur fut encore plus ouvert au-dedans. « Le Seigneur peut même convertir les pierres si cela lui plaît. »

45’. J’entends la voix de mon Seigneur et je transcris la parole de mon Seigneur. Quelle plus merveilleuse récompense ? — Je vois la lumière de mon Seigneur et je mange la vie de mon Seigneur. Quel plus adorable don ? — Je nage dans l’amour de mon Seigneur et je repose sur le cœur de mon Seigneur. Quel plus divin état ?

46. Quand j’eus renoncé à mes petits biens dans le monde, mon Seigneur m’inonda de richesses dans mon cœur, et je connus qu’ayant tout perdu sur la terre, j’avais tout gagné dans le ciel. « Faut-il pas jeter le lest mort pour que le ballon s’envole dans la liberté des cieux et rejoigne l’île du bonheur ? »

46’. Les noms des héros du monde et les noms des croyants s’effaceront des pierres, des monuments et de la mémoire des hommes, mais les noms des saints prophètes et des sages amis de Dieu demeureront gravés à jamais dans la pierre céleste et vivront l’éternité dans le cœur de l’Unique.

47. Prions pour que les méchants qui nous entourent se convertissent dans leur cœur et s’ils persistent dans leurs jugements misérables, fuyons-les et prions pour ceux qui cherchent à tâtons le Seigneur dans leurs cœurs douloureux et inquiets, afin que la lumière du Très-Saint germe en eux et pour qu’elle illumine leur route jusqu’au bout de leur quête.

47’. S’il nous arrive de suspendre notre travail dans le monde pour prier et pour louer notre Seigneur magnifique, aucun mal n’en résultera pour nous malgré les menaces des impies et malgré les coups des méchants, car la plus petite louange au Très-Haut vaut plus que tous les travaux des hommes réunis ici-bas. « Le Livre a bien été jugé comme une fainéantise par les aveugles et par les sourds de ce monde ! »

48. Qui a trouvé le saint calice ? Qui a ouvert le vase scellé ? Qui a regardé dans le secret ? Qui a bu à la source ? Qui est tombé dans le ciel ? Qui est mort dans la vie ? Qui est ressuscité dans l’amour ? Qui est établi dans la connaissance ? Qui repose dans la paix du Parfait ? Qui est devenu UN avec celui qui EST ?

48’. Montre-nous celui-là, Seigneur miséricordieux, afin que nous baisions ses pieds et ses mains et que nous le suivions aveuglément jusqu’à ton jardin secret, jusqu’à ta maison cachée et jusqu’à ton cœur virginal et très saint, où la joie de vie danse éternellement autour de ton amour immuable.

49. Ô mon Seigneur, tu es mon père et ma mère, tu es mes frères et mes sœurs, tu es ma compagne et mes enfants, tu es le bien et l’ami indéfectible qui se souvient de ses bien-aimés dans ce monde.

49’. Nous voilà aux yeux du Seigneur comme une cendre qu’il ne dédaigne pas de féconder et d’amener à l’éternité de sa paix. « Qui comprendra l’amour du Tout-Puissant pour sa créature naissante ? »

50. Combien de femmes auraient pleuré de joie en découvrant un compagnon qui cherchait assidûment son Seigneur, et l’auraient aidé et servi avec amour et reconnaissance ?

50’. Ce que nous aurons nié et combattu ne pourra jamais nous appartenir. Prenons bien garde à ce que nous penserons et à ce que nous dirons de la résurrection et du jugement annoncés par les prophètes.

51. Celle que Dieu nous a donnée a douté de notre quête et elle s’est révoltée dans son cœur. « Le Seigneur est jaloux de ses bien-aimés et il ne permet pas que leur amour s’égare dans le monde, mais quiconque peut se convertir à lui s’il le désire dans son cœur. »

51’. Car l’accomplissement de la chose fermera irrémédiablement les portes de la sortie et celles de l’entrée. Pensons-y bien avant le fracas des verrous et des barres qui marquera le temps du choix irrévocable !

52. Nous reconnaîtrons les impies endurcis à ce qu’ils sont durs avec eux-mêmes et avec les autres, à ce qu’ils sont remplis de courage pour les choses du monde et à ce qu’ils ne comptent que sur eux et sur le travail de leurs mains pour s’installer et pour s’organiser ici-bas.

52’. Ô puissent-ils un jour tendre la main humblement et méditer leur faiblesse ainsi que la puissance de la Providence de Dieu, qui fait tout croître et mûrir sans le travail des hommes ! Mais comprendraient-ils ?

53. Méfions-nous des impies qui, ayant nié Dieu toute leur vie, méprisé ses enseignements et craché sur les siens, prennent peur dans leur vieillesse et tentent de souscrire une assurance en dotant des œuvres religieuses ou en construisant et décorant des chapelles, car c’est encore leurs noms qu’ils tentent d’imposer orgueilleusement à Dieu et aux hommes, et non pas leurs cœurs qu’ils offrent avec repentance au Seigneur clairvoyant.

53’. Si nous n’avons pas l’intelligence de faire autrement, accomplissons nos sottises dans le monde, mais au moins remercions quelquefois Dieu dans nos cœurs pour la vie qu’il nous consent ici-bas dans sa patience et dans sa générosité, et quand nous voyons quelque chose de beau, de grand et de noble dans le monde, abandonnons nos chétives pensées et louons le Seigneur pour ce petit reflet de l’œuvre admirable et secrète qui s’accomplit devant nos yeux d’aveugles.

54. Leur ruse et leur hypocrisie ne les sauveront pas s’ils n’entrent humblement et sincèrement dans le chemin de la pénitence qui leur est offert par le Miséricordieux.

54’. Qu’importe que nos mains soient vides des œuvres du monde, pourvu que nos cœurs soient remplis de l’amour de Dieu !

55. Certains poursuivent en secret la quête de Dieu au-delà des symboles et des figures, car ils ont soif de la réalité qui se voit, qui se touche et qui se mange. Qui pourrait les reprendre et qui oserait les exclure de l’Église universelle du Seigneur très savant ?

55’. Si nous n’incarnons pas le Très-Haut dans la pureté de nos cœurs, nous ne palperons pas le corps du Seigneur ici-bas et nous n’entrerons pas vivants dans son éternité et dans sa paix magnifiques.

56. « Ils sont disciples de Jésus, mais en secret, par crainte des prêtres », dit Emmanuel. Mais cela n’existait-il pas déjà du temps de Jésus ? Et ces disciples-là n’étaient-ils pas en Dieu avant d’être dans l’histoire ?

56’. Peut-être n’ont-ils rien dit parce qu’ils savaient trop de choses sur Dieu et pas assez sur le monde ? Ou bien leur Seigneur ne leur a pas commandé de parler et de se faire connaître ? Mais certainement ils n’ont jamais disparu tout à fait.

57. Tout s’écroulait en moi et autour de moi, mais dans mon cœur le Seigneur me faisait signe de rire avec lui et de ne pas croire au malheur, et mon étonnement et ma joie étaient sans limite comme le désespoir envolé.

57’. Les intelligents et les savants du monde ne voudront-ils pas aussi nous expliquer le Livre que nous avons écrit sous l’inspiration du Seigneur de haute science et de grand amour ? Histoire de faire rire les anges et les saints dans le ciel.

58. Les travailleurs et les débrouillards réussissent quelquefois dans le monde, mais peu de personnes semblent remarquer que c’est pour aboutir au même point d’ignorance et de pauvreté que les fainéants et que les incapables devant la mort et la vie future, car l’impiété les aveugle tous également et elle les cloue à l’écorce des choses.

58’. Même brisés et désespérés, où irons-nous si ce n’est à notre Seigneur de compassion ? Car quel est celui qui nous acceptera dans cet état lamentable, si ce n’est le Généreux et le Miséricordieux qui console, qui comble et qui guérit de la mort ? « Si nous nous effaçons sincèrement, Dieu nous mettra en lumière, mais si nous prétendons briller, il nous plongera dans les ténèbres de l’oubli. »

59. Au jour de la révélation du jugement, nous verrons avec étonnement que toutes les Écritures saintes différaient par les mots, mais qu’elles enseignaient le même mystère de résurrection et de vie éternelle en Dieu.

59’. Seigneur, nous pleurons de joie en écoutant ta musique qui parle à nos âmes et qui les console de l’exil de la mort, mais c’est ta sainte rosée qui nous délivre de l’abîme de perdition et qui nous fait refleurir dans ta lumière merveilleuse où la joie céleste habite pour l’éternité.

60. Il a fallu des siècles et des légions de chercheurs pour faire paraître la science des hommes dans le monde, mais il ne faut qu’un moment et qu’un seul inspiré pour rappeler la science et l’amour de Dieu dans le cœur des croyants. Ne remarquerons-nous pas la chose et ne serons-nous pas étonnés et touchés par le rappel du Seigneur ?

60’. Celui qui plonge dans la sainte lumière du Seigneur de vie, oublie sa raison et son jugement dans ce monde, tout comme celui qui tombe dans les ténèbres de la folie. Mais le premier avance avec assurance vers l’unité de l’Unique, alors que le second se disperse dans la mort très opaque de l’écorce.

61. Nous ne sommes pas « amusant », disent les impies du monde. Mais comment pourrions-nous l’être quand nous voyons l’enfer béant ouvert sous leurs pas d’aveugles rassurés ?

61’. Nous ne sommes pas « facile », disent les croyants de ce monde. Mais comment pourrions-nous l’être quand nous annonçons les mystères de la triple résurrection et ceux du jugement équitable ?

62. Le temps approche et il est déjà là, où les croyants s’occuperont à nouveau des choses de Dieu et où ils laisseront les choses du monde aux impies.

62’. L’action de Satan ne se borne pas à éloigner les croyants de la foi et de l’amour de Dieu, elle consiste aussi à les éloigner de la recherche des mystères et de la science de Dieu.

63. Nous rechercherons les hommes les plus doués et les plus capables selon leurs œuvres et selon leurs réussites dans le monde pour gouverner et pour organiser le peuple et la nation ; et nous éliminerons impitoyablement les incapables et les médiocres qui prétendent accomplir pour tous ce qu’ils n’ont pu réussir pour eux-mêmes.

63’. Nous rechercherons les hommes les plus sages et les plus saints selon leurs prédictions et selon leurs vies dans le monde pour diriger et pour maintenir le peuple et la nation ; et nous éliminerons impitoyablement les aveugles et les sourds qui prétendent imposer à tous ce qu’ils n’ont ni vu ni entendu pour eux-mêmes.

64. Nous n’avons pas choisi d’écrire le Livre ni de prêcher la vérité de Dieu ; c’est le Seigneur qui nous a choisi et qui a fondu sur nous sans prévenir comme l’aigle qui enlève sa proie et qui l’élève dans le ciel. Si le Seigneur lâchait prise à présent, nous retomberions lourdement à terre et il n’y aurait plus qu’un sac d’os entremêlés, muets et stupides. Réellement, nous sommes tous dans la main de Dieu ; quelques-uns le croient, mais bien peu l’expérimentent ici-bas.

64’. Aujourd’hui même s’il le veut, Dieu peut nous déjuger et nous humilier jusqu’à la poussière en nous ridiculisant devant tous, croyants et impies, savants et ignorants, intelligents et brutes ; mais nous demeurerions tourné vers sa sainte face, et même recouvert de boue, nous louerions son saint NOM sans douter de sa sagesse et de sa miséricorde, car l’amour qu’il a implanté en nous n’est pas de ceux dont on se défait aisément.

65. Comment aurions-nous songé de nous-même à écrire un Livre qui nous a pris les douze meilleures années de notre jeunesse selon le monde, qui a exigé mille soins et le retrait de la vie ambiante, qui a provoqué le jugement et la rébellion des nôtres, qui nous a coûté la pauvreté, que nul ne veut accepter, qui indiffère le monde, qui ennuie nos proches, qui froisse les religieux, qui nous fait passer pour déséquilibré, et qui n’engendre jusqu’à présent que le silence et l’abandon ? Comment aurions-nous songé de nous-même à perdre notre vie dans ce monde afin de la gagner en Dieu ?

65’. Ô Seigneur de miséricorde et de paix, permets qu’à présent nous nous cachions et que nous disparaissions derrière toi ; permets que nous achevions ton œuvre dans le secret et dans le repos avant que les imbéciles qui laissent mourir de misère tes enfants inspirés, ne viennent nous féliciter et nous serrer la main ; avant qu’ils ne se ruent avaricieusement sur ce qu’ils ont toujours refusé d’acheter pour un morceau de pain ; avant qu’ils se saisissent de notre ombre et qu’ils l’affichent dans leurs spectacles de cirque ; avant qu’ils dépècent notre vie stupidement et férocement comme ils font des bêtes pour y surprendre l’âme.

66. Comment pourrions-nous encore maintenant persévérer de nous-même dans l’achèvement d’un tel ouvrage au milieu du désert de ce temps d’impiété et de mort ? Cela ne fera-t-il pas réfléchir les croyants ? Cela ne les amènera-t-il pas à examiner avec les yeux du cœur les paroles inscrites dans le Livre ? Cela ne les incitera-t-il pas à augmenter la part de leur Seigneur généreux et compatissant ?

66’. Avant qu’ils nous pourchassent pour obtenir ce qu’ils n’ont jamais voulu donner eux-mêmes à quiconque ; avant qu’ils nous couvrent d’ordures pour rassurer leur bassesse et leur lâcheté. Enfonce-les dans leur méchanceté et dans leur stupidité, Seigneur, et souviens-toi de ceux qui nous ont aidé et qui ont cru en ta parole sainte afin qu’ils reçoivent ta vie magnifique et sans mélange promise aux cœurs fidèles et généreux.

67. Les juifs croyants sont les plus soumis à Dieu et ils seront rétablis les premiers avec consolation et avec honneur par le Seigneur.

67’. Le comble de l’intelligence, c’est être idiot devant Dieu, comme le comble de l’idiotie, c’est se croire intelligent devant lui.

68. Les juifs incroyants sont les plus révoltés contre Dieu et ils seront chassés et exterminés les premiers de dessus la terre des vivants. Il y a là une distinction que doivent bien noter les croyants afin de ne pas repousser ni brimer leurs frères dans la foi en Dieu.

68’. Remarquons combien la vie des impies est agitée, inquiète et malheureuse, et comment leur rébellion les précipite dans la dispersion aveugle et dans la folie destructrice.

69. Qui peut ne pas se sentir apaisé et consolé après avoir lu le Livre ? Et qui peut ne pas se sentir illuminé et conduit après l’avoir médité tant soit peu ?

69’. Vite, vite, encore un peu de temps pour le lire. Encore un peu de temps pour le comprendre. Encore un peu de temps pour l’entreprendre. Encore un peu de temps pour l’achever. Mais alors, toute l’éternité pour en jouir.

70. Nous ne sommes ni légiste ni juge pour vous mâcher des lois et pour vous les faire respecter, et nous ne sommes ni politique ni technicien pour vous gouverner et pour vous organiser dans ce monde.

70’. Remarquez que nous ne récoltons que des ennuis pour ce Livre et que notre volonté n’y est pour rien. Il nous serait sans doute plus agréable de pouvoir souffler un peu et de nous reposer dans le monde.

71. Nous sommes seulement chargé de vous rappeler la résurrection annoncée par les prophètes ainsi que le jugement de Dieu où vous serez triés, soit pour la joie, soit pour la douleur.

71’. Mais le jugement de Dieu presse à présent et sa proclamation n’attend pas, car le tribunal du juste s’impatiente. Ne le comprenons-nous pas aux signes de la décomposition générale des nations ?

72. Qu’ont-ils gagné les médiocres qui ont condamné l’œuvre qu’ils ne comprenaient pas ? Une platitude encore plus irrémédiable et leur propre condamnation par celui qui a inspiré cette œuvre.

72’. Comme la rosée change la terre morte en prairies pleines de fleurs odorantes, ainsi la grâce céleste fait refleurir nos cœurs desséchés et brûlés.

73. Imbéciles et rebelles, allez à la poussière, au malheur et à la solitude de la mort réservés aux stupides adorateurs du monde enténébré, ou bien soumettez-vous au Seigneur alors qu’il en est encore temps et ne jugez pas ce qui vous dépasse et ne vous opposez pas au souffle de l’Esprit que vous ne connaissez pas.

73’. Dieu peut transformer les pierres mortes en moisson de vie, mais il les choisit selon un jugement secret qui nous demeure incompréhensible. Peut-être comprendrons-nous quand le voile sera ôté. Hélas ! il sera trop tard pour se convertir. Il vaut mieux interroger le Seigneur et puis écouter sa réponse dans nos cœurs et nous plier à sa loi sans juger.

74. Peut-être est-il vrai que le Livre soit inutile pour ce peuple dégénéré de la voie de Dieu : ses intelligents et ses bien-pensants le repoussent, car leur abrutissement dans le monde ressemble à la mort. Nous le remettrons donc dans les mains de Dieu d’où il est venu afin que les anges s’en réjouissent premièrement.

74’. Aie pitié des rescapés de ton peuple et groupe-les dans ta sainte lumière de vie afin qu’ils embrasent la montagne des morts qui les entourent et qui les oppriment misérablement. Permets que tes saints attirent ta bénédiction sur ces ossements inertes afin qu’ils vivent à nouveau devant toi dans la repentance, dans l’obéissance et dans la joie de l’amour retrouvé.

75. Ô Seigneur de prévoyance, nous aurais-tu donné la semence trop tard, alors que le cœur de ces hommes était déjà endurci comme la pierre morte ? Il suffit cependant de ta bénédiction pour que la mort même refleurisse magnifiquement.

75’. Ô Seigneur, si tu le veux, ton talent sera enterré ou bien il illuminera le monde à nouveau, et nos chants de reconnaissance renverront ton NOM jusqu’aux étoiles.

75’’. Sinon la dispersion, le malheur et la mort vont s’abattre sur ce peuple impie et tiède. Et un petit reste sera sauvé et germera à nouveau dans la simplicité et dans l’amour de l’Unique.

En vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Jésus
Malheur à vous, docteurs de la loi, parce qu’ayant pris la clef de la Science, vous n’êtes point entrés vous-mêmes et ceux qui voulaient entrer vous les en avez empêchés.
Jésus

LIVRE XXII

Dieu vous a tirés de la terre. Il vous y fera rentrer et sortir de nouveau… Le jour où les tombes s’ouvriront et où les secrets des cœurs seront divulgués.
Coran
Garde ton cœur avant toute chose, car de lui jaillissent les sources de la vie.
Proverbes

ÉVITE EN UR

LE SAGE

1. Nous étouffons sous les vaines explications des intelligents du monde, et leurs ouvrages augmentent la confusion des esprits et l’impiété des cœurs.

1’. Les déjections des mouches innombrables ne sauraient ni entamer ni recouvrir la grande pyramide de Dieu.

2. Leurs livres et leurs noms retourneront à la poussière, mais l’œuvre du Seigneur demeurera à jamais, et sa parole traversera les siècles et affrontera victorieusement les assauts des cuistres diplômés de toutes les nations.

2’. « Perdons » notre temps à chercher Dieu et n’écoutons pas ce qu’en diront les impies, car leurs cœurs sont obscurcis, leurs yeux sont aveugles et leurs mains sont impuissantes à violenter la sainte lumière du Seigneur de vie.

3. L’artiste nous fait passer un moment, et l’artisan nous fait durer un temps, mais qui nous délivrera de la mort ? Et qui nous donnera l’éternité de la vie si ce n’est la science de l’Unique ?

3’. Celui qui loue le Seigneur dans son cœur, fût-ce pour une petite fleur, n’est ni médiocre ni impie. Et celui qui le cherche, fût-ce à travers une pierre morte, n’est ni fainéant ni incapable.

4. Affichons la loi du Seigneur dans nos maisons afin qu’elle pénètre dans nos têtes et afin qu’elle germe dans nos cœurs. Ainsi sa voie nous apparaîtra lumineuse et facile, ô combien !

4’. Étudie le Livre et mendie ton pain si c’est le plus court pour toi, car seule la précieuse trouvaille du Seigneur compte, et seule la science de l’Unique donne le poids de la vie qui ne périt pas.

5. Vous jugez avec votre malice croyant surprendre la vigilance du Seigneur, mais votre malice vous aveugle et elle vous mène à la fosse de perdition, et vous ricanez stupidement quand on vous parle de la simplicité toute droite qui engendre la lumière de vie. Votre raison est devenue comme un poison mortel, et votre intelligence est comme un scorpion qui s’inocule son propre venin.

5’. À présent, nous parlons clairement et nul n’écoute, mais quand tous interrogeront, nous demeurerons muet comme une souche, et ceux qui dédaignent maintenant seront furieux de ne pas obtenir de réponse, car le danger sera là qui les pressera de toutes parts, et l’angoisse de la peur les portera à s’intéresser aux choses qu’ils méprisaient dans le temps de leur assurance impie.

6. Saints et sages prophètes de Dieu, venez à notre aide, entourez-nous de votre cohorte étincelante et soutenez-nous afin que nous ne faiblissions pas dans la voie du Seigneur. Priez le Très-Saint pour qu’il nous console dans son cœur à la fin de notre peine. Suppliez le Seigneur qu’il retienne son bras armé du glaive de la séparation ; le temps que les ignorants puissent lire et entendre la parole inspirée ; le temps que les hésitants puissent choisir dans leurs cœurs et se repentir devant Dieu ; le temps que les rebelles puissent se livrer encore plus à la folie du monde.

6’. Le temps que les impies puissent s’organiser orgueilleusement dans la boue du mélange ; le temps que les savants et que les travailleurs puissent triompher dans leurs œuvres vaines ; le temps que les croyants puissent revenir à la simplicité de la foi et de l’amour de Dieu. Alors, que son bras tombe et que son glaive sépare sans pitié et sans pardon les brebis des boucs ! Que ses enfants voient briller sa lumière et qu’ils habitent dans son soleil ! Que ses ennemis soient frappés dans la confusion des ténèbres et qu’ils se déchirent comme des bêtes au milieu des ruines fumantes de leur science fausse !

7. Nous ne sommes pas venu pour détourner quiconque de sa foi, de son culte ou de sa secte. Nous sommes venu pour rassembler les croyants qui cherchent le Seigneur vivant, dans la grâce, dans l’amour et dans la connaissance de l’Unique Splendeur.

7’. Nous ne sommes pas venu pour abattre ce qui chancelle, ni pour tuer ce qui se meurt, ni pour dissoudre ce qui se défait seul. Nous sommes venu pour donner forme à ce qui se cherche, pour donner corps à ce qui s’incarne, pour accoucher ce qui naît.

8. Nous sommes venu pour refaire l’Église sans monuments, sans barrières, sans grades, sans vanités et sans finances. Pour refaire l’Église fondée sur la pierre sainte du commencement et de la fin. Pour refaire l’Église des saints qui parlent à Dieu dans leurs cœurs.

8’. Nous sommes venu pour refaire l’Église des sages qui font briller Dieu dans leurs cœurs. Le Seigneur connaît les siens et il soutient ceux qui observent sa loi, ceux qui aiment sa foi, ceux qui suivent sa voie et ceux qui accomplissent son œuvre.

9. Cinq minutes avec des hypocrites et nous voilà tristes, découragés, inutiles, jugés, condamnés et chassés, à moins que la colère de Dieu ne s’empare de nous et ne maudisse les méchants après avoir dénoncé leurs turpitudes.

9’. Sans la grâce et sans l’amour de Dieu, nous serions aussi stupides que les impies. Ainsi nous devons être reconnaissants au Seigneur qui nous a faits croyants, mais nous ne pouvons certainement pas en être fiers !

10. Les hypocrites se maudissent eux-mêmes, ce qui est le comble de la punition pour leur hypocrisie. Pas de pardon pour ceux-là qui pensent se jouer de Dieu et qui trompent les hommes sciemment. « Toutes leurs ruses s’en iront en fumée quand la nuée incandescente les approchera. »

10’. Ô Seigneur, qui vois dans les cœurs, délivre-nous des rebelles et de leur malignité qui tue la grâce, la foi et l’amour qui nous font vivre en toi ; et fais-nous connaître les croyants qui t’aiment et qui te louent dans leurs cœurs, mais par-dessus tout, fais-nous rencontrer ceux à qui tu parles en secret.

11. Ô Seigneur très bon et très sage, délivre-nous des brutes, des criminels, des fous et des rusés, et fouette les médiocres satisfaits d’eux-mêmes ; culbute dans la poussière l’ignorante vanité des raisonnables du monde ; frappe sur la bouche les imbéciles triomphants qui nous expliquent tout ce qu’ils n’entendent pas.

11’. Quand le Seigneur souffle dans l’homme et quand il empoigne l’instrument de sa colère, plus de sérénité et plus de sentences, car tout vole en éclats dans le ciel et tout tombe en poussière sur la terre, et voilà le serviteur brisé par l’action terrible, plongé dans les ténèbres de la solitude et repoussé de tous.

12. Ô ingratitude mortelle, nous lisons les livres saints et sages et nous ne louons pas dans nos cœurs le Seigneur de grâce et d’amour qui nous offre la vie sans mélange.

12’. Ô voile épais qui nous enlace, nous voilà comme des momies qui ne peuvent atteindre l’eau de la résurrection, qui ne savent pas tendre la main vers celui qui l’offre gratuitement et qui ne voient même pas sa lumière sainte !

13. Si quelqu’un ne vous dit pas qu’une œuvre est belle, et si plusieurs ne vous affirment pas qu’elle a de la valeur, vous demeurez stupides et aveugles devant elle, et vous vous détournez du joyau et vous vilipendez l’artiste, comme ces porcs qui foulent aux pieds les perles et qui déchirent les imprudents qui les leur offrent.

13’. Vous êtes doublement maudits quand vous payez très cher au temps du succès, ce que vous avez repoussé et méprisé au temps de l’abandon, car vous n’agissez que mus par la plus stupide et par la plus avaricieuse spéculation qui vous laissera le cœur et les mains vides au jour du jugement.

14. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les vrais réalistes sont les croyants qui recherchent la vie substantielle et essentielle qui ne périt pas ; alors que les délirants abstraits sont ceux qui s’attachent à la matière périssable. Peut-être cela fera-t-il réfléchir un intelligent qui aime Dieu et qui le recherche dans son cœur ?

14’. Dieu en soit béni : les Écritures saintes sont toujours là, et il nous appartient de les lire et de les méditer sans nous laisser berner par les hypocrites qui les font servir à leurs intérêts, sans nous laisser circonvenir par les imbéciles qui les adaptent à leur médiocrité aveugle et sourde, et sans nous laisser induire par les bien-intentionnés qui les limitent à leur compréhension historique et morale.

15. Certains se sont chargés des saintes Écritures comme des ânes qui portent un trésor qu’ils sont incapables d’utiliser, ou comme des chiens qui gardent un os dont ils ne peuvent avoir la moelle, mais qui empêchent jalousement quiconque d’approcher.

15’. Ceux-là se reconnaissent tout de suite en feuilletant le Livre et leur rage déborde aussitôt, car ils ont monopolisé les mystères de Dieu pour les exploiter profanement, et au lieu de devenir instruits comme leur Seigneur, ils sont devenus stupides et vaniteux comme le démon qu’ils servent en secret.

16. Arrière, médiocres satisfaits et pontifiants ! Nous prions le Seigneur miséricordieux qu’il veuille bien vous réveiller si c’est encore possible, à coups de fouet plombé car il vaut mieux pour vous être déchiquetés et sauvés que de périr dans la fausse assurance de vos ténèbres insensibles.

16’. Ils s’accommodent de la boue qui les recouvre entièrement et ils répandent la laideur sur le monde. Ils nivellent tout en eux et autour d’eux, et les voilà comme des bêtes qui ruminent tranquillement dans l’abattoir où ils sont entassés pour la mort !

17. La simplicité n’est pas l’ignorance.

17’. La sagesse n’est pas l’insensibilité.

18. Si le Livre est une chose quelconque qui n’intéresse personne ou presque, comment pourra-t-il devenir une chose passionnante et recherchée de beaucoup, sans condamner cruellement ceux qui l’enterrent à présent ?

18’. Devenons les frères cadets de Christ en Dieu, et nous entendrons la parole de Dieu et nous ferons ses œuvres et nous vivrons dans l’Unique.

19. Il n’est pas à la mode du temps, et ce n’est pas une littérature pour anesthésier les agonisants de ce monde, voilà le défaut !

19’. « Tous les aimés ne sont-ils pas de Dieu ? Et tous les amants ne sont-ils pas en Dieu ? »

20. Nous avons dissous et purgé nos humeurs dans la boue humide, et nous les avons confortées et perfectionnées dans la lumière du ciel.

20’. Nous verrons le sperme paraître et croître comme la rosée du matin, et nous verrons le germe s’incarner dans sa pureté et la changer en sa propre nature fixe et parfaite.

21. Ta quête est trop ardue, Seigneur, et si tu ne viens pas à notre secours, nous échouerons certainement, car nos oreilles sont sourdes, nos yeux sont aveugles, nos mains sont impuissantes et ton salut est proprement incroyable !

21’. C’est le dedans du dedans qu’il nous faut découvrir et faire paraître dans la pureté ; et c’est le dedans de ce dedans-là qu’il nous faut enfin manifester dans la fixité.

22. C’est quand nous renonçons à comprendre que nous commençons à comprendre réellement. — C’est quand nous renonçons à rien expliquer que nous commençons à nous faire entendre et à être compris réellement.

22’. Celui qui baigne dans la clarté du feu intérieur, est comme idiot dans le monde, cependant il est seul vraiment éclairé. « Pour approcher la vérité, il faut être nu comme elle. »

23. Ne sois que toi-même, n’interroge que toi-même, ne pénètre que toi-même, ne te perds qu’en toi-même, ne te trouve qu’en toi-même, ne repose qu’en toi-même et tu approcheras le Seigneur du dedans, qui accomplit toutes choses en toi sans toi.

23’. La création, l’homme, l’art ne sont pas perfectibles, en ce sens qu’ils sont seulement dévoyés et que leur plus parfait accomplissement n’est que le retour à leur perfection initiale. « Il y a mieux que saisir l’évidence de la vie, c’est participer à sa pureté primitive. »

23’’. Supporte-toi, Aide-toi, Cherche-toi, Découvre-toi, Connais-toi, Accomplis-toi, avec l’aide du Seigneur du ciel.

24. La semence des astres est cachée dans la terre.

24’. Le limon de la terre est la première créature.

25. La vision juste, c’est voir les choses telles qu’elles furent et telles qu’elles seront, c’est-à-dire telles qu’elles sont en réalité dans l’unité première.

25’. Le plus grand travail dans la plus grande aisance, voilà l’ART. Le plus grand amour dans la plus grande pureté, voilà la sainteté. La plus grande liberté dans le plus grand repos, voilà la sagesse.

26. Il faut une grande générosité de l’âme pour reconnaître le premier qu’une œuvre inconnue est belle.

26’. Celui qui explore son ignorance, son impuissance et sa mort, connaît seul la folie et la sagesse de l’ART.

27. Que l’esprit de l’artiste soit aussi haut que les étoiles, et que sa vie soit aussi humble que la poussière !

27’. Celui qui fait peu de différence entre les choses du monde, perçoit bientôt l’unité qui les anime.

28. Tout ce qui s’oppose à la vie manifeste celle-ci d’autant plus clairement, et tout ce qui la reçoit y participe magnifiquement.

28’. Le propre de la vie, c’est le mouvement, le changement, la diversité, la liberté, la pureté, la joie, la fécondité, la gratuité et la louange.

29. Nous ne pouvons pas plaire à tous, car nous sommes rempli de défauts et de faiblesses et encore recouvert par la crasse étrangère, mais le Livre est déjà un jugement qui départage secrètement les cœurs éclairés et purs, des agonisants satisfaits et aveugles de ce monde.

29’. Puisse-t-il redonner à beaucoup le désir et le goût d’étudier les Écritures saintes et sages de toutes les nations ! Puisse-t-il être pour beaucoup l’étendard de la victoire et de la liberté en Celui qui EST ! Puisse-t-il illuminer les cœurs de ceux qui espèrent la lumière de vie !

30. Tout ce qui prétend diriger ou forcer l’ART, le stérilise et le tue.

30’. La modération est le propre du sage, la tyrannie est le fait du fou, l’insensibilité est le lot des brutes.

31. L’artiste, le croyant, le saint, le sage est celui qui se hausse jusqu’à la beauté illuminante de la création dégagée de sa gangue de mort.

31’. Il n’y a qu’un ART véritable, c’est celui qui manifeste l’esprit libre, qui est la lumière de l’Univers. Il n’y a qu’une science vraie, c’est celle qui fixe cette lumière divine dans le repos de Dieu.

32. Pourquoi discourir quand tout est si magnifiquement diversifié par la lumière de Dieu ?

32’. Celui qui ne porte pas sa joie en soi ne la verra pas se refléter dans le monde et il ne la verra pas fleurir en Dieu.

33. L’artiste véritable ne connaît que la terre et le ciel ; la science, la morale et la politique des hommes l’ennuient et le tuent.

33’. Seuls les astres morts ne tournent pas de joie sous le souffle de l’Unique.

34. Le prochain, c’est celui qui souffre et qui s’ouvre, et non pas celui qui se ferme et qui fait souffrir.

34’. On apprend à aimer en cherchant à pénétrer et à vivre l’état des autres.

35. On n’est pas croyant parce qu’on assiste aux cérémonies religieuses, et on n’est pas incroyant parce qu’on n’y va pas ; car le vrai culte de Dieu se pratique dans le cœur, et sa sainte quête s’opère par l’étude des sages Écritures et par les opérations de la foi en action dans le monde.

35’. Nous devons nous interroger sincèrement au sujet du Livre et choisir de nous-mêmes dans nos cœurs sans tenir compte des avis de ceux qui ont une place à défendre et à exploiter ici-bas. « Le Seigneur ne respire-t-il pas et ne se promène-t-il pas ici même ? »

36. Beaucoup sont ignorants des choses de Dieu, mais le comble est que ces ignorants jugent et condamnent à présent ceux qui sont instruits des mystères de l’Unique. Prions afin que le fouet divin les ramène au silence, à l’obéissance et à l’humilité qui conviennent à leur condition de sourds et d’aveugles incurables. « L’agitation du monde est si grande, Seigneur, et notre voix est si faible que nous mesurons tristement la folie de notre prédication. »

36’. Condamnés ici-bas à subir les hypocrites dans le monde, dans nos maisons et dans nos cœurs, nous aspirons de plus en plus à la communion des saints où les enfants de Dieu nous accueilleront aimablement, et où nul ne s’élèvera contre nous à cause de notre amour de l’Unique, mais au contraire, là où tous s’associeront spontanément à nos louanges, à nos bénédictions et à notre joie dans le Seigneur du centre.

37. Il vaut mieux une église tiède, branlante et profanée, que pas d’église du tout, car un paralytique aveugle peut encore parler, tandis qu’un mort ne peut plus rien faire pour quiconque.

37’. Les communautés devraient bien produire des saints capables d’enthousiasmer les derniers croyants. Peut-être leur faudrait-il commencer par ne pas exiler l’Esprit Saint de leurs murs ?

37’’. Le Seigneur ne peut-il plus compter que sur les croyants cachés dans le monde ? C’est bien possible après tout, car lui seul juge les consciences et les cœurs sans erreur possible.

38. Nous n’avons pas de visions, nous n’entendons pas de voix, nous ne faisons pas de miracles et le ciel demeure fermé devant nos yeux ; mais la grâce du Très-Haut a ouvert notre entendement, et son amour a confirmé notre mission ici-bas. Notre lot est entre ses mains. Il fera comme il lui plaira. Car depuis que nous nous sommes offert et qu’il nous a choisi, nous ne nous appartenons plus réellement.

38’. Nous acceptons d’être repoussé, vilipendé et abandonné par les gens en place, mais au moins que les plus intelligents en Dieu prennent la peine d’examiner et de peser attentivement les paroles du Livre ; et que les plus simples en Dieu aient le souci de s’interroger dans leurs cœurs au sujet de l’authenticité de l’ouvrage qui leur est présenté.

39. Certains qui croient servir le Seigneur le desservent, et d’autres qui pensent le desservir le servent sans le savoir.

39’. Consacrons nos loisirs au Seigneur, et le Seigneur multipliera nos loisirs.

40. Nous pouvons nous soutenir en chantant ou en récitant en commun des prières, des cantiques ou des versets et en communiant dans la grâce et dans l’amour du Seigneur de vie. Mais nul ne doit juger ni condamner ceux qui préfèrent la solitude et la prière silencieuse du cœur dans le secret de l’Unique.

40’. Quand nous serons vraiment pris par la quête de notre Seigneur mystérieux, les affaires du monde et les gens qui s’en occupent nous paraîtront fastidieux, vides et insupportables ; et ceux-là nous considéreront comme incapables, inutiles et fous.

41. Prenons-y bien garde, car ce n’est pas ce qui reluit le plus au-dehors dans le monde qui est le plus pur et le plus précieux au-dedans en Dieu.

41’. Nous sommes comme des insensés qui ont joué tout leur avoir dans le jeu de Dieu, et cela semble scandaleux à ceux qui comptent seulement sur le travail de leurs mains pour vivre et pour prospérer dans le monde.

42. L’opposition et la réprobation du monde sont désolantes et décourageantes, mais le jugement et la condamnation de nos proches sont cruels, même quand le Seigneur nous soutient dans notre sainte entreprise.

42’. Ô Seigneur miséricordieux, rachète au moins les instruments de notre supplice quand tu nous laisseras enfin souffler avant de nous recevoir dans ton sein bienheureux et très glorieux si tu le veux.

43. Il y a des aiguillons qui ne permettent pas aux plus paresseux de s’endormir, fût-ce le temps d’un soupir, quand le service de Dieu et le service des hommes pressent également. C’est une chose difficile à comprendre et bien dure à accepter ; cependant nous nous estimons privilégiés parmi les agonisants de ce monde.

43’. « La foi en Dieu et en sa résurrection paie tout de suite, car elle nous aide à supporter ce qui désespère et ce qui écrase les impies. Nourris-la et fortifie-la en nous jusqu’au jour lumineux de la fin et du commencement, Seigneur de bonté. »

44. Hep ! Hep ! Hep ! Quoi ? Quoi ? Quoi ? Ton sang coule, et ta vie s’envole !

44’. En arrosant notre mort, nous vivrons. En dissipant notre vie, nous mourrons certainement.

45. Venez, hommes de toutes les nations, mangez, buvez, réjouissez-vous et vivez, car le Livre vous est donné de préférence à ce peuple malin, finaud et impie, dont l’intelligence est devenue la plus grande stupidité qui soit.

45’. Ô patrie bénie de Dieu et nourrie par la Vierge sainte, te voilà devenue comme une prostituée qui déshonore la famille des vivants et qui préfère le ruisseau plein d’ordures étrangères à la table de son Seigneur et maître !

46. Race imbécile qui héritez le Livre du renouvellement de toutes choses, vous l’échangez contre un plat de lentilles, et même, vous vous en débarrassez en offrant le plat de lentilles en dédommagement à ceux qui veulent bien se charger de l’ouvrage.

46’. Tu as tourné en dérision les remontrances de tes saints, et ta rébellion a engendré les coups et les blessures empoisonnées. À présent, un temps de répit t’est accordé dans le ciel et sur la terre afin que tu réfléchisses et que tu reviennes à la sainte famille.

47. Que vos yeux demeurent bouchés, que vos oreilles demeurent fermées, ô super-intelligents, et que les étrangers mangent votre pain et qu’ils boivent votre vin en se moquant de vous ; qu’ils vous dépouillent de votre héritage et qu’ils se partagent vos richesses ; qu’ils vous réduisent en esclavage et qu’ils vous fassent travailler pour rien sur votre propre terre, afin que nous écoutions vos bons mots et afin que nous goûtions vos fines plaisanteries sur Dieu et sur son salut, sur Dieu et sur sa colère, si vous l’osez encore.

47’. Si tu refuses, ce sera ta fin. Sapée, émiettée, calcinée et dispersée par le vent, sans retour et sans pardon. Sans nom, sans souvenir et sans prière pour toujours. Mais si tu te relèves de la boue, si tu vides tes abcès, si tu te laves dans l’eau de la grâce, si tu revêts la robe nuptiale et si tu te soumets à ton Seigneur magnifique, tu refleuriras la première parmi les nations, comme tu étais tombée la première ; et ta lumière éclairera le monde et ta paix charmera tous les cœurs. On te nommera bienheureuse, née de l’esprit et du cœur, et tu régneras sans violence sur les peuples assagis.

48. Ô ville de la naissance, te voilà comme un tas de cadavres qui se refroidissent, et ta prétention ancienne agonise avec toi. On n’entend plus dans tes murs que le bruit des bestiaux qui ruminent pesamment, et on ne respire plus que l’odeur du fumier qui pourrit en toi. Le saint Cordon ne t’a pas sauvée de la peste des médiocres, et les coups ne t’ont pas ouvert l’entendement.

48’. Ô capitale très spirituelle, on te dit la plus avancée, mais il faut l’entendre comme d’une viande corrompue qui transpire déjà la pourriture du charnier de la mort. Toujours miraculeusement sauvée, la patience du Seigneur se lassera un jour et tu nageras dans les larmes et dans le sang et tu dessécheras dans les cendres avant d’être renouvelée par la grâce céleste.

49. Ce qui EST est bien plus fantastique et bien plus formidable que tout ce que nous pouvons imaginer, mais quand ce qui EST est fixé en soi-même, les yeux sont éblouis, et la bouche reste muette.

49’. Plus de questions et plus d’énigmes pour celui qui approche la lumière vivante qui contient le Seigneur d’éternité.

50. Inutile de courir en rond et de nous agiter à droite et à gauche afin d’éviter d’avoir à résoudre l’énigme de la vie et de la mort qui nous est proposée ici-bas, car l’énigme subsiste et elle dévore finalement ceux qui n’ont pu la résoudre.

50’. Plus de lettres, plus de chiffres, plus de serrures, plus de portes, plus de murs, plus de prisons, plus de tombeaux et plus de morts pour celui qui trouve, qui mûrit et qui mange l’unité de l’Unique.

51. Les gains, les récompenses, les honneurs et les nominations des hommes sont une dérision pour celui qui a trouvé l’Unique. C’est aussi une dérision pour ceux qui ne l’ont pas trouvé, mais comme ils ne le savent pas, ils se consolent en jouant avec le vent de la vanité. Dans ce cas-là, il vaudrait mieux simplement jouer de la flûte, car il n’en résulterait rien de trompeur pour eux ni pour les autres.

51’. Fais-nous connaître la joie parfaite dans notre découverte en toi. Fais-nous connaître la liberté parfaite dans notre obéissance à ta sainte volonté. Fais-nous connaître la sécurité parfaite dans notre observance de ta sainte loi. Fais-nous connaître la paix parfaite dans notre abandon en toi. Fais-nous connaître la vie parfaite dans notre amour en toi. Fais-nous connaître le contentement parfait dans notre repos en toi.

52. Ouvre-nous le cœur et purifie-le, Seigneur, afin que nous puissions te recevoir en entier, et renforce notre amour afin qu’il puisse s’unir au tien sans être aboli dans ta gloire.

52’. Là où ayant tout abandonné et renoncé à tout, nous nous trouvons comblés au-delà de toute expression. Là où la prière et la louange font place à la jubilation muette de l’union sainte.

53. Les contradictions apparentes des livres saints n’existent que pour ceux qui ne connaissent pas l’unité de l’Unique Seigneur. Il vaut mieux pour eux ne pas juger et surtout ne pas condamner ce qu’ils n’entendent qu’en images et non en vérité nue.

53’. Nous devons commencer par demander le secours du Seigneur qui accomplit son œuvre en nous, car de nous-mêmes, nous sommes impuissants à rien changer dans notre nature corrompue. Et nous devons aussi finir en laissant toute liberté au Seigneur pour perfectionner ce qu’il a lui-même dégagé de la boue du péché de mort.

54. Quand nous sommes tristes à mourir sans savoir pourquoi, c’est parce que nous nous vidons des choses du monde et que nous ne nous remplissons pas de celles de Dieu. En effet, le plein du monde résiste à Dieu par son poids mort, et le plein de Dieu résiste au monde par son poids vivant, tandis que le vide du monde et de Dieu se trouve écrasé insupportablement entre le ciel et la terre, qui se rejoignent alors sans bénédiction et sans fécondation.

54’. Quand nous aurons rejoint la lumière de l’Unique, tous ceux qui ont des désirs les verront s’accomplir et ils nageront dans la plénitude de Dieu. Mais ceux qui n’auront pas de désirs verront Dieu, ils entreront en Dieu et Dieu pénétrera en eux, et ils reposeront dans le vide de Dieu qui est le moyeu de la plénitude de Dieu. Mais cela est réservé à un petit nombre d’élus, qui possèdent l’huile de l’amour et de la connaissance.

55. Les hypocrites se délectent en secret de ce qu’ils dénoncent publiquement, mais les noms qu’ils se sont donnés les dénoncent publiquement sans qu’ils s’en doutent.

55’. Ainsi dans hypocrisie « bien-pensante », on trouve « panse bénite » et dans hypocrisie « puritaine », il y a « putainerie », car chaque pièce qui brille dans le monde a un revers caché où est gravé son vrai nom.

56. Il vaut mieux une prostituée qui aime pour l’amour, plutôt qu’une femme irréprochable qui aime pour elle-même, car la première connaît la charité de l’amour et elle ne juge ni ne violente rien au nom de son amour honteux ; tandis que la seconde ne connaît que la jalousie de la cupidité et elle condamne et brime tout sans pitié au nom de son amour dévorant.

56’. S’il existe des femmes irréprochables qui aiment selon l’amour qui se donne et non pas selon celui qui prend tout, fais-nous-les connaître, Seigneur clairvoyant, et donne-les-nous en héritage, afin que nos enfants soient faits à ta sainte ressemblance. « Donne-nous, Seigneur, celle qui est os de nos os et chair de notre chair selon ta science sainte. »

57. Quel croyant véritable oserait se prévaloir devant son Seigneur et devant ses frères en Dieu de décorations, de titres, de grades ou de diplômes, toutes choses dérisoires au regard de l’Unique et aux yeux des chercheurs de Dieu ?

57’. Ferait-il pas mieux de se couvrir entièrement de la robe noire des pénitents, afin de se souvenir de la crasse immonde du péché qui l’enlace de toutes parts et afin de rester dans l’humilité qui convient aux fidèles de Dieu ?

58. C’est l’eau de la grâce qui fait fondre le cœur mortifié et qui sépare en nous la vie pure de la crasse de la mort. C’est le feu de l’amour qui féconde le cœur épuré et qui le multiplie dans la gloire de Dieu.

58’. Plus nous serons pauvres en tout, plus le Seigneur nous comblera de sa foi, de sa joie, de son amour, de sa paix et de sa connaissance qui ne périssent pas.

59. Celui-là nous connaît à peine et il nous alimente en secret depuis des années sans rien demander en remerciement que la parole du Livre. Dieu a donné à un boucher plus d’intelligence et plus d’inspiration heureuse qu’à toute la multitude des importants qui plastronnent dans la ville immense.

59’. Celui qui sert le serviteur du Seigneur sera servi par le Seigneur en personne. Ce sera une dure leçon pour les intelligents, pour les savants et pour les puissants de ce monde. Un jour, ils la comprendront pleinement mais il sera alors trop tard pour qu’ils l’utilisent et pour qu’ils se sauvent de la mort qui les mine.

60. N’est-ce pas là une double bénédiction de Dieu manifestée d’une manière plaisante ? Qui goûtera l’humour étonnant du Très-Haut ? Et qui reconnaîtra sa propre imbécillité devant l’Unique ? Ô qui pleurera sur soi et qui en rira aussi ?

60’. Ici c’est le noble ascète qui préface le Livre de son nom prestigieux après avoir pressenti la vérité du message. Là c’est le simple instituteur qui donne de son nécessaire pour transcrire les derniers versets du Livre. Enfin ce sont les croyants de Pallandt qui présentent l’ouvrage en entier.

61. Les ouvrages vulgaires nous parlent de la sagesse extérieure entendue du dehors. — Les livres de philosophie nous parlent de la sagesse extérieure vue du dedans. — Les livres saints nous parlent de la sagesse du dedans connue au-dedans. — Les livres sages nous parlent de la sagesse du dedans éprouvée au-dehors.

61’. Qui connaît le mieux le divin Seigneur de vie ? Les simples bergers ? Les savants mages ? Les fidèles adorateurs ? Les disciples bénis ? Les croyants dévoués ? Ou bien celui qui garde la Vierge sainte, qui l’accouche en secret et qui élève le petit enfant venu du ciel ? Ô très intelligents, ô très savants, ô très importants, répondez, si vous êtes capables de comprendre la question.

62. L’enthousiasme pour le monde et le scepticisme pour Dieu mènent quelquefois les plus intelligents au scepticisme pour le monde et à l’enthousiasme pour Dieu, mais ils mènent plus souvent les gens ordinaires au dégoût et au ressentiment d’eux-mêmes et des autres et à la mort pour tous.

62’. La parfaite soumission à la volonté de Dieu n’est pas une résignation abrutie ou béate qui subit tous les désordres sans réagir. C’est plutôt une acceptation attentive et joyeuse qui utilise au mieux tout ce qui se présente sans rien désirer en particulier.

63. Nous dénonçons les malins et les médiocres qui forment des comités sous le couvert de l’entraide et de la bienfaisance, alors qu’ils ne servent hypocritement que leur vanité et que leur cupidité au détriment des faibles et des pauvres qui sont isolés dans le monde.

63’. Celui qui a trouvé la chose du Livre peut brûler le Livre pour cuire la chose, car ce qu’il obtiendra à la fin vaut plus que le Livre et que la chose. « Aucun malin ne pénétrera la simplicité ni n’approchera la pureté de la chose, car la malice les colle à l’écorce et elle les empêche de voir le dedans qui vit. »

64. Demain il fera sombre, demain il fera froid, demain nous serons morts, demain la résurrection et le jugement. Ne voyez-vous pas que demain se nomme aujourd’hui ? Ne voyez-vous pas qu’aujourd’hui vous empoigne et vous tue sans que vous fassiez rien d’autre que courir devant lui dans l’espoir stupide de le distancer ?

64’. Qui demeurera en repos et qui fera le mort afin qu’aujourd’hui passe sur lui sans se baisser pour le ramasser et pour l’épingler dans le temps ? Qui mettra à profit le répit d’aujourd’hui pour fondre les hiers dans la seule réalité vivante de l’unique aujourd’hui de Dieu ?

65. Celui qui commence en se violentant s’endurcit dans l’orgueil et dans l’hypocrisie au lieu de s’ouvrir à la grâce qui délie dans l’abandon de l’humilité première.

65’. Il faut imbiber et dissoudre avant de sécher et de cuire, car celui qui commence par cuire fixe la crasse du péché au lieu de l’éliminer.

66. Ceux qui pensent pouvoir observer par leurs propres forces les commandements de Dieu ainsi que la multitude des interdictions des hommes, croulent sous la charge fantastique et rampent misérablement dans la boue du péché en affectant des airs supérieurs devant ceux qui ne dissimulent pas leurs faiblesses. Ainsi prennent naissance et se fortifient l’hypocrisie, l’orgueil et la dureté, par trop de confiance en soi-même et pas assez de foi en Dieu.

66’. Nous devons commencer par demander le secours de Dieu sans trop nous occuper de l’état dans lequel nous sommes, car il mettra lui-même de l’ordre dans sa maison si nous le laissons faire à sa guise sans l’entraver par nos efforts aveugles. L’observance de ses lois nous deviendra alors une œuvre légère au lieu de nous être un fardeau insupportable, et nous nagerons naturellement dans sa sainteté sans effort et sans fatigue comme celui qui flotte dans la grande eau.

67. Les parents qui font tout l’ouvrage dans la maison laissent croire aux petits enfants que leur aide est indispensable alors que ceux-ci ne font que les entraver et que les retarder dans leur besogne. Et les parents laissent même croire à leurs enfants qu’ils ont fait tout l’ouvrage à eux seuls ; et la fierté des petits enfants fait sourire les grandes personnes qui savent bien dans quel chaos tomberait la maison s’ils n’étaient pas là pour la maintenir en ordre.

67’. Ainsi Dieu fait tout le travail en nous et quand par nos efforts nous croyons l’aider, nous ne faisons que le contrarier et que le retarder mais lui aussi sourit paternellement et il nous laisse croire que nous sommes utiles afin de ne pas décourager notre bonne volonté naissante ; car lorsque nous aurons grandi dans la foi et dans l’amour de Dieu, nous pourrons l’aider en écoutant sa parole dans nos cœurs et en la manifestant dans le monde.

68. Nous ne vous disons pas de ne pas prier, de ne pas louanger, de ne pas reposer et de ne pas agir. Nous vous disons de vous effacer de plus en plus et de laisser Dieu prier, louanger, reposer et agir en vous, afin que vous flottiez dans sa joie constructive au lieu de sombrer dans votre tristesse impuissante.

68’. Tirons et poussons dans le sens de Dieu et jamais dans notre sens personnel, et tout ira exactement comme nous le voudrons sans entrave et même avec une aisance stupéfiante, car la main toute-puissante agit pour nous et nous n’avons qu’à la suivre humblement au lieu de nous y opposer vaniteusement.

69. Quoi de scandaleux pour les croyants instruits à apprendre que le culte du Seigneur s’accomplit en réalité dans nos cœurs sans intermédiaires, et non pas en image sur les autels de pierre par le truchement de fonctionnaires ? Ceux-ci sont pourtant nécessaires pour garder et pour transmettre la révélation des saintes Écritures.

69’. Ceux qui éprouvent le vertige se trouvent mieux d’avoir un bandeau sur les yeux, et ceux qui sont infirmes ont avantage à se servir de béquilles, mais à la condition que ceux qui les guident n’aient ni bandeau ni béquilles et qu’ils n’en imposent pas à ceux qui voient le fond des choses et qui marchent seuls vers le salut de Dieu.

70. Certains croient tout entendre et se vexent, car ils ne saisissent que l’écorce de la parole, qui ainsi les accable au lieu de les libérer s’ils la percevaient dans son intérieur.

70’. Soyons simples et libres dans nos cœurs et nous ne serons plus compliqués ni esclaves dans le monde.

71. Les agités, les cupides et les violents ont envahi le monde, et la place de ceux qui cherchent véritablement Dieu est devenue minuscule et bientôt elle aura tout à fait disparu.

71’. C’est alors que le Seigneur rassemblera les siens dans le royaume impérissable et paisible et qu’il abandonnera les réprouvés à la ronde forcenée de l’enfer dans la poussière morte.

72. Nous n’avons déjà plus de place dans ce monde où les cœurs se durcissent comme le fer et comme le ciment des temples morts.

72’. Plus ils deviendront durs et féroces, plus ils seront frappés et plus ils seront émiettés dans la mort.

73. Les révolutionnaires sont brûlés par Dieu, mais ils ne le savent pas. Qui leur révélera la proximité étonnante de l’Unique ? Qui les mettra face à face avec le feu divin afin qu’ils reconnaissent leur Seigneur ? Qui les ramènera vers la justice divine qui peut seule les contenter pleinement ?

73’. Il est plus difficile de convertir ceux-là dans leurs cœurs que d’entretenir les troupeaux de médiocres et d’hypocrites dans la tiédeur de leur foi agonisante. Mais quelle récolte magnifique et dense à offrir au TrèsHaut, plutôt que cette paille sans grain que le vent éparpille dans la poussière du monde !

74. Les religieux et les croyants ont fini par confondre la réalité vivante de Dieu avec les symboles et avec les figures historiques qui la voilent, ce qui les plonge dans l’idolâtrie sans qu’ils s’en rendent compte. « Qui est coupable ? Celui qui fait briller la vérité de Dieu, ou ceux qui ne la reçoivent pas ? »

74’. Comprenons-nous pourquoi tous courbent l’échine devant la malice du rebelle et pourquoi tous adhèrent à présent au dogme impie du progrès scientifique et du bonheur matériel dans ce monde déchu ? Pourquoi tous mettent aujourd’hui la main à l’installation de l’humanité dans l’enfer sans issue ?

75. Les uns et les autres sont devenus des spéculatifs, et il n’y a plus d’opératifs parmi eux pour s’opposer à la marée envahissante de la science du dehors qui submerge le monde.

75’. Le Seigneur enseigne la science en secret, et ils la profanent publiquement. Le Seigneur guérit les malades, et ils empoisonnent les bien-portants. Le Seigneur ressuscite les morts, et ils tuent les vivants.

76. Enfin les incroyants, ne voyant que l’idolâtrie des images et des individus, ont repoussé tout pêle-mêle, mais ils sont tombés dans une idolâtrie encore pire qui est celle de la matière, qui les scelle dans la mort sans retour. Car l’essence, la substance et la crasse y sont confondues inextricablement, et s’ils parviennent à utiliser la matière brute, ils ne peuvent néanmoins arriver à la séparer élémentairement, et s’ils parviennent à la séparer, c’est avec une telle violence et un tel éparpillement, qu’ils ne peuvent la réunir à nouveau dans la pureté, car elle a disparu devant leurs yeux remplis de malice et de science profane.

76’. Le Seigneur simplifie la loi, et ils la compliquent inextricablement. Le Seigneur marche sur l’eau, et ils s’enfoncent dans la terre. Le Seigneur donne gratuitement, et ils vendent même la mort. Le Seigneur ressuscite glorieusement, et ils pourrissent ignominieusement. Les intelligents sont devenus une calamité pour le monde, car leur intelligence s’applique à la surface des choses ou bien elle tourne vertigineusement en rond sans avancer, et quand elle cherche le dedans des choses, c’est pour le volatiliser. Mais elle ne détruit rien en réalité, et c’est ainsi qu’ils s’enfoncent de plus en plus dans l’enfer qu’ils se sont créé.

L’esprit du sage est dominé par une idée unique et fixe : ne pas intervenir, laisser agir la nature et le temps.
Lao t’seu
Toutes choses sous le ciel naissent de ce qui se meut, et ce qui se meut de ce qui repose.
Lao t’seu

LIVRE XXIII

Il en viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi qui se mettront à table dans le royaume de Dieu.
Jésus
Les ténèbres se changeront en aurore, tu seras plein de confiance et ton attente ne sera pas vaine.
Job

UNE ÈRE VIT

L’UNITÉ

1. Les besoins naturels doivent demeurer séparés du culte de Dieu jusqu’à ce qu’ils soient absorbés en lui sans effort. Ainsi nous éviterons la division du péché principal et sa multiplication en péchés particuliers, qui finissent par décourager de la foi et de l’amour de Dieu.

1’. Nous devons consentir une certaine tolérance envers nous-mêmes et envers les autres comme fait le Seigneur avec tous, mais nous devons demeurer très éveillés dans la quête et dans la fréquentation du Parfait, car c’est lui uniquement qui nous délivrera des pièges et des tentations du monde si nous le lui demandons sans jamais nous lasser.

2. Mieux vaut un croyant véritable qui crie au secours vers son Seigneur en nageant dans la boue, que cent mille hypocrites qui affectent la piété et qui se sont installés à demeure dans leur fumier caché.

2’. Prions notre beau Seigneur sans nous décourager et demandons-lui aide et assistance, car il nous éloignera du péché et, à la fin, il empêchera même le mal de nous approcher. C’est une merveille qui lui est facile.

3. Nous ne devons, en aucun cas, imiter artificiellement les vertus engendrées par l’amour de Dieu, car nous empêcherions l’amour de naître et de croître et nous demeurerions prisonniers de l’hypocrisie, qui est pire que l’impiété la plus grande.

3’. Ainsi il vaut mieux prier le Seigneur dans nos cœurs avec toutes nos faiblesses, car de cette façon elles s’effaceront peu à peu, tandis qu’en essayant de les supprimer de nous-mêmes, nous ne ferons que les refouler et que les nourrir dans la boue du péché malodorant.

4. Si quelqu’un est tenté par le monde au point d’abandonner son état religieux, ou même, les pratiques de sa foi, qu’il aille hardiment dans le monde pourvu qu’il demeure secrètement en contact dans son cœur avec son Seigneur ; car lorsqu’il aura reconnu, par expérience personnelle, le vide, la vanité et l’agonie du monde, il reviendra guéri à jamais dans le sein de l’Unique ; et son Seigneur l’accueillera aimablement. Celui-là n’aura plus jamais envie d’aller voir au-dehors ce qui s’y passe.

4’. Celui qui peut demeurer hors du monde fait aussi bien, à la condition qu’il ne se violente pas, car, dans ce cas, c’est un démon enragé qui prospère sous la peau d’une brebis, et la dernière chute sera pire que la première au jour du jugement, quand les écorces voleront en éclats et que sera manifesté le dedans de tout être et de toute chose. « Seigneur, délivre-nous de la stupidité triomphante des imbéciles ; délivre-nous de la compagnie des rebelles irréductibles ; délivre-nous du contentement aveugle et béat des médiocres. »

5. Si, par accident, un impie ou un hypocrite jette les yeux sur le Livre, il le lâche comme s’il s’était brûlé et il le repousse loin de lui.

5’. N’importe quelle troupe d’hypocrites ou de truqueurs peut s’établir et prospérer sous le couvert des saintes Écritures sans que celles-ci s’en trouvent diminuées pour autant.

6. Si un croyant sincère vient à lire quelques lignes de l’ouvrage, il ne veut plus le lâcher et il l’emporte chez lui afin de le connaître en entier. Si un médiocre ouvre le Livre, il le repose en ricanant stupidement et il quête autour de lui une opinion qui le rassure dans sa mort.

6’. Seulement beaucoup de gens simples qui ne savent pas discerner le bon outil des mauvais ouvriers, condamnent tout en bloc et se retirent pour toujours de la foi et de l’amour de Dieu. Le sort des imbéciles n’est pas enviable certainement, mais celui des trompeurs est inexorablement inscrit dans la puanteur de l’enfer.

7. Chaque mot du Livre peut être tourné en dérision par les ignorants. Quelle punition pour eux ! Ils ne le savent même pas. Ils avancent vers l’abattoir avec un voile noir sur la tête et ils moquent ceux qui les appellent à la liberté de la vie.

7’. Il n’y a que des fous qui échangent leur vie contre des choses misérables et passagères, au prix d’un travail fantastique dans ce monde. Il n’y a plus de sages qui échangent leur mort contre la vie éternelle, au prix d’un repos attentif ici-bas.

8. Ô Miséricordieux, viens à notre secours malgré nous, puisque notre stupidité nous empêche même de crier vers toi. Ô Tout-Puissant, réveille en nous la foi dans l’immortalité et oriente nos cœurs vers ta sainte face afin que nous soyons réengendrés dans ta pureté et dans ton incorruptibilité.

8’. Celui qui remet sa vie terrestre à Dieu pour obtenir la vie éternelle, est un saint qui est sage. Celui qui remet sa vie éternelle à Dieu pour obtenir Dieu, est un sage qui est saint.

9. Celui qui a reconnu l’unité de la vie n’éprouve pas de honte à secourir un ver de terre, car il sait à n’en plus douter qu’il s’aide lui-même en secourant quiconque vit.

9’. Ouvre la main, ouvre l’esprit, ouvre le cœur et la vie te baignera de toutes parts. Ferme la main, ferme l’esprit, ferme le cœur et la mort t’enserrera de tous côtés.

10. Comment ne pas désirer follement les écorces des choses qui sont les biens de ce monde ? Mais il faut trop de travaux, trop de mensonges et trop de crimes pour les acquérir, et quand on les a obtenus, ils sont comme une fumée qui se dissipe dans la nuit.

10’. Celui qui exploite ses semblables en les trompant, quel mépris il a pour eux, mais quel mépris il a pour lui-même et quelle tristesse et quelle solitude aussi ! Il vaut encore mieux mourir et c’est ce qu’ils font en définitive, car il y a beaucoup de manières de se tuer par désespoir et par dégoût de soi-même.

11. Il y a de quoi devenir imbécile à chercher les secrets du monde, mais il y a de quoi devenir fou réellement à courir après le secret de Dieu. Ô Seigneur, rends-nous la pureté, l’incorruptibilité et la paix de ton jardin d’Éden.

11’. Purifie nos cœurs par le feu de purgation et féconde-nous de ton amour céleste, par le moyen de ta grâce voyageuse, ô Magnanime donneur de vie.

12. Nous voilà comme des bêtes enragées qui se déchirent dans le bourbier où nous sommes tombés, et les bons sont égorgés pêle-mêle avec les méchants dans le grand abattoir de la mort. Qui ne serait terrifié tous les jours de sa vie épargnée ?

12’. Beaucoup sont comme des bouchons flottant dans la mer de ce monde qui sont aussi, malheureusement, comme des cailloux morts dans la mer de Dieu. Mais quelques-uns sont comme des rochers inébranlables dans la mer de ce monde qui sont aussi, heureusement, comme des poissons nageant dans la mer de Dieu.

13. Qui peut persuader la stupidité et la rébellion associées ? Qui peut vaincre la petitesse de l’âme unie à la petitesse de l’esprit ? Qui peut espérer quelque chose de la malice au service de l’avarice ? Qui peut obtenir grâce devant le préjugé obtus nourri par le ressentiment morose ? Le Seigneur peut tout changer s’il le veut en un clin d’œil ! Il est tout-puissant pour faire germer la semence céleste enfouie dans la tombe.

13’. Celui-là qui aime véritablement Dieu dans son cœur, n’est ni imbécile, ni rebelle, ni vil, ni rusé, ni avare, ni buté, ni haineux. Il lui appartient de fuir les méchants et de rechercher soigneusement son prochain, afin de l’aimer comme lui-même dans l’unité de l’Unique Seigneur d’amour et de vie. « Miracle ! les rebelles viennent à Dieu dans leurs cœurs quand les hypocrites ne les condamnent plus dans le monde. »

14. Celui qui ne sait pas pleurer sur le malheur des autres comme sur le sien, celui qui ne sait pas se réjouir du bonheur des autres comme du sien, et celui qui ne sait pas rire de ses mésaventures comme il rit de celles des autres, ne peut être enseigné par Dieu, car il est encore séparé de l’unité de l’Unique.

14’. Nous ne sommes pas seuls et abandonnés dans ce monde, il suffit que nous écoutions la voix qui chuchote dans nos cœurs et que nous examinions attentivement ce qui vient à nous et ce qui s’éloigne de nous en faisant taire nos volontés et nos jugements personnels.

15. Nous ne cacherons pas à nos enfants qu’ils sont revêtus d’une peau de bête et nous ne leur cacherons pas non plus les appétits et les besoins de la bête, et nous les leur présenterons comme des fonctions naturelles indispensables au maintien de la vie incarnée, fonctions dont nul ne doit être fier et dont nul ne doit avoir honte, car elles sont passagères.

15’. Ainsi l’ange n’étant plus sujet à la bête, pourra demeurer fermement tourné vers le Seigneur, et la bête n’étant plus honnie par l’ange, n’aura plus de révolte ni de vice et le Seigneur pourra nous délivrer sans lutte insensée et sans déchirement de l’une ou de l’autre partie de notre composé déchu et provisoire.

16. Et surtout, nous ne les mêlerons pas aux mystères de Dieu, afin d’éviter les refoulements honteux, les complexes délirants, les dévoiements misérables, l’hypocrisie unanime et le gâchis épouvantable auxquels aboutit la confusion imbécile de l’ange et de la bête, que nous devons séparer nettement et non pas ridiculiser en niant l’un et en avilissant l’autre du même coup.

16’. Car la bête ira en diminuant dans les ténèbres du monde et l’ange ira se fortifiant dans la lumière de Dieu et la séparation ultime s’accomplira sans déchirement. Beaucoup reviendront à Dieu quand les hommes de Dieu ne s’occuperont plus que des choses de Dieu, c’est-à-dire quand ils laisseront les choses de la bête à la bête et celles du monde au monde.

17. Les sages accomplissent tout en Dieu, car il n’y a plus de séparation pour eux, mais cela se fait naturellement, sans violence, comme lorsque le ciel s’unit saintement à la terre pour procréer toutes choses. Celui qui aime véritablement Dieu ne se cache jamais de lui.

17’. Qui comprendra l’affranchissement que procure l’acceptation intelligente et humble de notre état déchu ? Qui comprendra qu’il nous faut regarder d’abord vers notre Seigneur avant de vouloir organiser ou même contenir artificiellement la boue du péché où nous agonisons ?

18. Ceux-là seuls peuvent conjoindre qui ont d’abord séparé, car la purification s’accomplit dans la séparation et la conjonction se fait dans la pureté.

18’. Un jour, l’ange reviendra animer la bête purifiée par le feu, et tout le composé ressuscitera dans la glorieuse et incorruptible unité de l’Unique.

19. Dieu nous dissoudra et il nous coagulera à nouveau dans la pureté. Malheur à ceux qui auront choisi de s’installer dans le bourbier de la mort, car cette fois-ci, ils n’en ressortiront plus.

19’. Il n’y aura plus jamais de repos ni de bonheur pour eux dans la puanteur perpétuellement agonisante et perpétuellement renaissante de l’enfer.

20. Non, non, non, il n’y a pas de paix, pas de stabilité et pas d’organisation possibles dans ce monde mélangé de mort. Ceux qui prétendent le contraire sont aveugles et stupides. Leur intelligence et leur courage sont impuissants à ordonner la pourriture de la mort. Ne le voient-ils pas clairement ?

20’. Ce monde déchu n’est qu’un petit échantillon de l’enfer, et cependant nul n’y peut reposer en paix pendant le temps de sa courte vie. Que doit donc être l’enfer d’où la bénédiction de Dieu est tout à fait absente ? N’avons-nous pas raison mille fois d’orienter les hommes vers le Seigneur de vie plutôt que de les encourager à bâtir dans la boue avec de la boue ?

21. Oui, certainement, la bénédiction du Seigneur nous lavera du péché de mort et son esprit nous redressera dans nos tombes, et nous louerons son saint Nom pour toujours.

21’. Faut-il pas que nous brûlions d’abord la puanteur agressive qui nous lie et qui nous empoisonne de toutes parts ? Car c’est elle qui fait obstacle à l’union de l’amour divin.

22. Nous pouvons nous installer dans ce monde passager, mais nous devons le faire comme des voyageurs qui s’abritent dans une salle d’attente.

22’. Le but final de l’humanité n’est pas son installation dans le monde, c’est sa transfiguration et sa fixation en Dieu.

23. Tout ce qui est sujet au feu n’est pas de Dieu, car Dieu est l’essence même du feu.

23’. Ô densité de l’or pur en repos ! Ô chaleur du pur métal en fusion ! Ô éclat de la splendeur volatilisée !

24. Il y a trop de littérateurs des mystères de l’Unique, et pas assez de saints illuminés et pas assez de sages opératifs.

24’. Les choses du ciel et celles de la terre s’ajoutent ou se retranchent. Seul le Seigneur peut les diviser et les mélanger sans confusion et sans dommage.

25. Certains meurent de faim dans ce monde parce qu’ils ne savent ni mentir, ni voler, ni tuer, et d’autres sont comblés de richesses jusqu’à l’absurde parce qu’ils servent le démon destructeur et homicide. De même, dans la vie future, certains seront comblés jusqu’à l’absurde des biens célestes parce qu’ils auront fidèlement servi leur Seigneur, et d’autres crèveront dans la désolation de la mort avec les démons qu’ils auront suivis imbécilement. C’est une chose qui étonnera beaucoup de malins et beaucoup de simples.

25’. Chaque parole de notre langue n’est-elle pas comme un blasphème devant le verbe du Très-Haut ? Chaque souffle de notre bouche n’est-il pas comme une exhalaison puante de l’enfer devant la pureté de l’incorruptible ? Chaque geste de nos mains n’est-il pas comme une grimace simiesque devant l’ART du Très-Savant ? Et pourtant quelle splendeur demeure en nous et patiente sous la boue de la mort ! Puisse-t-elle s’éveiller enfin, et nous faire héritiers de la gloire de Dieu.

26. Beaucoup qui servent le Seigneur avec les lèvres et non pas avec le cœur, ont placé leur amour-propre au-dessus de la vérité de Dieu. Aussi excluent-ils des églises ceux qui les reprennent au lieu de se convertir. Croyant se sauver, ils s’enfoncent dans l’hypocrisie et dans le culte de leurs propres personnes.

26’. Si vous attachez à présent un grand prix à ce que vous avez refusé jadis pour une bouchée de pain, vous êtes maudits dans votre intelligence, dans votre cœur et dans vos biens, car vous enrichissez des morts et vous laissez mourir de faim les vivants qui vous entourent.

27. Ô riches imbéciles, ne reconnaîtrez-vous pas ce qui est beau, ce qui est bon et ce qui est véritable, alors que la chose naît devant vos yeux d’aveugles ? « C’est bien l’argent que représentent les choses qui vous attire, et pas la chose elle-même. »

27’. Gens avares et stupides, vous demeurerez enfoncés pour toujours dans la boue de la mort, car le poids de votre argent pollué vous entraîne, et vous collez à lui alors qu’il ne colle pas à vous.

28. Le Seigneur s’étant mis à couler en moi, nous chantâmes ensemble une petite chanson, comme fait le vent dans les feuilles naissantes un matin de printemps.

28’. Le poète qui tient l’étoile du matin dans ses mains, chante comme un petit enfant joyeux. Ceux qui ne tiennent que la boue du monde pleurent amèrement leur vie perdue.

29. Ô mon Seigneur, réjouis-toi en moi et tout sera bien ainsi, car ta joie submerge toute anxiété et elle fait même rire de la mort.

29’. Purge, arrose, féconde, lie, brille, coule. Cuis, sépare, unis, fixe, sème, loue, repose.

30. Celui qui a compris le Livre n’explique rien à personne, mais il peut manifester quelque chose de bon et il peut communiquer quelque chose d’excellent certainement.

30’. Le sage véritable ne fait pas de discours dans le monde. Il bêche, il arrose sa terre et il goûte le fruit du ciel et de la terre, qui est la seule vraie richesse.

31. Un peuple intelligent honore les hommes doués et instruits et les emploie à de grandes choses. Un peuple imbécile les méprise et les laisse croupir dans la pauvreté et dans l’exil.

31’. La décomposition générale jette finalement le peuple à terre avec les médiocres qui le mènent, et les sages émergent à nouveau du chaos pour rétablir la loi de Dieu dans le cœur de la petite troupe gardée.

32. Si nous sommes fatigués, reposons-nous en Dieu et si nous nous ennuyons, recherchons le mystère de l’Unique. Ainsi Dieu sera notre guide et notre soutien en toute occasion.

32’. Si le Livre ne nous fait pas toucher le Seigneur d’amour et de vie, alors le Livre peut être jeté au fumier avec toute la littérature qui délire dans le vide.

33. Qui passera sa vie à être reconnaissant de sa condition afin d’être toujours secouru par Dieu, l’Unique vivant ?

33’. Qui attachera à son cou les paroles du Livre ? Qui les affichera dans sa maison ? Qui les fera germer dans son cœur ?

34. Qui fait mieux : celui qui cache sa sagesse, ou celui qui cache son ignorance ?

34’. Celui qui ne violente rien au-dedans et au-dehors, voit tout croître en lui et autour de lui sans effort.

35. Ô croyants de toutes les religions, de toutes les races et de toutes les nations, reconnaissez-vous comme les enfants du Dieu unique et soutenez-vous parmi la marée montante des impies.

35’. Acceptons de nous tromper et sachons le reconnaître. Apprenons à nous corriger et sachons nous maintenir dans la voie sans violence, et Dieu nous enseignera tout ce que nous voudrons savoir.

36. Inutile de courir après l’auteur, nous ne trouverions que le vide habitant un idiot en Dieu, qui ne nous apprendrait rien. Le Livre suffit à tous les travaux et à tous les repos.

36’. Efforçons-nous d’être les instruments de la Providence, qui nourrit les sages, les saints et les simples, car c’est une manière aisée de participer à la bénédiction croissante de l’Unique.

37. Comment ceux qui ont transformé la formidable révélation des saintes Écritures en une morale hypocrite et fangeuse, pourraient-ils reconnaître à présent, sous les figures symboliques de leur foi, la vérité incroyable de l’Unique Dieu et Principe ?

37’. Les voilà comme des illettrés qui défendent farouchement des livres que nul parmi eux ne peut lire, mais que tous connaissent par les images qui les illustrent ; et les voilà qui repoussent aveuglément celui qui a réappris à lire et qui veut leur faire connaître le moyen de leur sauvetage.

38. Ceux-là font bien de transmettre aveuglément les mystères dont ils ne connaissent plus le fondement, mais comment peuvent-ils juger de la vérité d’une Écriture dont ils n’ont pas la clef ?

38’. Certainement Dieu les punit de leur vaniteuse prétention. Quel humour étonnant de faire ainsi garder et transmettre son trésor par des fanatiques aveugles, pour l’offrir en secret à ceux qu’il aime et qui le vénèrent dans leur cœur !

39. Certains parmi eux qui se croient plus éclairés que les autres, disent du Livre : « C’est un rêve », car, vivant dans un rêve, ils prennent le rêve pour la réalité et inversement, la réalité pour le rêve. Qui peut les réveiller de leur assoupissement mortel avant le jugement sidérant de la fin ?

39’. Une bonne correction a bien ramené la compagne rebelle dans la sainte voie de Dieu. L’absurdité de la souffrance amènera peut-être un jour les raisonnables de la foi à ne plus délirer en esprit ! Un tel miracle est facile au Seigneur, nous en avons un exemple sous les yeux.

40. La souche a refleuri, la fleur a donné son parfum et le fruit a mûri pesamment sans que nul s’en doute. « Qui mangera le don de Dieu ? Et qui sera pénétré par sa splendeur ? »

40’. Dieu plaisante bien avec un pauvre idiot sans instruction et sans diplômes, comment ne voudrait-il pas s’entretenir sérieusement avec les intelligents remplis de savoir et couverts de titres ?

41. La dénomination de « bien-pensant » est devenue synonyme d’hypocrite et de médiocre dans le monde. Faisons que le nom de « croyant » devienne synonyme d’homme libre et détaché de tout dans l’amour de Dieu.

41’. Avant de faire bouillir le linge sale, il faut le faire tremper, sinon on cuit la crasse au lieu de l’enlever, et le dernier état est pire que le premier, car la saleté est fixée dans le tissu et ne peut plus être ôtée.

42. Que notre quête et que notre vie soient premièrement pour nous-mêmes, ainsi nous ne serons ni méconnus, ni déçus par les médiocres, nous ne serons ni trompés ni brimés par les puissants, et nous ne serons pas dévoyés par le monde.

42’. Il y a les saints selon le monde qui refoulent leur nature instinctive et il y a les sages selon le monde qui suivent leur nature instinctive. Il y a les saints selon Dieu qui suivent leur nature intuitive et il y a les sages selon Dieu qui incarnent leur nature céleste. Ceux-là sont les seuls survivants !

43. Petits intelligents, reposez-vous un moment, regardez la grande nature, contemplez le grand ART, avant que la mort ne vous disperse comme on mêle des cartes à jouer. Ainsi vos esprits et vos âmes s’ouvriront au mystère de la création et à l’amour du créateur et se fixeront en lui pour toujours.

43’. Pensez-vous sérieusement remplacer par des compliments la nourriture, le vêtement et le chauffage qui ont manqué à ceux qui ont cherché toute leur vie la délivrance pour tous ? Hypocrites, secourez plutôt ceux qui cherchent librement leur Seigneur ici-bas alors qu’il en est temps encore pour eux et pour vous.

44. Combien sont ressortis de leurs tombes parmi tous les sages et parmi tous les saints dans le monde ? Et même, combien parmi eux n’y sont pas entrés du tout ? La parole de ceux-là est précieuse entre toutes pour les intelligents qui cherchent au-delà des créatures particulières.

44’. Quelques sages ont deviné le principe des commencements, mais combien parmi eux l’ont conçu clairement ? Combien l’ont incarné visiblement ? Combien l’ont tenu dans leurs mains ? Combien l’ont fixé dans leur cœur ? Combien se sont unis à lui pour la vie éternelle ?

45. Seule l’innocence retrouvée peut réconcilier les hommes avec Dieu, avec la nature et avec eux-mêmes.

45’. Seule la connaissance de Dieu peut les sauver de l’alternance de la vie et de la mort s’ils le désirent.

46. Laissons le Livre et contentons-nous de la chose dont parle le Livre, car elle seule peut nous contenter définitivement si nous la possédons dans son intégrité.

46’. Avant d’être séparés, la terre et le ciel ne formaient qu’une seule chose. Ainsi en les unissant à nouveau, nous formerons la chose unique du commencement des commencements.

47. C’est la possession joyeuse et paisible de ce qui est, de ce qui se meut et de ce qui repose qui fait l’illumination et le bonheur du sage.

47’. Plus nous rechercherons l’approbation des hommes, moins nous obtiendrons celle de l’Unique.

48. Pensez-vous faire quelque chose de bon sans le soleil, sans la lune, sans les étoiles, sans l’air, sans l’eau et sans la terre ? Alors vous ignorez l’agriculture qui est la science de Dieu.

48’. Rien de bon dans tout le Livre, excepté quelques petites phrases insignifiantes que tout le monde lit, mais que personne n’entend ni ne pratique réellement.

49. Nous n’avons pas écrit un tel Livre dans un tel temps pour être ensuite submergé de questions oiseuses.

49’. Si une sagesse quelconque aboutit à un travail forcé, c’est assurément la pire des folies.

50. Qui enseigne sans profaner ? Qui tranche sans juger ? Qui vit le présent ? Qui dort dans la tempête ? Qui enrichit sans s’appauvrir ?

50’. Qui manifeste le ciel en soi ? Qui reçoit et qui donne sans mesure ? Qui agit sans troubler ? Qui repose sans éteindre ? Qui est un avec l’Unique ?

51. Si nous désirons la richesse, commençons par donner de notre pauvreté et continuons en donnant de notre superflu.

51’. Si nous désirons la sécurité, commençons par devenir humble et continuons en devenant invisible en tout.

52. Si nous désirons la puissance, commençons par soutenir quelques faibles et continuons en les protégeant tous.

52’. Si nous désirons la liberté, commençons par ne pas violenter la nature des autres êtres et continuons en laissant notre propre nature reposer en elle-même.

53. Si nous désirons acquérir une bonne réputation, commençons par dire du bien de nos amis et continuons en louant même nos ennemis.

53’. Si nous désirons le bonheur, commençons par accaparer tout ce qui est du monde et continuons en y renonçant entièrement.

54. Si nous désirons l’instruction, commençons par étudier mille choses et continuons en étudiant une seule chose.

54’. Si nous désirons la sainteté, commençons par penser aux autres et continuons en ne pensant qu’à Dieu.

55. Si nous désirons les arts, commençons par éduquer sévèrement notre esprit et nos mains et continuons en les laissant aller librement.

55’. Si nous désirons la sagesse, commençons par regarder le monde et continuons en regardant en nous-mêmes.

56. Si nous désirons la science immortelle, commençons par étudier la nature et continuons en l’imitant au plus près.

56’. Le fait d’une certaine perfection, permet seul d’atteindre la grande perfection et d’y demeurer pour l’éternité.

57. Si vous avez trouvé l’unité de l’Unique, déchirez les pages du Livre et laissez-les s’envoler dans le vent en fredonnant une joyeuse chanson.

57’. Sinon ne les quittez ni le jour ni la nuit jusqu’à ce qu’elles pénètrent votre entendement, et jusqu’à ce qu’elles vous mènent à la boue qui ne mouille et qui ne salit rien.

58. Plus nous nous débattrons, plus nous coulerons dans le monde. Plus nous nous reposerons, mieux nous flotterons dans le ciel.

58’. Ce n’est pas l’ouvrage qui compte ni l’ouvrier, mais la chose dont parlent l’ouvrage et l’ouvrier.

59. N’ayons pas la vaniteuse prétention d’accaparer Dieu pour nous seuls, car le Père est à tous ceux qui l’aiment dans leurs cœurs, et non pas à ceux qui sermonnent profanement dans le monde.

59’. Chaque homme et chaque femme est prêtre et prêtresse de Dieu dans son propre foyer, pour la conservation et pour la transmission des saintes Écritures et de leurs mystères révélés.

60. Comment les disciples dégénérés du maître peuvent-ils juger de l’amour du maître pour quiconque ? Et comment peuvent-ils admettre ou retrancher quiconque de l’amour du maître saint et sage, puisqu’ils ne connaissent ni la volonté ni l’amour secret du maître ?

60’. Leurs jugements sont devenus une dérision parce que leur amour-propre s’est profanement substitué à l’amour de Dieu. Ils ont les clefs du royaume en images mais non en réalité, et ils ne tolèrent pas qu’un autre les reçoive des mains de Dieu sans leur approbation.

61. Nous avons pris l’habit de charlatan, car le mépris désintéressé du monde est moins dur à supporter que son admiration intéressée.

61’. Le Livre est comme l’arche qui porte et qui transmet le secret de l’Unique. Beaucoup le porteront, mais peu le pénétreront.

62. Le métier qui nous fait vivre en aidant les autres à vivre, est un métier béni, quel qu’il soit.

62’. Le métier qui nous fait vivre en menaçant la vie des autres, est un métier maudit, quel qu’il soit.

63. Le charmeur d’oiseaux n’en saisit aucun, et c’est pour cela que tous viennent à lui sans crainte. De même, le sage n’appréhende personne, et c’est pour cela que tous se confient à lui sans méfiance.

63’. Le sage amorce son travail, mais il laisse la nature l’accomplir à sa place ; aussi il travaille en reposant et tout lui réussit sans effort, car il ne fait obstacle à rien.

64. Le mélange des éléments qui forme les combinaisons multiples de la création, est comme le mélange des cartes à jouer qui forme les combinaisons multiples du jeu ; et les éléments retournent à la masse et sont ensuite combinés à nouveau, comme les cartes à jouer retournent au paquet et sont redistribuées sans augmentation et sans diminution réelles, car il n’existe ni gain ni perte pour l’immuable qui EST.

64’. Seigneur magnifique qui habites la terre sainte et qui la purifies du péché de mort, envahis-moi et inspire mon esprit et mon âme afin que je sois soumis à ta grâce délivrante et à ton amour fécondant, comme toutes les créatures angéliques qui chantent tes louanges éternellement, ô TrèsPur, ô Très-Parfait, ô Très-Gracieux, ô Très-Savant, ô Très-Bon, ô TrèsDoux, ô Très-Aimant qui ES.

65. La science de Satan violente les êtres et les choses et mène à l’esclavage dans la mort abjecte.

65’. La science de Dieu perfectionne les êtres et les choses et mène à la liberté dans la vie odorante.

65’’. Chacun peut juger aisément où se trouve la complication mortelle de l’enfer, et où se trouve la simplicité vivifiante du ciel.

66. Si nous ne renonçons pas à nos œuvres et à nous-mêmes, et si nous ne devenons pas vides et libres au-dedans et au-dehors, pas de délivrance, ici-bas ou ailleurs, pour quiconque.

66’. Ne nous accrochons à rien ni à personne, ainsi nous éviterons les fardeaux pesants et la noyade finale, car nous flotterons aisément sur l’océan divin où le Seigneur nous recueillera dans son arche sainte.

67. Accepter de bon cœur un échec, c’est déjà préparer une victoire.

67’. Remettons tout et nous-mêmes dans les mains de Dieu et nous serons joyeux et libres.

68. La révélation de notre Dieu de lumière et de vie fait la base de toutes les religions et de toutes les philosophies véritables enseignées par Dieu.

68’. Comme l’ivrogne ne peut plus se passer de vin, le saint ne peut plus se passer de Dieu, et l’ivresse de l’un et de l’autre fait sourire les gens raisonnables.

69. Honte à vous, clercs aveugles, parce que vous vous êtes dressés orgueilleusement comme un mur entre Dieu et les hommes, au lieu de vous abaisser humblement comme un pont devant eux !

69’. Ils ont fait un fromage personnel du lait universel de la sainte Église, et ils se sont installés au-dedans sans souci des chercheurs, des fidèles et des abandonnés. Le Seigneur les observe à travers la croûte ténébreuse du péché.

70. Ceux qui ont la bonne volonté en Dieu et non pas la bonne volonté en eux-mêmes, travailleront à rétablir la pureté, la simplicité, l’amour et la connaissance de l’Église dans leurs cœurs et dans leurs maisons, sans s’occuper des prérogatives ni des exclusives illusoires des pasteurs enorgueillis.

70’. Ceux que Dieu choisit et à qui il envoie son Esprit Saint, sont nécessairement supérieurs à ceux que les hommes élisent dans leurs conseils, car ceux qui voient la lumière sont au-dessus de ceux qui palpent les ténèbres. Ne comprenons-nous pas que le don reçu de Dieu prime la leçon apprise des hommes, et que la lumière du ciel accomplit l’Écriture ici-bas ?

71. L’énormité de la révélation de Dieu ne peut être entendue que des fils de Dieu ; les médiocres en sont exclus irrémédiablement.

71’. Celui qui aura mangé Dieu, la mort sera impuissante contre lui, car la lumière de vie habitera en lui pour toujours.

72. Les hommes peuvent bien exclure d’autres hommes de leurs organisations humaines. Nul d’entre eux ne peut exclure quiconque de l’amour de Dieu.

72’. Ainsi nous ne devons pas craindre le jugement des hommes qui se fait dans le monde, et nous ne devons pas douter de l’amour de Dieu qui patiente, même avec les plus égarés.

73. Faisons dans nos vies une large part au Seigneur, et le Seigneur nous fera dans la sienne une part incommensurable.

73’. La plus grande prière, c’est écouter. La plus grande louange, c’est se taire. La plus grande méditation, c’est ne plus penser. La plus grande action, c’est reposer en Dieu.

74. Aimer la vie, c’est aider la vie et c’est accepter le mouvement et le changement qui sont inhérents à la vie.

74’. Le coup qui nous frappe aujourd’hui prépare peut-être la bénédiction qui nous comblera demain, qui sait ?

75. Les prophètes n’ont pas besoin de prières toutes faites, car l’Esprit de Dieu les inspire surnaturellement.

75’. La crasse puante sera détruite par le feu, et la crasse obscure sera séparée par l’eau.

76. C’est une erreur de maintenir le nez des hommes dans leurs péchés innombrables, car ils se découragent et abandonnent la religion devenue imbécile par la faute des médiocres et des ignorants bien-intentionnés en eux-mêmes et non pas en Dieu.

76’. Il vaut mieux orienter les cœurs des pécheurs vers le Seigneur dont la grâce et l’amour les délivreront de leurs ténèbres plus sûrement que tous leurs efforts réunis. La confiance en Dieu vaut mieux que la confiance en soi pour survivre.

77. Le saint lie l’âme et l’esprit en Dieu et il surmonte la seconde mort.

77’. Le sage lie l’âme, l’esprit et le corps en Dieu et il surmonte la première et la seconde mort.

78. La fin verra la lutte des pratiquants de la science de Dieu, qui est intégration de vie, contre les pratiquants de la science de Satan, qui est désintégration mortelle.

78’. Les faiseurs de vie seront établis dans la vie, et les faiseurs de mort seront refoulés dans la mort sans rémission. Que chacun considère attentivement son travail, alors qu’il est encore temps d’abandonner les œuvres mauvaises.

79. Les ennemis de Dieu combattent contre les églises temporelles, qui sont compliquées, multiples, passagères et particulières.

79’. Les amis de Dieu combattent pour l’Église spirituelle, qui est simple, unique, éternelle et universelle.

79’’. Ainsi tous travaillent à l’unité de l’Unique.

J’ai frappé tout le travail de vos mains, et vous n’êtes pas revenus à moi.
Aggée
N’est-ce pas la volonté de Dieu que les peuples travaillent pour le feu, et que les nations se fatiguent pour le néant ?
Habacuc

LIVRE XXIV

Va, observe et interroge le laboureur et apprends de lui que ce qui est semé est ce qui est récolté.
Isis
Il sait ce qui entre dans le sein de la terre et ce qui en sort. Il sait ce qui descend des cieux et ce qui y monte.
Coran

RÉTIVE NUE

LE PUITS

1. Celui qui nous nourrit ne nous critique pas, mais ceux qui nous laissent périr nous prodiguent leurs jugements et leurs condamnations sans mesure, car ils se croient supérieurs dans le monde.

1’. Hypocrites qui jugez, vous vous gardez bien d’aider à vivre ceux que vous condamnez. Vous serez jugés de même. Dieu vous ôtera toute chance de salut, et vous croupirez dans le désespoir de la mort.

2. Il n’est pas comme nous, donc il est fou, disent les impies.

2’. Ils ne sont pas comme moi, donc ils sont morts, dit le Seigneur de vie.

3. En cherchant le monde agonisant, nous deviendrons des aimants de mort et nous mourrons.

3’. En cherchant l’Unique vivant, nous deviendrons des aimants de vie et nous vivrons.

4. Ô mon Seigneur, n’entends-tu pas les pasteurs ignorants qui, pour flatter les médiocres et les hypocrites, acclament dans le lieu saint la science profane et ses savants mercenaires ? La violence, l’ignorance et la vanité ont envahi leurs mains, leurs esprits et leurs cœurs, et les voilà qui égarent et qui corrompent les troupeaux confiés à leur garde. Éclaire ces aveugles, bon Seigneur, ou rends-les muets, afin que la violence de la science impie ne détruise pas tes images saintes et précieuses. Ô viens, saint Seigneur, avec ton fouet et ta crosse, avec ta verge et ton épée, avec ton van qui trie et qui sépare le bon grain de l’ivraie. (Ceci est le verset de la réunion et de l’avertissement qui sera répété trois fois.)

4’. S’il y a encore des hommes intelligents et inspirés de Dieu parmi les églises, ceux-là examineront leurs Écritures jusqu’au fondement secret où brille la pierre inébranlable et impérissable établie par Dieu, établie de Dieu, établie en Dieu. Ceux-là liront le Livre avec attention, et la louange de leurs cœurs montera vers le Très-Haut comme la pure flamme de l’offrande sainte. Ceux-là dénonceront sans crainte la science maudite qui violente la nature, les êtres et les choses et qui vend chèrement la mort à tous. Ceux-là rappelleront la science de Dieu qui ne violente rien ni personne et qui donne la vie gratuitement à tous. Qu’ils soient bénis, les vrais serviteurs du Très-Haut !

5. Les derniers saints ne flatteront pas les médiocres et les rebelles qui font pression sur eux, car la qualité des derniers vivants leur sera plus précieuse que la multitude des morts incurables.

5’. Suffit-il pas qu’une voix de Dieu s’élève dans le monde pour dénoncer et pour démonter les entreprises prestigieuses du malin ? Ou alors, n’y a-t-il plus de vivants pour l’entendre ?

6. Les hommes peuvent bien se distraire quelquefois avec leurs œuvres, mais ils ne doivent jamais les prendre au sérieux, car elles sont vaines et mortes. Seule l’œuvre de Dieu est vivante à jamais.

6’. Quand la science de Dieu sera manifestée, tous les travaux et toutes les inventions des hommes seront abandonnés comme inutiles. Seuls les réprouvés demeureront soumis aux travaux serviles à cause de leur orgueil aveugle.

7. Recherchons les lieux bénits où le soleil, la lune et les étoiles brillent, et où les éléments et la terre secourables encouragent les humbles chercheurs de Dieu.

7’. La misère dans le froid n’est que pauvreté au soleil et elle peut devenir richesse infinie devant Dieu si nous récoltons l’or que le Seigneur verse à foison sur le monde enténébré.

8. Plus de solitude, plus de tristesse et plus d’abandon pour celui qui s’entretient dans son cœur avec le Parfait.

8’. Si nous désirons que Dieu nous choisisse, n’omettons pas de le choisir aussi, et si nous voulons qu’il nous élise dans son royaume, n’oublions pas de l’élire premièrement dans nos cœurs.

9. Dieu patiente avec l’impatience de ses prophètes, car il veut donner à tous les égarés le plus grand nombre possible de chances de revenir à lui.

9’. Il a été dit : « Mille années d’homme sont comme un jour pour Dieu, et un jour de l’Unique est comme mille ans pour les hommes ».

10. Combien se préparent à entrer dans le repos de Dieu en abandonnant l’agitation fallacieuse du monde et ses soucis renouvelés à l’infini ?

10’. Combien entrent dans la solitude de leur cœur, afin de prier, de louer et de contempler le Dieu vivant qui suffit à tout ?

11. Combien se retirent sur la montagne sainte afin de connaître le compagnon impérissable, l’ami indéfectible, l’Unique Seigneur du ciel qui donne la vie sans mélange ?

11’. Combien cuisent en secret la mystérieuse et sainte rosée qui vient du ciel, afin de manifester le Sauveur admirable qui délivre de la mort ?

12. Nous essayons d’émerger du tas des agonisants devant Dieu, non pour enfoncer nos frères dans le cloaque, mais bien pour les aider à sortir aussi des ténèbres de la mort. « Viendront-ils pas avec nous vers la splendeur qui brille dans le ciel ? »

12’. Toutes nos œuvres sont dérisoires devant l’œuvre de vie du TrèsHaut. Aurions-nous pas mieux fait de l’adorer en silence plutôt qu’écrire le Livre pour l’ignorante vanité de ce temps faussement intelligent et faussement savant ?

13. C’est la parole essentielle et substantielle transmise par le maître qui nous fait héritiers du Très-Haut, à la condition que nous la recevions saintement avec gratitude et non pas profanement avec malice.

13’. Quelques saints dévoués et un sage connaisseur pourraient montrer à nouveau aux croyants le chemin qui sauve de l’exil et de la mort de ce monde, si les cœurs des hommes n’étaient pas si profondément ensevelis sous la crasse du péché.

14. Les troupeaux sauvages sont décimés par les fauves, mais les troupeaux gardés finissent à l’abattoir. Que les croyants se soutiennent donc individuellement en Dieu, sans s’exposer inutilement dans le monde.

14’. Délivre-nous, bon Seigneur, de la sordide bataille pour une vie agonisante dans un monde pourri, et fais-nous héritiers de ta lumière incorruptible, vivante et éternelle, afin que nous t’adorions dans la folie de l’amour qui donne et qui reçoit sans mesure.

15. Les impuissants qui récitent des prières toutes faites, croient vaniteusement être les seuls à prier comme il faut, car ils ignorent la louange à Dieu qui jaillit spontanément du cœur du saint inspiré. « Dieu jugera les moribonds qui repoussent ses vivants, et il repoussera les morts qui briment ses envoyés. »

15’. L’eau jaillit quelquefois du rocher dans le désert, mais c’est plus souvent un mirage trompeur qu’une réalité palpable et vivifiante. Ne nous endormons pas dans le ronronnement des églises et des cloîtres ; luttons-y pour notre libération en nous unissant de cœur avec le Seigneur d’amour, de poésie et de science vraie.

16. Nous serons connus et vivants dans le ciel grâce à l’œuvre de Dieu qui ne périt pas, car nos œuvres personnelles disparaîtront avec le monde transitoire et notre souvenir ici-bas périra avec le temps. « Le royaume du Parfait est immuable, et son Seigneur ne ment pas. »

16’. Le Livre n’est ni pour les moutons bêlants, ni pour les loups ravissants. Il est pour les libres enfants de Dieu qui bénissent le Seigneur dans leurs cœurs, et qui recherchent fiévreusement sa grâce, son amour et son salut avant la fureur de la nuée incandescente qui consumera toutes les choses impures.

17. Ne jouons ni aux importants, ni aux méprisants, ni aux sauvés, ni aux purs, afin de ne pas être odieux devant le Seigneur, et surtout, afin de ne pas rendre le Seigneur odieux dans le monde.

17’. Plus nous serons proches du Seigneur de vie, plus nous le cacherons dans le monde, afin de ne pas profaner l’amour de l’Unique. « Les gens “bien” selon le monde ne sont pas les gens “bien” selon Dieu. »

18. Les sermonneurs ont réussi à dégoûter le monde de Dieu, et les bien-pensants ont réussi à le faire prendre en haine. Belle réussite, en vérité, dont ils se félicitent imbécilement comme des mauvais serviteurs qui ont renvoyé les invités de leur maître en pensant s’attabler à leur place. Ils seront ignominieusement chassés et remplacés par de nouveaux aides plus fidèles et plus intelligents.

18’. Les médiocres et les hypocrites submergent les églises, et les athées dominent sur le monde. Comment les croyants véridiques vont-ils subsister, si le Seigneur ne vient pas rapidement à leur secours ? Qui a jamais vu une bonne moisson germer et croître d’un champ de pierres ? Tout est cependant possible pour le Seigneur de vie et d’amour, qui ensemence sans compter, même la cendre morte.

19. Recevons avec humilité, mais aussi avec transport et amour, ceux qui viennent nous demander des renseignements sur Dieu et sur son salut, et recommandons-leur la lecture assidue des Écritures saintes et sages, au lieu de les rebuter par des sermons ennuyeux et par des avis supérieurs.

19’. Serviteur de Dieu, ami de Dieu, enfant de Dieu, amant de Dieu sont des titres enviables, véridiques, uniques et secrets. Tous les autres sont comparativement comme des titres de repris de justice, dont il n’y a pas lieu d’être fier.

20. Un bon exemple de vie dans l’amour du Seigneur vaut mieux que tous les discours préparés et que toutes les platitudes débitées sans inspiration.

20’. Ceux qui rejettent le Livre rejettent leur propre vie sans le savoir. Qui leur débouchera les oreilles s’ils ne veulent pas entendre ? Et qui leur ouvrira les yeux s’ils ne veulent pas voir ? L’évidence de l’œuvre céleste ne s’impose-t-elle pas d’elle-même aux croyants éclairés ?

21. Le Livre est pour ceux à qui il est donné de le recevoir. C’est la justice de Dieu, qui dépasse l’entendement des hommes.

21’. Avant toute chose, les prophètes nous rappellent celui qui est, celui qui vit, celui qui demeure immuable en soi-même pour l’éternité.

22. Les hypocrites, les médiocres et les athées peuvent bien repousser le Livre, les croyants libres le propageront avec l’aide de l’Esprit Saint qui l’a inspiré, et leur multitude couvrira toute la terre s’ils demeurent unis en Dieu dans leurs cœurs, et s’ils ne font violence à personne dans leur foi.

22’. La Mère lave nos scories et le Père s’allie à notre pureté, car sa gloire est flamboyante et pure comme celle du soleil. Ainsi nous devons consumer en nous tout péché et laver toute souillure afin qu’il puisse nous habiter et nous ressusciter dans sa splendeur céleste.

23. À quoi bon triompher ici-bas, si c’est pour triompher dans la boue de la mort qui nous tue finalement ? Triomphe dérisoire après lequel les malins et les imbéciles courent éperdument dans ce monde.

23’. Quelle douloureuse surprise à la fin des temps, quand ils verront ceux qu’ils méprisaient à cause de leur foi, obtenir la vie éternelle alors qu’eux-mêmes ne récolteront que l’agonie parcimonieusement entretenue !

23’’. Ô riches imbéciles qui méprisez les saints et les pauvres de Dieu en les laissant périr de misère dans le monde, vous mendierez un jour vos excréments comme nourriture, et la pourriture vous servira de couche et de vêtement.

24. La liberté des enfants de Dieu est une liberté intérieure qui dit tout et qui fait tout dans l’innocence retrouvée et gardée.

24’. Ô toi le Resplendissant, permets que nous te trouvions et que nous te mangions, afin que nous vivions dans ton éternité et dans ta gloire sans pareilles.

25. Demandons notre droit, mais ne l’exigeons pas, afin de ne pas faire obstacle au jugement de Dieu.

25’. Celui qui vit innocemment la vérité de Dieu, n’est contredit par personne.

26. Si nous cherchons le monde, travaillons le plus possible. Si nous cherchons Dieu, reposons-nous le plus que nous pouvons.

26’. Chacun admire sa petite personne et chacun est fier de ses petits travaux, sans voir que Dieu et son œuvre sont seuls immortels et admirables.

27. Nous n’avons sollicité la soumission ni l’admiration de quiconque et nous ne nous sommes imposé à personne. « Qui nous suivra librement jusqu’au Seigneur de résurrection ? »

27’. C’est le renoncement parfait qui nous ouvre les portes du royaume de Dieu. C’est le dénuement parfait qui nous comble de la bénédiction de Dieu. C’est le vide parfait qui nous emplit de l’amour de Dieu.

28. Que celui qui connaît un livre semblable à celui-ci, le publie devant Dieu et devant les hommes, s’il peut. Sinon qu’il publie ce qu’il a entendu et ce qu’il a vu dans son cœur après l’avoir lu.

28’. Ce qui est fixe vient de la terre. Ce qui est mouvant vient de l’eau. Ce qui est fumeux vient de l’air. Ce qui est gras vient du feu.

29. Quoi de plus absurde et quoi de plus tragique, que le sort des impies qui refusent de rien demander à Dieu dans leurs cœurs endurcis par l’orgueil ?

29’. Ils se proclament forts et libres dans le monde, mais ils meurent comme les bêtes dans l’abandon et dans la déchéance sans espoir.

30. Pourquoi ceux qui nous parlent de Dieu se croient-ils obligés d’adopter ces tons de cuistres ou ces trémolos de chiens battus ?

30’. Improvisons notre prédication, afin qu’elle soit vécue en Dieu, ou alors taisons-nous humblement dans le monde.

31. Le propre de l’homme est de s’étonner de la création et de chercher le créateur. Le propre de la bête est de ne pas s’en préoccuper et de ne chercher qu’elle-même.

31’. Beaucoup nient, beaucoup doutent, beaucoup croient, quelques-uns cherchent, quelques-uns comprennent, quelques-uns trouvent, un ou deux vivent et rejoignent l’unité de l’Unique dans le ciel.

32. Notre honneur est d’avoir rappelé la promesse de Dieu, garantie par son amour, et réalisée par sa science dans sa gloire transformante.

32’. Le Livre qui exalte la gloire, l’amour et la science de Dieu, sera la sauvegarde des croyants. Ceux qui le rejetteront périront dans la vaine attente de celui qui s’incarne sous leurs yeux d’aveugles.

33. Ni les croyants ni les athées ne soupçonnent la science de Dieu, cachée derrière les symboles, les écrits et les figures des religions révélées. Ceux qui y croient essaient de se l’approprier par la ruse et par la violence. Quelques-uns la demandent à Dieu dans leur cœur et un ou deux à peine l’obtiennent dans le siècle.

33’. Le maître visitant la demeure du disciple, cassa tout sauf une bouteille, puis il brûla ce qui pouvait brûler, excepté les saintes Écritures, ensuite il éteignit les cendres avec de l’eau, excepté un tison. Enfin il ouvrit toutes les fenêtres, excepté celle qui regardait vers le Nord, puis il sortit par le Sud sans dire un mot.

34. Plus de corvée, plus de désespoir et plus de défaite pour celui qui obtient l’aide du Seigneur dans les embarras de ce monde.

34’. Il vaut mieux tendre la main et jouir de la liberté et de la joie des enfants de Dieu, plutôt que posséder les biens du monde et manquer du principal aliment céleste.

35. Comment ne pas douter de Dieu dans ce monde mélangé de mort ? Et comment échapper à la désolation de cet exil dans l’esclavage, dans la misère et dans l’agonie perpétuellement renouvelés ?

35’. Les incroyants comptent sur eux-mêmes pour s’organiser ici-bas. Les croyants comptent sur Dieu pour se sauver de l’exil de ce monde. Voilà toute la différence entre la raison des sens et la folie de la foi.

36. Si Dieu ne nous donne pas de croire, nous ne pouvons croire par nous-mêmes ni surtout demeurer dans la foi en la vie sauve et impérissable qu’il nous a promise en récompense pour notre fidélité à sa loi.

36’. Nous pouvons pleurer sur les impies, nous ne pouvons pas les juger et encore moins les condamner, car c’est le Seigneur qui nous choisit et qui nous habite selon son gré et non pas selon le nôtre.

37. La marque véritable des enfants de Dieu, est qu’ils demandent tout à leur Père sans hésiter et sans douter.

37’. Ô saint Géniteur, consume en nous la pourrissante étrangère et délivre-nous des scories ténébreuses, afin que nous luisions dans la lumière de vie où tu fais ton nid.

38. Trop de soucis, trop d’ennuis et trop de tentations nous assaillent ici-bas pour que nous puissions nous consacrer en paix à l’étude de la parole de Dieu et à la recherche de son salut.

38’. Prions donc premièrement afin que Dieu aplanisse les sentiers de notre quête et afin qu’il nous décharge des soucis étrangers, en rendant notre foi plus forte que l’évidence de notre raison aveugle.

39. Quelle que soit notre assurance et quelle que soit notre détresse, remettons-nous tous les jours de notre vie, avec nos affaires, entre les mains du Seigneur de sagesse, qui peut seul nous donner la victoire et la paix qui ne périssent pas.

39’. Ne repoussons pas ce qui nous semble obscur au commencement, car c’est sans doute ce qui nous illuminera à la fin. « Ô sainte lumière, qui veut bien habiter notre mort afin de ressusciter notre vie ! »

40. Vous qui avez soif de justice et d’honnêteté, vous qui recherchez la paix et l’amitié, vous qui espérez la liberté et l’amour, venez librement au Seigneur et à son salut, sans vous préoccuper des obstacles, dressés par les morts, entre Dieu et les hommes.

40’. Nous ne sommes pas là pour attendre que les hommes viennent à nous dans des temples morts, nous sommes là pour aller aux hommes et pour y installer Dieu dans leurs cœurs vivants.

41. Échangeons pieusement nos prières afin que le Seigneur les bénisse doublement.

41’. « Résignez-vous et mourez », c’est la parole de l’ennemi. « Cherchez-moi et vivez », c’est la parole de l’ami.

42. Puisque la crasse, la pourriture, l’esclavage, la souffrance, le mensonge et la mort sont inextricablement liés à ce monde, que pouvons-nous espérer d’autre que l’absurde à vouloir nous y organiser, à vouloir y dominer, ou bien à accepter d’y croupir, ou à attendre d’y périr, fût-ce saintement ?

42’. La seule solution efficace n’est-elle pas de rechercher uniquement le salut de vie, transmis par le Seigneur descendu du ciel et incarné parmi nous pour notre réintégration dans la vie éternelle et pure ? N’est-il pas dit : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et son juste emploi, et tout le reste vous sera donné par surcroît » ?

43. La décadence des religions et des initiations vient de ce que les gardiens, les croyants et les chercheurs prennent les symboles, les figures et les rites pour le mystère même, alors qu’ils n’en sont que les images et que les rappels.

43’. Le royaume de Dieu n’est ni une abstraction, ni une image, ni un vague idéal. C’est la seule réalité vivante et palpable qui sauve de la mort, dès à présent, ici-bas. Comprendrons-nous enfin ?

44. Il vaut mieux croire stupidement à l’invraisemblance de la révélation divine plutôt que démontrer intelligemment son impossibilité apparente.

44’. La science profane accomplit tous les jours des prodiges incroyables, et la science de Dieu serait impuissante à nous sauver de la mort ?

45. Les impies croient vainement acquérir par la force ce qu’ils refusent de demander humblement à Dieu. Certainement, ils finiront émiettés par leur propre violence.

45’. Le moment est peut-être venu de nous préparer à traverser la fournaise du feu déchaîné ? Qui en ressortira indemne comme la semence de Dieu ?

46. Nous désirons que nul ne se serve du Livre pour juger ou pour condamner du dehors, car il est toujours inutile d’avoir raison contre quiconque et c’est souvent dangereux.

46’. Nous signalons comme incomplets tous les commentaires des paroles inscrites dans le Livre, car les reflets de la chose ne sont pas la chose elle-même.

47. Si la révélation du salut s’égarait ou cessait ici-bas, qui nous délivrerait de l’agonie du monde ?

47’. Sauvons nos saintes Écritures de la disparition, afin qu’elles nous sauvent aussi de la mort étrangère.

48. Unissons-nous un petit nombre de triés par le cœur et promettons-nous devant Dieu : secours, amour et fidélité dans ce monde exilé. Ainsi le Seigneur en personne bénira nos entreprises et guidera notre quête. « Si nous sommes frappés, revenons à Dieu et si nous sommes comblés, bondissons vers lui. »

48’. Si nous ne cherchons pas le salut de Dieu avec constance, avec persévérance, avec obstination, avec stupidité, avec délire, nous n’obtiendrons que l’écorce des choses saintes. « Ne devons-nous pas supplier le monde pour obtenir une parcelle des choses mortes qu’il vend si chèrement à tous ? »

49. Les orgueilleux du monde soupçonnent bien la vérité de Dieu, mais ils affectent de s’en moquer en public alors qu’ils s’efforcent à la violenter en secret par leurs machinations ténébreuses et criminelles.

49’. Ô super-intelligents qui vous admirez complaisamment dans la crasse du péché, votre malice et votre orgueil vous excluent pour toujours de la lumière de vie où habite le Seigneur saint !

50. Toutes les explications et toutes les expériences du monde et de nous-mêmes sont illusoires, car elles nous laissent ignorants, misérables et agonisants comme avant. Seuls l’amour et la science du TrèsHaut peuvent nous sauver des ténèbres de la mort.

50’. Tous les savants et tous les génies du monde n’examinent que le monde et ne connaissent que le monde ténébreux, aussi se contentent-ils des récompenses dérisoires du monde et vont-ils à l’oubli et à la mort du monde, comme les bêtes qu’ils méprisent et qu’ils exploitent.

51. Tout ce que les orgueilleux pensent des humbles chercheurs de Dieu et tout ce qu’ils leur font subir, est comme une pierre tombale qu’ils fixent sur leur propre dos de maudits.

51’. C’est la désobéissance et l’absorption d’un fruit mélangé qui nous ont précipités dans la mort. C’est l’obéissance et l’absorption d’un fruit pur qui nous rétabliront dans la vie.

52. Tous veulent améliorer leur sort d’agonisants, mais bien peu tentent d’échapper définitivement à cette condition lamentable.

52’. Tous se passionnent pour les affaires du monde impermanent, bien peu pensent à étudier la révélation prodigieuse des fils de Dieu.

53. Les saintes Écritures, qui enseignent à sortir de la mort, ennuient mortellement les morts. Par contre, tout ce qui les enfonce dans la mort les passionne et les enthousiasme sans mesure.

53’. Les passionnés de Dieu trouveront Dieu et sa vie. Les passionnés du monde trouveront le monde et sa mort agonisante. « C’est la fréquentation de Dieu qui nous fera trouver la paix de la maison de Dieu. »

54. Peu d’humains sont curieux de la révélation du mystère de la chute et de la rédemption, car peu d’hommes ont conservé le souvenir et le goût de la vie impérissable et pure du commencement.

54’. Nous n’obtiendrons que ce que nous désirerons et ce que nous demanderons vraiment, mais nous ne serons comblés que par la vie éternelle corporifiée en Dieu.

55. Il nous a été commandé de croire et d’aimer. Il ne nous a pas été défendu de chercher et de connaître, bien au contraire.

55’. La foi et l’amour nous gardent sûrement jusqu’au jour du pardon. L’enquête et le savoir nous mènent dès ici-bas à la vie éternelle, ou bien à la mort sans retour.

56. Malheur à ceux qui s’installent dans la boue de ce monde et qui s’endorment dans sa crasse, car ils ne verront pas luire la lumière du Parfait.

56’. Malheur à ceux qui s’oublient dans l’oisiveté ou dans le travail, dans le plaisir ou dans le désespoir, car leur lot sera la mort dont on ne revient pas.

Cherchez-moi et vivez.
Amos
Oh ! qui me donnera de savoir où le trouver, d’arriver jusqu’à son trône ?
Job

LIVRE XXV

Le livre que tu as reçu du ciel augmentera l’aveuglement de beaucoup d’entre eux, mais ne t’alarme point sur le sort des infidèles.
Coran
Je suis venu dans ce monde pour un jugement afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
Jésus

VIT EN URÉE

LA PIERRE

1. Celui qui rejoint le Seigneur de vie ici-bas est comme un fainéant que tous les travailleurs du monde ne sauraient égaler avec tous leurs travaux.

1’. Quel travailleur celui qui n’a de répit ni jour ni nuit dans la quête de la vie impérissable ! Quel fainéant celui qui repose dans l’unité vivante de l’Unique !

2. Toutes les réalisations intellectuelles sont illusoires, car elles ne chassent pas l’agonie de la mort qui nous étreint ici-bas.

2’. Seule l’incarnation palpable du Seigneur de vie peut nous délivrer de tout mal et de toute mort.

3. Un doigt écrasé, et voilà toutes nos belles philosophies qui explosent en cris de douleur et en gesticulations folles.

3’. Quand on lui plantait des clous dans les mains et dans les pieds, il n’analysait rien et il n’enseignait rien ; mais il pardonnait encore.

4. Oh ! les beaux discours. Oh ! les subtiles pensées. Oh ! le savant édifice. Oh ! la vacuité de l’esprit. Oh ! la sagesse du vide. Oh ! la transcendance du néant.

4’. Le soleil et la lune nous éclairent, la pluie et la rosée nous arrosent, mais nul ne comprend la prodigieuse doctrine de Dieu qui suffit à tout.

5. Un coup de pied au derrière judicieusement appliqué ramène heureusement les hommes des pires égarements de l’abstraction.

5’. Comme les singes savants qui caquettent sur le vide sont satisfaits d’eux-mêmes ! Rien que l’ombre du bâton, et les voilà tous regrimpés dans l’arbre de l’objectivité.

6. Les religions établies par les hommes nous proposent la désincarnation dans l’éternité des limbes.

6’. La religion révélée de Dieu nous propose l’incarnation dans l’éternité de la vie manifestée.

7. Puisque toute la création essaie de se survivre constamment, pourquoi chercherions-nous seuls l’annihilation dans la mort ?

7’. Il est bon d’espérer le salut futur en priant Dieu avec persévérance. Il est meilleur de chercher le salut immédiat en demandant l’aide de Dieu jour et nuit.

8. Malgré toutes les philosophies des hommes, une jambe cassée est une jambe cassée.

8’. Avec le salut de Dieu, un mort même peut redevenir vivant. Voilà qui est proprement incroyable !

9. Comme la nature est généreuse, comme elle est libre, comme elle est variée, comme elle est simple, et comme elle est cachée !

9’. Trop de règles dans nos têtes, trop de compas dans nos mains, trop de balances dans nos cœurs.

10. Très malins, vous avez trouvé le savon pour décrasser la peau, mais la crasse du dedans demeure sans remède devant votre malice.

10’. Comment pourrait-il disposer du pouvoir divin, celui qui n’est pas redevenu comme un petit enfant inoffensif ?

11. Certains hypocrites nous prêchent l’humilité avec une telle prétention que nous ne pouvons nous empêcher de rire en les voyant se débattre dans la boue où ils jouent les magisters triomphants.

11’. Ensuite, nous ne rions plus, car il transpire de ces faux humbles une fausse douceur, une fausse assurance, une fausse humilité et une fausse soumission, qui sont la puanteur du démon cachée sous le voile de la fausse sainteté.

12. Hypocrites vaniteux, gardez vos leçons pour vous-mêmes et mettez-les en pratique, ainsi vous n’aurez plus à les prêcher aux autres.

12’. Nous reconnaîtrons les hypocrites à ce qu’ils ne confessent jamais leurs fautes et à ce qu’ils ne rient jamais d’eux-mêmes.

13. Nul ne doit se servir du Livre pour faire la leçon à quiconque ou pour le reprendre, s’il ne le demande pas.

13’. La voie suffit à elle-même, car son odeur est suave et sa lumière est persuasive.

14. Il est cruel que la révélation de Dieu ait finalement engendré chez les croyants un sectarisme tellement aveugle qu’il fait obstacle à la révélation même. « Plus ils se croient instruits, plus ils deviennent ignorants. »

14’. C’est une dure punition que de garder l’écorce et d’ignorer l’amande à cause d’une fidélité aveugle et sourde. « L’idolâtrie des personnes empêche la compréhension profonde du mystère divin et sa réalisation ici-bas. »

15. Pénétrer, c’est un bon commencement. Être pénétré, c’est une bonne fin.

15’. Ouvrir, c’est un meilleur commencement. Être ouvert, c’est une meilleure fin.

16. Ceux qui disent : « Patientez et mourez » sont des criminels s’ils n’ajoutent pas : « Triomphez et vivez ».

16’. Ceux qui disent : « Triomphez et vivez » sont des criminels s’ils ne disent pas avant : « Patientez et mourez ».

17. Les gens d’église ont obscurci la révélation prodigieuse de l’Unique Splendeur de vie, mais ils l’ont conservée intacte, tandis que les ignorants qui sont sortis d’elle ont amputé et défiguré la révélation profonde du secret de l’incarnation salvatrice. « Il appartient aux croyants de creuser le trésor gardé au lieu de se coucher dessus. »

17’. Les philosophies d’hommes ne sont que des accommodements avec le monde où nous agonisons ; elles sont incapables de nous redonner la vie pure du commencement. Il vaut mieux être ignorant de tout plutôt que faire obstacle par de prétentieuses explications à la doctrine du ciel qui nous ressuscite miraculeusement.

18. Le saint se désincarne de la mort du monde. Le sage se réincarne dans la vie de Dieu.

18’. Quel est l’ignorant qui les oppose ? Quel est le connaisseur qui les unit ?

19. Beaucoup d’esprits faibles s’arrêtent à la mort du Seigneur et ne conçoivent pas clairement sa résurrection glorieuse. Ils sont sincères, mais ils sont aussi sinistres à l’extrême.

19’. Nous devons suivre le Seigneur au-delà de la mort sur la croix du monde, jusqu’à la résurrection glorieuse et jusqu’au couronnement céleste. Est-ce clair ?

20. L’humilité précède.

20’. Le triomphe suit.

21. La sainteté prépare.

21’. La sagesse accomplit.

22. Les ténèbres couvent.

22’. La lumière jaillit.

23. La mort sépare.

23’. La résurrection réunit.

24. L’exil nous instruit.

24’. Le retour nous fixe.

25. Nul ne peut aller à Dieu sans renoncer volontairement à la part du monde mélangé qu’il a reçue en partage.

25’. Celui qui ne meurt pas au monde ne peut pas ressusciter en Dieu, c’est la loi qui tranche, mais qui ne partage pas.

26. Le mystère de Christ, c’est le mystère de Dieu fait homme et le mystère de l’homme refait Dieu.

26’. Celui qui prétend parvenir au secret de la résurrection divine sans passer par la mort du monde mixte, court au crime et au désastre irréparable.

27. La vie du sage sort de la mort du saint comme la vie du papillon sort de la mort de la chenille qui devient chrysalide et ensuite, miracle de résurrection.

27’. Nos vies ressortiront semblablement du chaos de la lyse ténébreuse où se renouvelle le divin mystère de la création de Dieu. Que ceux qui savent réfléchir se penchent sur ce miroir obscur !

28. Les simples disciples nous montrent du doigt le mystère de l’incarnation divine.

28’. Les fidèles disciples nous mènent patiemment au mystère de la naissance divine.

29. Les saints disciples proclament dans le monde le mystère de la mort divine.

29’. Les sages disciples nous murmurent à l’oreille le mystère de la résurrection divine.

30. Nous avons quitté la vie céleste en traversant les ténèbres de la mort.

30’. Impossible de rejoindre la vie céleste sans retraverser les ténèbres de la mort.

31. Il ne nous appartient pas de couper le bois mort qui encombre le grand arbre de vie planté dans le monde. Le sang nouveau qui vient du ciel en sacrifice saint fera reverdir ce qui est demeuré vivant, et le bois mort tombera de lui-même.

31’. L’idolâtrie et le sectarisme, c’est prendre les apparences de la révélation pour la réalité du mystère de vie régénérée. « Tous les prophètes approuvent le Livre qui les confirme, et le Seigneur bénit le Livre qui le consacre. »

32. Celui qui parle à Dieu dans son cœur ne dispute pas dans le monde au sujet de la personne de ses envoyés.

32’. À force de disputer sur la prééminence des coupes, les croyants oublient de goûter l’ambroisie divine qu’elles contiennent.

33. Ouvrirons-nous la vue à ceux qui se sont appliqué un bandeau sur les yeux ?

33’. Nous parlons des croyants qui regardent aux personnes et pas aux mystères.

34. Ouvrirons-nous l’ouïe à ceux qui se sont enfoncé des boules dans les oreilles ?

34’. Nous parlons des croyants qui s’accrochent à la lettre et qui oublient l’esprit.

35. Ouvrirons-nous l’esprit à ceux qui se sont mis un sac sur la tête et placé un poids sur le cœur ?

35’. Nous parlons des croyants qui s’endorment dans les rites et dans les lois en négligeant l’amour et la connaissance de Dieu.

36. À présent, nous crions sur les toits ce qui se chuchotait jadis à l’oreille, car toute prudence est devenue inutile. L’ignorance des hommes en ce qui concerne les choses saintes et sages n’est-elle pas venue à son comble ?

36’. Parle-t-on pas ouvertement des secrets de Dieu devant les bêtes brutes ? À présent, les porcs s’écartent d’eux-mêmes de la plus petite goutte de rosée, et les chiens ne flairent plus l’odeur des choses saintes.

37. Dieu ne demande pas des esclaves établis dans la mort, mais des fils libérés dans la vie. Que ceux qui se sentent esclaves se conduisent en esclaves, mais qu’ils ne condamnent pas ceux qui, se sentant fils, se conduisent en fils !

37’. Sont-ce les morts et les agonisants installés dans ce siècle qui liront le Livre de la rénovation de la vie ? Non ! mais leurs enfants qui désirent le don palpable et non pas les promesses lointaines.

38. Beaucoup de croyants nous récitent leur belle leçon au sujet du sang de Christ qui sauve de la mort, mais savent-ils de qui ils parlent et de quoi il s’agit réellement ? Qu’ils cherchent premièrement le Seigneur et quand ils l’auront trouvé, ils agiront au lieu de disputer vainement.

38’. Feraient-ils pas mieux de chercher le sang de ce roi du ciel et de vivre, au lieu de s’arrêter aux habits de la vérité et de croupir dans la mort ? « Prêcher la formule de l’eau n’est pas donner à boire à ceux qui ont soif. »

39. Les incroyants ont envie de leur ouvrir le crâne, ce qui est grave.

39’. Les connaisseurs ont envie de leur ouvrir l’esprit, ce qui est encore plus grave.

39’’. Le Seigneur Dieu ouvrira peut-être le cœur à quelques-uns ?

40. Christ est vivant et il revient quelquefois sur la terre, mais peu le voient, peu le reçoivent et peu le goûtent en vérité. Révélation incroyable, qui nous fait trembler de joie et d’espérance.

40’. Les croyants libres peuvent le recevoir et vivre, les autres crient au scandale et repoussent le don divin, car ils se sont établis dans la mort et ils ont relégué l’actualité du Seigneur dans les limbes de l’oubli.

41. Les croyants orgueilleux ont cloué le maître doré au nom de la loi ancienne qu’il expliquait et qu’il réalisait devant eux.

41’. Les croyants vaniteux ne remarqueraient même pas le maître saint et sage s’il expliquait et s’il réalisait à nouveau l’évangile devant eux.

42. Oh ! malédiction de l’aveuglement des croyants trop savants de la lettre.

42’. Oh ! double malédiction de l’aveuglement des croyants trop ignorants de l’esprit.

43. Plus nous nous rapprochons de Dieu, plus nous nous éloignons du monde ; c’est la marque qui ne trompe pas, car plus nous nous rapprochons du monde, plus nous nous éloignons aussi de l’Unique.

43’. Nous ne prêchons pas une doctrine d’abandon et de dissolution dans la mort ; nous prêchons une doctrine de purification et de coagulation dans la vie.

44. Les passions mondaines s’opposent catégoriquement à la quête du Seigneur de vie.

44’. Arrière de Dieu, politiques et patriotes, financiers et savants, sectaires et moralistes, conquérants et dominateurs !

45. Nulle violence ne doit être faite à quiconque refuse de reconnaître Dieu, car ce serait l’enfoncer dans une mort encore plus opaque.

45’. Les échecs et les privations ne servent utilement que ceux qui ont la volonté de chercher Dieu, car cela leur évite de se perdre dans le monde.

46. Ce que nous disons des représentants actuels des églises est pour le bien de tous ; il suffit de lire attentivement le Livre, car notre quête est le gage de notre amour du mystère seigneurial.

46’. Nous ne sommes pas là pour enchaîner les prisonniers ni pour achever les malades, mais plutôt pour les libérer et pour les guérir dans l’amour du beau Seigneur de résurrection.

47. L’Église du Seigneur de vie nous est chère et précieuse comme la pierre sur laquelle elle est fondée, et nous prions Dieu afin que ses représentants reviennent à la simplicité de celui qui l’a établie.

47’. Cela doit ouvrir les yeux à beaucoup de ceux qui se cramponnent vainement aux ruines mortes et qui ne voient pas le cœur vivant de leur fondation.

48. Le sang du Bien-Aimé est un sang qui sauve et qui se sauve. Ne voyons-nous pas, n’entendons-nous pas la sainte cohorte des transfigurés et des ressuscités qui bénissent Dieu dans leur cœur pour l’éternité ?

48’. Les doux chercheurs seront sauvés, mais les violents aussi, car le sang du Seigneur de vie réchauffe ou brûle tour à tour comme le feu du ciel qui féconde, et comme le feu de la terre qui purge.

49. La chute de l’homme a un but divinement élevé, qui est l’acquisition d’un corps bas et sa glorification en Dieu.

49’. Ceux qui prêchent le rejet du corps perdent aussi l’esprit, et il leur faut subir à nouveau l’incarnation dans des ténèbres encore plus opaques.

50. Laissons vivre librement parmi nous ceux qui se vouent à l’étude des mystères de Dieu, et entretenons-les modestement, afin que la bénédiction de Dieu déborde aussi sur nous.

50’. Christ a laissé à ses disciples connus la garde de sa parole sainte, mais il a aussi laissé à ses disciples secrets la garde de sa parole sage.

51. Ceux qui transmettent le dehors de la révélation divine ne doivent pas jalouser, ni renier, ni persécuter ceux qui transmettent le dedans, car ils sont frères dans l’unité du secret de l’Unique.

51’. L’une et l’autre parole se complètent dans l’unité de la révélation divine, comme les disciples connus et inconnus se complètent dans l’unité de la communion de vie.

52. Celui qui possède l’esprit de vie condensé dans le sang rutilant du Sauveur céleste, identifie les symboles, les personnes et les rites dans l’unique vérité de vie.

52’. Nous voudrions ne pas scandaliser les croyants en dépassant les images, les personnes et les rites qui cachent le mystère de la régénération de l’humanité et de la création égarées.

53. Pas de salut pour les brutes qui se complaisent dans la bestialité et dans les excréments du monde.

53’. Cela est réservé pour les simples enfants de Dieu qui suivent sa voie droite.

54. Qu’importe si nous ne savons ni le pourquoi ni le comment du mystère de vie, pourvu que nous goûtions son fruit saint qui sauve de la mort. « Il y a les croyants. Il y a les possesseurs, et il y a les connaisseurs. »

54’. Un seul connaît le pourquoi, c’est celui qui EST. Quelques-uns connaissent le comment, ce sont ceux qui opèrent. Un petit nombre connaît la saveur, ce sont ceux qui reçoivent. Beaucoup connaissent la chaleur, ce sont ceux qui croient.

55. Celui qui ne croit pas à Dieu n’approchera pas Dieu.

55’. Celui qui ne croit pas à la science de Dieu ne trouvera pas Dieu.

56. Dieu tend les mains à tous ses enfants, mais ceux qui se croient parvenus au faîte de l’échelle de la révélation ne tendent plus les leurs vers lui, et ainsi ils demeurent arrêtés dans leur ascension et font des discours pour prêcher aux autres ce qu’ils ne connaissent pas eux-mêmes en réalité.

56’. Nul ne peut accéder à un échelon supérieur s’il ne le voit ou s’il ne le sent assez nettement pour oser abandonner l’échelon inférieur, sans risquer de se trouver dans le vide et de retomber dans la mort. Ainsi nous ne devons forcer ni violenter quiconque dans le dépassement des images de sa foi, sous peine de le stériliser ou de le faire tomber.

57. Nous vous proposons de monter et d’approfondir. Nous ne vous proposons pas de vous endormir dans le monde, fût-ce sur l’oreiller de la foi. Que ceux qui veulent dormir dorment et qu’ils nous épargnent leurs vaines explications et leurs vains sermons !

57’. Le maître n’a-t-il pas dit : « Nul ne peut venir au Père si le Père ne l’attire pas à lui » ? Eh bien ! nous vous disons à présent : « Nul ne peut trouver le Seigneur du ciel s’il ne l’incarne en soi-même ».

58. Les RACINES de l’arbre de vie…

58’. sont comme le TRIO VIL qui unit le ciel et la terre.

Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon. Ne prenez pas garde à mon teint noir, c’est le soleil qui m’a brûlée.
Salomon
Sans nom, il est à l’origine du ciel et de la terre ; avec un nom, il est la mère de tous les êtres.
Lao t’seu

LIVRE XXVI

Nous avons créé l’homme du noir limon de la terre.
Coran
S’ils avaient eu la connaissance des choses cachées, ils n’auraient pas été soumis si longtemps à un travail servile.
Coran

VIENT RUÉE

L’ÉLECTION

1. Ceux qui ignorent les livres saints vivent et meurent comme des bêtes qui passent et qui disparaissent dans le bourbier de la mort. Ceux qui les repoussent finiront dans un enfer mille fois pire.

1’. Les belles et les bonnes choses de ce monde ne sont appréciées que par quelques-uns. Comment les choses saintes et sages pourraient-elles être connues par la multitude des ignorants satisfaits d’eux-mêmes ?

2. Ton salut est difficile à approcher, Seigneur, et il est impossible à atteindre si nous nous heurtons aux complications de ceux qui le prêchent et à l’ignorance de ceux qui l’enseignent.

2’. Les églises seraient bien nécessaires pour transmettre le saint flambeau de l’amour, et les monastères seraient bien utiles pour garder le feu saint de la connaissance.

3. Nous devons persévérer dans notre quête jusqu’à la fin avec une confiance aveugle, car celui qui a parlé une fois au Seigneur dans son cœur, n’est plus jamais abandonné ni solitaire dans ce monde.

3’. C’est la sainte fainéantise qui nous rend attentifs et libres au verbe de Dieu, et c’est la sainte ignorance qui nous rend transparents et réceptifs à son rayon de vie.

4. Oh ! le bouton de rose. Oh ! les feuilles à terre.

4’. J’ai dormi hors de lui dans la mort, mais lui ne s’oublie jamais nulle part.

5. Plus de sac sur la tête, plus de coups aveugles, plus de douleurs et plus de cris.

5’. Qui peut marcher parmi les morts sans les heurter et sans se laisser heurter par eux ?

6. Le soleil est venu après les brumes du long hiver, et je lui souris en tendant les bras comme un petit enfant qui salue la lumière de sa naissance.

6’. Qui pourrait me séparer de mon Seigneur, à présent ? Et qui pourrait obscurcir sa lumière dans mon cœur ? Les nuages passent encore, mais ils ne demeurent pas.

7. Celui qui EST redevient sans avant et sans après, sans pourquoi et sans comment.

7’. Qui peut flotter dans le grand océan sans s’agiter et sans crier au secours ?

8. Il arrive qu’une fleur reçoive la fiente d’un oiseau, mais la pluie la nettoie bientôt ; quand un croyant reçoit une distinction du monde, il est rare que l’humilité le nettoie aussi rapidement.

8’. La vie mélangée de mort est agonie et souffrance, mais la vie pure est liberté infinie en soi-même, et la vie fixée dans l’Unique est joie et gloire éternelles.

9. Le Livre n’est pas pour les gens diplômés qui se prennent au sérieux et qui s’organisent dans l’agonie du monde avec l’aide des brutes.

9’. Qu’il leur tombe des mains, et que leurs yeux et leurs oreilles demeurent bouchés par leur vaniteuse prétention !

10. Le fait d’absorber la science profane du monde engendre l’aveuglement qui éloigne de Dieu et de sa révélation prodigieuse.

10’. Nous nous abandonnons dans les mains de Dieu, non pas pour nous établir dans l’inaction de la mort, mais pour recevoir le don magnifique de la vie impérissable et pure.

11. Pour ne plus avoir ni craintes ni soucis, il faut être devenu capable de tout demander à Dieu et de tout obtenir de lui. Mais cela n’est donné qu’à très peu d’enfants de Dieu, à cause de l’impureté de nos cœurs.

11’. Les mortels passent comme l’herbe qui naît et qui meurt, mais les immortels demeurent comme le soleil bien-aimé dans l’éternité de la vie fixée en Dieu.

12. Rien pour les morts qui demeurent dans la mort. Tout pour les vivants qui se fixent dans la vie.

12’. Qui naîtra à la gloire impérissable de Dieu ? Qui ? Qui ? Si peu ! Si peu ! Quel poids ! Quel poids !

13. Il y a deux voies de retour en Dieu : soit la dissolution dans la vie universelle et libre, soit la coagulation en elle.

13’. La première voie est enseignée par beaucoup et réalisée par quelques-uns. La seconde voie est enseignée par quelques-uns et réalisée par bien peu.

13’’. Celui qui les sépare est ignorant. Celui qui les unit est sage.

14. Redevenir non né ou naître deux fois, sinon demeurer prisonnier des alternatives des morts et des naissances dans les mondes mixtes.

14’. Vaincre ou mourir, telle est l’alternative qui nous est proposée par Dieu. Le ciel salue par ses chants les renoncés-libérés, mais il adore les vainqueurs-incarnés.

15. L’Église est une bonne chose, mais ceux qui la compliquent, qui la divisent et qui l’obscurcissent sont une mauvaise chose que nous ne devons pas confondre avec la bonne. « Le Seigneur reconnaît les siens dans le secret de leurs cœurs. »

15’. C’est l’Église du dedans, immortelle et pure par l’union des saints en Dieu, que nous devons honorer dans nos cœurs et non pas l’Église du dehors, temporelle et souillée par les hommes, que nous devons idolâtrer dans le monde.

16. Quelle défaite et quelle fausse paix que l’abandon de soi dans ce monde corrompu par la mort !

16’. La paix des bêtes préconisée par certains ne saurait jamais être la paix de Dieu proposée par Dieu.

17. Notre but n’est pas de cesser d’être par la dissolution dans l’origine ni de nous contenter d’agoniser sans fin dans l’impermanence de la création mélangée, mais plutôt, de devenir éternels dans la stabilité que rien ne peut entamer. Voilà qui est clair !

17’. Notre repos, notre renoncement et notre ignorance ne sont valables que s’ils nous permettent de voir, de comprendre et de palper le mystère de l’incarnation divine, qui nous sauve seul de l’abrutissement de la mort.

18. Tout est inutile et vain ici-bas, excepté le salut de Dieu, mais qui s’en préoccupe valablement à présent ?

18’. Qui est assez sage pour abandonner les vaines occupations du monde ? Qui est assez fou pour se consacrer à la quête du Seigneur de vie ?

19. Tout l’or du monde pour ceux qui cherchent la science de mort. Pas un secours pour ceux qui cherchent la science de vie.

19’. Si les sanctuaires ne peuvent plus enseigner la science de Dieu à ceux qui en ont vraiment faim et soif, c’est parce qu’ils sont devenus des tombeaux habités par des morts.

20. Que les gardiens qui ne peuvent transcender les figures, les symboles et les rites de leurs religions, n’empêchent pas ceux qui cherchent le salut de Dieu d’aller au-delà des apparences destinées à contenir les profanes.

20’. Il suffit déjà bien des incroyants qui, ne pouvant dépasser les apparences du monde transitoire, tentent de tout violenter pour découvrir son contenu en niant le salut de l’Unique Splendeur.

21. Les églises chargent les croyants jusqu’à l’absurde et finissent par décourager les meilleurs et par éliminer les vivants, à force de réglementations mortes et d’exigences imbéciles.

21’. Les prophètes déchargent les croyants et libèrent les vivants dans la grâce et dans l’amour de Dieu. C’est pourquoi ils sont haïs par les morts installés dans la lettre morte.

22. Sans les savants et sans les ouvriers, les livres de science sont inutiles.

22’. Sans les sages et sans les saints, les livres de salut sont vains.

23. La résurrection recommence et elle est déjà recommencée, comme une nouvelle promesse de Dieu. Voilà un signe merveilleux pour ceux qui comprennent.

23’. Le temps de la purification par le feu arrive et celui de la purification par l’eau suit, et le temps de la fécondation céleste est caché entre eux.

24. Dieu n’est pas une abstraction délirante de l’esprit humain, comme les descriptions de certains croyants pourraient le faire croire. C’est une réalité vivante qui se voit, qui se sent, qui se palpe, qui se goûte et qui donne la vie impérissable. N’est-ce pas suffisant et n’est-ce pas merveilleux ?

24’. Quelqu’un a dit : « Personne n’a jamais vu Dieu », mais nous disons : « Tous voient Dieu journellement, mais nul ne le reconnaît ». Oh ! stupeur de l’évidence éclatante que nul ne voit ! Oh ! humour trop cruel du Parfait qui resplendit ! Oh ! stupidité maudite de notre orgueilleuse malice qui nous aveugle totalement !

25. Seule l’évidence de la vie n’est pas vue et n’est pas crue ici-bas. Il est vrai que l’évidence de la mort n’est pas mieux entendue.

25’. Même les simples ne voient plus et n’adorent plus le Seigneur de vie. Qui nous enverra un missionnaire sauvage pour nous convertir à l’évidence et à l’amour du Très-Haut ?

26. Tout ce que nous disons de Dieu et tout ce que nous en pensons, est faux. Seul ce que Dieu est et seul ce que Dieu fait, est véritable.

26’. Ceux qui se représentent Dieu à leur image, sont tout à fait aveugles et ignorants. Ils recréent vainement sur la terre ce qui les éblouit dans le ciel.

27. Dieu n’est pas une hypothèse, c’est une nuée incandescente, c’est une pierre translucide, c’est une réalité vivante à jamais.

27’. Aucune image ne saurait nous donner une idée de la beauté vivante de l’Unique Splendeur céleste.

28. Il y a des imbéciles qui tentent de prouver, par des mots, l’existence ou la non-existence de Dieu. C’est assurément la chose la plus drôle du monde, ou la plus triste.

28’. Comment peut-on démontrer l’eau aux poissons, si ce n’est en les en retirant momentanément ? Et comment peut-on démontrer la lumière aux hommes, si ce n’est en les plongeant un temps dans les ténèbres ?

29. Retourner à la vie inconditionnée et inconsciente, ou parvenir à la vie conditionnée et consciente.

29’. Suprême mystère : un jour les disparus dissoudront les retrouvés, et les retrouvés coaguleront les disparus.

30. Le monde n’a jamais été aussi arriéré qu’à présent. Cela paraîtra étrange à beaucoup, mais c’est une terrifiante réalité.

30’. Ceux qui sont devenus insensibles à la beauté de la création de Dieu, ne peuvent plus être sensibles à la beauté directe de Dieu.

31. Le Seigneur du ciel nous voit. Il nous entend et il nous approuve. Que ferons-nous donc de l’approbation ou de la désapprobation de ceux qui se sont chargés de transmettre sa doctrine publique dans le monde et qui ne l’observent pas ?

31’. Le Seigneur du ciel nous voit. Il nous inspire et il nous féconde. Que ferons-nous donc de l’approbation ou de la désapprobation de ceux qui se sont chargés de transmettre sa doctrine secrète dans les cœurs et qui ne l’entendent pas ?

32. Nous n’avons traité aucun étranger de « chien » et nous n’avons réservé la table du Seigneur pour aucun peuple en particulier. Tous peuvent s’y asseoir, s’ils le désirent sincèrement dans leurs cœurs. N’est-ce pas la pensée de la sainte Église de Dieu à présent ?

32’. Les étrangers fidèles sont devenus des enfants de Dieu aimés, et les enfants rebelles sont devenus des étrangers haïs ; c’est une dure leçon qui doit nous garder soigneusement de tout reniement et de tout oubli du Seigneur de vie.

33. Il y a des assoiffés et des affamés de Dieu dans tous les peuples et dans toutes les nations. Ceux-là se choisissent et se trient eux-mêmes, et le Seigneur leur ouvre la porte du banquet de vie quand ils se présentent saintement à lui.

33’. Les inspirés de Dieu chercheront ce qui s’accorde dans les saintes Écritures et ils vivront. Les inspirés du démon chercheront ce qui se contredit et ils périront. Car chacun sera jugé par son propre œil et par son propre cœur.

34. Le Livre de la lumière est offert aux noirs dans un temps obscur ; nos frères les mineurs ne le recevront-ils pas aussi ?

34’. Le Livre savant est à présent donné aux simples, comme autrefois le Livre de la simplicité a été donné aux savants.

35. À présent, nous offrons le Livre de la résurrection aux humbles, aux humiliés, aux repoussés, aux noirs, afin que les maîtres deviennent esclaves et afin que les esclaves deviennent maîtres. « Le don de Dieu ne doit plus être offert aux repus qui le repoussent, mais plutôt aux affamés qui en attendent le salut. »

35’. Vous étiez sans Livre, sans prophète et sans Écriture et vous languissiez comme le rebut de l’humanité. Dieu vous envoie le fleuron de sa couronne et la perle de son trésor parce que vous voilà humbles parmi les humbles et pauvres parmi les pauvres. Ne les recevrez-vous pas avec transport et avec amour, et ne vivrez-vous pas saintement devant lui ?

36. Les héritiers peuvent bien ignorer ou repousser leur héritage parce qu’ils se croient assez instruits de leur religion ou assez savants de leur science. Leur orgueil et leur malignité ne forceront pas le don de vie du Très-Haut, et leur intelligence sera humiliée, et leur liberté sera retirée à la fin. Reviendront-ils pas humblement à Dieu dans leurs cœurs plutôt que demeurer esclaves sur une terre étrangère ?<

36’. Les puissants, les savants, les riches et les intelligents du monde ont méprisé et repoussé le don du ciel. Serez-vous pas plus avisés et plus reconnaissants envers le Seigneur qui vous offre gratuitement la vie impérissable ? Oh ! la face des puissants quand ils se découvriront sans force ! Oh ! la tête des savants quand ils se découvriront imbéciles ! Oh ! la figure des riches quand ils se découvriront misérables ! Oh ! le chef des intelligents quand ils se découvriront stupides !

37. Les croyants vaniteux repoussent le nouveau message, car ils n’ont pas encore compris l’ancien qu’ils conservent stérilement enterré dans la mort des lettres et des pierres au lieu de l’incarner dans la vie des esprits et des cœurs.

37’. Étanchez votre soif, simples enfants de Dieu, et baignez-vous dans l’eau de vie qui ne tarit jamais, pendant que les orgueilleux et que les rassurés du monde agonisent dans la puanteur de la mort. « Chacun choisit son lot, et nul ne pourra récriminer à la fin. »

38. Vous deviendrez glorieux et vous dominerez vos anciens maîtres, car le règne de l’Esprit Saint approche. Traitez-les bien, en souvenir de celui qui vous a donné le Livre de la gloire.

38’. Recevez parmi vous comme des égaux ceux qui l’auront adopté dans leur cœur, car beaucoup parmi eux ont aussi reçu comme des égaux ceux d’entre vous qui ont adopté leurs Écritures dans leurs cœurs.

39. Les Sémites esclaves ont hérité des Égyptiens orgueilleux le secret de Dieu, et ils sont devenus libres et glorieux. Les Occidentaux ont hérité des Sémites orgueilleux le secret de Dieu, et ils sont devenus libres et glorieux.

39’. Les Noirs esclaves héritent à présent des Occidentaux orgueilleux le secret de Dieu, et ils vont devenir libres et glorieux. Sauront-ils demeurer humbles devant Dieu afin de garder l’amour du Très-Haut ?

40. Nous voilà tombés dans la boue, mais nous pouvons choisir de revenir à l’eau libre ou de nous fixer dans la pierre précieuse.

40’. Ainsi les délivrés vont à l’eau mère et les sauvés vont à la pierre sainte, mais les maudits demeureront dans la boue puante.

41. « Pas de crasse dedans, mais pas de crasse dehors non plus. » Il vaut mieux un saint purifié recouvert de boue, qu’un méchant parfumé rempli d’ordure, mais le sage se tient net au-dedans et au-dehors.

41’. Tout est venu du rouge pour aller au noir en passant par le jaune et le blanc. Tout retournera au rouge en partant du noir et en passant par le blanc et le jaune.

42. Il t’a plu, Seigneur Dieu, de nous envoyer au peuple des humbles et des doux, au peuple des simples enfants qui croient en ton saint Nom de vérité et qui t’aiment dans leurs cœurs. Les feras-tu pas briller au-dessus de l’orgueil des rebelles qui enterrent ta parole inspirée ? Les abreuveras-tu pas à ta source sacrée qui sauve de la mort ?

42’. Quelle surprise pour les peuples rebelles qui croient tout s’approprier par la force et la violence, quand ils se verront renversés sur la terre au milieu de leurs ruines fumantes ! Quel étonnement pour eux quand ils verront le peuple choisi de Dieu ressortir indemne du brasier mouvant de l’extermination ! Et quelle épouvante quand ils verront les flammes les poursuivre et les engloutir sans pardon !

43. Nous avons écrit le Livre sous l’inspiration de Dieu, sans savoir à qui il était destiné. Le Seigneur nous l’a révélé au dernier moment et notre étonnement a été grand, et notre admiration a été sans borne, car si les voies du Seigneur sont impénétrables, sa logique est éclatante et elle illumine l’esprit des croyants. « Il donne aux pauvres véritablement. »

43’. Les peuples qui nous entourent se croient trop forts pour recevoir le Livre de la grâce de Dieu, mais en réalité ils sont trop malades et trop pervertis. Ils se croient trop justes pour recevoir le Livre de l’amour de Dieu, mais en réalité ils sont trop pécheurs et trop infidèles. Ils se croient trop savants pour recevoir le Livre de la connaissance de Dieu, mais en réalité ils sont trop orgueilleux et trop ignorants.

44. Les repus du monde nous ont laissé sans secours, car leurs cœurs sont demeurés clos en échange du message, et leurs mains sont demeurées fermées en échange de notre travail. Qu’il leur soit donc fait comme ils nous ont fait, et qu’ils manquent un jour du nécessaire au milieu de l’abondance des ralliés de Dieu !

44’. Le Livre de la plénitude est enlevé aux repus et il est donné aux affamés, afin qu’ils soient comblés, mais non rassasiés. Ô pauvres, ô humbles, ô simples enfants de Dieu, offrirez-vous pas le pain et le vin à celui qui vous offre la substance et l’essence de la vie céleste ?

45. L’Esprit Saint est meilleur que tous les diplômes et que tous les grades de vanités distribués par le monde. Entretenons-le donc parmi nous et ne nous laissons pas séduire par la science profane qui éloigne de l’amour et du salut de Dieu.

45’. Entraidons-nous de toutes les manières possibles et gardons-nous soigneusement des incroyants qui rejettent le Livre qui nous est donné, en prônant la science impie. Demeurons un peuple de saints libres, consacrés à Dieu.

46. Réjouissons-nous de la bonne nouvelle, car le cent dixième jour du soleil et le septième jour de la lune, un prophète nous a été donné et un Livre nous a été offert pour nous guider vers le Seigneur de vie et pour nous réconforter dans ce monde obscur.

46’. Ainsi nous ne sommes plus orphelins ni abandonnés dans l’exil de la mort, et la porte du salut nous est ouverte en particulier après tant d’autres. Saurons-nous pas y pénétrer en grand nombre, en demeurant fidèles à notre héritage saint ?

47. La foi, la simplicité et la sobriété nous conserveront en vie plus sûrement que la science, que le progrès et que l’abondance du monde profane qui va à la mort sans le savoir. « Recevrons-nous le don de Dieu avec intelligence ? »

47’. Nous vous donnons la pierre du couronnement qui achève l’édifice saint et sa lumière illuminera les nations, car la pierre de fondation est comme la pierre de faîte, et la pierre de faîte est comme la pierre de fondation dans l’unité de l’Un.

48. Les savants et les intelligents nient l’évidence du miracle de Dieu, et les croyants orgueilleux le clouent dans le temps sans voir qu’il se renouvelle constamment sous leurs yeux d’aveugles.

48’. Le maître n’a-t-il pas dit : « Celui qui tombera sur la pierre de fondement sera brisé, et celui sur qui la pierre de faîte tombera, elle l’écrasera » ? L’entendons-nous plus ?

49. Beaucoup ont été brisés à cause de l’impureté de leurs cœurs qui les a empêchés de reconnaître la pierre de fondation plantée en terre.

49’. Beaucoup seront écrasés par la pierre du faîte à cause de l’impureté de leurs yeux qui les empêchera de la voir tomber du ciel.

50. La pierre de fondement est une pierre cubique, et la pierre de faîte est une pierre pyramidale. Le saviez-vous ?

50’. Nous n’avons rien ajouté et nous n’avons rien retranché. Le voyez-vous ?

51. Quand nous serons redevenus innocents et purs comme de petits enfants, nous regarderons aussi tout face à face et nous verrons luire la vérité du Parfait, car nous serons transparents et précieux comme le diamant.

51’. Seuls les fils de Dieu attirent les enfants innocents et lisent dans leurs yeux, et seuls les enfants innocents attirent les fils de Dieu et lisent dans leurs cœurs. C’est une marque qui ne trompe pas.

52. La malédiction qui pesait sur les fils de Cham est levée pour ceux qui reçoivent le Livre du pardon et qui le gardent dans leurs cœurs.

52’. Dieu nous a donné la part la plus méprisée de l’humanité, mais n’est-ce pas aussi la plus cachée et la meilleure ? N’est-ce pas la plus fidèle et la plus reconnaissante ?

53. Obéissant à la voix de Dieu, nous vous ramassons pieusement comme un don très saint, malgré l’opprobre dont vous êtes enveloppés, et nous vous lavons dans les larmes de la joie du Seigneur retrouvé.

53’. Dieu ne regarde pas à la couleur de vos peaux, mais seulement à la pureté de vos cœurs. Ne viendrez-vous pas à lui qui se donne à vous sans mesure ? « Ô royauté de l’amour innocent, tu attires l’innocence et tu la fixes dans la pureté de l’amour. »

54. Le Livre neuf pour le peuple neuf. L’abondance du ciel pour les affamés et pour les assoiffés de la terre.

54’. Pour les gorgés de nourritures, pour les repus de savoir et pour les débordants de malice, la purge de la mort suffit bien.

55. Gardons-nous de la multitude des drogues et des médicaments des trop savants qui tuent le corps.

55’. Mangeons et buvons modérément en remerciant le Seigneur qui nous donne la vie et qui l’entretient.

56. Gardons-nous des jeux de hasard et de l’alcool des trop cupides qui tuent l’esprit.

56’. Chantons et dansons plutôt et réjouissons-nous avec nos épouses, sans hypocrisie, dans le Seigneur.

57. Gardons-nous des radios et des journaux des trop malins qui tuent l’âme.

57’. Lisons le Livre de la délivrance qui nous est dédicacé, et composons des louanges au Seigneur qui nous l’envoie.

58. Les peuples repus ont repoussé le message et le messager.

58’. Les peuples affamés les recevront peut-être plus généreusement ?

59. Pas le prix d’un canon, pas le prix d’un obus, pas le prix d’une cartouche pour le Livre qui plaide devant Dieu la vie de tous les hommes perdus dans le monde.

59’. Si nous louons Dieu à cause du serviteur de Dieu, c’est une grande joie, un grand honneur et une grande récompense pour lui et pour nous.

59’’. Mais comment ce peuple imbécile et rebelle sera-t-il sauvé, malgré l’ahurissante patience du Très-Haut ?

La voie du ciel est semblable à l’archer qui, en tendant son arc, abaisse ce qui est haut et élève ce qui est bas.
Lao t’seu
Le pur paraît couvert de honte. Ce qui est précieux a pour origine ce qui a peu de valeur, et ce qui est élevé est fondé sur ce qui est bas.
Lao t’seu

LIVRE XXVII

Il se trouve sur la terre des prêtres chargés de célébrer un culte qui n’est que l’image et l’ombre des choses célestes.
Paul
Voici un mystère que je vous révèle, nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés.
Paul

UN IVER ÉTÉ

LE TEMPS

1. Tout malheur qui nous frappe ici-bas est une merveilleuse occasion d’ascèse pour retourner en Dieu si nous savons l’accepter allégrement au lieu de le repousser. Mais beaucoup préfèrent retourner se vautrer dans la boue du monde.

1’. Si l’orgueil aveugle des organisateurs de ce monde et l’atrocité absurde de la mort ne nous ramènent pas vers Dieu, comment les paroles du Livre pourront-elles jamais être entendues par les hommes exilés sur cette terre obscure ?

2. Combien peuvent comprendre cela sans se scandaliser dans leurs esprits et dans leurs cœurs d’aveugles et de sourds ?

2’. Ne nous endormons pas dans les petits bonheurs de ce monde, car ils passent vite et le malheur qui suit semble sans fin.

3. Nous n’avons pas à juger ce qui nous arrive. Il nous appartient seulement de nous en servir sans discuter, afin d’atteindre Dieu et son salut le plus vite possible.

3’. Prenons bien garde à utiliser immédiatement tout ce qui nous arrive pour notre sauvetage en Dieu, ainsi nous éviterons la révolte qui nous enfonce dans l’absurdité de la mort, et la résignation qui nous y fait stagner.

4. S’attacher à sa maison, à son bureau, à son atelier, à sa caserne ou à son monastère, c’est la même chose.

4’. S’accoutumer à la prison ou s’accoutumer au monde déchu, c’est la même chose, car la meilleure organisation ne nous en sauvera pas.

5. Les saints séparent et unissent les choses dans le ciel. Les savants séparent et unissent les choses sur la terre.

5’. Il est difficile par-dessus tout de séparer et d’unir les choses du ciel avec celles de la terre. Seuls les sages y parviennent, avec l’aide de Dieu.

6. Il n’y a aucun danger à prier afin de recevoir le don de Dieu, mais il y en a un considérable à essayer de découvrir le secret de l’Unique. Beaucoup y ont trouvé l’impiété, la folie ou la mort.

6’. Il y aura beaucoup d’aimés qui seront sauvés, mais il y aura peu de possesseurs qui seront établis dans la gloire et presque pas de connaisseurs qui seront unifiés dans l’Unique Splendeur.

7. Laissons les croyants orgueilleux qui veulent faire la leçon aux autres et qui se croient automatiquement sauvés par les formules et par les symboles de leur religion, qu’ils confondent stupidement avec la réalité vivante du don de Dieu.

7’. Considérons leurs sermons, mais considérons aussi la boue qui les couvre de la tête aux pieds et nous entendrons qu’ils ne prêchent pas comme des sauvés, mais qu’ils crient comme des perdus. Ils illustrent, sans le savoir, la parabole des aveugles conduisant d’autres aveugles.

8. Beaucoup parmi ceux qui ont vu, qui ont entendu et qui ont touché le Seigneur, n’ont pas connu sa doctrine cachée. Comment ceux qui nous prêchent à présent par images pourraient-ils soupçonner le secret vivant qui les anime toutes ?

8’. Que ceux-là soient prudents, qu’ils soient humbles et qu’ils soient timides en nous faisant la leçon sur le Seigneur qui sauve de la mort ; car eux-mêmes ne sont encore ni sauvés ni éclairés en Dieu.

9. Les cendres des impies et des méchants qui meurent ancrés dans leur méchanceté et dans leur négation de Dieu, seront dispersées dans les six directions ou elles seront abandonnées dans la terre, avec défense de revenir parmi les croyants soumis à Dieu.

9’. Les cendres des croyants et des charitables qui meurent confirmés dans leur foi et dans leur amour en Dieu, seront réunies afin d’être honorées dans chaque foyer, sur l’autel de pierres brutes consacré à Dieu.

10. Nous cherchions la pierre glorieuse du couronnement dans le ciel, mais le Seigneur nous a fait voir la pierre humble du fondement qui se trouvait à nos pieds, afin que nous la ramassions dans les ténèbres de la mort et que nous l’amenions à la lumière de la vie.

10’. Serons-nous pas reconnaissants envers le Seigneur qui nous regarde amoureusement malgré notre noirceur ? Serons-nous pas confus d’être l’objet de l’amour fécondant du TrèsHaut ? Serons-nous pas ressuscités dans la gloire par la parole de vie du tout-puissant qui nous désire comme enfants surnaturels ?

11. La pierre du fondement est la plus méprisée, parce qu’elle est obscure, mais c’est la plus précieuse, car toutes les autres sont cachées en elle.

11’. Ainsi le peuple noir est le plus méprisé, mais c’est aussi le meilleur, car il fera briller tous les autres dans le Seigneur retrouvé.

12. Le Livre n’est pas pour ceux qui se croient sauvés, mais pour ceux qui veulent être sauvés.

12’. Nous ne sommes pas venu donner à boire à ceux qui se noient, ni donner à manger à ceux qui vomissent leur trop-plein.

13. Nous ne sommes pas venu donner l’eau à ceux qui croient stupidement se désaltérer en récitant la formule de l’eau et qui repoussent la coupe de la vie.

13’. Le Seigneur nous décharge des obligations minutieuses, afin qu’ayant été les plus esclaves dans la mort, nous devenions les plus libres dans la vie sainte.

14. Nous laisserons nos morts quatre jours au tombeau afin qu’ils puissent ressusciter en particulier. Après quoi, nous les brûlerons afin que leurs cendres rejoignent les cendres des ancêtres jusqu’au grand jour de la résurrection générale.

14’. Que celui qui désire participer à la figure des sacrements au milieu de ses frères, le fasse librement, et que celui qui désire y participer en secret dans le Seigneur, le fasse aussi librement, sans que nul juge le choix de l’un ou de l’autre.

14’’. Seuls les corps corrompus seront consumés par le feu ou enterrés à même la terre. Les corps saints qui demeurent en bon état seront conservés précieusement jusqu’au temps de la résurrection.

15. Que les pères instructeurs et juges aient au moins soixante ans, que les frères conseillers et gardiens aient au moins quarante ans et que les croyants qui choisissent librement le joug léger du Seigneur, aient au moins vingt ans. Mais le Saint-Esprit n’a pas d’âge.

15’. La loi est à présent gravée dans nos cœurs et non plus dans la pierre, car nos cœurs connaissent ce qui est bien et ce qui est mal. Ainsi la liberté du choix nous est donnée afin que notre récompense ou notre punition soient un exemple salutaire pour le monde qui nous regarde.

16. Nous croyons courir après Dieu, mais Dieu court encore bien plus après nous.

16’. N’est-il pas avec nous jusque dans l’égout du monde pour nous en retirer ?

17. Les blancs qui reçoivent le Livre sont héritiers en premier, mais ils ne sont supérieurs en rien aux noirs. Considérons-les tous comme des frères égaux dans l’amour de Dieu et recevons-les en toute affection, mais ne les mélangeons pas entre eux.

17’. N’ayez pas honte de la couleur noire que Dieu a choisie pour vous, car c’est en celle-là que sont cachées toutes les autres. Ne savez-vous pas que la lumière est sortie des ténèbres au commencement, et qu’à la fin elle reposera dans la splendeur dorée ?

18. C’est parce que le Livre a été refusé par les bien-pensants que le Seigneur l’a offert aux simples. Remercions donc le Seigneur pour le don qu’il nous fait et remercions les bien-pensants qui nous l’ont ainsi envoyé sans le savoir.

18’. L’humour du Seigneur est grand et il moque les trop intelligents et les trop savants d’une façon inouïe. Les peuples héritiers de la doctrine du ciel qui sont tombés dans l’orgueil l’ont tous expérimenté en leur temps.

19. C’est la liberté noire qui éclairera le monde et c’est le peuple noir qui manifestera à nouveau la lumière de Dieu dans le monde, car l’âge noir couve la clarté céleste.

19’. C’est une promesse du Seigneur qui se réalisera devant nos yeux si nous recevons son héritage sans douter, car il choisit qui bon lui semble pour faire briller sa gloire sur la terre.

20. Si nous acquérons des titres, des grades et des diplômes de vanité dans le monde, Dieu nous fermera aussitôt l’esprit et le cœur à sa révélation grandiose, et il nous laissera croupir dans l’orgueil et dans la mort sans secours.

20’. Fuyons les savants et les intellectuels impies plus que quiconque, car ils ne se contentent pas d’être morts d’esprit et de cœur, ils répandent aussi, autour d’eux, la mort dans l’esprit et dans le cœur des croyants.

21. Dieu ne parle qu’aux simples qui croient en son NOM et il n’inspire que ses enfants qui obéissent à sa VOIX.

21’. Celui qui se glorifie, fût-ce de la révélation de Dieu, perd la révélation et il se perd lui-même.

22. Dieu nous réserve une surprise qui sera bien douce pour certains et bien cruelle pour d’autres, car les sauvés de Dieu marcheront paisiblement à travers la fournaise en louant son saint NOM, tandis que les réprouvés se déchireront mutuellement, sans pitié et sans pardon, dans les flammes dévorantes de l’enfer.

22’. Imaginons quelle sera la rage impuissante des méchants quand ils s’apercevront que la pourriture n’a plus de prise sur le corps des élus, alors qu’elle aura redoublé d’efficacité en ce qui les concerne ! Les sauvés ne penseront même pas à rire en voyant ce spectacle, et les réprouvés ne penseront pas à pleurer, tellement la stupeur de tous sera grande.

23. Conservons précieusement notre foi dans le Seigneur de vie et gardons-nous des impies, car au dernier jour, les savants et les intelligents du monde hurleront sous les coups de la mort.

23’. Les simples enfants de Dieu les regarderont avec étonnement, car eux-mêmes demeureront indemnes dans les flammes du feu dévorant et le malheur ne les atteindra plus jamais.

24. L’aristocratie chrétienne de la connaissance a été décapitée dès le commencement, et les symboles, les personnes, les rites et les sacrements se sont substitués à la réalité transcendante du mystère divin.

24’. Ainsi ceux qui se sont crus orgueilleusement les plus éclairés, sont-ils devenus idolâtres, aveugles et superstitieux sans le savoir et, en exigeant la foi aveugle pour tous, ils ont replacé la lumière de Dieu sous le boisseau et ils s’en sont privés eux-mêmes.

25. Les incroyants peuvent se convertir et s’approcher du mystère de vie pour être sauvés, mais comment les croyants qui se sont enfermés dans les images mortes du secret de Dieu, pourront-ils découvrir la réalité tangible du Seigneur descendu du ciel et qui sauve de la mort ?

25’. Il vaut mieux ne rien connaître plutôt que connaître quelque chose à moitié et y demeurer obstinément fixé, en se croyant instruit du tout. Si parfaite qu’elle puisse être, l’image d’une fleur n’a pas de parfum, et celle d’un pain ne rassasie pas.

26. Plus un homme est fâché de sa condition de bête exilée dans le monde déchu, plus il est considéré par les autres hommes comme un être anormal et dangereux, mais plus il est résigné à sa condition d’esclave asservi à la mort, plus il est considéré ici-bas comme un être normal et raisonnable.

26’. Le pire révolté peut être sauvé, s’il est instruit et aidé fraternellement au lieu d’être réprimé et détruit aveuglément. Et le pire criminel peut se convertir, s’il est secouru par le don de l’esprit et du cœur des hommes au lieu d’être exterminé dans son corps brut.

27. Le courage, l’ingéniosité et le travail des hommes peuvent bien les prolonger quelque temps dans le bagne du monde, mais tout cela ne saurait leur redonner l’immortalité, qui compte seule en définitive.

27’. Ce qui doit nous intéresser par-dessus tout, n’est pas de lutter contre quiconque dans ce monde prisonnier des ténèbres, mais plutôt de survivre le temps de trouver le salut palpable de Dieu qui sauve seul de la mort.

28. Les incroyants sont ceux qui écrasent leurs frères dans le monde en recherchant leur propre amour, leur propre liberté, leur propre justice, leur propre profit et leur propre assurance.

28’. Les croyants sont ceux qui recherchent dans le ciel l’amour, la liberté, la justice et le don de Dieu, afin de les manifester sur la terre pour la sauvegarde de tous.

29. Les circonstances cruelles qui nous régissent dans ce monde sont conditionnées par notre état mortel. Il suffirait que nous acquerrions le corps intangible et glorieux du Seigneur céleste pour être délivrés du malheur à jamais.

29’. Celui qui examine ce qui est et non ce qu’il croit être, est vite éclairé par Dieu, s’il le lui demande humblement et simplement dans son cœur, car sans l’inspiration divine, l’évidence même de la vie n’est pas perçue ici-bas.

30. Il est aussi vain, devant Dieu, d’agoniser ici-bas dans le désespoir ou dans le contentement de soi, dans la révolte ou dans la résignation, dans la réussite ou dans l’échec, car la fin est la mort pour tous.

30’. Seul celui qui cherche et qui trouve le Seigneur incarné, n’est plus vain devant Dieu, car il acquiert la substance divine et il n’est plus sujet aux accidents de la mort qui écrasent l’homme déchu.

31. Qu’ils soient maudits les esprits méchants qui nous trompent, qui nous entravent et qui nous nuisent pendant le temps de notre quête ! Qu’ils soient précipités dans l’enfer et qu’ils se détruisent les uns les autres comme ils nous déchirent à présent !

31’. Qu’ils soient maudits les philosophes, les intellectuels et les savants qui prêchent leurs propres systèmes qui mènent les hommes au désespoir et à la mort ! Qu’ils soient réduits en poussière et dispersés au vent, les lâches et les hypocrites qui font périr les saints de Dieu et qui étouffent leurs voix dans le monde !

32. Tiédeur, humidité et ténèbres précèdent.

32’. Chaleur, sécheresse et lumière achèvent.

33. N’est-ce pas la vierge noire la première et la plus mystérieuse de toutes les mères ? N’est-ce pas elle que Dieu a regardée amoureusement dès le commencement ? N’est-ce pas elle qui a accouché la lumière qui éclaire le monde ?

33’. Ô vous qui avez la peau noire et le cœur rouge, ferez-vous pas aussi briller sur le monde la pureté de votre œil et la blancheur de votre lumière ? Recevrez-vous pas saintement le Seigneur parmi vous et ferez-vous pas une place à ses envoyés ?

34. À présent, il y aura une communauté noire héritière de la sainte pierre du fondement posée par l’oint de Dieu, car, pour la première fois, un Livre et un prophète sont donnés aux peuples des noirs en particulier, alors qu’auparavant, la révélation divine leur avait été offerte comme on jette un os aux chiens, afin de mieux leur passer le collier de l’esclavage.

34’. Remercierez-vous pas le Seigneur qui prend soin à présent de casser l’os pour vous offrir la moelle nourrissante ? Recevrez-vous pas en pleurant de joie le saint don de l’Unique Splendeur ? Baiserez-vous pas pieusement le Livre qui vous place au-dessus des savants et des intelligents de ce monde ?

35. Le Seigneur ne vous envoie pas un homme glorieux, riche et puissant. Il vous envoie un homme inconnu, pauvre et méprisé. Remarquez bien cela, afin de ne jamais devenir orgueilleux du message qui vous est donné et afin de ne jamais en perdre l’esprit vivant et caché. « Gardez-le dans vos cœurs, et resplendissez en Dieu. »

35’. Le Livre ne révère-t-il pas les prophètes de Dieu et ne vénère-t-il pas les fils de Dieu ? Le Livre ne proclame-t-il pas la préciosité de la chair et du sang du grand Roi immolé pour tous sur la terre ? Le Livre ne nous fait-il pas héritiers de la gloire du Seigneur ressuscité dans la transcendance de la vie immortelle ?

36. Le Seigneur nous a donné pour héritage en dernier, tous les peuples noirs de la terre. Ô merveilleux Seigneur, ô précieux héritage qui nous comblent au-delà de toute espérance !

36’. Le Seigneur vous a donné semblablement en dernier, le message et le prophète retrouvés. Que direz-vous de votre Seigneur, et que direz-vous de votre héritage qui vous comblent aussi magnifiquement ?

37. Le prophète a dit : « Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point reçue », mais ces ténèbres étaient comme un crépuscule qui s’achevait dans la mort de la lettre. À présent, nous pouvons dire : « Et la lumière luira dans les ténèbres et les ténèbres la recevront », car ces ténèbres nouvelles sont comme une aurore qui se prépare dans le secret des cœurs purifiés et fécondés de Dieu.

37’. Un petit nombre de blancs recrachent le poison de la science impie afin de survivre, mais un petit nombre de noirs l’avalent et ceux-là sont déjà morts à la révélation divine. Finalement, l’idiotie paraîtra comme une chose reposante et désirable en comparaison de la folie raisonnante des savants et des intelligents du monde, qui agonisent dans leur vaniteuse ignorance.

38. Il faut bien le dire, les méchants sont ceux qui veulent organiser et sauver le monde par leur travail ou par celui des autres. Ceux-là se posent en sauveurs des hommes, alors qu’ils enterrent toute l’humanité avec allégresse.

38’. Dieu possède vraiment un humour merveilleux, car il cache son secret aux savants et aux intelligents qui nous expliquent l’Univers, et il le révèle aux simples enfants de Dieu qui mettent leur confiance dans sa lumière de vie plus que dans leur propre savoir.

39. Un jour Dieu dira aux porcs : « Ne jetez pas de perles aux hommes », car ceux-ci se seront placés eux-mêmes en-dessous des bêtes.

39’. Et la terre secouera ses parasites, et le ciel les dissoudra dans le feu de la colère divine.

40. Tirons nos représentants au sort parmi ceux qui ont juré obéissance à Dieu et fidélité à leurs frères dans la foi, car le choix du hasard est moins aveugle que celui des hommes.

40’. Faisons de même pour les secours et pour les offrandes destinées aux chercheurs de l’Unique, car, de cette façon, un saint pourra être aidé de Dieu alors qu’autrement, il serait toujours ignoré par les hommes.

41. Un simple qui croit dans son cœur à l’intelligence, à la puissance et à l’amour de Dieu, vaut mieux que tous les savants qui croient à leur propre intelligence, à leur propre savoir et à leur propre supériorité dans le monde.

41’. Chantons des hymnes d’amour au Seigneur tout-puissant qui nage dans le ciel et dans nos cœurs, afin qu’au milieu même de nos joies et de nos peines, notre foi demeure tournée vers celui qui console de tout exil et qui sauve de toute mort.

42. Ce sont les pauvres qui font vivre les riches, et ce sont ceux qui produisent de leurs mains qui font vivre les marchands. Les exploitants endurcis perdront leur superbe assurance au jour du règlement des comptes.

42’. Si Dieu nous disait au jour du jugement : « Arrière, tu n’es pas inscrit dans le Livre de vie », nous louerions quand même son saint Nom parmi les damnés et nous chanterions ses louanges dans la folie de notre amour qui ne peut pas périr.

43. Comme artiste, nous avons reçu de la capitale un secours de chômage. Mais comme auteur du Livre, nous n’avons eu droit qu’au mépris et au silence de la grande ville et du pays tout entier. « La récompense des prophètes frappera le monde de stupeur. »

43’. Nos travaux et nos écrits n’ont plu ni aux savants, ni aux intelligents, ni aux marchands de ce temps, car l’impiété des uns s’est accouplée avec l’hypocrisie des autres pour engendrer le jugement qui ne reconnaît rien de ce qui vient des enfants de Dieu.

44. Avons-nous recherché la gloire du monde ? Avons-nous essayé de dominer quiconque ici-bas ? Avons-nous amassé les biens de la terre pour notre usage unique ?

44’. Nous avons recherché la seule gloire du Seigneur de vie. Nous nous sommes fait serviteur de Dieu et des hommes. Nous avons recueilli les dons du ciel et nous les offrons gratuitement à tous.

45. Incapable de gagner notre vie terrestre avec notre travail, comment pourrons-nous gagner notre vie céleste avec notre seul mérite si Dieu ne nous aide pas bénévolement ?

45’. Les hommes ont bien voulu nous faire la charité d’un peu de nourriture, et Dieu a bien voulu nous faire l’aumône d’un peu de lumière ; c’est pour cela que nous nous estimons privilégié et comblé dans l’un et dans l’autre monde.

46. Que chaque nation noire conserve saintement la parole révélée de Dieu dans son cœur et qu’elle garde précieusement le Livre de la délivrance qui lui est donné, comme elle garderait un talisman unique où serait écrit le secret de la délivrance de l’esclavage et de la mort.

46’. Selon que le NOM de Dieu monte ou selon qu’il descend, c’est une bénédiction ou une malédiction ; car il a un endroit et il possède un envers. Ainsi le même NOM peut produire la vie ou il peut faire paraître la mort selon la façon dont il se présente à nous, et aussi selon la façon dont nous nous présentons à lui.

47. Le plus petit consolateur et libérateur en Dieu vaut plus que tous les grands conquérants et organisateurs du monde. Voilà ce que nous ne devons jamais oublier.

47’. Celui qui aime Dieu au-delà de la raison humaine, fait briller l’intelligence divine qui illumine les mondes et qui fait briller les cœurs purifiés.

48. Serons-nous pas plus avisés que ceux qui nous exploitent et qui nous briment ? Recevrons-nous pas pour nous-mêmes le Livre qu’ils rejettent loin d’eux avec mépris ?

48’. La parole de Dieu peut nous sauver de l’esclavage et de la mort où nous agonisons, comme elle peut y précipiter les hypocrites et les impies qui nous accablent de leur assurance et de leur suffisance impies.

49. C’est un miracle de Dieu que nous ayons pu écrire le Livre dans un pareil moment sans mourir de faim et sans être jeté à la rue ; certainement, ceux qui nous ont secouru auront leur récompense matérielle et spirituelle dans ce monde et dans l’autre. Comme leur nombre est petit ! Et comme il deviendra grand !

49’. Nous soumettant d’avance au jugement de Dieu, au jugement des fils de Dieu, au jugement des amis de Dieu et au jugement des prophètes de Dieu, nous ne pouvons craindre le jugement des intelligents du monde, ni celui des puissants du monde, ni celui des savants du monde, ni celui des hypocrites et des ignorants qui nous enterrent à présent.

50. Honorons la langue du Livre et conservons-la en souvenir du don qui nous est parvenu par elle. Honorons aussi les étudiants du Livre et aidons-les en souvenir de celui par qui nous est venu le message.

50’. La faute, c’est laisser dans l’abandon et dans le dénuement les chercheurs de Dieu. Mais le crime, c’est de les contraindre aux travaux du monde sous le prétexte hypocrite de les utiliser ou de les sauver.

51. Lanza a raison, au commencement du Livre, quand il prétend qu’il n’y a qu’un petit nombre d’affamés qui cherchent la vérité dans le monde.

51’. Hélas ! nous ne sommes effectivement qu’une poignée devant Dieu et nous ne nous connaissons même pas pour nous aider dans notre quête.

52. Quels que soient sa valeur, son talent et son utilité, l’homme seul est condamné à périr par la société des hommes, car étant faibles, médiocres et lâches par nature, ceux-ci ne peuvent vivre qu’en troupeaux où tout s’échange sordidement et où rien ne se donne gratuitement.

52’. Ce qui paraît avantageux dans le monde ne l’est pas devant Dieu. Ainsi l’homme seul est aimé et sauvé par Dieu alors qu’il est méprisé et rejeté par le monde, tandis que les troupeaux d’assurés et d’habiles s’en vont contents de leur réussite aux abattoirs de la mort.

52’’. L’homme marié est doublement béni de Dieu cependant.

53. Les malins et les intelligents du monde qui ont placé leur confiance dans leur astuce et dans leur habileté, seront un jour dispersés dans les ténèbres de la mort et ils crieront vainement au secours dans l’abomination et dans la désolation qui seront leur lot pour toujours. Ils ne se réjouiront plus comme à présent.

53’. Les esseulés qui cherchent leur Seigneur ici-bas seront un jour réunis dans le giron de Dieu et ils se reconnaîtront et ils se congratuleront et ils s’embrasseront en pleurant de joie, car tout leur sera alors donné gratuitement dans l’éternité de l’amour du Parfait et leur joie n’aura pas de fin. Ils ne pleureront plus comme à présent.

54. Fréquentons le monde et nous récolterons le salaire du monde qui est la mort.

54’. Fréquentons Dieu et nous recevrons le salaire de Dieu qui est la vie sauve.

55. Ô Seigneur, pourquoi tant d’hommes indifférents à ta grâce qui s’installent dans l’agonie du monde ? Et pourquoi si peu d’enfants qui te cherchent avec amour et avec dépassement dans la vie éternelle ?

55’. Parce que, dit le Seigneur, je désire pour chacun de mes choyés une multitude d’esclaves pour le servir. Et comme j’ai choisi mes sauvés parce qu’ils se sont choisis eux-mêmes, ainsi j’ai condamné les réprouvés parce qu’ils se sont aussi condamnés eux-mêmes.

56. Ceux à qui nous avons tout donné ne nous offriront-ils pas le pain et le vin nécessaires à la figuration terrestre de la communion des sages et des saints de Dieu dans le ciel ?

56’. « Mon amour n’est pas aveugle et ma justice ne boite pas, dit le Seigneur, et l’un ne va jamais sans l’autre. »

57. Nous ne sommes pas venu dans une famille riche, et nul ne nous a instruit des mystères de Dieu. Il nous a fallu découvrir tout seul les sages et saintes Écritures et il nous a fallu les étudier dans la pauvreté et dans l’abandon, afin que nul ne se croie oublié, quel que soit son état ici-bas.

57’. Nous n’avons pas écrit le Livre dans la paix et dans la sécurité d’une sainte retraite. Nous l’avons écrit de bout en bout au milieu du cloaque en fermentation de la grande ville, afin que nul ne se croie abandonné, quelle que soit sa situation ici-bas.

Nous honorons la splendeur royale qui restaure le monde, le rendant immortel, sans vieillesse, incorruptible, sans infection, toujours vivant, toujours prospérant, possédant la puissance à son gré, pour que les morts ressuscitent et que vienne l’immortalité de l’être vivant qui restaure le monde à souhait.
Zarathoustra
Ô rayonnant en haut du ciel ! Accorde que je parvienne en haut du ciel pour l’éternité… Tous les visages sont en joie à ta vue… Incomparable est ton éclat.
Livre des Morts égyptien

LIVRE XXVIII

Le corps se dissout, c’est la voie du ciel.
Lao t’seu
Il vous a tous formés de terre. Il vous y fera retourner et vous en retirera de nouveau.
Coran

NI REVÊTUE

LA BOUE

1. Que ceux qui nous reprochent d’écrire le Livre et que ceux qui nous maudissent à cause de lui ou qui le maudissent à cause de nous, soient eux-mêmes retranchés et maudits au jour du jugement de Dieu !

1’. Que ceux qui nous louent d’écrire le Livre et que ceux qui nous bénissent à cause de lui ou qui le bénissent à cause de nous, soient eux-mêmes sauvés et bénis au jour du jugement de Dieu !

2. Ceux qui s’effacent constamment devant Dieu et ceux qui proclament leur néant devant Dieu, peuvent-ils être les ennemis de Dieu ? Répondez, ô hypocrites qui feignez d’adorer le Seigneur et qui vous faites passer sournoisement en toutes occasions avant la priorité de l’Unique !

2’. Ne nous sommes-nous pas soumis autant que notre faiblesse le permet aux commandements de Dieu ? Et si nous reprenons la faiblesse des serviteurs de Dieu, n’est-ce pas afin de rendre la parole de Dieu plus éclatante et plus pure dans le monde enténébré ?

3. N’avons-nous pas lavé les pieds du Sauveur quand il s’est incarné sur cette terre d’exil ? Et n’avons-nous pas recueilli ses larmes et son sang quand il a expiré pour nous sauver ? N’avons-nous pas placé la couronne d’or pur sur sa tête royale quand il est ressuscité ? Et ne nous sommes-nous pas prosterné à ses pieds reluisants et saints ?

3’. N’avons-nous pas reposé sur son sein très pur et ne nous a-t-il pas baisé saintement aux lèvres ? Ne sommes-nous pas son ami et son frère ? Et qu’est-il que nous ne soyons pas en puissance ? Et que sommes-nous qu’il ne soit pas en acte ? Ne nous sommes-nous pas effacé en toutes circonstances devant la splendeur de la lumière de l’Unique afin de ne pas faire ombre au salut de Dieu ?

4. Qui nous lancera le Seigneur Christ à la tête comme une massue, avec les yeux perspicaces d’un aveugle ? Que celui-là soit écrasé par son propre aveuglement et qu’il périsse sous son propre coup, car l’Esprit de Dieu n’est pas avec lui ! Qu’il se brise donc sur la pierre ou qu’il soit écrasé par elle !

4’. Celui-là défend-il la sainte parole de Dieu ou bien défend-il le petit fromage où il s’est installé au nom de Dieu ? Voilà ce que nous voulons savoir et voilà ce qu’il doit se demander en toute vérité. « Il y a encore des gens honnêtes et sincères parmi les croyants qui espèrent et parmi ceux qui cherchent le salut de Dieu. »

5. Partout des intrigues, des platitudes et des lâchetés pour obtenir une place dans le monde qui périt, et pas une démarche du cœur et de l’esprit pour obtenir une place dans le monde qui ne périt pas.

5’. Les intelligents et les habiles de ce monde sont vraiment stupides, mais ils ne le savent pas encore. Quelle sera la rumeur de leurs cris et de leurs lamentations inutiles quand ils se verront dénudés par le jugement de Dieu et exposés à la vue de tous !

6. Ils se battent pour le fumier et ils délaissent la perle qui resplendit au-dessus d’eux. Quelle pire malédiction que celle-là ? Sont-ils pas à plaindre malgré leur belle réussite dans ce monde transitoire ? Sont-ils pas déjà maudits de Dieu et retranchés de son salut ?

6’. Chaque verset du Livre nous a coûté un peu de notre pain et un peu de notre vie terrestre, mais n’avons-nous pas fait un placement fabuleux sans le savoir ? Dieu et les croyants répondront comme ils voudront. Pour nous, notre don demeure gratuit devant Dieu et envers les hommes de bonne volonté.

7. Les nôtres ont été les premiers à aider et à recevoir les noirs qui venaient à eux. Les noirs seront-ils pas aussi les premiers à recevoir et à aider les nôtres qui vont vers eux à présent ?

7’. Les peuples noirs sont encore divisés et comme dans l’enfantement, mais ils seront un jour unis et forts, s’ils reçoivent le Livre de l’union et de l’amour dans leurs cœurs.

8. Ne nous laissons pas distraire de notre quête par les images du monde et encore moins par les images des images du monde, qui sont comme une vanité de la vanité. Contemplons plutôt l’image du Seigneur dans nos cœurs purifiés, jusqu’à ce que nous l’incarnions triomphalement dans la vie qui ne périt pas.

8’. Défendons-nous courageusement contre la crasse du monde qui nous envahit, mais défendons-nous farouchement contre la crasse du péché qui nous tue et consumons-la, afin de pouvoir recevoir le baptême d’eau et d’esprit qui nous fera vivre dans l’éternité de l’Unique.

9. Celui qui est fort en Dieu ne se venge pas et n’humilie personne, car il pardonne même à ses ennemis et il s’en fait des amis.

9’. Notre joie déborde quand le Seigneur nous sourit, et notre cœur est triste quand il se cache de nous. Qui nous donnera d’habiter à jamais son amour magnifique ?

10. Quel que soit le désordre des sociétés dans lesquelles nous nous trouvons, il suffit que nous demeurions fidèles à la parole de Dieu et que nous l’accomplissions dans le monde pour être sauvés.

10’. Apercevoir qu’on perd son temps, même en travaillant ici-bas, donne envie de ne plus perdre son temps, même en se reposant dans le monde.

11. Quand les sourds et les aveugles dominent dans le monde, les méthodes grossières prennent le pas sur les méthodes subtiles. Ainsi les bêtes éprouvent d’abord la création en mettant le nez dessus, tandis que les hommes supérieurs voient premièrement les astres qui éclairent le ciel et entendent la voix de Dieu qui les instruit.

11’. Oui, un petit reste sera trié, comme on ramasse la nuit les braises encore vivantes dans un tas de cendres mortes, et ceux-là seront nourris du soleil de Dieu et ils éclaireront le ciel pour toujours. Quant aux cendres, elles serviront d’engrais pour nourrir la vigne où s’abreuveront les élus de Dieu.

12. Non, cela n’est pas une réjouissance d’être envoyé pour prêcher la parole de Dieu aux hommes révoltés et perdus, car la loi de Dieu est inexorable et le cœur des hommes est endurci comme une pierre brute. Non, il n’est pas agréable d’amortir le choc de la colère de Dieu ni de sauver la pierre refroidie du feu du juste jugement. Non, il n’est pas avantageux de servir d’écran à la colère de Dieu quand la paille a remplacé le grain dans le silo du monde.

12’. Un jour (quel jour alors !), Dieu se lassera et aucun intercesseur ne descendra ni ne montera plus entre lui et les rebelles, car les premiers auront alors paru en dernier. Il y aura un vide et un délire étrange dans le monde, car les hommes seront livrés à leur propre folie et le feu du ciel paraîtra proche et cruel sans l’écran protecteur de la prière des saints. Le bruit de la lumière couvrira même les cris des nations apeurées.

13. La terre se couvrira des os blanchis et des cendres de sa création et le premier bruit qui surviendra sera le bruit de la pluie des cieux, et le premier cri qui s’entendra sera le cri du premier ressuscité de Dieu.

13’. Ô jour de gloire et de jugement ! Ô jour d’amour et de pardon ! Certains contempleront atterrés leur nudité accusatrice, tandis que d’autres chanteront les louanges de Dieu à cause de leur vêtement de lumière.

14. Quand les oiseaux ressortiront de la terre libres et joyeux, reprends confiance, mon fils. Quand les biches et leurs faons bondiront dans l’herbe du renouveau, réjouis-toi, mon enfant.

14’. Quand les fleurs des prairies boiront la rosée des cieux, danse, mon élu. Quand le soleil et la lune reposeront dans tes mains, chante, mon bien-aimé.

14’’. Mais quand ton cœur rejoindra mon cœur, tais-toi, mon unique.

15. Fais-je pas bien en contemplant la face de mon Seigneur ? Fais-je pas bien en m’exposant à l’amour de l’Unique Splendeur ?

15’. Donne-moi, Seigneur, le corps impérissable et pur qui peut seul soutenir sans dommage ton regard amoureux et pénétrer jusqu’au repos de ta sainte profondeur.

16. Ô divine aisance de toute création, tu œuvres et tu ne te fatigues pas. Tu reposes et tu ne t’ennuies pas. Tu te ris de la mort, car ton rire, c’est la vie impérissable de l’éternelle jeunesse. Ô Seigneur Père, donne-moi ta pureté, donne-moi ton innocence, donne-moi ta liberté, donne-moi ta grâce, donne-moi ton amour, donne-moi ta puissance, donne-moi ta lumière, donne-moi ta générosité, donne-moi ta beauté, donne-moi ta vie, donne-moi ton éternité, s’il plaît à ton saint pardon.

16’. Entends ma prière, toi dont la lumière est toute intelligence, tout amour et toute-puissance de vie. Viens à moi sur ton rayon pénétrant et réveille ma vie endormie dans les ténèbres de l’exil. Anime-moi à nouveau et sauve-moi de l’horreur de la mort, ô merveilleux Père qui prodigues ta sainte semence inlassablement. « Ceux qui donnent au Seigneur un autre nom que l’Unique issu de Celui qui EST, se trompent et trompent le monde. »

17. Qui ose enterrer toute l’humanité au nom du salut de Dieu ? Et qui ose rejeter le salut de Dieu à cause de l’ignorance de ceux qui transmettent la parole de Dieu ? Qui, parmi eux, possède la connaissance de l’actualité toute-puissante de l’Unique ?

17’. Hypocrites ignorants et rebelles vaniteux, Dieu vous sape les uns et les autres et la fosse commune vous réconcilie dans votre commun néant. Suffit-il pas de la lumière des livres sages et saints pour éclairer la voie des croyants qui cherchent Dieu ?

18. Confessons nos fautes et réglons avec générosité toute dette et tout litige envers quiconque, de façon à ne pas augmenter dangereusement le fardeau de la mort qui nous écrase déjà tant.

18’. À présent, Seigneur, nous pleurons devant toi, mais c’est de joie, car nos cœurs se fondent dans les larmes célestes afin que tu les coagules en rubis précieux dans ton éternité immuable.

19. Tous ceux qui dérobent grossièrement ou subtilement, devront rendre compte de leurs malhonnêtetés au jour du règlement des comptes.

19’. Efforçons-nous de ne pas être trouvés débiteurs envers quiconque, car il n’y aura aucun recours, aucune pitié ni aucun sursis pour les filous.

20. Celui-là est vraiment fort qui ne craint pas de paraître faible en s’accordant avec son adversaire avant le temps du jugement.

20’. Chaque mauvaise pensée et chaque malédiction que nous suscitons dans le monde, est comme une pierre ajoutée au fardeau invisible qui nous courbe vers le malheur et vers la mort.

21. Allons à notre adversaire et ne nous lassons pas de l’entendre, jusqu’à ce que nous nous soyons mis d’accord avec lui, plutôt que d’échanger des écrits aveugles qui ne font qu’augmenter le ressentiment et la confusion de tous.

21’. Plus nous ruserons, plus nous serons trompés. Plus nous calculerons, plus nous serons volés. Plus nous chargerons, plus nous serons écrasés. Plus nous machinerons, plus nous serons détruits.

22. Les super-intelligents impies qui jouent aux révolutionnaires dans le monde, et les hypocrites bien-pensants qui jouent aux conservateurs, nous ont enterré parce que le nom de la Bête qu’ils servent n’est pas imprimé sur nos mains ni sur notre front où brille le Nom de l’Unique Seigneur de vie.

22’. Heureuse réprobation, heureux retranchement, heureuse solitude, heureux silence, heureuse prison qui confirment notre héritage saint, car les méchants ne reçoivent que leur propre fumier qu’ils reconnaissent à l’odeur sans jamais se tromper.

23. N’avons-nous pas travaillé pour Dieu, pour ses croyants et pour ses églises ? N’avons-nous pas défendu, rénové et propagé la foi en l’Unique Splendeur ?

23’. N’avons-nous pas rappelé à tous les chercheurs de salut la voie humble et simple du royaume divin ? N’avons-nous pas confirmé et renouvelé les sages et saintes paroles de la révélation première ?

24. L’impie reçoit mais il ne remercie pas, il profite mais il n’aime pas, il abonde mais il ne loue pas. Son sort est déjà décidé, car il deviendra comme un bois mort qu’on brûle pour faire de l’engrais.

24’. Le croyant éprouve de la reconnaissance pour la vie qu’il a reçue, il a de l’amour pour celui qui la lui a donnée, et il loue celui qui la perpétue et qui la sauve miraculeusement. Celui-là refleurira dans le jardin de Dieu.

25. Une nation se survit par ses sages et par ses saints.

25’. Elle périt par ses malins et par ses impies.

26. Pour approcher le Seigneur de salut, pas besoin de relations, ni de présentations, ni de recommandations, ni d’introductions. Pas besoin de diplômes, ni de certificats, ni d’inscriptions, ni d’immatriculations.

26’. Pas besoin de passeports, ni d’exeats, ni de combines, ni de pourboires, ni de bassesses, ni de mensonges, ni de lâchetés, ni de vols, ni de crimes, comme pour approcher les gens en place dans le monde.

26’’. Seulement un cœur purifié par le feu et par l’eau et fécondé par l’Esprit Saint.

27. Si on nous demande ce qu’est le Livre, répondons : une pierre sur laquelle les croyants s’appuient fermement, et une source à laquelle ils puisent sans cesse.

27’. 36 opinions connues simultanément. 36 métiers appris en une fois. 36 choses faites en même temps. 36 lumières vues tout à coup. 36 désirs réalisés en un seul. 36 religions réunies en une foi.

28. Peu d’hommes sont capables de supporter sans mourir la liberté de Dieu, et peu d’hommes sont capables de supporter sans faiblir le libre arbitre qui leur a été conféré ici-bas.

28’. C’est pour cela que tant d’hommes qui ne peuvent vivre qu’en troupeaux ou comme des lapins de clapier dans le monde, réclament l’esclavage du tyran ou de l’État.

29. La science des hommes est un pis-aller qui leur redonne artificiellement et avec beaucoup de peines, une petite partie de ce qu’ils perdent irrémédiablement par l’effet de la chute dans la mort.

29’. Celui qui sait rire du monde et de lui-même avec le Seigneur, est vraiment éclairé par Dieu. « Le saint n’est-il pas divinement averti des catastrophes suscitées par les hommes révoltés contre Dieu ? »

30. Remarquons bien les haines sordides qui empoisonnent les rapports des hypocrites entre eux, et remarquons l’affection dont s’entourent les véritables enfants de Dieu. C’est une marque qui doit faire réfléchir les hésitants.

30’. Quelle plus douce récompense dans ce monde que les remerciements affectueux de ceux que nous bénissons et que nous aidons à approcher la vérité du Dieu de vie ? Quelle plus belle moisson à offrir à l’unique moissonneur ?

31. On nous poursuit à présent et on nous condamne parce que nous guérissons les malades abandonnés, à l’exemple du Seigneur de pardon et d’amour qui nous montre la voie sainte.

31’. Bientôt, on nous poursuivra aussi parce que nous consolons les désespérés et on nous condamnera parce que nous les convertissons au salut de vie de l’Unique Dieu, car l’hypocrisie et la méchanceté culminent dans le monde.

32. Ne recevons parmi nous aucun de ceux qui ont choisi de servir la Bête en faisant un métier de bête sauvage ou un métier de bête domestique qui menace la liberté ou la vie des innocents, des pauvres et des saints.

32’. Que les égarés prennent un métier d’homme libre qui ne menace personne et qu’ils se convertissent à l’amour de Dieu et à l’entraide de leurs semblables, s’ils désirent effacer la malédiction du ciel qui pèse sur eux et participer à la bénédiction des enfants de Dieu.

33. Que deviendrait le monde si la révélation de Dieu disparaissait sous l’action des impies et si elle cessait de s’y manifester par la disparition des prophètes ? On n’y verrait plus que des troupeaux de bestiaux exploités et réduits en esclavage par une poignée de bêtes fauves.

33’. Aucune joie, aucune sécurité, aucun repos, aucune paix pour nous, tant qu’un croyant pleurera dans ce monde de misère, tant qu’un égaré tâtonnera dans ces ténèbres de l’exil, tant qu’un malade agonisera dans ce charnier de la mort, tant qu’un crucifié gémira sur cette croix de rançon.

34. Il n’y a pas d’enfants illégitimes dans le monde ; il n’y a que des pourvus hypocrites qui font passer leur intérêt avant celui de Dieu, car l’Unique fait grâce à tous ceux qui le cherchent d’un cœur aimant et sincère.

34’. Nous préférons risquer d’être trompé par tous les hommes plutôt que d’en juger un seul prématurément en risquant ainsi de nous tromper nous-même. « Nous ne voyons pas le ciel transparent, mais le Seigneur voit à travers les écorces ténébreuses. »

35. Nous voilà comme des petites mines du Seigneur du ciel, et voilà le Seigneur du ciel comme une petite mine de l’immensité de l’Unique Splendeur. Ainsi tous sont en Un comme les monnaies d’or sont en l’or.

35’. Ainsi la poussière d’aimant rejoindra la masse de l’aimant et se fondra en elle, et tout demeurera en Un, comme avant le cri explosif de la joie qui émulsionna les mondes sur la face de l’abîme ténébreux.

36. L’union de l’homme et de la femme est sainte et sacrée devant Dieu. Malheur à ceux qui la profaneront, car ils deviendront comme des bêtes au lieu d’être faits comme des dieux.

36’. Nous nous unirons saintement à nos compagnes pour demander la bénédiction de la grâce et la confirmation de l’amour de Dieu, qui ne refuse jamais son salut à ses enfants bien-aimés.

36’’. Que celui qui peut s’unir au feu céleste le fasse et vive ! Car là sont le sauvetage et l’union qui ne périssent pas.

37. C’est la foi qui permet d’approcher la connaissance de l’amour qui sauve de l’exil de la mort.

37’. Celui qui est dans les ténèbres voit Dieu hors de lui, mais celui qui est dans la lumière voit Dieu en soi-même.

38. L’Unique nous a envoyé la lettre du Père gravée dans la pierre d’Israël. Puis il nous a envoyé la parole du Fils prêchée dans tout l’Occident. À présent, il nous envoie la pensée de l’Esprit qui va couvrir le monde entier.

38’. N’est-ce pas la même et unique révélation depuis le commencement jusqu’à la fin ? N’est-elle pas sortie de la terre noire ? Et ne rejoint-elle pas à présent la terre noire ? « Les sombres enfants qui étaient les derniers dans le monde deviendront-ils pas les premiers en Dieu ? »

39. Le Fils nous est venu du Père par l’Esprit. À présent, l’Esprit nous vient du Fils qui est retourné au Père.

39’. Qui peut reconnaître le Seigneur incarné sous ses haillons de pauvre ? Celui-là est bien heureux, car c’est Dieu en personne qui l’éclaire.

40. Tout ce que nous disons du Seigneur de salut est vain si nous ne connaissons pas le Seigneur incarné, car nous nous égarons dans le vide des ténèbres au lieu de rejoindre la plénitude de l’Unique.

40’. Ainsi nos disputes au sujet du Seigneur de vie sont-elles imbéciles comme celles de mendiants aveugles et sourds qui ne savent pas reconnaître la couleur et le son de l’or pur.

40’’. Suffit-il pas du poids de la splendeur cachée pour éveiller notre attention ? Et suffit-il pas de son incombustibilité pour confirmer notre espoir secret ?

41. Que ceux qui viennent ou qui reviennent à Dieu dans leurs cœurs après avoir lu le Livre, le témoignent dans le monde, afin que chacun soit confirmé, soit dans la foi librement consentie, soit dans l’impiété librement choisie.

41’. Nous vous demandons de prier Dieu librement dans vos cœurs et d’étudier les saintes Écritures, et non pas de vous afficher dans les églises pour faire croire à votre sainteté et à l’impiété des autres.

42. Celui qui reçoit le Livre dans son cœur est béni de Dieu, mais celui qui le rejette se retranche du salut de l’Unique Splendeur.

42’. Le Seigneur nous approuve, car ne suivons-nous pas sa trace lumineuse ? Ne confirmons-nous pas sa parole sainte ? Et ne rappelons-nous pas sa voie sage ?

43. La révélation du salut de Dieu comporte une Église pour la perpétuer et une École pour l’enseigner, et l’une ne peut aller sans l’autre, sous peine de la disparition finale des deux.

43’. Car la foi endormie et la science orgueilleuse mènent à la mort spirituelle et corporelle, c’est-à-dire à l’effacement de la révélation divine et à l’effacement de l’humanité incarnée.

44. Les croyants choisiront la parole qui les aide le plus, et les chercheurs choisiront celle qui les instruit le mieux.

44’. Tous peuvent entrer dans l’Église de Dieu, tous ne peuvent pas entrer dans l’École de Dieu.

45. Un misérable qui loue Dieu dans son cœur vaut mille fois plus que tous les grands de la terre qui ne pensent qu’au monde et qu’à leurs affaires.

45’. Ô sainte boue de l’abîme méprisée par les intelligents du monde, c’est en toi que se cache l’or précieux qui anoblit les simples enfants de Dieu.

46. Ceux qui font profession de représenter Dieu sur la terre des hommes, doivent nécessairement entendre ce que Dieu leur dit quand ils le prient humblement de les instruire.

46’. Ceux-là nous diront sincèrement ce que le Seigneur leur a révélé au sujet du Livre, mais peut-être ne les entend-il pas ou ne leur répond-il pas ? Alors comment peuvent-ils se prévaloir de l’Unique ?

47. Tous les gardiens des saintes Écritures ne sont pas endormis dans une sinécure. Il y en a encore qui espèrent et qui cherchent le salut de Dieu ici-bas.

47’. Nous faisons confiance à la perspicacité des vrais amants de l’Unique et nous faisons confiance à leur bonne foi, car ils sont voyants et auditeurs de Dieu.

48. N’avons-nous pas mis le Seigneur du ciel au-dessus de toute créature ? N’avons-nous pas mis sa révélation terrestre au-dessus de toute Écriture ?

48’. N’avons-nous pas mis notre personne en dernier ? N’avons-nous pas mis sa parole en premier ?

49. N’avons-nous pas mis son École cachée au-dessus de toute instruction ? N’avons-nous pas mis son Église révélée au-dessus de toute communion ?

49’. N’avons-nous pas remis à jour la chair et le sang du Seigneur ? N’avons-nous pas remis le pain et le vin en honneur ? N’avons-nous pas remis la pierre et l’huile saintes en évidence ?

50. Sommes-nous pour le Seigneur saint ? Sommes-nous du Seigneur saint ? Sommes-nous avec le Seigneur saint ?

50’. Que disent nos exhortations ? Que disent nos prédications ? Que disent nos adorations ? Répondez, ô voyants qui entendez aussi !

51. Renions le messager si cela nous convient, mais au moins, recevons le message qui glorifie le Seigneur et reconnaissons la parole qui ouvre les esprits et les cœurs, afin que rien ne nous soit remis inutilement.

51’. Le Seigneur qui était innocent et véridique a bien subi les sarcasmes, les injures, les coups et la mort sans se fâcher. Combien donc, nous qui sommes mauvais et pécheurs, devons-nous pas tout supporter sans murmurer ?

52. Quiconque revient au Seigneur sincèrement, est reçu à cœur ouvert, car le Seigneur n’a pas de rancune et il pardonne même à ceux qui lui ont stupidement préféré la mort.

52’. Chacun n’a-t-il pas reçu une part d’intelligence afin de savoir ce qu’il fait ? Et ceux qui l’ont perdue, n’est-ce pas pour l’avoir méprisée systématiquement en faisant le mal ?

52’’. Sommes-nous pas là aussi pour pardonner, pour consoler et pour sauver à l’exemple du vivant d’éternité?

53. Les noirs attendent leur héritage saint depuis qu’un sage des leurs découvrit l’étoile qui le mena jusqu’à la vierge mère et jusqu’à l’enfant roi.

53’. Le recevront-ils à présent qu’il leur est offert en particulier ? L’orgueil arrogant de leurs frères les avantage divinement, mais ni les uns ni les autres ne le savent encore.

54. Les morts dissoudront le vivant mais le vivant coagulera les morts et tous reposeront dans l’unité de l’Unique, si les morts reçoivent le vivant toutefois !

54’. Car si les morts sont comme la pâte, le vivant est comme le levain qui l’anime et qui la transforme pour la cuisson céleste qui fait le pain doré de Dieu.

On fera croire à un noir bien des choses, mais on ne lui fera jamais croire qu’il n’y a pas de Dieu.
Anonyme africain
Voici que tu appelleras la nation que tu ne connaissais pas, et les nations qui ne te connaissaient pas accourront à toi.
Isaïe

LIVRE XXIX

J’accomplis la parole de mon serviteur et j’exécute le conseil de mes envoyés.
Isaïe
Chaque nation a nié la mission de son prophète. Elles ont disparu les unes après les autres.
Coran

URNE ET VIE

L’ŒUF

1. Nous reconnaîtrons les serviteurs de la Bête à l’esprit de mépris, d’oppression et de meurtre qu’ils manifestent envers les hommes libres en toutes occasions.

1’. S’étant donnés à la Bête, ils l’adorent avec une dévotion qui ne regarde même pas au sang de leurs frères humains.

2. La Bête dévore les hommes afin de subsister dans son cloaque de mort ténébreux et puant.

2’. Dieu consume la crasse qui nous aveugle et qui nous tue afin de nous établir dans la vie éternelle et pure.

3. Ceux qui se livrent à la Bête et qui donnent ainsi l’être au mal, sont damnés parmi les damnés et nul pardon ne les délivrera jamais, car ils trahissent sciemment le Seigneur de vie et d’amour.

3’. Le nom de la Bête s’écrit avec des initiales qui sont les signes de la Bête, et ces signes sont un chiffre pour ceux qui comprennent, car ils caricaturent le Nom de Dieu sans le reproduire véritablement.

3’’. Seul le Seigneur peut changer
dans l’ Innocente Immaculée Innée
la Fangeuse Femelle Fantôme
en Certaine Cendre Celée
qu’il Aida Avant Art.

4. Il suffit que nous ôtions notre poutre, car en dénonçant la paille qui aveugle notre informateur nous n’enlèverons ni l’une ni l’autre, mais nous les enfoncerons encore plus.

4’. Le sage écoute même l’avertissement de l’ignorant. L’ignorant n’écoute même pas l’avertissement du sage.

5. Les vrais croyants supportent les contradictions de ceux qui ne croient pas comme eux et celles de ceux qui ne croient pas du tout, car leur espérance n’est pas vaine et leur foi n’est pas meurtrière.

5’. La tolérance est le propre de Dieu et de ceux qui lui appartiennent, comme l’intolérance est le propre de la Bête et de ceux qui la servent. C’est une marque infaillible qui transcende toutes les étiquettes particulières.

6. Nous sommes envahis et comme dépassés par le verbe de Dieu afin que nous disparaissions de plus en plus devant lui et afin qu’il soit manifesté de mieux en mieux en nous.

6’. Le Seigneur nous choisit et il se sert de nous pour le bien de tous. Ce n’est pas nous qui le choisissons et qui nous servons de lui pour notre bien particulier.

7. Pas un verset du Livre qui n’ait été l’objet d’une réprobation de la part du monde profane. Pas une ligne du Livre qu’il n’ait pris en aversion à cause du temps passé à l’écrire et, surtout, à cause de l’Esprit qui l’anime.

7’. Peut-être a-t-il raison ? Et peut- être avons-nous stupidement perdu notre temps à écrire le Livre, au lieu de gagner notre vie comme tout le monde ? Dieu est seul juge, et les croyants répondront dans leurs cœurs.

8. Le Seigneur n’a-t-il pas tout supporté pour l’amour de l’Unique et pour l’amour des hommes égarés dans la mort ?

8’. Devons-nous pas nous soumettre de plus en plus à la volonté de Dieu et à la réprobation du monde ?

9. La sainte Mère coulait en moi, et le sage Seigneur y nageait dans sa barque dorée.

9’. Et le ciel et la terre contemplaient à genoux le spectacle inouï.

10. Tandis qu’aveuglé par les crachats du monde, j’errais miraculeusement guidé.

10’. Dans la jubilation sans nom du cœur fondu en l’unité de l’Unique Splendeur.

11. Le discours n’est rien, et le discoureur non plus. Seul le sujet du discours est intéressant et mérite d’être atteint.

11’. Puissions-nous au moins reposer aux pieds du Seigneur de vie. C’est un lieu saint et béni pour ceux qui savent.

12. Le Seigneur d’avant les commencements demeure caché dans le sein de la grande mer, mais la grande mer le manifeste visiblement afin que toute la création paraisse dans la lumière de l’Unique.

12’. Tout est parti du liquide sans mélange pour aller vers le solide sans mélange. Tout repartira du solide mélangé par la chute pour aller au liquide sans mélange du commencement, et tout repartira enfin du liquide sans mélange pour se fixer dans le solide sans mélange de l’éternité stable.

13. Quoi de commun entre la lumière et les ténèbres ?

13’. Rien en substance ! Les mondes mixtes en mélange !

14. Une portion de la lumière peut bien se trouver momentanément émulsionnée dans les ténèbres, elle ne s’y trouve cependant ni confondue ni perdue pour toujours.

14’. À la fin des temps, elle sera à nouveau rassemblée dans le sein de l’Unique Splendeur, et les enfants de Dieu reposeront dans la victoire assurée de l’amour.

15. Nous voilà ici-bas dans un terrible champ de bataille, et il ne peut être aucunement question de nous y reposer et encore moins de nous y installer.

15’. Les mondes mixtes seront séparés et délivrés de la crasse des ténèbres et ils seront réunis à la pureté lumineuse de l’Unique Splendeur.

16. Dieu veut une Église vivante avec le Seigneur d’amour en action dans les cœurs des croyants, et non pas une Église morte remplie d’hypocrites qui ne s’occupent que de leurs affaires et de celles du monde. Les médiocres et les hypocrites seront découragés afin que l’Église subsiste en qualité plutôt qu’en quantité.

16’. Il appartient aux vrais croyants de refaire l’Église dans sa pureté première. Que tous ceux qui placent le Seigneur de vie et son salut au-dessus de leurs personnes et de leurs biens, viennent au Seigneur dans leurs cœurs afin de refaire l’unité de l’amour dans la liberté des enfants de Dieu !

17. Beaucoup seront sauvés, mais bien peu connaîtront le comment et quelques-uns à peine approcheront le pourquoi.

17’. Notre quête est ardue et vouée à l’échec sans l’inspiration du Seigneur. Mais suffit-il pas que nous recevions le salut des mains des élus de Dieu ?

18. Partout des savants critiques et des savants historiens qui épluchent et qui étiquettent la poussière de mort qui recouvre la parole de Dieu.

18’. Pas un saint, pas un prophète et pas un sage pour la dégager de sa gangue durcie et pour l’animer à nouveau dans le cœur des hommes ?

19. Nous ne sommes pas ici pour nous retrancher de l’humanité égarée.

19’. Nous sommes là pour aller à elle et pour l’éclairer dans la voie du libre retour à l’Unique Amour de vie.

20. Il faut bien le dire, même si cela ne fait pas plaisir à tous : les croyants isolés ont plus fait pour la vie de l’Église que les clercs qu’elle nourrit dans son sein.

20’. Le bon berger vit au jour le jour parmi son petit troupeau comme faisait le maître saint, sans vaines séparations et sans vaniteuses restrictions.

21. Rien de plus mort que ces timides orgueilleux qui ne demandent rien à Dieu ni aux hommes, et qui ne donnent rien non plus à personne. Ténèbres, froideur, viscosité puanteur ! Ils pourrissent en vase clos !et « Qui réchauffera leurs cœurs au doux feu de l’amour ? »

21’. Se retirer dans la solitude de Dieu n’est pas se retrancher du cœur de l’humanité, mais bien s’y plonger entièrement par le canal de l’amour divin qui baigne toute la création. Lumière, chaleur, amour et vie ! Ils germent dans le Seigneur !

22. Le doute et l’impiété nous sont transmis par simple contact comme les maladies contagieuses, et nous mourons comme des pestiférés dans l’horreur et dans la puanteur. La foi de quelques-uns ne nous sauvera-t-elle pas de même ?

22’. Les premiers viennent-ils pas en dernier à présent, et les derniers viennent-ils pas en premier ? Ouvrirons-nous les yeux et comprendrons-nous la leçon du Très-Haut ? Verrons-nous la lumière luire et se redresser ?

23. N’est-ce pas Melchior, le roi noir, qui offrit l’or de la royauté et de l’amour au Seigneur nouveau-né ? Et n’est-ce pas le Seigneur glorifié qui envoie aux noirs l’or de la libération et de l’amour ?

23’. Ô toi le meilleur des peuples qui sais aimer et te réjouir sans hypocrisie, le Seigneur t’envoie ce qu’il a de meilleur, car il t’aime et il se réjouit en toi sans contrainte. Délaisseras-tu son trésor comme les autres peuples fous ?

24. La dédicace du Livre aux noirs est éclatante et nul ne peut en douter, pas même les blancs qui le reçoivent en premier.

24’. Le Seigneur nous ouvrira l’entendement du cœur si nous nous ouvrons à son amour saint et parfait.

25. Nous vous avons connus avant que vous ne nous connussiez.

25’. Savez-vous cela ? Et l’entendez-vous comme il faut ?

26. Les blancs nous ont reçu comme des aveugles.

26’. Les noirs nous recevront-ils comme des sourds ?

27. S’il en était ainsi, que le Livre demeure caché dans le sein de l’Unique jusqu’au temps du jugement !

27’. Suffit-il pas d’un seul enfant de Dieu pour justifier tout le vide de la terre ?

28. Seigneur, laisse-nous à nouveau entrevoir ton salut afin que nous soyons consolés dans notre détresse.

28’. Seigneur, laisse-nous à nouveau entrevoir ta victoire afin que nous soyons réconfortés dans notre faiblesse.

29. Partout des indifférents, des abrutis, des sectaires, des hypocrites ou des rebelles qui repoussent le don de Dieu.

29’. Ô croyants qui voulez vivre devant le Seigneur, où êtes-vous ? Répondez à l’appel avant l’incendie qui va nettoyer la terre de ses ronces.

30. Étrange moisson, où il nous faut chercher un à un les épis de bon grain, noyés dans les champs d’ivraie ! Étrange quête, où il nous faut rassembler quelques grains d’or perdus dans la montagne de sable mort !

30’. Le Seigneur a déjà allumé sa torche afin de réduire en cendre les multitudes inutiles, et nous le supplions d’attendre encore un peu, dans l’espoir de découvrir quelques épis isolés, car nous ne pensons même plus rencontrer un champ de bon grain ou une pièce entière de son trésor.

31. Quelques-uns qui croient et qui cherchent et qui demandent à Dieu leur salut, pour une multitude de morts et d’agonisants qui dorment ! Ô Seigneur, est-il possible que tu te moques aussi cruellement de tes enfants en les isolant ainsi dans le monde ?

31’. N’êtes-vous pas plantés comme une semence pour faire germer toute la terre devant le Seigneur ? Et n’êtes-vous pas mis comme un levain pour faire lever toute la masse des créatures jusqu’au salut de Dieu ? dit l’Unique Connaisseur.

32. Ô aveuglement malheureux ! Savons-nous pas qu’un seul enfant de Dieu pèse plus dans la balance du jugement que tous les royaumes de la terre, que tous leurs rois et que tous leurs sujets réunis ?

32’. N’est-ce pas la densité, n’est-ce pas le poids, n’est-ce pas la bonne odeur et n’est-ce pas la constance du seul trésor divin qui comptent plus que l’éparpillement et que la multitude des écorces vides ?

33. Le maître n’est-il pas considéré par le monde profane comme le roi des charlatans pour avoir annoncé le salut déclaré incroyable ?

33’. Le maître n’est-il pas considéré par le monde profane comme le roi des bateleurs pour avoir manifesté la résurrection réputée impossible ?

33’’. Serons-nous pas honorés d’être aussi traités de charlatans et de bateleurs à cause de notre confirmation dans le monde du salut divin et de la résurrection glorieuse ?

34. C’est notre joie d’avoir négligé notre vie ici-bas pour rappeler aux croyants découragés le salut de Dieu et son pardon.

34’. C’est notre gloire de ne pas avoir travaillé pour nous ici-bas, mais plutôt d’avoir œuvré pour toutes les créatures de Dieu.

35. Nous partirons léger au monde parce que nous serons devenu dense en Dieu. Qui comprend cela à présent ?

35’. Ce qui semblera comme une catastrophe à beaucoup, paraîtra comme le prélude du salut de Dieu à quelques-uns.

36. Nous sommes venu confirmer les révélations anciennes et nous sommes venu les renouveler dans le monde avant le choix décisif de la fin.

36’. Toutes occasions auront été données à chacun d’entendre et de croire, de voir et de toucher, afin que nulle réclamation ne s’élève au jugement dernier.

37. Tant que nous travaillerons pour nous-mêmes, nos œuvres nous paraîtront pénibles et tristes.

37’. Dès que nous travaillerons pour Dieu, nos œuvres nous sembleront légères et joyeuses.

38. Le Seigneur dessert ceux qui œuvrent pour eux seuls.

38’. Tandis qu’il travaille en personne pour ceux qui le servent.

39. Nous devons nous efforcer à tout subir et à tout supporter ici-bas sans récriminer, car rien ne nous appartient, pas même notre corps, et rien ne nous est dû, pas même notre vie.

39’. Parole dure pour ceux qui croient pouvoir s’installer dans ce monde d’exil, et qui pensent pouvoir y triompher par leur travail ou par celui des autres.

40. Après que le Seigneur nous a visités en famille, n’est-il pas bon que nous le visitions aussi en particulier ?

40’. La prière en commun des croyants aimante Dieu jusqu’aux hommes. La prière solitaire du saint aimante l’homme jusqu’à Dieu.

41. Certains Noms de Dieu consument et d’autres arrosent ; certains Noms de Dieu tuent et certains autres donnent la vie ; certains Noms de Dieu montent et certains autres descendent.

41’. Ces Noms divins s’écrivent, ils s’épellent, ils se nomment et ils se chantent pour donner les formes et pour les défaire ; c’est un secret que Dieu ne confie qu’aux renoncés qui préfèrent mourir plutôt que tuer.

42. D’un mot, le Seigneur pouvait dissoudre le monde dans les limbes de l’oubli, mais il a préféré souffrir les injures, les coups et la mort plutôt que maudire une parcelle de la création de l’Unique. Quelle leçon pour tous !

42’. Le Seigneur nous enseigne à ne pas rejeter sa création si défigurée soit-elle, car derrière la désolation de la mort subsiste encore l’étincelle de la vie divine. Qui éprouvera la sagesse du sage ? Et qui la verra briller sur la terre ?

43. Celui qui passe son temps à prier et à chercher Dieu, est le seul qui ne soit pas inutile ici-bas.

43’. Même si les hommes le repoussaient de tous leurs biens, les anges de Dieu le serviraient comme un prince du ciel.

44. Celui qui n’est pas vivifié du ciel ne ressuscitera pas de la terre. « Inconnu. Incroyable. Incarné. Impassible. »

44’. Il y a là une condition que remarqueront les intelligents de Dieu, car c’est ici le degré ultime réservé aux seuls fils élus de Dieu.

45. Nous ne désirons pas abandonner notre corps pour nous dissoudre dans les limbes du commencement. Nous désirons le purifier et l’affermir avec l’aide de Dieu afin de pouvoir l’habiter pour l’éternité.

45’. Il y a là une différence que remarqueront les intelligents de Dieu, car si l’union partielle avec Dieu est digne de louange et d’admiration, seule l’union totale en esprit, en âme et en corps est digne d’adoration.

46. Serge, l’Algérien, croit au message qui vient du maître du messager. Le Seigneur l’établira-t-il pas serviteur des croyants à cause de sa fidélité et le couronnera-t-il pas fou de Dieu à cause de sa foi ? « Il aime au-dedans, il brillera donc au-dehors. »

46’. Lanza, le poète, prêche des sourds et il enseigne des aveugles. Le Seigneur lui donnera-t-il pas un peuple à instruire et à conduire saintement ? N’est-ce pas la chaleur du cœur qui compte plus que la couleur de la peau ? « Il pénètre et il garde. »

47. Bryan, le diplomate, étouffe dans ce monde agonisant en espérant la brise du jardin d’Éden. Le Seigneur l’humectera-t-il pas de son Esprit Saint et le fera-t-il pas flotter sur sa mer cachée ? « Il espère et il patiente. »

47’. Emmanuel, le forestier, quête la bonne odeur de vie avec un flair développé. Le Seigneur le mènera-t-il pas vers la sainte rosée qui embaume le monde de Marie ? « Il cherche et il fouille. »

48. Charles, dit le Zou, chante comme un oiseau et il aime comme un fou. Le Seigneur l’arrosera-t-il pas de sa précieuse ondée de perles et de rubis ? « Il muse et il trouve. » Robert, l’ingénieur, est inquiété par le Livre. Il se réserve et il attend. Le Seigneur lui dira-t-il pas un petit mot pour le rassurer ? « Il hésite et il doute. »

48’. Tous sont dans la main de Dieu, mais ils s’y débattent encore trop pour être réengendrés dans la vie qui ne périt pas. Qui cessera le premier de subsister au-dehors, afin d’être refait au-dedans ? « Celui qui mourra et qui ressuscitera. »

49. Le pain du ciel doit être détendu dans le vin de la terre pour être administré aux enfants de Dieu, car la communion du vivant d’éternité possède une force qui peut tuer notre faiblesse.

49’. Tout ce qui est beau et bon ici-bas n’est que le reflet de la beauté et de la succulence de la pure substance de la vie, et tout ce qui est laid et mauvais n’est qu’une image de la laideur et du poison de la crasse ténébreuse de la mort.

50. Dieu nous a donné le Livre de la nature, mais nous ne l’avons pas lu !

50’. Il nous a envoyé le Seigneur pour nous l’épeler, mais nous ne l’avons pas entendu !

51. Il a accompli devant nous le mystère de l’incarnation et celui de la résurrection, mais nous ne les avons pas vus !

51’. S’il nous imprime sa voie blanc sur noir, la remarquerons-nous, l’étudierons-nous et la suivrons-nous ? Ou bien dira-t-on que nous ne l’avons pas reçue non plus ?

52. Il y a une bénédiction pour celui qui propage le Livre, et il y a une bénédiction pour celui qui le reçoit.

52’. Il y a une bénédiction pour celui qui lit le Livre, et il y a une bénédiction pour celui qui l’écoute.

53. Il y a une bénédiction pour celui qui étudie le Livre, et il y a une bénédiction pour celui qui l’applique.

53’. Il y a une bénédiction pour celui qui expérimente le Livre, et il y a une bénédiction pour celui qui le réalise.

53’’. Il y a aussi une bénédiction pour celui qui a entendu le Livre et qui l’a écrit, soyons-en assurés. Celle-là brille comme la lune du soir et comme le soleil du matin.

Si vous avez fait ou si vous faites une mauvaise action, vous n’échapperez pas à la douleur, si loin que vous fuyiez.
Bouddha
Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous-mêmes.
Coran

LIVRE XXX

Nous réduirons en poussière tout ce qui décore la terre.
Coran
Que la poussière retourne à la terre selon ce qu’elle était, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné.
Ecclésiaste

VUE TERNIE

LES TÉNÈBRES

1. Comment penser au Seigneur et comment le prier, le louer et le bénir quand nous sommes en butte aux récriminations, aux grincements, aux cris, voire aux hurlements du monde profane ?

1’. Celui qui peut se retirer dans une chambre ou dans un lieu tranquille, connaît-il sa chance et son bonheur ? « L’enfer n’est pas propice aux prières, certainement. »

2. Un petit filet des grandes eaux arrive à peine jusqu’à nous à présent, et nous agonisons dans le monde en demandant grâce.

2’. Un jour, nous nagerons dans l’immensité de la mer céleste, et tout nous sera donné à profusion, avant même que nous l’ayons demandé.

3. Tout ce qui vient du ciel et qui n’est pas reçu par les hommes, erre sur la terre et déborde sur la nature.

3’. La bénédiction qui n’est pas reçue et absorbée déborde et se change en malédiction pour les ingrats.

4. Celui qui est avec Dieu n’a pas le temps d’être contre quiconque.

4’. Toute parole de haine qu’on nous soufflera, même contre les ennemis de Dieu, n’est pas de Dieu. Voilà qui est clair et précis.

5. C’est l’esprit de possession, de récrimination, d’oppression et d’agression qui engendre la misère, la haine, l’esclavage et le malheur dans le monde.

5’. Dieu punit les méchants qui s’emparent injustement de la vie des êtres et des choses. Notre vue est courte, mais la mémoire du juge est inexorable.

6. Nul n’a le droit de prospérer ici-bas s’il ne fait profession d’athéisme impie ou s’il n’affiche une foi hypocrite, car chaque groupe s’occupe de ses propres affaires et méprise celles de Dieu.

6’. Tous ceux-là portent les initiales de la Bête comme marque et comme drapeau et ils se détruisent finalement, car ils sont ennemis de Dieu, soit qu’ils le nient publiquement, soit qu’ils le trahissent en secret.

7. Il n’y a plus de place dans le monde pour les croyants de Dieu qui adorent son saint Nom dans leurs cœurs.

7’. La vie leur est parcimonieusement mesurée et bientôt elle leur sera tout à fait contestée.

8. Les croyants restaureront la pureté de l’Église de Dieu, et les prêtres demeurés fidèles à Dieu dans leurs cœurs seront avec eux pour l’œuvre de résurrection.

8’. Les hypocrites et les impies seront rejetés hors du paradis de Dieu, et ils s’accuseront et ils se déchireront mutuellement sans pitié et sans pardon dans les ténèbres de l’exil.

9. Le secret de Dieu est saint certainement, mais les églises qui le gardent ne le sont plus, hélas ! par la faute de ceux qui les composent.

9’. Notre devoir est de dénoncer l’intrusion des affaires mondaines dans le sein des églises de Dieu.

10. Notre devoir est également de restituer ces églises dans la pureté et dans la simplicité premières, proches de la volonté de Dieu et éloignées des passions du monde.

10’. Les hypocrites, les tièdes et les impies seront chassés, et tout sera renouvelé dans le Seigneur de vie et de vérité pour le bien de sa création fidèle.

11. Le passant de Dieu ouvre le saint flacon que la vieille prostituée conservait caché sous ses oripeaux.

11’. Et après avoir bu le premier, il lui tend la fiole remplie de la liqueur dorée des dieux.

12. À la première gorgée, elle redevient jeune et belle, et tous ceux qui la fuyaient avec horreur reviennent à elle pleins d’amour et de respect.

12’. Tandis que ceux qui l’entretenaient dans ses vices et qui l’exploitaient honteusement, tombent à terre sous le poids de leurs iniquités revenues sur eux-mêmes.

13. À la deuxième lampée, tout le corps de sa beauté resplendit de la douce lumière de Dieu et ses haillons gisent consumés à ses pieds.

13’. Un parfum divin s’exhale de toute sa splendeur jusque sur ses enfants retrouvés qui hument la bonne odeur de vie.

14. À la troisième prise, elle chante avec les anges les louanges de son créateur et, voilée par sa chevelure dorée, elle danse avec les vierges le pas de la vie libre et sainte.

14’. Ses enfants entrent dans la ronde et joignent leurs chants d’allégresse, sous les regards amoureux du Père, qui se réjouit dans sa famille retrouvée et sauvée.

15. Le souffle de l’Esprit Saint est un souffle de vie et de lumière qui chasse la mort et ses ténèbres.

15’. C’est un souffle d’amour qui console les humbles, mais c’est aussi un souffle de justice qui brise les orgueilleux.

16. C’est un souffle qui donne la vie aux croyants, mais qui peut frapper de mort les impies, car c’est le souffle de Dieu qui descend et qui monte, qui repose et qui palpite, qui souffle où il veut, sans que personne puisse deviner d’où il vient ni où il va.

16’. C’est l’Esprit de Dieu qui fait tout en nous et hors de nous. Ainsi nous ne devons être fier de rien, car nous nous attribuons alors ce qui nous est confié, mais qui ne nous appartient pas. « L’ART, la GLOIRE et le JUGEMENT appartiennent à Dieu seul. »

17. Les imbéciles triomphants peuvent bien se tordre de rire en lisant le Livre du secret, nous ne devons pas nous vexer ni nous fâcher pour cela.

17’. Nous devons plutôt rire avec eux, car si stupides et si prétentieux qu’ils soient, le ton différent de notre joie leur fera vite comprendre que nous ne rions pas de la même chose qu’eux.

18. Tout ce que les cuistres hypocrites pourront inventer et raconter sur le Livre et sur nous, ne doit pas nous attrister ni nous révolter.

18’. Quelle que soit la perfidie de leurs calomnies et quelle que soit la virulence de leur venin, ils ne pourront effacer la parole inspirée du cœur des croyants et ils ne pourront nous salir devant Dieu.

19. Les deux témoins seront exposés aux yeux de tous sur la place publique et ils seront gardés par la soldatesque comme le fut le Seigneur sur la croix.

19’. L’un sur le ventre et l’autre sur le dos, trois jours et deux nuits, ainsi seront exposés les premiers qui viennent en dernier.

20. Quand ils se redresseront sous le souffle de l’Esprit Saint, ils se trouveront face à face, l’un à genoux et l’autre assis.

20’. Afin d’être aussi témoins l’un pour l’autre du miracle de Dieu et afin que leurs louanges montent d’un seul élan vers le Seigneur de vie et de résurrection.

21. La terreur des méchants sera alors à son comble et leur jactance, qui triomphait, deviendra muette de frayeur, car leur eau les abandonnera et ils sécheront sous les regards du Très-Haut, qui les réduira en cendres.

21’. La joie des croyants sera aussi à son comble et l’assurance de leur foi deviendra insensée, après avoir défailli à l’extrême, car l’eau de la grâce coulera en eux avec abondance, et l’amour du Très-Haut les établira dans la vie impérissable.

22. Le Père-Dieu, c’est le NOM de Dieu inexprimé dans le secret de l’Eau-Dieu.

22’. Dieu est caché dans son NOM.

23. L’Eau-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui descend et qui monte en soi-même.

23’. Et son NOM est la vie.

24. L’Esprit-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui se meut en tous sens sur l’Eau-Dieu.

24’. Et son NOM est vivant.

25. Le Corps-Dieu, c’est le NOM de Dieu qui se manifeste et qui se fixe dans l’Eau-Dieu.

25’. Et son NOM se nourrit de la vie.

25’’. Ainsi Dieu est celui qui EST, par ce qu’il EST, dans ce qu’il EST, pour ce qu’il EST.

26. Avec Dieu, nous voilà au-dessus de tout. Sans Dieu, nous voilà en-dessous de tout.

26’. La chose est facile à vérifier en nous et autour de nous.

27. Ce sont les bienfaits de Dieu qui rendent l’orgueilleux aveugle et vain.

27’. Ce sont les dons de Dieu qui font mesurer à l’intelligent sa pauvreté en tout.

28. Ainsi l’ignorant vaniteux s’attribue la gloire dérisoire du monde.

28’. Ainsi le croyant instruit attribue à Dieu seul la gloire de toute création.

29. Nous pouvons aimer Dieu de tout notre cœur et demeurer tourné vers lui le plus que nous pouvons dans ce monde agité et cupide.

29’. Nous n’obtiendrons pas pour cela le secours matériel qui nous délivrerait du souci tyrannique de gagner ou de mendier notre subsistance journalière.

30. Ainsi la fréquentation spirituelle de l’Unique nous comble de joie spirituelle, mais elle nous laisse dans le dénuement matériel.

30’. C’est seulement la possession spirituelle et substantielle du Seigneur d’abondance qui nous comblera dans le ciel et sur la terre.

31. Beaucoup reçoivent les dons intellectuels du monde.

31’. Et un grand nombre reçoit les biens matériels du monde.

32. Quelques-uns seulement reçoivent les dons spirituels de Dieu.

32’. Et un ou deux, à peine, reçoivent les biens palpables de Dieu.

33. La richesse sans le soleil de Dieu est une malédiction qui engendre la misère et la désolation.

33’. La pauvreté avec le soleil de Dieu est une bénédiction qui engendre la richesse et la joie.

34. Qui peut approcher la coupe d’immortalité ?

34’. Et qui peut tremper ses lèvres dans le breuvage divin ?

35. Qui possède le nectar des immortels ?

35’. Et qui connaît la provenance du vin de Dieu ?

36. L’incroyant compte uniquement sur lui-même dans ce monde, mais le croyant compte avant tout sur Dieu dans le ciel.

36’. Quand l’un maudit, l’autre bénit pour la même cause. C’est un signe que nous devons bien remarquer.

37. Ainsi les saints bénissent les flots débordants de la grâce céleste qui les comblent, tandis que les impies maudissent le trop-plein qu’ils n’ont pas reçu et qui les engloutit.

37’. Les saints bénissent semblablement le feu de l’amour céleste qui les mûrit et qui les consolide, tandis que les impies maudissent la surabondance de l’amour qu’ils n’ont pas hébergé et qui les consume.

38. Il faut être profondément enfoncé dans l’état bestial pour se trouver bien de la puanteur de la mort qui nous habite et qui suinte de tous côtés.

38’. Comment peut-on y demeurer à l’aise ? Comment peut-on s’y installer confortablement ? Comment peut-on y reposer tranquillement ? Comment peut-on s’y cramponner frénétiquement ?

39. N’est-ce pas à cause de l’héritage divin qui subsiste miraculeusement en nous sous l’ignominie de la crasse étrangère ?

39’. Ferions-nous pas mieux de séparer ces deux, dans la sainte contemplation de Dieu, plutôt que les mélanger toujours plus dans la vaine agitation du monde ?

40. Celui qui loue le Seigneur pour tout ce qu’il reçoit et pour tout ce qui le quitte, pour tout ce qui lui arrive et pour tout ce qui ne lui arrive pas, est vraiment éclairé de Dieu et sa délivrance de l’exil de la mort est assurée.

40’. Qui nous donnera l’intelligence de ne plus juger avec nos yeux aveugles, et qui nous donnera la prudence de ne plus récriminer avec nos langues imbéciles ? Qui nous donnera l’intelligence de puiser notre vie dans le ciel, et qui nous donnera la patience de la mûrir sur la terre ?

41. Tous se battent pour des mots, pour des idées, pour des prééminences ou pour des biens, qui sont comme les ombres de la chose, au lieu de chercher la chose qui est la seule réalité substantielle de l’Être qui repose dans son sein et qui l’anime.

41’. Les hommes saints désignent la chose sous une multitude de noms et de figures, mais la chose est unique et elle demeure égale à elle-même dans sa virginité ou dans sa maternité et elle manifeste son centre très saint et très secret, qui est le Seigneur de vie.

42. Il ne suffit pas que nous croyions bien faire, il faut, de toute nécessité, que nous fassions bien pour être sauvés.

42’. Il n’est pas nécessaire d’expliquer la vie et son mouvement, il suffit de posséder la vie et l’unité dorée qu’elle recèle.

43. Connaître tous les noms de l’eau ou se baigner dans la grande eau sont deux choses bien différentes.

43’. Connaître toutes les propriétés de l’or ou posséder le trésor de vie sont aussi deux choses bien différentes.

44. Ceux qui nous parlent de la chose et qui ne l’ont pas, devraient bien s’effacer humblement.

44’. Ceux qui taisent la chose et qui la possèdent, devraient bien se montrer prudemment.

44’’. Hélas ! c’est tout le contraire qui se produit, tellement notre prétention est aveugle et tellement nos cœurs sont envieux.

45. C’est notre prétentieuse suffisance qui nous ferme les portes de l’amour et de la connaissance.

45’. Et c’est notre méchanceté impie qui nous éloigne des élus de Dieu qui transmettent la parole de vie.

46. C’est le repos qui se tient dans le mouvement et qui l’anime.

46’. Comme c’est l’essence qui se tient dans la substance et qui y fait émaner les formes.

47. Nous avons cru à notre intelligence, à notre travail, à notre volonté et à notre savoir dans ce monde, mais à présent nous voilà à tes pieds, Seigneur saint et parfait.

47’. Comme des agonisants, dépouillés de tout, qui sombrent dans la grande nuit, ta lumière gracieuse et ton amour précieux sont notre seul espoir dans cet état lamentable.

48. Toutes nos fautes et tous nos crimes dans le monde sont insignifiants au regard de notre reniement et de notre oubli de Dieu.

48’. C’est pour cela que le Seigneur pardonne tout à ceux qui reviennent à lui avec un cœur repentant et brisé, qui se fond dans les larmes du saint amour retrouvé.

49. Jour de ténèbres et de désespoir, tout nous semblera perdu et nous serons comme anéantis par le chagrin.

49’. C’est alors que la lumière du Parfait percera la grande nuit et que son jour brillera sur ses sauvés pour toujours.

50. Ô les cris de douleur, ô les lamentations déchirantes de ceux qui auront librement choisi de s’établir dans les ténèbres du dehors !

50’. Ô les cris de joie, ô les louanges amoureuses de ceux qui auront choisi dans leur cœur de se fixer dans la lumière du dedans !

Il s’unit à sa poussière, oh ! qu’il est pur !
Lao t’seu
Il accomplit son ouvrage en lui soufflant une portion de son esprit
Coran

LIVRE XXXI

Toi qui de tout le monde corporel, es l’être le plus parfait que j’aie vu, par ce corps à toi brillant immortel.
Zarathoustra
Chaque âge dira au suivant la louange de tes œuvres, on publiera tes prodiges.
David

NEUVE TRIE

LA LUMIÈRE

1. Nous aspirons à la place la plus humble et la plus décriée dans le monde afin que, chacun se jugeant au-dessus de nous, nul ne soit scandalisé dans sa foi par notre personne ou par notre situation.

1’. Le Livre compte plus que celui qui l’a écrit, et la chose dont parle le Livre compte plus que le Livre. Ainsi nous ne devons pas oublier que le salut de Dieu compte plus que les moyens du salut.

2. C’est l’amour de Dieu qui paraît si dérisoire aux malins de ce monde, qui nous sauvera au jour du jugement.

2’. Car nous ne nous présenterons pas le cœur et les mains vides. « Ô surprise extrême du poids de la lumière de vie ! »

3. Que les pauvres vivent un jour comme des riches et que les riches vivent un mois comme des pauvres, afin que chacun connaisse l’état des autres.

3’. Les croyants qui liront le Livre seront transportés de joie et ils propageront autour d’eux la nouvelle, car le Seigneur disparu dans le ciel revient sur la terre et son règne approche certainement.

4. Cela ne veut pas dire : expérimentez le vice ou la crasse.

4’. Cela ne veut pas dire : ne priez plus ou ne cherchez plus.

5. Savons-nous sous quelle figure le Seigneur se présentera à nous ? Et sommes-nous assurés de le reconnaître à temps ?

5’. Toutes les formes lui appartiennent par excellence, car il les manifeste et il les dissout sans effort dans sa création continue.

6. C’est une grande charité de permettre aux pauvres que nous assistons de nous rendre service en remerciement, car nous leur donnons ainsi l’assurance de leur dignité d’hommes libres.

6’. Ceux qui sont de Dieu et ceux qui sont à Dieu, se reconnaissent à ce qu’ils placent Dieu avant eux en toutes occasions et à ce qu’ils ramènent tout à lui et rien à eux-mêmes. Voilà un signe excellent entre tous.

7. Il n’est pas bon de triompher, ni de briller, ni même d’avoir raison contre quiconque dans ce monde ténébreux, empoisonné par la jalousie et par la haine.

7’. Il vaut mieux vivre caché et inconnu, et faire le bien en secret aux pauvres et aux humbles qui ne mordent pas la main qui les secourt.

8. Un jour, les orgueilleux du monde se réveilleront dans la boue morte, et leur étonnement, leur rage et leur désespoir seront affreux.

8’. Ils se découvriront plus vils que la vermine grouillante dans un cadavre en décomposition, car ils mangeront la mort avec vomissement.

9. Les élus du Seigneur baigneront dans la douce lumière qui embaume la bonne odeur de vie et ils se congratuleront sans fin.

9’. Pas une goutte de la rosée céleste ne s’égarera dans le bourbier de la mort, car un mur de verre les séparera des damnés.

10. Ainsi les méchants verront l’unité de la sainte lumière qui baignera les enfants de Dieu, et cela ajoutera à leurs tourments, car ils ne pourront y participer en aucune autre façon.

10’. Ils ne pourront ni se faire entendre ni se faire voir des élus à cause de leurs ténèbres qui les confondront avec la crasse de la mort. Mais ils se déchireront au milieu des hurlements de leur agonie toujours renouvelée.

11. Repoussons les choses laides et compliquées et consacrons tous nos loisirs à la quête de l’unique beauté.

11’. Rejetons les vêtements étroits et consumons la crasse du péché qui nous maintient dans les ténèbres de la mort.

12. La vérité de Dieu court au-devant de celui qui la cherche avec un cœur humble et purifié.

12’. Mais elle fuit ceux qui croient pouvoir la violenter, elle se cache de ceux qui la dédaignent et elle abandonne ceux qui la desservent.

13. Que celui qui se sent solitaire et abandonné dans le monde, prenne courage ; qu’il prie le Seigneur et ses saints dans son cœur, et il recevra ce qu’il aura demandé.

13’. Qu’il réfléchisse bien à sa demande, afin de ne pas recevoir des écorces vides au lieu de l’amande substantielle qui comble seule les enfants de Dieu.

14. Nous devons éviter soigneusement tout contact avec les sceptiques mondains qui dénigrent tout, dans l’incapacité où ils sont de rien recevoir des vérités de Dieu.

14’. Se croyant très fins, ils sont devenus comme des imbéciles qui triomphent dans le vide de leurs cœurs et de leurs esprits. Leur rôle est de salir tout ce qui n’est pas taré comme eux.

15. En face des méchants, des malins, des médiocres, des hypocrites et des impies, nous déclarerons ne rien savoir, ne rien avoir et ne rien pouvoir, ce qui est véridique.

15’. Notre prudence, notre silence et notre absence seront notre sauvegarde devant ceux qui veulent connaître sans étudier, voir sans croire, et juger sans aimer.

16. C’est un péché devant Dieu et c’est un danger pour tous, que d’instruire un méchant, et c’est une folie et un danger pour soi-même, de l’aider tant que persistent sa méchanceté et sa malice.

16’. En face des simples croyants, enfants de Dieu, nous manifesterons la bonté de la lumière sainte, afin que leurs cœurs soient confirmés dans la foi de Dieu et afin que leurs esprits soient pénétrés d’un rayon céleste.

17. Celui qui reconnaît Dieu pour Père, qui l’adore dans son cœur et qui obéit à sa voix, est enfant de Dieu et pratique la vraie religion.

17’. Ceux qui vivent du travail des autres et qui se sont installés dans la religion comme dans un fromage, ne seront pas d’accord avec nous ; mais le sont-ils avec le Seigneur de vérité ?

18. Un savant ignorant qui parle ouvertement de ce qu’il ignore dans le fond, paraîtra toujours plus instruit aux autres ignorants qu’un sage connaisseur qui voile l’unique fondation de tout ce qui est.

18’. Christ est unique en Dieu certainement, mais ses formes sont multiples dans la création. Ainsi nous le reconnaîtrons, premièrement, à l’œuvre et au poids, ensuite, à la parole ; mais jamais à l’apparence.

19. Au jour du jugement, chacun sera placé dans la nouvelle hiérarchie, là où il se sera mis lui-même sans le savoir.

19’. Tous peuvent aimer et croire ; quelques-uns seulement peuvent comprendre et trouver.

20. Dans chaque religion, les prédestinés liront le Livre de la science de Dieu et l’ayant reconnu dans leurs cœurs, ils le mettront en œuvre dans le monde. Ce jour-là marquera la proximité de la fin de la mort et du renouvellement de la vie.

20’. Un jour, les miracles des enfants de Dieu répondront aux prodiges des enfants du démon, et les premiers démasqueront et abattront les œuvres de mort des impies, alors que ces derniers ne pourront même pas entamer les œuvres de vie des fils de l’Unique.

21. Serons-nous obligé, pour vivre dans ce monde, de mendier notre vie en sollicitant une place de la toute-puissance des églises, ou de celle des sectes, ou de celle des partis, ou de celle des associations secrètes ?

21’. Le Seigneur reculera-t-il indéfiniment l’heure de sa grâce et de son don secret ? Serons-nous toujours soumis à la marée envahissante des impies, et serons-nous toujours repoussé par le mur aveugle des hypocrites ?

22. Le Seigneur ne dispose-t-il pas de la nourriture des mondes ? Et n’est-il pas capable de nous faire vivre directement s’il le veut ?

22’. Devrons-nous encore longtemps œuvrer profanement pour gagner notre subsistance ici-bas, au lieu de louer et d’adorer Dieu comme notre cœur le désire ?

23. Ou bien a-t-il résolu de nous faire subir le sort de Job, malgré notre faiblesse et notre pauvreté actuelles ?

23’. Notre foi et notre travail seront-ils constamment engloutis, sans résultat, par l’apathie des agonisants du monde qui s’éteint ?

24. Peut-être enfin, a-t-il décidé de nous réduire à la mendicité, afin que nous soyons entièrement à lui ?

24’. Serons-nous encore longtemps maintenu ici-bas comme inutile et bon à rien, malgré notre quête folle et malgré notre amour insensé ?

25. Comment notre compagne et les gens de notre entourage ne douteraient-ils pas de notre mission ?

25’. Ne nous est-il pas arrivé de douter de la vigilance et de la protection du Seigneur pour nous-même ?

26. Comment pourrions-nous juger et condamner quiconque pour son manque de foi, alors que la nôtre est si chancelante ?

26’. Les croyants reprendront-ils pas courage en considérant notre cas et en voyant notre sauvetage ultime ?

27. Si le Seigneur le permet, notre exemple sera un grand réconfort pour tous les croyants qui espèrent le salut de Dieu.

27’. Cela sera pour nous une grande récompense et une grande joie pour un petit travail et pour une petite peine dans le monde.

28. Beaucoup de croyants enrégimentés en sont arrivés à refuser de chercher le salut de Dieu ici-bas, dans la crainte inavouée de le trouver, et de perdre ainsi l’espérance de l’obtenir un jour lointain tout en s’accommodant du monde actuel. Ceux-là maintiennent le Seigneur dans la tombe afin de s’organiser confortablement dans le monde.

28’. C’est comme s’ils refusaient de s’asseoir à la table du Seigneur, préférant au banquet de la vie, la promesse d’un sauvetage ultérieur. N’est-ce pas, en réalité, parce qu’ils préfèrent s’organiser dans ce monde de mort plutôt que s’établir dans la vie de Dieu ?

29. Les profanes se sont infiltrés partout et ils commandent à présent dans le monde, dans les églises et dans les sociétés initiatiques.

29’. C’est un signe redoutable du désordre des esprits, et bientôt ce sera une odeur de décomposition des nations qui envahira le monde.

30. Il importe peu que le Livre nous paraisse confus et abstrait ; l’essentiel est que nous parvenions à la chose précise et concrète dont parle le Livre.

30’. Les deux voies n’y sont-elles pas sagement entremêlées pour former l’arbre de vie, au lieu d’être profanement séparées pour faire des béquilles mortes ?

31. Ceux qui nous préconisent le sauvetage par la volonté et par le travail de l’homme, sont des profanes qui se croient vaniteusement initiés aux secrets de Dieu.

31’. Seigneur, nous voici brisé et gisant à tes pieds, comme un tas de cendres où brille seule la foi de notre amour pour toi, mais où plus rien ne se meut de soi-même.

32. Alors qu’ils ne sont que les jouets du malin qui violente tout brutalement, mais qui ne dénoue rien doucement et qui n’unit rien saintement.

32’. Si tu ne viens nous réanimer par ta sainte incarnation, nous voici endormi jusqu’au jour de ton jugement, beau Seigneur de miséricorde.

33. Ô peuple de Dieu qui as tant brillé dans le monde, relèveras-tu pas le flambeau de l’esprit qui s’éteint sur la terre ?

33’. Et replaceras-tu pas les livres saints sur l’autel de la splendeur céleste descendue jusqu’à toi ?

34. Ô peuples visités de Dieu, vous relèverez-vous pas de la boue où vous organisez votre agonie ? Et reviendrez-vous pas au Seigneur de vérité ?

34’. À celui qui vous a suscités, qui vous garde encore et qui vous sauvera si vous renoncez aux œuvres de mort, à la convoitise et à la haine qui vous empoisonnent toujours plus.

35. Qui, parmi vous, tendra une main secourable et fraternelle aux peuples noirs nouveau-nés, afin qu’ils accèdent à la révélation de l’Unique Seigneur de vie ? De qui donc hériteront-ils le joyau ?

35’. Sinon, sauront-ils pas vous dépasser avec l’aide du Seigneur de foi et d’amour, et vous laisser croupir dans le bourbier de la mort avec votre orgueilleuse intelligence, avec votre vaine science et avec votre aveugle raison ?

36. Il est vain d’essayer de nous amender et de nous sauver par nous-mêmes, car nous n’aboutirons qu’à l’orgueil d’une réussite illusoire et qu’à l’assurance d’une sécurité trompeuse.

36’. Et notre état final sera mille fois pire que le premier, car nous aurons adroitement accumulé et masqué la boue qui nous empoisonne au lieu de l’avoir éliminée tout à fait.

37. Ainsi il est préférable pour nous de demander le conseil et le secours du Seigneur en toutes circonstances, et de nous remettre avec foi entre ses mains miraculeuses…

37’. qui séparent doucement en nous la vie du poison qui l’étouffe et qui la tue de plus en plus, car le Seigneur sait rejeter le péché et il sait infuser en nous son salut saint et parfait.

38. Il nous faut passer par l’humilité de la mort avant d’atteindre la gloire de la résurrection.

38’. Cependant, certains élus de Dieu seront transformés sans passer par la mort, car ils mangent le Seigneur de vie dès à présent.

39. Il faut dissoudre avant de coaguler.

39’. C’est la loi du ciel et de la terre.

40. Le Seigneur agira premièrement sur nous et ensuite, nous agirons sur le monde en son NOM, sans jamais nous attribuer le pouvoir qui nous aura été donné par lui.

40’. Les véritables enfants de Dieu se reconnaissent dans ce monde à ce qu’ils rapportent constamment à Dieu la gloire de ce qu’ils font en son NOM.

41. La lumière de vie n’est-elle pas issue de l’union du ciel et de la terre ? Et les deux voies de Dieu ne se trouvent-elles pas miraculeusement unies en elle seule ?

41’. Les profanes les ignorent toutes deux, les demi-instruits les séparent et les opposent ; seuls, les sages les assemblent et les unissent dans l’unité de Dieu.

42. Connaissons-nous une doctrine plus complète et plus belle que celle du Livre de la révélation éternelle ?

42’. N’est-ce pas la doctrine du Seigneur de résurrection issue de la création de Dieu et perpétuée jusqu’à nous ?

43. Rien de nouveau ni de changeant en elle, car elle est éternelle et parfaite dès le début des temps.

43’. Et elle subsistera, même après que les temps seront révolus, car c’est la doctrine de la vie qui ne périt pas.

44. La parole de Dieu procède de son NOM et elle revient à son NOM. Elle part fluide et elle revient solide.

44’. Le Seigneur des mondes prend corps à son tour ! Ô miracle, ô mystère, ô perfection, ô tout qui mûrit !

45. Même le un fait partie des nombres et des lettres, tandis que l’accent les anime secrètement sans être attaché ni soumis à aucun.

45’. C’est le cinquième qui est avant le premier. C’est celui qui se meut et qui meut invisiblement et visiblement.

46. Nous devons renoncer à notre volonté devant Dieu, mais à la condition de bien savoir avant ce que nous désirons de lui.

46’. Le renoncement sans objet nous ramènerait à l’inconscience et à la dissolution des limbes mouvants, tandis que le renoncement avec l’objet, nous mènera à la conscience et à la coagulation de la création fixe.

47. Devrons-nous nous contenter longtemps encore du regret du paradis terrestre et de l’espoir de la résurrection tout en agonisant dans la boue ?

47’. Serons-nous longtemps encore soumis à la crasse du péché de mort, sans secours effectif, avec la seule consolation de l’espérance de la foi ?

48. Serons-nous encore longtemps livrés à notre seul conseil et à nos seules ressources pour subsister dans ce monde enténébré et cruel ? Et redeviendrons-nous tous orphelins de Père et de Mère ?

48’. Les plus courageux d’entre nous n’ont-ils pas déjà perdu la foi dans le salut de Dieu ? Et ne prêchent-ils pas le sauvetage de l’homme par l’homme et son organisation définitive dans l’exil du monde déchu ?

49. Le Seigneur n’enverra-t-il pas un signe que tous puissent voir et entendre, afin que les meilleurs reviennent à lui ?

49’. Et afin qu’ils entraînent les masses à se convertir à lui dans leur cœur, avant le jugement de la fin ?

50. Le Livre est un signe pour ceux qui voient et qui entendent encore un peu dans le crépuscule de la fin, mais combien le connaissent-ils et combien le transmettent-ils ?

50’. Prions le Seigneur miséricordieux afin qu’il manifeste aussi un signe public pour ceux qui ne voient et qui n’entendent plus rien dans le monde malade et agonisant.

51. Ô Ami des hommes, vas-tu nous abandonner et nous laisser nous organiser dans la crasse de la mort qui mène au chaos de l’absurde ?

51’. Nous voilà abandonnés et livrés à nous-mêmes dans les ténèbres de l’exil, et ton étoile s’est cachée de nous, et tu t’es retiré dans le ciel.

52. Ô Miséricordieux qui pardonnes même notre choix imbécile de la mort, nous renverras-tu pas un fils bien-aimé avant l’éclat insoutenable de ton jugement ?

52’. Afin qu’il manifeste à nouveau parmi nous ta sainte lumière de vie comme le gage de ton pardon, et comme les prémices de ta gloire sans pareille.

53. Nous enverras-tu pas encore une fois ton essence et ta substance saintes qui sont tout toi ?

53’. Afin que nous soyons illuminés, consolés et rassurés en ton merveilleux salut.

54. Car nos ténèbres s’épaississent et elles deviennent de plus en plus opaques, comme l’annonce de la fin des temps.

54’. Mais nous savons que ton jour est proche, car nous sentons ta lumière remuer en nous comme l’enfant qui va naître.

55. L’enfer, c’est vivre éloigné de Dieu, au prix d’un éternel travail de forçat avec pour nourriture, des bribes de lumière enterrée dans l’ordure.

55’. Le salut, c’est vivre près de Dieu dans la miraculeuse abondance de sa pure et sainte lumière, qui est la liberté des enfants de Dieu.

Nous honorons le Soleil immortel, brillant, aux coursiers rapides.
Zarathoustra
Dieu est le patron des croyants. Il les conduira des ténèbres à la lumière.
Coran

LIVRE XXXII

Il n’y a pas de joie pour la terre qui gît longtemps sans culture.
Zarathoustra
Tu ne connais pas l’œuvre de Dieu qui fait toutes choses.
Ecclésiaste

VIRE NE TUE

LES COULEURS

1. Les défauts et les insuffisances du Livre doivent être imputés à notre faiblesse et à notre indigence excrémentielles, qui appartiennent au néant boueux.

1’. Les qualités et les beautés de l’ouvrage doivent être attribuées à notre lumière substantielle et à notre inspiration essentielle, qui appartiennent à Dieu.

2. Ainsi notre individualité temporelle ne doit-elle pas faire obstacle à quiconque, soit en le repoussant, soit en l’attirant.

2’. Car la parole de Dieu et son salut comptent seuls en définitive, et seuls ils doivent faire l’objet de toutes nos pensées et de tous nos soins ici-bas.

3. Ne nous sommes-nous pas effacés afin de ne pas faire ombre à la lumière de Dieu ? Et n’avons-nous pas œuvré gratuitement ?

3’. Dans la pauvreté, dans la solitude et dans la réprobation du monde, pour la communauté de nos frères humains ?

4. Nos maîtres ne sont-ils pas les vivants d’éternité ?

4’. Et notre maître n’est-il pas le Seigneur de la vie éternelle ?

5. Le désir ardent du salut de Dieu aimante le Seigneur du ciel jusque dans nos cœurs.

5’. Ferons-nous pas aussi dans le monde ce que nous accomplissons dans nos cœurs ?

6. Ce que nous faisons par nous-même est illusoire et mort.

6’. Ce que nous faisons avec Dieu est réel et vivant.

7. Les commentaires des saintes et sages Écritures sont des images de l’image de la chose, mais pas la chose elle-même assurément.

7’. Ainsi ce que certains savants écrivent des relations de la parole inspirée est bien illusoire et bien éloigné de la vérité de Dieu.

8. La curiosité extérieure des profanes est la barrière la plus efficace qui les maintient dans l’ignorance du secret de la parole révélée.

8’. Ainsi c’est la malice de notre œil du dehors qui nous maintient dans les ténèbres extérieures, et c’est la pureté de notre œil intérieur qui nous fait approcher la lumière de Dieu.

9. L’ignorance, c’est prouver par des mots l’inexistence du salut de Dieu.

9’. La sagesse consiste à prouver sa nature réelle par des faits.

10. Beaucoup écrivent et parlent du salut de Dieu.

10’. Bien peu agissent et le palpent en vérité.

11. Qui a écrit le Livre véritablement ?

11’. Et qui le lit en vérité ?

12’. Le même.

12. Le même.

13. LVI.

13’. LVI.

14. Beaucoup sortent de leur religion et vont à la mort dont on ne revient pas.

« Le dehors. »

14’. Quelques-uns pénètrent toutes les religions et ils vont à la vie qui ne périt pas.

« Le dedans. »

15. La vie profane, c’est la vie séparée de Dieu.

15’. La vie sainte, c’est la vie reliée à Dieu.

15’’. La vie sage, c’est la vie restituée en Dieu.

16. N’oublions pas que le Livre a été écrit malgré l’hostilité aveugle du monde, et que tous les découragements, toutes les réprimandes et toutes les oppositions nous ont été prodigués…

16’. journellement, avec une continuité et avec une ténacité qui sont la marque de l’esprit rebelle acharné à repousser le ciel qui l’a vu naître et d’où il s’est exilé stupidement.

17. Il y a une justice divine certainement, et ceux qui ont combattu le Livre n’y pénétreront jamais, et au jour du jugement, aucun bon témoignage ni aucun secours ne leur viendra de lui.

17’. Il sera comme une pierre qui pèsera sur leur dos et qui les tiendra courbés vers la terre morte, qu’ils auront tant prônée et qui les empêchera de voir le ciel qu’ils auront tant méprisé. Ils avaleront leurs regrets avec la pourriture où ils se seront complu.

18. La religion est comme l’enveloppe du secret de Dieu.

18’. En elle, la lumière de la vie. Hors d’elle, les ténèbres de la mort.

19. La religion est comme le pont qui nous relie au salut de Dieu.

19’. S’endort-on sur un pont, ou s’y établit-on ?

20. Nous traverserons le pont pour atteindre la cité sainte du Seigneur de vie, d’amour et de paix.

20’. Ou nous le quitterons pour nous établir dans la jungle hostile. Ainsi, de toute façon, nous n’obstruerons pas le passage précieux.

21. La vie profane envahit le monde sous prétexte de liberté, mais elle nous mène en réalité à l’esclavage le plus atroce qui soit.

21’. Esclavage de la vie des bêtes et de la mort spirituelle. Ceux-là seront brûlés à la fin comme des ronces inutiles et ils serviront d’engrais pour le monde nouveau.

22. La femme est devenue profane depuis qu’elle a introduit le péché en elle et depuis qu’elle l’a communiqué à l’homme.

22’. Aucun des secrets de Dieu ne doit donc lui être confié, afin de ne pas exposer l’humanité à une plus grande chute.

23. L’homme, qui est tombé par la femme, relèvera la femme et après l’avoir purifiée, il la ramènera à Dieu.

23’. Ainsi l’autorité, le commandement et la décision appartiennent à présent à l’homme, afin que tout soit restitué dans l’état premier.

24. Un signe de la fin des temps sera la désobéissance, l’émancipation et la rébellion renouvelées de la femme en ce qui concerne la parole de Dieu et l’homme qui en a la garde.

24’. La dissolution se fera par le feu, à la grande surprise du monde, et elle sera ainsi radicale et définitive ; et la coagulation se fera par le feu et par l’eau unis dans l’unité de l’Un.

25. Le salut de Dieu viendra à la fin des temps, pour beaucoup qui sont réservés.

25’. La délivrance de Dieu vient en tous temps, pour quelques-uns qui sont choisis.

26. Si nous joignons le plus bas avec le plus haut, par l’intermédiaire du plus moyen, nous obtiendrons l’origine et la fin de tout ce qui a été, de tout ce qui est et de tout ce qui sera.

26’. Ainsi nous nous taisons en nommant, nous voilons en montrant et nous reposons en agissant, et cela ne peut gêner que les profanes animés par l’esprit de haine, de violence et de ténèbres.

27. SCIENCE SAINTE et SAGE.

27’. SEL SACRÉ et SECRET.

27’’. SEULS SOL et SÉLÉNÉ.

28. Les profanes vaniteux nous expliquent et nous dissèquent les saintes Écritures, les rites et les symboles, comme ces savants docteurs qui expliquent et qui dissèquent un cadavre refroidi.

28’. Les uns et les autres sont tout à fait incapables de découvrir la vie sous son enveloppe obscure, et ils sont encore bien plus incapables de la fixer dans son noyau secret.

29. Un jour, Dieu jugera le monde devenu incurable, et il consumera par le feu la puanteur de sa plaie maligne.

29’. Il réunira les restes et il les pétrira avec l’eau du ciel, pour en faire une nouvelle création odorante et sans tache.

30. La prière en commun amène les biens matériels, et les dons à la communauté les entretiennent.

30’. La prière solitaire mène aux biens spirituels, et les dons particuliers les confirment.

31. L’une fait couler la grâce.

31’. L’autre fait flamber l’amour.

32. Les églises croient encore au Seigneur descendu parmi nous, mais elles ne le connaissent plus, elles ne le voient plus, elles ne le touchent plus et elles ne le mangent plus qu’en image.

32’. Leur fidélité, leur foi, leur espérance et leur amour sont miraculeux et méritent la grande récompense de la vie éternelle promise par le Seigneur à ceux qui auront cru en lui jusqu’à la fin.

33. Ô beau Seigneur de compassion et d’amour, te manifesteras-tu pas à tes enfants bien-aimés avant les ténèbres de la fin ? Leur tendras-tu pas une main secourable et rassurante ?

33’. Permettras-tu pas à un de tes fils choisis de manifester ton saint pardon qui ôte le péché de mort, qui donne la santé aux agonisants, la foi aux incroyants et la vie aux morts ?

34. Ô beau Seigneur de miséricorde, nous donneras-tu pas encore une fois les arrhes de ton salut, afin que nous soyons réconfortés dans ton saint amour avant l’écroulement de la fin qui vient ?

34’. Permettras-tu pas à un de tes fils délivrés de manifester ta sainte lumière de vie qui éclaire les esprits et qui sauve les âmes et les corps ? Manifesteras-tu pas un petit éclat de ta toute-puissance au bénéfice de tes enfants décimés ?

35. Ceux qui se complaisent dans la bassesse de ce monde déchu, sont enragés de voir certains êtres travailler à y échapper, et toute leur méchanceté s’applique à les troubler, à les décourager et à les détourner de leur salut et de leur délivrance.

35’. Il appartient à ceux qui espèrent le salut de Dieu ou qui cherchent sa délivrance, de fuir l’hostilité déclarée ou cachée des profanes ignorants qui les entourent et qui les étouffent stupidement.

36. Non seulement les profanes repoussent la révélation de Dieu, mais encore ils persécutent ceux qui l’étudient.

36’. Quelle pire malédiction que repousser la promesse de la vie et que s’opposer à la quête de la vie ?

37. Les médiocres sont comme des bêtes seulement inquiètes du boire et du manger, mais qui ignorent celui qui les leur prépare et qui les leur donne.

37’. Aucune autre qualité ne saurait remplacer l’amour de Dieu, la foi en son salut et la quête de sa délivrance.

38. Ceux qui s’opposent à notre espérance du salut de Dieu ou à notre quête de son secret de vie, ne sont ni nos frères, ni nos sœurs, ni nos maris, ni nos épouses, ni nos enfants, ni nos parents, ni nos amis, ni nos alliés.

38’. Ceux-là sont comme des bêtes qui se vautrent dans le fumier du monde et qui prétendent nous retenir avec eux dans l’esclavage de la mort, plutôt que venir avec nous vers la liberté de la vie.

39. Les sauverons-nous et nous sauverons-nous en demeurant avec eux, en vivant leur vie aveugle et en adoptant leurs pensées profanes, fût-ce par charité ou par amour pour eux ?

39’. Ferons-nous pas mieux de les fuir et de suivre le beau Seigneur de vie et de vérité comme il nous l’a justement conseillé ? Ils seront libres de nous suivre quand leurs yeux s’ouvriront sur la vanité du monde périssable.

40. Les profanes nient le salut de Dieu et ils repoussent aveuglément sa délivrance.

40’. Car ils croient se sauver par leur travail, et ils pensent forcer le secret de Dieu par leur science.

40’’. Ce sont des signes que nous devons bien remarquer.

41. Chercher le monde et servir le Seigneur, c’est impossible.

41’. Servir le monde et chercher le Seigneur, c’est plus impossible encore.

42. Quelques-uns atteignent ici-bas l’illumination spirituelle du Seigneur de vie, et nous les nommons bienheureux.

42’. Mais où sont ceux qui parviennent à la connaissance corporelle de l’Unique Splendeur ? Et comment les nommerons-nous ?

43. Les plus intelligents et les plus avancés dans l’étude et dans la connaissance des mystères de Dieu ne pénètrent que la réalisation spirituelle.

43’. C’est le retour à l’état libre, mouvant et inconditionné en Dieu. Ce sont les délivrés de Dieu.

44. Quelques-uns parmi ceux-là obtiennent la connaissance de la science divine, et ils dépassent la réalisation spirituelle pour pénétrer la réalisation substantielle.

44’. C’est l’accès à l’état libre, fixe et manifesté en Dieu. Ce sont les ressuscités de Dieu.

45. Si nous désirons accéder à la connaissance et à la possession de la révélation de Dieu, nous recracherons soigneusement l’instruction du monde profane et nous en préserverons nos enfants.

45’. Les écoles religieuses et les écoles initiatiques ne doivent pas limiter leur enseignement à la recherche spirituelle ; elles doivent conserver l’échelon ultime qui est la quête substantielle oubliée de tous.

46. Les difficultés, les embûches et les misères du monde sont aussi là pour le croyant, mais c’est lui qui subsiste et qui s’affermit dans sa foi, tandis que les tentations du monde s’effacent de plus en plus.

46’. La Providence du Seigneur ne nous a-t-elle pas toujours nourri et sauvé de justesse ? Et son amour ne nous a-t-il pas toujours inspiré et comblé au-delà de toute espérance ?

47. Nous serons tentés, épurés, passés au creuset et éprouvés de toutes façons, mais nous ne serons ni oubliés, ni abandonnés, ni rejetés.

47’. Car le Seigneur est un bon jardinier, qui nous taille, qui nous arrose, qui nous éclaire et qui nous féconde selon son ART qui est parfait.

48. L’impie faiblit à la fin et il succombe dans les ténèbres du doute et du désespoir.

48’. Le croyant s’affermit de plus en plus dans sa foi, qui l’éclaire et qui le protège.

49. Même si nous ne comprenons pas ce que nous faisons, n’omettons pas de toujours remercier le Seigneur pour tout ce qui nous vient et pour tout ce qui nous quitte.

49’. Louons le Seigneur dans les assemblées pour les biens matériels qu’il nous envoie, et louons-le dans le secret pour les biens spirituels qu’il nous donne.

49’’. Bénissons l’Unique pour le don de vie très secret qui unit le bas et le haut dans l’humilité et dans la splendeur du vivant qui sauve de la mort.

50. Nous devons obéir à la voix du Seigneur qui nous guide vers le salut, et nous devons accepter les coups qui nous éloignent du bourbier de la mort.

50’. Car nous marchons avec un sac sur la tête et avec une pierre sur le dos, et nous sommes sourds et aveugles à la vérité de Dieu.

51. Nous écouterons dans les assemblées les commentaires et les explications des saintes Écritures qui nous réconforteront dans notre attente ou qui nous aideront dans notre quête.

51’. Et nous étudierons les saintes Écritures dans la solitude de notre chambre et dans le secret de notre cœur, afin que la lumière du Parfait se manifeste en nous.

52. Nous fréquenterons le Seigneur dans les assemblées, premièrement pour recevoir, ensuite pour donner.

52’. Nous fréquenterons de même le Seigneur dans le secret de nos cœurs, premièrement pour offrir et ensuite pour recevoir.

52’’. Mais nous n’omettrons jamais de le louer, en public et en particulier, pour son incarnation sainte et parfaite.

Tout lui a été donné. À son royaume appartiennent l’intégrité et l’immortalité. Il donne à ce monde la puissance et la force.
Zarathoustra
Dieu seul connaît les mystères, il ne les découvre à personne, à moins qu’il n’accorde cette faveur au plus chéri de ses envoyés qu’il fait accompagner d’un cortège d’anges.
Coran

LIVRE XXXIII

Le soleil visite l’armée des astres dans les hauteurs des cieux, mais tous les hommes sont terre et cendre.
Ecclésiastique
Car tout ne peut pas se trouver dans les hommes, le fils de l’homme n’étant pas immortel.
Ecclésiastique

ÉRIN VÊTUE

LES FLEURS

1. Il y a bien des choses cachées dans le Livre, pour celui qui réfléchit.

1’. Mais il y en a une qui contient toutes les autres, pour celui qui comprend.

2. Qui parviendra au dernier degré de la sainte pyramide de la hiérarchie divine ?

2’. Qui sera identifié avec la pierre céleste qui la couronne et qui la termine ?

3. Le Seigneur Dieu nous a inspiré un Livre prodigieux et magnifique, nous ne craignons pas de le dire.

3’. Car beaucoup espéreront à nouveau le salut de Dieu, et quelques-uns entreront dans sa délivrance grâce à lui.

4. Ceux qui reçoivent l’instruction du monde se ferment à l’instruction de Dieu.

4’. Et ceux qui se donnent à la science du monde sont perdus pour la science de Dieu.

5. C’est en mangeant le corps de Dieu que nous serons rénovés et transformés dans la vie sainte.

5’. C’est en buvant le sang de Dieu que nous serons élevés et illuminés dans la vie glorieuse.

6. Aucune force des ténèbres qui s’appesantissent à présent sur le monde, ne pourra étouffer pour toujours la révélation des fils de Dieu.

6’. La lumière enterrée surgira un jour à nouveau, et elle éclairera le jugement des nations, et elle vêtira les ralliés du Seigneur Dieu.

7. Tout le bien que nous nous attribuons vaniteusement est un vol envers Dieu, qui nous ridiculise d’abord, qui nous écrase ensuite, et dont nous devrons rendre compte finalement au jour du jugement.

7’. Dieu seul mérite notre adoration, notre reconnaissance et notre louange. Aussi les saints et les sages remettent-ils à Dieu le moindre hommage qui leur parvient.

8. La suprême intelligence pour l’homme, c’est faire briller Dieu en soi.

8’. Qui comprend cela ? Qui l’entreprend ? Et qui le manifeste dans le monde ?

9. Celui qui est intelligent fréquente la maison de Dieu et nourrit ses serviteurs.

9’. Ainsi l’abondance du ciel coule sur lui et sur les siens.

10. Celui qui est inspiré prie Dieu en secret et il nourrit le pauvre sans le faire savoir à quiconque.

10’. Ainsi Dieu l’attire à lui et il le délivre de la mort.

11. Ce n’est pas une chétive récompense que nous espérons de la folie de notre amour et de notre quête insensée dans ce monde.

11’. Car il s’agit de la vie impérissable en laquelle presque plus personne ne croit encore sincèrement et simplement.

12. Les astucieux et les habiles gagnent largement leur vie, et les chercheurs de Dieu sont réduits à la mendicité.

12’. Quel spectacle étonnant et troublant pour les croyants qui espèrent le salut de Dieu !

13. Les saints et les croyants reposeront un jour dans l’abondance de la vie éternelle en louant le saint NOM de Dieu.

13’. Quel spectacle étonnant et troublant pour les impies qui désespéreront alors du salut de Dieu !

14. Celui qui ne donne rien de lui-même ou de son bien, celui qui ne rend pas service au prochain…

14’. celui-là se maudit et il se condamne à l’abandon, au dépérissement et à la mort.

15. Il n’y a rien de médiocre, rien d’étroit et rien de buté dans le Seigneur Dieu.

15’. Il ne doit donc y avoir aucune petitesse dans les croyants.

16. Nous paraissons misérables en parlant de la gloire de Dieu.

16’. Mais nous ne devons pas devenir grotesques en parlant de lui sans naturel.

17. Le secours que nous avons vainement demandé aux hommes, nous sera un jour offert par eux des milliers de milliers de fois sans que nous le sollicitions.

17’. Mais nous ne le recevrons pas, car Dieu l’aura alors remplacé en nous par sa grâce descendante et par son amour remontant, et notre richesse sera infinie.

18. Nous avons supplié pour recevoir afin de pouvoir donner ; ainsi vous supplierez pour donner afin de pouvoir recevoir aussi, mais votre don demeurera dans vos mains comme de la cendre morte.

18’. Car celui qui ne reçoit pas ne peut pas donner, et celui qui ne donne pas ne peut pas recevoir non plus. Que chacun secoure donc le pauvre qui craint Dieu avant que Dieu ne l’ait enrichi pour toujours !

19. Si nous n’avons pu pendant si longtemps gagner notre vie par notre travail, la honte ne nous en revient pas ; elle est pour ceux qui nous ont exclu et pour ceux qui nous ont repoussé sans jugement.

19’. Les artistes, qui devraient être les plus fraternels et les plus charitables des hommes, sont devenus exclusifs et méchants ; cela n’est pas un bon signe, car les incroyants dominent parmi eux à présent.

20. Quel scandale pour tous les médiocres qui nous jugent à présent comme fou, quand ils verront à découvert le choix du Seigneur en ce qui nous concerne !

20’. Quelle stupeur pour tous les pourvus qui nous repoussent à présent, quand ils verront la grâce de Dieu déborder de nos mains, et son amour briller dans notre cœur !

21. Ils se frapperont la bouche et ils se mordront la langue, car leurs jugements impies les accableront et leurs cris de dépit ne feront qu’accroître leurs regrets de s’être trompés aussi grossièrement.

21’. Leur prudence, leur raison et leur jugement seront étendus à leurs pieds comme un tas d’ordures, et leur nudité paraîtra devant tous comme un tas d’ossements desséchés.

22. Les croyants doivent pratiquer leur religion régulièrement, et les intelligents doivent l’étudier patiemment.

22’. Les inspirés doivent pénétrer leur religion profondément, et les élus doivent la réaliser pleinement.

23. C’est un grand peuple celui où un tel Livre peut être publié.

23’. Mais c’est un bien plus grand peuple celui où il est reçu.

24. Serons-nous encore longtemps seul à dénoncer la pourriture qui envahit le monde et à nous élever contre la mort qui va le figer ?

24’. Serons-nous encore longtemps seul à prêcher le retour au Seigneur de vie et à montrer à nouveau la voie du salut ?

25. Ne pénétrant pas l’enseignement de notre foi, comment pénétrerons-nous les enseignements des doctrines étrangères ?

25’. Savons-nous plus que tout nous est présenté sous le voile des symboles sages et des personnages saints ?

26. Nous prêchons vraiment dans un désert d’égarement, de vanité et de mort.

26’. L’Esprit de Dieu viendra-t-il pas animer les ossements à qui nous nous adressons ?

27. Ô miracle de Dieu, beaucoup se rassembleront et, recouverts de leur chair de vie, ils loueront son saint NOM, et le désert des hommes deviendra comme le jardin d’Éden.

27’. L’eau de vie coulera de son centre secret, et la beauté de la création seigneuriale se mirera dans l’immortalité retrouvée.

28. Il n’appartient à aucune femme de nous reprendre et encore moins de nous juger, en ce qui concerne notre quête de Dieu.

28’. Celle qui nous a fait chasser du jardin d’Éden, doit s’abstenir de faire opposition à notre retour tant espéré.

29. Où est l’intelligent inspiré de Dieu qui recueillera la vierge errante ?

29’. Celui-là est béni de Dieu, car il verra la naissance du roi du ciel et son héritage ne lui sera plus jamais ôté.

30. Les méchants ignorants pourront bien se moquer de lui et le tourner en dérision.

30’. Le Seigneur le consolera dans son cœur pour l’éternité, et son lot sera impérissable.

31. Eux demeureront exilés dans le monde ténébreux et ils se déchireront comme des bêtes féroces.

31’. L’élu du Seigneur Dieu habitera son soleil glorieux, et il reposera dans son sein très pur.

32. Celui qui refuse d’écouter un serviteur de Dieu, et celui qui refuse de l’aider à faire connaître la parole de Dieu, se retranchent de la bénédiction de Dieu et de l’aide des hommes.

32’. Ceux-là déclinent rapidement dans le monde ainsi que leurs entreprises, et ils deviennent misérables et honteux, même s’ils étaient riches et glorieux.

33. Celui qui lit le Livre du renouvellement au moins une fois entièrement, est déjà béni de Dieu et il n’est plus orphelin dans ce monde.

33’. Il est véritablement difficile de devenir libre en Dieu, c’est-à-dire sans désirs et sans soucis mondains, afin d’entendre l’enseignement de Dieu sans obstacle.

34. Ceux qui se sont retirés du monde profane et qui prient Dieu dans leurs cœurs en étudiant les saintes Écritures, ne connaissent ni leur chance ni leur bonheur. Qu’ils louent le Seigneur qui leur a accordé la grâce de le chercher ici-bas !

34’. Le divin paraît inhumain, mais c’est en se retirant du monde, tandis que le démoniaque est inhumain en le violentant. Quant à l’humain dans le monde, c’est une agonie entretenue au prix d’un travail de forçat.

35. La fin approche, et nul ne peut plus s’opposer aux ténèbres qui envahissent les nations, sous peine d’être détruit par les impies.

35’. Dieu permettra aux derniers croyants éclairés de se rassembler afin qu’ils soient sauvés du désastre éclatant.

36. Beaucoup doutent à présent de leur religion, et chacun en sort à sa façon, comme on quitte une maison qui menace de s’écrouler.

36’. Quel est l’intelligent qui plongera jusqu’aux racines de sa foi afin d’être affermi dans la révélation de Dieu ?

37. Quand les savants intelligents nous ignoreront, nous nous réjouirons de ne pas être connus avec eux.

37’. Quand les profanes ignorants nous moqueront, nous nous réjouirons de ne pas être confondus avec eux.

38. Quand les sectaires aveugles nous repousseront, nous nous réjouirons de ne pas dessécher avec eux.

38’. Quand les politiques impies nous persécuteront, nous nous réjouirons de ne pas être jugés avec eux.

39. Les malins se réclament à présent de la vierge sainte et de Dieu, mais c’est afin de mieux imposer leurs noms et leurs œuvres de mort dans le monde.

39’. Ils se démasquent ainsi eux-mêmes en se mettant avant Dieu, car le véritable croyant s’efface devant le Seigneur et devant ses mystères.

40. Visitons les agonisants et les morts afin de prendre conscience de la vanité de nos désirs, de nos soucis et de nos travaux dans le monde.

40’. Peut-être un intelligent inspiré pensera-t-il alors à chercher Dieu et son salut alors qu’il en est encore temps ?

41. Ô sagesse insondable du Seigneur Dieu, qui nous fait voir que même les impies servent au salut de ses bien-aimés dans le monde.

41’. Qui peut comprendre cela à présent sans avoir approché le mystère du Très-Haut ? Oh ! qui baptisera le désert brûlé de la mort afin que le Seigneur y envoie son Esprit Saint ?

42. Nous parlons un nouveau langage, mais nous redisons l’unique révélation ancienne, car nul n’invente rien dans l’ART de Dieu.

42’. La vérité de Dieu peut bien revêtir tous les visages et tous les plumages, sa sainte nudité demeure toujours égale à elle-même.

43. Nous ne dirons jamais assez aux vaniteux ignorants que le repos de l’Être n’est pas le non-être ni, par conséquent, le néant avec lesquels ils le confondent régulièrement.

43’. Ainsi la graine n’est pas la plante exacte, mais elle la contient toute en puissance, et nul ne saurait la confondre avec la mort sans afficher son ignorance.

44. Ô dérision, le Livre de la foi est repoussé par les croyants aveugles et vaniteux qui pensent tout connaître de la révélation ancienne, alors qu’ils ne sont même pas établis sur l’écorce de leurs Écritures.

44’. Les esseulés, les égarés, les révoltés et les impies le recevront avant eux avec transport et reconnaissance et ils hériteront le royaume de Dieu à la place des bien-pensants momifiés dans la lettre morte de leurs Écritures.

45. Chacun ne se trouve-t-il pas au mieux tel qu’il est ? Et chacun ne désire-t-il pas vivre si diminué soit-il ?

45’. Puisque nous devons mourir et tout abandonner, que nous sont donc les richesses de la terre et tout le travail des hommes ?

46. Ferions-nous pas mieux de chercher le Seigneur de vie qui peut seul nous sauver de la mort, et d’abandonner les vanités du monde qui nous font perdre le peu de temps qui nous est accordé ici-bas pour résoudre l’énigme redoutable ?

46’. L’acceptation, la solitude et le loisir nous sont utiles par-dessus tout pour rechercher le joyau qui nous sauvera de la dispersion de la mort, car l’une nous délivre des soins du monde, l’autre nous évite ses tracas et le dernier nous donne le temps nécessaire à la sainte quête de la vie.

47. Croire une chose, c’est bien. La pénétrer, c’est mieux. La posséder, c’est parfait.

47’. Ô mon Seigneur, comment obtiendrons-nous le loisir et la paix si nécessaires à la quête de ton évidence sainte ?

48. Les arts des hommes peuvent bien nous distraire et nous consoler ici-bas.

48’. Seul l’ART de Dieu peut nous délivrer de l’infamie pourrissante du péché de mort.

49. Nul ne doit s’y tromper : la création de Dieu est magnifique, elle est splendide, elle est parfaite et elle est unique en substance et en essence.

49’. Car même déchue et mélangée à la boue du dehors, elle est encore belle et elle nous enseigne la voie du retour à l’Unique Splendeur.

50. Il ne nous suffit pas d’être délivrés de la mort et d’être refaits esprits libres en Dieu.

50’. Nous désirons par-dessus tout ressusciter dans le glorieux corps du Seigneur de vie.

51. Un intelligent a voulu toucher le corps d’immortalité de notre beau Seigneur, et grâce à lui nous savons qu’il s’agit d’une réalité palpable et non pas d’une vaine apparence. « Satan a été rejeté pour ne pas avoir rendu hommage à la sainte et mystérieuse trinité d’Adam. »

51’. C’est grâce à ce corps de gloire que les fils de l’Unique sont supérieurs à toutes les créatures de Dieu, même aux esprits angéliques, et c’est ainsi que tout genou fléchit devant la gloire d’Adam et que Satan ne pourra être réintégré dans le ciel avant d’avoir adoré le très saint corps de Christ ressuscité.

51’’. C’est un secret merveilleux que nous mettons en évidence devant tous. Cela fera peut-être réfléchir ceux qui ne se sont pas installés et endormis dans la crasse du monde déchu.

Ce que j’enseigne est la doctrine traditionnelle, poutre faîtière que la mort n’atteint pas. Je m’applique à agir selon les Pères de la tradition.
Lao t’seu
Pourquoi, ô hommes nés de la terre, vous êtes-vous livrés à la mort alors que vous avez puissance de participer à l’immortalité?
Hermès Trismégiste

LIVRE XXXIV

De ce parfum vient, s’avançant vers lui, sa propre nature sous la forme d’une jeune fille belle, brillante, noble, de race illustre, plus brillante de corps que les plus brillantes créatures.
Zarathoustra
Étant inondé de lumière, on paraît ignorant.
Lao t’seu

TIRE EN UVE

LA NEIGE

1. Dès que nous nous tournerons sincèrement vers le Très-Haut, nos péchés nous seront pardonnés.

1’. Et dès que nous l’atteindrons, en vérité, ils nous seront miraculeusement ôtés.

2. Avons-nous pas œuvré pour la gloire de Dieu et pour le salut des croyants ?

2’. Le Seigneur du ciel et de la terre fera-t-il pas croître et multiplier la semence qu’il sème dans le cœur des hommes droits ?

3. La voie du Très-Haut est une voie qui lave et qui ensemence. Le saviez-vous ?

3’. C’est aussi une voie qui fait croître et qui multiplie dans l’incorruptibilité de l’Unique.

4. Oh ! Seigneur resplendissant, tes prophètes ont-ils parlé en vain de ta sainte science qui donne la vie et de ton saint amour qui l’accomplit en nous ?

4’. N’y a-t-il plus d’intelligence attentive et n’y a-t-il plus de cœur épuré parmi nous pour réaliser ton unité sainte et parfaite ?

5. Tes fils peinent durement ici-bas pour faire entendre ton salut aux hommes exilés.

5’. Mais ils sont attablés dans ton soleil où ils fêtent ton éternité comme un jour de joie qui ne finit pas.

6. Ceux qui prêchent professionnellement la parole de Dieu dans le monde, doivent le faire avec amour et avec humilité, car ils ne possèdent manifestement pas l’esprit et le corps du Seigneur de vie.

6’. Sinon les sourds entendraient à nouveau, les aveugles verraient, les paralytiques marcheraient, les morts ressusciteraient, et tous rendraient grâce à la toute-puissance de l’Unique.

7. Chaque croyant lira-t-il pas journellement pour les siens et pour lui-même, une page des saintes Écritures où la voie de Dieu est figurée sagement ?

7’. Qu’il n’y ait pas dans notre esprit d’exclusive contre aucune Écriture inspirée de Dieu, mais au contraire qu’elles soient toutes honorées dans nos maisons et dans nos cœurs.

8. Beaucoup d’incroyants seront convertis, et beaucoup de révoltés seront sauvés, mais pas un seul hypocrite ne sera pardonné s’il ne revient à la sincérité de l’amour de Dieu.

8’. L’adoration du Seigneur d’éternité ne saurait être ni un sacrifice, ni un devoir, ni une corvée, car c’est une joie incommunicable que l’amour engendre dans la liberté de Dieu.

9. Nous supporterons avec patience notre sécheresse et nous l’humecterons par la lecture des Écritures révélées qui délivrent du doute.

9’. Les tombeaux des fils de Dieu sont des tombeaux vides ; ne l’oublions jamais afin que notre foi subsiste dans le miracle de vie.

10. Écoutons l’insensé de Dieu qui nous parle : « Au jour de la restitution de toutes choses, les élus de Dieu ne connaîtront plus la crasse de la mort, ni la douleur, ni la maladie, ni le travail servile, ni la saleté, ni la pauvreté, ni le doute, ni la peur, ni la haine, ni les ténèbres de l’exil ».

10’. Leurs vêtements seront d’un blanc immaculé, et leurs visages resplendiront comme l’or en fusion ; leurs désirs seront exaucés avant même qu’ils soient formulés, et la joie de leur paix sera unanime dans l’Unique Splendeur. Ce n’est pas une vaine promesse qui nous est faite ici.

11. Examinons soigneusement ce que disent les prophètes de Dieu, et méfions-nous de ce que les interprètes leur font dire.

11’. Savons-nous pas que les derniers viennent en premier, et que les premiers viennent en dernier dans ce monde ?

12. Ceux qui pèsent la nourriture de leurs serviteurs, et ceux qui retiennent une partie de leurs gages, seront aussi rationnés un jour, car ils mendieront humblement la boue puante de l’enfer qui sera leur nourriture et leur salaire.

12’. Les bien-pensants composent avec le monde en continuant à se réclamer de celui qui a condamné le monde et ses œuvres. Ainsi sont-ils devenus les pires hypocrites qui soient sur la terre, et les ennemis déclarés du maître qu’ils affectent d’aimer comme des Judas qu’ils sont en réalité.

12’’. Il y a une marque qui les fait reconnaître sans erreur, c’est qu’ils repoussent aveuglément les vrais disciples du Seigneur, comme les ténèbres repoussent aveuglément la lumière de Dieu.

13. Nous continuons à prêcher la voie de Dieu dans le désert, car nous savons que sa parole germe en secret et que nous verrons la moisson formidable transformer le désert en une terre d’abondance.

13’. Qui redeviendra assez simple et assez pur pour croire, pour entendre et pour voir la vérité du mystère révélé ? « Ô Seigneur magnanime, multiplie tes fils et tes filles, et donne-leur ta terre sainte où rien ne périt. »

14. Nous recevons ici-bas les promesses de Dieu spirituellement et en image, avant de les recevoir corporellement et en vérité au jour de la résurrection générale et du jugement inéluctable.

14’. Ainsi ceux qui croient avoir tout reçu en recevant la parole d’enseignement, tombent dans l’orgueil qui les exclut de la possession palpable de l’amour de Dieu.

15. Quelques élus de Dieu ont reçu, dès ce monde, le don spirituel et corporel du Très-Haut avant la fin des temps.

15’. Ceux-là sont les enfants chéris de Dieu en qui il a mis toute sa confiance, et les grands témoins de son jugement.

16. Nous pouvons nous servir des machines pour nous soulager, mais nous ne devons ni les adorer ni croire qu’elles nous sauveront définitivement de la mort.

16’. S’organiser dans la porcherie de l’exil, c’est en définitive vouloir s’organiser dans la puanteur du fumier de la mort.

17. Le royaume de Dieu ne se construit pas avec des pierres et du mortier, car c’est la pierre et c’est l’or par excellence qui n’a besoin ni de mortier ni de taille.

17’. Quoi de plus beau et quoi de plus haut que la famille unie dans le Seigneur, qui communique à ses enfants l’amour et l’intelligence de Dieu ?

18. Nulle contrainte dans l’apprentissage de la voie de Dieu qui est tout amour et toute liberté. « Ceux qui violentent les jeunes âmes préparent des suppôts à l’enfer. »

18’. L’amour et la charité ne peuvent être entendus et pratiqués que par ceux qui ont d’abord entendu et pratiqué la tolérance envers eux-mêmes et envers les autres.

19. Celui qui refuse l’aumône au chercheur de Dieu n’est pas béni, mais celui qui lui refuse le pain est certainement maudit.

19’. Ainsi l’insensé refuse tout, le prudent offre le pain, le croyant donne le repas et l’aumône, mais le sage y ajoute l’hospitalité pour la nuit.

20. Nous reconnaîtrons les médiocres à ce que la générosité du cœur les offense et à ce que la vérité de Dieu les blesse, car le bourbier ténébreux est le lot qu’ils ont choisi.

20’. Un jour, les insensés seront découragés par leurs propres folies, car elles reviendront sur eux multipliées à l’infini et elles les écraseront avec une férocité aveugle et sourde dont rien ne pourra les délivrer.

21. Nous vivons dans un état tellement précaire et tellement soumis à la mort que nous devrions implorer Dieu tous les jours de nos vies, afin qu’il nous enseigne le moyen de notre délivrance et de notre restitution dans la splendeur première.

21’. Hélas ! presque tous les hommes se sont accoutumés à la mort au point de la croire inévitable et irrémédiable, et beaucoup l’ont oubliée comme les bêtes qui n’en reprennent conscience qu’au dernier moment de leur vie.

22. Nous devrions implorer notre sauvetage auprès de Dieu avec une telle ténacité qu’il soit contraint de nous l’accorder afin de se débarrasser de notre insistance folle.

22’. La patience des saints n’est pas l’abrutissement des bêtes, et la quête des sages n’est pas l’agitation du monde.

23. Comment pourrions-nous être patients dans ce monde de mort alors que nous sommes si impatients du monde de vie ? Vite, vite, Seigneur, viens à nous et montre-nous ta lumière sainte !

23’. Ceux qui se sont résignés à l’exil terrestre peuvent bien s’organiser ici-bas, mais pour nous qui espérons la vie éternelle, comment pourrions-nous nous installer dans l’agonie de ce monde ?

24. Peut-être serons-nous renvoyés à coups de fouet par le Seigneur au jour de la confrontation, car notre œuvre est infime ici-bas et nous perdons beaucoup du temps qui nous est alloué, dans les soins du monde. « Épargne-nous la confusion des méchants, ô bonté sainte et parfaite. »

24’. Oh ! Seigneur de bonté et de pardon, accorde-nous le temps nécessaire à la quête de ton saint secret et permets que nous goûtions ici-bas les prémices de la vie éternelle que tu nous as promise dès le commencement. Oh ! viens pour notre salut, Très-Saint, et descends dans nos cœurs purifiés.

25. Ne nous laisse pas agoniser dans le monde et ne nous livre pas à la moquerie des ignorants qui te repoussent, Seigneur de compassion.

25’. Car notre foi vacille sous les coups de la mort, et notre amour languit dans les ténèbres de l’exil.

26. Tout ce qui nous distrait du salut de Dieu dans le monde est mauvais, et tout ce qui nous le fait oublier est mortel.

26’. Hélas ! les hommes tombés du ciel se sont accoutumés au mal de la mort, et à présent ils n’y font plus attention du tout.

27. Qu’importent les modalités de notre quête et de notre agonie dans ce monde, pourvu que nous renaissions heureusement à la vie qui ne périt pas !

27’. La loi du monde est une dure loi de meurtre, d’exil et de souffrance. La loi du ciel est une douce loi d’amour, de liberté et de joie.

28. Nous reconnaîtrons les vrais chercheurs de Dieu à ce que l’ennui ne les habite pas, ni même, ne les approche dans le monde.

28’. Les vrais enfants de Dieu ne sont jamais seuls ni abandonnés, car la quête du Père les occupe nuit et jour.

29. Rien ne nous sauvera de la misère, de la crasse, de la maladie, de la souffrance, de l’ignorance, de la peur, de la haine, du désespoir, de la solitude et de la mort, que la science de Dieu très savant.

29’. Et rien ne nous la transmettra que l’amour de ceux qui la possèdent par héritage depuis la création de l’homme, car leur parole c’est l’amour de Dieu qui vient à nous jusque sur la terre d’exil.

30. Les vrais croyants de Dieu subissent le monde, mais ils ne composent pas avec lui, car leur but n’est pas de s’y installer, mais plutôt d’y chercher l’entrée cachée du royaume qui ne périt pas.

30’. Ce que nous penserons et ce que nous ferons dans le monde importe peu en définitive, c’est ce que nous y trouverons de Dieu qui comptera seul pour notre sauvetage final, voilà qui est dur pour beaucoup de rassurés.

31. Nous saurons que nous approchons la vérité de Dieu quand nous serons de moins en moins d’accord avec le monde, et quand le monde nous rendra la pareille.

31’. Et nous saurons que nous avons atteint la vérité de Dieu quand nous aimerons les hommes sans les suivre, et quand les hommes nous aimeront en nous suivant.

32. Présentons le Livre à chaque porte et à chaque cœur. Ceux qui le recevront et ceux qui le repousseront se jugeront eux-mêmes.

32’. La volonté de Dieu est comme un fleuve qui coule vers un océan d’amour. C’est une folie de vouloir s’y opposer jusqu’à l’épuisement de l’absurde.

33. Au lieu de tout violenter et de tout torturer comme des rebelles qui pensent s’installer dans le monde grâce à leur astuce…

33’. cherchons à découvrir l’unique secret de vie avec l’aide de Dieu, comme des enfants aimants et soumis à leur Père très savant.

34. Les riches et les forts en Dieu assument l’aide et le soutien des pauvres et des faibles en Dieu, afin que le royaume céleste soit repeuplé jusque dans les plus infimes places.

34’. Même les médiocres peuvent être sauvés, mais à la condition de ne pas s’opposer stupidement aux saints qui ont accepté de répondre pour eux.

35. Les saints et les sages prophètes ne nous ont-ils pas annoncé envers et contre tout le monde, notre sauvetage et notre résurrection en Dieu ?

35’. Et notre beau Seigneur de pardon n’a-t-il pas tout enduré de nous afin de nous sauver de l’exil ténébreux où nous agonisons ?

36. Ô la sublime pauvreté de celui qui a tout ! Ô la sublime simplicité de celui qui sait tout ! Ô la sublime faiblesse de celui qui peut tout ! Ô la sublime paix de celui qui aime tout !

36’. C’est un sel, mais c’est aussi un sucre. C’est une terre, mais c’est aussi un feu. C’est une eau, mais c’est aussi un air. C’est une lumière, mais c’est aussi un abîme.

37. Ceux qui s’accommodent du mensonge et de la mort du monde, sont finalement dévorés par le mensonge et par la mort dans ce monde.

37’. Ô comme ta vérité de vie, Seigneur, est merveilleuse et incroyable ! Et combien peu parmi tes enfants sont capables d’y croire et de la rechercher ici-bas !

38. Devons-nous pas flamber de désir et d’impatience dans notre quête du trésor divin si nous voulons avoir une chance de le découvrir ici-bas ?

38’. Car là est notre espérance insensée et notre désir fou, qui sauvent du doute, du désespoir et de la mort.

39. À quoi bon prolonger astucieusement notre agonie dans le monde si ce n’est pas pour y chercher le salut de Dieu qui délivre de toute mort ?

39’. Suffit-il pas que nous transmettions le flambeau de Dieu dans ce monde obscurci sans nous préoccuper de celui qui le recevra ? Car le reçoit qui veut, et non pas qui nous voulons !

40. Pour un saint qu’on reconnaît ici-bas, combien demeurent inconnus et prient pour le salut des âmes ?

40’. Pour un fils de Dieu qui se manifeste dans le monde, combien œuvrent en secret pour le sauvetage des âmes et des corps ?

41. Ceux qui ne supportent pas d’être repris et corrigés par les hommes, n’apprendront rien des hommes.

41’. Ceux qui ne supportent pas d’être repris et corrigés par Dieu, n’apprendront rien de Dieu.

42. C’est par la substance de la virginité et c’est par l’essence de la fécondité que notre vie sera rétablie dans l’unité triomphante de l’Unique.

42’. Abreuve-nous, Seigneur du ciel, de ta sainte rosée qui régénère les âmes, les esprits et les corps désunis par le jugement de la mort du monde.

42’’. Ô Très-Saint, permets que nous entendions et que nous accomplissions ton grand mystère avant le jugement général qui mettra tout à découvert.

43. Oh ! Seigneur de connaissance, pourquoi tant d’hommes s’endorment-ils dans la boue du monde ? Et pourquoi ceux qui demeurent un peu plus éveillés cherchent-ils ton secret en dehors de toi ?

43’. Oh ! Seigneur de justice, pourquoi tant d’hommes s’endorment-ils dans ta parole ? Et pourquoi ceux qui demeurent un peu plus éveillés te cherchent-ils avec tant de peine ?

44. Parce que ceux-là n’ont pas germé en moi, dit le Seigneur du secret.

44’. Parce que ceux-là n’ont pas cherché la bonne amande qui est cachée sous l’écorce, dit le Seigneur du mystère.

45. Le Livre sera comme une chaîne d’or vivant qui reliera les enfants de Dieu dans la quête de sa sainte lumière de vie.

45’. Ceux qui se rencontreront le Livre à la main, se donneront le baiser de paix et communieront dans le Seigneur de vie.

46. Certainement, nous serons près de ceux qui nous invoqueront dans leur cœur pour les mener dans la voie de Dieu.

46’. Quand nous nous réunirons pour lire le Livre, celui qui l’a inspiré sera aussi certainement au milieu de nous.

47. Les tièdes qui abordent la quête du divin secret se lassent vite, et ils retournent aux vaines occupations du monde comme les chiens retournent à leurs vomissements.

47’. Ceux qui ont soif et qui ont faim de la vie de Dieu, sont pris par la sainte quête comme par un puissant aimant qui ne leur laisse même plus le loisir de tourner les yeux vers le monde.

48. Les églises composent avec le monde afin d’entretenir des multitudes de tièdes dans l’observance aveugle des mystères révélés.

48’. C’est une grande charité humaine, mais c’est aussi un grand danger, car cela éloigne les meilleurs de la quête effective du mystère saint et sage.

49. Le monde préfère la quantité à la qualité.

49’. Mais Dieu préfère la qualité à la quantité.

50. Tous se sont endormis sur la promesse divine, et chacun vaque rassuré à ses affaires dans le monde, en se croyant sauvé automatiquement par la quête et par le don d’un seul.

50’. Et ceux qui tentent d’actualiser la promesse de Dieu, passent aux yeux des médiocres endormis pour fous et pour hérétiques, tellement le don de Dieu leur paraît vague et lointain.

51. On vous reprochera, peuples de couleur, d’avoir reçu le Livre de la délivrance des mains d’un homme blanc.

51’. Répondez : « Nous sommes honorés pour avoir reçu ce don, et vous êtes déshonorés pour l’avoir repoussé ».

52. Les vrais chercheurs de Dieu aboutissent ou meurent à la tâche, mais ils ne reculent jamais, car ils ont deviné l’énormité divine du but qu’ils poursuivent.

52’. Rien ne sera perdu de la quête sainte et sage des enfants de Dieu, car le Seigneur est miséricordieux envers ceux qui ont mis leur foi, leur amour et leur bonne volonté en lui.

53. Les pusillanimes, les médiocres, les ignorants et les bien-pensants nous prodigueront leurs découragements, leurs reproches, leurs sarcasmes et leurs empêchements de toutes sortes dans notre quête du divin trésor.

53’. Car c’est le mauvais démon qui parle et qui agit par eux afin de nous éloigner du royaume de Dieu où il n’a plus aucun pouvoir sur nous. Fuyons-les sans nous retourner et ne les associons pas à notre salut.

54. Nous n’adorerons ni les figures humaines, ni les figures animales, ni les symboles, ni les images qui sont là pour nous remémorer les mystères divins, mais qui ne sont rien par eux-mêmes.

54’. L’idolâtrie, c’est confondre les apparences de la chose de Dieu avec la chose elle-même, et c’est demeurer égaré par les écorces qui cachent l’amande substantielle et pure de la vie impérissable.

55. Ô cohorte étincelante des sages et des saints de Dieu, qui avez enduré victorieusement les sarcasmes, les injures et les coups dans la quête du Seigneur de vérité…

55’. inspirez-nous la patience qui vaincra l’opposition du monde profane où nous agonisons en cherchant le salut de Dieu, qui est la délivrance des griffes de la mort.

56. Tous ceux qui ne prient pas Dieu et qui ne cherchent pas son salut nuit et jour, ou qui ne l’espèrent pas, perdent leur temps ici-bas.

56’. Ceux qui en doutent n’ont qu’à visiter un ossuaire, et s’il demeure en eux un reste d’intelligence, ils n’en douteront plus en ressortant de là.

57. Le fanatisme aveugle est devant Dieu comme l’incroyance et comme l’impiété, car il empêche de connaître la source de la grâce, et de découvrir l’océan de l’amour.

57’. Quand nous connaîtrons l’origine et la base de la vie divine, nous serons reconnaissants et humbles pour toujours dans le Seigneur retrouvé.

58. Ceux qui parviennent jusqu’à Dieu demeurent d’abord stupéfaits, ensuite ils rient et ils pleurent, enfin ils admirent et ils louent pendant l’éternité.

58’. La prudence du Seigneur est unique, et son secret est d’un humour étonnant et parfait. Les voyants de Dieu en témoignent dès à présent.

59. Ô croyants du message, on reconnaîtra votre profondeur et votre unité si vous reconnaissez la légitimité et la continuité des Écritures révélées.

59’. Les religions de vérité sont celles qui nous annoncent la résurrection, le jugement et la vie en Dieu pour les élus, ou hors de Dieu pour les réprouvés.

60. Tous les enseignements qu’on nous prodiguera pour bien nous conduire dans le monde, n’empêcheront pas que nous y mourrons ignorants et impuissants du salut de Dieu, si nous ne le cherchons pas tous les jours de notre vie.

60’. Il n’y a qu’un but véritable pour l’homme ici-bas, c’est de sortir de la mort avec l’aide de Dieu, comme a fait le beau Seigneur de résurrection. Mais le secret de Dieu lui appartient en propre et il le communique à qui il veut sans que personne puisse le violenter.

61. Dieu fera voir son salut seulement à ceux que le monde ne contente pas, à ceux qui ne s’y agitent pas, à ceux qui ne s’y installent pas.

61’. Car nous obtiendrons tout selon la mesure de notre cœur, et non pas selon la malice de notre esprit ni selon l’adresse de nos mains.

62. Croyants de Dieu, ouvrez vos oreilles et ouvrez vos cœurs alors que vous êtes encore vivants sur la terre, car bientôt il sera trop tard pour rechercher le salut de Dieu.

62’. Ô croyants de Dieu, n’attendez pas d’être retombés en poussière pour vous pencher sur le secret de vos cœurs, car il sera alors trop tard pour rien manifester dans la vie.

63. Pas de paix pour les chercheurs du monde, même quand ils ont trouvé le monde, car alors quelle tristesse, quelle solitude et quel esclavage !

63’. Pas de paix pour les chercheurs de Dieu tant qu’ils n’auront pas trouvé Dieu, mais alors quelle joie, quelle union et quelle délivrance !

64. Christ a ridiculisé la mort et il a ridiculisé les méchants. La parole d’un tel maître est une parole de vie certainement, qui doit nous garder du découragement et du doute en toutes circonstances.

64’. Qui ressortira du tombeau à la suite du Seigneur de résurrection, afin d’être un nouvel exemple de la toute-puissance de Dieu et une confirmation éclatante de la foi des croyants ?

65. Le Livre est magnifique et celui qui l’a inspiré resplendit dans le ciel. Ne le voyons-nous pas ? Ne l’entendons-nous pas ?

65’. Dieu nous cachera sous son vêtement de lumière, ou bien il nous fera briller dans les ténèbres du monde. À lui la gloire et le pardon.

66. Si pauvres et si abandonnés que nous paraissions dans le monde, nous devons conserver notre foi et notre espérance en la miséricorde de l’Unique, qui nous observe pour voir comment nous réagissons dans l’exil de la mort.

66’. Reconnaîtrons-nous pas la parole inspirée qui retentit dans la plénitude du verbe, d’avec les paroles délirantes qui retentissent dans le vide du monde profane ?

67. Notre état dans le monde n’a aucune importance devant Dieu, car ce qui compte à ses yeux est ce que nous croyons, ce que nous cherchons et ce que nous trouvons ici-bas.

67’. Le mendiant couvert de boue qui cache dans son cœur et dans sa main le joyau de Dieu, vaut plus que tout le monde qui le repousse.

68. À présent que nous avons lu le Livre, il n’y aura plus jamais d’excuse pour nous, si nous négligeons le salut de Dieu.

68’. Car le Livre est comme un aimant qui ramasse les âmes égarées dans la mort pour les offrir à Dieu.

69. Ô croyants de Dieu, reprenez courage, car le Seigneur voit vos cœurs à découvert sans avoir honte de votre état misérable dans le monde.

69’. Ô croyants de Dieu, que votre espérance germe et que votre foi refleurisse, car le Seigneur vous voit briller à travers l’exil de la mort.

70. N’avons-nous pas donné un fruit merveilleux, comme un bon arbre planté par le Seigneur dans la terre d’exil ?

70’. Ceux qui mangeront de ce fruit retourneront dans le paradis de Dieu, et ils n’en ressortiront plus grâce à leur expérience de la mort.

71. N’avons-nous pas produit le Livre dans l’abandon et dans la solitude du monde, sans fléchir et sans douter de Dieu ?

71’. N’avons-nous pas accompli la volonté de Dieu, malgré l’opposition obstinée du monde profane ?

72. Que nos réunions soient saintes et joyeuses en l’honneur du Seigneur qui préside dans nos cœurs aimants !

72’. Il est là qui communie avec nous, ne le voyons-nous pas à travers l’écorce obscure qui nous recouvre encore ?

73. Ô la joie des ralliés de Dieu ! Ô la fidélité des amants de l’Unique ! Ô la passion des chercheurs de vie !

73’. Ô la douceur des enfants de Dieu ! Ô la sécurité des saints sauvés ! Ô l’éclat des fils de Dieu !

74. Ô simples enfants de Dieu, ne repoussez pas le Seigneur à cause de ceux qui le défigurent et qui le trahissent dans sa propre maison.

74’. Allez à lui en toute confiance dans vos cœurs, servez-le et aimez-le comme le meilleur de vous tous.

75. Ainsi vous serez reçus dans son royaume, tandis que les hypocrites seront rejetés dans les ténèbres du dehors.

75’. Presque plus personne ne croit au jugement de Dieu, cependant nous le verrons tous, et la surprise nous laissera sans voix et sans mouvement.

76. Une fois encore, la promesse du salut est donnée aux exilés qui souffrent et qui prient Dieu pour leur délivrance.

76’. Une fois encore, la porte du royaume est ouverte pour ceux qui ont soif de la vie pure et impérissable qui resplendit en Dieu.

77. Il est bien naturel que nous luttions de toutes nos forces et avec nos propres moyens contre la misère, contre la maladie et contre la mort qui nous menacent constamment ici-bas.

77’. Mais nos efforts ne doivent pas nous faire oublier la quête du salut de Dieu, qui peut seul nous délivrer pour toujours du joug et de l’exil de la mort.

78. Ceux qui nous prêchent le ciel et qui s’enterrent dans les petitesses de ce monde, sont des hypocrites qui sèment la haine de Dieu dans le cœur des humains exilés, au lieu d’y faire fleurir son amour saint et parfait.

78’. Le salut de Dieu n’est pas comme certains l’enseignent une éventualité éloignée et vague. C’est une réalité immédiate et palpable pour celui qui l’atteint ici-bas. Voilà ce que nous devons tous savoir.

78’’. N’ayons jamais honte d’abandonner une opinion limitée et vague pour adopter une idée plus précise et plus large du salut de Dieu, car ainsi nous nous ouvrirons et nous germerons en Dieu, au lieu de stagner et de nous décomposer dans le monde.

Il est deux extrêmes que doivent éviter ceux qui ont renoncé au monde. Une vie vouée aux plaisirs et aux passions, avilissante, sensuelle, grossière, sans noblesse, sans profit; et une vie employée aux mortifications, douloureuse, sans noblesse, sans profit.
Bouddha
Nous avons bu l’ambroisie, nous sommes devenus immortels, nous avons vu la lumière, nous avons trouvé les dieux.
Vedas

LIVRE XXXV

Ô combien le nombre des croyants est petit !
Coran
Sont infidèles tous ceux dont le corps est pénétré d’impureté.
Zarathoustra

VÊTE EN URI

LE SANG

1. Ô notre Seigneur et notre Dieu, confirme dans le ciel notre parole et notre vision terrestres, comme nous confirmons ici-bas ton saint Nom et ta sainte présence célestes.

1’. Qui oserait intervenir dans les affaires profanes des hommes, alors que même le Seigneur Dieu n’y met pas la main ? Chacun doit-il pas croire, prier, chercher et trouver pour lui-même ?

2. Les fidèles pieux entendent parler de la chose sous le voile des saintes Écritures, selon leur attention et selon leur entendement. Ceux-là sont auditeurs et promis au salut de Dieu.

2’. Les saints croyants de Dieu bénéficient de la chose grâce aux élus de Dieu, selon leur charité et selon leur fidélité. Ceux-là sont secourus et sauvés de Dieu.

3. Les élus de Dieu reçoivent la chose des mains des fils de Dieu, selon leurs prières et selon la pureté de leur vie. Ceux-là sont dépositaires et conservateurs de Dieu.

3’. Les fils de Dieu font la chose de leurs mains, selon la grâce et selon l’amour de Dieu, et ils la communiquent selon sa volonté sainte. Ceux-là sont connaisseurs et possesseurs de Dieu.

4. Que chacun pratique la religion de ses pères ou celle de son choix et que chacun pénètre sa foi particulière avant de la confronter avec celle des autres.

4’. Ainsi pénétrant jusqu’au centre secret, chacun sera unifié dans l’unité de l’Unique et deviendra « Messager Retrouvé ».

5. Quelques bons enfants reçoivent parfois d’un fils de Dieu la chose cachée dans tous les temps, et ils la perfectionnent selon ses instructions.

5’. Mais bien peu de sages enquêteurs obtiennent de Dieu la grâce de découvrir l’origine du chaos où se cache la sainte lumière de vie.

6. Ceux-ci secourent leur prochain et ils rappellent dans le monde obscurci la voie sage et sainte qui sauve de la mort.

6’. Ceux-là demeurent généralement cachés, se contentant de susciter des porte-lumière qui manifestent la vérité de Dieu dans le monde.

7. Ainsi il y a ceux qui entendent parler de la chose ou qui en voient les effets.

7’. Ensuite il y a ceux qui bénéficient de la chose sans la connaître et sans la posséder.

8. Puis il y a ceux qui reçoivent la chose et qui en usent selon les commandements de Dieu pour le bien des pauvres et des abandonnés.

8’. Enfin il y a ceux qui connaissent la chose et qui la font, avec l’aide de Dieu, pour leur salut et pour celui des leurs.

9. Qui atteindra la connaissance de l’Unique Splendeur ?

9’. Et qui sera unifié avec les Héloym dans l’Unique Dieu ?

10. Ô riches vaniteux et stupides, nous vous avons mendié un peu de pain contre les richesses de Dieu, et vous nous avez repoussé sans même regarder ce que nous vous offrions !

10’. Un jour, vous nous mendierez aussi un peu d’eau du ciel contre toutes vos richesses terrestres, mais nous vous repousserons sans même jeter un regard sur votre fumier.

11. Ceux qui méprisent et qui repoussent à présent les croyants pauvres, seront un jour méprisés et repoussés par le Seigneur à cause de la pauvreté de leurs cœurs.

11’. Ne pensons pas trouver le Seigneur et ensuite quitter le monde. Il nous faut d’abord quitter le monde et ensuite nous trouverons le Seigneur.

12. Nous vous avons visité du dehors, avec remontrances et rappel à la grâce, à l’amour et à la connaissance du Seigneur de vie.

12’. À présent, nous vous visitons du dedans, avec encouragements et confirmation dans la grâce, dans l’amour et dans la connaissance du Seigneur Dieu.

13. Celui qui ne sait pas prier seul doit prier avec la communauté des croyants, afin de s’entraîner à la prière particulière qui jaillit en tous temps et en tous lieux dans la joie de l’union divine.

13’. Celui qui sait prier seul se suffit à lui-même, car le Seigneur est un compagnon tout-puissant et parfait. Cependant, il ne dédaigne pas de prier aussi quelquefois avec la communauté des croyants dans la joie de l’union fraternelle.

14. Il faut donner pour recevoir.

14’. Et il faut suer pour être arrosé de la douce rosée du ciel.

15. Je te remets ton péché qui est ta maladie, m’a dit mon Dieu, afin qu’au lieu de t’élever contre mon NOM et contre ma création, tu loues ma grâce et mon amour dans mon éternité. Comprends-tu, mon enfant, qui cries vers ton Père ?

15’. Mes amis, n’allez pas aux fêtes des hommes dont on revient le cœur triste et le corps las. Allez visiter les malades et les prisonniers et invitez les pauvres, afin que votre contentement soit parfait et pour que le Seigneur vous envoie sa bénédiction, qui sauve de la mort.

16. Les coups qui nous arrivent nous éclairent merveilleusement, mais bien peu le comprennent, et bien peu en tirent profit dans ce monde.

16’. Nous connaîtrons avec certitude que nous sommes proches du Seigneur, quand nous aimerons toute l’humanité et toute la création d’un même élan et d’un même cœur.

17. Nous appelons au secours vers notre Dieu dans la prison où nous agonisons, mais lui nous observe sans dire un mot et il nous laisse nous déchirer aux ronces qui l’encombrent.

17’. À présent, Seigneur, nous voici réconciliés avec tous les êtres tombés dans la boue du péché, sans distinction, et notre cœur est à jamais uni aux cœurs des malheureux qui souffrent dans la géhenne.

18. Que celui qui est vivant lance des cris de joie et de reconnaissance vers le Seigneur qui nourrit l’Univers ! Et que celui qui souffre demande pardon, afin que son péché lui soit ôté par le Magnanime !

18’. Ô Seigneur de vie, donne-nous la santé du corps et le contentement du cœur, mais, par-dessus tout, donne-nous l’amour de ton être, c’est-à-dire l’amour fou qui nous transporte dans ta sainte éternité.

19. Tu nous plonges dans la géhenne avec les damnés, mon Dieu, et puis tu nous en retires de même, afin que nous comprenions qu’il nous faut aussi les visiter et les réconforter en ton NOM.

19’. Tes leçons sont dures, Seigneur, et beaucoup ne les comprennent pas, mais pour tes enfants, c’est un enrichissement sans fin. Ô bon Seigneur, enseigne-nous doucement et avec patience, car ce monde est mauvais et la douleur l’habite.

20. On ne prie pas en enfer, on y hurle avec les maudits. Permets que nous comprenions la leçon, Seigneur, avant que nous y soyons précipités brutalement.

20’. Seigneur clairvoyant, montre-nous ceux qui t’aiment en vérité afin que nous baisions leurs mains d’où émane l’excellente odeur d’amour et de charité.

21. Les bons enfants de Dieu retirent un avantage de tout ce qui leur arrive, car ils s’accordent avec la volonté du Père qui les conduit ; tandis que les autres, qui suivent leur volonté particulière, sont aveuglés et se déchirent de plus en plus aux ronces du monde mélangé.

21’. L’humilité, c’est toujours nous souvenir que nous sommes en équilibre instable sur le bord de l’abîme, où nagent la souffrance, la folie et la mort.

22. Quand nous serons devenus pauvres au point de nous sentir comme des invités dans nos propres maisons, nous serons libres et en paix partout dans le monde.

22’. Si nous ne prenons pas la mesure de la souffrance du monde déchu, comment connaîtrons-nous notre exil ? Et si nous ne prenons pas la mesure de la joie de la vie divine, comment connaîtrons-nous le sens de notre sauvetage ?

23. Nos fils et nos filles peupleront à nouveau la terre perdue par Adam, et leurs louanges à Dieu retentiront jusqu’aux cieux les plus élevés.

23’. Notre joie et notre repos seront un jour en Dieu seul, car Dieu est notre joie et notre repos pour l’éternité.

24. Le Livre n’est pas fait pour être lu dans un monde emballé. Il est destiné aux rescapés pour le temps de leur convalescence parmi les ruines fumantes.

24’. N’avons-nous pas prêché jusqu’au bout dans un désert d’ossements ? Le Seigneur voudra-t-il pas à présent le transformer en un jardin parfumé et resplendissant de vie ?

25. Tu nous mêles avec les damnés et tu te retires de nous afin que nous mesurions notre néant. Réellement, nous ne sommes pas fiers de nous ici-bas, Seigneur.

25’. Dès que la souffrance nous empoigne, toutes nos prières s’étranglent dans les hoquets de la douleur, et notre intelligence sombre dans les cris de la bête.

26. Si tu nous abandonnes, Seigneur, nous voilà perdus, car nous ne pouvons même plus crier au secours vers toi, tellement notre faiblesse est devenue grande.

26’. Ne nous livre pas au mal, beau Seigneur de vie, mais délivre-nous avant que nos cœurs soient marqués par le doute qui tue l’âme.

27. La meilleure façon de prier Dieu et de le servir ici-bas, c’est assister les malades abandonnés, c’est visiter les prisonniers sans famille, c’est secourir les pauvres, les veuves et les orphelins qui sont dans le besoin.

27’. Quelle plus magnifique prière au Très-Haut que l’entraide fraternelle de la charité ? Et quelles prémices plus assurées de notre union dans l’Unique Amour ?

28. Ô croyants en l’unique Père, n’attendez pas que les malheureux vous tendent la main.

28’. Cherchez-les et secourez-les, car beaucoup n’ont plus le courage ni la force de venir jusqu’à vous.

29. Une seule visite aux abandonnés des prisons, des hôpitaux ou des taudis vaut mieux que toute une vie de prières édifiantes dans les églises mondaines.

29’. Dieu réserve une terrible surprise aux hypocrites qui prient publiquement et qui font le mal en secret.

30. Le Seigneur chasse brutalement ses bien-aimés des lieux de vanité où les belles paroles résonnent dans le vide des cœurs.

30’. Car il les préfère là où la charité console activement les hommes souffrants et malheureux.

31. Quand Dieu nous abandonne, c’est afin de nous faire mesurer l’infini de notre faiblesse et de notre néant.

31’. Ainsi les intelligents apprennent qu’ils ne sont rien sans lui.

32. Un impie qui secourt ses frères humains est plus près de Dieu qu’un croyant qui prie publiquement sans rien faire pour quiconque.

32’. Ainsi celui qui aime et qui respecte la création de Dieu, marche déjà dans la voie sainte qui mène à la vie qui ne périt pas.

33. Le Livre n’est-il pas pour les égarés qui cherchent en pleurant le chemin de la vie, plutôt que pour les croyants qui se sont installés dans la mort de ce monde ?

33’. Quand le Seigneur miséricordieux nous réveille à coups de pied, ce n’est pas pour plaisanter, mais plutôt parce que nous ne sommes pas où il faut et parce que nous ne faisons pas ce qu’il faut.

34. La fin des méchants sera un enseignement pour ceux qui croient dans leurs cœurs et pour ceux qui voient avec leurs yeux.

34’. À cause des hypocrites, la priorité du Livre est retirée aux bien-pensants, et elle est donnée à ceux qui l’accueillent sans esprit de meurtre ni d’exclusivité.

35. Celui qui mord la main qui le nourrit et qui l’élève à la vie spirituelle est maudit, et sa mémoire sera anathème parmi les siens comme celle d’un Judas.

35’. Noués des pieds à la tête dans le sac noir, brisés en morceaux, réduits en cendres et dispersés dans les six directions, tel sera le sort des persécuteurs des prophètes de Dieu.

36. Comment échapperons-nous sans ton aide, Seigneur du ciel, à l’abrutissement des nécessités de la vie exilée sur la terre ?

36’. Ce monde est une terrifiante bataille de bêtes brutes qui ne convient pas aux pacifiques enfants de Dieu.

37. Les fils de Dieu ne possèdent rien dans ce monde périssable, car leur royaume est dans le soleil bien-aimé.

37’. Aussi nous prêchent-ils le détachement du monde terrestre et le retour au monde céleste, où la vie n’est pas contaminée par la mort.

38. L’homme est ingénieux pour s’organiser sur cette terre d’exil, mais il ne peut en sortir sans l’aide de Dieu.

38’. Vraiment le royaume de Dieu n’est pas de ce monde, c’est pourquoi les fils de Dieu paraissent errants et pauvres sur la terre.

39. La mendicité est une déchéance pour celui qui cherche le monde, mais c’est le plus noble état pour celui qui cherche Dieu.

39’. Une seule terre, une seule mer, un seul feu, un seul mot, un seul Dieu.

40. Bon Seigneur de charité, délivre-nous de ce monde où tout s’achète, et se vend, ou s’échange sordidement.

40’. Reçois-nous dans la vie généreuse de ton saint amour qui ne s’épuise jamais.

41. Non, ceci n’est pas un Livre pour les repus du monde qui se sont installés à demeure dans le cloaque de la mort.

41’. C’est un Livre pour les affamés du ciel qui cherchent en pleurant leur patrie perdue.

42. Quelle tête feront-ils, les assurés de ce monde, quand on leur demandera au jour du jugement : « Avez-vous lu le Livre de la délivrance qui vous a été proposé en particulier ? »

42’. Retournez à la boue puante dans laquelle vous vous êtes complus, leur sera-t-il dit, ainsi qu’aux lectures qui vous y ont enfoncés et que vous avez préférées à toute autre.

43. Il faut un don génial pour exercer les beaux-arts dans ce monde.

43’. Et il faut un don angélique pour prier et pour louer le Seigneur du ciel et de la terre.

43’’. Mais il faut un don divin pour pratiquer le grand ART du Tout-Puissant ici-bas.

44. Il faut toujours tuer pour vivre ici-bas. Aussi nous réputons ce monde mauvais et nous ne voulons pas nous installer dans le crime.

44’. Au jour de la restitution de toutes choses, les élus de Dieu mangeront la sainte rosée du ciel, et les damnés n’auront pour nourriture que la pourriture de l’enfer.

45. Les impies, qui ne comptent que sur eux-mêmes, semblent plus courageux et plus résistants au mal que nous, qui croyons dans le Seigneur et qui espérons son salut jour et nuit. « Ils rejettent la révélation qu’ils n’ont pu percer ni par la ruse ni par la violence. »

45’. Au jour du terrible jugement, il n’y aura plus d’ennemis et il n’y aura plus d’amis, mais seulement des malheureux qui auront librement choisi la boue puante de l’enfer, et des bienheureux qui auront aussi librement choisi la vie odorante et pure qui ne tarit pas.

46. Que notre foi dans la toute-puissance de Dieu soit aveugle et idiote, afin qu’elle devienne clairvoyante et spirituelle par l’incarnation du verbe divin qui délivre des ténèbres de la mort.

46’. Ceux qui reçoivent la parole de vie participent à la grâce de Dieu qui délivre de l’esclavage du monde. Nul travail servile ne leur sera imposé et la mort même sera rejetée loin d’eux, car leur lot est la vie libre et impérissable où demeure le Seigneur d’éternité.

47. La méchanceté de ceux qui se disent fidèles de Dieu est devenue telle que les vrais croyants ne franchissent plus le seuil des lieux consacrés, et que les abandonnés rejettent Dieu comme une dérision ou comme un boulet intolérable.

47’. Il y a une pourriture affreuse parmi les bien-pensants et il y a une mort endurcie parmi les athées, mais la pire méchanceté est bien dans les hypocrites satisfaits d’eux-mêmes.

48. Certains disent de notre prédication : « C’est trop beau pour être vrai », car la mort qui s’est introduite dans le monde par leur faute, leur masque à présent la vie odorante et pure qui ne finit pas.

48’. La contrefaçon habite partout dans le monde, et nous devons prendre garde journellement à ne pas la confondre avec la vérité de la parole sage et sainte qui sauve seule de la mort.

49. Où est l’intelligent qui se prosterne devant le Seigneur du ciel et qui reçoit sa bénédiction très sainte et très vivante ?

49’. Où est l’inspiré qui prépare le tabernacle saint où reposera l’Unique Splendeur de vie ?

50. Il y a déjà un lot de retranchés par la foi et par l’amour dans le monde.

50’. Et il y a déjà un lot de choisis par la foi et par l’amour en Dieu.

51. Beaucoup de gens qui se montrent intelligents et courageux dans les affaires du monde, se révèlent stupides et impuissants dans les affaires de Dieu.

51’. Les jugements qu’ils portent inconsidérément sur les unes et sur les autres, ne font qu’afficher leur vaniteuse ignorance.

52. Nos pires ennemis ne sont pas au-dehors, mais bien parmi nous comme des loups revêtus de peaux de brebis.

52’. Pour ceux-là, il n’y aura ni pardon des hommes ni pardon de Dieu, car les traîtres et les hypocrites sont vomis par le ciel et par la terre.

53. Ils se disent fidèles de Dieu, mais ils violent journellement ses commandements.

53’. Ils se prétendent bien-pensants, mais ils disent et ils font le mal tous les jours de leur vie.

54. Ils se disent disciples du Seigneur, mais ils s’installent dans le monde sur le dos des malheureux.

54’. Tous ceux-là sont déjà maudits et retranchés du salut de Dieu, car ils rendent le Nom divin odieux aux faibles et aux petits.

55. Fuyons comme la peste ceux qui déchirent leurs amis, car demain nous serons aussi déchirés par leurs langues empoisonnées et méchantes.

55’. Si nous ne prions pas pour les méchants, qui viendra à leur secours pour les sortir de leur méchanceté ?

56. Le Seigneur et tous les sages prophètes de Dieu ne nous baiseront-ils pas aux lèvres comme un des leurs qui a proclamé et manifesté la vérité de Dieu dans le monde ?

56’. Ceux-là n’ont-ils pas aussi été calomniés, repoussés, brimés et combattus injustement par les hypocrites installés dans le monde sous le couvert du nom de Dieu ?

57. Ceux qui enterrent la parole de Dieu au lieu de la faire circuler dans le monde, seront frustrés à la fin, car ils ne récolteront rien et même ils perdront le dépôt caché.

57’. Le Seigneur du ciel combat victorieusement la pourriture de la mort, et ses sages sont les connaisseurs de son amour, et ses saints sont les distributeurs de sa grâce.

58. Nous ne devons pas répondre à la médisance par la médisance, car il suffit déjà bien que la méchanceté des méchants les écrase finalement sans que nous y ajoutions rien.

58’. Il nous suffit de prier pour la conversion des méchants, sans juger et sans condamner, avant le grand jour du règlement des comptes qui appartient au Seigneur de justice et de pardon.

59. À présent, ceux qui prêchent encore la vérité de Dieu et qui transmettent sa parole de vie, ne croient plus à la toute-puissance du verbe qui resplendit dans le ciel.

59’. Comment ranimeront-ils les agonisants, si eux-mêmes agonisent, et comment ressusciteront-ils les morts, s’ils demeurent dans la mort ?

60. Dieu n’a pas soumis l’homme aux bêtes, et surtout pas aux chiens.

60’. Les chiens qui menacent l’homme seront bâtonnés, et ceux qui le mordent seront abattus.

61. Nous ne devons jamais désespérer dans les ténèbres de notre quête du Seigneur de vie.

61’. Car nous sommes proches de sa sainte lumière, mais nous ne savons ni le jour ni l’heure de sa manifestation.

62. L’œuvre du Seigneur est impérissable, tandis que les œuvres des hommes passent comme la fumée.

62’. Le temps travaille pour le sage, tandis qu’il détruit l’insensé.

63. Celui qui loue Dieu dans son cœur vaut-il pas mieux que ceux qui travaillent dans le monde profane ?

63’. Et celui qui capte sa bénédiction vaut-il pas plus que ceux qui s’enrichissent des biens mortels ?

64. Un jour, Dieu nous renseignera en personne, mais il sera alors trop tard pour réformer notre jugement et pour changer notre conduite dans le monde.

64’. Voyons-nous pas que le Seigneur nous avertit toujours à temps ? Sortirons-nous pas à présent du bourbier de nos soucis et du piège de nos occupations mondaines ?

65. Qu’importent les jugements du monde, puisque ce n’est pas le monde qui nous jugera finalement ?

65’. Celui qui marche avec Dieu dans la voie de Dieu, ne se préoccupe pas d’être approuvé par le monde.

66. Ceux qui s’organisent richement et confortablement dans le monde pour prêcher le royaume de Dieu, sont des hypocrites qui préfèrent tenir l’ombre plutôt qu’espérer sa lumière.

66’. Il n’y a qu’un temple de Dieu, c’est le cœur de l’homme. Tout le reste est comme un déguisement qui ne contente que les médiocres aveugles et incurables.

67. Ceux qui prêchent la voie du Seigneur et qui s’installent dans le monde avant de s’installer en Dieu, sont des hypocrites qui trompent les simples et qui ne satisfont que les médiocres.

67’. Celui qui aime n’affiche pas le mot « amour » au-dessus de sa porte pour se justifier auprès du monde, et celui qui donne n’y écrit pas le mot « charité » pour publier sa bienfaisance devant tous.

68. Quand nous verrons les grands mots d’amour et de charité impudemment affichés dans le monde, nous saurons qu’il s’agit d’entreprises qui visent notre liberté et notre bourse.

68’. Le Seigneur, qui possédait et qui était la vérité palpable de Dieu, ne demandait rien à personne ; il donnait tout à tous et il se donnait lui-même sans mesure.

69. Les spirituels seront confondus devant le tribunal de Dieu et ils demeureront muets d’étonnement.

69’. Seuls les opératifs loueront le Tout-Puissant sans s’étonner de rien.

70. Quelle surprise pour ceux qui prêchent la parole de Dieu sans en connaître le sens ultime, quand ils verront de leurs yeux et quand ils palperont de leurs mains la vérité de l’Unique.

70’. Nous devons prêcher la vérité de Dieu, mais sans supériorité et sans arrogance, car seuls quelques rares élus la connaissent spirituellement et quelques rarissimes fils de Dieu la possèdent corporellement.

71. Celui qui mange le simulacre de Dieu demeure dans la mort du monde, c’est une chose facile à vérifier.

71’. Celui qui mange Dieu en corps et en esprit devient comme Dieu. C’est une chose qui ne trompe pas non plus.

72. Ce sont nos bonnes pensées d’amour et notre saint repos qui nous ouvrent l’esprit aux mystères de la parole de Dieu, et non pas les savantes conférences parmi les foules de médiocres agonisants.

72’. La vérité de Dieu va secrètement à ceux qui l’aiment et qui la cherchent dans leurs cœurs. Celles qui violentent le monde à coups de publicité, ne peuvent jamais être la vérité de Dieu.

73. Le goût et la beauté ne coûtent pas plus cher que la vulgarité et que la laideur. Quant à la vérité de Dieu, elle est gratuite pour tous.

73’. Si la beauté du monde nous échappe, comment la beauté de celui qui l’a fait nous deviendra-t-elle jamais perceptible ?

74. Que font-ils, mais que font-ils, tous ceux qui dorment dans le monde ?

74’. Mais où sont-ils donc, les veilleurs de Dieu ?

75. Que font-ils, mais que font-ils, tous ceux qui s’agitent dans le monde ?

75’. Mais où sont-ils donc, les chercheurs de l’Unique ?

76. Perdrons-nous toujours notre vie à chercher le monde qui nous abandonne finalement ?

76’. Et ne risquerons-nous rien dans la quête de l’Unique Splendeur qui nous comble pour l’éternité ?

77. Ô vous qui espérez le salut de Dieu, réveillez-vous dans le monde.

77’. Et cherchez la lumière secrète des paroles de vie au lieu de vous contenter de leur vêtement d’ombre.

78. Ni la morale du monde ni sa licence ne nous délivreront de la mort.

78’. Seulement, l’amour incarné du Parfait qui règne dans le ciel.

79. La science de Dieu ne connaît pas de progrès, car elle est parfaite dès le commencement.

79’. Et sa lumière illumine le croyant qui accorde le ciel et la terre.

80. L’immensité de la promesse divine dépasse l’esprit des hommes et elle donne le vertige aux saints de Dieu.

80’. Oh ! qui croira l’incroyable, et qui recevra dans son cœur le don magnifique de Dieu ?

Ceux qui, rebelles à Dieu et à ses envoyés, veulent mettre de la différence entre eux, croyant aux uns et niant la mission des autres, se font une religion arbitraire.
Coran
Ils allèrent dans les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle de noce fut pleine de convives.
Jésus

LIVRE XXXVI

Aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon souper.
Jésus
On refuse la dernière place et on perd ainsi la première.
Lao t’seu

REINE VEUT

ROI SAUVE

1. Courageux dans la quête de Dieu. Fainéant dans celle du monde.

1’. N’ignore pas ton fondement et ne le méprise pas quand tu l’auras reconnu.

2. Celui qui cherchera le mystère d’union et de vie sans la bénédiction et sans l’amour de Dieu, ne trouvera que la dispersion et la mort. Cette parole est véridique certainement.

2’. Prenons donc bien garde afin de ne pas imiter les profanes qui pensent violenter impunément le secret de Dieu, comme font à présent les peuples égarés et révoltés dans le monde.

3. Ô croyants qui agonisez dans ce monde d’exil, cherchez le Seigneur Dieu de toutes vos forces et entraidez-vous de toutes les façons possibles, afin que le monde ne vous enterre pas avant la venue du Sauveur.

3’. Quand nous aurons unifié la parole de Dieu dans la connaissance de Dieu, il n’y aura plus que silence admiratif et que jubilation intense en nous-mêmes.

4. Les intelligents du monde considèrent l’enseignement du Livre comme une chose abstraite, alors qu’il s’agit de la chose la plus concrète de l’Univers, qui est l’union du ciel et de la terre.

4’. S’ils connaissaient l’enseignement des autres Écritures, ils connaîtraient aussi la signification de celle-ci ; mais leur vaniteuse prétention les aveugle totalement.

4’’. Dieu se moque d’eux et il les ridiculise devant les simples enfants au-delà de toute expression.

5. Les décorations profanes nous font reconnaître les enfants du démon, car elles sont ténèbres dans les ténèbres.

5’. Les manifestations saintes nous font reconnaître les enfants de Dieu, car elles sont lumière dans la lumière.

6. Remarquons combien les gens de cette nation se sont montrés aveugles et sourds en ce qui concerne la beauté et la vérité du Livre révélé. Remarquons combien ils sont demeurés stupides et muets devant l’évidence de la lumière manifestée.

6’. Prenons donc bien garde à ce qui paraît en nous et autour de nous, afin de ne pas fouler aux pieds comme des bêtes brutes le salut de Dieu qui paraît dans le monde sous le voile de la création seigneuriale.

7. Celui qui croit savoir se ferme à toute instruction, et l’orgueilleux se retranche de la grâce et de l’inspiration de Dieu.

7’. Pour certains, le Livre sera une pierre qui scellera leur tombeau, mais pour d’autres il sera une pierre qui renouvellera leur vie.

8. Si au moins nous avions ignoré l’existence du message, nous serions à demi coupables, car la parole du Vivant s’était effacée et comme voilée pour nous dans la nuit de l’oubli, diront les damnés au jour du jugement.

8’. Mais elle s’est manifestée à nouveau sous nos yeux et elle a retenti à nos oreilles avec une clarté éclatante, et nous l’avons stupidement repoussée comme notre dernière chance de salut. Hélas ! nous avons pris les ténèbres pour la lumière et nous avons pris la lumière pour les ténèbres.

9. Attendrons-nous d’être une multitude à croire au Livre de la vérité de vie pour être rassurés dans notre foi renouvelée ?

9’. Le grand nombre des croyants ou des incroyants est une assurance aveugle et vaine en ce qui concerne la vérité de Dieu.

10. Ne nous donnons pas au travail du monde comme des esclaves forcenés pour satisfaire des désirs toujours renaissants, car nulle main d’homme ou de Dieu ne saurait plus alors nous délivrer de l’abrutissement de la mort spirituelle.

10’. Entretenons-nous dans la suffisance de la pauvreté et nous aurons tout le temps nécessaire à la quête du Parfait, qui s’incarne dans la merveilleuse vierge révélée aux simples et aux sages enfants de Dieu.

11. Celui-ci peut débuter dans le crime et finir dans la sainteté, et celui-là peut commencer par la foi en Dieu et finir dans la révolte meurtrière.

11’. Qui connaît l’itinéraire de la lumière à travers l’homme salé par le feu ? Et qui connaît la voie des ténèbres dans l’homme dessalé par l’eau ?

12. Ô pusillanimes de toutes les nations, apprenez de votre cœur à connaître la beauté et la vérité de Dieu là où elle paraît, et non pas seulement là où on vous dit qu’elle est.

12’. Un jour, nous goûterons l’âme, l’esprit et le corps du Seigneur Dieu unis en UN et nous sortirons de l’exil de ce monde mortel en louant et en bénissant son saint NOM pour l’éternité.

13. Les plus instruits parmi les étudiants des saintes et sages Écritures interprètent les mystères divins comme les symboles de la rénovation spirituelle de l’homme égaré dans ce monde.

13’. Combien parmi ceux-là comprennent que ces saints mystères décrivent aussi la régénération corporelle de l’homme crucifié ici-bas ?

14. Nous n’avons pas suivi le fils céleste incarné sur la terre. Suivrons-nous le fils terrestre établi dans le ciel ?

14’. Comprendrons-nous que c’est l’Unique qui descend et qui monte toujours, afin de nous montrer le chemin de la vie qui ne périt pas ?

15. Seigneur miséricordieux, accorde-nous le nécessaire, afin que nous puissions aussi donner le nécessaire à ceux qui nous le demandent.

15’. Seigneur généreux, accorde-nous la surabondance de la vie, afin que nous puissions donner sans compter en ton NOM.

16. S’il se trouve un incapable, un inutile, un vagabond, un idiot, un misérable que le monde repousse, qu’il vienne sans crainte vers le Seigneur Dieu, qu’il lise le Livre de la délivrance et qu’il s’attable au banquet de la vie qui ne périt pas.

16’. Car les habiles, les travailleurs, les savants, les intelligents et les pourvus du monde s’excluent par leurs vaniteuses prétentions, par leurs créations mortes, par leur savoir profane, par leur estime d’eux-mêmes et par leur contentement du monde déchu.

17. Certainement le salut de Dieu que nous annonçons et que nous proposons aux hommes exilés, paraît incroyable parce que trop beau et trop pur dans ce monde obscurci par la mort.

17’. Ainsi les intelligents le repoussent en ricanant selon leur plate et aveugle raison. Seuls, les simples et les innocents peuvent le recevoir, car ils ne font pas obstacle au miracle renouvelé de Dieu.

18. Sommes-nous pas venu prêcher en premier les peuples les plus malins, les plus incroyants et les plus rebelles, afin que, rejetant le Livre de la science, leur sort soit décidé par eux-mêmes sans récriminations possibles au jour du jugement ?

18’. Et sommes-nous pas venu prêcher en second les peuples les plus simples, les plus croyants et les plus soumis à Dieu, afin que recevant le Livre du salut, leur sort soit assuré par eux-mêmes sans erreur possible au jour du jugement ?

19. N’y a-t-il pas un petit reste à réveiller, à grouper et à sauver parmi ceux-ci ?

19’. N’y a-t-il pas une grande masse à éveiller, à grouper et à sauver parmi ceux-là ?

20. Les plus savants et les plus intelligents prennent les Écritures révélées pour des traités d’histoire et de morale.

20’. Les plus saints et les plus inspirés prennent ces mêmes Écritures révélées pour des traités d’ascèse et de mystique.

20’’. Où sont les sages illuminés de Dieu qui savent y reconnaître aussi la science cachée de l’Unique Splendeur qui sauve de la mort ?

21. Si nous n’écoutons pas la voix qui nous appelle à nouveau dans la vie, nous serons réveillés à coups de pied et nous serons égorgés dans l’abattoir de la mort malgré nos hurlements de bêtes brutes. L’enfer n’est pas une fable pour les enfants, hélas !

21’. Au jour du jugement, nous serons tous interrogés sur l’enseignement unique des envoyés de Dieu. Ceux qui l’auront repoussé, négligé, méprisé ou combattu, en porteront la peine. Ce que nous vous annonçons là n’est pas une vaine plaisanterie, soyez-en assurés.

22. Nous avons dû vendre aux hommes le vin de la terre pour subsister dans ce monde, et ils nous l’ont payé son prix en nous remerciant.

22’. Nous leur avons aussi offert gratuitement le vin du Seigneur du ciel, mais ils l’ont repoussé en se moquant de nous.

23. Les incroyants et les intelligents du monde demeurent hébétés et stupides devant la parole de l’Unique, et ils la rejettent comme étrangère à leur nature maligne.

23’. Les croyants et les inspirés de Dieu reconnaissent la parole sage et sainte et ils s’établissent en elle afin d’accomplir leur nature divine pour l’éternité.

24. Ô Tout-Puissant qui demeures en unité pendant l’éternité des éternités, donne-nous des enfants innombrables et précieux comme les étoiles de ton ciel de gloire.

24’. Afin qu’ils peuplent à jamais ton royaume réservé aux enfants retrouvés qui font ta sainte volonté et qui manifestent ton saint amour.

25. C’est le Père qui nous donne tout de sa surabondance, et le Fils est son prodigieux don de vie manifesté jusque dans ce monde d’exil.

25’. Le Père n’attire à lui que sa propre essence et que sa propre substance. Il nous faut donc nécessairement devenir fils de Dieu pour rejoindre l’unité de l’Un.

26. Ainsi l’homme surmonte la nourriture terrestre et la transforme en lui. Mais il est surmonté par la nourriture céleste qui le transforme en Dieu.

26’. C’est un grand mystère que nous redisons ici à tous les croyants, car c’est le mystère de Dieu qui habite la pureté de la vie délivrée de la mort.

27. Il ne nous reste donc qu’à trouver le merveilleux Seigneur descendu du ciel qui a dit : « Mangez, ceci est ma chair ; buvez, ceci est mon sang ».

27’. Ou bien à obtenir d’un prêtre secret de Dieu la communion de ce prodigieux Seigneur qui sauve de la mort. « Ordre de Melchisédech. »

28. Car nous ne connaissons et nous ne recevons qu’en images dans ce monde obscurci par la mort, en préfiguration du grand jour du jugement où nous connaîtrons et où nous recevrons la réalité sainte et palpable.

28’. Dieu a cependant permis à quelques-uns de ses sages de le connaître dans ce monde et il a permis à quelques-uns de ses saints de le recevoir dès ici-bas comme étant les prémices de la résurrection annoncée à tous.

29. Ainsi comprenons-nous pourquoi il est dit que le Seigneur Dieu jugera les vivants et les morts, les vivants en premier et les morts ensuite ?

29’. Car même la grâce du don de la vie dès ce monde, ne nous dispense pas du jugement ultime de Dieu très juste.

30. Ô terrifiant mystère du sauvetage ou de la perdition de l’homme égaré dans la crasse de la mort !

30’. Nous fondons de terreur, et nos dents s’entrechoquent, et notre poil se hérisse malgré notre espérance folle.

31. Ce Livre ne nous apprend rien, disent les éternels renseignés du siècle, car cherchant des recettes, ils n’en trouvent pas ici ; ou bien délirant dans l’abstraction du vide, ils butent sur la pierre de fondation que leur myopie les empêche de voir.

31’. Ainsi ils demeurent finalement prisonniers dans la fosse de la mort comme des bêtes qui errent à tâtons, en récitant les sentences des sages et en se parant de leurs maximes qu’ils ne comprennent pas et qu’ils n’appliquent pas.

32. La foi de Dieu est repoussée par les impies, mais la science de Dieu est aussi repoussée par les croyants dans ce monde enténébré.

32’. Ainsi tous s’excluent de la délivrance immédiate de Dieu, excepté les enfants de Dieu qui le cherchent dès ce temps obscur.

33. Quelques intelligents de Dieu subsistent parmi la multitude des intelligents du monde, comme la braise demeure cachée sous les cendres mortes.

33’. Ainsi quelques blancs demeureront les héritiers de la doctrine céleste parmi la multitude des morts orgueilleux.

33’’. Ceux-là, qui sont les messagers bénis de Dieu, ne seront-ils pas aussi les messagers bénissant les peuples de couleur appelés à Dieu ?

34. Ne nous servons pas des armes des méchants pour les combattre et pour les rejeter. Servons-nous de la foi, de la prière et de la charité de l’amour qui les gagneront à notre cause ou qui les détruiront miraculeusement.

34’. La bénédiction de vie qui n’est pas reçue se change en malédiction de mort pour les méchants. Ainsi nous dominerons les méchants en étant meilleurs qu’eux en tout et pour tout.

35. Prions donc pour ceux qui nous oppriment, afin que la parole de Dieu soit pour eux comme un jugement qui les fasse germer ou qui les dessèche ici-bas.

35’. Si notre foi et notre amour en Dieu sont parfaits, nous convertirons nos persécuteurs, ou bien le feu du ciel les consumera devant nous.

36. Que chaque communauté prie donc, en se relayant nuit et jour, pour ses persécutés et pour ses persécuteurs, jusqu’à ce que le miracle de Dieu devienne évident pour tous.

36’. Bénissons nos persécuteurs dans nos cœurs au nom de Dieu, car selon ce qu’ils sont en réalité, la sainte pierre les illuminera et les élèvera, ou bien elle les aveuglera et elle les écrasera.

37. Répondons à la méchanceté par la charité, mais tenons-nous séparés des méchants et de leurs doctrines de mort tant que durent leur méchanceté et leur orgueil.

37’. Les enfants deviendront esclaves et les esclaves deviendront enfants chéris de Dieu, car les enfants méprisent à présent l’héritage saint que les esclaves reçoivent avec reconnaissance.

38. Si un conflit s’élève entre nous, c’est parce que l’Esprit de Dieu n’est plus en nous, et si nous jugeons ce conflit hors de nous, c’est parce que l’amour de Dieu n’est plus en nous.

38’. Ainsi c’est la voix secrète de nos cœurs que nous devons écouter, et c’est le jugement de Dieu que nous devons espérer, car l’amour est un va-et-vient qui sépare en nous la lumière de vie des ténèbres de mort.

39. Prions donc le Seigneur Dieu dans nos cœurs avant de rien juger et accordons-nous un long délai avant de rien retrancher, car nos cœurs sont devenus sourds et nos mains sont devenues aveugles dans ce monde voilé de ténèbres.

39’. C’est la science de Dieu qui nous délivrera de l’emprise de la Bête et de l’exil de la mort, et rien autre chose. Mais c’est la bénédiction et c’est l’amour de Dieu qui accomplissent en nous la résurrection et la glorification espérées des croyants.

40. Toute prétention à la science divine qui n’est pas justifiée par les œuvres saintes, est une dérision et une tromperie devant Dieu et devant les hommes.

40’. Ainsi la prétention sans bornes de ceux dont la science profane écrase et enchaîne l’humanité, est-elle la préfiguration de leur dispersion dans la mort.

41. La vanité de ces insensés serait risible si elle ne les avait pas retranchés de leurs frères qu’ils oppriment et de Dieu qu’ils bafouent dans le monde.

41’. Ô suprême dérision, ceux qui se sont organisés dans la boue du monde se croient un peuple élu et une race supérieure, alors que leur héritage saint leur est enlevé à cause de leur orgueil aveugle !

42. Tenons-nous éloignés des orgueilleux et ne les imitons en rien, car, à cause de leur mépris des humbles, leur sort est déjà décidé par Dieu.

42’. Leur descendance ou ce qui en restera, deviendra esclave des esclaves, et nulle main d’homme ni de Dieu ne les en délivrera de longtemps.

43. C’est un blanc qui annonce ces choses, un blanc dont les blancs ont repoussé le message en ricanant et dont ils ont méprisé l’avertissement en se gaussant.

43’. Nous sommes différents comme les enfants d’un même Père, mais nous ne saurions nous diviser et nous opposer sans perdre notre héritage saint.

44. Prions Dieu afin qu’il ouvre nos yeux et prions-le afin qu’il débouche nos oreilles.

44’. Mais prions-le surtout afin qu’il délie nos cœurs de la crasse de la mort et qu’il les lie dans sa lumière de vie.

45. La Vierge végète jusqu’à ce qu’elle ait reçu l’influx céleste qui l’anime en lui insufflant l’âme divine, et cette âme organise sa substance, s’en revêt et paraît dans le monde comme le Sauveur et le Rénovateur des hommes égarés dans la mort.

45’. Ainsi vous étiez dans l’attente de l’Esprit Saint qui vous féconde et qui vous donne accès à la filiation de Dieu. Reconnaîtrez-vous pas l’immensité du don de Dieu et serez-vous pas reconnaissants dans vos cœurs envers lui qui vous choisit à présent pour héritiers et pour enfants privilégiés ?

46. Dieu a permis que ceux qui se réclament orgueilleusement de la couleur de leur peau, aient leur cœur obscurci par les ténèbres de la mort.

46’. Dieu a semblablement permis que ceux qui n’affichent pas la couleur de leur peau comme un drapeau, aient leur cœur fécondé de son or vivant.

47. Gardons-nous des savants rationalistes qui enfouissent la révélation de Dieu dans la tombe.

47’. Mais gardons-nous également des délirants abstraits qui la pulvérisent hors de notre portée dans le ciel.

48. Ni les uns ni les autres ne possèdent l’unique connaissance des enfants de Dieu, et leur sort sera réglé au jugement dernier. Mais auront-ils encore une excuse après avoir connu le Livre du moyen ?

48’. Aucun de ceux-là n’entrera dans le trésor de Dieu dès ce monde, car les uns nient son existence dans le ciel et son incarnation sur la terre, et les autres ignorent que la chose s’accomplit encore sous leurs yeux d’aveugles.

49. Dieu nous envoie un prophète avant le coup qui va nous enfoncer dans l’abrutissement aveugle et sourd de la mort.

49’. Où sont les croyants de Dieu qui se convertissent à l’amour de Dieu et des hommes afin d’échapper à l’anéantissement qui vient ?

50. Où sont les intelligents de Dieu qui cherchent le Seigneur à corps perdu dans le monde, afin de sortir indemnes de la fournaise qui s’allume ?

50’. Car le jugement de Dieu est décidé et le grand jour approche, mais les méchants se moquent et font le mal encore plus, tandis que les croyants abandonnent les œuvres mauvaises et reviennent à Dieu dans leur cœur.

51. Ainsi le jugement est déjà commencé sans que nul ne s’en doute, et le Livre ne fera que précipiter le choix de chacun en ce qui concerne la foi en Dieu et en sa résurrection.

51’. Nous ne saurions forcer personne à croire au message nouvellement paru, car l’évidence même de la grâce et de l’amour de Dieu est niée par les ignorants établis dans le monde.

52. Notre famille terrestre n’a-telle pas refusé de lire le Livre de la vérité incarnée, et ne l’a-t-elle pas repoussé et ignoré à cause de sa bonne volonté dans le monde et de sa mauvaise volonté en Dieu ? Sont-ils pas des braves gens dans le monde cependant ?

52’. Si nous ne prions pas assidûment le Seigneur Dieu de nous inspirer et de nous guider par son Esprit Saint, nous demeurerons prisonniers dans les ténèbres, et l’esprit des ténèbres nous soufflera mille mauvaises raisons pour nous y installer définitivement avec lui.

53. Ainsi nos parents et nos alliés se conduisent comme des aveugles devant la révélation du Très-Haut, car ils éprouvent bien les affections de la terre et ils sont aimants à leur façon, mais ils n’éprouvent pas les affections du ciel et ils n’aiment pas Dieu et son salut en vérité !

53’. Le Seigneur a raison de nous conseiller de tout quitter pour le suivre, car ainsi nous abandonnons les morts pour aller au vivant, et les morts qui demeurent avec le monde ont déjà choisi la mort, comme les vivants qui suivent le vivant ont déjà choisi la vie.

54. L’inhumanité apparente du Seigneur dans le monde est faite de la certitude de la vie retrouvée en Dieu, tandis que l’humanité des profanes est faite de la perte d’eux-mêmes dans l’abrutissement de la mort.

54’. N’est-ce pas la femme qui a donné entrée au mal en se livrant à lui ? Et n’est-ce pas ainsi que la mort a pénétré en nous par le canal de la vie ?

54’’. N’est-ce pas aussi le Seigneur descendu du ciel qui s’incarne dans la femme et qui nous redonne la vie en se livrant à la mort qui nous habite ?

55. N’est-ce pas un signe de la fin des temps que la femme écoute à nouveau le mauvais conseiller qui l’a séduite au commencement et qui veut la perdre tout à fait à la fin ?

55’. Car elle suspecte le message et le messager envoyés de Dieu. Qu’elle prie donc dans son cœur afin d’entendre la voix de Dieu au lieu de consulter le monde pour entendre la voix du démon !

56. Ô peuples noirs, vous étiez jusqu’à présent soumis aux prestiges du monde, mais le Seigneur descend jusqu’à vous par sa parole vive.

56’. Recevrez-vous pas saintement le don prodigieux de la vie sans mélange ? Et serez-vous pas reconnaissants à celui qui vous apporte le salut de Dieu ?

57. N’est-ce pas en recevant le démon que la femme a donné entrée à la Bête qui nous a exilés dans la mort du monde ?

57’. Et n’est-ce pas en recevant Dieu que la femme donne entrée au Seigneur qui nous réintègre dans la vie de Dieu ?

58. Nous vous révélons le mystère de la chute et celui de la rédemption, de façon que vous ne vous enorgueillissiez pas du choix que Dieu fait à présent de vous. Car il vient à vous avant que vous alliez à lui, et il quitte les orgueilleux avant qu’ils le renient.

58’. En effet, Caïn vint en premier et il fut fait noir comme provenant principalement des ténèbres du monde, tandis qu’Abel vint en second et fut fait blanc comme provenant principalement de la lumière de Dieu, mais les ténèbres ne reçurent pas la lumière.

59. Christ vint enfin et fut fait doré comme provenant uniquement de la lumière de Dieu ainsi qu’Adam avant la chute.

59’. Mais les ténèbres ne reçurent pas encore la lumière, malgré que la lumière ait reçu les ténèbres en premier.

60. Ainsi ceux qui sont du monde retournent au monde, et ceux qui sont du ciel retournent au ciel.

60’. Mais Dieu veut ramener à lui les hommes tombés dans le monde, et le démon veut faire tomber ceux qui sont demeurés dans le ciel.

61. Recevrons-nous pas comme un frère le Seigneur descendu du ciel et le suivrons-nous pas hors du bourbier de la mort, puisque c’est la volonté de Dieu ?

61’. Au lieu de le repousser profanement et de l’immoler criminellement, comme font les méchants conseillés et aveuglés par Satan ?

62. Nous sommes dans ce monde comme des naufragés perdus depuis longtemps sur une île désolée que la mort habite en priorité.

62’. Ceux qui s’y installent croient bien faire, et beaucoup les admirent et les encouragent sans comprendre qu’ils s’organisent dans la mort qui ne pardonne pas.

63. Ceux qui se souviennent de leur patrie perdue et qui cherchent nuit et jour le chemin de retour à la vie qui ne périt pas, sont moqués et brimés par beaucoup, car ils semblent fous au monde, étant seuls réellement sages en Dieu.

63’. Ainsi les sages et les saints de Dieu qui travaillent au sauvetage des hommes exilés dans la mort, sont-ils honnis et repoussés par les savants et par les intelligents du monde qui installent l’humanité dans la fosse commune.

64. L’incroyance, l’orgueil et l’avarice sont les principaux obstacles qui s’opposent à notre quête de Dieu et de son salut dans le monde. Qui nous délivrera et qui nous accouchera dans la vie pure si nous ne donnons pas, en premier, le coup qui entamera du dedans notre enveloppe de mort ?

64’. Prions afin d’obtenir la foi dans la révélation de Dieu à la place de nos croyances illusoires. Prions afin de recevoir l’intelligence de la révélation de Dieu à la place de nos connaissances vaines. Prions afin de recevoir la délivrance de la révélation de Dieu à la place de nos biens périssables.

65. Tous peuvent se retirer de nous à tout moment, soit pour un intérêt sordide, soit pour une mauvaise pensée, soit pour une parole mal entendue. Le Seigneur Dieu demeurera notre compagnon indéfectible et vivant, car sa lumière nous éclaire pour toujours.

65’. Ceux qui se retirent des enfants de Dieu se retranchent du salut de Dieu et ils se privent eux seuls, car les enfants de Dieu sont déjà comblés du don divin pour l’éternité et leur sort dépend de Dieu et non pas des rebelles ignorants.

66. Les méchants offrent leurs biens à ceux qui les enfoncent dans la mort du monde, et ils refusent même le pain à ceux qui les appellent à la vie de Dieu.

66’. Nous nous retirerons d’eux ou nous les réduirons à la mendicité s’ils veulent entrer dans la parole de Dieu.

67. Riches et pauvres ont repoussé le don qui leur était offert gratuitement ; désormais les riches le paieront au prix de leur richesse et les pauvres l’acquerront au prix de leur pauvreté car le trésor de Dieu est unique et il n’a pas de prix dans le monde.

67’. Pour ceux qui tourneront ou qui forceront la parole du Livre, le Livre deviendra une malédiction qui les aveuglera et une pierre qui les perdra ; mais pour ceux qui entreront dans cette parole, le Livre sera une bénédiction qui les illuminera et une pierre qui les sauvera.

68. Le trésor de Dieu nous a été offert gratuitement jusqu’à présent, mais nous l’avons méprisé et repoussé, sans même examiner ce qui nous était offert.

68’. À présent, tout nous sera compté et pesé dans le monde, et le poids du trésor de Dieu nous dépouillera jusqu’à la tombe avant de nous enrichir jusqu’au ciel d’éternité.

69. Ceux qui auront fait obstacle au Livre en porteront la peine, et ceux qui l’auront aidé en auront la récompense, car tout sera jugé et pesé au jour du règlement des comptes.

69’. C’est une promesse qui se réalisera et qui étonnera beaucoup de croyants et beaucoup d’incroyants le jour où la parole de Dieu sera dévoilée dans les cœurs.

70. Nous demeurerons silencieux, comme a fait le Seigneur de vérité, devant ceux qui, se croyant supérieurs, se travestissent d’une façon ou d’une autre pour nous persécuter, pour nous juger et pour nous condamner ici-bas.

70’. Nous prierons dans nos cœurs afin qu’ils se convertissent à la simplicité des enfants de Dieu, car le juste juge les traitera selon sa justice qui ne se laisse égarer par aucun déguisement.

71. Nous rejetterons tous uniformes et toutes distinctions profanes qui sont les marques de la servitude du monde de Satan.

71’. Et nous revêtirons la robe immaculée des enfants de Dieu pour prier, pour louer et pour communier dans le Très-Haut.

72. Nul ne s’éloignera de sa foi en venant au Livre révélé, mais tous au contraire se trouveront confirmés dans leur révélation, et quelques-uns pénétreront dans la profondeur et verront luire la lumière de Dieu.

72’. Le Livre ne nous disperse pas dans la multitude des branches, car il nous mène à l’unique racine. Le Livre ne nous disperse pas non plus dans la multitude des racines, car il nous mène à l’unique sommet.

73. Beaucoup d’intelligents du monde nous expliqueront noir sur blanc les pourquoi et les comment du Livre, et nous brillerons à notre tour devant tous, de l’intelligence du monde.

73’. Mais où est l’intelligent de Dieu qui trouvera blanc sur noir le pourquoi et le comment du Livre, et qui brillera pour soi seul de la sainte lumière de Dieu ?

74. Ceux qui reçoivent le message dans leur cœur sont les survivants du monde qui agonise. Le malheur s’éloignera d’eux, et le désespoir ne les atteindra plus.

74’. Leur espérance ne sera pas déçue, car les saints de Dieu les accoucheront dans le royaume de l’Unique, et le Seigneur en personne les introduira dans les demeures célestes.

75. Beaucoup ne comprennent pas toujours ce qu’ils disent, mais les enfants de Dieu savent ce dont ils parlent, car ils voient de leurs yeux et ils touchent de leurs mains.

75’. Et cela ne peut pas être conçu par les intelligents du monde, tellement la chose leur paraît incroyable et folle, à travers les ténèbres de leurs cœurs.

76. Les méchants et les intelligents du monde veulent être les maîtres avant Dieu, chez eux et chez les autres ; ce qui engendre les catastrophes de l’absurde en eux-mêmes et dans le monde, car ils forcent tout et ne laissent rien aller et venir librement.

76’. Si nos échanges extérieurs sont libres et généreux, nos échanges intérieurs seront aussi libres et généreux et le malheur s’éloignera de nous, car la bénédiction de Dieu circulera en nous sans entraves et son amour mûrira dans nos cœurs.

77. Toute distraction dans ce monde qui agonise est comme un morceau de notre vie que nous jetons allégrement dans la fosse de la mort.

77’. Nous entendons par distraction, tout ce qui n’est pas consacré à l’unique quête spirituelle et substantielle de Dieu ici-bas.

78. Nous ne nous sauverons, ni par le travail de nos mains, ni par le travail de notre volonté, ni par celui de notre intelligence.

78’. C’est la bénédiction de Dieu et c’est l’opération de son saint amour dans nos cœurs purifiés qui accompliront l’œuvre de délivrance et de résurrection.

79. La vie et la mort sont inextricablement mêlées dans le monde déchu, et nos sciences profanes sont impuissantes à les séparer et à exalter la vie pure jusqu’au repos de Dieu.

79’. Ainsi toutes nos subtiles pensées, toutes nos belles paroles et tous nos grands travaux vont à la mort, car nos esprits, nos cœurs et nos mains sont obscurcis par le mélange infâme.

80. Et nos yeux ne le voient pas, et nos oreilles ne l’entendent pas, tellement la malédiction de la chute s’est appesantie sur nous.

80’. Ô Seigneur de lumière, délivre tes enfants qui te prient saintement dans leurs cœurs et ouvre-leur les yeux et les oreilles afin qu’ils reconnaissent ton salut qui sauve de la mort.

81. À présent, le Livre est aussi donné aux peuples jaunes qui le reçoivent dans leurs cœurs, et les rouges en entendront parler afin que le cycle soit accompli. Car les noirs seront gardiens de la lumière que les blancs ont manifestée dans le monde.

81’. Le Livre a été écrit dans les ténèbres du monde, à la lueur de la lumière de Dieu qui brille dans le cœur des hommes ensemencés du Seigneur d’amour et de science.

82. Ô enfants de la sagesse, si vous considérez le contenu et le contenant séparément, votre sagesse demeurera boiteuse et vous n’entrerez pas dans le trésor de Dieu.

82’. Mais si vous savez séparer le contenu du contenant et si vous savez les réunir en Dieu, vous entrerez dans l’éternité de l’Unique pour l’éternité.

82’’. Qu’il en soit ainsi pour les vrais enfants de Dieu qui font sa sainte volonté et qui aiment leurs frères dans le Seigneur !

83. Les ignorants stagnent dans ce monde mixte, car ils s’accommodent de l’abrutissement du malheur dans l’exil de la mort.

83’. Les intelligents désincarnent l’homme et ils le dématérialisent de mille façons. Ceux-là détruisent la création croyant se libérer ; ils reculent.

83’’. Les sages incarnent Dieu et ils le manifestent d’une seule façon. Ceux-ci achèvent la création pour s’accomplir; ils avancent.

84. La femme qui croit et qui ne comprend pas, est au-dessus de l’homme qui ne croit pas et qui croit comprendre.

84’. Nul ne sera instruit s’il ne cherche l’instruction. Nul ne sera guéri s’il ne cherche la guérison. Nul ne sera sauvé s’il ne cherche la régénération.

85. Ceux qui sont oublieux de Dieu dans la pénurie de l’exil, le seraient encore plus dans l’abondance de la splendeur.

85’. C’est pourquoi les médiocres de cœur croupissent dans l’agonie de ce monde, sans espoir et sans pardon.

86. Ferons-nous pas en petit ce que le Père et la Mère font en grand ? Et n’accomplirons-nous pas l’œuvre du Seigneur du commencement jusqu’à la fin ?

86’. Cherche le cœur, cuis le cœur, sépare le cœur, unis le cœur, sème le cœur. Ainsi tu auras le cœur qui ne périt pas.

86’’. Notre courage, c’est croire en Dieu. Notre intelligence, c’est prier Dieu. Notre savoir, c’est louer Dieu. Notre salut, c’est manger Dieu.

87. La coupe d’iniquité est pleine ou presque et bientôt elle sera répandue sur la terre comme un feu qui consumera toutes les œuvres des hommes, et il ne demeurera que des ruines fumantes. Les survivants comprendront-ils alors ? « Faisons bien ce que nous avons à faire dans ce monde, n’y croyons pas et n’en attendons rien. »

87’. Ce que nous prenons pour les qualités qui nous font vivre et nous organiser dans ce monde, sont en réalité les défauts qui nous éloignent de Dieu et de son salut. Qui comprendra cela, et qui y remédiera avant le jugement qui réduira tous nos travaux en cendres ? « Faisons bien ce que nous avons à faire en Dieu, croyons à son fruit et attendons-en le salut. »

88. Le comble de l’orgueil et de l’aveuglement des savants et des intelligents du monde n’est-il pas de prétendre chercher Dieu en dehors d’eux-mêmes, et de vouloir à toute force le réduire à une équation ou à une puissance exploitable par eux-mêmes et pour eux-mêmes ?

88’. Le savoir et l’intelligence véritables sont l’expérience de notre impuissance, l’acceptation de notre faiblesse et la conscience de notre nullité hors de Dieu. Ce sont aussi l’espérance dans le secours de Dieu, la foi dans sa toute-puissance et l’amour de sa brillante pureté.

89. Ceux-là sont perdus, car ils vont à la dispersion de la folie destructrice.

89’. Ceux-là sont sauvés, car ils vont à l’union de la sagesse créatrice.

90. La folie du monde, c’est donc se placer en dehors de Dieu et s’y maintenir afin de l’examiner curieusement du dehors, avec l’espoir insensé de le surprendre et de l’appréhender.

90’. La sagesse divine, c’est donc aussi attirer Dieu en nous afin qu’il se révèle lui-même à nous et en nous, selon son bon vouloir et non pas selon le nôtre.

91. Jamais les savants et les intelligents du monde ne le surprendront au-dehors dans sa création, car il se moque des rebelles et des impies, et il les mène à la mort aveugle et sourde.

91’. Dieu ne se livre visiblement et corporellement qu’à ses fils très soumis, en lesquels il a mis tout son amour et toutes ses complaisances, car ils sont les bien-aimés de son cœur vivant et éternel.

92. Lucifer a voulu juger la création de Dieu, et il a été précipité dans l’enfer. Adam a désobéi à Dieu, et il a été envoyé en exil dans la mort.

92’. Quel sort est donc réservé aux savants et aux intelligents du monde qui prétendent analyser Dieu et le réduire à leur service ?

92’’. L’heure du jugement approche certainement, préparez-vous, enfants, et priez, afin que votre accouchement soit achevé en ce jour-là; car il n’y aura plus de délai pour personne et la nuée du feu consumera toute crasse, et la nuée de l’eau séparera toute fèce de l’unique pureté.

93. Les impies et les fourbes du monde s’enfoncent et pourrissent de plus en plus dans leurs crimes, qui les maintiennent dans l’enfer de l’agonie de la mort.

93’. Les bien-intentionnés et les bien-pensants du monde s’appuient sur leur propre intelligence et sur leur propre volonté pour réformer le monde et eux-mêmes ; ainsi ils s’enfoncent dans l’infection de l’orgueil ou de l’hypocrisie qui tuent l’âme.

93’’. Seuls les croyants de Dieu demandent l’aide du Seigneur dans toutes les circonstances de leur vie exilée ici-bas; mais ils la demandent avec humilité, avec foi, avec amour, avec persévérance, avec violence, avec désespoir, avec anéantissement, qui est la vraie humilité que le Seigneur féconde et relève dans la vie éternelle.

94. Les Noms de Dieu défont en montant ce qu’ils ont fait en descendant. Ainsi il ne faut pas les tordre ni les étaler, comme font les ignorants qui ne connaissent pas ce qui descend sur la terre ni ce qui monte au ciel.

94’. Les enfants de Dieu sont enseignés par Dieu. Les enfants du monde sont enseignés par le monde. La différence est énorme, mais nos yeux sont aveugles, et nos cœurs sont obscurcis par la chute.

95. Sommes-nous pas envoyé de Dieu et chargé de préparer la voie royale de l’avènement très saint du Seigneur victorieux et glorieux, qui va soumettre toute la terre à sa loi d’amour et de paix ?

95’. N’avons-nous pas en nous l’Esprit d’Élie et sommes-nous pas précurseur du Seigneur ressuscité dans sa gloire, qui vient dans le monde enténébré pour le jugement, tant redouté des uns et tant espéré des autres ?

95’’. Nous appelons les croyants de Dieu et nous rappelons les enfants de Dieu, mais nous n’avons personne à convaincre dans le monde. Que celui qui hésite et qui doute, demande donc à Dieu un signe dans son cœur qui l’éclairera pleinement !

96. Incapables de nous battre comme des chiens pour approcher la poubelle du monde, comment subsisterons-nous ici-bas si le Seigneur ne nous tend pas sa main secourable et toute-puissante ?

96’. La pauvreté garde bien les enfants de Dieu, mais la misère tue tout le monde. « La Providence du Seigneur veille sur les siens, jour et nuit, sans jamais se lasser. »

97. Les impies et les hypocrites sont exclus de ce Livre et rien de bon ne leur en adviendra, car leur malice ne le pénétrera jamais, mais elle retombera sur eux et elle les écrasera à la fin.

97’. Ô Seigneur de justice, fais que le sac de ténèbres les enveloppe étroitement de toutes parts et que la boue infecte les rende aveugles, sourds et stupides, jusqu’au temps de leur repentir sincère.

97’’. Ô Seigneur saint et parfait, permets que tes croyants soient réconfortés dans leur attente et confirmés dans leur foi par le Livre de tes révélations, et permets que tes enfants soient guidés dans leur quête et consolés dans leur espoir par le Livre de tes merveilles.

98. Nous n’avons circonvenu personne et nous ne nous sommes emparé de quiconque, mais nous avons rappelé à tous le Seigneur qui patiente dans nos cœurs obscurcis.

98’. Et nous les avons guidés vers l’Unique Splendeur qui illumine les cœurs purifiés. C’est un signe excellent pour ceux qui comprennent.

99. Ô Dieu des vivants, aide tes enfants à secourir et à consoler les pauvres et les abandonnés qui croient en ton saint Nom et qui espèrent ton salut.

99’. C’est une récompense magnifique que secourir les pauvres de Dieu, mais bien peu le savent, hélas !

100. Beaucoup se scandalisent, car les apparences sont trompeuses dans ce monde et ils négligent de demander humblement conseil au Seigneur dans leurs cœurs.

100’. Ils se condamnent de plus en plus sans le savoir, et les coups redoublés du malheur et de la mort ne les ramènent pas au Seigneur de vie qui s’incarne dans le monde.

101. Nous ne pouvons rien par nous-mêmes, nous ne connaissons rien, nous n’entendons rien et nous ne voyons rien, car la crasse du péché de mort nous enveloppe de toutes parts et le démon nous souffle l’envie, la vanité, la peur et la haine sans se lasser.

101’. Sommes-nous pas faible parmi les faibles, pauvre parmi les pauvres, errant parmi les errants et aveugle parmi les aveugles ? Car notre volonté, notre savoir, notre intelligence et notre jugement ont été ridiculisés au-delà de toute expression, et notre impuissance devant le mal s’est révélée totale.

102. Si nous n’abdiquons pas entièrement devant le Seigneur de grâce et de pardon, comment habitera-t-il jamais en nous ? Et s’il n’est pas établi en nous, comment prierons-nous pour nos ennemis et comment nous délivrerons-nous des liens du péché qui nous maintiennent dans la mort ?

102’. Ô mystère de vie, nous voilà ensemencés et fécondés du tout-puissant à partir de notre anéantissement devant sa Splendeur ; et nous remuons déjà de sa vie merveilleuse en attendant l’heure de notre renaissance dans sa lumière impérissable et glorieuse.

103. N’est-ce pas ici l’enseignement traditionnel et complet de la parole seigneuriale, transmise à travers tous les âges, depuis la révélation première ?

103’. La parole divine n’ajoute et ne retranche rien à sa création magnifique, mais elle se confirme elle-même dans tous les temps et dans tous les lieux.

104. Ceux qui ne voient que la lettre des Écritures révélées, demeurent dans les ténèbres de la foi aveugle et ils combattent aveuglément, au nom de Dieu, la vérité de Dieu qui fleurit sur la terre pour le salut des hommes.

104’. N’est-ce pas évident pour ceux qui font la volonté de Dieu et qui accomplissent son œuvre ici-bas ? Car ils pénètrent la parole sainte et sage, et la parole divine les pénètre et les illumine pleinement.

105. Ils repoussent les enfants de Dieu au nom du Père qu’ils ne connaissent pas, et ils les condamnent au nom du Fils qu’ils ne possèdent pas.

105’. Car ceux qui pactisent avec le monde, n’entendent plus la voix de l’Esprit, et les raisonneurs ont remplacé les prophètes de Dieu, et les intelligents ont chassé ses sages et ses saints.

106. Les croyants se lassent d’espérer un salut problématique et lointain, alors que les nécessités de la vie les pressent de toutes parts dans ce monde, car ils ne savent plus que leur sauvetage est réalisable dès à présent avec l’aide du Seigneur incarné.

106’. Ô énormité de la proposition divine à nouveau révélée aux hommes déchus ! Combien abandonneront la poursuite du monde enténébré pour chercher la lumière qui engendre le Sauveur saint et parfait ?

107. Sommes-nous pas d’origine obscure, faible, pauvre et méprisé dans le monde ?

107’. Et n’est-il pas d’origine divine, tout-puissant, ruisselant de richesses et adoré dans le ciel et sur la terre ?

108. Nous sommes malades de ta quête, Seigneur, et nous agonisons de ton absence, car le monde et ses distractions nous dégoûtent, et notre désir est en toi seul à présent.

108’. Pleus, pleus, Seigneur de bénédiction, afin que nous resplendissions de ta lumière de vie et afin que nous soyons refaits à ton image sainte et parfaite.

108’’. Relisons sans nous lasser les paroles saintes et sages, car chaque temps sera pour nos cœurs comme une rosée toujours plus abondante et toujours plus nourrissante.

Tout l’Univers et nous-mêmes sommes ténèbres et mort sans ton amour, Seigneur.

Alors que sans notre amour, tu demeures vivant et resplendissant à jamais devant notre agonie misérable.

Ô mon Seigneur et mon Dieu, par ton amour pour nous qui est infaillible, permets que jamais notre amour pour toi ne défaille. Ô mon Roi, fais que nos faces ne se détournent plus de ta face jusqu’à ce que tu entres en nous et jusqu’à ce que nous pénétrions en toi pour toujours. AMEN.

(Ceci est le verset du chien ou de la fidélité qui nous remémore l’humilité, la foi et l’amour dans le Seigneur. C’est aussi le verset de la bénédiction et de l’acquisition qui procure l’abondance de Dieu.)

C’est en vous approchant de lui, comme de la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu, que vous aussi, comme des pierres vivantes, vous formez une maison spirituelle.
Pierre
Ô peuples, hommes nés de la terre, vous qui vous êtes abandonnés à l’ivresse, au sommeil et à l’ignorance de Dieu, soyez abstèmes, cessez de vous vautrer dans la crapule, ensorcelés que vous êtes par un sommeil de brute.
Hermès Trismégiste

LIVRE XXXVII

La multitude des hommes se rend utile ; moi seul suis inapte, semblable à un paria. Moi seul diffère des autres hommes parce que je vénère la Mère nourricière.
Lao t’seu
Le pain de Dieu est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.
Jésus

ÉTUVE RIEN

LE COMMENCEMENT

1. Celui qui étudie le Livre est promis à la vie, quelle que soit son apparence dans le monde.

1’. Celui qui repousse le Livre est promis à la mort, quelle que soit son assurance dans le monde.

2. Quand nous approcherons le Seigneur et sa sainte vérité de vie, nous serons retournés et secoués comme des sacs, et tout notre savoir et toute notre prétention tomberont dans le néant.

2’. Car la plénitude de la révélation divine exige notre pauvreté totale et notre entière liberté d’esprit et de cœur.

2’’. L’esprit rebelle et ceux qui le suivent préfèrent demeurer dans la mort et périr, plutôt que se soumettre en obéissant à l’amour. Réussirons-nous là où le Seigneur a échoué? Et demeurerons-nous là d’où il s’est retiré?

3. La sagesse du monde est un jeu de l’esprit de l’homme.

3’. La sagesse de Dieu est un jeu des éléments naturels.

4. Quand nous commencerons la quête de Dieu, nous serons imprudents et exposés comme des oiseaux. Quand nous achèverons la quête de Dieu, nous serons prudents et cachés comme des serpents.

4’. Il y a une solution à tout pour celui qui a le courage d’attendre, car tout ce qui se défait d’un côté se refait aussi de l’autre côté par la patience des actes de la foi.

5. Ô prêtres du Seigneur incarné, ô fidèles de la Mère bien-aimée, venez au Livre du renouvellement qui vous fera pénétrer dans les profondeurs, et qui vous mènera dans les hauteurs de vos religions, où brille l’unique lumière de l’Unique Amour.

5’. Nous vous proposons follement la grâce et l’amour de Dieu, et nous semons sans mesure sa vérité et son pardon. Vous lèverez-vous pas comme une sainte manne engendrée de Dieu ? Et remplirez-vous pas ses bras tendus vers vous ?

6. Le Seigneur nous comblera dans notre solitude, et nous entraînerons les peuples dans notre sillage jusqu’à sa gloire éclatante et parfaite, afin que soient remis entre ses mains ceux qui lui appartiennent de toute éternité : les aimés de son cœur qui viennent à lui dans leurs cœurs.

6’. Ô mon Dieu, moi pauvre hère ignorant et faible entre tous, tu me combles au-delà de toute limite, car c’est ta façon merveilleuse de te moquer et de rire de moi, qui pleure tant et tant ta beauté et ta bonté ensevelies dans le cœur de mes frères exilés.

7. Ô amis, le Seigneur est caché en vous, et il attend de la foi de votre intelligence et de la bonne volonté de votre amour que vous le laissiez devenir le compagnon tout-puissant qui délivre des mains de la mort. Vous laisserez-vous pas accoucher dans la vie par les mains très expertes de l’Unique ?

7’. Nous préférons demeurer inconnus des hommes sur la terre et être reconnus du Seigneur dans le ciel ; car la gloire du monde est une fumée qui se disperse dans les ténèbres, tandis que la gloire de Dieu est une fumée qui se condense dans la lumière. Qui sait cela à présent ?

8. Les puissants du monde refusent notre travail et ils repoussent le Livre, croyant nous décourager en nous laissant périr ; mais le Seigneur nous comble en secret de son art et de son amour, et nous voilà plus riche que les plus riches, et voilà ces mêmes riches plus démunis que les plus misérables. Ô miracle du don qui ne s’épuise pas !

8’. Ô mon Seigneur, ta joie m’envahit comme une digue qui se rompt, et me voilà balayé, marchant sur la tête, toute ma raison sombrée et titubant comme un ivrogne au grand scandale des bien-pensants qui me regardent avec mépris. Et nous rions tous les deux sans même pouvoir nous dire un mot ! « Un jour nous refuserons, pour tous les biens du monde, ce que nous offrons gratuitement à présent. »

9. Nous voilà malades, vieillissants et penchant de plus en plus vers la tombe, mais notre âme espère follement ton secours et ta faveur, ô Magnanime qui distribues l’or de la vie à tes bien-aimés.

9’. Toi l’Impeccable et le Parfait, rends-nous la santé, la jeunesse et l’immunité de nos corps afin que, revêtus de ta gloire, nous te louions saintement dans ton éternité !

10. Ton humour n’est pas si cruel, Seigneur de justice, car les cœurs des hommes sont fermés par leur bonne volonté à expliquer et à organiser le monde sans ton amour, sans ton œuvre, sans toi, et la cendre des ruines recouvre leur intelligence et engloutit leur courage sans qu’ils se lassent de t’ignorer.

10’. Seigneur de l’amour fou, tu te donnes sans mesure, et nous devons nous taire et attendre ton grand jugement comme des impuissants et comme des pauvres, en portant ton secret qui nous comble au-delà de toute expression. Et nous resplendissons déjà de ta lumière, mais les ténèbres ne le voient pas.

11. Devenons aveugles, sourds, muets et paralytiques, afin que le Seigneur de vie qui sommeille en nous entre dans son domaine et que nous soyons faits voyant, entendant, parlant et œuvrant en lui, par lui et pour lui, sans nous occuper du monde aveugle, sourd, hurlant et agité.

11’. Celui qui connaît, qui possède et qui touche la vérité de Dieu, n’a plus de systèmes, plus de recettes, plus d’explications et plus d’organisations à proposer à quiconque, car la connaissance possessive de l’amour divin affranchit celui qui l’atteint au-delà de toute limite connue ou inconnue.

12. Nous n’avons espéré et cherché ni disciples, ni communautés, ni églises, car nous sommes demeuré tourné vers Dieu tout le temps de notre quête, et si les disciples viennent, si les communautés paraissent et si les églises essaiment, c’est parce que nous nous effaçons de plus en plus devant le Seigneur qui vient tout resplendissant du salut de Dieu.

12’. Ainsi notre offrande sera de plus en plus agréable à Dieu, car elle s’accroîtra constamment des âmes des croyants qui espèrent sa lumière de vie et qui incarnent son cœur inépuisable et bon ; car c’est Dieu seul qui s’humanise en nous et qui nous divinise en lui par sa grâce et par son amour.

13. Ceux qui ignorent le serviteur de Dieu, ceux qui l’oublient et ceux qui le renient, sont retranchés du conseil de Dieu et de son salut.

13’. Ceux-là tombent dans l’abîme, car ils coupent stupidement le lien qui les relie au ciel d’éternité.

14. La communauté des enfants de Dieu est dans chaque foyer soumis à Dieu.

14’. Et chaque foyer saint est dans la communauté du Seigneur Dieu.

15. Nous prierons ainsi pour le repas : « Merci Seigneur qui te livres pour notre nourriture sous le voile ténébreux des créatures terrestres. Fais que la digestion s’accomplisse en nous parfaitement, afin que nous recevions ta vie précieuse et que nous rejetions le poison de la mort. »

15’. Nous prierons ainsi pour la communion : « Merci Seigneur qui te donnes à nous pour notre salut sous le voile lumineux de la créature céleste. Fais que ta vie glorieuse resplendisse en nous pour toujours après avoir anéanti l’abomination du péché de mort qui nous maintient dans l’agonie de l’exil. »

16. Si tu ne me connais pas quand je suis volage…

16’. tu ne me trouveras pas quand je suis sage.

17. Nous sommes ignorant devant les savants triomphants. Nous sommes égaré devant les imbéciles triomphants. Nous sommes inutile devant les travailleurs triomphants. Nous sommes fou devant les raisonnables triomphants. Nous sommes misérable devant les riches triomphants. Nous sommes réprouvé devant les bien-pensants triomphants. Nous sommes perdu devant les assurés triomphants. Nous sommes méprisable devant les puissants triomphants. Nous sommes obscur devant les intelligents triomphants. Nous sommes enseveli devant les agités triomphants. Nous sommes honteux devant les hypocrites triomphants. Nous sommes stupide devant les illuminés triomphants. Nous sommes incapable devant les bricoleurs triomphants. Nous sommes muet devant les discoureurs triomphants. Nous sommes idiot devant les malins triomphants. Nous sommes lâche devant les héros triomphants. Nous sommes déserteur devant les engagés triomphants. Nous sommes déplacé devant le monde triomphant. Peut-être est-ce aussi parce que nous sommes véridique et salutaire devant les enfants de Dieu triomphant ?

18. Nous serons traités en parasites dans nos propres familles, et nous subirons les reproches des raisonnables à cause de notre quête du Seigneur de vie.

18’. Si nous sommes méprisés, découragés et brimés dans notre sainte quête, n’est-ce pas la marque de Satan qui nous détourne de la voie du salut ?

18’’. Nous nous retirerons des insensés qui n’ont que découragements, que reproches et que sarcasmes à opposer à notre recherche du salut de Dieu, et nous les laisserons dans les mains de Satan qu’ils ont choisi pour conseiller et pour maître, car l’absurde même de leur condition ne leur révèle pas l’état lamentable où ils agonisent sans espoir.

19. Tout ce que nous faisons pour le monde ne nous donne aucun droit sur le monde, mais cela augmente nos devoirs et nos charges envers lui.

19’. Tout ce que nous faisons pour Dieu nous soumet toute sa création et nous rend libres en elle.

20. Nous sommes tous tombés sur un tas d’immondices où les brutes campent à même et que les plus intelligents tentent d’organiser vainement.

20’. Les saints nous proposent la patience et le détachement en vue de notre délivrance future. Seuls les sages nous enseignent à séparer la vie de la mort, afin de revivre dans la liberté des enfants de Dieu.

21. Les hommes ignorants de Dieu nous proposent des recettes mirifiques pour accommoder l’ordure où nous agonisons. Mais hélas ! l’ordure demeure ce qu’elle est, et son odeur est insupportable, et son goût est mortel malgré tous les systèmes dont ils la recouvrent habilement.

21’. Le Seigneur Dieu a tracé une voie mystérieuse et très évidente, afin que nous puissions tous sortir de la boue où nous sommes tombés par désobéissance à son saint commandement. Il la révèle à ses enfants repentants qui font sa volonté et qui accomplissent son œuvre.

22. Si le Seigneur se retire de nous et si nous déraillons dans nos visions et dans nos propos comme les sourds et comme les aveugles du monde profane, nous nous retirerons dans le silence et nous deviendrons élèves des sourds et des aveugles, qui nous enseigneront l’humilité et la prudence par leur ignorance et par leur témérité.

22’. Et si le Seigneur nous visite à nouveau, nous demeurerons silencieux et secrets afin de ne pas nous exposer à être démentis publiquement par des événements différés. Et si le Seigneur nous pousse à prophétiser dans le monde, nous résisterons jusqu’à la limite de nos forces, afin d’être bien assurés que c’est lui qui parle en nous, et nous-mêmes qui parlons en lui.

23. Nous éviterons pour notre nourriture tout ce qui se corrompt violemment avec infection, tout ce qui est fabriqué et falsifié par les hommes, et tout ce qui se refuse à nous en ne s’offrant pas de soi-même. Ainsi nous n’augmenterons pas stupidement en nous et hors de nous le pesant fardeau de la mort.

23’. Nous rechercherons pour notre nourriture tout ce qui se conserve naturellement sans pourrir, tout ce qui est direct et naturel, et tout ce qui s’offre de soi-même, venant de la terre et du ciel, afin d’augmenter en nous la bonne odeur de vie qui ne périt pas. Ainsi nous préparerons intelligemment le jour de la résurrection.

24. Éléonore vient au Livre toute petite, mais le Livre la fera toute grande. Le Seigneur la couvrira-t-il pas de son parfum exquis ? Elle entend et elle voit.

24’. C’est un merveilleux état que celui d’enfant de Dieu, mais qui peut s’y maintenir ici-bas sans faiblir et sans faillir ?

25. Notre passage ici-bas n’aura pas été inutile si nous avons réussi à redonner aux humains exilés dans l’agonie de ce monde, l’espoir du salut de Dieu et le goût de sa quête immédiate.

25’. Le Seigneur témoignera pour nous en personne au jour du grand jugement, et il confirmera notre entreprise filiale ; et ses rescapés nous loueront pour notre œuvre fraternelle.

26. Nous avons mis l’accent sur la mort qui tient le monde dans ses griffes aveugles, mais nous avons aussi mis le doigt sur la vie qui se renouvelle constamment à travers elle.

26’. Nous avons rappelé la serrure terrestre et la clef céleste qui ouvrent la porte du séjour de la vie bienheureuse où les enfants de Dieu se réjouissent pour l’éternité de la joie de l’Unique Splendeur.

26’’. Ainsi avons-nous délibérément perdu notre vie dans ce monde mélangé, afin de la sauver dans le royaume de Dieu.

27. Les simples conservent leur religion, en attendant d’être sauvés miraculeusement. Les malins moquent leur religion, en attendant d’être ridiculisés par leurs propres systèmes.

Les médiocres dessèchent leur religion, en attendant de retourner à la poussière. Les révoltés combattent leur religion, en attendant d’être détruits par leur propre révolte.

Les bien-pensants flattent leur religion, en attendant d’être loués par elle. Les incroyants méprisent leur religion, en attendant de se nier eux-mêmes.

Les habiles ornent leur religion, en attendant d’être écrasés par le poids de leurs complications. Les hypocrites corrompent leur religion, en attendant de pourrir en enfer.

Les fidèles entretiennent leur religion, en attendant d’être soutenus par elle. Les infidèles abandonnent leur religion, en attendant d’être lâchés par celles qu’ils se font.

Les savants suppriment leur religion, en attendant d’être pulvérisés par leur science profane. Les intelligents expliquent leur religion, en attendant d’être démentis par l’absurde.

Les laïcs oublient leur religion, en attendant de se perdre dans le monde. Les clercs s’installent dans leur religion, en attendant d’être établis dans le ciel.

Les saints vivent leur religion, en attendant de goûter son suc spirituel. Les sages fouillent leur religion, en attendant de trouver sa substance corporelle.

28. Le Seigneur nous pardonne et il nous fait voir son salut malgré notre égarement et malgré nos crimes. Quel pardon et quel salut le Seigneur propose-t-il ainsi aux hommes égarés dans la mort ?

28’. Chaque égaré et chaque criminel peut espérer obtenir le pardon et le salut du Seigneur, s’il les lui demande sincèrement et tenacement. Quelle espérance et quel réconfort proposons-nous donc ainsi à nos frères humains ?

29. Hélas ! le chaos de la mort n’est pas une illusion. Hélas ! l’esprit rebelle n’est pas une illusion. Hélas ! le péché mortel n’est pas une illusion. Hélas ! le mal qui nous habite n’est pas une illusion. Hélas ! l’agonie du monde déchu n’est pas une illusion.

29’. Heureusement, la terre promise n’est pas une illusion. Heureusement, le Seigneur de vie n’est pas une illusion. Heureusement, l’incarnation du vivant n’est pas une illusion. Heureusement, le remède de vie n’est pas une illusion. Heureusement, le salut du monde repentant n’est pas une illusion.

30. Il y aura un jugement général qui rétribuera chacun selon sa foi et selon les œuvres de sa foi, et tout ce qui ne résistera pas au feu, sera réduit en cendres et compté pour rien avec son auteur.

30’. Ceux qui auront triomphé dans les œuvres du monde, seront atterrés et muets de stupeur, et leur surprise n’aura d’égal que leur désespoir de s’être trompés si lourdement.

30’’. Les enfants de Dieu et ses sauvés seront témoins de la ruine des malins et de leur engloutissement final.

31. Nous chercherons le Seigneur de sagesse avec une patience de fou, sans nous laisser distraire par le monde déchu et par ses œuvres vaines.

31’. Nous entrerons dans le cœur de nos Écritures révélées afin de trouver la perle cachée, au lieu de flotter sur elles et de nous échouer dans le monde profane.

32. Ni les orgueilleux ni les délirants qui adhèrent aux fausses doctrines du monde, ne pourront recevoir l’intelligence du Livre, ni s’emparer de lui, ni se recommander de lui.

32’. Où sont les noirs, où sont les blancs, où sont les jaunes, où sont les rouges demeurés simples et croyants, qui recevront le royaume promis par le Seigneur et qui entreront dans leur héritage saint ?

33. Nous demandons trois fois pardon à ceux que nous avons offensés ou lésés pendant le temps de notre folie, et nous demandons mille fois pardon à Dieu pour nos offenses et pour nos crimes commis pendant notre égarement.

33’. Ô miracle de l’amour divin ! Les bien-pensants refusent trois fois leur pardon, mais le Seigneur de compassion accorde le sien à la première demande, car il est là comme un mendiant à la porte de notre cœur, attendant que nous voulions bien lui ouvrir.

34. C’est un pécheur qui parle, un homme ordinaire qui cherche Dieu au milieu des inconvénients du monde, avec un métier misérable, sans encouragement et sans aide de quiconque.

34’. Afin que les plus emprisonnés, les plus abandonnés et les plus démunis prennent courage et ne désespèrent pas de parvenir au royaume caché qui délivre de toute tristesse, de toute misère et de tout mal.

35. Nous ne chercherons pas à combattre nos persécuteurs, car nous nous enfoncerions avec eux dans la boue puante de la mort. Nous les publierons, nous les prierons, nous leur pardonnerons, nous les fuirons et nous les oublierons.

35’. Prions également Dieu afin qu’il nous délivre de leurs persécutions en nous ouvrant les portes du jardin secret où la haine et la mort n’ont pas accès, car là où est la vie pure, là aussi est l’amour pur.

36. Ceux qui cherchent uniquement à s’organiser toujours mieux dans ce monde déchu, oublient le royaume promis par Dieu, et ils s’enfoncent toujours plus dans l’exil de l’agonie et de la dispersion où ils demeureront pendant l’éternité.

36’. Voyons-nous pas la vanité de la bonne volonté des hommes et l’absurdité de leurs efforts pour organiser ce monde mélangé de mort ? Ah ! si les croyants avaient la folie de croire vraiment, ils emploieraient leur bonne volonté à rechercher le salut de Dieu, et le règne de l’Unique serait bien proche !

37. Il y a une grande délivrance à devenir comme un mort dans les mains de Dieu.

37’. Mais il y en a une bien plus grande à devenir comme un vivant dans son cœur resplendissant.

38. Nous devons le proclamer hautement : La foi, sans l’espérance du salut de Dieu, est vaine. L’humilité, sans la recherche du salut de Dieu, est vaine. La patience, sans la pratique du salut de Dieu, est vaine. Car elles aboutissent à la fosse de la mort tout comme l’incroyance, tout comme l’orgueil et tout comme la violence, dans ce monde habité par le mal qui ne pardonne pas.

38’. Ainsi nous ne proposons pas une résignation passive devant l’agonie du monde ni un abrutissement bestial devant la mort qui l’habite, comme font certains ascètes qui ont mesuré la vanité des œuvres humaines, mais qui ne savent pas que le salut de Dieu est le médicament céleste qui sauve de la mort et de son cortège de misères et de désespoirs infinis. Le prophète n’a-t-il pas dit : « Cherchez-moi et vivez » en laissant parler Dieu ?

39. Toutes les étiquettes que les stérilisateurs de vie voudront nous coller dessus, n’ajouteront et ne retrancheront rien à la formidable proposition du Livre, qui s’adresse à tous les humains doués par Dieu de l’intelligence nécessaire à l’accomplissement de leur sauvetage ici-bas.

39’. Hélas ! le jugement est commencé et le Livre naît à peine dans le monde, alors que les hommes refusent le pardon et le salut de Dieu qui leur est proposé dans les Écritures saintes, alors qu’ils se détournent de leurs religions révélées où ils ne voient que superstitions et que morales mortes.

39’’. Alors que le monde camoufle de plus en plus hypocritement le malheur et la mort, mais que nul ne nous en délivre véritablement.

40. Cherchons assidûment le Seigneur de vie, alors qu’il en est temps encore pour nous, car lorsque nous nous heurterons à l’absurde, il sera trop tard. Et malgré nos déguisements, nous ne trouverons que la fausse porte de l’ivresse, ou le mur du désespoir, ou l’abîme de la folie.

40’. Quand le malheur et la mort tomberont sur nous, les bonnes paroles et le secours des nôtres nous paraîtront vides et inutiles, car notre solitude sera telle que nos propres pensées et nos propres œuvres nous sembleront insensées et vaines.

41. L’inspiration sans l’action est impuissante, et l’action sans l’inspiration est aveugle. Les deux réunies font la perfection de l’œuvre humaine.

41’. L’art sans la nature est impuissant, et la nature sans l’art est aveugle. Les deux réunis font la perfection de l’œuvre divine.

42. La punition des méchants sera de voir que leurs méchancetés ont servi au salut des croyants sans qu’ils s’en doutent, et qu’elles n’ont nui qu’à eux-mêmes.

42’. La récompense des enfants de Dieu sera de voir que leurs secours ont servi autant à leur propre salut qu’à celui de ceux qu’ils aidaient sans espoir de récompense.

43. Un verset du Livre éclairera le véritable enfant de Dieu, alors que tout le Livre aveuglera les enfants du monde profane. C’est la justice de Dieu qui fait que chacun se juge soi-même sans le savoir.

43’. Un mot, un geste enseignent celui qui héberge en soi l’Esprit de Dieu, alors que toute la création n’apprend rien à ceux qui comptent sur leur propre intelligence. Ils se ridiculisent eux-mêmes et ils ne le savent pas !

44. Les optimistes triomphants qui veulent organiser le monde en niant le malheur et la mort qui l’habitent, nous font froid dans le dos, car ils ont pris le pas de course pour arriver plus vite à la fosse d’où on ne revient pas, et la foule des aveugles les acclame et leur emboîte le pas en chantant un hymne de victoire qui couvre la voix des prophètes envoyés de Dieu.

44’. Nous sommes pessimiste quand nous rappelons la vanité des efforts des hommes pour s’organiser et pour se sauver dans ce monde déchu, mais nous sommes optimiste en rappelant le salut de Dieu promis aux hommes simples et croyants. Hélas ! combien croient encore au sauvetage spirituel et corporel de l’homme exilé ici-bas, puisque plus personne ne croit même à la chute antique ?

45. « À quoi joue-t-on aujourd’hui dans le monde ? » questionnent les profanes curieux du vide. Et les vrais croyants répondent : « Nous ne savons pas, car la quête du salut de Dieu nous empêche de nous occuper de savoir à quoi le monde joue présentement ».

45’. Ceux qui négligent la quête du salut de Dieu, commettent un crime envers eux-mêmes ; mais ceux qui persécutent les chercheurs du salut de Dieu, commettent un crime contre tous. N’est-ce pas là aussi, le péché qui ne sera pas pardonné ? Et ne sont-ce pas là aussi, les maudits qui seront jetés dans les ténèbres extérieures ?

46. Ô femmes obtuses et ignares, prenez bien garde de ne pas vous opposer à la quête du salut de Dieu, au nom de vos petites raisons profanes, qui prolongent votre agonie dans ce monde, mais qui ne vous en délivrent pas !

46’. Ô femmes raisonnables et aveugles, ne vous opposez pas stupidement à la sainte quête de vos compagnons, car vous seriez retranchées du salut de Dieu dès ce monde, et votre châtiment serait irrémédiable. Aidez-les plutôt avec amour, afin de participer à leur récompense et à leur sauvetage.

47. Tout nous sert si nous servons Dieu et sa création droitement.

47’. La lumière paraîtra comme un point dans les ténèbres et grandira jusqu’au jour de Dieu.

48. Il faut le dire et le répéter : la révélation la plus authentique, la plus précise et la plus accomplie du mystère de vie et du salut de Dieu, se trouve dans les livres connus des prophètes de Dieu et dans les livres inconnus des sages de Dieu. Notre religion n’est-elle pas un symbole vivant du mystère caché dans tous les temps ? Ne le voyons-nous plus ? Ne l’entendons-nous plus ?

48’. Le Seigneur de vie s’est bien incarné une fois universellement pour le salut de tous, et il reviendra bien aussi une fois universellement pour le jugement de tous ; mais nous devons savoir à présent qu’il est venu dès le commencement, qu’il vient présentement et qu’il viendra encore en particulier pour le salut de quelques-uns.

49. C’est une nouvelle et immense révélation que nous faisons ici, afin que chaque croyant prenne courage et entreprenne hardiment la quête du salut de Dieu toujours présent et toujours possible dans ce monde.

49’. Hélas ! ici aussi, il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus, car la plupart des croyants préfèrent demeurer dans le regret du salut passé et dans l’espoir du salut à venir, plutôt qu’entreprendre la quête du salut présent.

50. Les incroyants qui tentent de forcer le secret de Dieu, et ceux qui essaient de violer la sainte nature, seront détruits du dedans et du dehors par leur propre malice et par leur propre révolte.

50’. Les croyants qui entendent la parole de Dieu et qui l’accomplissent en aidant la sainte nature, seront sauvés au-dedans et au-dehors par leur propre simplicité et par leur propre obéissance.

51. Dieu a donné à chacun assez d’intelligence et assez de simplicité pour qu’il accomplisse aisément son propre sauvetage ici-bas en pénétrant la parole révélée.

51’. Hélas ! beaucoup méprisent leur part d’intelligence et deviennent comme des brutes devant l’enseignement de l’Unique. Beaucoup aussi méprisent leur part de simplicité et deviennent comme des singes vaniteux devant la parole de Dieu.

52. Prions, afin que l’urgence terrifiante de la quête du salut de Dieu nous devienne évidente avant qu’il soit trop tard pour l’entreprendre.

52’. Car l’enfer sera fait de ce regret-là, et plus encore, de l’aisance stupéfiante du salut qui nous aura été proposé vainement dans ce monde.

53. Le salut de Dieu est la science la plus expérimentale qui soit, car c’est la science du Dieu qui a créé le monde et les univers qui l’entourent, et celui-là ne délire pas abstraitement dans le vide !

53’. Nous redisons la révélation énorme parce qu’incroyable : Dieu envoie son essence très sainte qui s’incarne dans la très pure substance du monde pour le salut de toute la création déchue. Comprenne qui pourra. Expérimente qui voudra.

53’’. Considérons NOËL. Pénétrons NOËL. Imitons NOËL. Adorons NOËL. Chantons NOËL.

54. Sans la bénédiction de Dieu, nous sommes tout à fait impuissants pour manifester ici-bas la vie du Seigneur de résurrection.

54’. La lumière de Dieu fécondera premièrement nos ténèbres intérieures ; ensuite nos ténèbres manifesteront la lumière de Dieu.

55. Toute la création de Dieu peut participer au salut de Dieu par l’entremise des fils de Dieu. Ainsi les animaux, les végétaux et les minéraux même, peuvent être restitués dans la gloire et dans l’immortalité de l’Unique ; nul ne doit l’ignorer ni l’oublier.

55’. N’est-ce pas l’effet de la grâce du Tout-Puissant que le Livre soit donné aux hommes simples et de bonne volonté en Dieu ? Et n’est-ce pas l’effet de sa justice que le Livre soit repoussé et moqué par les méchants, par les malins et par les hypocrites ?

56. Réjouissons-nous d’être plusieurs pour nous entraider dans la quête du salut de Dieu, car celui qui nous le rappelle présentement a été seul pour retrouver le chemin antique envahi par les ronces de l’ignorance et de l’oubli.

56’. Considérons l’état de celui qui nous montre le chemin et qui écarte pour nous les ronces et les épines accumulées par la négligence des gardiens de la voie de Dieu. Considérons son pas qui marque mystérieusement la route que nous devons suivre.

57. Si le monde nous ignore ou s’il nous repousse, ne luttons pas contre le monde pour être reconnu ou pour être accepté par lui. Tournons-nous plutôt vers le Père céleste et vers la Mère terrestre qui nous combleront des biens très réels de la vie.

57’. Ainsi en nous ignorant ou en nous repoussant des biens apparents de la vie profane, le monde nous sauve de l’impasse de la mort et nous oriente vers les biens éternels de la vie sans mélange, où le Seigneur repose avec ses bien-aimés.

58. Beaucoup parmi les saints mêmes n’ont pas vu ni touché le Seigneur incarné dans ce monde ; mais ils sont bienheureux, car ils ont cru sans voir ni palper, et leur récompense brille enfin dans le ciel.

58’. Bien peu parmi les saints mêmes ont vu et touché le Seigneur incarné dans ce monde ; mais ils sont bienheureux, car ils ont cru avant de voir et de palper, et leur récompense brille déjà sur la terre.

59. La malice des méchants leur permet de tromper et de voler les hommes pendant un temps, mais elle ne leur permettra jamais de tromper ni de voler Dieu, fût-ce une seconde. Voilà qui est tout à fait assuré.

59’. La stupidité des malins leur permet de moquer la révélation du salut de Dieu et de s’opposer à elle, mais elle ne leur permettra jamais d’en bénéficier, fût-ce une seconde. Voilà qui est tout à fait certain.

60. Les impies et les morts qui débordent d’énergie pour nier la révélation des fils de Dieu et pour s’opposer obstinément au salut de Dieu, s’écroulent lamentablement quand le malheur les effleure de son aile sombre et quand la maladie les habite un peu de temps.

60’. Toute leur force est faite de la négation de la vie divine et du rejet du salut de Dieu qui leur sont proposés ici-bas. Aussi sont-ils comme des loques quand le démon les abandonne, car la vie divine s’est retirée d’eux, et ils sont comme des pantins vidés de toute substance qui agonisent dans l’abandon de tous.

61. Fuyons les gens sinistres, ternes, sans enthousiasme et sans encouragement, car ils ne sont certainement pas de Dieu, et nous ne parviendrons pas à les animer, alors qu’ils sauront très bien nous désespérer et nous entraîner dans leur agonie aveugle et sourde.

61’. Recherchons nos frères dans la foi et dans l’espérance du salut de Dieu, et entretenons-nous avec eux des saints mystères qui justifient notre quête journalière, et réjouissons-nous ensemble de l’énormité de la promesse de Dieu qui justifie notre espoir et notre enthousiasme présents.

62. Fuyons le monde et ses soins multiples, car la lutte pour avoir le droit d’y agoniser misérablement est trop épuisante et trop distrayante de la quête du salut de Dieu, qui importe seule en vérité.

62’. Retirons-nous dans la paix et dans la solitude de nos saintes communautés, afin de pouvoir concentrer toute notre attention sur la quête du salut de Dieu. Quand nous l’aurons trouvé, nous pourrons retourner au monde, si cela nous convient.

63. Le monde déchu est, en réalité, l’immonde sous lequel est caché le vrai monde que nous devons retrouver et magnifier en Dieu.

63’. Nous prêchons le ciel terrestre et la terre céleste, et non pas le ciel désincarné ni la terre exilée, comme font les extrémistes qui séparent, mais qui ne savent pas unir.

63’’. Nous désirons le royaume uni, le royaume complet, le royaume de Dieu.

64. Une chose est certaine : si nous nous croyons plus intelligents que Dieu et si nous pensons être au-dessus de ses envoyés, nous sommes égarés et perdus sans rémission dans l’exil de la mort.

64’. N’est-ce pas notre révélateur, notre fondateur, qui nous propose avec la permission de Dieu, le médicament céleste qui est le Sauveur incarné miraculeusement pour le salut des enfants de Dieu ?

65. Nous sommes tous perdus dans ce monde mélangé de mort, et notre fin est inscrite dans l’ordure qui nous habite.

65’. Ainsi, perdus pour perdus, que risquons-nous à consacrer notre petit sursis de vie à rechercher le salut de Dieu, qui peut seul nous sauver de la dispersion de la mort ?

66. N’est-ce pas notre fondateur qui nous dit cette parole étonnante, bouleversante, stupéfiante : « Tout ceci est présent devant vos yeux et à la portée de vos mains, tous les jours de votre vie. Veillez donc pour voir, et priez pour connaître, avant d’être engloutis par la mort »?

67. Vous croyez voir ce que nous sommes et vous vous en réjouissez pour nous et pour vous.
« Si tu ne me connais pas dans ma bassesse…

67’. Mais nous voyons ce que nous ne sommes pas et nous nous en attristons pour vous et pour nous.
…tu ne me trouveras pas dans ma noblesse. »

68. Celui qui contemple son Seigneur et qui l’appelle humblement à son aide en toutes circonstances, est plus saint que toute l’humanité qui essaie courageusement de se réformer et de s’organiser dans le monde sans y parvenir.

68’. Nous ne devons pas nous épuiser à lutter inutilement contre nous-mêmes ni contre le monde, mais plutôt rechercher sans répit Dieu et son salut, qui nous délivreront de l’agonie de la mort perpétuellement entretenue ici-bas.

69. Le Livre a été écrit sous l’inspiration de l’Esprit. L’auteur est aussi ignorant et aussi démuni en l’achevant qu’il l’était en le commençant.

69’. Tout est peut-être obscur ? Tout est peut-être clair ? Tout est peut-être clair-obscur ? Dieu seul le sait !

69’’. La quête de Dieu et de son salut est bien longue et bien décevante, et les hommes préfèrent compter raisonnablement sur le travail de leurs mains pour subsister et pour s’organiser ici-bas. Car il faut être fou pour croire en Dieu et en son salut, et il faut être dément pour les chercher dans ce monde. Et pourtant ils sont là qui nous attendent ! Tout n’est-il pas enseigné clairement dans notre sublime et profonde religion révélée ?

Connaissent-ils les mystères de la Nature ? Cependant ils écrivent.
Coran
Ceux qui savent la Nature n’essaient pas de l’exprimer en paroles, et ceux qui l’essaient montrent par là qu’ils ne la savent pas.
Tchoang-t’seu

LIVRE XXXVIII

Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle s’effondrera d’elle-même ; mais si elle vient de Dieu, vous ne sauriez l’abattre. Ne courez pas le risque de lutter contre Dieu même.
Gamaliel
On doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Pierre

UNE VÉRITÉ

LA FIN

1. Notre seul mérite, notre seul savoir et notre seule intelligence, c’est laisser le Seigneur de vie agir à sa guise en nous et hors de nous.

1’. N’avons-nous pas ranimé les cendres de la foi pour des multitudes ? Et n’avons-nous pas remis en vue l’origine du salut pour quelques-uns ?

1’’. Toutes nos lois et toutes nos défenses ne sont qu’hypocrisies et que méchancetés si nos cœurs ne sont pas soumis à la loi d’amour du Parfait.

2. Si quelqu’un prétend nous excommunier au nom de Dieu ou au nom de la vérité de Dieu, si quelqu’un nous exècre ou nous maudit…

2’. nous lui demanderons s’il possède véritablement la communion de Dieu, c’est-à-dire s’il la voit, s’il la palpe et s’il la goûte, non pas en image, mais en réalité substantielle.

3. Les vrais enfants de la parole de Dieu sont ceux qui ne sont ni enrégimentés, ni endormis, ni étiquetés, ni émasculés, ni rassurés, ni habitués, ni esclaves, ni morts dans le monde.

3’. Les vrais enfants de la parole de Dieu sont ceux qui demeurent libres, éveillés, aimants, sobres, croyants, et qui cherchent le tout en toutes choses, fût-ce en rien.

4. N’avons-nous pas annoncé avec précision et longtemps à l’avance la chute et la faillite du régime sans Dieu ?

4’. N’avons-nous pas averti les endormis des catastrophes géologiques qui commencent à travailler le monde égaré ?

5. Ne prévoyons-nous pas les catastrophes cosmiques qui suivront et qui ébranleront le monde révolté ?

5’. N’entrevoyons-nous pas, hélas ! la destruction et la fragmentation du monde rebelle par sa science maudite ?

6. Ô mon Seigneur et mon Dieu, sauve au moins tes enfants aimants et obéissants, rassemble-les sous ton aile, et donne-leur en partage les dépouilles des impies et des insensés qui te défient présentement !

6’. Ô mon Seigneur et mon Dieu, ouvre l’esprit et le cœur de tes enfants aimants et obéissants, afin qu’ils reconnaissent leur Mère et leur Père très saints unis dans le Sauveur et qu’ils vivent devant toi !

6’’. Ô mon Seigneur et mon Dieu, ouvre l’esprit et le cœur des rebelles et des fous qui pillent stupidement ta création et qui la violentent sans pitié, avant le coup qui va les émietter dans la mort sans retour !

7. Si les bien-pensants se plaignent de ne pas entendre le Livre, nous leur demanderons s’ils entendent mieux les paroles de leurs Écritures révélées.

7’. S’ils entendaient les paroles de leurs Écritures saintes, ils entendraient aussi les paroles de l’Écriture à nouveau révélée.

8. Élizabeth était endormie, mais le prince la réveille et elle chantera un cantique nouveau. Ne lit-elle pas déjà à découvert dans le Livre ? « Elle fouille la mine et trouve des joyaux qui éclairent. »

8’. L’homme sage ne violente aucune nature, mais il permet à chacun d’accomplir la sienne le plus heureusement possible sur cette terre d’exil.

9. Ô bien-pensants qui vous donnez aux autres en exemple de sainteté, pouvez-vous nous dire pourquoi Jésus a préféré les illettrés, les buveurs, les percepteurs, les prostituées et les voleurs à la compagnie des pharisiens, vos anciens modèles ? N’est-ce pas à cause de la puanteur qui est demeurée aussi la vôtre à présent ?

9’. La vanité, l’hypocrisie et l’avarice forment le mélange puant et détonnant qui vous dispersera dans la boue de l’enfer, où votre place est marquée depuis le commencement de votre méchanceté triomphante ; car vous vous êtes placés avant Dieu et vous avez substitué vos paroles profanes à sa parole révélée.

10. Ne parlant pas de la nécessité des choses mondaines ni de l’urgence des choses du siècle, le Livre ne sera ni reçu ni entendu par ceux qui s’organisent dans l’agonie du monde, ni par ceux qui y croupissent.

10’. Parlant de la nécessité des choses célestes et de l’urgence de la chose éternelle, le Livre sera reçu et entendu par ceux qui cherchent l’issue de leur prison obscure et par ceux qui espèrent le salut de Dieu.

11. Quelle est cette famille de Pallandt douée de la grâce de l’Esprit Saint ? Granny Marthe ne vient-elle pas aussi au Livre après avoir douté ? Et ne se fait-elle pas apôtre de la vérité du Seigneur incarné dans le monde ? « Elle sera rassurée, car elle a craint. »

11’. Thérèse, Molly et Marguerite germent en secret dans leurs cœurs, mais quelle floraison le Seigneur n’est-il pas capable de produire à nos yeux ? Elles viennent en dernier, mais elles seront en avant, et nul ne pourra ébranler leur foi longuement mûrie dans le secret. « Elles couleront comme les sources des grands fleuves. »

12. Tout est illicite et va à la malédiction pour ceux qui agonisent dans l’oubli et dans l’absence de Dieu. Ceux-là sont comme des charbons morts et ils sont légion, hélas ! dans le monde.

12’. Tout est licite et va à la bénédiction pour ceux qui vivent dans le souvenir et dans la présence de Dieu. Mais où sont ceux-là dont le cœur brille et réchauffe comme le soleil du printemps ?

13. Les maîtres savants n’ont-ils pas également repoussé le Livre comme étranger à leurs révélations, à leurs traditions et à leurs sciences ?

13’. Hélas ! nous voilà comme un maître ignorant parmi les savants du monde, et comme le plus infime frère parmi les croyants qui cherchent le Seigneur et son royaume ici-bas.

14. Le Livre n’est donc ni chair ni poisson, ni pierre ni plante, et cependant il est.

14’. Quelle est donc la chose qui n’est ni chair ni poisson, ni pierre ni plante, et qui cependant EST ?

15. Les misérables, les faibles, les imbéciles, les affligés, les abandonnés, les désespérés, les excommuniés voudront peut-être jeter un regard fraternel sur le Livre, afin qu’il serve au moins les plus déshérités en les aidant à supporter leur agonie dans ce monde assuré et savant ?

15’. Comme le Seigneur Dieu nous ramène sagement à la boue et à la lie du monde où est cachée la perle promise à son amour ! Ô miracle de la sagesse vraie qui se joue des orgueilleux et des triomphants qui dominent ici-bas !

16. Ô croyants, ayez le cœur et l’esprit de soutenir secrètement les vrais pauvres qui prient Dieu dans leurs cœurs pour leurs bienfaiteurs, si vous avez l’intelligence de les chercher et de les découvrir dans le monde où ils sont cachés.

16’. Donnons en secret en consolant les vrais pauvres de Dieu et recevons fraternellement ce qu’ils nous offrent en retour, afin que leur âme se réjouisse aussi du don librement consenti.

16’’. Les hypocrites qui donnent orgueilleusement reçoivent leur salaire qui est la malédiction des mauvais pauvres qu’ils humilient publiquement.

17. La possession de la gloire et des richesses terrestres brille et s’étale dans le monde profane.

17’. La possession de la gloire et des biens divins brille et se cache dans le secret de Dieu.

18. Le Seigneur nous instruit au jour le jour par mille rencontres, par mille événements et par mille occasions, si nous sommes assez éveillés pour entendre ses leçons et assez intelligents pour en profiter, car même la cendre nous enseigne quand notre œil est ouvert.

18’. Si un travail nous répugne ou nous abrutit, ayons le courage d’en changer plutôt que de subir le dégoût et l’abrutissement qui tuent l’âme. La prière et la louange à Dieu avec le pain et l’eau, valent mieux que l’abêtissement avec la mangeoire pleine.

19. Notre foi ne tient pas dans une idée abstraite, ni dans un idéal insaisissable, ni dans le grand nombre des fidèles, ni dans les œuvres humaines, ni dans les biens de ce monde, ni dans les honneurs religieux ou profanes, ni dans les sciences des hommes, ni dans les pouvoirs des ascètes.

19’. Notre foi tient dans la certitude de la nature divine incarnée dans la chair du monde. Notre foi se nourrit de l’espérance de retrouver cette nature divine enfouie dans le péché de mort. Notre foi s’anime de l’effusion de l’Esprit Saint qui féconde la nature divine et nous refait ainsi enfants de Dieu, à l’image de Dieu même.

20. Sainte MÈRE de DIEU, guidez notre quête et illuminez notre voie dans les ténèbres de ce monde d’exil, afin que nous accédions par votre grâce jusqu’au Seigneur incarné, qui nous délivrera du péché de mort où nous agonisons misérablement !

20’. Sainte MÈRE de DIEU, veuillez vous révéler à vos enfants aimants et candides en entrouvrant pour eux seuls, avec la permission de notre Seigneur Dieu, le voile obscur qui égare les méchants et les orgueilleux sectateurs du monde enténébré !

21. Réjouissons-nous si le monde nous déçoit, s’il nous délaisse, s’il nous repousse, s’il nous ruine, s’il nous affame, s’il nous hait, s’il nous brime, s’il nous afflige, s’il nous spolie, s’il nous emprisonne, s’il nous crucifie, car c’est le Seigneur qui nous fait signe de chercher son salut et sa voie.

21’. Ne sommes-nous pas resté jusqu’au bout soumis aux devoirs, aux tentations et aux persécutions du monde profane, afin que nul ne puisse s’excuser de ne pas chercher Dieu et son salut, quel que soit son état ici-bas ? Heureux ceux qui ont vaincu le monde en le fuyant, et bienheureux ceux qui ont vaincu le monde en le subissant !

22. Celui qui adore le Seigneur de vie est nourri par le Seigneur de vie, c’est une merveille qui lui est naturelle, mais peu le comprennent ici-bas.

22’. Les livres saints nous paraîtront vides et ennuyeux au début de notre quête, mais à la fin ce sont les seuls que nous trouverons précieux et passionnants entre tous.

23. Ma joie déborde comme un torrent vivant et le désir de ton amour subsiste seul en moi, car le monde est comme noyé par ta lumière qui monte de partout, ô Seigneur de résurrection.

23’. Ma joie, c’est ma conformité avec ta volonté sainte, ô Seigneur de la vie envahissante. Ainsi ma joie est ta joie, ma volonté est ta volonté, mon amour est ton amour et me voici en toi, par toi, pour toi inexprimablement.

24. Ah ! Seigneur, je coule.

24’. Ô Seigneur, j’émerge.

25. Tu commences.

25’. Et tu achèves.

26. C’est une grande obscurité.

26’. Et c’est une grande lumière.

27. J’étais mort.

27’. Et je vis.

28. Pleurez, agonisants du monde.

28’. Et puis réjouissez-vous !

29. Car la grâce est encore cachée.

29’. Mais l’amour illumine déjà toute la terre.

30. Battons des mains, dansons et rions devant le Seigneur Dieu qui nous voit.

30’. Car la mort a été engloutie par la vie, et l’immonde est retourné au néant.

31. Allons ! réveillons-nous et entendons ce qui nous est dit.

31’. Pleurons de joie de la victoire de Dieu qui efface notre tache mortelle.

32. Ici un grand silence, comme la frontière secrète du royaume promis.

32’. Et puis le chant des anges qui ne finit jamais.

33. C’est beaucoup d’eau…

33’. et c’est un peu de terre.

34. Le déluge de la grâce…

34’. prépare la moisson céleste

34’’. fêtée dans l’éternel banquet.

35. Chacun, s’il le désire, peut exprimer son désir dans nos saintes réunions plénières, afin que si le Seigneur l’entend et l’approuve, il soit exaucé.

35’. Celui qui reçoit ainsi une grâce du Seigneur, doit aussi la confesser devant ses frères et remercier le Seigneur en particulier, et ensuite le louer avec eux.

36. Les hypocrites, les bien-pensants, les sectaires aveugles et les profiteurs établis repousseront le Livre qui les dénonce et qu’ils ne pénètrent pas, n’ayant pas en eux l’Esprit qui l’a inspiré.

36’. Les vrais croyants, les religieux de cœur, les simples et les pauvres de Dieu recevront le Livre qui les sert, car l’Esprit qui les habite se reconnaîtra lui-même dans le Livre.

37. Les hypocrites, les desséchés, les sectaires, les assurés et les triomphants répondront au jour du jugement pour les dégoûtés, pour les rebutés, pour les révoltés, pour les désespérés et pour les écrasés ; et leur étonnement sera immense en apprenant qu’ils sont responsables pour ceux qu’ils auront suscités par leur fausse conduite, c’est- à-dire par leur malhonnêteté, par leur avarice, par leur cruauté, par leur orgueil et par leur aveuglement criminel.

37’. Efforçons-nous à ne jamais rebuter quiconque de la quête du salut de Dieu, soit par notre exigence, soit par notre négligence, soit par notre prétention, soit par notre jugement, soit par notre intolérance ; mais efforçons-nous plutôt d’être des exemples vivants pour tous ceux qui n’entendent pas la voix de Dieu ou qui hésitent dans leur cœur, et surtout pour ceux qui sont révoltés par l’attitude des faux croyants qui pullulent à présent dans le monde dégénéré.

38. Si nous ne sommes pas avec Dieu, qui sera avec nous ?

38’. Et si nous sommes avec Dieu, qui sera contre nous ?

39. Tout ce qui ne va pas à Dieu aboutit à l’absurde, dont la mort est la démonstration la plus évidente.

39’. Tout ce qui va à Dieu aboutit à la pérennité de la vie, dont la résurrection est la démonstration la plus évidente.

40. Emportons le Livre en prison, à l’hôpital, à la caserne, où nous avons le temps nécessaire pour nous réconcilier avec Dieu et avec son salut ; mais emportons-le aussi pendant nos congés et associons-le à nos distractions dominicales afin que le jour du Seigneur nous soit doublé et même triplé.

40’. Le Livre répond merveilleusement à ceux qui savent l’interroger dans la simplicité de leur cœur. C’est un sujet d’étonnement pour les croyants qui se souviennent de la parole délaissée, et c’est un sujet d’admiration pour ceux qui l’entendent un peu au-dedans.

41. Me suis-je égaré en te priant dans le dedans, Seigneur ?

41’. Non, mon ami, car seuls s’égarent ceux qui prient mes apparences pour obtenir mes écorces.

42. Me suis-je trompé en te louant dans le dedans, mon Dieu ?

42’. Non, mon enfant, car seuls se trompent ceux qui louent mes créatures en remerciement des miettes de ma table.

43. Me suis-je fourvoyé en te cherchant dans le dedans, ô Vivant ?

43’. Non, mon fils, car seuls se fourvoient ceux qui me cherchent au-dehors pour trouver mon dedans.

44. Pourquoi nous laisses-tu dans la pauvreté ici-bas, Seigneur débordant ?

44’. C’est pour mieux vous combler dans mon royaume, enfants ingrats.

45. Pourquoi nous laisses-tu dans la tristesse ici-bas, Seigneur compatissant ?

45’. C’est pour mieux vous consoler dans mon royaume, enfants méchants.

46. Pourquoi nous laisses-tu dans l’ignorance ici-bas, Seigneur savant ?

46’. C’est pour mieux vous instruire dans mon royaume, enfants malicieux.

47. Pourquoi nous laisses-tu dans l’abandon ici-bas, Seigneur aimant ?

47’. C’est pour mieux vous chérir dans mon royaume, enfants oublieux.

48. Pourquoi nous laisses-tu agoniser dans ce monde déchu, Seigneur vivant ?

48’. C’est pour mieux vous ranimer dans mon royaume, enfants désobéissants.

49. Pourquoi nous laisses-tu périr dans la mort ici-bas, Seigneur puissant ?

49’. C’est pour mieux vous instruire par l’absurde de l’exil, enfants révoltés.

50. En nous faisant grâce, le Seigneur encourage toute l’humanité à persévérer vers lui, car nous sommes entièrement recouvert par le péché, notre aveuglement est total et notre mérite est nul dans ce monde obscurci par la chute.

50’. Ceux qui parleront de nous avec orgueil seront dans l’erreur, et ceux qui parleront de nous avec mépris seront aussi égarés. Le Seigneur nous connaît, et nous reconnaissons le Seigneur.

51. Prenons le temps nécessaire pour la quête de Dieu et de son salut, ainsi la cupidité aveugle et sourde ne nous maintiendra pas dans l’esclavage du monde.

51’. Travaillons pour notre nécessaire et arrêtons-nous quand paraît le superflu, car c’est un don de Dieu qui doit se manifester naturellement.

52. Que notre demeure reste le plus possible inconnue aux riches et aux puissants du monde, que notre table les rebute par sa frugalité et par sa simplicité, et que nul d’entre eux n’y pénètre comme dans un moulin avec l’insolence qui les caractérise !

52’. Que notre maison soit toujours ouverte aux simples et aux pauvres de Dieu, que notre table soit accueillante à leur fraternité naturelle, et que nul d’entre eux n’ait jamais à attendre à notre porte !

53. Seuls les ignorants perdent leur vie à devenir célèbres, ou à faire fortune, ou à organiser la boue, ou à demeurer esclaves, ou à devenir clochards dans ce monde.

53’. Le seul nécessaire suffit pour avoir le superflu, et le superflu suffit pour avoir le seul nécessaire. Et les deux ensemble suffisent pour avoir la vie sauve.

54. La plus grande intelligence en soi-même est comme la plus grande sagesse dans le monde et comme la plus grande folie en Dieu.

54’. La plus grande intelligence en Dieu est comme la plus grande sagesse en Dieu et comme la plus grande folie dans le monde.

55. Les intelligents, les savants, les révoltés, les triomphants qui pensent parvenir au secret de Dieu sans le consentement de Dieu, demeurent dans le pire aveuglement, car c’est la plus grande illusion qui soit.

55’. Les conquérants, les financiers, les travailleurs, les organisateurs qui pensent s’établir et prospérer dans le monde sans le secours de Dieu, demeurent dans la pire erreur, car c’est la plus grande désillusion qui soit.

56. Les médiocres, les rassurés, les ahuris, les bestiaux qui pensent reposer et ruminer tranquillement dans le monde sans la paix de Dieu, demeurent dans la pire ivresse, car c’est la plus grande précarité qui soit.

56’. Les hypocrites, les malins, les habiles, les retors qui pensent se débrouiller et se sauver dans le monde sans la bénédiction de Dieu, demeurent dans le pire égarement, car c’est la plus grande tromperie qui soit.

57. Ah ! si nous comprenions une fois l’urgence de notre sauvetage, rien ni personne ne saurait plus nous distraire de la quête du salut de Dieu, et nous romprions avec le monde sans hésitation et sans regret, d’une manière totale et définitive.

57’. Les paroles des prophètes sont vraies, vraies, vraies. Les paroles du Seigneur sont vives, vives, vives. Mais hélas ! nous sommes bêtes, bêtes, bêtes, car nous préférons la perpétuelle agonie de la mort à la vie des élus de Dieu qui ne finit pas.

58. Les arts ne sont-ils pas à présent dévoyés, ridiculisés et avilis par la multitude des médiocres et des incapables qui les ont envahis et pollués sans vergogne ?

58’. L’ART de Dieu n’est-il pas le plus dévoyé, le plus ridiculisé et le plus avili par les médiocres et les incapables qui l’ont envahi et pollué dans le monde ?

58’’. Les intelligents et les imbéciles se sont rejoints pour ridiculiser les arts du monde et l’ART de Dieu, avilis par les incapables, au lieu de repousser les incapables et d’examiner les arts qui leur sont proposés par les vrais artistes et par les vrais prophètes de Dieu.

59. La chose vient du dedans au dehors, mais elle vient aussi du dehors au dedans, et elle demeure en elle-même pour l’éternité.

59’. Les choses disent le mot, mais le mot n’est pas dit par les choses. Les mots disent la chose, mais la chose n’est pas dite par les mots.

60. Le don de Dieu demeure solitaire dans notre cœur et dans nos mains, car ce peuple est devenu imbécile à force de croire à sa propre intelligence, et il se repaît des œuvres de mort, et il repousse l’œuvre de vie qui lui est gratuitement offerte.

60. Nous nous retirerons donc de cette nation à qui nous sommes envoyé, mais qui ne veut pas de nous, afin que notre prédication ne soit un objet de scandale ou de malédiction pour personne, puisqu’elle ne peut être un objet d’édification et de bénédiction pour quiconque parmi elle.

60’’. Si le Seigneur est avec cette nation, nous serons retranché certainement ; mais s’il est avec nous, cette nation ne sera-t-elle pas retranchée aussi ? Que le Seigneur s’arrange donc directement avec elle, ou qu’il l’arrange avec ses trop intelligents et ses trop malins, et que nos mains soient nettes de son sang corrompu et rebelle !

61. Ô très saints seigneurs de résurrection, fils de Dieu l’Éternel, considérez notre bonne volonté et notre obéissance dans cette affaire, et considérez la mauvaise volonté des ânes qui refusent l’eau qui leur est offerte avec votre aide et par la permission de Dieu.

61’. Ô très saints seigneurs de la vie éternelle et vicaires de Dieu tout-puissant, considérez le refus et la malice de ces gens qui croient vaniteusement pouvoir se débrouiller seuls dans le chaos de la mort, et donnez-nous des âmes capables de recevoir la semence de Dieu.

62. Nous ne molesterons pas les impies qui sont parmi nous, mais nous les quitterons s’ils sont plus nombreux, ou bien ils nous quitteront si nous sommes plus nombreux. Et de toute façon, nous éviterons de nous établir parmi eux et nous éviterons qu’ils s’établissent parmi nous.

62’. Les peuples, les familles et les individus qui renieront et qui perdront la révélation de leur filiation divine, croupiront dans la vie des bêtes, ils deviendront esclaves de l’absurde et ils disparaîtront dans le désespoir et dans l’abrutissement de la mort pour toujours. On les prendra pour un commencement alors qu’ils seront une fin.

63. Ce peuple se croit devenu tellement intelligent qu’il refuse même d’examiner l’évidence de ce qui lui est proposé. Ainsi il est devenu le plus stupide, et son héritage sera donné aux autres peuples qui ont conservé la foi dans le salut de Dieu, et il sera esclave parmi eux jusqu’à ce qu’il ait retranché les impies qui le mènent à la dégradation, à l’abrutissement et à la mort.

63’. La valeur, la probité, la justice, le don, la piété, la charité, la sainteté, la sagesse doivent être considérés et placés avant la richesse, car ce sont eux qui font la richesse et non pas la richesse qui les fait. Ne perdons pas notre temps à devenir célèbres, riches ou puissants dans le monde, car nous serions trompés et retranchés à la fin. Exerçons-nous plutôt à chercher le salut de Dieu, qui donne la vie à ceux qui le trouvent ici-bas.

64. Si nous cherchons véritablement et exclusivement l’unique nécessaire qui est le salut de Dieu et son royaume béni, le monde aveugle ne nous aidera pas, mais bien au contraire, il nous harcèlera et nous découragera par tous les moyens qui sont en son pouvoir.

64’. Et si nous persévérons dans la quête de la porte, de la serrure et de la clef de la délivrance, nous serons injuriés par le monde qui nous traitera en fainéants, en lâches, en fous, en ennemis, et finalement nous réduira au désespoir et à la mendicité afin que nous n’ayons plus d’autres recours qu’au Seigneur de vie.

65. Notre quête du divin trésor exige un tel effort et un tel travail pendant si longtemps, nuit et jour, que tous les courageux et tous les travailleurs du monde renoncent même à l’entreprendre, et c’est pour cela que nous passons pour fainéants et pour inutiles aux yeux du monde qui ne peut ni croire ni comprendre que la gloire de Dieu repose en nous seuls.

65’. Notre quête sera solitaire, longue et pénible dans les ténèbres de ce monde, afin que soient éprouvés notre foi, notre constance et notre courage, avant que nous soit accordé le don de Dieu ; nous ne devrons attendre aucune aide ni aucun conseil du monde profane, mais seulement l’aide et le conseil de Dieu et de ses fils qui vivent en lui pour toujours.

66. Quand le mur implacable de l’absurde et du désespoir se dressera devant nous dans le monde, nous avancerons quand même, par l’effet de la foi absurde et désespérée, jusqu’à toucher l’obstacle de nos mains et ainsi nous constaterons, à notre immense surprise, que c’est un mirage dressé par le malin pour nous décourager de persévérer jusqu’au royaume de Dieu.

66’. Quand le corps merveilleux du Seigneur triomphant paraîtra à nos yeux éblouis, nous avancerons saintement nos mains purifiées, par l’effet de la foi reconnaissante et folle, afin de constater, pour notre immense joie, la réalité tangible du glorieux ressuscité qui vit au-delà de toute mort.

67. Nous venons au Seigneur dans le dénuement et dans la désolation, mais le Seigneur nous comble de son amour et de sa joie qui ne s’épuisent jamais, si nous sommes trouvés nets au-dedans et au-dehors.

67’. Le Livre est un canal, mais c’est aussi un pont. C’est une mer, mais c’est aussi une arche. C’est un vent qui souffle, mais c’est aussi un soleil terrestre qui éclaire.

68. Il faut bien en convenir, hélas ! la femme, égarée et rebelle par nature, paraît radicalement opposée à la quête du salut de Dieu, et celui qui la traîne dans sa quête traîne un boulet qui le décourage et qui le meurtrit sans profit pour personne.

68’. Les Marthe courageuses et aveugles sont légion dans le monde. Ce sont elles qui nous maintiennent à notre place étiquetée dans la mort, ce sont elles qui organisent le chaos sans s’apercevoir que c’est toujours à refaire, ce sont elles qui ornent notre prison et qui oublient qu’on peut en sortir.

68’’. Leur travail et leur dévouement sont une bénédiction s’ils nous déchargent des soins du monde et s’ils nous aident ainsi à mieux nous consacrer à la quête du salut de Dieu. Mais si leur jugement superficiel et misérable nous condamne et nous persécute dans notre sainte quête, c’est une malédiction que nous devons fuir sans esprit de retour; car il vaut mieux pour nous chercher la vie dans le désert et vivre, plutôt qu’être servi dans le monde et mourir.

69. Le travail des hommes et du monde assemble la diversité avec le divers, c’est pourquoi il est toujours à refaire, même quand il est accompli mille et mille fois soigneusement.

69’. Le travail de Dieu assemble l’unité avec l’unique, c’est pourquoi il n’est jamais à refaire quand il est accompli une fois entièrement par un sage enfant de Dieu.

69’’. Quand la fumée montera de la terre et couvrira le sol en s’accumulant, il sera temps pour les choisis de rallier les lieux réservés par Dieu, et il sera plus que temps pour les appelés de se souvenir de nos avertissements, mais il sera trop tard pour les impies qui se heurteront dans les ténèbres envahissantes.

Et ils frappèrent d’aveuglement les gens qui étaient à l’entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et ceux-ci se fatiguèrent inutilement à chercher la porte.
Genèse
Sauve-toi à la montagne, de peur que tu ne périsses.
Genèse

LIVRE XXXIX

La ruine vient. Ils chercheront la paix, et il n’y en aura point. Il arrivera malheur sur malheur, et nouvelle sur nouvelle.
Ézéchiel
Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la terre entière trembleront d’épouvante parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux.
Notre-Dame de la Salette

VERTE UNIE

L’ÎLE

1. Le Seigneur Dieu nous est témoin ainsi qu’Emmanuel et sa famille, que nous avons patiemment, humblement et gratuitement offert son salut au monde qui nous repousse sans même examiner ce que nous lui proposons.

1’. À présent, nous devrions rire et nous moquer du monde, et lui proposer les œuvres délirantes et vides du monde pour le prix de l’or et de l’argent pesants du monde, que nous lancerions ensuite à la tête du monde imbécile.

2. Mais le Seigneur nous interdit même de rire ainsi, et nous demeurons dans la main de Dieu comme serviteur de Dieu, comme enfant de Dieu, comme ami de Dieu, comme fils de Dieu jusqu’à ce que le monde éprouve la colère de Dieu et pleure dans l’épouvante de la fumée et des pierres, du sang et des os, du feu et de l’eau. Jusqu’à ce que le monde appelle au secours, et qu’il hurle, et qu’il supplie, et que nul ne réponde excepté le rire dément de la mort.

2’. Quand le Seigneur nous donnera les pouvoirs de sa maison, nous attirerons beaucoup de croyants nouveaux, mais ceux qui viennent à présent dans les ténèbres et dans la solitude, seront établis les premiers parmi tous, et nul ne leur enlèvera leur récompense sainte. Ô vous qui venez au Seigneur de vie et de pardon, bénissez ceux par lesquels vous venez à lui et vous serez bénis du Père, de la Mère et des enfants !

3. Thierry, le laveur, a été lavé ; Thierry, le hérissé, a été lissé ; Thierry, l’attardé, a dépassé tout le monde, et à présent sa foi en Dieu sert d’exemple aux autres. Le Seigneur le confirmera par les biens de la terre et par les biens du ciel certainement. Celui-là a acquis l’intelligence véritable qui ne lui sera pas ôtée.

3’. Le vicaire a reçu la révélation du secret seigneurial comme un saint sacrement, qu’il porte à présent dans son cœur, et il brille même pour les aveugles qui viennent à lui de partout. Le Seigneur visite ses vrais prêtres et il les éclaire par ses prêtres vrais. Celui-là qui reçoit découvre celui qui donne, et se tait.

4. Ô mon Seigneur et mon Dieu, tu nous éprouves cruellement jusqu’au bout de notre quête et jusqu’au bout de notre égarement, car nous sommes dévoyés, et nous te cherchons au-dehors dans le monde au lieu de te chercher au-dedans de nous-mêmes.

4’. « Si vous êtes unis à deux en mon nom, vous me trouverez », dit le Seigneur. Ceci est une grande parole que nous devons examiner attentivement, car il est dit aussi : « Que nul ne sépare ceux que Dieu a unis ». Et ainsi l’homme et la femme seront unis saintement pour la quête de Dieu.

5. L’homme seul ou la femme seule ne font rien, mais les deux réunis multiplient selon l’ordre de Dieu, et les enfants sont l’image visible dans le monde de l’image cachée dans les parents.

5’. Cette parole est véridique pour tout ce que nous faisons ici-bas, et nous devons bien la remarquer, afin que les actions de notre foi produisent le fruit espéré.

6. Si nous essayons d’obtenir pour nous-mêmes et comme en fraude, les biens de ce monde, nous ne récolterons que sa lèpre. Mais si nous demandons honnêtement à notre Seigneur et maître ce qui nous est nécessaire, nous le recevrons sans dommage.

6’. Ne nous éloignons pas des biens qui dépendent directement de la bénédiction de Dieu, afin que nous ne soyons jamais séparés du Seigneur d’abondance et afin que nous ne croyions jamais nous suffire à nous-mêmes, comme font les insensés des villes.

7. Les saints de Dieu sont célibataires, mais les sages de Dieu sont mariés.

7’. Heureux ceux qui remarqueront cette différence, et bienheureux ceux qui la comprendront !

8. Ô pure essence incluse dans la pure substance qui gémis avec l’homme déchu, permets que le Livre qui parle à nouveau de ton amour paraisse dans le monde, afin que tes enfants endeuillés perçoivent encore une fois ton appel avant le terrifiant jugement qui vient.

8’. Ô Aimée qui contiens l’Aimé, permets que le Livre de ta splendeur aimante à nouveau la multitude de tes enfants tombés dans la boue, et qui errent misérablement en se rassurant de ta promesse ancienne sans rien faire pour la pénétrer ni pour la mettre en œuvre véritablement.

8’’. Ô Père — Mère — Fils très saints, veuille éclairer tes agonisants avant qu’il soit trop tard.

9. Revivant la tristesse et l’abandon du Seigneur à Pâques, le Livre ne nous a-t-il pas sorti des ténèbres par les versets 28’ et 28 du LIVRE XXXIV ?

9’. Nous demandant s’il fallait œuvrer dans le monde pour entretenir notre maison, ne nous a-t-il pas enseigné par les versets 34’ et 34 du LIVRE XXIV ?

9’’. Doutant encore qu’il faille abandonner notre métier dans le monde pour servir Dieu, le Livre ne nous a-t-il pas confirmé par les versets 3 et 3’ du LIVRE XXIV ?

10. Notre compagne voulant une confirmation de la voie de Dieu, n’a-t-elle pas été enseignée par les versets 14’ et 14 du LIVRE XXIV ?

10’. Et doutant encore, n’a-t-elle pas été convaincue par les versets 64’ et 64 du LIVRE IV ?

10’’. Enfin devant notre obstination à vouloir bien faire selon le monde, n’avons-nous pas reçu un sévère avertissement par les versets 56’ et 56 du LIVRE XXIV ?

11. Ainsi notre foi dans le secours du très haut Père et de la très digne Mère est minable et chancelante malgré les marques constantes de leur amour, qui nous entoure et qui nous soutient aimablement.

11’. Et notre honte est totale, car notre faiblesse est insigne. Sommes-nous pas incapable de supporter victorieusement la moindre tribulation pour l’amour de Dieu ? Et notre misère n’est-elle pas complète en cela même ?

12. Comment notre propre indignité que ne dédaigne pas de consoler l’amour du Seigneur de pardon, ne serait-elle pas un immense encouragement pour tous ceux qui errent dans les ténèbres et dans la désolation de ce monde d’exil ?

12’. Comment nos doutes et nos récriminations que ne dédaigne pas d’exaucer le Seigneur d’abondance, ne seraient-ils pas un réconfort unique pour tous ceux qui désespèrent dans l’agonie de ce monde embourbé ?

13. Tes serviteurs et tes enfants sont dans la gêne, Seigneur, et ils peuvent à peine entretenir leur maison comme par un miracle toujours à renouveler, bien qu’ils observent ta loi et qu’ils travaillent pour la vie de tous.

13’. Tandis que les impies inutiles et stériles sont grassement entretenus par le monde à proportion de leur inutilité et même de leur nocivité, car les meilleures prébendes sont réservées pour ceux qui travaillent à la mort de tous.

14. Ô Seigneur d’intelligence, jusques à quand laisseras-tu passer pour idiots et incapables ceux qui te servent et qui te cherchent ici-bas dans les larmes de l’agonie et de l’espoir ?

14’. Ô Seigneur tout-puissant, jusques à quand abandonneras-tu à la mendicité ceux qui négligent d’assurer leur fortune dans ce monde pour mieux te chercher en eux-mêmes ?

14’’. Ô Seigneur de justice, jusques à quand laisseras-tu fouler aux pieds et réduire à rien ceux qui préfèrent te prier et te louer plutôt que se débrouiller dans ce monde infecté par la mort ?

15. Dans tout ce que nous semons et dans tout ce qui croît et se multiplie, pensons à la part des serviteurs et des pauvres de Dieu, et nos biens croîtront et se multiplieront en proportion de cette part accordée aux enfants du Très-Haut.

15’. Quant à l’argent et à l’or que nous recevons, que nous gagnons et que nous volons, donnons-en une portion généreuse aux enfants de Dieu, afin que la malédiction et la lèpre qui y sont attachées ne viennent pas sur nous et ne fassent pas leur demeure en nous.

15’’. Nous disons d’aider les prophètes de Dieu, les prêtres de Dieu, les enfants de Dieu, les pauvres de Dieu, dont la bénédiction nous purifiera de nos péchés. Mais nous ne disons pas d’aider les prophètes du monde, les prêtres du monde, les enfants du monde, les pauvres du monde, dont la malédiction nous couvrirait d’ordures.

16. Offrons tous les jours de notre vie une nouvelle louange au Seigneur de vie, comme nous placerions un grain de blé dans un sac ; et nous serons étonnés de nous être fait un tel trésor, aussi aisément et aussi rapidement.

16’. Car nos cœurs seront vite débordants de l’amour de Dieu, et sa lumière nous guidera dans la nuit du monde vers l’unité de la vie miraculeuse qui ne nous défaudra plus jamais.

17. Tu nous plonges dans les ténèbres et dans la désolation, Seigneur, mais c’est parce que nous t’abandonnons, parce que nous te renions et que nous te trahissons ; car tu es toute grâce et tout amour, ô Resplendissant, et tu nous consoles, tu nous secours et tu nous illumines au moindre élan que nous avons vers toi.

17’. C’est notre bonne volonté en toi qui déclenche ton secours dans le ciel. C’est notre foi en toi qui le manifeste dans le monde. C’est notre amour en toi qui le reconnaît dans nos cœurs et qui le loue dans nos bouches, ô Très-Saint qui te livres pour nos vies défaillantes et perdues.

18. Nous n’amènerons par aucun moyen les rebelles et les médiocres à la révélation des fils de Dieu, car la chose les ennuie et les rebute par nature.

18’. Notre prédication leur semble irréelle et inutile dans ce monde de fausse réalité et de fausse utilité qui les lâchera bientôt.

19. Tout le Livre n’est-il pas un cantique au Seigneur Dieu et comme une fontaine de jouvence où les âmes pieuses se retrempent pour l’amour et pour la vie qui ne finissent pas ?

19’. Hélas ! les religieux et les impies repoussent également le Message Retrouvé de Dieu, et le monde repousse le serviteur de Dieu qui ne travaille pas dans le monde à la manière du monde profane.

20. À présent, nous achevons le Livre grâce au secours des croyants de Pallandt. Ceux-là se font un trésor qui les étonnera et qui stupéfiera le monde, mais nul ne le sait encore, pas même eux.

20’. Leurs enfants en bénéficieront et ils en témoigneront, sans que les enfants du monde qui le verront puissent s’en emparer, à cause de leur malice et de leur méchanceté, qui cuisent dans leur sang.

21. Parce que ceux-là n’ont pas jugé notre apparente inutilité dans le monde, le Seigneur ne jugera pas de leur utilité dans son royaume.

21’. Parce que ceux-là n’ont pas méprisé notre apparente fainéantise dans le monde, le Seigneur ne méprisera pas leurs travaux pour son royaume.

22. Parce que ceux-là ne se sont pas scandalisés de notre apparente faiblesse dans le monde, le Seigneur les fortifiera pour toujours dans son royaume.

22’. Parce que ceux-là n’ont pas repoussé notre apparente pauvreté dans le monde, le Seigneur les établira dans la richesse débordante de son royaume.

23. Car le Seigneur accomplit la parole de ses envoyés parce qu’ils accomplissent aussi la parole du Seigneur.

23’. Et le Seigneur fait la volonté de ses enfants parce qu’ils font aussi sa volonté qui est sainte et parfaite.

24. Ceux qui ont bandé leurs yeux pour ne pas voir ma lumière, deviendront de plus en plus aveugles.

24’. Ceux qui ont bouché leurs oreilles pour ne pas entendre ma parole, deviendront de plus en plus sourds.

25. Ceux qui ont bâillonné leur bouche pour ne pas interroger mes serviteurs, deviendront de plus en plus stupides.

25’. Ceux qui ont appesanti leur cœur pour ne pas secourir mes dévoués, deviendront de plus en plus durs et morts.

26. Je leur fermerai les yeux, je leur boucherai les oreilles, je leur mettrai un bâillon sur la bouche et je poserai une pierre pesante sur leurs cœurs, dit le Seigneur, afin qu’ils ne voient pas mes envoyés, qu’ils ne les entendent pas, qu’ils ne les interrogent pas et qu’ils ne les reconnaissent pas.

26’. Car ma vengeance sera aveugle comme ont été leurs yeux pour mes prophètes, elle sera sourde comme ont été leurs oreilles pour mes envoyés, elle sera muette comme ont été leurs bouches pour mes saints, et elle sera pesante comme ont été leurs cœurs pour mes pauvres.

27. Notre origine, notre personne et notre existence ne seront cachées à quiconque, afin que le scandale des uns et l’édification des autres leur servent de témoignage au jour du jugement.

27’. Car les prophètes serviteurs de Dieu sont comme des pierres d’achoppement qui font tomber les uns, et comme des pierres de fondation qui affermissent les autres.

28. Les savants officiels, héritiers et descendants des souffleurs enragés qui forcèrent les premiers le feu, la nature, les êtres et les choses, sont honorés et récompensés plus que quiconque à présent, car ils sont les prêtres de la science du maudit qui tient le monde dans ses griffes…

28’. qui l’enchaîne sous le prétexte de l’affranchir, qui l’empoisonne sous le masque de la bienfaisance, qui l’abrutit sous la promesse de le distraire, qui le plonge dans les ténèbres en lui promettant la lumière, qui le sèvre du Dieu de vie en se faisant passer pour lui et en imposant la mort à tous.

29. Ce n’est pas par hasard que les démons de l’enfer sont représentés actionnant sans arrêt des soufflets de forge qui forcent le feu où brûlent les damnés.

29’. Nous y voici, mais notre situation est tellement identique à l’image ancienne que nous ne pouvons plus connaître l’état où nous a précipités la science du malin.

30. Quoi de plus bête que la machine ? Et ne sommes-nous pas sous le règne de la machine aveugle et sourde ? Et n’adorons-nous pas la machine qui nous mâche bestialement ?

30’. Quoi de plus bête que l’État anonyme ? Et ne sommes-nous pas sous le règne de la Bête aveugle et sourde ? Et n’adorons-nous pas la Bête qui nous broie aveuglément ?

30’’. Les magiciens officiels de Pharaon sont plus forts que jamais dans le monde. Ils ont seulement changé d’apparences et d’astuces, de noms et de méthodes, mais leurs prodiges stupéfient toujours le monde et le maintiennent dans l’esclavage de la mort.

31. La science profane a conquis même le cœur des religieux qui font alliance avec elle, sans s’apercevoir qu’elle les dévore sans pardon.

31’. Car ils ont méprisé la science de Dieu qui s’est retirée d’eux, et ils sont ridiculisés à présent par la science du démon qu’ils adorent publiquement.

32. Le temps des machines commence à peine et tous sont séduits, sans s’apercevoir que les machines sont des œuvres mortes qui ne produisent que la mort.

32’. Et tous croient se servir des machines, sans s’apercevoir qu’ils servent eux-mêmes les machines comme des esclaves abrutis par la mort.

33. Tous plaident la cause du rebelle à présent et vantent sa science maudite. Prêtres et incroyants, moines et laïcs, savants et ignorants, artistes et ouvriers, riches et pauvres, bien-portants et malades, bien-pensants et impies, chefs et manœuvres, tous applaudissent le feu qui va les dévorer.

33’. Les impies disent : « Nous avons remplacé Dieu par notre science » et les croyants ajoutent : « Dieu a donné la science à l’homme pour se libérer », mais ni les uns ni les autres ne voient l’abîme ouvert sous leurs pieds ni la fumée qui monte et qui va les ensevelir pour toujours.

34. Ô douleur ! Notre voix est étouffée par la multitude des infirmes qui s’enfoncent allégrement dans la mort puante de l’enfer, et nous demeurons seul, sans moyens et sans secours, pour faire entendre l’avertissement ultime du Seigneur de justice qui nous envoie dans le monde, comme le grain sous la meule.

34’. Ô punition cruelle ! Le Livre de la délivrance demeure inconnu, alors que l’ordure même est royalement financée par les riches du monde, alors que la foi morte regorge des dons des bien-pensants, alors que les œuvres de mort sont encouragées par les bien-intentionnés qui servent le démon sans vouloir le savoir.

35. Ô qui dira avec nous l’urgence de la repentance ? Et qui viendra nous aider à rassembler la semence du monde nouveau ?

35’. Ô qui poussera avec nous le cri d’alarme avant que l’absurde engloutisse le monde ? Et qui priera le Seigneur de pardon, afin que le Livre paraisse avant le coup étincelant de sa foudre qui gronde ?

36. Ô qui s’aidera à survivre en nous aidant dans notre mission devenue impossible par l’indifférence de tous ?

36’. Et qui se sauvera en se réfugiant sous les ailes du Très-Haut pendant que la porte est encore entrouverte ?

37. Comment notre Seigneur nous recevra-t-il si nous ne parvenons même pas à faire entendre sa semonce dans ce monde agonisant et profanateur ?

37’. Prenez garde, vous qui lisez ceci, car notre caractère est naturellement gai et enjoué, et les menaces que nous vous communiquons viennent comme par-dessus nous et à travers nous, sans que nous y soyons pour rien.

38. Nous vous supplions humblement au nom de la création de Dieu qui agonise et qui va périr. Nous vous demandons votre aide afin que le Livre paraisse dans le monde et afin qu’il soit diffusé avant le coup mortel qui va tout réduire en cendres.

38’. Nous vous demandons votre appui, ô croyants de Dieu qui êtes épars dans le monde, afin que notre témoignage ne soit pas vain et afin que l’avertissement ultime du Seigneur de justice parvienne à tous ceux qui croient encore se sauver par leurs propres moyens.

39. Nous mendions à genoux votre aide fraternelle pour le monde qui va périr, mais par-dessus tout, pour ceux qui espèrent encore et qui croient en la toute-puissance du Parfait, au milieu de la marée montante des impies, des hypocrites, des traîtres et des révoltés, qui empestent la mort.

39’. Nous frappons à vos cœurs, ô croyants qui surnagez dans la boue du monde, afin que vous transmettiez le Livre qui appelle les enfants de Dieu dans les îles hautes où la colère de Dieu passera sur leurs têtes sans les toucher.

39’’. Ces deux versets ne seront lus qu’après l’acquiescement formel de ceux qui écoutent, car ils engagent quiconque les lit ou les entend, fût-ce une seule fois.

40. À présent, nous voilà responsables chacun devant le Seigneur, pour nous-mêmes, pour nos enfants, pour nos parents, pour nos amis, pour nos serviteurs et pour notre entourage, si nous négligeons de les avertir de la menace et de la promesse du Livre de la dernière heure.

40’. À présent, nous voilà comme liés au travail et comme placés sous le joug du Seigneur qui rétribue les ouvriers de sa vigne, et nous ne pouvons reculer sans tomber dans la fosse d’où on ne revient pas. Avançons donc courageusement, car le repos du Seigneur est proche, et son salaire est le salut éternel qui ne déçoit pas.

41. Un seul verset attirera l’enfant choisi de Dieu, et un seul verset fera fuir le méchant qui s’est déjà condamné dans son cœur.

41’. Car la parole inspirée de Dieu aimante ou repousse selon ce qui est caché en chacun de nous.

42. Depuis qu’on nous menace de la fin prochaine du monde et que rien n’arrive, disent les impies, nous ne croyons plus à cette mauvaise plaisanterie. Fichez-nous la paix à présent, et laissez-nous nous organiser nous-mêmes dans ce monde qui nous appartient.

42’. Hélas ! ils ne savent pas que les prières, les larmes et le sacrifice des saints et de leur patronne ont seuls retenu jusqu’à présent le bras de la colère de Dieu, mais le poids augmente en proportion de notre reniement de Dieu, et à présent il est énorme et il devient insoutenable même pour les plus forts.

43. Même les craquements de la colère de Dieu, qui balance avant de s’abattre sur le monde, ne seront pas compris par les hommes révoltés contre Dieu.

43. Même les grondements de la colère de Dieu qui bouillonne avant de submerger le monde, ne seront pas compris par les hommes occupés d’eux-mêmes.

44. Les croyants comprendront, mais il sera trop tard pour beaucoup d’entre eux parce qu’ils auront négligé l’avertissement de Dieu.

44. Les enfants de Dieu comprendront, et ils verront de leurs yeux, et ils entendront de leurs oreilles, mais le malheur ne les atteindra pas, car ils auront gagné les îles terrestres du refuge.

45. Mes amis, ne voyez-vous pas l’agitation de l’absurde qui s’entasse devant vous partout dans le monde en un équilibre impossible ?

45. Ne voyez-vous pas le reniement universel du vrai Seigneur de vie, au profit de celui qui truque et qui désincarne toute vie pour s’en repaître ?

46. Mes amis, ne voyez-vous pas le nombre et l’énormité de vos maladies dans le monde, et ne voyez-vous pas l’épuisant labeur de vos travaux toujours à recommencer ?

46. N’êtes-vous pas fatigués de construire dans la boue, sans fondement assuré, et n’êtes-vous pas las de pourrir dans l’agonie de la mort depuis si longtemps ?

47. Beaucoup passent pour impies parce qu’ils ne fréquentent pas les églises, mais ils sont reliés à Dieu parce qu’ils accomplissent les préceptes de la charité divine.

47. Beaucoup passent pour pieux parce qu’ils observent les cérémonies extérieures, mais ils sont retranchés de Dieu parce qu’ils négligent d’accomplir les vrais préceptes divins.

48. Il y aura certainement des pleurs, des cris et des grincements de dents au jour de la rétribution, et la surprise de ce jugement multipliera singulièrement les cris de ceux qui se verront repoussés et damnés, alors qu’ils s’estimaient justifiés et sauvés.

48. Il y aura aussi des cris et des larmes de joie, et des bonds inattendus au jour de la pesée et du dénuement des âmes ; et l’étonnement de ce verdict multipliera également d’une manière imprévue les louanges de ceux qui se verront admis et justifiés, alors qu’ils s’attendaient à être fustigés et bannis.

48’’. Ceux qui ont de l’intelligence remarqueront ces versets et ils changeront leur conduite, faisant ce qu’ils ne faisaient pas, sans cesser de bien faire ce qu’ils faisaient déjà.

49. Qui est celui-là qui nous reprend et qui nous menace, diront les bien-pensants, et de quel droit et par quelle autorité s’occupe-t-il de nous, alors que nous ne le connaissons pas ?

49’. Qu’est-il de plus que nous pour nous faire la leçon, et que vaut-il de plus que nous pour nous reprendre aussi grossièrement ? Fait-il même partie de notre confrérie, car nous ne le voyons pas à nos réunions ni à nos processions publiques ?

50. C’est un laïc parmi les laïcs, et il n’est ni clerc ni prêtre pour nous enseigner la voie de Dieu, que nous connaissons mieux que lui. Il n’est ni mandaté ni autorisé par personne pour nous parler.

50’. Qui est celui-là qui, recouvert par la boue du péché, se lève pour nous fustiger publiquement ? S’il était prophète de Dieu et envoyé de Dieu, nous le saurions, car Dieu l’aurait de préférence choisi parmi nous, puisque nous sommes réservés en premier pour son salut.

51. Hélas, trois fois hélas ! nous ne plaisons pas aux « bien-pensants », et les « bien-pensants » ne nous plaisent pas. Et si nous les reprenons, c’est par l’ordre de Dieu et comme en nous bouchant le nez, car, de nous-même, nous n’aurions jamais eu ce courage ni cette charité. Les impies et les révoltés sentent bon à côté d’eux, et ils paraissent droits aussi.

51’. Oui, Dieu nous a fait chiffonnier malgré nous, et nous ne sommes pas fier de fouiller dans les poubelles de ce monde. Mais n’y trouve-t-on pas quelquefois parmi les immondices, de l’argenterie abandonnée là par des serviteurs négligents ? Et cette argenterie, une fois nettoyée, ne brille-telle pas à nouveau sur la table du maître ?

52. Nous nommons « bien-pensants » ceux qui s’affichent dans les églises avec l’insolence méprisante que leur donnent leurs situations sociales et mondaines, leur argent, leurs titres, leurs diplômes, leurs décorations, leurs vanités, leurs dévotions et leur fausse assurance de sauvés.

52’. Nous nommons « bien-pensants » ceux qui écrasent les pauvres, qui méprisent les simples, qui corrompent les prêtres et qui leur forcent la main dans le sens qui leur convient, se servant ainsi de l’Église pour couvrir leurs turpitudes et pour défendre leurs causes de damnés.

53. Nous nommons « bien-pensants » ceux qui, sous le couvert de la religion et de la dévotion, exploitent les malheureux sans vergogne ; ceux qui s’engraissent de la sueur et des larmes des abandonnés ; ceux qui par leur hypocrisie chassent les derniers croyants des églises ; ceux qui par leur égoïsme et par leur mépris, suscitent et entretiennent la révolte et la haine des malheureux.

53’. Nous nommons « bien-pensants » ceux qui s’emparent des lieux saints pour de l’argent et qui y font leur volonté, et non pas la volonté de Dieu ; ceux qui occupent les premières places, alors qu’ils ne sont pas dignes des dernières ; ceux qui enterrent la parole de Dieu ou qui la tournent à leur profit ; ceux qui se servent de l’Église pour prospérer dans le monde, au lieu de servir l’Église pour prospérer en Dieu.

53’’. Nous nommons « bien-pensants » la plus insolente, la plus hypocrite et la plus féroce des canailles : la canaille de caste, qui domine l’humanité comme les scories surnagent sur le métal en fusion, afin qu’on puisse aisément la recueillir et la jeter aux ordures.

54. Si nous nous sommes mis à la place de Dieu, nous nous boucherons les yeux et les oreilles et nous demeurerons dans la mort des idoles aveugles et sourdes.

54’. Si nous aimons le Seigneur, nous reconnaîtrons sa parole et nous reviendrons humblement à lui, qui nous reçoit amoureusement dans son cœur.

J’appelle les apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ… Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre, car voici le temps des temps, la fin des fins.
Notre-Same de la Salette
Les apôtres des derniers temps seront partout la bonne odeur de Jésus-Christ aux pauvres et aux petits, tandis qu’ils seront une odeur de mort aux grands, aux riches et orgueilleux mondains.
Louis-Marie De Montfort

LIVRE XXXX

Il y a pour l’argent un lieu d’où on l’extrait, pour l’or un lieu où on l’épure.
Job

VÉNÈRE ITU

LA FONTE

1. J’irai à toi, les mains remplies de ta vendange et le dos courbé par le poids de ta moisson, et ma joie sera de recevoir ton baiser de vie et de le communiquer aux enfants que tu m’as confiés, ô Seigneur qui combles la sainte obéissance.

1’. J’irai à toi, le cœur purifié et l’esprit clair dans ton corps ressuscité, si tu m’envoies ton salut dès ce monde, Seigneur d’amour et de connaissance vrais ; car seule ta splendeur est reçue par ta splendeur, et seule ta sainte unité se fond dans l’Unique.

2. Ô Seigneur de liberté, donne-nous l’intelligence suprême qui est l’obéissance à ta sainte volonté, afin que ta création nous soit soumise par l’amour que nous avons pour elle, comme nous te sommes soumis par l’amour que tu as pour nous.

2’. Ô Seigneur de fondation, donne-nous la foi toute-puissante qui coagule et qui dissout ta sainte lumière de vie, afin que nous soyons établis seigneurs et gardiens fidèles de ta création merveilleuse dans l’éternité de ta gloire.

3. Va, prends le Livre de l’avertissement ultime et prêche le monde qui s’endort dans sa crasse, car l’heure approche où son temps va finir et elle est déjà commencée sans que nul ne s’en doute.

3’. Va, prends le Livre de la dernière chance et prêche ma venue en mendiant ta vie terrestre, car rien n’appartient déjà plus ici-bas à quiconque, mais nul ne le sait encore.

4. Souvenons-nous des méfaits que nous commettons, et oublions ceux que nous subissons.

4’. Souvenons-nous des bienfaits reçus, et oublions ceux que nous faisons.

5. Hélas ! ceux qui se sont chargés de guider les croyants ne pénètrent pas leurs propres Écritures et ils n’entendent plus leur propre Seigneur, car ils sont devenus comme des fonctionnaires aveugles et sourds, enfermés dans des règlements morts et abandonnés de l’Esprit Saint qu’ils haïssent par-dessus tout.

5’. Que répondront-ils au jour du jugement quand on leur redemandera le talent qu’ils ont enterré ? Leur trop grande prudence est devenue comme la pire ignorance, comme la pire lâcheté et comme la pire mort. Ceux-là aussi se sont emparés des clefs de la science de Dieu et, ne l’ayant pas pénétrée, ils empêchent à présent les autres d’y entrer.

6. À présent, nous expérimentons la cruelle vérité de la parole seigneuriale, et nous voyons ceux qui se sont chargés de transmettre la parole de Dieu, l’enterrer et s’asseoir dessus, pour le cas où un curieux voudrait l’examiner de trop près.

6’. Tous les riches d’argent, d’honneurs, de diplômes, de grades, de sciences, de castes, de rangs, de places et d’emplois, sont empêchés par la prétention et par l’orgueil, de recevoir et de pénétrer la parole révélée de Dieu.

6’’. Ceux-là corrompent la parole de Dieu subtilement par leurs petits jugements, d’autres la méprisent ouvertement dans le monde et tous la tournent plus ou moins adroitement selon leurs intérêts du moment.

7. Les idoles de ce monde semblent combler ceux qui les servent et qui les encensent, mais en réalité, elles dévorent leur substance la plus intime qui est leur âme, et elles offrent la mort à leurs adorateurs en récompense ultime.

7’. Nous irons aux humbles, aux pauvres, aux déshérités, aux abandonnés, aux ignorants, aux simples, aux petits, aux vagabonds, aux opprimés, aux infirmes afin qu’ils soient enrichis, libérés, honorés, instruits, guéris et ressuscités dans le Seigneur qui vient.

8. Ceux qui se sont établis dans la lettre aveugle et sourde des Écritures révélées, ne peuvent plus rien recevoir de la profondeur et de la hauteur, car leur orgueil les empêche de rien accepter de l’Esprit Saint qui enseigne les cœurs humbles et ouverts.

8’. Après nous avoir ignoré, repoussé, enterré, rejeté, condamné et honni, les bien-pensants nous pilleront sans vergogne, sans nous reconnaître. « La médiocrité et la lâcheté dérobent l’écorce, mais elles ne reçoivent pas l’amande cachée. »

9. Nous pratiquerons aveuglément et stupidement les conseils du maître qui nous dit de prier pour nos ennemis et de bénir nos persécuteurs, d’aimer, de secourir et de supporter les autres et nous-mêmes, de ne pas juger et de ne pas condamner, de demander notre vie à Dieu tous les jours et de le remercier et louer pour ce don inestimable, pardonnant à tous et faisant le bien en secret sans trop nous soucier des affaires du monde.

9’. Nous pratiquerons aveuglément et stupidement la parole du Seigneur afin que notre raison aveugle et sourde ne fasse pas obstacle à la réalisation des œuvres de la foi, afin que notre jugement superficiel ne nous prive pas des fruits des œuvres de la foi, et afin que notre intelligence déchue ne nous entraîne pas dans la sordide bataille des bêtes brutes qui ne finit pas.

10. Ô terreur, ô tristesse ! le monde a tué pêle-mêle les incroyants, intelligents ou imbéciles, savants ou ignorants, car les uns et les autres repoussent le Livre comme une chose inutile et vaine, après y avoir jeté un coup d’œil aveugle ou après l’avoir ouï sans comprendre.

10’. La malédiction qu’ils ont attirée sur eux par leur reniement et par leur abandon de Dieu, s’alourdit encore de leur délirante vanité, et les voilà aveugles et sourds à la parole de vie. Leur abrutissement les condamne toujours plus sans qu’ils s’en doutent, et leur fausse assurance les mène à la fosse.

11. Quant aux bien-pensants qui ont émasculé et tué la parole de Dieu pour la mettre en conserve, la révélation vivante qui leur est offerte à nouveau les épouvante et les fait fuir, comme la lumière fait rentrer les cloportes sous la pierre aveugle.

11’. Ils sont incapables de discerner le vrai du faux, le beau du laid, le bon du mauvais, la vie de la mort, et il leur faut des conseillers diplômés et patentés, aussi aveugles et aussi sourds qu’eux-mêmes, pour les guider dans leurs ténèbres vaniteuses.

12. Nous nous réjouirons dans notre récompense sainte.

12’. Et ils hurleront avec les bêtes, sans même comprendre ce qui leur arrive.

13. Ceux qui nous repoussent, seront repoussés au jour du jugement.

13’. Et ceux qui nous enterrent, seront enterrés pour toujours.

14. Notre triomphe en Dieu sera tellement éclatant que les damnés se demanderont par quel miracle ils n’ont pas entendu notre voix.

14’. Ceux que nous aimons le plus sont ceux-là qui aiment le plus Dieu et sa création merveilleuse, car ne sommes-nous pas enfant et préparateur de Dieu ?

15. Ceux qui aiment l’ancienne révélation, aimeront aussi la nouvelle.

15’. Ceux qui entendent la nouvelle révélation, entendront aussi l’ancienne.

16. Beaucoup de pasteurs sont de bonne volonté, mais ils ont perdu le sel de la sagesse, et les plus instruits parmi eux ne le connaissent plus que par symbole et par ouï-dire, sans savoir de quoi il s’agit en vérité.

16’. Heureux ceux qui se souviennent que le Seigneur est né dans une humble étable, bienheureux ceux qui retrouvent sa trace dans ce monde, et très heureux ceux qui le réchauffent à nouveau comme des ânes savants.

17. Si nous sommes ignorés et repoussés par le monde à cause de notre quête de Dieu, c’est parce qu’une grande récompense nous est réservée, mais peu savent cela.

17’. Les anges de Dieu montent une garde vigilante autour des promis au salut, afin qu’ils ne s’égarent pas dans les possessions illusoires de ce monde passible.

18. Beaucoup sont intelligents et beaucoup sont raisonnables selon le monde aveugle et sourd, mais bien peu possèdent l’Esprit divin qui seul éclaire et instruit sur la parole de Dieu, qui enseigne la science de la vie éternelle.

18’. Nous ne sommes pas à la mode, et les intelligents et les savants du monde nous ignorent volontairement, ou bien ils nous considèrent en ricanant ou avec pitié. Un jour nous les ignorerons aussi, malgré leurs hurlements de bêtes traquées.

19. Autant mes avances envers vous auront été pressantes et nombreuses, dit le Seigneur Dieu, autant mon refus sera total et définitif au jour du jugement si vous ne les avez pas reçues en leur temps ni reconnues dans vos cœurs.

19’. Vous vous mordrez les doigts et la langue, et vous vous déchirerez mutuellement dans la confusion et dans la rage de vos ténèbres aveugles et sourdes, en apprenant votre propre condamnation imbécilement choisie.

20. Quant à vous, les bénis de mon cœur, qui avez respecté ma loi, observé mes commandements et accompli mon œuvre, vous serez habillés de neuf et vous serez revêtus de ma gloire pour l’éternité, et votre joie ne finira jamais, dit le Juge silencieux.

20’. Votre surprise sera muette, mais ensuite vos louanges et vos chants de victoire couvriront même le bruit de l’enfer où pourriront les damnés, et vous vivrez dans la reconnaissance de mon amour sans jamais vous lasser, dit le Seigneur de justice et de pardon.

21. Le dédain que le monde nous marque est notre sauvegarde.

21’. L’attention que nous portons à la création de Dieu est notre sauvetage.

22. Notre grande intelligence et notre subtile malice nous éloignent du salut de Dieu aussi sûrement que la stupidité et la grossièreté des brutes établies ici-bas.

22’. À ta vue, Seigneur, nous tomberons à terre, à ta voix nous roulerons de joie, à ton odeur nous nous redresserons et à ton baiser tu passeras en nous, et nous vivrons en toi pour toujours.

En ce jour-là, les sourds entendront les paroles « d’un Livre », et sortant des ténèbres et de l’ obscurité, les aveugles verront.
Isaïe
Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et leurs recueils comme des clous plantés. Elles sont données par un seul Pasteur.
Ecclésiaste

LITANIES DE LA MÈRE ET DU FILS

1 Œuf de Dieu.

2 Mer de lait.

3 Secret lumineux.

4 Fraîcheur des os.

5 Terre vivante.

6 Joyau lucide.

7 Baume radieux.

8 Ève odorante.

9 Déluge de grâce.

10 Matrice du soleil.

11 Lune de pureté.

12 Mère des dieux.

13 Eau resplendissante.

14 Remède sublime.

15 Auréole des saints.

16 Pulpe nourrissante.

17 Lumière palpable.

18 Santé du corps et de l’âme.

19 Amante diaphane.

20 Berceau des mondes.

21 Chair de Dieu.

22 Nourrice des astres.

23 Ondée germinative.

24 Vie bondissante.

25 Baptême de résurrection.

26 Multiplicatrice des germes.

27 Source intarissable.

28 Entrée obligée.

29 Éternelle jeunesse.

30 Maison de Dieu.

31 Moelle de l’Univers.

32 Tunique aimée.

33 Douce lampe allumée.

34 Miel très parfumé.

35 Gelée du ciel.

36 Blanche oiselle.

37 Dame d’honneur.

38 Merveilleuse ivresse.

39 Extase de l’abîme.

40 Vierge débordante.

41 Rose d’oubli.

42 Guérisseuse insigne.

43 Breuvage de joie.

44 Immortelle amie.

45 Sainte oasis.

46 Refuge ailé.

47 Île de salut.

48 Riche mamelle.

49 Colombe aux rouges entrailles.

50 Argile première.

51 Plancton des cieux.

52 Flambeau élevé.

53 Succulente rosée.

54 Bénédiction de Dieu.

55 Nuage opalescent.

56 Odeur de santé.

57 Insaisissable fée.

58 Fruit caché.

59 Enceinte réservée.

60 Source très secrète.

61 Matrice épurée.

62 Aliment fondant.

63 Reine de lumière.

64 Communion des vivants.

65 Hostie volante.

66 Arbre de vie.

67 Nectar des dieux.

68 Quintessence sainte.

69 Lavandière miraculeuse.

70 Clarté des cieux.

71 Réconciliatrice amène.

72 Refuge de paix.

73 Perle cachée.

74 Nacelle errante.

75 Miroir de Dieu.

76 Puits très profond.

77 Dame d’amour.

78 Huile de douceur.

79 Reine des grottes.

80 Dormante du rocher.

81 Réserve cachée.

82 Manne rassemblée.

83 Sueur de la pierre.

84 Épouse du soleil.

85 Mère d’éternité.

86 Énigme qui brille.

87 Vérité innée.

88 Eau préservée.

89 Reine assoupie.

90 Beauté voilée.

91 Confiture des sages.

92 Savon des purs.

93 Balance des justes.

94 Reposoir de Dieu.

95 Rose embaumée.

96 Substance du pain.

97 Trésor de la neige.

98 Amande espérée.

99 Luciole adorée.

100 Voyageuse désirée.

101 Secret tout premier.

102 Mère et Fille, Épouse et Sœur.

103 Entrée retranchée.

104 Lumière des voyants.

105 Étoile triée.

106 Terre liquéfiée.

107 Eau congelée.

108 Air coagulé.

109 Barque du soleil.

110 Nourriture des élus.

111 Sauvegarde des saints.

112 Grande mer des sages.

113 Clarté unifiante.

114 Réalité vivante.

115 Rénovatrice des morts.

116 Vivandière des anges.

117 Nymphe dévouée.

118 Bien-aimée des poètes.

119 Chérie des enfants de Dieu.

120 Amante inspirée.

121 Rosée du ciel et de la terre.

122 Alphabet des prophètes.

123 Pardon de Dieu.

124 Résurrection cachée.

125 Maîtresse des chrétiens.

126 Œil très pur des croyants.

127 Assemblée des étoiles.

128 Or pâle et vif.

129 Mystère substantiel.

130 Banquet de Dieu.

131 Tabernacle du feu très saint.

132 Coupe du Seigneur.

133 Encens incombustible.

134 Pierre ailée.

135 Eau sèche et mouvante.

136 Secret des cœurs.

137 Gisante animée.

138 Secret qui contient le secret.

139 Phare des égarés.

140 Salut des embourbés.

141 Aimant du Seigneur.

142 Lessive de douceur.

143 Amie des exilés.

144 Mère recherchée de tous.

1 Secret du secret.

2 Semence du feu.

3 Poids de la lumière.

4 Unité de l’Unique.

5 Soleil de pierre.

6 Or fixe et rouge.

7 Point dans le centre.

8 Essence victorieuse.

9 Animateur des astres.

10 Créateur des formes.

11 Habitant de la vie.

12 Moyeu du ciel.

13 Œil immobile.

14 Beauté perçante.

15 Mystère d’union.

16 Force de la vie.

17 Fixité parfaite.

18 Rubis très précieux.

19 Lui dans Elle.

20 Puissance indomptable.

21 Congélateur de la mer.

22 Âme du sel.

23 Donateur généreux.

24 Douce cuisson de la vie.

25 Trésor sans égal.

26 Géniteur infatigable.

27 Lion éveillé.

28 Résurrection des semences.

29 Condensateur des sèves.

30 Fécondateur universel.

31 Bénédiction transformante.

32 Créateur des mondes.

33 Sauveur de vie.

34 Berger des lumières.

35 Densité de l’amour.

36 Pourpre royale.

37 Couronne d’or.

38 Germe premier et dernier.

39 Colonne érective.

40 Jet puissant.

41 Transfiguration des vivants.

42 Envie secrète des ténèbres.

43 Immortel repos.

44 Solitaire flottant.

45 Dieu fixe et vivant.

46 Seigneur qui comble.

47 Largesse insigne.

48 Roi magnanime.

49 Feu transformant.

50 Lumière aveuglante.

51 Chaleur de vie.

52 Vainqueur de la mort.

53 Concentration de vie.

54 Essence du vin.

55 Ultime vertu.

56 Nombre premier.

57 Rayonnante beauté.

58 Inaltérable santé.

59 Aimant des étoiles.

60 Assembleur d’univers.

61 Cuiseur d’astres.

62 Virtuose saint.

63 Modeleur de dieux.

64 Vide obscur.

65 Plénitude claire.

66 Régent de la grande mer.

67 Mâle unique.

68 Enterré victorieux.

69 Crucifié remembré.

70 Dispersé qui unit.

71 Éternel ressuscité.

72 Fournaise du feu.

73 Sang incorruptible.

74 Regard insoutenable.

75 Pureté consumante.

76 Droite invincible.

77 Serein constructeur.

78 Briseur de chaînes.

79 Douceur explosive.

80 Brasier vivant.

81 Affranchisseur d’esclaves.

82 Cœur éclatant.

83 Consumeur de crasse.

84 Débordant de semence.

85 Force renversante.

86 Justice tranchante.

87 Flèche perçante.

88 Brûleur de ronces.

89 Amour qui rassemble.

90 Globe d’or pur.

91 Quintessence fixe.

92 Rocher inébranlable.

93 Pierre victorieuse.

94 Tourbillon immobile.

95 Destructeur de prisons.

96 Renverseur de murailles.

97 Nœud des mondes.

98 Feu concentré.

99 Coagulateur des eaux.

100 Éventreur des tombeaux.

101 Sauveur des vivants et des morts.

102 Fin de toute fin.

103 Consistance de l’amour.

104 Diffuseur et rassembleur d’âmes.

105 Fruit mûr.

106 Vérité cuite.

107 Concentration merveilleuse.

108 Âme de la création.

109 Arc bandé.

110 Aigle niché.

111 Père manifeste et caché.





Version: 2.0
Maj : 20/01/2025