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Henri Corneille
Agrippa, De Nettesheim, Le Trismégiste, Eques Aureatus

Données générales

PériodeLieu
GénéralXV XVIAllemagne
Naissance14 septembre 1486, 03h24 Cologne, Allemagne
Décès18 février 1535 (48 ans)Grenoble, France
Cause
Inhumation
Église Dominicaine de Grenoble

DomaineCourantOrdre
Magie
Astrologie
Alchimie
Qabale chrétienne
Théologie
Philosophie
Occultisme renaissant
Humanisme
Société secrète des Théosophes 🎓
? Rose-Croix [𝕍 Fludd]

RelationsNom
Entourage
AmiJohann Froben
RencontreÉrasme
Jean Trithème
Jérôme Cardan
Sébastien Franck
Influence
Maître? Jean Trithème
ParHermétisme alexandrin
Néo-platonisme
Picatrix
Francesco Zorzi
Jean Trithème
Johannes Reuchlin
Marsile Ficin
Raymond Lulle
DiscipleJohann Weyer
SurÉsotérisme occidental
Occultisme occidental
Albrecht Dürer
Cagliostro
Franz Bardon
Giordano Bruno
Heinrich Khunrath
John Dee
Robert Fludd

Repères biographiques

I. Histoire

► Né dans la petite noblesse, intellectuel de la renaissance et précurseur du rosicrucisme, Agrippa(1) était polyglotte et polymathe puisqu’il avait des connaissances en lettres, droit, théologie et médecine. Il entretint de nombreuses relations avec les savants humanistes de son époque. Il étudia d’abord à Cologne, Paris — où il fut magister artium (Maître ès lettres) — puis Dôle où il fut reçu docteur en théologie.

► Agrippa est un synthétiseur et compilateur de talent, plus savant qu’occultiste accompli qui interprète de façon hardie les textes de l’hermétisme. Il exerça en outre de nombreuses activités : il donna des cours sur le Pymandre à Paris, sur l’hébreu, la qabale et les sciences occultes à Dôle, sur l’hermétisme alexandrin à Pavie et sur la théologie à Cologne. Il commente Platon et Trismégiste en 1512. On sait encore, qu’il se fit avocat d’une femme accusée de sorcellerie à Metz en 1518. Grand voyageur et au service des puissants, il a exercé dans les armées de Ferdinand II d’Aragon et plus tard, de Maximilien Ier, ce qui lui permit d’étudier l’hermétisme florentin. Il fut enfin, médecin (pour ainsi dire mage) de Louise de Savoie (mère de François Ier), historiographe de Marguerite d’Autriche à laquelle il dédie son De la Noblesse et préexcellence du sexe féminin en 1526 ou encore archiviste pour son neveu Charles Quint en 1530.

► Sa vie est errante, pour ainsi dire mouvementée et aventureuse car il est également souvent poussé sur les routes à cause de discordes : on le dit à l’instar de Paracelse - son contemporain théosophe à l’esprit plus pratique - d’un tempérament belliqueux et ses prises de position radicales, parfois soudaines, suscitèrent nombres de querelles. Il eut de fréquents démêlés avec les facultés d’une part et la hiérarchie étatique d’autre part. Ses rapports avec les autorités sont ainsi et d'une façon générale, instables, souvent précaires et éphémères, puisque celles-ci l’accueillent ou le chassent en fonction de sa réputation du moment. Inquiété par l’inquisition, il est emprisonné pour le motif de pratique de la magie, ses accusateurs s’appuyant sur la rédaction de sa Philosophie occulte. Agrippa affirma par ailleurs avoir réussit des transmutations alchimiques à Lyon et à Avignon.

◆ Agrippa conçu à sa mort une réputation fantasmagorique qui contribua à façonner le personnage de Faust : les démonologues de son temps l'estimèrent maudit et le décrivaient accompagné d’un chien noir diabolique. Rabelais lui offre une place dans son Tiers Livre (XXV) sous le nom de "Herr Trippa".

II. Un positionnement ambivalent

Fidéiste à la fin de sa vie, il renia ses propres ouvrages sur la magie (et plus généralement l’hermésisme dans son entier) suite à de nombreux revers tant dans les sciences occultes et que dans sa vie privée. Sa position réelle demeure néanmoins ambivalente et potentiellement complémentaire dans le cadre d’une quête spirituelle, puisqu’il publie en fait, son Sur l’Incertitude presque en même temps que sa Philosophie occulte, en 1530(2). Il semble en fait, soutenir des thèses contradictoires, dont le rapport est parfois délicat à établir. Quoi qu’il en soit, dans son Sur l’Incertitude, il exhorte les mauvais philosophes, médecins ou prêtres, qu’il qualifie de charlatans imitateurs et vaniteux, d’abandonner leurs connaissances et d’avancer dans la voie de l’éveil intérieur. Ce pamphlet, dont le ton évoque celui de Lautréamont vitupérant contre les têtes molles ou celui de Nietzsche dans le Crépuscule des idoles, lui vaudra évidemment des inimités avec les autorités.

III. Documents pertinents

𝕍 Agrippa et la crise de la pensée à la Renaissance, Charles Nauert, 1965.

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme ajoute : Henri Cornelis Agrippa de Nettesheim naquit à Cologne, et mena, un peu à l’égal de Paracelse, la vie la plus aventureuse, au cours de laquelle il trouva le loisir d’acquérir une science et une érudition considérables. De tous les occultistes du XVI° siècle, il est celui qui connaît le mieux l’antiquité ; il a lu tous les classiques grecs et latins ; il est versé dans la philosophie alexandrine ; il a étudié à fond Hermès Trismégiste. Comme Pic de la Mirandole, il lit la Bible dans le texte hébreu et connaît les Targums et la littérature rabbinique, mais, avec plus de méthode que lui, il est exempt d’un certain désordre dû à la fougue de la jeunesse que l’on remarque chez son prédécesseur. […]

Œuvres choisies

  • Sur l’Incertitude, vanité et abus des sciences {De Incertitudine et vanitate omnium scientiarum et artium}, 1525. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • La Philosophie occulte {De Occulta philosophia}, 1533. (Trois en deux ) Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France ou Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Wellcome

Citations

Il n’y a donc point d’autre cause nécessaire des effets, que l’accord et la liaison de toutes les choses avec la cause première, et leur correspondance à ces divins exemplaires et aux idées éternelles.
La Philosophie occulte (I, XII)
La Magie est une faculté qui a un très grand pouvoir, plein de mystères très relevés, et qui renferme une très profonde connaissance des choses les plus secrètes, leur nature, leur puissance, leur qualité, leur substance, leurs effets, leur différence et leur rapport : d’où elle produit ses effets merveilleux par l’union et l’application qu’elle fait des différentes vertus des êtres supérieurs avec celle des inférieurs ; c’est là la véritable science, la philosophie la plus élevée et la plus mystérieuse, en un mot, la perfection et l’accomplissement de toutes les sciences naturelles, puisque tout la Philosophie réglée se divise en Physique, en Mathématique et en Théologie.
Le Visage, les Gestes, le Mouvement, la Situation et la Figure du corps, qui nous sont donnés d’en haut, nous aident à recevoir les bienfaits célestes, en nous exposant aux corps supérieurs et produisent en nous certains effets, comme il arrive dans l’ellébore, quand on recueille cette herbe en tirant la feuille en haut ou en bas.
Les âmes des corps célestes donnent leurs vertus à leurs corps, qui les communiquent ensuite à ce monde sensible ; car les vertus du globe terrestre n’ont point d’autre cause qu’une cause céleste. C’est pourquoi le magicien qui veut opérer par la force de ces âmes fait l’invocation adroite des êtres supérieurs par des paroles mystérieuses et une certaine formule de paroles ingénieuses attirant l’un par l’autre, d’une force toutefois naturelle, par certaine convenance mutuelle d’entre elles, par où les choses viennent d’elles-mêmes, ou de force.
Les mages extraient les forces du monde matériel, les tirent de toutes les choses existantes et de leur mélange grâce à la médecine et aux sciences de la nature. Ils étudient le monde céleste des rayons et des influx par la science des astres et les mathématiques et savent recueillir les vertus célestes. Mais aussi ils affermissent toutes ces connaissances ainsi que leur pouvoir sur les intelligences des divers ordres par les saintes cérémonies de la religion.
Les Noms propres sont fort nécessaires dans les opérations de Magie, comme presque tous les magiciens l’assurent, parce que la force ou vertu naturelle des choses vient d’abord des objets aux sens, elle passe ensuite d’eux à l’imagination, de l’imagination à la pensée, qui la connaît la première, et l’exprime après par la voix et les paroles. C’est pourquoi les Platoniciens disent que la force d’une chose est cachée dans la voix même ou la parole, et le nom formé dans ses articles sous la forme de la signification, comme la vie même ; étant conçue d’abord par la pensée, comme par les semences des choses, ensuite produite comme un fruit par les voix ou les paroles, et enfin conservée par ce que l’on écrit.
Il existe aujourd’hui quelques hommes remplis de sagesse, d’une science unique, doués de grandes vertus et de grands pouvoirs. Leur vie et leurs mœurs sont intègres, leur prudence sans défaut. Par leur âge et leur force ils seraient à même de rendre de grands services dans les conseils pour la chose publique ; mais les gens de cour les méprisent, parce qu’ils sont trop différents d’eux, qui n’ont pour sagesse que l’intrigue et la malice, et dont tous les desseins procèdent de l’astuce, de la ruse qui est toute leur science, comme la perfidie leur prudence, et la superstition leur religion.
Propos rapportés par Fludd auprès desquels il s’adosse pour justifier qu’Aggripa aurait été Rose-Croix.


1. Cologne où il est né, s’appelait "Colonia Agrippina" dans l’antiquité.

2. Certains chercheurs assurent néanmoins que l’ouvrage est déjà terminé en 1510.