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George Ivanovich Gurdjieff
Le Maître de la danse, le Nouveau Pythagore

Données générales

PériodeLieu
GénéralXIX XXFrance
Naissance13 Janvier 1872
27 Décembre 1877
Alexandropol (ajd. Gyumri), Arménie
Décès29 Octobre 1949 (71 ans)Hôpital américain de Neuilly, France
Cause
Inhumation
Cimetière d’Avon (France)

DomaineCourantOrdre
Ésotérisme
Mysticisme
Occultisme
Orthodoxisme
Gnosticisme
Soufisme
Les Chercheurs de Vérité 🎓
Institut pour le développement harmonique de l’homme 🎓

RelationsNom
Entourage
RencontreBoris Mouravieff
Influence
ÉlèveHenri Tracol
Jeanne de Salzmann
Piotr Ouspenski
René Daumal
Thomas de Hartmann
ParPythagorisme
Soufisme
Tantrisme
Nasr Eddin Hodja
Sur? Castaneda Carlos
Claudio Naranjo
Oscar Ichazo
Samael aun Weor

Repères biographiques

I. Histoire

La vie de Gurdjieff avant la fondation de l’Institut pour le développement harmonique de l’homme reste mystérieuse. On n’en sait essentiellement que ce qu’il a bien voulu en dire dans Rencontres avec des hommes remarquables et ses différentes interventions orales. D’origine géorgienne, son père est un riche propriétaire terrien mais une épidémie anéantit son troupeau en 1879 et il devient charpentier. Il débute en religion dans l’église orthodoxe où il est remarqué par les prêtres pour sa précocité. Doué en travaux manuels, il fait déjà montre d’une capacité à donner un tour pratique voir commercial à ses idées. En 1888 il est témoin de faits miraculeux qui l’écartent de la religion à proprement parler pour l’orienter vers une quête plus proprement occulte. À 20 ans, il aurait été chauffeur de locomotive à Tbilissi avant de s’aventurer notamment au Caire où il se trouve un riche protecteur et à Jérusalem en 1893 afin de collecter des connaissances initiatiques.

► Il revient à dans sa ville natale en 1897 où il intègre un groupe qui mène des expéditions, la première l’amène à la recherche de l’Agartha dans le désert de Gobi et la seconde en 1900, Inde où il dit avoir découvert un monastère transmettant l’enseignement du Maître de Justice des esséniens basé sur le pythagorisme et qui lui aurait donné l’essentiel de son enseignement basé sur la danse et l’ennéagramme. Entre les deux expéditions, il s’oriente vers le soufisme et intègre les mevlevi en Turquie. Il parcourt ensuite les monastères de l’Inde, du Tibet et de la Mongolie afin d’accumuler des connaissances sur le psychisme et tout particulièrement, ce qu’il nomme mekheness(1) et dont l’hypnose, dit-il, constitue en occident, une partie.

↪ De 1910 à 1913, il devient entrepreneur, exerce divers métiers dont celui de guérisseur afin de vérifier ses théories, et acquière rapidement une somme confortable. C’est à ce moment que l’histoire fait jonction avec ses propres affirmations. On sait qu’il résidait à Moscou en 1912, en tant que vendeur de tapis orientaux.

► Il commence à diffuser son enseignement inconnu en 1913 et ambitionne d’ouvrir un institut de parapsychologie. En 1914 il commence a donner des conférences et rencontre Ouspensky en 1915 et De Hartmann l’année suivante. Bousculé par le conflit germano-soviétique de la Grande Guerre en 1916 puis par la Révolution russe, il déménage suivi de ses disciples cherchant un pays propice au développement de son organisation. D’abord dans le Caucase (Iessentouki puis Tbilissi), à Constantinople ou encore en Allemagne dès 1921, avant de s’établir en France en 1922 et jusqu’à la fin de sa vie.

↳ Il y fait l’acquisition du prieuré d’Avon où il reconstitue son institut, qu’il organise comme un monastère, ses premiers élèves sont essentiellement russes. En 1922 la romancière Katherine Mansfield, gravement malade, y finit ses jours. En 1923 il donne des représentations de danse en France, puis en 1924 aux États-Unis, qui sont un réel succès. Il achète un appartement à Paris la même année mais mis en convalescence par un accident de voiture, il prend le temps de faire dicter son œuvre écrite.

► Les dernières années de sa vie sont partagées entre son institut, son appartement parisien et des voyages aux États-Unis et en Allemagne. Les témoignages de cette époque rapportent que Gurdjieff vit comme un débauché et se comporte de façon exécrable avec son entourage, buvant et mangeant de façon déraisonnable, jurant, insultant et menaçant. En 1933 il dissout l’institut, affirmant qu’il n’est entouré que de faibles et part aux États-unis ou ça et là, il fonde quelques groupes et s’occupe de l’édition de ses ouvrages.

■ On raconte qu’il aurait rencontré Staline lorsqu’il était séminariste à Tiflis et Hitler durant l’occupation. Lui-même affirma par ailleurs, qu’il fut précepteur d’un Dalaï-lama lors de ses séjours au Tibet. Les faits ne sont pas avérés, mais peut-être Gurdjieff s’était-il mêlé de politique.

II. Pensée

◆ Il professait un syncrétisme entre gnosticisme, soufisme et théosophie qu’il appelait originellement la voie de l’Homme rusé, la quatrième voie en référence au fait qu’il travaillait simultanément sur le corps par l’ascétique, l’âme par la mystique et l’artistique et l’esprit par l’intellectualité. Dans sa critique pessimiste du genre Humain, il affirmait que l’Homme commun "n’est pas", qu’il n’est qu’une machine, de surcroît mal entretenue, et n’agit qu’en fonction de réflexes ayant rapports aux stimuli d’ordre organico-psychologiques qui génèrent une multitude de moi.

↪ Pour Gurdjieff, se rattacher à l’opinion d’autrui ou à sa propre conviction est un piège, pourtant, seule la volonté individuelle peut apporter le salut. Il incitait à l’autonomie et excitait une farouche volonté de transcendance chez ces adeptes, pour le meilleur ou pour le pire. Pour se connaître lui-même, devenir réellement, l’étudiant doit opérer un travail sur lui-même, une auto-analyse, afin de pouvoir percevoir le monde et lui-même, de façon honnête. Il est alors capable de découvrir le moi réel et permanent derrière celui qui inconsistant, détenait le contrôle de la conscience jusque là.

III. Influence

◆ Sa personnalité originale et énigmatique, iconoclaste, provocante et insolente parfois, à choqué tout autant que séduit les milieux intellectuels et artistiques parisiens. Il a co-écrit avec Thomas de Hartmann des musiques - d’inspiration pythagoriciennes - qu’il utilisait durant ses exercices de méditation dynamique où la posturologie mystique et le prāṇāyāma étaient fondamentaux. L’Ennéagramme, qu’il aurait appris auprès de soufis naqshbandiyya, reste l’axe de son enseignement le plus populaire. À sa mort, c’est son élève Jeanne de Salzmann qui succéda à Gurdjieff dans la direction de son école.

IV. Documents pertinents

Pour un éclairage sur sa pensée, on consultera Ouspenski (Fragments d’un enseignement inconnu, 1947), Pauwels (Monsieur Gurdjieff, 1954) et Tereshchenko (Gurdjieff et la quatrième voie, 1991) qui apportent certains éléments sur son groupe, sinon sur le personnage.

Œuvres choisies

  • Gurdjieff parle à ses élèves, 1914 (Olga de Hartmann reprenant des propos de Gurdjieff) 🔖 L’Homme est un être multiple.
  • Récits de Belzébuth à son petit-fils, 1950 (Du tout et de tout 1).
  • Rencontres avec des hommes remarquables, 1960 (Du tout et de tout 2).

Citations

Ces deux états de conscience, sommeil et état de veille, sont aussi subjectifs l’un que l’autre. Ce n’est qu’en commençant à se rappeler lui-même que l’homme peut réellement s’éveiller.
Fragments d’un enseignement inconnu (Ouspensky citant Gurdjieff)
[…] La vérité et le mensonge n’ont de valeur que par rapport à nous-mêmes, si nous pouvons les contrôler. Tels que nous sommes, nous ne pouvons pas être « moraux », parce que nous sommes mécaniques. La morale est relative - subjective, contradictoire et mécanique. Il en va pour elle comme pour nous. L’homme physique, l’homme émotionnel, l’homme intellectuel, chacun détient un ensemble de principes moraux correspondant à sa nature. La machine, en chaque homme, est divisée en trois parties fondamentales, trois centres. Observez-vous à n’importe quel moment, et demandez- vous : « D’où vient le " moi " qui travaille en ce moment ? Appartient-il au centre intellectuel, au centre émotionnel, ou au centre moteur ? » Vous découvrirez qu’il est probablement très différent de ce que vous imaginiez, mais qu’il appartient bien à l’un des trois.
Gurdjieff parle à ses élèves
Vous êtes tout à fait mécanique, vous ne pouvez rien faire, vous êtes halluciné. Quand vous regardez avec un centre, vous êtes totalement en proie à l’hallucination ; avec deux centres, vous êtes déjà à moitié libre ; mais si vous regardez avec trois centres, vous ne pouvez plus du tout être en proie à l’hallucination. Vous devez commencer par amasser du matériel. Vous ne pouvez pas avoir de pain sans cuisson ; la connaissance est l’eau, le corps est la farine et l’émotion - souffrir, c’est le feu.
Gurdjieff parle à ses élèves


1. I.e. "action d’ôter la responsabilité".