Personnalités collectives (XIV)
Floruit (pays actuels) :
⟴Jean d’Eschenden🔗 pertinents
Astrologue 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume d’Angleterre | XIV
► Savant du Merton College d’Oxford. Influencé par Albumasar il est particulièrement attentif aux conjonctions et aux évènements funestes qui en ressortent. Connu pour sa Summa astrologiae legalis (1489).
⟴Laz (de) Johann
Alchimiste 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Saint-Empire romain germanique (Royaume de Bohême) | XIV – XV
► Élève proclamé d’Anthony de Florence, en contact avec la "sulfureuse" Barbe de Cilley, également versée en alchimie፧. Une notice nous a été laissée par Petreius dans son De Alchemia (1541). De Laz est connu pour le Traité d’or sur la Pierre des Philosophes (1611).
⟴Brigitte (de Suède)🔗 pertinents
Mystique, Politique (Aristocrate) 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 n. Royaume de Suède, fl. États pontificaux | 1302 – 1373
Sainte de l’Église catholique romaine (1391, 23 Juillet)
Œuvre
Nom : Sainte Brigitte de Suède recevant la Règle de son Ordre
Auteur : Agostino di Duccio
Date : 1481-1502
Type : Sculpture sur marbre
Source : Musée d’Art Métropolitain
I. Histoire et œuvres
► Originaire d’une famille aristocratique proche de la cour royale de Suède, Brigitte contracte d’abord un mariage à 13 ans et devient mère de huit enfants. Elle s’initie à l’étude biblique, fonde un hôpital et adopte la règle des tertiaires franciscains. Mais son époux tombe malade et décède au monastère cistercien d’Alvastra en 1344 après leur retour de Compostelle. Elle décide alors de distribuer ses biens aux pauvres et de se retirer dans ce même monastère (sans toutefois devenir moniale) où elle s’élève aux expériences mystiques dont elle témoigne, nous dit-on, les prémisses dès ses dix ans(1). Elle se fixe ensuite à Rome en 1349 où elle reçoit l’approbation papale pour la fondation de son Ordre du Très Saint-Sauveur, ordre augustinien établi sur le modèle de Fontevraud, en monastère double. L’une de ses filles, Catherine de Suède, destinée à lui succéder à la tête de l’Ordre du Très Saint-Sauveur en tant qu’abbesse du Couvent de Vadstena, la rejoint un an plus tard et demeure avec elle.
◆ Elle rédige ses huit livres de Révélations entre 1350 et 1360 (publ. 1379) et qui font sa célébrité. Dans cette œuvre composée d’environ 700 révélations, elle mêle des visions dévotionnelles envers les passions christiques et virginales et des adjurations destinées à presser des réformes dans l’Église. On lui attribue également le recueil des Oraisons de la Passion qui, selon la légende, lui furent dictées en 1350 par le Christ animant le crucifix d’une chapelle de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome : J’ai reçu en mon corps 5480 coups. Si vous voulez les honorer par quelque vénération, vous direz 15 "Notre Père" et 15 "Je vous salue Marie" avec les oraisons suivantes : …
(2).
☩ 𝕍 1⬝ Vie de Sainte Brigitte de Suède écrite d’après les documents authentiques (1879) et 2⬝ Sainte Brigitte de Suède : sa vie, ses révélations et son œuvre (1892).
II. Influence
➽ Brigitte, déjà de son vivant, était en effet renommée pour ses prophéties et ses révélations mystiques, elle est la personnalité suédoise bénéficiant de la plus grande notoriété durant le moyen-âge et est, d’une façon générale, une figure majeure de la spiritualité occidentale du XIV. Femme à la personnalité tranchante, elle est parfois brutale dans la formulation de ses critiques, notamment envers les représentants politiques et ecclésiastiques : elle prêchait non seulement pour la réforme de l’Église mais aussi pour le retour du Pape à Rome qui était alors en Avignon. Canonisée en 1391, elle est proclamée co-patronne de l’Europe en 1999 avec Catherine de Sienne et Edith Stein.
1.⟴ Elle voit le Christ lui adresser : Regarde, ma fille, comme j’ai été traité. […] Ce sont ceux qui me méprisent et sont insensibles à mon amour pour eux
.
2.⟴ L’ouvrage est sans doute issu du milieu brigittin.
⟴Rolle Richard🔗 pertinents
Mystique 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume d’Angleterre | ≈ 1307 – 1349
Œuvre
Nom : Richard Rolle, le Christ au cœur, entend les anges alors qu'il lit un livre
Auteur : Culture anglaise
Date : 1425-1450
Type : Enluminure
Source : in Cotton MS Faustina B. VI bs. Bibliothèque Britannique
► Fils de paysans, il fait des études à Oxford(1) et ? à Paris en 1320-1326, puis à 19 ans, vraisemblablement déçu de l’enseignement scolastique et sans diplômes, il fait le choix de devenir ermite à Pickering plutôt que de rejoindre un ordre monastique. Il se fixe finalement à Hampole (Yorkshire du Sud) où il fréquente une abbaye de cistercienne établie non loin de son ermitage où il fait vraisemblablement office de conseiller spirituel.
◆ Ses écrits contemplatifs et ascétiques, influencés par le Speculum ecclesiae d’Edmond Rich d’Abingdon, furent fort populaires dans l’Angleterre du XIV – d.XV. Stt. connu pour son Mellos Amoris {Chant d’amour}, poème en prose où il est question du progrès spirituel et de la prière contemplative et son Incendium Amoris {Feu de l’amour} où il rend compte de ses expériences mystiques personnelles.
1.⟴ Grâce à Thomas Neville, futur archidiacre de Durham.
⟴Thomas de Pisan
Astrologue 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume d’Italie | 1310 – 1387
► Professeur d’astrologie፧ à Bologne de de 1344 à 1356. Astrologue renommé, compétent en médecine et en droit, il est courtisé par les puissants d’Europe et choisi de s’installer en France, auprès de Charles V qui en fit un proche conseiller. Cependant, la mort du souverain ne lui permit pas de maintenir sa position à la cour.
⟴Nyphon Kausokalybites🔗 pertinents
Mystique 🞄 Christianisme (Orthodoxe) Despotat d’Épire | 1316 – 1411
Saint de l’Église orthodoxe
► Saint et ermite palamite hésychaste au Mont Athos dont il est le protos en 1345. Disciple de Maximos Kausokalybites dont il a rédigé une biographie.
☩ 𝕍 La vie de Saint Niphon, hermite au Mont Athos in Analecta Bollandiana (N°58 pp. 5-27), François Halkin, 1940.
⟴Charles IV (Empereur du Saint-Empire)🔗 pertinents
Politique (Empereur) 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Saint-Empire romain germanique (Royaume de Bohême) | 1316 – 1378
► Soutient les faiseurs d’or, mais ne parait pas aller plus avant. Certains auteurs le créditent d’une volonté hermétisante dans certaines constructions qu’il a ordonné à Prague.
⟴Eiximenis Francesc🔗 pertinents
Théologien 🞄 Christianisme (Catholicisme:Franciscain) 🞄 n. Principauté de Catalogne, fl. Royaume de Valence | ≈ 1330 – ≈ 1409
► Scolaste encyclopédiste principalement actif dans la partie hispanique de la Couronne d’Aragon, comparable à Lulle et connu pour deux ouvrages écrits en catalan : son livre d’heures, le Scala Dei {Escalier de Dieu} (1399) et stt. son Llibre dels àngels (ou en fra. ) {Livre des Anges} (1392) où se mêlent angéologie et politique. Connu aussi pour sa tentative de rédaction d’une encyclopédie Lo Crestià {Le Chrétien} dont seuls quatre volumes sur les treize initialement prévus ont été rédigés.
⟴Langland William🔗 pertinents
Poète 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume d’Angleterre | ≈ 1332 – ≈ 1386
► Auteur supposé du poème allégorique narratif Pierre le laboureur. Du reste, on ne sait presque rien de lui sinon quelques indices autobiographiques qu’il a pu glisser dans son œuvre.
⟴Sacchetti Giannozzo🔗 pertinents
Poète 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 République de Florence | 1340 – 1379
► Faisait partie du cercle des adeptes de sainte Catherine de Sienne comme Neri Pagliaresi ou Jacopo Del Pecora. Sa poésie est marquée par le mysticisme d’une part et l’humanisme naissant d’autre part. Surtout connu pour son Le rime edite e inedite accessible seulement aux italophones.
⟴Hilton Walter🔗 pertinents
Mystique 🞄 Christianisme (Catholicisme:Augustinien) 🞄 Royaume d’Angleterre | ≈ 1340 – 1396
► Étudiant d’abord à l’Université de Cambridge, il devient ermite avant de finalement rejoindre les augustins au prieuré de Thurgarton, où il demeure jusqu’à sa mort. Auteur important pour la mystique populaire de l’Angleterre du XV – d.XVI. Stt. connu pour son Échelle de perfection (1494), manuel via contemplativa écrit dans un style accessible et sobre, plein de dévotion et dont contenu se révèle être pour l’essentiel, un abrégé méthodique de la doctrine de Richard de Saint-Victor. Canonisé par l’Église d’Angleterre.
⟴Ailly (d’) Pierre🔗 pertinents
Théologien, Astrologue 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume de France | 1351 – 1420
Œuvre
Nom : Portrait de Pierre d’Ailly.
Auteur : Guillaume Chaudière
Date : 1584
Type : Estampe
Source : in Les Vrais pourtraits et vies des hommes illustres (André Thevet) bs. Bibliothèque publique de Boston
I. Histoire
► Étudiant au Collège de Navarre dès 1372, docteur en théologie à l’Université de Paris en 1381 où il donne des cours de philosophie(1), il devient justement recteur du Collège de Navarre (1384-1389) et chancelier de l’Université de Paris (1389-1395) alors qu’il est déjà, l’année de sa nomination, désigné confesseur de Charles VI. Évêque du Puy (1395-1396), de Noyon (1396) puis de Cambrai (1397), cardinal en 1411 sont les parties les plus notables du nombre important de charges qu’il parvient à cumuler au cours de sa carrière.
► "L’Aigle de France", particulièrement touché par les évènements du Grand Schisme d’Occident qu’il conçoit comme un signe de la venue prochaine de l’antéchrist, encourage, dès 1381, la convocation d’un concile. Il prend une part importante au Concile de Pise (1409) puis au Concile de Constance (1414-1418) où, contre la dogmatique de l’Église, il soutint la thèse de son Super reformationem Ecclesiae (1416), à savoir que le pouvoir des évêques provient du Christ et non du Pape, qui, contrairement à l’Église universelle n’est pas infaillible. Dès lors, l’autorité des conciles sont supérieurs à ceux du pontife, idée qui influencera Luther et le gallicanisme. Maître et ami de Jean de Gerson qui lui succédera en tant que chancelier de l’Université de Paris, il a également formé Nicolas de Clamanges.
II. Œuvres
◆ D’ailly est aussi le producteur d’une large œuvre écrite (environ 150 travaux) d’intention vulgarisatrice et systématisante(2), dont nous retiendrons ses commentaires ainsi que ses traités ascétiques et spirituels à tendance mystique(3). Il commente en effet le du De Anima d’Aristote, de la Consolation de Boèce, ou encore celui du De Sphaera mundi de Joannes de Sacrobosco. Il est aussi un astrologue(4), auteur de prédictions de nature eschatologiques. D’autre part, dans son Concordantia astronomiae cum theologia (1414) il appréhende l’astrologie፧ comme une théologie naturelle dont l’objet est de permettre l’herméneutique des prophéties et de la Bible. Ainsi, utilisant la technique des grandes conjonctions dans son Concordantia astronomie cum hystorica narratione (1414), il prédit la venue de l’antéchrist pour 1798 et estime que la naissance des grandes religions dépend de ces conjonctions remarquables.
➽ Ses travaux sur les conjonctions influenceront Regiomontanus.
☩ 𝕍 1⬝ Pierre d’Ailly : un esprit universel ? in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (A°161, N°1 pp. 343-356), Jean-Patrice Boudet, 2017 puis 2⬝ Astrologie et religion au Moyen Âge, Denis Labouré, 2019(5).
◆ Notez que, dans son Imago Mundi (1410), demeuré célèbre pour avoir influencé Christophe Colomb(6), Ailly eu l’intuition de la rotation de la terre autour de son axe cent ans avant Copernic. Dans cet ouvrage inspiré de Ptolémée, il traite d’histoire-géographie, d’astronomie-astrologie et des concordances existantes entre ces domaines et la théologie, sujet qui le tient occupé dans plusieurs traités et dont, en dernière analyse, on trouve la trace dans sa production spirituelle et son argumentation. D’ailleurs, devançant en cela Gaurico, Ficin et Cardan, d’Ailly est le premier chrétien à publier un horoscope du Christ — Albumasar avait naturellement eu moins de scrupules.
1.⟴ C’est un adepte du nominalisme occamiste.
2.⟴ C’est un défenseur de la devotio moderna.
3.⟴ Le jardin amoureux de l’âme dévote, 1401, est-ce plutôt Gerson ?
4.⟴ Influencé par Oresme et Roger Bacon.
5.⟴ Si possible, 𝕍 directement son mémoire de master de théologie à l’Université de Lorraine : Éléments pour lire la Concordantia astronomie cum hystorica narratione du cardinal Pierre d’Ailly.
6.⟴ Il y expose l’idée qu’on puisse atteindre les Indes par l’ouest.
⟴Tsongkhapa [Losang Drakpa]🔗 pertinents ❙
Ecclésiastique (Moine), Philosophe 🞄 Bouddhisme (Vajrayāna:Sakyapa,Gelugpa) 🞄 n. Dynastie Yuan, fl. Dynastie Phagmodrupa | ≈ 1357 – ≈ 1419
Je Rinpoché
I. Histoire
► Fils d’un haut fonctionnaire du gouvernement mongol et d’une mère tibétaine, il est né dans l’Amdo (nord-est du Tibet)(1). Il est animé d’un caractère fort, d’une intelligence précoce et d’un naturel compatissant ce qui amène ses parents à le faire entrer rapidement en religion : dès trois ans il devient upāsaka, Rölpai Dordjé (IVème karmapa) lui faisant en effet prononcer le serment des laïcs au Monastère de Shadzong Ritro. Il est ordonné novice dès ses sept ans et reçoit les initiations dans les tantra de Cakrasaṃvara, Hevajra et Vajrapāṇi. En 1373, il part étudier dans les grandes écoles monastiques du Tibet occidental(2), où il étudie les œuvres de Nāgārjuna, Āryadeva et Atīśa et acquière les connaissances nécessaires aux subtilités de la scolastique. Tsongkhapa grandit à l’époque de l’émergence de la Dynastie Phagmodrupa, période non seulement d’unification et de stabilité pour le Tibet mais aussi favorable aux développements religieux; la compilation finale du Kangyur arrive notamment juste avant cette période.
↪ En 1381, Tsongkhapa est ordonné gelongma dans la tradition sakya et, maîtrisant les sutras, il se focalise sur les enseignements tantriques, alternant les périodes d’études, d’examens et de retraites. Il rencontre d’autres moines, notamment des écoles sakyapa et kadampa, de qui il apprend et reçoit des initiations, comme Umapa (Pawo Dorjé), kagyu mystique spécialiste des pratiques de Mañjuśrī(3) ou le sakya Rendawa Zhonnu Lodro qui, lui enseignant le lamdré, sera son principal directeur spirituel. Il atteint finalement la maîtrise tant dans la tawa {contemplation}, la gompa {méditation} que la chöpa {action}. La réputation de Tsongkhapa grandit rapidement, il s’entoure de disciples et de mécènes et est invité à la cour de Chine par l’empereur Ming en 1408(4). La même année, il fonde la tradition du Mönlam Tchenmo {Grand festival des prières de souhaits} à Lhassa, qui deviendra l’une des fêtes les plus observées et qui sera pratiquée jusqu’à l’annexion du Tibet par la Chine (1959) et la révolution culturelle (1966). L’année suivante, il fonde le Monastère de Ganden, non loin de Lhassa qui devra devenir le monastère principal de l’école gelug(5), il s’y installe en 1410. En 1413 il tombe malade mais parvient à se soigner avec des exercices de འཕྲུལ་འཁོར (trul khor) mais en 1419, une nouvelle maladie l’invalide, il continue d’enseigner mais meurt peu après.
► Membre de l’école sakya, Tsongkhapa développe cependant sa propre approche du bouddhisme et devient le lama fondateur de l’école réformée gelugpa {voie vertueuse}, plus récente des quatre écoles majeures du vajrayāna(6). Afin de restaurer les pratiques monacales, Tsongkhapa met l’accent sur la ཚུལ་ཁྲིམས (tshul khrims) {conduite éthique} et insiste sur une vinaya {discipline monastique} stricte faite de renoncement, il impose notamment le célibat(7). Il impose encore le port de kesas jaunes, donnant ainsi à son école son surnom de "bonnets jaunes"(8). Les disciples gelug se considèrent rapidement comme les continuateurs du courant kadampa d’Atīśa. Le successeur de Tsongkhapa est Gyaltsab Dharma Rinchen à qui il remet son bonnet jaune et qui devient le second Ganden tripa. D’ailleurs, deux autres de ses principaux disciples, Khedrup Gelek Pelzang et Gendun Drub deviendront par la suite et respectivement le 1er dalaï-lama et le 1er panchen-lama. Chez les gelug, Tsongkhapa est considéré comme une émanation de Mañjuśrī et un second Bouddha, en conséquence, on trouve plusieurs hagiographies à son sujet.
II. Pensée
◆ Tsongkhapa est l’un des plus importants érudit, herméneute, et praticien du vajrayāna. Auteur prolifique ayant écrit plus de 300 ouvrages, son influence sur la tradition tibétaine est considérable et un culte, tant religieux que populaire s’est organisé autour de lui. Connu pour son mahayanique ལམ་རིམ་ཆེན་མོ (Lamrim chenmo), {Grand explication du chemin de l’illumination} (1402), considéré comme la version la plus élaboré des lamrim(9), ainsi que son tantrique Ngarim chenmo {Grande explication du mantra secret}; ces ouvrages érudits et synthétiques qui furent lus par des générations de moines. Il rédige encore un དྲང་ངེས་ལེགས་བཤད (Drang nges legs bshad) {Essence de l’éloquence} où il commente la littérature prajñāpāramitā, use naturellement du Mūlamadhyamakakārikā de Nāgārjuna et analyse en détail le concept de śūnyatā {vacuité}. Concernant les pratiques méditatives, son enseignement correspond à celui de la littérature prajñāpāramitā et à l’Abhidhamma.
↪ D’un point de vue théorique, Tsongkhapa est un dialecticien, il cherche d’abord à refonder la pratique sur l’apprentissage et l’analyse philosophique des grands textes du bouddhisme indien(10) et ensuite, au travers d’une approche holistique des enseignements bouddhiques, à élaborer des synthèses de différentes oppositions qu’il percevait dans le vajrayāna. Par le truchement de la bodhicitta et de la vie morale servant de médiateur, il souhaite, d’une part, rapprocher la tradition de l’érudition en général et la gnose de la vacuité obtenue par la contemplation en particulier, avec d’autre part la praxis de la méditation, notamment tantrique. Il estimait en effet que ses contemporains étaient soit des pratiquants peu attachés à l’étude et dont la pratique ascétique, par trop exclusive, pouvait mener au quiétisme et à la désagrégation éthique, soit des théoriciens sans savoir faire pratique aboutissant, à force de gloses oiseuses, à des vues imprécises et en conséquence à des impasses sotériologiques. À l’aide de sophistications scolastiques élaborées(11), il tente d’harmoniser mādhyamaka et chittamatra dont il affirme que les contradictions sont uniquement apparentes. Il commente la doctrine mādhyamaka des dvasatya (deux vérités) qu’il estime profondément unes(12), insiste sur la distinction à opérer entre svātantrika et prāsaṅgika, affirme radicalement la vacuité de la vacuité, et redéfini finalement le rapport entre le bouddhiste et le monde transitoire qui, bien qu’illusoire, ne doit cependant pas conduire à une position nihiliste ou sceptique. Il considère ainsi que la distinction entre la réalité conventionnelle et la réalité ultime n’est elle-même que de nature nominale et même, que l’absence de nature essentielle n’est également qu’une convention. La démarche de Tsongkhapa est fortement influencé par la pramāṇa(13), bouddhique de Dignāga et Dharmakīrti. Son influence permet à la prāsaṅgika de devenir un point de vue important(14) dans le vajrayāna.
☩ 𝕍 Tsongkhapa’s qualms about early tibetan interpretations of madhyamaka philosophy in The Tibet Journal (V°24, N°2 pp. 3-28), Thupten Jinpa, 1999.
1.⟴ Tsongkhapa signifie litt. "l’homme de la Vallée de l’Oignon", région de l’Amdo où il est né.
2.⟴ Comme au Monastère de Drigung Til en 1373 où il est l’élève de Chökyi Gyalpo et reçoit les enseignements relatifs au Mahāmudrā et aux Six yogas de Nāropa.
3.⟴ La tradition explique que Mañjuśrī se manifestait fréquemment en vision à Tsongkhapa et qu’il le considéra comme son maître spirituel, de même il eut des visions de Maitreya et Amitābha.
4.⟴ Il décline cependant l’invitation et y envoie l’un de ses disciples, préférant se focaliser sur sa nation.
5.⟴ Deux de ses étudiants, Tashi Palden et Shakya Yeshey devront également fonder le Monastère de Drepung en 1416 et le Monastère de Séra (1419) qui seront les deux autres grandes universités monastiques gelugpa du Tibet.
6.⟴ La secte devenant très influence en Mongolie, ces derniers favorisèrent l’accession de cette école à la souveraineté du Tibet à la f.XVI, offrant par la même occasion le titre de "dalaï lama". C’est aujourd’hui l’école majoritaire dans le vajrayāna.
7.⟴ La tradition tardive affirme même qu’il refusa de prendre une consort pour donner l’exemple.
8.⟴ Afin de les distinguer des "bonnets rouges" de l’école nyingma et des autres sectes en général.
9.⟴ Qui sont tous, en dernière analyse, des extensions de la Bodhipathapradīpa {Lampe pour la voie de illuminative} d’Atisha.
10.⟴ Pour lui, les instructions essentielles de la pratique bouddhique résident dans les textes historiques qui font autorité et non dans la མན་ངག (man ngag) {transmission ésotérique}.
11.⟴ Ses interprétations du mādhyamaka seront rapidement critiquées par l’érudit sakya Gorampa.
12.⟴ Il souhaite éviter les excès d’une vue trop nihiliste ou, à l’inverse, trop essentialiste.
13.⟴ Tradition logico-épistémologique.
14.⟴ L’intégration de la prāsaṅgika de Candrakīrti à l’épistémologie bouddhiste de Dharmakīrti était un point important pour lui, considérant que l’interprétation des conséquentialistes est l’interprétation philosophique la plus profonde. À ces points de vues, il combine ensuite la métaphysique de Nāgārjuna.
⟴Charles VI (Roi de France)🔗 pertinents
Politique (Roi) 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume de France | ≈ 1368 – 1422
► Roi de France de 1380 à 1422. Se voit attribuer un traité d’alchimie፧ : L’Oeuvre Royale (1629) que l’on trouve dans un recueil contenant le Traité du Soufre du Cosmopolite (Sendivogius) en tête. On lui octroie aussi le fait d’avoir été le commanditaire du Tarot de Charles VI (BNF RESERVE KH-24-BOITE ECU ). Pour un rapprochement avéré entre Charles VI et l’alchimie, on se penchera plutôt sur le Songe du vieil pèlerin (Ms-2682-2683 , 1389) de Philippe de Mézières, miroir du prince hermétisant qui était destiné au jeune souverain.
⟴Sedacer Guillaume🔗 pertinents
Ecclésiastique (Moine), Alchimiste 🞄 Christianisme (Catholicisme:Carme) 🞄 Couronne d’Aragon | ≈ 1370 – 1382
► Moine carme catalan, alchimiste-chimiste et copiste de traités médicaux. Il tient notablement le verre en très haute estime et, avec Christophe de Paris, il fait parti des pionniers de la fabrication du verre transparent. Pour lui, cette matière est supérieure à l’or et est le signe et l’exemple, le principe comme la démonstration du grand-œuvre. Protégé de Jean Ier d’Aragon vers la fin de sa vie, dont l’estime pour l’alchimie፧ est connue.
◆ Auteur d’un Liber alterquinus, livre de recette crypté et non spéculatif dans la veine du corpus lullien et de Rhazès et d’un bien plus populaire Sedacina (1378), plus profond et organisé mais incomplet (le L°2 s’arrête brusquement) et légèrement codé.
☩ 𝕍 Le Verre dans la Sedacina totius artis alchimie in Alchimie, art, histoire et mythes (Actes du 1er colloque international de la Société d’Étude de l’Histoire de l’Alchimie), Pascale Barthelemy, 1995.
⟴Kempe Margery🔗 pertinents
Mystique 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Royaume d’Angleterre | ≈ 1373 – 1438
► Bourgeoise du Norfolk, laïque mais particulièrement pieuse et sujette à des expériences mystiques extatiques. Influencée par Rolle(1) et Brigitte de Suède, elle est l’auteur du premier ouvrage autobiographique (? mêlé d’hagiographie) rédigé en anglais(2) et dont le ms. fut redécouvert en 1934(3). Outre son intérêt pour la mystique, l’ouvrage est important du point de vu historique en livrant un témoignage de première main sur la vie religieuse d’une bourgeoise anglaise laïque du f.XIV – d.XV.
◆ Le Livre de Margery Kempe (Add MS 61823 ) contient le récit de ses pèlerinages, ses embûches tant temporelles que spirituelles et ses expériences visionnaires où elle entre en interaction avec des figures et évènements bibliques. En effet, tout débute en 1395 après la naissance de son fils aîné, évènement qui la plonge dans une crise spirituelle. En 1403, lors d’une prière, "la créature"(4) se voit intimée par une vision de Jésus : Renonce aussi, fille bien-aimée, à ce que tu aimes le plus au monde : manger de la viande. Au lieu de cette chair, tu te nourriras de Ma chair et de Mon sang, qui est le Corps réel du Christ dans le Sacrement de l’autel. Telle est Ma volonté, fille
. En 1411, elle reçoit la directive d’effectuer des pèlerinages et entreprend une vie conjugale chaste. Elle indique également avoir rencontré la recluse et mystique Julienne de Norwich vers 1413 qui la rassure sur l’authenticité de ses expériences. Son comportement excentrique, estimé comme provocateur, allait contre les usages religieux de son époque(5) et elle fut inquiétée pour hérésie (ntm. suspectée de lollardisme) à plusieurs reprises, sans cependant qu’elle ne fut jamais condamnée.
2.⟴ Vraisemblablement illettrée, elle en a en fait dicté le contenu à des clercs dans les années 1430.
3.⟴ L’ouvrage n’étant connu que par extraits jusque ici.
4.⟴ Comme elle se désigne elle-même dans son ouvrage, à la troisième personne.
5.⟴ Elle s’épanchait régulièrement et publiquement en larmes, cris et contorsions, s’habillait en blanc, allait prêcher…
⟴Barbe (de Cilley)🔗 pertinents
Politique 🞄 Christianisme (Catholicisme) 🞄 Saint-Empire romain germanique (n. Autriche intérieure, fl. Royaume de Hongrie) | ≈ 1392 – 1451
► Deuxième épouse de l’empereur du Saint-Empire Sigismond de Luxembourg avec qui elle fonde l’Ordre du Dragon en 1408. Dans son Via universalis (1440)(1), Von Laaz indique qu’il l’a visitée dans son château croate de Samobor(2) et que ce dernier comportait un laboratoire alchimique dans ses souterrains dans lequel il a assisté à des expérimentations. La chose n’était pas exceptionnelle : son contemporain Jean IV dit "l’Alchimiste", margrave de Brandebourg-Kulmbach, abdiqua en 1457 afin de pouvoir se consacrer à sa passion. Lors de son retrait de la vie politique en 1441, Barbe fut la cible d’une campagne de dénigrement de la part des Habsbourg, la faisant passer pour une sorcière, hérétique et dépravée ce qui lui valut le surnom de "Messaline d’Allemagne" et la réputation, toujours persistante dans le folklore, d’être vampire.
☩ 𝕍 Alkemijski pokusi kraljice Barbare Celjske in Prilozi za istraživanje hrvatske filozofske baštine (N°42/2(84) pp. 271–282), Snježana Paušek-Baždar, 2016.
1.⟴ Rapporté par Valentin in introduction de son Chymischen Schriften de 1740.
Fiches individuelles (XIV)
Flamel Nicolas (≈ 1330 – 1418), Pléthon Gémiste (≈ 1355 – 1452)
Version: 1.5
Maj : 20/12/2024