Personnalités collectives (XIV)
⟴Jean d’Eschenden | Astrologue 🞄 Anglais | XIV  
► Savant du Merton College d’Oxford. Influencé par Albumasar il est particulièrement attentif aux conjonctions et aux évènements funestes qui en ressortent. Connu pour sa Summa astrologiae legalis (1489).
⟴Laz (de) Johann | Alchimiste 🞄 Tchèque | XIV – XV
► Élève proclamé d’Anthony de Florence, en contact avec la sulfureuse Barbara de Cilli, également versée en alchimie፧. Une notice nous a été laissée par Petreius dans son De Alchemia (1541). De Laz est connu pour le Traité d’or sur la Pierre des Philosophes (1611).
⟴Brigitte (de Suède) | Sainte, Mystique 🞄 Catholique 🞄 Suédoise | 1302 – 1373  

► Originaire d’une famille aristocratique proche de la cour royale de Suède, Brigitte contacte d’abord un mariage à 13 ans et devient mère de huit enfants. Elle s’initie à l’étude biblique, fonde un hôpital et adopte la règle des tertiaires franciscains. Mais son époux tombe malade et décède au monastère cistercien d’Alvastra en 1344 après leur retour de Compostelle. Elle décide alors de distribuer ses biens aux pauvres et de se retirer dans ce même monastère (sans toutefois devenir moniale) où elle s’élève aux expériences mystiques dont elle témoigne, nous dit-on, les prémisses dès ses dix ans (Elle voit le Christ lui adresser : Regarde, ma fille, comme j’ai été traité. […] Ce sont ceux qui me méprisent et sont insensibles à mon amour pour eux
). Elle se fixe ensuite à Rome en 1349 où elle reçoit l’approbation papale pour la fondation de son Ordre du Très Saint-Sauveur, ordre augustinien établi sur le modèle de Fontevraud, en monastère double. L’une de ses filles, Catherine de Suède, destinée à lui succéder à la tête de l’Ordre du Très Saint-Sauveur en tant qu’abbesse du Couvent de Vadstena, la rejoint un an plus tard et demeure avec elle. Elle rédige ses huit livres de Révélations
entre 1350 et 1360 (publ. 1379) et qui font sa célébrité. Dans cette œuvre composée d’environ 700 révélations, elle mêle des visions dévotionnelles envers les passions christiques et virginales et des adjurations destinées à presser des réformes dans l’Église.
◆ Brigitte, déjà de son vivant, était en effet renommée pour ses prophéties et ses révélations mystiques, elle est la personnalité suédoise bénéficiant de la plus grande notoriété durant le moyen-âge et est, d’une façon générale, une figure majeure de la spiritualité occidentale du XIV. Femme à la personnalité tranchante, elle est parfois brutale dans la formulation de ses critiques, notamment envers les représentants politiques et ecclésiastiques : elle prêchait non seulement pour la réforme de l’Église mais aussi pour le retour du Pape à Rome qui était alors en Avignon. Canonisée en 1391, elle est proclamée co-patronne de l’Europe en 1999 avec Catherine de Sienne et Edith Stein. On lui attribue également le recueil des Oraisons de la Passion
qui, selon la légende, lui furent dictées en 1350 par le Christ animant le crucifix d’une chapelle de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome :
J’ai reçu en mon corps 5480 coups. Si vous voulez les honorer par quelque vénération, vous direz 15 "Notre Père" et 15 "Je vous salue Marie" avec les oraisons suivantes : …
(l’ouvrage est sans doute issu du milieu brigittin).
◆ 𝕍 Vie de Sainte Brigitte de Suède écrite d’après les documents authentiques
(1879) et Sainte Brigitte de Suède : sa vie, ses révélations et son œuvre
(1892).
⟴Rolle Richard | Mystique 🞄 Catholique 🞄 Anglais | ≈ 1307 – 1349  

► Fils de paysans, il fait des études à Oxford (grâce à Thomas Neville, futur archidiacre de Durham) et ? à Paris en 1320-1326, puis à 19 ans, vraisemblablement déçu de l’enseignement scolastique et sans diplômes, il fait le choix de devenir ermite à Pickering plutôt que de rejoindre un ordre monastique. Il se fixe finalement à Hampole (Yorkshire du Sud) où il fréquente une abbaye de cisterciennes établie non loin de son ermitage où il fait vraisemblablement office de conseiller spirituel. Ses écrits contemplatifs et ascétiques, influencés par le Speculum ecclesiae d’Edmond Rich d’Abingdon, furent fort populaires dans l’Angleterre du XIV – d.XV. Stt. connu pour son Mellos Amoris {Chant d’amour}, poème en prose où il est question du progrès spirituel et de la prière contemplative et son Incendium Amoris {Feu de l’amour} où il rend compte de ses expériences mystiques personnelles.
⟴Thomas de Pisan | Astrologue 🞄 Italien | 1310 – 1387
► Professeur d’astrologie፧ à Bologne de de 1344 à 1356. Astrologue renommé, compétent en médecine et en droit, il est courtisé par les puissants d’Europe et choisi de s’installer en France, auprès de Charles V qui en fit un proche conseiller. Cependant, la mort du souverain ne lui permit pas de maintenir sa position à la cour.
⟴Nyphon Kausokalybites | Mystique 🞄 Albanais | 1316 – 1411
► Saint et ermite palamite hésychaste au Mont Athos dont il est le protos en 1345. Disciple de Maximos Kausokalybites dont il a rédigé une biographie. 𝕍 La vie de Saint Niphon, hermite au Mont Athos in Analecta Bollandiana (N°58 pp. 5-27), François Halkin, 1940.
⟴Charles IV (Empereur du Saint-Empire) | Empereur 🞄 Allemand | 1316 – 1378  
► Soutient les faiseurs d’or, mais ne parait pas aller plus avant. Certains auteurs le créditent d’une volonté hermétisante dans certaines constructions qu’il a ordonné à Prague.
⟴Eiximenis Francesc | Théologien 🞄 Espagnol | ≈ 1330 – ≈ 1409  

► Scolaste encyclopédiste comparable à Lulle et connu pour deux ouvrages écrits en catalan : son livre d’heures, le Scala Dei
{Escalier de Dieu} (1399) et stt. son Llibre dels àngels
(ou en fra.
) {Livre des Anges} (1392) où se mêlent angéologie et politique. Connu aussi pour sa tentative de rédaction d’une encyclopédie Lo Crestià {Le Chrétien} dont seuls quatre volumes sur les treize initialement prévus ont été rédigés.
⟴Langland William | Poète 🞄 Anglais | ≈ 1332 – ≈ 1386  

► Auteur supposé du poème allégorique narratif Pierre le laboureur. Du reste, on ne sait presque rien de lui sinon quelques indices autobiographiques qu’il aurait pu glisser dans son œuvre.
⟴Sacchetti Giannozzo | Poète 🞄 Italien | 1340 – 1379  
► Faisait partie du cercle des adeptes de sainte Catherine de Sienne comme Neri Pagliaresi ou Jacopo Del Pecora. Sa poésie est marquée par le mysticisme d’une part et l’humanisme naissant d’autre part. Surtout connu pour son Le rime edite e inedite accessible seulement aux italophones.
⟴Hilton Walter | Mystique 🞄 Augustinien 🞄 Anglais | ≈ 1340 – 1396  

► Étudiant d’abord à l’Université de Cambridge, il devient ermite avant de finalement rejoindre les augustins au prieuré de Thurgarton, où il demeure jusqu’à sa mort. Auteur important pour la mystique populaire de l’Angleterre du XV – d.XVI. Stt. connu pour son Échelle de perfection (1494), manuel via contemplativa écrit dans un style accessible et sobre, plein de dévotion et dont contenu se révèle être pour l’essentiel, un abrégé méthodique de la doctrine de Richard de Saint-Victor. Canonisé par l’Église d’Angleterre.
⟴Charles VI (Roi de France) | Roi 🞄 Français | ≈ 1368 – 1422  
► Roi de France de 1380 à 1422. Se voit attribuer un traité d’alchimie : L’Oeuvre Royale
(1629) que l’on trouve dans un recueil contenant le Traité du Soufre du Cosmopolite en tête. On lui octroie aussi le fait d’avoir été le commanditaire du Tarot de Charles VI (BNF RESERVE KH-24-BOITE ECU
). Pour un rapprochement avéré entre Charles VI et l’alchimie, on se penchera plutôt sur le Songe du vieil pèlerin (Ms-2682-2683
, 1389) de Philippe de Mézières, miroir du prince hermétisant qui était destiné au jeune souverain.
⟴Sedacer Guillaume | Moine, Alchimiste 🞄 Français | ≈ 1370 – 1382  
► Moine carmélite catalan, alchimiste-chimiste et copiste de traités médicaux. Il tient notablement le verre en très haute estime et avec Christophe de Paris, il fait parti des pionniers de la fabrication du verre transparent. Pour lui, cette matière est supérieure à l’or et est le signe et l’exemple, le principe comme la démonstration du grand-œuvre. Protégé de Jean Ier d’Aragon vers la fin de sa vie, dont l’estime pour l’alchimie est connue.
◆ Auteur d’un Liber alterquinus, livre de recette crypté et non spéculatif dans la veine du corpus lullien et de Rhazès et d’un bien plus populaire Sedacina (1378), plus profond et organisé mais incomplet (le L°2 s’arrête brusquement) et légèrement codé. 𝕍 Le verre dans la Sedacina totius artis alchimie in Alchimie, art, histoire et mythes (Actes du 1er colloque international de la Société d’Étude de l’Histoire de l’Alchimie), Pascale Barthelemy, 1995.
⟴Kempe Margery | Mystique 🞄 Catholique 🞄 Anglaise | ≈ 1373 – 1438  

► Bourgeoise du Norfolk, laïque mais particulièrement pieuse et sujette à des expériences mystiques extatiques. Influencée par Rolle (et sans doute Hilton) et Brigitte de Suède, elle est l’auteur du premier ouvrage autobiographique (? mêlé d’hagiographie) rédigé en anglais (vraisemblablement illettrée, elle en a en fait dicté le contenu à des clercs dans les années 1430) et dont le ms. fut redécouvert en 1934 (l’ouvrage n’étant connu que par extraits jusque ici). Outre son intérêt pour la mystique, l’ouvrage est important du point de vu historique en livrant un témoignage de première main sur la vie religieuse d’une bourgeoise anglaise laïque du f.XIV – d.XV.
◆ Le Livre de Margery Kempe (Add MS 61823
) contient le récit de ses pèlerinages, ses embûches tant temporelles que spirituelles et ses expériences visionnaires où elle entre en interaction avec des figures et évènements bibliques. En effet, tout débute en 1395 après la naissance de son fils aîné, évènement qui la plonge dans une crise spirituelle. En 1403, lors d’une prière, "la créature" (comme elle se désigne elle-même dans son ouvrage, à la troisième personne) se voit intimée par une vision de Jésus :
Renonce aussi, fille bien-aimée, à ce que tu aimes le plus au monde : manger de la viande. Au lieu de cette chair, tu te nourriras de Ma chair et de Mon sang, qui est le Corps réel du Christ dans le Sacrement de l’autel. Telle est Ma volonté, fille
. En 1411, elle reçoit la directive d’effectuer des pèlerinages et entreprend une vie conjugale chaste. Elle indique également avoir rencontré la recluse et mystique Julienne de Norwich vers 1413 qui la rassure sur l’authenticité de ses expériences. Son comportement excentrique, estimé comme provocateur, allait contre les usages religieux de son époque (elle s’épanchait régulièrement et publiquement en larmes, cris et contorsions, s’habillait en blanc, allait prêcher…) et elle fut inquiétée pour hérésie (ntm. suspectée de lollardisme) à plusieurs reprises, sans cependant qu’elle ne fut jamais condamnée.
⟴Barbe (de Cilley)| Politique 🞄 Slovène (fl. Hongrie) | ≈ 1392 – 1451  
► Deuxième épouse de l’empereur du Saint-Empire Sigismond de Luxembourg avec qui elle fonde l'Ordre du Dragon en 1408. Dans son Via universalis (1440, rapporté par Valentin in introduction de son Chymischen Schriften de 1740 ). Von Laaz indique qu’il l’a visitée dans son château de croate de Samobor (l’endroit possédait plusieurs mines de cuivre) et que ce dernier comportait un laboratoire alchimique dans ses souterrains dans lequel il a assisté à des expérimentations. La chose n’était pas exceptionnelle : son contemporain Jean IV dit "l’Alchimiste", margrave de Brandebourg-Kulmbach, abdiqua en 1457 afin de pouvoir se consacrer à sa passion. Lors de son retrait de la vie politique en 1441, Barbe fut la cible d’une campagne de dénigrement de la part des Habsbourg, la faisant passer pour une sorcière, hérétique et dépravée ce qui lui valut le surnom de "Messaline d’Allemagne" et la réputation, toujours persistante dans le folklore, d’être vampire. 𝕍 Alkemijski pokusi kraljice Barbare Celjske in Prilozi za istraživanje hrvatske filozofske baštine (N°42/2(84) pp. 271–282), Snježana Paušek-Baždar, 2016.