Personnalités collectives (XI)
⟴Din (Al) Ahmad ibn Imad | Alchimiste 🞄 Perse | XI
► Auteur peu connu, ℙ de Nishapur (Iran), qui a produit un Fi sina‘at al-iksir {Sur l’art de l’élixir} dont on ne connaît qu’un ms. bs. Bibliothèque nationale de Médecine (Bethesda, États-Unis d’Amérique).
⟴Khati (Al) Al-Khwarizmi | Alchimiste 🞄 Perse | XI
► Connu pour son Ain al-San’a wa awn-al-sana’a {L’essentiel de l’art et de l’assistance pour les artisans} dont le contenu est proche de la Somme de la perfection. npc. avec Al-Khwârizmî le mathématicien.
⟴Contract Hermann | Moine, Savant 🞄 Catholique 🞄 Allemand | 1013 – 1054  
► Moine bénédictin à l’abbaye de Reichenau et saint catholique. Contract est principalement connu pour sa Chronique et ses œuvres musicales (on lui attribue les antiennes Alma Redemptoris Mater et Salve Regina ainsi que plusieurs séquences). Paralytique depuis son enfance, il est surnommé "le Contrefait".
⟴Zarqālī (Al) Abū Isḥāq [Arzachel] | Astronome, Mathématicien 🞄 Espagnol | 1027 – 1087  
► Astronome arabo-andalou. Producteur en 1087 du plus vieil almanach connu, traduit en latin au XII sous le nom de Tables de Tolède. Les Tables alphonsines du siècle suivant sont basées sur ce travail. Inventeur de la safîha, astrolabe universel.
⟴Bernard de Chartres | Philosophe 🞄 Catholique 🞄 Français | ≈ 1070 – ≈ 1125  

► On sait peu de choses sur sa biographie. Membre de l’École de Chartres depuis › 1115, chancelier de l’Église Notre-Dame de Chartres en 1119. Influencé par Boèce mais surtout attaché au Timée (on lui attribue un Glosae super Platonem) et aux néoplatoniciens, il tente de concilier platonisme et aristotélisme, s’intéresse à la métaphysique et à la cosmologie et enseigne le trivium. Jean de Salisbury l’évoque dans son Policraticus ainsi que dan son Metalogicon (L°3), où il lui attribue notamment la citation : Nous sommes comme des nains sur des épaules de géants. Nous voyons mieux et plus loin qu’eux, non que notre vue soit plus perçante ou notre taille plus élevée, mais parce que nous sommes portés et soulevés par leur stature gigantesque
. Maître de Gilbert de La Porrée, Guillaume de Conches et Richard l’Evêque, ? frère de Thierry de Chartres. Certains chercheurs l’ont confondu avec Bernard Silvestre jusqu’au f.XIX – d.XX. ℙ le même que Bernard de Moelan, évêque de Quimper. 𝕍 Le Platonisme de Bernard de Chartres in Revue Philosophique de Louvain (A°25, N°97 pp. 5-19), Étienne Gilson, 1923.
⟴Hiyya (bar) Abraham [Savasorda] | Astrologue, Philosophe 🞄 Espagnol | 1070 – 1140  
► Influencé par Al-Battani et Al-Farabi, Hiyaa est d’abord traducteur des œuvres astrologiques et mathématiques arabes vers le latin. Il est un précurseur de l’introduction de l’algèbre arabe en occident. Il traduit notablement la Tetrabible avec Tivoli en 1138.
► Hiyaa a en outre produit plusieurs ouvrages principalement sur ces sujets ainsi que sur la théologie hébraïque dans une perspective morale (comme le Hegyon ha-Nefesh ha-Aẓuva {Méditation de l’âme triste}) et dans une optique aristotélicienne et néoplatonicienne. Il produit dans ce cadre, parmi les premiers ouvrages écrits directement en hébreu.
► Bar Hiyaa est vraisemblablement l’un des maîtres de ibn Ezra. Son Ḥibbur ha-Meshiḥah ve-ha-Tishboret {Traité sur la mesure et le calcul} traduit par Tivoli en 1145 sous le nom Liber Embadorum devient un important traité de géométrie dans le monde occidental ; il influence notablement Fibonacci. Ce dernier se sert en effet de cette traduction latine comme point de départ pour son Practica Geometriae.
⟴Adélard de Bath | Naturaliste, Mathématicien, Philosophe 🞄 Bénédictin 🞄 Anglais | ≈ 1080 – ≈ 1152  

► Peu d’informations biographiques sont disponibles. On estime qu’il aurait étudié à Tours et Laon — où il enseigne ensuite — et voyagé en Espagne, en Sicile et surtout à Antioche où il est mis en contact avec la culture arabe. Parait proche de la cour anglo-normande et de l’évêque de Syracuse Guillaume à qui il dédie son De eodem et diverso (≈ 1105, 𝕍 Latin 2389
) et dans lequel il cherche a accorder Platon avec l’aristotélisme. Dans ses Quaestiones Naturales, il fait montre d’un intérêt pour la magie. Scolastique bénédictin et pionnier de la renaissance du XIIe siècle, il est connu pour ses nombreuses traductions de l’arabe au latin : ntm. la Geometrica (Les Éléments d’Euclide dont on n’avait point encore l’original grec et dont on sait le succès considérable), les tables astronomiques d’al-Khwārizmī, le Centiloquium de Ahmad ibn Yusuf, un abrégé du Introductorium magnum ad Astronomiam d’Albumasar ou encore le Liber prestigiorum, traité d’astro-talismanie sabéenne d’Ibn Qurra ajd. perdu ainsi que le Liber planetarum ex scientia Abel (on propose aussi Robert de Chester pour ce dernier). Importateur des arabum studia, il poursuit en cela le mouvement initié par Sylvestre II.
⟴Gilbert de La Porrée | Théologien, Grammairien 🞄 Catholique 🞄 Français | 1076 – 1154  
► Scolastique de la première heure, dirigeant de l’École Saint-Hilaire de Poitiers puis évêque de cette même ville en 1142. Élève de Bernard de Chartres à l’École de Chartres où il étudie bien sûr Platon et Aristote puis d’Anselme à Laon où il se penche sur les Écritures. Il enseigne ensuite la théologie et la grammaire à l’École de Chartres, semble-il avec exigence et sévérité et succède à Bernard de Chartres au poste de chancelier de 1126 à 1140. Demandé à Paris en 1141, il y enseignera également la théologie et aura pour élève Jean de Salisbury.
◆ Son commentaire de Boèce, Opuscula Sacra, contenant une interprétation de la trinité qui ne fut pas du goût des institutions lui valut d’être inquiété quand en 1147 il fut dénoncé par deux archidiacres de son diocèse. Dans un procès présidé par Eugène III, Bernard de Clairvaux s’éleva ainsi contre lui et mis en doute son orthodoxie comme il le fit pour Abélard (Gilbert assista d’ailleurs au Concile de Sens de 1141 au cours duquel Abélard fut censuré). Affaibli par l’échec des croisades et affrontant un Gilbert subtil et cultivé, il ne put néanmoins parvenir à le faire condamner, quoiqu’il fut sommé de réécrire les passages incriminés. Sa notoriété fit que, depuis Albert, on lui attribue le Liber sex principiorum, traité aristotélicien fort étudié et développé durant le moyen-âge (npc. De sex rerum principiis, ouvrage hermétique à teneur cosmologico-astrologique et effectivement issu des sillons la philosophie chartreuse quoique vraisemblablement rédigé en Angleterre par un contemporain anonyme) mais également le Liber de causis proclusien et le Liber XXIV philosophorum.
⟴Guillaume de Conches | Philosophe, Théologien 🞄 Français | ≈ 1080 – ≈ 1154  

► Membre de l’École de Chartres, maître de Bernard de Chartres et professeur de Henri II Plantagenêt et de Jean de Salisbury. C’est un commentateur de la Consolation, du Commentaire au Songe de Scipion, des Institutiones grammaticae, du De nuptiis et surtout du Timée. Il tire de cette œuvre une cosmologie où la nature en tant qu’âme du monde prend une place centrale. Son De philosophia mundi (1120) influencera Jean de Meung, cependant le modalisme dont il fait preuve dans cet ouvrage le pousse à se rétracter dans son Dragmaticon.
⟴Honoré d’Autun | Théologien, Philosophe, Moine 🞄 Chrétien, Bénédictin 🞄 ? Irlandais | ≈ 1080 – ≈ 1154  

► Sa biographie est aussi obscure que sa bibliographie est décisive vis à vis de son influence sur l’histoire des idées spirituelles occidentale. Disciple de Saint Anselme de Cantorbéry et influencé par Érigène et Rupert de Deutz. Se fixe dans un monastère près de Ratisbonne en 1097. Scolastique primitif et simultanément vulgarisateur, il est l’auteur d’un Elucidarium (1098) sous forme de dialogue et de nature encyclopédique, traitant de théologie et de croyances folkloriques. Ce ouvrage qui fit autorité eut un très vif succès et fut largement copié et traduit. Ses spéculations sur la nature et la fonction des anges influencèrent les élaborations ultérieures. Son Imago mundi (1110) traitant de cosmographie et de chronologie fut également très apprécié. Notablement l’auteur d’un mystique Scala coeli major, d’un philosophique et précurseur Prœdestinatione et gratia et de commentaires sur le Cantique des Cantiques et le Timée (dont il ne nous reste que des fragments). Son Clavis physicae enfin, est un résumé de la Division d’Erigène.
► Son influence dans la théologie, la symbolique et la littérature médiévale est remarquable et notons qu’il participe activement à diffuser le thème de l’Homme comme microcosme, en germe chez Erigène : Unde corporalis [substantia, in hominis creatione] ? De quatuor elementis, unde et microcosmus, idest minor mundus dicitur ; habet namque ex terra carnem, ex aqua sanguinem, ex aere flatum, ex igne calorem
, diffusion qui sera renforcée par l’influence souterraine de l’Asclepius (𝕍 L'Homme et la nature: perspectives sur la renaissance du XIIe siècle in Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge (V°19 pp.39-66), Marie-Dominique Chenu, 1952). Connu pour son aphorisme L’exil de l’homme, c’est l’ignorance ; sa patrie, c’est la science (de Dieu)
présent dans son Animae exilio et patria. 𝕍 l'excellent papier L'Œuvre d'Honorius Augustodunensis: Inventaire critique in Abhandlungen der Braunschweigischen Wissenschaftlichen (T°38, pp.7-136), Garrigues Marie-Odile, 1986.
⟴Jean de Séville | Traducteur 🞄 Espagnol | f.XI – m.XII  

► Ou "Hispalensis" en lat.. Il est employé par Raymond de Sauvetat, archevêque de Tolède, qui, emboîtant le pas à Gerbert d’Aurillac et à l’École de Chartres l’employa, ainsi que d’autres traducteurs, à restituer des traductions castillanes d’ouvrages arabes (ensuite retraduites en latin) constituant ainsi l’École de Tolède (qui est vraisemblablement plus un concept pratique pour l’historien qu’une réalité historique concrète). Parmi ces autres traducteurs, on trouve Dominique Gundissalvi et Abraham ibn Dawd Halevi. La circonscription précise de son identité et des travaux à lui attribuer est d’ailleurs sur plusieurs points semble-il assez confuse au regard d’autres traducteurs de son groupe, Jean de Séville "Hispanus" et Jean Avendauth, juif converti au christianisme et qui serait le Jean ayant traduit le commentaire d’Aristote De anima d’Avicenne avec Gundissalvi et Ibn Dawd Halevi. 𝕍 Dans l’Espagne du XIIe siècle, les traductions de l’arabe au latin in Annales. Histoire, Sciences Sociales (A°25, A°18 N°4 pp. 639-665), Richard Lemay, 1963 puis John of Seville and John of Spain: a mise au point in Bulletin de philosophie médiévale (N°44, pp. 59-78), Charles Burnett, 2002.
► Acteur centrale de ces activités de traduction avec Gérard de Crémone, on lui attribue de s’être occupé d’un grand nombre de traités de première importance, ntm. sur la philosophie, les sciences occultes (stt. astrologie), la médecine ou les mathématiques. Qu’il suffise de mentionner qu’il traduit la Tétrabible, le Centiloquium et la Table d’Émeraude, le Secretum secretorum (seulement la partie médicale) en 1112, le Liber introductorius d’Alcabitius vers 1140, le Kitāb al-mudkhal Al-kabīr {Livre de la Grande Introduction} et le De magnis conjunctionibus d’Albumasar, le De rebus eclipsium et conjunctionibus planetarum d’ibn Atharî (lat. Messala), le De imaginibus d’Ibn Qurra ou encore le De differentia spiritus et animae de Ibn Luqa. On lui attribue encore le מקור חיים {Fons vitæ {Source de la vie}} de Gabirol et le تهافت الفلاسفة (Tahāfut al-Falāsifa) {L’Incohérence des philosophes} de Ghazali, cependant ces deux dernières traductions pourraient plutôt provenir de Jean "Hispanus". Notez enfin que son Alghoarismi de practica arismetrice est le premier ouvrage occidental à mentionner les chiffres arabes et le zéro.