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Bran
Vendigeit


1984
Alann Lee

Contexte
Religion Celticisme Gallois
Premières traces av.VII (tradition orale)
Date de stabilisation XI (Mabinogion)
Zone de vénération Grande Bretagne
Hauts lieux de culte Tour de Londres, Londres
Œuvres choisies
où mentionnées
Mabinogion
Livre noir de Carmarthen
EmpruntsP.Irl. : Dagda
Rapprochements
P.Gal. :Gwyn ap Nudd
Meurig ap Carreian
Gwendoleu ap Ceidaw
Llacheu fils d’Arthur
L.Art. :Roi pécheur
Statut
Ordre Dieu
Type Céleste
Polarité Masculin
Qualité Mort
Demeure Harddlech {Bel Endroit}
Londinion {Londres}
Physique ➧ Géant
➧ Attributs royaux
AttributsCorbeau
Chaudron d’abondance
Relations
Père :Lyr
Mère :Penarddun
Grand-père :Beli Mawr
Frères :Bêli
Manawyddan
Nissyen
Evnissyen
Sœur :Branwenn
Gendre :Matholwch
Caractéristiques
Romanisation ➧ Brân
➧ Vrân
➧ Frân
➧ Bran Bendigeit {. Le béni}
➧ Bran Vendigeit {. Le béni}
➧ Bendigeidfran {. Le béni}
Transcription
littérale
V.Irl. : Bran {corbeau}
Fonctions ➧ Fait le lien entre les deux mondes
➧ Roi du Pays de Galle
➧ Octroyeur de vie et de mort
Caractères ➧ Gigantisme Magie Poésie
➧ Vengeance Royauté Loyauté
➧ Lien Psychopompe Divination

Mythes principaux

I. Ascendance divine

► Brân est un géant de souche divine, roi de Grande Bretagne, fils du dieu nocturne Llŷr Llediaith, et de la belle déesse Penarddun sœur du dieu lumineux Beli Mawr. Il est le frère de Manawydan et de Branwenn, et demi-frère des irlandais Nissyen et Efnissyen.

II. Le roi géant

► C’est dans le Mabinogi de Branwen qu’il s’illustre comme protagoniste décisif. D’abord allié au roi d’Irlande Matholwch auquel il accorde la main de sa sœur Branwen, leur relation se ternit par l’entremise d’Efnissyen. Ce dernier, furieux qu’on ne vint pas le consulter à propos du mariage mutila, en conséquence, les chevaux des irlandais. Brân doit alors regagner leur amitié pour éviter une guerre, notamment en cédant à Matholwch le chaudron de résurrection qu’il avait reçu du géant Llassar. Mais l’affront, parvenu aux oreilles des irlandais de la cour de Mathowch, les poussèrent à s’en prendre à la nouvelle épouse galloise. Emprisonnée et maltraitée en Irlande, elle réussit à envoyer un message par vol d’oiseau à son frère Brân, rendant compte de ses conditions de vie. Devant l’intolérable nouvelle, le roi brittonique déclara la guerre à l’Irlande et entreprit une gigantesque expédition pour sauver Branwen. Doté d’une taille gigantesque, il franchit la mer d’Irlande à gué et, faisant écho à l’antique adage "que celui qui veut être chef soit pont" {A vo pen bid pont}, servit de passerelle pour ses troupes sur le fleuve Llinon (la Liffey ou la Shannon).

III. La tête immortelle

► Roi guerrier d’un caractère plus énergique que son rival Matholwch, il est malgré tout blessé à la jambe d’un coup de lance empoisonnée et condamnée à mourir. Il ordonna alors qu’on le décapite et instruit ses compagnons sur le trajet qu’ils devront effectuer : ils devront s’arrêter à Harddlech, puis à la forteresse de Gwales — où se trouve la porte vers Aber Henvelen en Cornwall — avant que sa tête ne soit déposée à Londinion {Londres}. La tête de Brân, toujours parlante, imposa à tous de ne pas ouvrir la porte de Gwales, car, dans le cas contraire, cela signifierait la fin du "séjour bienheureux".

IV. Le Festin d’Harddlech

► Ainsi, les hommes de Bran s’en allèrent vers Harddlech. Là, à lieu un festin d’immortalité dit Ysbydawt Urdaul Benn {La Réception de la tête sacrée}. Le festin dura sept années et la garde du roi goûta la musique surnaturelle des trois oiseaux de la grande reine Rhiannon dont la vue était si perçante qu’ils percevaient les subtilités de l’autre monde. Par le sacrifice de leur roi, la garde royale obtint ainsi un statut privilégié. À la fin de ce premier festin, les hommes partirent pour l’île mythique de Gwales, au large du Dyfed.

V. Le Festin de Gwales

► Ils occupèrent alors une grande salle royale située dans la forteresse de l’île de Gwales, libérés de toute condition mortelle. La salle contenait trois portes, dont deux étaient ouvertes, tandis que la troisième, orientée vers le Cornwall, était fermée. Manawydan, loyal à la volonté de son frère, veilla à ce que la porte de Cornwall resta fermée. Mais au bout de quatre-vingt années, lors d’un assoupissement, il laissa le curieux Heylin mab Gwyn ouvrir la porte. Immédiatement leur état de grâce magique se brisa et les souvenirs de tristesse et de douleurs accablèrent à nouveau les hommes de Brân ! La conscience de la mort envahit leur pensées et ils furent à nouveau touchés par le vieillissement.

VI. Le retour à Londres et l’enterrement de la tête

► Après la rupture du tynged (le contrat magique), la tête de Brân restera définitivement muette. Les hommes de Bran redescendirent finalement sur terre pour enterrer la tête sous la Gwynn Vryn {la Colline Blanche} de Londres, située traditionnellement à l’emplacement de la Tour de Londres. Elle restera un talisman protecteur de la cité jusqu’à son hypothétique exhumation.

Notes

► L’ensemble du récit de la tête coupée repose sur la puissance mystique du héros. Malgré la mort, la tête de Brân donne toujours conseils tant que le tynged {contrat magique} n’est pas enfreint. C’est une métaphore de l’éthique aristocratique et guerrière : elle repose sur l’opposition entre la parole respectée, garante de l’immortalité diurne, et le manquement à la parole qui provoque le retour à une condition mortelle. Cet épisode est révélateur de l’adoration des têtes, fait de culture bien connu dans la société celte. La tête est détentrice de la mémoire du héros et de sa puissance. La figure de Brân révèle un ancien dieu du monde brittonique, de type nocturne, conservé dans l’épopée des mabinogion.

► La régence mise en place par Brân avant de partir en expédition en Irlande finira par l’intervention de Caswallawn fils de Beli Mawr {Le grand lumineux} qui deviendra roi de Bretagne. L’eschatologie brittonique repose sur l’alternance de Beli, le dieu clair et de Brân, le dieu guerrier voué à l’exploration de l’autre monde nocturne. Cette alternance évoque le couple irlandais de Dagda et Ogme représentants respectifs du Ciel-diurne et du Ciel-nocturne indo-européen (Mithra - Varuna).

► Brân serait l’inspiration du Roi Pêcheur des légendes arthuriennes — appelé le roi Bron — qui fut blessé mortellement à la jambe mais put continuer à vivre en restant à l’intérieur de son mystique château grâce au bienfaits du Graal, en attendant d’être soigné par Perceval.

◆ Son nom peut se retrouver déformé dans les noms d’autres personnages ou de lieux du cycle arthurien comme avec le chevalier Ban de Benoïc, le roi de Gorre Bagdemagus, ou encore Corbenic, le château du Grail.

◆ Son surnom, Bendigeit {le Béni}, est un attribut ajouté par l’influence chrétienne.