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Gestuelle [mudras et asanas]

Données générales

Date de stabilisationLieu de la stabilisationLieu d’utilisation principalÉquivalents approximatifsÉléments d’ensemble
AntiquitéEurasieEurasie= Formule
= Diagramme
Formes géométriques

Descriptions

Présentation

► Moyen de communication que la psychologie tient pour bien plus important que les mots, les gestes des mains et du visage ainsi que les postures du corps en général font parti intégrante de l’iconographie symbolique partout dans le monde. Elles disposent des mêmes caractéristiques, dont le sens à plusieurs degrés et la faculté mémétique à s’affiner, se combiner, s’appauvrir ou disparaître en multiples façons ou degrés.

► Leur fonction est d’un point de vue artistique de délivrer un message mais aussi par mimétisme psychique voir physique, de permettre à la conscience de l’observateur de se conformer à une disposition intérieure. Ces mouvement ont alors soit pour objectif l’expression et la libération d’une force, qui devient alors particulièrement significative lorsque elle prend sa source dans un mouvement intuitif, soit pour fonction d’accumuler les forces que l’on évoque par le mouvement concerné.

↪ Quant il ne se contente pas de suggérer une charge émotionnelle en tant que simple véhicule iconographique, le mouvement est alors d’une part le support de l’adoration rituelle, l’anticipation d’un geste instinctif mettant ainsi dans des dispositions particulières et d’autre part, dans sa nature fondamentale, la manifestation de la présence divine. Symboliquement, le corps entier équivaut au visage ainsi qu’a la main qui sont tout deux des résumés du premier bien que l’on associe au corps le déplacement, au visage la communication et à la main l’action.

Certains gestes ont une large audience, comme celui dit "des cornes". Il s’agit d'un geste apotropaïque fort ancien que l’on retrouve dès l’antiquité sur tout le continent eurasiatique et qui suggère une montée de puissance terrestre ainsi que d'un point de vue graphique, des cornes lorsqu’il est élevé vers le haut, une fourche lorsqu’il est pointé vers le bas.

↳ Sa signification demeure celle d’intimider voir effrayer les démons dans le premier sens et de les clouer au sol voir les tuer dans le second. Associé au trait de foudre, il est apana ou karana mudra dans l’hindouisme et le bouddhisme.

■ Dans les listes suivantes, nous écartons les gestes n’ayant qu’une signification purement évocatrice pour se concentrer sur ceux rescellant un sens mystique.

Histoire

► En occident, ils sont hérités de la rhétorique grecque et romaine avec des gestes encore utilisés de nos jours :

● De l’attention : index tendu vers le ciel.
● De la déclamation : bras levé, index et majeur tendus vers l’avant, auriculaire et annulaire rempliés.
● Celui de la pacification et du silence : main levée, paume ouverte et doigts dressés et collés
● Ou encore celui de la captation et de la substantialité : main levée, index et pouce joint, les autres doigts ouverts.

↪ Le geste prend une grande importance religieuse à partir de l’art roman. Il se manifeste dans les attitudes et expressions des statues des églises pour se poursuivre dans le gothique a commencer par le symbolisme de la main de Dieu.

En orient, la mudra {Sceau, signe} dont on trouve les premières traces dans l’iconographie harappéenne à donné lieu à une codification plus importante qu’en occident :

● Dans l’hindouisme elles sont fondamentalement liés à la pratique yogique et au hatha-yoga en particulier où elles sont mentionnés dans les textes principaux à commencer par le Hatha-yoga pradipika.

↳ Elles ont pour fonction de fixer l’esprit en dirigeant — dans le cadre du pranayama — le flux pranique vers une partie spécifique du corps. Elles sont en outre associé à des divinités ou des forces impersonnelles comme les éléments que l’on retrouve dans les cinq prana vayu mudra. Elles sont enfin divisés en cinq catégories qui utilisés conjointement forment les asana.

Dans le bouddhisme, on les associe à une attitude spécifique du Tathagata lié à un moment important de sa vie ou à une partie spécifique de son enseignement, elles sont par la suite attribuées aux dhyani bouddhas.

↳ Ces gestes sont fondamentaux dans le mahayana et surtout dans les écoles tantriques où ils ont obtenu des développements et des approfondissements, où ils sont en outre associés aux mantras et aux mandalas avec qui ils entrent en analogie.

Individuellement

Bénédiction

► Le signe de la bénédiction, est déjà présent dans les fresques paléochrétiennes des catacombes romaines où il côtoie l’orant, mouvement figurant déjà en Sumer et qui, postérieurement employé par le paganisme comme le judaïsme, évoluera dans le christianisme en priant. La bénédiction, sanctification par le geste et le verbe est une transmission d’Homme à Homme de l’influx céleste transmis au prêtre par Dieu.

↪ Primitivement, le geste associé au Christ, figurait l’enseignement puis le jugement du Pantocrator comme à la fameuse représentation du VI au Sinaï, au haut moyen-âge il finit par signifier la bénédiction.

Ce geste peut être effectué de plusieurs façons : avec cinq doigts pour évoquer les blessures du Christ, avec trois pour la trinité ou même un seul pour l’unicité de Dieu, dans tous les cas il s’accompagne d’un geste de croix pouvant lui aussi varier. Les associations de doigts varient aussi même à l’intérieur d’un même bloc religieux, par exemple :

● Léon IV à prescrit aux prêtres de bénir le calice avec deux doigts tendus, le pouce les recouvrants en évoquant la formule trinitaire mais de nos jours le catholicisme le fait avec trois doigts, le pouce et l’auriculaire étant replié.

● Autrement, le pouce rejoint l’index et le majeur dans les églises orientales mais avant le raskol, la bénédiction se faisant en rejoint l’auriculaire et l’annulaire.

● Dans l’orthodoxie spécifiquement, ce geste s’exécute pour sa part avec l’auriculaire tendu, l’annulaire et le pouce se joignant et le majeur et l’index se croisant, de manière à former les lettres ICX, transcrivant ainsi corporellement "IHCOYC XPICTOC" et indiquant symboliquement l’unité de la trinité ainsi que le Christ, Dieu et Homme.

Mudras

■ Ces mudras sont parfois transversaux entre les traditions, changeant simplement de nom. Plusieurs noms peuvent ainsi être associés à un même geste même si leur signification demeure proche.

■ La liste suivante énumère quelques mudras des plus connus mais en comptant les variations, leur nombre est extrêmement important. Il suffit par exemple de changer la position du bras ou la jonction des doigts d’une phalange pour que le nom soit modifié.

■ Sauf mention contraire, les mudras manuels s’exécutent tous à hauteur de la poitrine. Nous avons regroupé les bandhas dans les mudras corporels.

Hasta mudras (Manuels)

Abhaya
● Absence de crainte, apaisement, illumination.
■ Exécuté plutôt de la main droite.
● Attribut de Shiva ou Kālī (1).
● Une des six postures de Bouddha, posture d’Amogasiddhi.
Anjali ou Puja ou Namaskara
● Salut, vénération, ainsité.
● Utilisé en occident pour manifester sa dévotion.
● Utilisé en Inde, dans les pays himalayens et en Asie du sud-est pour namasté : selon la dignité du salut, on monte plus ou moins les mains.
Brahma
● Conscience universelle, guérison.
■ Exécuté posé sur un genou.
Bhûmisparsha
● Prise de la terre à témoin, résolution inébranlable, victoire sur le mal.
■ Exécuté devant la jambe droite, assis.
● Une des six postures de Bouddha, posture d’Akshobya.
Bhutadamara
● Expulsion du mal.
Buddhashramana
● Renonciation.
Bodyagri
● Union de l’un et du multiple.
Dharmachakra
● Mise en mouvement de la roue de la doctrine, prédication.
● Une des six postures de Bouddha, posture de Vairocana (1).
Dhyana ou Bhairava
● Méditation ou focalisation, victoire de l’illumination sur le monde phénoménal.
■ Exécuté main droite sur la gauche et reposant sur la padmasana.
■ La posture buddhapâtra est identique sauf que la statue tient un bol à aumônes.
■ La posture des mains est inversée dans le zen afin d’exprimer la domination de la passivité.
■ Les pouces se touchent dans dhyana, les mains unies étant plus évasées, bhaivara se contente de poser les mains.
● C’est l’une des postures que l’on retrouve déjà dans l’iconographie harappéenne.
● Une des six postures de Bouddha, posture d’Amitâbha.
◆ Sagesse suprême
● Alliance de l’unité et de la multiplicité.
Shunya
● Symbolise l’akasha.
■ Exécuté posé sur un genou.
Tarjani, Karana ou Apana
● Menace et rappel, broie et expulse le mal.
■ Dans le Vajrayana, il est exécuté sous la forme du geste des cornes.
Uttarabodhi
● Illumination suprême
Vishnu
● Contrôle du prana.
Vitarka, Jnana, Gyan ou Chin
● Enseignement et argumentation, connaissance et conscience.
Vitarka et jnana sont exécutés debout, gyan et chin sont exécute posé sur un genou. La paume est vers le sol avec chin.
● Une des six postures de Bouddha, posture de Vairocana (2).
Varada
● Exaucement des vœux, offrande, dons.
■ Exécuté devant la jambe droite, assis, bras tendu. Plutôt de la main gauche.
■ Se combine souvent avec l’abhaya.
● Attribut de Kālī (2).
● Une des six postures de Bouddha, posture de Ratnasambhava.
Vajrahumkara
● Association de la vacuité et de la compassion.
■ Exécuté assis.
● Fréquemment utilisé dans les figurations de Vajradhara
Vajrapradama
● Foi inébranlable

Mana mudras (Faciaux)

Akashi
● Front levé vers le ciel.
Khechari Mudra
● Langue retournée sur le palais.
Nasikagra Drishti
● Focalisation des yeux sur le nez.
Shambhavi
● Focalisation des yeux sur l’entre-sourcils.
Shanmukhi
● Doigts obstruant les orifices des sens.

Kaya mudras (Corporels)

Alidh
● Héroïsme
● Fréquemment utilisé dans les figurations de Vajrayogini.
Lalit
● Sérénité, illumination, surplombe le chaos.
● Fréquemment utilisé dans les figurations des boddhisatvas.
Mahakarunika
● Introspection et réflexion.
● On la retrouve dans l’art du Gandhara.
Maharajalil
● Délassement royal, puissance.
● Fréquemment utilisé dans les figurations de Guanyin.
Siddha
● Transmutation.
■ Talon gauche, contre périnée, talon droit sur la cuisse gauche.
● Posture traditionnelle du yoga.
Padma
● Ouverture.
■ Exécuté pied droit sur la cuisse gauche et inversement, genoux au sol.
● Posture traditionnelle du yoga.
Parinirvna
● Unir le sommeil et la veille, la mort et la vie.
● Position de la mort de Bouddha.
Pratyalid
● Destruction des obstacles.
● Fréquemment utilisé dans les figurations des dharmapalas.
Yab-yum
● Union du samsara et du nirvana.
■ Exécuté à deux, en union du lotus.

Mudras internes (Bandhas et adharas)

Jalandhara
● Capter l’absolu, vaincre la dualité.
■ Contraction de la gorge.
● Posture fondamentale (prérequise dans de nombreuses autres).
Mahamudra ou Mulabandha
● Feu intérieur, transmuter l’énergie sexuelle, vie éternelle.
■ Exécuté talon sur le périnée contracté.
■ Les doigts saisissent le gros orteil dans le mahamudra.
● Posture fondamentale (prérequise dans de nombreuses autres).
Uddyana
● Contrôle et compréhension des émotions.
■ Exécuté en rétractant le ventre.
● Posture fondamentale (prérequise dans de nombreuses autres).