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La Tourbe des Philosophes🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf absente Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
L’Assemblée des disciples de Pythagoras appelée le Code de Vérité, Turba philosophorum


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
? Utman Ibn Suwaid
attr. Arislée
ecr. f.IX Littératureecr. ? ÉgypteAlchimie

► On a fait remonter l’origine de ce texte en Égypte, mais il semble plutôt illustrer l’hermétisme arabe du IX, imprégné d’auteurs grecs antérieurs comme Olympiodore. Possédant des fragments, nous savons en effet qu’il a été écrit à l’origine en arabe et qu’il fut certainement plus long. Il a été ensuite transcrit en latin au XIII ce qui en fait un des plus ancien traité d’alchimie européen. Il est édité pour la première fois au XVI.

L’ancienneté de ce texte, le fait qu’il est certainement la synthèse d’autres textes hermétiques et ses évocations des principes majeurs de l’alchimie en fait aussi un des plus importants. Souvent réédité dans les recueils, il aura exercé une grande influence sur l’alchimie occidentale et nombre d’auteurs continuent de le citer. En orient, on retrouve des passages chez Ibn Umail dans son Livre de l’eau foliée et de la terre étoilée.

◆ Le texte présente neuf philosophes qui exposent leur vision de la cosmologie et débattent de la pertinence de leur position. Chacune est néanmoins soumise à trois axiomes : Dieu est la cause première, la création est une dans son essence et toutes les créatures sont composées des quatre éléments. Ces philosophes seraient selon toute vraisemblance tous présocratiques puisqu’il s’agirait de : Anaximandre, Anaximène, Anaxagore, Archélaos, Ecphantus, Empédocle, Leucippe, Pythagore et Xénophane.

■ Nous avons ajouté un chapitrage arbitraire (Tout les dix discours) pour faciliter la manipulation du texte.

■ Il existe aussi une traduction différente, tant dans son fond que dans son contenu puisqu’elle est incomplète, dans Bibliothèque des Philosophes Chymiques. Il s’agit peut-être de la version du XV tirée d’un manuscrit castillan du XIII. Hervé Delboy indique qu’elle est de surcroît de mauvaise qualité et c’est pour cela que nous reproduisons celle qu’il rapporte sur son site, texte qu’il retranscrit par ailleurs en partie agrémentée de ses notes.

🕮 Bosc, ref.246 (recueil), 369:I:2,3.

🕮 Ouvaroff, ref.710-712,713 (extrait de Trevisan),714 (extrait in Bibliothèque des philosophes chimiques) :

1. Reproduit dans les édit. de 1593 et 1610 (Auriferæ Artis)

2. La Turba est en 72 discours.


Texte et traduction : du latin au français, UBI, via Hervé Delboy.

Illustrations : én. du Rosaire des Philosophes in Latin 7171, 1501. | bs. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Illustrations : én. de la Tourbe des Philosophes in L’Art de faire de l’Or, 1572. | bs. Bibliothèque publique et universitaire de Bâle-Ville (Bâle, Suisse). Lien vers le catalogue Lien vers e-Rara/Manuscripta

Illustrations : én. du Rosaire des Philosophes, XVI XVIII. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Illustration : én. de la Tourbe des Philosophes in L’Art de faire de l’Or, ? 1572 (Introuvable. Sans doute copie plus tardive. Est-ce une version de Ritman ?) | Information inconnue

Illustrations : én. de Rosaire des Philosophes, in Méthodique bibliothèque chimique, 1702. | bs. Bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich (Zurich, Suisse). Lien vers le catalogue Lien vers e-Rara/Manuscripta

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Voici l’épître d’Arisleus qui, suivant le but de ce livre, n’adresse à ceux qui viendront dans l’avenir pour les instruire par les paroles des Sages.

Arisleus, fils de Pythagoras, disciple parmi les disciples, connaissant par la grâce d’Hermès la science triple, à ceux qui viendront plus tard et à ceux qui sont encore, salut et miséricorde. Je dis que le Maître, la tête des prophètes, a reçu de Dieu plus de dons et de connaissances qu’il n’en a été donné à personne depuis Hermès. Nombreux sont devenus ses disciples répartis dans toutes les régions importantes. Il a voulu les rassembler pour traiter de cet art précieux, afin que leurs paroles soient la racine du savoir futur. Iximedrus étant du meilleur conseil, il ordonna qu’il prît en premier la parole. Ce philosophe commence ainsi :

Discours premier

Iximidrus : «J’affirme que le début de tout est la nature, et qu’elle se perpétue, n’égalise et n’adapte à toutes choses. Quand on regarde les natures et la naissance des choses, ont voit que leur corruption survient aux temps de leurs termes ; elles sont alors reconnues et nommées. Je vous apprendrai aussi que les étoiles sont ignées et maintenues dans les airs et que, sans l’humidité et la condensation de l’air qui séparent les flammes du soleil des créatures, celui-ci brûlerait toute vie. Dieu organise la séparation par l’air pour ne pas brûler ce qu’il avait créé sur terre. Ne voyez-vous pas comme le soleil montant dans le ciel vainc l’air par la chaleur ? Par cet échauffement, la chaleur parvient jusqu’à l’air placé au-dessus. Et si l’air ne soufflait pas grâce aux esprits dont les créatures sont engendrées, le soleil détruirait toute vie par la chaleur. Mais cette vie est contenue dans l’air et donc l’air l’emporte en excellence, car cette chaleur est jointe à sa chaleur, et son humidité est jointe à l’humidité de l’eau. Ne voyez-vous pas l’eau légère monter en l’air par la chaleur du soleil qui survient ? Cette chaleur aide l’eau contre la chaleur.

Et si l’eau ne nourrissait les airs par le moyen de son humeur ténue, à coup sûr le soleil vaincrait les airs. Donc le feu dégage l’humeur de l’eau grâce à laquelle l’air surmonte le feu lui-même. Par conséquent, le feu et l’eau sont des ennemis entre lesquels il n’existe aucune possibilité de conjonction. Car le feu est chaud et sec, tandis que l’eau est froide et humide. Mais l’air pour être chaud et humide les conjoint naturellement et les met d’accord par l’humidité de l’eau et par la chaleur du feu. Et ainsi il a été fait entre eux comme une sorte de moyen de concordance féconde. Vous tous, considérez que l’esprit fut fait de la subtile vapeur de l’air, d’autant plus que la chaleur jointe à l’humeur fait sortir la subtile substance dont est issu le vent ; il ne peut en être autrement que la chaleur du soleil, ayant extrait de l’air cette subtilité, n’en fasse l’esprit et la vie dans toutes les créatures.

Tout ceci est par la disposition divine ; il en est de même pour les éclairs provoqués par la chaleur du soleil sortant du nuage. L’éclair apparaît quand le nuage se lève».

L’assemblée dit : «Tu as bien traité du feu selon ce que tu sais et, par ton discours, tu as ouvert ton âme à ton frère».

Discours deuxième

Exundras : «Je loue l’air et je l’honore en accord avec le discours d’Iximedrus, d’autant que, par lui, l’Oeuvre est accompli et condensé, il dilate, il échauffe, il rafraîchit. Il se condense quand il est séparé dans le ciel par l élongation du soleil. Au contraire, il se raréfie lorsque, dans le ciel, le soleil exalté le chauffe et le dilate. De même, une complexion équilibrée apparaît dans les temps qui ne sont ni chauds ni froids. Car, suivant le changement de la règle constitutive de la disposition, les diverses transformations se produisent. L’hiver, l’air est donc condensé lorsque le soleil n’en éloigne, et alors le froid est ressenti par les hommes. Tandis que l’air se dilatant, la chaleur nous parvient». L’assemblée dit : «Tu as très bien disserté sur les airs et ce que tu connais d’eux, tu l’as expliqué».

Discours troisième

Anaxagoras : «J’affirme que le principe de tout ce que Dieu a créé est la bonté (ou la justice divine) et la raison, parce que la bonté modère et régit toutes choses et parce que, dans la raison, la bonté est manifeste. Même dans l’épaisseur de la terre, on voit la bonté (ou la justice divine) et on ne le voit que dans les corps. Et sachez, vous tous de cette assemblée, que la partie condensée des quatre éléments repose dans la terre. En effet, le feu étant condensé tombe dans l’air. Ce qui se condense de l’air, rassemblé avec ce qui n’était condensé du feu, tombe dans l’eau. Ce qui se condense de l’eau, avec ce qui n’était condensé du feu et de l’air, se rassemble et repose dans la terre. Ne voyez-vous pas que la condensation des quatre éléments est conjointe dans la terre ? Celle-ci est par conséquent l’élément le plus condensé de tous. Lequel donc, des quatre éléments, est le plus raréfié, et le plus digne d’être regardé comme le plus rare des quatre ? Il dit : «Le feu est le plus raréfié des quatre, et c’est au feu que parvient la partie raréfiée de ces quatre éléments. L’air est moins raréfié que le feu, car il est chaud et humide, tandis que le feu est chaud et sec et, de fait, le chaud et sec est plus raréfié que le chaud et humide». Ils lui dirent : «Qu’est-ce qui est de moindre raréfaction que l’air ?» II répondit : «L’eau, parce qu’en elle se trouvent la froideur et l’humidité, et toute chose froide et humide est de moindre raréfaction que si elle est chaude et humide». Ils lui dirent : «Tu as parlé avec vérité. Qu’est-ce donc qui est de moindre raréfaction que l’eau ?» II dit : «La terre, parce qu’elle est froide et sèche, et le froid et sec est de moindre raréfaction que le froid et humide, et de même que le sec et chaud est plus raréfié que le chaud et humide, de même aussi le froid sec est de moindre raréfaction que le froid humide. Je vous ai bien montré, ô fils de la doctrine, la description des natures de ces quatre éléments, à partir desquels Dieu a créé toutes choses. Bienheureux donc est celui qui comprend ces choses qui vous sont exposées, car il trouve dans ce chef-d’Oeuvre du monde bien plus de choses qu’il ne n’en était proposé pour objet. Je souhaite que vous entendiez donc totalement notre discours». Ils dirent : «Oui, nous voulons conserver ce discours. Pandolfus, tu as la parole».

Discours quatrième

Pandolfus dit alors : «J’annonce à ceux qui viendront que l’air est le subtil de l’eau et qu’il n’est pas séparé de celle-ci, que si la terre n’était pas sur l’eau humide, il ne resterait pas». Ils répondirent : «Tu as bien parlé. Va au bout de ton discours». Et lui : «J’ajoute que l’air caché dans l’eau qui est sous la terre supporte cette dernière afin qu’elle ne soit submergée dans l’eau qui est dessous, et il empêche que la terre ne soit humectée par l’eau. L’air, dis-je, est liant et apte à séparer les opposés, c’est-à-dire l’eau et la terre, en fin d’amener entre les adversaires, eau et feu, l’accord et de les séparer, pour qu’ils ne se détruisent pas mutuellement». L’assemblée demanda : «Si tu nous en donnais un exemple, tu rendrais la chose évidente pour ceux qui ne sont pas éclairés». Il répondit : «Je le ferai volontiers. L’exemple est l’Oeuf, en qui quatre choses sont conjointes ; la coquille est la terre, le blanc est l’eau, la membrane très fine contre la coquille sépare la terre de l’eau et le jaune de l’Oeuf est le feu. La membrane qui enveloppe le jaune est l’air qui, ici, sépare l’eau du feu. L’un et l’autre sont un seul et même air. L’air qui sépare l’un de l’autre les éléments froids, c’est-à-dire la terre et l’eau, est plus condensé que l’air noble. L’air noble, en effet, est plus raréfié et plus subtil, car il est plus proche du feu que ne l’est l’air inférieur. Donc, dans l’Oeuf, on rencontre quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. En outre, de ces quatre, au milieu du jaune est le point du soleil qui est le poulet. C’est pourquoi tous les philosophes en cet art suprême utilisèrent l’exemple de l’Oeuf lorsqu’ils exposèrent leur Oeuvre».

Discours cinquième

Arisleus dit : «Sachez que la terre est courbe, et non pas plane, ce qui fait que le soleil ne n’élève pas au-dessus des degrés de la surface de la terre en une heure. Car si la terre était plane, il monterait en un moment au-dessus de toute la terre». Parmenides dit : «Arisleus, tu as parlé bien brièvement». Il répondit : «Jamais le Maître ne nous a envoyés pour enseigner autre chose. Je dis pourtant que Dieu est un, jamais il n’engendre, ni n’a été engendré, et que le commencement de toutes choses après lui est la terre et le feu. Parce que le feu est raréfié et léger, il gouverne toutes choses sur la terre ; et, d’autre part, la terre, étant lourde et épaisse, porte toutes les choses qui sont gouvernées par le feu».

Discours sixième

Lucas dit : «Vous ne traitez que de ces quatre natures, et je vois que chacun de vous en a parlé. Je vous dis, moi, que toutes les choses que Dieu a créées proviennent de ces quatre natures et que tout ce qui en est créé retournera à ces mêmes natures. En elles, les créatures prennent naissance et meurent, le tout suivant la prédestination de Dieu». Democritus, disciple de Lucas, dit : «Maître, tu as bien parlé en traitant des quatre natures». Mais Arisleus dit : «Democritus, tu as reçu la science de Lucas. Pour cette raison, tu ne devrais pas anticiper sur les savantes paroles de ton maître.». Lucas répondit : «Bien que Democritus ait eu de moi la science des natures, il l’a eue de même des philosophes de l’Inde et des Babyloniens. J’estime qu’il surpasse ses contemporains dans cette science». L’assemblée répondit : «Etant donné son âge, on l’approuvera tout à fait. Mais n’il était jeune, il n’aurait pas dû parler».

Discours septième

Locustor dit : «De toutes les créatures dont Lucas a parlé, il en est deux seulement dont l’une n’est ni connue ni décrite, sinon par la piété (ou par la foi) car, en effet, elle n’est ni vue si sentie». Et Pythagoras : «Achève ce que tu as commencé à nous décrire subtilement. Dis-nous donc ce qu’est cette chose qui n’est pas sentie, ni vue, ni connue». Il répondit : «Ce qui, dans ce monde, n’est pas connu est la raison, sans ses vassaux qui sont la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher. Ne voyez-vous pas, assemblée des philosophes, que, sans la vue, on ne pourrait discerner le blanc du noir ; que, sans l’ouïe, on ne distinguerait de même la bonne de la mauvaise parole. De même pour la bonne odeur et la fétide sans l’odorat, et le goût doux du goût amer sans le goût ; et le léger du rude sans le toucher. Sans eux, la raison ne pourrait distinguer». Ils répondirent : «En traitant de cette question, tu as bien parlé. Cependant, tu as omis de nous montrer ce qui n’est pas connu ni décrit, si ce n’est par la raison et la piété» (la foi). Il dit : «Vous êtes bien pressés. Sachez que la créature qui par aucun moyen n’est connue par ces cinq sens est une créature sublime, qui n’est ni vue ni sentie, mais qui est cependant perçue par la raison, laquelle raison laisse voir que sa nature est participante de Dieu». Ils répondirent : «Ce que tu as dit est très bien dit». Et lui : «Que je vous en explique davantage. Sachez, au sujet de cette créature, qu’on voit de toute évidence que le monde contient une lumière qui est le soleil. Cette lumière est plus subtile que toutes les autres créatures. Il a produit cette lumière par laquelle les créatures parviennent à la vue. Aussi, si elles étaient placées loin de cette lumière subtile, elles seraient ténébreuses et on ne les verrait pas ; et ni la lumière de la lune, ni celle des étoiles, ni celle du feu, qui, pour eux tous, provient du soleil, ne serait là pour rendre les créatures visibles. En ce monde donc, Dieu constitua le soleil pour en être le flambeau en raison même de sa nature déliée. Et sachez que cette noble créature n’a nul besoin de la lumière du soleil, parce que le soleil est dépendant de cette créature, qui est plus subtile et plus lumineuse que lui. Et sachez que le monde créé l’a été assurément de deux choses denses et de deux choses déliées, et il n’existe pas de choses denses dans la créature élevée. Pour cette raison, le soleil est plus raréfié que toutes les créatures inférieures». L’assemblée répondit : «Tu as très bien expliqué ce que tu nous as dit, bon maître. Revivifie nos intelligences que l’ignorance avait endormies. Tu nous prodigues libéralement un grand bienfait».

Discours huitième

Pythagoras dit : «J’affirme que Dieu a été avant toute chose, et n’est venu de rien d’autre. Et sachez, vous tous philosophes, que je dis ceci afin de fortifier votre doctrine en ces quatre éléments et arcanes, ainsi que les connaissances qui y sont contenues et auxquelles les argumentations ne peuvent parvenir sans l’approbation de Dieu. Et comprenez que Dieu seul engendra quatre éléments : le feu, l’air, l eau et la terre, dont il créa toutes les choses créées, aussi bien les choses élevées que les choses inférieures ; d’où il détermina que toutes les créatures extraites de la racine de l’eau multiplieraient et croîtraient afin d’habiter le monde ; et que ses jugements seraient accomplis en elles. Pour cette raison, il créa avant tout quatre éléments dont, par la suite, il créa ce qu’il voulut, à savoir diverses créatures dont le Seigneur créa certaines de l’un d’eux seulement». L’assemblée demanda : «Maître, qui sont ces créatures ?» II dit : «Ce sont les anges qu’il créa du feu». L’assemblée dit : «De quoi ont été créées celles qui proviennent des deux ?» II dit : «Du feu et de l’air, et ce sont le soleil, la lune et les étoiles. Pour cette raison, le soleil, la lune et les étoiles sont ce qu’il y a de plus lumineux ; d’autant plus qu’ils ont été créés de celui en particulier qui est le plus raréfié des quatre. En effet, le soleil et les étoiles ont été créés d’un complexe de feu et d’air». L’assemblée demanda : «Maître, et la création du ciel ?» II répondit : «Dieu créa le ciel de l’eau et de l’air. Le ciel lui aussi est un composé de deux, de l’un, le plus rare, c’est-à-dire l’air, et d’un autre plus dense, c’est-à-dire l’eau». Ils dirent : «Maître, poursuis tes dires et parle nous de ce qui vient de trois. Réjouis nos cœurs par tes paroles qui sont comme la vie pour les morts». Il dit : «Je vais vous enseigner quelles créatures ont été créées par Dieu de trois éléments, et aussi de quatre. Les créatures venues de trois, c’est-à-dire de l’air, de l’eau et de la terre, sont donc les volatiles et les bêtes brutes, puis les végétaux ; certaines en vérité ont été créées du feu, de l’air et de la terre». L’assemblée alors dit : «Distingue ces diverses créatures les unes des autres». Il répondit : «Les bêtes brutes viennent du feu, de l’air et de la terre. Les oiseaux viennent du feu, de l’air et de l’eau. C’est pourquoi les êtres ailés et toutes les exhalaisons qui résident dans les végétaux sont créés de l’eau, tandis que toutes les bêtes brutes viennent de la terre, de l’air et du feu. Pourtant, dans les végétaux, il n’y a aucun feu, car ils furent créés de la terre, de l’eau et de l’air». L’assemblée dit : «Sauf votre révérence, nous dirions que le feu est présent dans les végétaux». Il leur répondit : «Vous avez dit vrai. Je reconnais absolument que le feu est en eux». L’assemblée dit : «D’où provient ce feu-là ?» II répondit : «De la chaleur de l’air cachée en celui-ci ; ainsi que je l’ai signalé, un feu subtil réside dans l’air, ce feu qui fait l’objet de vos doutes. Il ne se produit que n’il repose dans l’esprit et dans l’âme. Quant à notre père Adam et à ses fils, ils ont été créés de quatre éléments, c’est-à-dire du feu, de l’air et de l’eau, et aussi de la terre. Comprenez, vous tous savants, que tout ce que Dieu créa d’une seule essence ne mourra pas avant le jour du Jugement. En effet, ce qui détermine la mort est la séparation du composé. Dans l’incomposé, il n’y a nulle séparation, puisqu’il est un. La mort est donc la séparation de l’âme du corps. Une chose quelconque composée de deux ou de trois ou de quatre doit nécessairement être séparée, ce qui est sa mort. Et sachez qu’aucun composé dépourvu de feu ne mange, ni ne boit, ni ne dort. C’est pourquoi, en toute chose, ce qui mange est l’esprit doué du feu». L’assemblée : «Maître, comment se fait-il que les anges, étant créés du feu, ne mangent pas, puisque tu as avancé que ce qui mange est le feu ?» II dit : «Sur ce point, vous êtes incertains, étant partagés entre toutes les opinions et soumis à des idées opposées. Si vous connaissiez les éléments avec vérité, vous ne les renieriez point. Je proclame entre toutes les conjectures que l’on avance que ce n’est pas le feu simple qui mange, mais bien le feu dense. Or les anges ne sont pas formés de feu épais, mais au contraire de la partie la plus ténue du feu ténu. Donc, étant créés du feu extrêmement raréfié, ils ne mangent, ni ne boivent, ni ne dorment». L’assemblée : «Maître, nos intelligences sont-elles en mesure de tout comprendre, avec l’aide de Dieu, grâce à la mise en lumière des sentences ? Car nos facultés d’entendre et de voir ne sont pas capables de tout supporter, tant il y a de choses à approcher. Que Dieu te récompense pour tes disciples, parce que, dans l’intérêt des futurs étudiants, tu as fait venir chacun de nous de son pays pour nous assembler, afin de perpétuer la science pour ceux qui viendront après nous».

Arisleus dit : «Puisque tu nous as réunis, Maître, pour le profit de ceux qui nous suivront, j’estime qu’il ne peut rien y avoir de plus utile pour l’avenir que de rendre explicites les définitions des éléments que tu nous enseignas afin de nous les rendre compréhensibles». Il répondit : «Je suis persuadé qu’aucun d’entre vous, bien certainement, n’ignore les définitions que tous les savants en Dieu ont énoncées». L’assemblée : «Si certains de nos disciples dans l’avenir les passent sous silence, il faut que toi, Maître, tu consentes à dévoiler aux survenants ce qu’ils ne connaîtront pas», II dit : «Si tel est votre désir, je le ferai. Et parce que les envieux à travers leurs livres ont dispersé cette science, au contraire la disposition de ce livre-ci sera parachevée». Et l’assemblée : «Décide suivant ce que tu juges être le plus clair pour la postérité». Et lui : «Je commencerai donc là où rien n’est connu des ignorants et où rien n’est ignoré des enfants de la doctrine. Je présenterai ce qui est la clef de la perfection et de la fin».

Discours neuvième

Eximenus dit : «Dieu créa toutes choses par la parole ; il dit : « Soyez» et elles furent faites des quatre éléments, terre, eau, air, feu, qu’il coagula ensemble ; ainsi les contraires furent mêlés. Nous voyons que le feu est le contraire de l’eau, l’eau est le contraire du feu, et il en est de même pour la terre et l’air. Cependant, Dieu les assembla pour les mettre en paix jusqu’à ce qu’ils se plaisent réciproquement. Le ciel, les trônes, les anges, le soleil, la lune, les étoiles et la terre, la mer avec tout ce qui est en elle, sont tous des choses différentes, et non pas semblables ; Dieu en fit les diverses natures en tant que créations ; elles sont à ce point variées que je ne saurais assez vous le montrer. N’importe laquelle parmi toutes ces natures est d’une nature différente et est une variante particulière au sein des diversités de la multitude. Cette diversité, en effet, se retrouve dans toutes les créatures, parce qu’elles sont créées d’éléments différents. Car eussent-elles été créées d’un seul élément, elles auraient des natures concordantes. Mais ces éléments différents, lorsqu’ils sont mélangés, perdent leur nature puisque le sec mélangé avec l’humide, ou le chaud mêlé avec le froid, ne sont plus ni humide, ni sec, ou ni chaud ni froid. Quand donc les quatre éléments sont mêlés ensemble, ils n’accouplent et engendrent ainsi des créatures qui jamais ne viendront à terme n’ils n’ont été libérés pendant la nuit, putréfiés et corrompus visiblement. Ensuite, Dieu parachève sa création par la croissance, la nourriture, la vie et le gouvernement. Fils de la doctrine, ce n’est pas en vain que je vous ai exposé la disposition de ces quatre éléments, car en eux est caché l’arcane. Deux d’entre eux, dont l’action et les qualités sont connues, n’offrent à la vue et au toucher. Ce sont la terre et l’eau. Tandis que les deux autres éléments ne sont ni vus ni touchés, ne n’offrent à personne ; on ne voit dans l’espace ni leur action, ni leur vertu, si ce n’est dans les premiers éléments, la terre et l’eau. Si les quatre éléments ne sont conjoints par aucun artifice d’homme, on ne peut espérer les perfectionner. Au contraire, n’ils sont mêlés et délivrés de leurs natures, ils deviennent autres. Donc, méditez bien sur ce sujet». L’assemblée : «Maître, si tu nous instruisais de tes pensées, nous nous en inspirerions». Et lui : «J’ai déjà dit beaucoup de choses à perpétuer dans l’avenir. Mais je vais poursuivre, afin que vous suiviez mes paroles. Sachez, vous tous qui êtes persévérants, qu’il n’existe aucune teinture sûre autre que celle provenant de notre airain. Evitez donc de perdre vos âmes et vos biens, éloignez la tristesse de vos cœurs. Et j’ajouterai pour vous que, si vous ne changez pas le cuivre susdit en blanc, et ne le faites semblable à des pièces de monnaie, puis le rendez rouge jusqu’à ce qu’il soit teinture, vous ne ferez rien de bon. Brûlez donc ce cuivre. Brisez-le et le dépouillez de sa noirceur en le cuisant, l’imbibant et le lavant, jusqu’à ce qu’il soit blanc ; après quoi, vous pourrez en disposer».

Discours dixième

Arisleus dit : «Sachez que la clef de ce travail est l’art des monnaies. Prenez donc le corps que je vous ai montré et réduisez-le en fines lamelles. Ensuite, mettez-le dans l’eau de notre mer qui est une eau permanente. Une fois qu’il est recouvert, placez-le dans un feu doux jusqu’à ce que les lamelles soient détruites et réduites en eau ou Ethelia, ce qui veut dire la même chose. Mélangez et cuisez de même façon jusqu’à ce qu’il devienne bouillon gras. Remettez-le dans son eau Ethelia jusqu’à ce qu’il soit coagulé et transformé en paillettes mouchetées que nous appelons la fleur du soleil. Cuisez donc jusqu’à ce que vous le débarrassiez de sa noirceur et qu’il apparaisse blanc. Gouvernez-le enfin et le mélangez à la colle de l’or et le cuisez jusqu’à ce que l’Ethelia soit rouge. Broyez cela avec patience et ne vous en fatiguez pas ; imbibez l’Ethelia par une eau qui soit d’elle, et qui est l’eau permanente, jusqu’à ce qu’elle soit rouge. Vous obtiendrez alors le cuivre brûlé qui est le ferment de l’or et sa fleur que vous traiterez avec son eau, jusqu’à ce que l’eau se fixe dedans. Poursuivez l’opération jusqu’à ce que tout soit privé d’eau et rendu en poudre».

Discours onzième

Parmenides dit : «Sachez que les envieux ont fréquemment parlé de nombreuses eaux, de bouillons, de corps, de pierres et de métaux, afin de vous désorienter, vous tous, chercheurs en cette science. Détournez-vous d’eux et faites en sorte que l’or devienne argent et l’argent devienne or ; pour parfaire notre airain et l’airain au lieu de la noirceur. De même, faisant pour le plomb et l’étain, que la plupart appellent la noirceur. Et sachez que si vous n’appliquez pas à la nature le régime qui convient, si vous n’unissez pas correctement ses complexions et ses compositions, les consanguins aux consanguins, et ce qui est dans son commencement à ce qui est dans son commencement, votre travail est inadéquat et vous ne ferez rien de bon. C’est pour cela que les natures n’opposent les unes aux autres, se donnent la chasse entre elles et se détruisent. En effet, elles pourrissent et sont engendrées par elles-mêmes d’autant plus que la nature est redressée par la nature qui, d’elle-même, se détruit et se convertit en poussière et se réduit à rien. Puis, enfin, d’elle-même, se rénove, recommence et engendre souvent. Etudiez donc dans les livres afin de connaître la nature dans sa réalité ; ce qui la putréfie et ce qui la rénove, quelle est son odeur, quelles sont les choses qui ont une naturelle proximité, comment elles se plaisent réciproquement et comment, après leur amour, il leur survient inimitié et corruption ; et comment ces natures sont assemblées l’une à l’autre et n’accordent jusqu’à ce que, dans le feu doux, elles soient semblables. Tout cela vous étant connu, mettez la main à cet art. Mais si vous ignorez la vérité des natures, évitez de vous en approcher, parce que vous n’en tireriez que préjudice, infortune et tristesse. Considérez donc les paroles des savants et comment ils ont tout exprimé en disant : "Nature se réjouit de la nature, nature contient la nature". En ces mots, l’Oeuvre vous est abondamment exposé. Laissez donc tant de détours superflus, prenez l’argent vif et le coagulez dans le corps de la magnésie, ou kuhul, ou soufre incombustible, et faites-en une nature blanche, puis la mettez dans notre airain jusqu’à ce qu’il devienne blanc. Si vous travaillez au rouge, qu’il rougisse, et si vous continuez à cuire, il se fera de l’or. Car je dis que la mer elle-même se transforme en rouge et en colle d’or. Et sachez que l’or n’est pas changé en rouille, si ce n’est par l’eau permanente, parce que la nature se réjouit de la nature. Régissez-le donc en le cuisant dans son humeur jusqu’à ce que la nature cachée apparaisse. De cette façon, dès qu’elle apparaît à l’extérieur, imbibez-la sept fois par l’eau, cuisant, imbibant et desséchant jusqu’à ce qu’elle soit rouge. Ô natures célestes, natures de vérité, se multipliant sur un signe de Dieu ! Ô nature puissante qui vainc les natures et les surmonte, fait se réjouir les siens et rend heureuses les natures ! C’est à elle tout particulièrement que Dieu a accordé le pouvoir de faire ce que le feu lui-même ne peut accomplir. C’est pour cette raison que nous la tenons en haute estime et l’honorons ; car nous ne trouvons rien qui lui soit semblable ou plus précieux pour la vraie teinture, c’est elle qui est la vérité aimée de ceux qui recherchent la sapience. Car si elle est dissoute avec ses corps, le plus grand des Œuvres sera accompli. Et, si vous connaissiez la vérité, ne m’en seriez-vous pas grandement reconnaissants ? Sachez donc qu’il vous faut détruire la cendre des corps tingents auxquels elle est mêlée. Car elle leur est mélangée, n’élève au-dessus, les surmonte et les change en sa couleur. Et tel celui qu’elle aura vaincu montera visible à la surface, tel aura été la réussite dans l’intérieur. Si l’un fuit et que l’autre supporte le feu, joints ensemble, ils supporteront le feu. Sachez que si les nuages sont blanchis à la surface, il n’y a aucun doute quant au blanchiment des parties intimes. Et sachez, chercheurs en cette science, qu’une seule chose en surmonte quatre et que notre soufre brûle tous les corps». La Tourbe répondit : «Parmenides, tu as très bien parlé. Tu n’as cependant pas expliqué pour ceux qui viendront quelle est la disposition de la fumée, ni comment elle est blanchie».

Discours douzième

Lucas dit : «Je dirai qu’en cela, il faut suivre les traces laissées par les Anciens. Sachez, investigateurs en cette science, que cette pratique n’a pas à être menée dès le début. Prenez l’argent vif qui est extrait du mâle, et le coagulez suivant l’usage habituel. Remarquez bien que je dis : "suivant l’habitude". C’est parce qu’il est déjà coagulé avant. Il n’y a donc pas à le régir dès le commencement. Je vous conseille cependant de prendre l’argent vif extrait du mâle et de le mettre sur le fer ou sur l’étain ou sur le cuivre traité, et de le blanchir. De même que la magnésie soit blanche, et le mâle sera converti avec elle. Car il existe une certaine parenté entre le fer et l’aimant. C’est de cette façon que notre nature se réjouit. Prenez donc ce nuage que nos Anciens vous ont conseillé de prendre et le cuisez avec son corps jusqu’à ce qu’il soit fait étain. Puis, suivant la coutume, nettoyez-le de sa noirceur, lavez-le et rôtissez-le par un feu égal jusqu’à ce qu’il blanchisse. Tout corps est blanchi par l’argent vif qui lui est administré, car la nature convertit la nature. Prenez donc l’eau de la magnésie, et l’eau d’alun, et l’eau de nitre, et l’eau de mer et l’eau de feu. Blanchissez par la fumée parce que cette fumée est blanche et blanchit tout. Par cette fumée, tout ce que vous désirez blanchir sera blanchi ; que cette fumée soit mélangée à son résidu jusqu’à ce qu’elle soit congelée et elle sera d’une blancheur extrême. Rôtissez ce cuivre blanc jusqu’à ce qu’il se fasse germer lui-même et quand il sera blanchi avec la magnésie, il ne laissera pas n’enfuir l’esprit, ni apparaître l’ombre de cuivre, parce que la nature contiendra la nature. Fils de la doctrine, prenez donc le soufre blanc et le blanchissez par le sel et la rosée ou par la fleur de sel blanche jusqu’à ce qu’il soit extrêmement blanc et sachez que la fleur de sel blanche est l’Ethel de l’Ethelia. Rôtissez-le donc pendant sept jours, jusqu’à ce qu’il soit semblable à du marbre éclatant, car lorsqu’il sera ainsi, ce sera le grand arcane, puisque le soufre est mêlé au soufre et de là l’Oeuvre excellent est accompli en raison de la proximité qui les unit, parce que les natures se réjouissent de rencontrer leurs natures. Prenez Mardeck et le blanchissez avec gadenbe, c’est-à-dire avec l’urine et le vinaigre et l’eau permanente. Rôtissez-le et le coagulez jusqu’à ce qu’il ne coule plus, dans un feu plus fort que n’était son premier feu. Fermez bien l’ouverture du vaisseau pour que la fleur ne n’enfuie et qu’elle se tienne avec son voisin et fasse n’exciter la blancheur. Prenez garde à l’embrasement du feu, parce que si le feu augmente, le tout sera rouge avant son terme, ce qui ne vous sera d’aucun profit, puisque vous le voulez blanc dès le commencement du régime. Après, coagulez-le jusqu’à ce que vous le rendiez rouge. Et sachez que lorsqu’il est coagulé, nous l’appelons âme ; il est alors plus vite converti d’une nature en une autre. Vous possédez maintenant la règle à suivre pour les différentes opérations de l’art, car ce qui permet d’opérer une chose peut permettre d’en opérer plusieurs. Vous n’avez pas besoin de plusieurs choses, mais d’une seule ; et cette chose sera convertie en une autre nature à chacun des degrés de vos travaux». La Tourbe dit : «Maître, si les savants avaient parlé comme toi et aussi brièvement, eux qui, nous le voyons bien, se refusent à séparer les ténèbres de tout le reste, ils auraient marché dans tes pas».

Discours treizième

Pythagoras dit : «Examinons une autre façon de faire, qui n’est pas essentiellement différente, mais qui porte un autre nom. Sachez, vous qui recherchez la science, que tous les envieux ordonnèrent dans leurs livres de prendre toutes sortes de compositions des natures qui diffèrent les unes des autres par la saveur ou l’aspect visuel. Et sachez que la chose qu’ils décrivent de tant de façons suit son compagnon, sans feu, comme la pierre d’aimant suit le fer ; cette chose ne leur est pas inutilement comparée ; non plus qu’au sperme et la vulve car elle leur est semblable. Et cette chose qui, sans feu, suit son compagnon, sans aucun artifice fait apparaître de nombreuses couleurs de-ci de-là. Du fait que cette unique chose entre dans chaque régime, elle est trouvée partout, c’est une pierre et ce n’est pas une pierre, elle est vile et précieuse, obscure et cachée et connue de chacun. Elle n’a qu’un nom parmi un grand nombre de noms, et c’est le crachat de lune. Cette pierre n’est donc pas une pierre, parce qu’elle est précieuse, sans elle la nature ne fait jamais rien. Son nom est unique, mais nous lui avons donné beaucoup de noms en raison de l’excellence de sa nature». La Tourbe dit : «Maître, si tu la faisais connaître aux chercheurs par quelques-uns de ses noms ?» Et lui : «Elle est appelée éthélie blanche et cuivre blanc, et fuyant au feu et qui seul blanchit le cuivre. Broyez donc la pierre blanche, après que l’aurez coagulée par le lait. Ensuite, broyez la chaux sur le marbre et prenez garde à ce que l’humidité ne sorte du vaisseau jusqu’à ce qu’elle soit en cendre, et cuisez le crachat de lune et la menez à bien. Vous trouverez la pierre brisée et déjà imbibée de son eau. C’est là la pierre à laquelle nous avons donné tous les noms, qui sauve l’Oeuvre et se boit elle-même, et qui paraît de toutes les couleurs. Prenez la gomme qui sort de son écorce, mêlez-la avec la cendre de la chaux que vous avez travaillée et le résidu que vous savez, puis humectez-le avec l’eau permanente. Ensuite, examinez n’il est réduit en poudre. Sinon, rôtissez-le dans un feu plus fort jusqu’à ce qu’il soit pulvérisé. Après cela, imbibez-le avec l’eau permanente et tant que les couleurs changeront, laissez-le à chauffer. Sachez que si vous avez pris l’argent vif blanc ou crachat de lune, et si vous avez suivi mes prescriptions, si vous l’avez détruit par un feu doux, il sera coagulé et réduit en pierre. Plusieurs couleurs sortiront de cette pierre quand elle sera brisée en petites parties. Et si mes paroles dans ce discours étaient pour vous source d’un doute, faites comme je vous ai commandé jusqu’à ce que la pierre devienne blanche éclatante, vous trouverez ainsi ce que vous vous êtes proposé».

Discours quatorzième

Acsubofen dit : «Maître, tu as dit, parlé vrai et sans envie, que la grâce de Dieu soit sur toi». Pythagoras dit : «Et toi, Acsubofen, que Dieu t’affranchisse de l’envie». Celui-ci dit : «Sachez, assemblée des sages, que les soufres sont contenus dans les soufres, et les humidités dans l’humidité». L’assemblée répondit : «Acsubofen, les envieux l’ont déjà dit ; explique donc ce que c’est que cette humidité». Il dit : «Lorsque la teinture pénètre le corps, elle le colore d’une couleur qui ne change plus et ne laisse jamais plus le corps se séparer de l âme, sa compagne. À ce sujet, les envieux dirent que le poursuivant n’opposant au fuyant les garantit tous deux de la fuite et qu’il en résulte ce qui convient, et que la nature saisit son compagnon comme son ennemi et qu’ils se réunissent ensemble, car du sulfure mélangé au soufre se fait la très précieuse couleur qui ne change pas, ni ne fuit au feu, quand l’âme est introduite dans l’intime du corps et que le corps la retient et se colore. Je répéterai ce que j’ai dit de la coloration en pourpre de Tyr. Prenez l’animal que l’on appelle kenckel, parce que toute son eau est de la couleur tyrienne, et régissez-le par un feu léger selon la coutume jusqu’à ce qu’il soit changé en terre, une terre qui ne sera que peu colorée. Si vous voulez parvenir à la teinture tyrienne, prenez l’humidité qu’il a rejetée et mettez-la peu à peu avec dans le vaisseau. Mettez-y ensuite cette teinture dont la couleur ne vous satisfait pas, puis cuisez-le avec son eau de mer jusqu’à ce qu’il se dessèche. Ensuite, imbibez-le de cette humeur et desséchez peu à peu, sans cesser d’imbiber le cuivre et de le dessécher jusqu’à ce qu’il ait bu toute son humeur. Après, laissez-le dans son vaisseau pendant un certain nombre de jours, jusqu’à ce que la très précieuse couleur tyrienne apparaisse à la surface. Prenez bien garde à la façon dont je vous décrirai le régime. Digérez-le dans l’urine des enfants, et dans l’eau de mer, et dans l’eau pure permanente, avant qu’il soit teint, puis cuisez-le à feu léger, jusqu’à ce que la noirceur disparaisse et qu’il se calme et soit facile à broyer. Cuisez-le avec son humeur jusqu’à ce qu’il révèle une couleur rouge. Si vous voulez l’amener à la couleur tyrienne, imbibez-le de son eau qui tient à lui et mélangez-les jusqu’à ce que, par la vue, vous saurez lui suffire et mêlez-le à l’eau permanente autant que cela suffise. Cuisez pour que la rouille boive l’eau. Après cela, lavez-le avec l’eau de mer que vous aurez préparée, qui est l’eau de chaux desséchée, et cuisez jusqu’à ce qu’il boive son humeur. Faites cela jour après jour. Je vous dis que, par là, il vous apparaîtra une couleur comme jamais les Tyriens n’en firent. Si vous voulez qu’il soit plus noble et plus hardi qu’il n’est, mettez la gomme dans l’eau permanente par laquelle vous l’imbiberez une fois après l’autre, après quoi le desséchez au soleil. Rendez-lui seulement son eau permanente susdite et la couleur tyrienne deviendra plus foncée. Et sachez que vous ne teindrez pas en couleur tyrienne sans le froid. Prenez donc l’eau qui est de nature froide, et cuisez-y la laine jusqu’à ce qu’elle prenne de l’eau la force de la teinture. Apprenez que les philosophes nommèrent fleur cette force qui sort de l’eau. Que toute votre intention soit donc cette eau. Mettez-y ce qui est dans le vaisseau pendant des jours et des nuits jusqu’à ce qu’il révèle la très précieuse pourpre de Tyr».

Discours quinzième

Frictes dit : «Sachez, vous tous qui recherchez la science, que le fondement de cet art que nous honorons, source de tant de peine pour beaucoup, est unique et plus fort que toutes les natures ; il est tenu pour le plus noble par tous les philosophes, mais pour la plus vile des choses par les ignorants. Hélas, sur vous tous, ignorants en cet art pour lequel vous seriez prêts à mourir si vous le saviez. Et je vous jure que si les rois le connaissaient, aucun de vous n’y parviendrait jamais. Ô nature qui convertit le corps en esprit ! Ô combien est admirable la nature qui surplombe et donne toutes choses». Pythagoras dit : «Frictes, nomme-la». Il dit alors : «C’est le vinaigre très aigre qui rend l’or en pur esprit. Sans le vinaigre, ni blancheur, ni rouille ne pourraient être faites. Sachez que lorsqu’il est mélangé au corps, et qu’il est retenu et qu’il est fait un avec lui, il le convertit en esprit et il le teint d’une teinture spirituelle invariable qui ne peut être détruite. Sachez aussi que si vous mettez le corps sur le feu sans vinaigre, il sera brûlé et corrompu. Et sachez encore que la première humeur est froide. Prenez donc garde au feu, ennemi du froid. À ce sujet, les savants disent de régir l’Oeuvre avec douceur jusqu’à ce que le soufre soit devenu incombustible. Le sage démontre depuis longtemps la disposition de cet art à ceux qui en possèdent la règle. Le meilleur de ce qui a été dit de leur art est qu’une petite quantité de ce soufre brûle le corps robuste. C’est pourquoi ils l’honorent et décrivent au commencement de leur livre ce que le fils d’Adam a décrit. Parce que ce vinaigre brûle le corps et le convertit en cendre. En outre, il blanchit le corps qui, si vous le cuisez bien et le privez de sa noirceur, sera changé en pierre et deviendra comme une pièce de monnaie de très intense blancheur. Cuisez donc la pierre jusqu’à ce qu’elle soit décomposée. Enfin, dissolvez-la dans l’eau de mer avec réserve. Et sachez que le commencement de tout l’Oeuvre est le blanchiment, auquel succède la rougeur ; alors seulement est la perfection de l’Oeuvre. Selon la volonté de Dieu, c’est par le vinaigre que toute la perfection est faite. Je vous ai maintenant montré, à vous disciples de l’assemblée, la disposition de cette chose unique qui est la plus parfaite, la plus précieuse et la plus honorable des natures, et je vous jure par Dieu que j’ai cherché longtemps dans les livres afin de parvenir à cette science parfaite, et j’ai prié Dieu pour qu’il me l’enseigne. Quand il eut entendu ma prière, il me montra une eau pure que je reconnus être un pur vinaigre. Alors, plus je lisais les livres, plus j’étais éclairé».

Discours seizième

Socrates dit : «Sachez, enfants de la doctrine qui siégez dans cette assemblée, que sans la force du plomb aucune teinture ne peut se faire. Ne voyez-vous pas comment Hermès triple par grâce quand il joint la grenade au corps, la change en couleur invariable. Et sachez que la première vertu est dans le vinaigre, mais que la seconde est dans le plomb, dont les savants ont dit que, la grenade étant soumise dans le corps, il n’en fait une couleur invariable. Prenez donc le plomb qui est fait de la pierre qu’on appelle kuhul, qu’il soit le meilleur, et cuisez-le jusqu’à ce qu’il devienne noir. Ensuite, broyez-le avec de l’eau de nitre jusqu’à ce qu’il soit épais comme de la graisse. Cuisez-le sur un feu très brillant tant que l’épaisseur du corps soit détruite, sans tenir compte de l’eau. Cuisez sur ce feu pour que la pierre soit pure, riche et très blanche. Broyez-la avec la rosée et le soleil et l’eau de mer et l’eau de pluie vingt-et-un jours, dix jours à l’eau salée, dix jours à l’eau douce, et vous la trouverez semblable à une pierre précieuse. Cuisez-la avec l’eau de nitre jusqu’à ce qu’elle devienne étain. Cuisez jusqu’à ce qu’elle soit débarrassée de l’humeur et soit sèche. Et sachez que quand elle est devenue sèche, elle boit rapidement son humeur restante et qu’elle est le plomb brûlé. Traitez-le donc de façon à ce qu’il ne soit pas brûlé. Nous l’appelons en effet le soufre qui n’est pas brûlé. Broyez-le avec le vinaigre très aigre et le cuisez jusqu’à ce qu’il soit épaissi, et prenez garde que le vinaigre ne se trouve en fumée et disparaisse. Cuisez-le cent cinquante jours. Je vous ai maintenant montré la disposition du plomb blanc.

Je vous fais observer que ce n’est que travail de femme et jeu d’enfant. Sachez encore que le secret du travail de For est fait de mâle et de femelle. Le mâle, je vous l’ai déjà montré dans le plomb. Quant à la femelle, je vous ai dit qu’elle était dans l’orpiment. Connaissez donc le plomb. Ce mâle, en effet, se réjouit de la femelle qu’il reçoit. Elle est fortifiée par le mâle. La femme prend l’esprit tingent du mâle. Ceux-ci étant mêlés, mettez-les dans un vase de verre et triturez l’éthélie avec le vinaigre très aigre ; cuisez sept jours et prenez garde que l’arcane ne fume ; laissez-le plusieurs nuits. Si vous voulez faire entrer ce limon, imbibez-le de vinaigre quand vous le verrez sec. Je vous ai en effet déjà signalé que la vertu de l’orpiment, qui est la femme, amène Farcane à la plus haute perfection. Evitez de leur causer du tort. Rauderit, en effet, est l’éthélie du vinaigre qui est mis dans la confection. C’est avec ceci que Dieu parfait l’Oeuvre et ce par quoi les corps reçoivent l’esprit et deviennent spirituels».

Discours dix-septième

Zimon dit : «Assemblée des philosophes et des disciples, je vous ai déjà dit ce qui est à faire pour le blanc. Il reste à parler de ce qui est à faire pour le rouge. Sachez vous tous, investigateurs de cet art, que vous ne pourrez faire le rouge si vous n’avez pas blanchi, parce que les deux natures ne sont que le blanc et le rouge. Blanchissez donc le rouge et le blanc. Vous saurez que l’année est divisée en quatre saisons. La première saison est de complexion froide, c’est l’hiver. La seconde est de la complexion du printemps. Vient ensuite la troisième, qui est l’été. Après est l’automne, qui fait mûrir les fruits. Il vous faut régir les natures de même façon par l’humidité de l’hiver, puis par le temps du printemps, et par la sortie des fleurs en été par l’action de la chaleur et de l’air ; et de sorte que les fruits soient mûris et deviennent doux afin qu’on puisse les cueillir sur les arbres. Régissez les natures tingentes par l’exemple que je vous propose. Ainsi, si vous vous trompez, ne vous en prenez qu’à vous-même». L’assemblée répondit : «Tu as traité la question pour le mieux, mais ajoute donc quelque chose pour ceux qui viendront». Et lui : «Je dirai comment il faut faire le plomb rouge. Prenez ce plomb dont le Maître vous a ordonné l’usage au commencement de son livre, et mettez le cuivre avec ce plomb ; cuisez ensuite jusqu’à ce qu’il soit épaissi. Congelez et desséchez jusqu’à ce qu’il devienne rouge. C’est là le plomb rouge duquel les sages dirent qu’ils faisaient leur pierre précieuse de cuivre et de plomb. Mélangez-les par parties égales et rôtissez bien ; l’esprit deviendra tingent dans les esprits. Quand, en effet, le mâle et la femelle seront conjoints, la femme deviendra non fuyante ; ce sera un composé spirituel. Le commencement du monde est fait du composé changé en esprit rouge ; voilà donc ce plomb que nous avons appelé le plomb rouge de notre Oeuvre, sans lequel rien ne se fait».

Discours dix-huitième

Mundus dit à la Tourbe : «Investigateurs de cet art, il faut savoir que les philosophes en leurs livres ont parlé de bien des façons de leur gomme, qui n’est autre que l’eau permanente dont est engendrée la pierre très précieuse. Ô combien sont nombreux ceux qui recherchent cette gomme et combien sont rares ceux qui la connaissent ! Sachez en effet que cette gomme n’est améliorée que par l’or. Beaucoup ont fait des recherches dans le but de faire des applications et ont trouvé quelque chose. Cependant, les résultats de leurs travaux n’ont pu soutenir les épreuves et se sont altérés. Tandis que pour ceux qui ont utilisé la gomme de l’honorable pierre renfermant déjà la teinture, ce qu’ils ont accompli soutient l’épreuve et n’est jamais diminué de qualité. Comprenez donc mes paroles qui vous éclairent sur la disposition de la gomme tout en vous la cachant, ainsi que l’arcane qui est en elle. Vous saurez que notre gomme est plus forte que l’or ; il faut que les savants la tiennent pour plus honorable que lui. Cependant, nous honorons l’or sans lequel la gomme n’est pas améliorée. Notre gomme est donc plus précieuse et plus sublime que les perles, puisque par la gomme, avec un peu d’or, nous en acquérons beaucoup. C’est pourquoi les philosophes, tout en écrivant pour qu’elle ne soit pas perdue, ont veillé dans leurs livres à ne pas exprimer la claire disposition de peur qu’elle ne soit connue de n’importe qui. En effet, si les ignorants la savaient, ils ne la vendraient pas à bas prix. Prenez donc de la gomme blanche de très intense clarté, une partie, de l’urine de veau blanc, une partie, du fiel de poisson, une partie, et du corps de la gomme, sans lequel on ne peut rien améliorer, une partie. Mélangez le tout et cuisez pendant quarante jours. Ceux-ci écoulés, congelez à la chaleur du soleil jusqu’à ce que tout soit desséché. Ensuite, cuisez ce mélange avec le lait du ferment jusqu’à ce que le lait vienne à manquer, puis sortez-le et laissez-le à la chaleur jusqu’à la siccité. Après cela, mélangez ce sec avec le lait et cuisez jusqu’à ce que l’humeur soit desséchée dans la composition, laquelle vous mélangerez dans le lait avec la racine de l’herbe, et cuisez jusqu’à dessication. Puis humectez-le d’eau de pluie, l’aspergez d’eau de rosée et cuisez jusqu’à ce qu’il soit desséché. De même, imbibez-le d’eau permanente et desséchez jusqu’à ce que la sécheresse soit très intense. Par ces préparations, mélangez-le avec la gomme, qui acquerra toutes les couleurs, et cuisez fortement jusqu’à ce que toute la force de l’eau disparaisse et que le corps dessèche toute l’humidité, l’introduisant en cuisant jusqu’à ce que sa sécheresse soit renforcée. Après, laissez-le pendant quarante jours afin qu’il reste dans ce broyage ou décoction jusqu’à ce que l’esprit ait pénétré le corps. En effet, par ce régime, l’esprit est incorporé et le corps est changé en esprit. Surveillez le vaisseau pour que la composition ne fuie ni ne fume. Tout cela étant terminé, ouvrez le vaisseau et vous trouverez ce que vous vous étiez proposé. Ceci est en toute sûreté l’arcane de la gomme que les philosophes ont dissimulé dans leurs livres».

Discours dix-neuvième

Dardaris dit : «Ce que les maîtres ont dit de l’eau permanente est célèbre. Il ne faut donc pas prétendre à commencer quoi que ce soit dans cet art avant d’être en possession de la puissance de cette eau permanente. Il nous la faut toujours utiliser dans la commixtion, dans la contrition et dans tout le régime, cette eau permanente. Celui qui ignore l’eau permanente et le régime qui lui convient n’entrera pas dans cet art, parce que sans l’eau permanente, rien ne se fait. Sa force est le sang spirituel. C’est pourquoi les philosophes la dénommèrent eau permanente. En effet, broyée avec le corps qu’avant moi les maîtres vous ont montré, Dieu aidant, elle convertit le corps en esprit. Mêlés ensemble et réduits en un, ils se convertissent mutuellement, le corps incorpore l’esprit, tandis que l’esprit change le corps en esprit teint comme le sang. Et vous saurez que tout ce qui a un esprit a aussi un sang. Souvenez-vous de ce secret».

Discours vingtième

Belus dit : «Tu as très bien parlé aux disciples». Pythagoras répondit : «Pourquoi les as-tu appelés disciples, puisque ce sont des philosophes ?». Il répondit : «En honneur de leurs maîtres, pour ne pas les mettre en égalité avec ceux-ci». Pythagoras dit : «Ceux qui auront composé avec nous ce livre appelé la Tourbe ne doivent pas être appelés disciples». Et lui : «Ces maîtres ont souvent traité de l’eau permanente ; ils décrivirent divers moyens de la rendre blanche et rouge, mais avec des noms très variés. Ils sont cependant d’accord quant à la vérité cachée. Dans ces moyens, ils ont rassemblé les poids, les compositions et les régimes. Voici, dans cette vue d’ensemble, les noms les plus connus et rendus publics de cette chose si noble chez les philosophes, qui est une pierre et n’est pas une pierre, et est nommée de tant de noms en sorte qu’elle reste inconnue des ignorants. Parmi les sages, il en est qui n’y prirent d’une autre manière pour donner des noms, l’un de l’endroit où elle est engendrée, l’un de sa couleur ; l’un dit qu’elle était verte, l’un que c’était une pierre d’un très intense esprit de l’air, qui ne pouvait pas être mélangé aux corps. Les uns altérèrent sa description, dirent qu’elle était mise en vente chez les marchands qu’on appelle de monnaie. Les uns l’appelèrent crachat de lune, d’autres utilisèrent des noms astronomiques, d’autres encore arithmétiques. Elle a été désignée par une infinité d’appellations, dont les meilleures sont qu’elle est faite des métaux, qu’elle est le cœur du soleil, qu’elle est faite d’argent vif, qui est dit être le lait des oiseaux».

Discours vingt-et-unième

Pandolfus dit : «Beîus3 tu as tant parlé quant à la vue d’ensemble de la pierre que tu n’en as rien laissé à dire à aucun de tes frères. J’ajouterai pour les survenants que ce qui domine la question de cette pierre est l’eau permanente. Vous savez tous, investigateurs de cette science, que l’eau permanente est l’eau de la vie du monde, dont les philosophes dirent : "La nature est réjouie par la nature, la nature contient la nature et la nature vainc la nature". Par ce bref énoncé, les philosophes posèrent la base de la raison du commencement de l’Oeuvre. Vous saurez qu’aucun corps n’est plus précieux ni plus pur que le soleil, et que nulle teinture tingente n’est engendrée sans le soleil et son ombre. Donc, celui qui essaie de faire la teinture des philosophes sans ceci est dans l’erreur et tombe dans ce qui lui sera un mécontentement dont il ne pourra sortir. Tandis que celui qui teindra par le soleil et son ombre parviendra au grand arcane. Et vous saurez que lorsque notre pièce de monnaie est devenue rouge, elle est appelée or. Celui donc qui sait ce qu’est le cambar caché des philosophes connaît déjà l’arcane».

L’assemblée répondit : «Tu as bien décrit cette pierre et de façon instructive, mais tu n’as cependant pas parlé de son régime, ni de sa composition. Recommence donc à les décrire». Il dit : «Je vous prescris de prendre l’arcane caché et honorable qui est la magnésie blanche mélangée et broyée avec soin, et prenez garde de ne la prendre que pure et nette. Puis mettez-la dans son vaisseau et priez Dieu qu’il vous permette de voir cette grande pierre. Ensuite, cuisez peu à peu ; et en la sortant, examinez-la : si elle est devenue noire, vous avez régi la pierre pour le mieux. Alors régissez-la au blanc, qui est le grand arcane, jusqu’à ce qu’elle devienne kuhul couvert de noirceur. Irritez cette noirceur pour qu’elle ne dure que quarante jours. Troisièmement, cuisez-la avec ses compositions qui sont cette fleur du cuivre et l’or indien desquels la racine est unique et vient de l’onguent qui est le safran ou alun fixe exalté, ou Saturne. Cuisez prudemment les quatre pendant quarante ou quarante-deux jours. Ces jours passés, Dieu vous montrera le commencement de cette pierre qui est la pierre aetite et dont l’aspect, par la grâce de Dieu, a été décrit de plusieurs manières. Cuisez fortement et imbibez le résidu avec sa gomme. Sachez qu’autant de fois vous imbiberez la cendre, autant de fois elle devra être desséchée et humectée, jusqu’à ce qu’elle soit changée en la couleur que vous cherchez. Si nous l’examinons avec précaution, nous verrons si elle commence à se perfectionner. Sachez que la perfection du travail de cette précieuse pierre consiste à la régir avec le reste de la médecine qui a été mise de côté. C’est pourquoi, avec les deux tiers qui restent, il faut imbiber l’autre partie, mettant à la chaleur et cuisant, et que le feu soit plus intense qu’avant. Qu’elle soit rendue malléable et, une fois desséchée, qu’ils n’embrassent mutuellement. Cuisez donc la cire jusqu’à ce qu’elle boive la colle de l’or. Quand elle sera desséchée, imbibez encore la cire restante sept fois, jusqu’à ce que la terre pure ait bu les deux tiers complètement. Ensuite, mettez-la à la chaleur du feu jusqu’à ce que la fleur soit sortie de sa terre et qu’elle vous plaise. Si vous avez compris, vous êtes bienheureux. Autrement, recommencez mieux votre opération. Prenez le pur blanc qui est le plus grand des secrets dans lequel est la vérité de la teinture. Imbibez-en le sable qui est fait de la pierre sept fois imprégnée, jusqu’à ce qu’il ait tout bu.

Fermez solidement le vase comme je l’ai si souvent recommandé. Parce qu’avec la permission de Dieu, il vous sera montré que ce que vous en ferez sortir est la pierre de couleur tyrienne. Je vous ai maintenant dit toute la vérité. Je vous conjure, par Dieu et par votre vrai Maître, de ne pas révéler ce très grand arcane et prenez garde aux méchants».

Discours vingt-deuxième

Theophilus dit : «Tu as bien parlé, de façon démonstrative et belle, et tu as été exempt d’envie». L’assemblée dit : «Explique-nous donc à ta manière ce que signifie l’énoncé de Pandolfus et veuille bien ne pas être envieux». Et lui : «Chercheurs de cette science, l’arcane du travail de la pierre de monnaie et de l’or est un vêtement ténébreux, et personne ne connaît ce que les philosophes ont raconté dans leurs livres sans de fréquentes lectures et expériences et recherches de la science. En effet, ce qu’ils ont annoncé est plus sublime et plus obscur qu’on ne peut le penser, bien qu’ils en aient traité pour le mieux et convenablement. Tous en ont traité obscurément, mais les uns sont plus clairs que les autres». L’assemblée répondit : «Tu as dit la vérité». Et lui : «Je signifie aux survenants qu’il existe une proximité entre boritis et le cuivre, puisque le boritis des sages signifie le cuivre et le change en flux liquide comme de l’eau. Divisez donc la teinture en deux parties égales ; avec l’une liquéfiez le cuivre et conservez l’autre pour le broyer et l’imbiber. Parce qu’il vous faut réduire le cuivre en feuillets ensuite le cuivre avec la première partie de la teinture (deux à sept en deux. Cuisez dans sept fois son eau pendant quarante-deux jours), puis ouvrez le vaisseau et vous trouverez le cuivre changé en argent vif. Lavez-le en cuisant jusqu’à ce qu’il soit débarrassé de la noirceur et devienne du cuivre sans ombre. Après, continuez à cuire jusqu’à ce qu’il soit congelé. Par sa congélation est accompli le plus grand des arcanes. Les philosophes appelèrent cette pierre boritin. Cuisez cette pierre congelée jusqu’à ce que sa matière soit semblable à une saumure d’eau de mer. Alors, imbibez-la d’eau permanente, que je vous ai prescrit de réserver, c’est-à-dire l’autre portion, et cuisez souvent jusqu’à ce qu’apparaissent les couleurs. C’est par une putréfaction totale que l’arcane est extrait complètement». L’assemblée dit : «Theophilus, recommence à nous l’expliquer». Et lui : «On peut dire que la proximité entre l’aimant et le fer est absolument la même que celle qui existe entre le cuivre et l’eau permanente. Si donc vous régissez comme je le prescris le cuivre et l’eau permanente, vous ferez par ce moyen le plus grand des arcanes. Prenez la magnésie blanche et l’argent vif ; mélangez avec le mâle et broyez fortement en cuisant, et non avec les mains, jusqu’à ce qu’en soit faite une eau ténue. Cette eau est à diviser en deux parties. Cuisez l’une des parties modérément onze jours, jusqu’à ce qu’il se fasse une fleur blanche comme la fleur de sol dans sa splendeur et son éclat. Fermez solidement l’ouverture du vaisseau et cuisez quarante jours, et vous trouverez cette eau plus blanche que du lait. En la cuisant encore, débarrassez-la de sa noirceur. Cuisez continuellement jusqu’à ce que toute sa nature soit décomposée, que la souillure soit anéantie ; que vous la voyiez pure et qu’elle soit broyée. Si vous voulez que l’arcane que je vous ai donné soit entièrement parachevé, lavez-le avec l’eau que je vous ai ordonné de conserver, c’est-à-dire avec l’autre partie, jusqu’à ce que soit fait le safran, et laissez-le dans son vaisseau, parce que iksir se broie lui-même. Imbibez d’eau les résidus jusqu’à ce qu’il soit truffé par la décoction de l’eau et ressemble à du sirop de grenade. Imbibez et cuisez jusqu’à ce que le poids d’humidité restante que vous aviez vienne à manquer et que la couleur que les philosophes ont décrite en leurs livres apparaisse».

Discours vingt-troisième

Cerus dit : «Fils de la doctrine, comprenez ce que Theophilus vous a mentionné, à savoir qu’il y a une proximité entre l’aimant et le fer, une commixtion par la proximité qui existe entre eux, quand le cuivre est comme il le faut régi pendant cent jours. Qu’est-ce qui vous sera de plus utile signification que de savoir qu’entre l’étain et l’argent vif il n’y a nulle proximité ? Ni dans la nature de l’un et de l’autre ?» L’assemblée répondit : «Tu as mal parlé et tu as méprisé la droite composition». Et lui : «Je fais savoir que je ne dis que la vérité. Quel Oeuvre est donc le vôtre ? Craignez le Seigneur, vous tous de l’assemblée, si vous voulez que votre Maître se fie à vous». Et l’assemblée : «Dis ce que tu veux dire». Et lui : «Je vous prescris de prendre l’argent vif qui est la puissance masculine ; cuisez-le avec son corps jusqu’à ce qu’il soit comme l’eau coulante. Cuisez ensemble le masculin et la vapeur de manière à ce qu’ils soient coagulés l’un et l’autre, et qu’il en soit fait une pierre. Vous aurez divisé l’eau en deux parties, desquelles la première est pour liquéfier le corps et le cuivre, tandis que la seconde est pour purifier son compagnon déjà brûlé avec qui ils sont faits un. Imbibez-le sept fois et le nettoyez jusqu’à ce qu’il soit décomposé, que son corps soit purifié de toute ordure et soit réduit en terre. Vous saurez qu’en quarante-deux jours, il sera entièrement converti en terre. En la cuisant, liquéfiez-la jusqu’à ce qu’elle soit comme de l’eau véritable et de l’argent vif. Ensuite, lavez-la avec de l’eau de nitre, jusqu’à ce qu’elle devienne comme une pièce de monnaie liquide. Après cela, cuisez-la jusqu’à ce qu’elle soit congelée et devienne semblable à l’étain. C’est alors le grand arcane, c’est-à-dire la pierre qui est faite de deux choses. Régissez-la en la cuisant et en la broyant jusqu’à en faire un safran très excellent. Sachez que lorsque l’eau est desséchée avec son compagnon, nous l’appelons safran. Cuisez-le et l’imbibez avec l’eau qui reste, que vous avez conservée, jusqu’à ce que vous trouviez ce que vous vous êtes proposé».

Discours vingt-quatrième

Bacoscus dit : «Tu as très bien parlé, Belus, tes paroles suivent la tradition». Et lui : «S’il te plaît, prends garde de ne pas être envieux, car l’envie n’est pas le fait des sages, et parle avec vérité». Bacoscus : «Je vous prescris, fils de la doctrine, de prendre le plomb et, comme les philosophes l’ont ordonné, imbibez-le puis le liquéfiez ; ensuite le congelez jusqu’à en faire une pierre. Après, régissez cette pierre avec la colle d’or et le sirop de grenade pour qu’elle soit broyée. Vous avez auparavant divisé l’eau en deux parties, dont l’une vous a servi à liquéfier le plomb et à le rendre comme de l’eau. Cuisez-le jusqu’à ce qu’il soit desséché et fait terre ; ensuite, broyez-le avec l’eau réservée jusqu’à ce qu’il révèle une couleur rouge, comme je vous l’ai si souvent recommandé». L’assemblée dit alors : «Tu n’as pas fait avancer la question, car tu as rassemblé des paroles ambiguës. Recommence donc». Et lui : «Si vous voulez coaguler l’argent vif, mêlez-le alors à son compagnon, puis cuisez-le soigneusement jusqu’à ce que de l’un et de l’autre soit faite une eau permanente. Ensuite, cuisez cette eau jusqu’à ce qu’elle soit coagulée. Elle se dessèche en effet avec la vapeur de son compagnon ; c’est pourquoi vous trouverez tout l’argent vif coagulé par lui-même. Si vous comprenez, et que vous le mettez dans son vaisseau comme il le faut, cuisez-le jusqu’à ce qu’il soit coagulé, puis le broyez jusqu’à ce qu’il en soit fait un safran d’une couleur semblable à l’or».

Discours vingt-cinquième

Menabdus dit : «Que Dieu te récompense pour avoir éclairé le régime par tes paroles si véridiques». Et à ce dernier : «Ils sont d’accord avec ce que tu loues dans tes précédentes paroles. Veuille bien ne pas lui être inférieur». Et lui : «Je sais que je ne puis rien dire d’autre que ce qu’il a dit. Je conseille cependant aux survenants de faire les corps non corps et ces incorporels, les faire corps Le composé sera préparé par ce régime et la partie cachée de sa nature sera extraite. Dans ces corps, joins l’argent vif au corps de la magnésie et la femme à l’homme. Ainsi est extraite notre éthélie cachée, qui colore les corps. Si tu comprends tout à fait le régime, les corps seront faits incorporels, et les incorporels seront faits corps. Si tu broies soigneusement les choses avec le feu, et si tu poursuis jusqu’à obtenir l’éthélie, les choses deviendront pures et non fuyantes. Et vous saurez que l’argent vif est un feu qui brûle les corps, qui les mortifie, les brise par un seul régime, et que plus il est mélangé au corps et broyé, plus le corps est décomposé. Triturez-le donc soigneusement avec l’argent vif igné ; il faut en recueillir et posséder la couleur et la nature non fuyante de l’éthélie, et l’aptitude à supporter la teinture et le feu qui la surmonte, la pulvérise et la contient. Parce que la chose ne colore pas si elle n’est pas colorée, car ce qui est coloré colore. Vous saurez que le corps ne peut pas se teindre lui-même, si ce n’est par son propre extrait, caché dans son ventre, et il faut que le corps et l’âme aient été dépouillés de leur esprit ; sachez aussi ce qu’est la teinture spirituelle, d’où les couleurs apparaîtront. Car le terreux épais ne teint pas, mais ce qui est de nature ténue, et par quoi le corps est transpercé, colore. Quand vous aurez régi le corps du cuivre, et que vous en aurez extrait la substance très ténue, alors il sera changé en teinture, par laquelle le corps sera coloré. C’est pour cela que le sage dit que le cuivre ne teint pas n’il n’est pas teint d’abord. Vous saurez également que ce cuivre que je vous ai ordonné de régir, ce sont ces quatre corps, et que les teintures que je vous ai signifiées sont le compact et l’humide. Le compact est la vapeur conjointe, tandis que l’humide est l’eau du soufre, parce que les soufres sont contenus dans les soufres. Et ainsi, légitimement, la nature se réjouit de la nature, la surmonte et la contient».

Discours vingt-sixième

Zenon dit : «Je vois, assemblée des sages, que vous avez conjoint deux corps, ce que votre Maître ne vous a nullement commandé». L’assemblée répondit : «Dis-nous ton opinion là-dessus, Zenon, et ne sois pas envieux». Et lui : «Vous saurez que les couleurs qui vous apparaîtront sont les suivantes. Sachez, fils de la doctrine, qu’il vous faut pourrir le composé pendant quarante jours. Ensuite, le sublimer dans le vaisseau cinq fois. Après, continuez au feu de fiente et cuisez le premier jour la noire, le second noir rouge, le troisième semblable au safran sec. Après, la couleur parfaite vous apparaîtra. Le ferment et la pièce de monnaie vulgaire y seront unis. C’est alors le composé iksir fait du sec et de l’humide qui teint d’une teinture qui ne change plus. Et sachez que le corps est cela en quoi est l’or. Mais en vous mettant à iksir, prenez garde de ne pas l’extraire par hasard et à la hâte, car cela sera long. Extrayez donc notre ixir selon le seul mode qui lui convienne. C’est comme une teinture de naissance et de vie, c’est l’âme retirée de plusieurs choses et de plus grande valeur que la monnaie. Sa teinture est la vie pour ceux dont elle efface le malheur, en ôtant la mort de leur corps. C’est pourquoi les maîtres ont dit qu’il existe entre eux un amour comme entre le mari et la femme, et que celui qui se met à cet art, n’il ne connaît les natures, supportera la longueur des cuissons jusqu’à ce qu’il arrive à ce qu’il n’est proposé, avec la permission de Dieu».

Discours vingt-septième

Gregorius dit : «Vous tous de l’assemblée, il est connu que les envieux appelèrent la vénérable pierre antimoine, et ils prescrivirent de le régir jusqu’à ce qu’il devienne d’un brillant éclatant, comme le marbre». Et à lui : «Explique de quoi il s’agit pour ceux de l’avenir». Et lui : «Bien volontiers. Sachez que c’est le cuivre mélangé au vinaigre et régi jusqu’à ce qu’il devienne de l’eau. Qu’il soit ensuite congelé et demeure en pierre éclatante, ayant un brillant comme le marbre. Le voyant ainsi, recommencez à le cuire et l’imbibez jusqu’à ce qu’il revête la couleur susdite, et qu’en soit fait l’or de la couleur tyrienne. Il vous faut donc, investigateurs de l’art, quand vous verrez cette pierre brillante n’effondrer et se changer en terre et montrer quelque rougeur, que vous preniez de l’eau qui reste, que les envieux vous ont dit de diviser en deux parties, et avec elle en imbiber le corps plusieurs fois jusqu’à ce que les couleurs cachées dedans vous apparaissent. Et sachez que si vous ne savez pas bien le régir, vous ne verrez pas les couleurs. J’ai vu quelqu’un qui commença cet Oeuvre et travailla avec les vraies natures, mais la rougeur tardant quelque peu, il crut n’être trompé et abandonna l’Oeuvre. Considérez comment vous avez fait n’embrasser le rouge avec son épouse ; une fois embrassée, elle passe rapidement dans son corps, le liquéfie, le congèle, le détruit et le pulvérise. Après cela, la rougeur ne tardera pas. Et si vous avez fait votre confection sans poids, il arrivera du retardement. Si cela arrive, attendez-vous au mal. Je vous conseille de donner un feu lent en liquéfiant, mais de le faire plus intense quand l’Oeuvre sera changé en terre, et de l’imbiber jusqu’à ce que Dieu nous extraie les couleurs et qu’elles nous apparaissent».

Discours vingt-huitième

Custos dit : «Je m’étonne, assemblée des sages, de la si grande puissance de cette eau et de sa nature. Car dès qu’elle entre dans ce corps, elle le change en terre, puis en poudre. Si vous voulez vous rendre compte de sa perfection, prenez cette poudre entre les doigts ; si vous la trouvez aussi impalpable que de l’eau, elle est parfaite. Autrement, recommencez à la cuire jusqu’à ce qu’elle soit parachevée. Et sachez que si vous avez pris autre chose que notre cuivre, bien que vous le régissiez avec votre eau, cela ne vous servira de rien. Mais si vous régissez notre cuivre par notre eau, vous trouverez tout ce que nous vous avons annoncé». L’assemblée répondit : «II semble que les envieux n’aient pas peu obscurci la question lorsqu’ils disent : "Prenez le plomb et l’argent vif blanc et régissez-le par la rosée et le soleil jusqu’à ce que la pierre soit comme une monnaie".» Et lui : «Ils désignèrent par là notre cuivre et notre eau permanente, qu’ils te dirent de cuire à feu doux, lesquels cuits par ce feu font la pierre monétaire, au sujet de qui les sages dirent que nature se réjouit de nature, à cause de la proximité qu’ils savaient exister entre ces deux corps, à savoir le cuivre et l’eau permanente. En effet, la nature de ces deux est une seule nature ; entre eux, il y a une proximité mêlée, car si elle n’y était pas, ils ne seraient pas aussi rapidement mélangés et pénétrés l’un dans l’autre, comme n’ils n’étaient qu’un». L’assemblée dit : «Pourquoi les envieux disent-ils : "Prenez le cuivre que nous avons fait et que nous avons rôti jusqu’à ce qu’il devienne de l’or"?»

Discours vingt-neuvième

Diamedes dit : «Tu as déjà dit à Moïse qu’il ne faut pas être envieux. Je néglige donc en confirmant tes paroles la dureté des éléments que l’on passe sous silence, et que les savants voulurent écarter, bien que ce soit une chose très précieuse en soi que cette disposition. Sachez tous, investigateurs de la doctrine, que d’un homme il ne vient qu’un homme, d’un animal que son semblable, d’un oiseau que son semblable. Je n’ai parlé de cela que brièvement. Soyez attentifs, parce qu’en évitant la prolixité, je vous ai obligés à l’attention. La nature n’est corrigée que dans sa nature, comme tu ne peux être amélioré que dans ton fils, c’est-à-dire l’homme dans l’homme. Prenez donc garde à ne pas négliger ce précepte. Nous nous servons d’une nature vénérable, de laquelle nous faisons l’art, et non pas d’une autre. Sachez que si vous ne la prenez et ne la régissez, vous n’aurez rien. Conjoignez donc l’enfant du serviteur rouge à sa femme odorante, ce qu’étant fait, ils engendrent ensemble. N’y introduisez rien d’autre, ni poudre, ni aucune autre chose. Il vous suffit de la conception et un fils légitime naîtra ; ô que précieuse est la nature de ce serviteur rouge, sans lequel le régime ne peut pas exister». Bacsen dit : «Cette disposition, Diamedes, tu l’as découverte clairement». Il répondit : «Je l’éclairerai encore mieux. Hélas sur vous, si vous ne craignez pas Dieu, prenez garde qu’il ne vous retire cet art. Pourquoi êtes-vous envieux envers vos frères ?» Ils répondirent : «Nous ne nous dérobons que devant les ignorants. Dis donc ce que tu veux dire». Et lui : «Après les avoir mariés, mettez dans le bain le jaune avec son épouse et n’échauffez pas trop le bain pour qu’ils ne soient pas privés de sens et de mouvement. Laissez-les dans le bain jusqu’à ce qu’ils n’aient plus qu’un corps et une couleur. Rendez-leur leur sueur et donnez-leur à nouveau la mort. Arrangez-les pour qu’ils soient en repos et prenez garde qu’ils ne brûlent et ne fuient pas trop de feu. Alors honorez le roi et son épouse. Cuisez-les jusqu’à ce qu’ils deviennent noirs, puis blancs, puis rouges et enfin qu’ils deviennent d’une teinture tingente. Si vous comprenez cela, chercheurs de la science, vous êtes bienheureux. Si, au contraire, vous ignorez ce dont je me suis brièvement acquitté, c’est que Dieu vous a caché la vérité. Ne le reprochez donc pas aux savants, mais à vous-mêmes. En effet, si Dieu savait que vous lui êtes fidèles en esprit, il vous inspirerait la vérité. Je vous ai édifiés et retirés de l’erreur».

Discours trentième

Bacsen dit : «Tu as bien parlé, Diamedes. Je vois que l’on n’a pas expliqué aux survenants la disparition de corsufie. Les envieux ont en effet beaucoup parlé de corsufie et l’ont rendu obscur par n’importe quels noms». Et lui : «Dis-nous donc, Bacsen, ton opinion là-dessus. Et je jure par ton père que cela est la tête de l’Oeuvre, son vrai commencement, après son commencement». Bacsen dit : «Je signifie aux chercheurs de l’art qui viendront plus tard que corsufle est composé et qu’il faut le rôtir sept fois, et qu’une fois arrivé à la perfection, il teint tous les corps». L’assemblée répondit : «Bacsen, tu as dit la vérité».

Discours trente-et-unième

Pythagoras dit : «Vous avez vu comment Bacsen a parlé, qui n’a pas voulu le nommer par ses noms mensongers». Et eux : «Nomme-le, Pythagoras». Et lui : «Quand la composition de corsufle est faite, ils la nommèrent du nom de tous les corps du monde, comme monnaie, ou cuivre, ou étain, ou fer, ou plomb, suivant les mouvements de sa couleur, jusqu’à ce que soit fait ixir». L’assemblée répondit : «Pythagoras, tu as bien parlé». Et lui : «J’ai bien parlé. Que l’un de vous parle du reste».

Discours trente-deuxième

Bonellus dit : «Nous savons de toi, Pythagoras, que tout meurt et vit par le vouloir de Dieu. Pour ce qui est de cette nature, quand son humidité lui est enlevée, et qu’elle est abandonnée pendant des nuits, on la voit semblable à un mort. Elle est alors changée et laissée dans la nuit, comme un homme dans son tombeau est changé en poussière. Ceci fait, Dieu lui rend son âme et son esprit, et cette chose dépouillée de son infirmité est réconfortée et améliorée après la corruption, comme l’homme devient plus fort après la résurrection, et plus jeune que quand il était dans ce monde. C’est pourquoi, fils de doctrine, il vous faut brûler cette chose sans crainte jusqu’à en faire la cendre. Sachez alors que vous avez bien mélangé. Parce que, quand cette cendre reçoit l’esprit, elle boit cette humeur jusqu’à ce qu’elle soit changée en une couleur plus belle que celle qu’elle avait. Considérez, fils de doctrine, comment les peintres ne peuvent peindre avec leurs couleurs si elles ne sont pas réduites en poudre, les unes en les cuisant, jusqu’à ce qu’elles soient en cendres, les autres broyées à la main. Il en va de même pour les sujets plus importants. Et si vous comprenez ce qui précède, vous saurez que j’ai dit la vérité. Aussi je vous prescris de brûler le cuivre et le changer en cendre. Car si vous le régissez subtilement, il en viendra beaucoup de choses et, de la même manière, de la plus petite quantité de chacune, il en viendra beaucoup aussi. Le cuivre, comme l’homme, a un corps et un esprit. Les hommes reçoivent la vie après Dieu de l’air inspiré. De même le cuivre respire son humeur, dont il prend la force par laquelle ce cuivre est multiplié et augmenté, comme les autres choses. C’est pour cela que les philosophes disent que le cuivre, étant brûlé un grand nombre de fois, devient meilleur qu’il n’était». L’assemblée répondit : «Démontre donc, Bonellus, pour ceux qui viendront après, la façon dont le cuivre devient meilleur qu’il n’était». Et lui : «Bien volontiers. C’est parce qu’il est augmenté et multiplié. Dieu a extrait plusieurs choses d’une seule. Il n’a rien créé qui n’ait son régime et une propriété pour le guérir. De même pour notre cuivre ; avant qu’il ne soit cuit, il est réduit en eau ; ensuite, plus il est cuit, plus il est épaissi. Et la pierre en est faite, que les envieux appellent alors la pierre qui surmonte tout métal. Elle est ensuite broyée, imbibée et rôtie par un feu plus intense qu’avant. Par la combustion, elle devient comme du sang. On y met alors la monnaie, et elle teint le cuivre en or, avec la permission de Dieu. Ne voyez-vous pas que le sang ne devient sperme que n’il est diligemment cuit dans le foie jusqu’à ce qu’il ait une intense rougeur, sinon il ne se changera pas en ce sperme ? Pareillement, si notre Oeuvre n’est pas diligemment cuit jusqu’à ce qu’il soit réduit en poudre, et que le sperme devienne spirituel par putréfaction, il n’en sortira pas la couleur que vous cherchez. Mais si vous parvenez au terme du régime, vous aurez ce que vous vous étiez proposé, et vous serez éminent entre vos contemporains».

Discours trente-troisième

Nicarus dit : «Vous avez maintenant rendu ce secret public». L’assemblée répondit : «Notre Maître nous l’a ordonné ainsi». Et lui : «Pas autant, cependant.». Et à lui : «II nous a ordonné de le débarrasser de son obscurité. Parle donc, toi aussi». Et lui : «Je prescris aux survenants de prendre l’or qu’ils veulent multiplier et revivifier, puis de diviser l’eau en deux parties». Et à lui : «Distingue donc pourquoi on divise l’eau». Et lui : «II faut, avec l’une des parties, brûler notre cuivre. Celui-ci, dissout dans l’eau, est appelé ferment de l’or, n’il est bien gouverné. S’ils sont cuits ensemble, ils se liquéfient comme de l’eau puis, en continuant à cuire, ils sont coagulés, tombent en poudre et la rougeur paraît. Il vous faut alors l’imbiber sept fois avec l’eau qui reste, jusqu’à ce qu’elle soit toute bue et que toute l’humeur soit desséchée, changée en terre aride, puis la mettre au feu quarante jours pour qu’elle poursuive et que les couleurs paraissent».

Discours trente-quatrième

Bacsen dit : «II faut redire ce que tu as dit. Prenez corsufle, qui ressemble à la rouille du cuivre, et cuisez-le avec l’urine de veau jusqu’à ce que la nature du corsufle soit changée, car la véritable nature du corsufle est cachée dans son ventre». L’assemblée dit : «Explique aux survenants quelle est cette nature». Et lui : «C’est l’esprit tingent qu’elle tient de l’eau permanente, éclatante comme la monnaie». Et à lui : «Explique comment on l’extrait». Et lui : «Broyez-le et lui donnez sept fois de l’eau jusqu’à ce qu’il boive toute son humeur et reçoive la force du feu en l’y approchant, et combatte contre lui. Il est alors appelé rouille. Putréfiez-le donc jusqu’à ce qu’il devienne une poudre spirituelle de la couleur du sang brûlé, laquelle est introduite par le feu surmontant dans le ventre de la nature, disposée à le recevoir, ce qui donne une couleur qui ne change plus. Les rois l’ont cherchée, mais ne l’ont pas trouvée, sauf si Dieu l’a permis». L’assemblée dit : «Alors, complète tes dires, Bacsen». Et lui : «Je leur conseille de blanchir le cuivre avec l’eau claire et par elle, le rendre rouge. Et prenez garde de ne rien y introduire d’autre». Et l’assemblée : «Tu as bien parlé, Bacsen, et Dictimerus aussi». Et lui : «Si j’ai bien parlé, que chacun de vous parle».

Discours trente-cinquième

Zimon dit : «Est-ce que vous avez chargé quelqu’un de parler ?» Et l’assemblée : «Puisque les paroles de Dicarius et de Bacsen ne sont pas suffisantes pour les investigateurs de cet art, dis donc ce que tu sais d’après ce que nous avons dit». Et lui : «II est vrai, investigateurs de cet art, que rien ne vous a plus induits en erreur que les paroles des envieux. Car ce que vous cherchez est vendu à bas prix, et ceux qui l’ont entre les mains, n’ils savaient ce que c’est, ne le vendraient jamais. C’est pourquoi les philosophes honorèrent cette teinture, en traitèrent de façons diverses et nombreuses et le nommèrent de tous les noms de choses précieuses. Certains envieux dirent que c’est une pierre qui n’est pas une pierre, que c’est la gomme d’Ecosse et par là, les philosophes cachèrent la force de cette teinture. Cet esprit que vous cherchez afin d’en teindre ce que vous voulez est caché dans le corps. Il est abscons et invisible comme l’est une âme dans le corps humain. Aussi, investigateurs de cet art, si vous ne décomposez pas le corps, si vous ne l’imbibez, le broyez délicatement et exactement et ne le régissez jusqu’à ce que vous le débarrassiez de son épaisseur et le changiez en un esprit ténu et impalpable, vous travaillerez pour rien. C’est pour cela que les philosophes ont dit que si vous ne changez pas les corps en non-corps et les non-corps en corps, c’est que vous n’avez pas encore trouvé la règle pour opérer». L’assemblée dit : «Explique pour les survenants comment les corps sont changés en non-corps». Et lui : «Ils sont broyés par îe feu et Féthélie jusqu’à ce qu’ils soient réduits en poudre. Et sachez que ce n’est pas sans une très forte cuisson et trituration, et par un feu certain, sans y mettre les mains et avec imbibition et putréfaction et avec l’éthélie. Les savants ont fait errer les profanes dans cet art quand ils dirent que c’était une chose de nature vile, vendue à bas prix. Ils dirent aussi que sa nature est la plus précieuse de toutes. Aussi, ceux qui lirent leurs livres ont-ils été déçus. Cependant, les auteurs ont dit vrai. Veuillez n’avoir des doutes à ce sujet». L’assemblée répondit : «Explique donc pour les survenants, d’après les dires des envieux en lesquels tu as confiance, la double nature de la disposition». Et lui : «Je dis que l’art a besoin de deux natures, parce que le précieux n’est pas fait sans le vil, ni le vil sans le précieux. Il vous faut donc suivre ce que vous dit Dictimerus, parlant ainsi à ses disciples : "II ne vous faut que sublimer l’eau et la vapeur"». Et l’assemblée : «Tout l’Oeuvre est dans la sublimation de l’eau et de la vapeur. Explique donc la disposition de cette vapeur». Et lui : «Ce sera fait quand vous verrez ces deux natures purifiées par la chaleur du feu, réduites en eau, et que tout le corps de la magnésie sera liquéfié en eau ; alors, tout sera en vapeur. Par conséquent, la vapeur contient son compagnon, ce qui fait que les envieux ont appelé vapeur l’un et l’autre, puisqu’ils sont joints par la décoction et que l’un contient l’autre. Alors notre biche n’a plus de passage pour n’enfuir, bien que, de sa nature, elle soit essentiellement fuyante ; on la retient et on ne la laisse pas n’enfuir. Ne trouvant pas d’endroit où fuir, ils deviennent permanents. Quand, en effet, elle rencontre le corps, elle n’y cache, est congelée avec lui et sa couleur est changée. Elle en extrait la nature par ses propriétés distinctives, que Dieu confère à ses élus, et acquiert d’elle-même la propriété de ne pas n’enfuir. La noirceur rougeâtre apparaît, et elle tombe en maladie et en rouille, puis meurt par la putréfaction. Normalement, elle n’est plus soumise à la fuite, puis quand elle est libre, elle se rassemble avec son conjoint et fait des prières sincères pour prendre sa couleur et pas seulement un ornement. Mais, avec une monnaie qu’on leur donne, ils deviennent de l’or. Cet esprit et âme, les philosophes l’appelèrent vapeur. Ils dirent aussi que ce noir humide était exempt de souillure, comme dans l’homme, il n’y a pas de l’humidité et de la sécheresse. Ainsi, notre Oeuvre que les envieux ont caché n’est que vapeur et eau». L’assemblée répondit : «Explique la vapeur et l’eau». Et lui : «Je dis que l’Oeuvre est fait de deux choses. Les envieux ont appelé cela des composés, parce que ces deux choses en deviennent quatre, dans lesquelles sont le sec et l’humide, l’esprit de la vapeur». L’assemblée répondit : «Tu as très bien parlé, sans envie. Ensuite nous poursuivrons, Zimon».

Discours trente-sixième

Afflontus, le philosophe, dit : «Je vous apprends, chercheurs de la science, que si vous ne sublimez pas les choses au commencement en cuisant sans broyage manuel, jusqu’à ce que tout devienne de l’eau, vous n’avez pas encore trouvé l’œuvre. Et sachez que certains appellent soit cuivre, soit sable, soit pierre tout ce qu’on trouve dans le régime. Sachez cependant que la nature et les humidités deviendront de l’eau et, ensuite, une pierre, si vous avez bien connu les natures ; car ce qui est léger et spirituel se sublime vers le haut, tandis que ce qui est lourd et épais reste au fond du vaisseau.

C’est là le broyage des philosophes, parce que ce qui n’est pas sublime tombe au fond, tandis que ce qui devient une poudre spirituelle monte dans le haut du vaisseau ; et c’est une trituration par décoction, et non une opération manuelle. Sachez que si tout n’est pas changé en poudre, vous n’avez pas assez broyé ; cuisez-le alors, que cela soit converti et devenu poudre. Car Agadimon dit : "Cuisez le cuivre jusqu’à ce qu’il devienne un corps léger et impalpable, et mettez-le dans son vaisseau. Puis sublimez-le six ou sept fois jusqu’à ce que l’eau le pénètre. Et vous saurez que quand il est devenu poudre par l’eau, il est broyé". Si vous vous demandez comment il se fait que la poudre soit faite par l’eau, il faut que vous sachiez que l’intention des philosophes est que le corps qui n’était pas de l’eau avant qu’il se rencontre avec l’eau devienne de l’eau et que l’eau soit mélangée avec l’autre eau et que ce ne soit qu’une même eau. On peut donc être assuré que si tout n’est pas devenu de l’eau, on ne parviendra pas à faire l’œuvre. Il faut que le corps soit livré à la flamme du feu, afin qu’il soit décomposé et affaibli par l’eau, dans laquelle il séjournera jusqu’à ce que tout soit eau. Les ignorants entendant parler de l’eau, croient qu’il s’agit d’eau de pluie. Mais n’ils avaient lu nos livres, ils sauraient que c’est l’eau permanente qui ne peut pas être permanente sans son corps qu’ils dissolvent avec l’eau et font devenir une seule chose. C’est l’eau que les philosophes ont appelée eau d’or, feu, bon venin, et de beaucoup d’autres noms. C’est avec cette eau qu’Hermès ordonna de laver souvent le sable afin d’ôter la noirceur du soleil que le sable y avait introduite par son corps. Et sachez, chercheurs de cet art, que si vous ne prenez ce corps pur, qui est notre cuivre dépourvu d’esprit, vous ne verrez jamais ce que vous désirez, parce que rien d’autre n’entre dans l’œuvre. Laissez tous les noms obscurs, la nature n’est qu’une eau ; si on n’y trompe, on va à sa perte et on y laisse la vie. Ayez donc cette unique nature et laissez le reste».

Discours trente-septième

Bonellus dit : «Je parlerai un peu de la magnésie». L’assemblée répondit : «Parle». Et lui : «En mélangeant la magnésie, mettez-la dans son vaisseau dont vous fermerez soigneusement l’ouverture ; cuisez-la à un feu doux jusqu’à ce que tout se liquéfie et devienne de l’eau dans son vase. Car, le feu survenant, il se fera de l’eau pour le vouloir de Dieu. Voyant la noirceur paraître, sachez que le corps est liquéfié. Remettez-le dans son vaisseau et cuisez quarante jours, jusqu’à ce qu’il boive l’humeur du vinaigre et du miel. Certains ouvrent le vaisseau tous les sept jours, ou tous les dix jours ; on y trouve une eau pure, mais la dernière perfection se fait au bout de quarante jours. Il a bu alors toute l’humeur de la décoction. Lavez-le et débarrassez-le de sa noirceur jusqu’à ce que la pierre devienne sèche au toucher.

Les envieux disent : "Lavez la magnésie avec l’eau douce et cuisez-la soigneusement jusqu’à ce qu’elle devienne terre et que l’humeur disparaisse, alors on l’appelle cuivre. Mettez-y du vinaigre très aigre. Laissez-le s’en imbiber". Ce sera notre cuivre, qui aura été lavé par l’eau permanente, comme les philosophes l’ont prescrit lorsqu’ils ont dit : "Divisez le venin en deux parties ; avec l’une, brûlez le corps ; avec l’autre, putréfiez-le". Sachez, chercheurs de la science, que tout l’Oeuvre et tout le régime ne consistent que dans l’eau. Ce que vous cherchez n’est qu’une seule chose et n’il n’y avait en elle ce qui fait qu’elle n’améliore elle-même, vous ne feriez rien. Il vous faut donc mettre ce qui est nécessaire afin d’en arriver à ce que vous vous proposez». L’assemblée répondit : «Tu as très bien parlé, Bonellus. S’il te plaît, complète ce que tu as dit, ou bien redis-le à nouveau». Et lui : «Je redirai la même chose et d’autres semblables. Prenez notre cuivre, et mettez-le dans son vaisseau avec la première partie de son eau. Cuisez-le quarante jours et nettoyez-le de toute ordure. Cuisez-le jusqu’à ce que ces jours soient écoulés, que la pierre devienne sans humeur. Ensuite, cuisez jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que les fèces. Cela fait, nettoyez-la sept fois, la lavant par l’eau. L’eau consommée, laissez la putréfaction dans son vaisseau jusqu’à ce que vous voyiez ce que vous cherchez. Les envieux appelèrent ce composé, quand il est tourné en noirceur, le noir très noir, et dirent de le traiter par le vinaigre et le nitre. Tandis que ce qui reste quand il est blanchi, ils l’appelèrent le blanc très blanc et ordonnèrent qu’il soit traité par l’eau permanente. Ce qu’ils appelèrent le rouge très rouge, ils prescrivirent de le traiter par l’eau et par le feu jusqu’à ce qu’il rougisse». L’assemblée répondit : «Dis aux survenants ce qu’ils ont signifié par là». Et lui : «Ils ont appelé Ixir ainsi à cause du changement de ses couleurs car, dans l’Oeuvre, il n’entre pas plusieurs choses ; il n’y a qu’à faire ce que f ai signifié : faire le noir blanc, puis rouge. Les philosophes véridiques n’ont jamais eu d’autre intention que de liquéfier Ixir, le broyer et le cuire jusqu’à ce que la pierre soit rendue semblable à du marbre par son brillant. Là-dessus, les envieux dirent aussi : "Cuisez cette vapeur jusqu’à ce qu’elle devienne une pierre éclatante par sa splendeur. Quand vous verrez cela, le grand secret sera fait". Il vous faut cependant, ensuite, le broyer et le laver sept fois avec Feau permanente, puis le triturer et le congeler dans son eau jusqu’à ce que vous ayez extrait sa nature cachée en lui. C’est ce que voulut dire Marie : "Les soufres sont contenus dans les soufres et, pareillement, l’humeur dans l’humeur. Et du soufre mêlé au soufre se fait le grand Œuvre". Je vous ordonne donc de régir ce soufre par la rosée et le soleil jusqu’à ce que vous obteniez ce que vous voulez. Je vous signifie encore que la déalbation et la rubification sont deux choses, l’une pour la rouille, l’autre pour la contrition et la décoction. Mais vous n’avez pas besoin de la contrition manuelle. Prenez garde cependant de ne pas laisser l’eau se réparer, ni que les venins ne vous atteignent, car le corps et les autres choses qui sont dans le vaisseau périraient».

Discours trente-huitième

Effistus dit : «Tu as très bien parlé, Bonellus, et je certifie toutes tes paroles». L’assemblée dit : «Dis-nous si elles peuvent être une aide aux dires de Bonellus, celles qui nous feront pénétrer dans cette disposition ; et qu’elles soient plus audacieuses et plus certaines». Effistus dit : «Considérez comment a parlé Hermès, tête des philosophes, quand il a voulu enseigner le mélange des natures. Il a dit : "Prenez la pierre d’or, et mêlez-la à l’humeur qui est l’eau permanente". Mettez-le dans son vaisseau à une chaleur douce jusqu’à ce qu’il se liquéfie. Puis laissez-le là jusqu’à ce que l’eau se dessèche et qu’ils se combinent entre eux. Une fois imbibé de son eau, que le feu soit plus intense qu’avant pour qu’il soit desséché et réduit en terre. Cela étant terminé, sachez que c’est le premier arcane. Faites cela plusieurs fois tant que deux parties de l’eau disparaissent et que vous voyiez les couleurs». L’assemblée répondit : «Tu as bien parlé, Effistus. Dis brièvement la suite». Et lui : «Je dis pour les survenants que le blanchiment ne se fait pas sans décoction. C’est pourquoi Agadimon a traité si souvent de la cuisson de l’éthélie et du broyage et de l’imbibition. Je vous conseille pourtant de ne pas verser toute l’eau en une fois pour ne pas noyer l’ixir. Versez-la peu à peu, broyez et desséchez et faites cela très souvent, jusqu’à ce que tout soit en eau. De ceci, les envieux dirent : "Une fois tourné en eau, laissez-le jusqu’à ce qu’il soit figé en bas". Leur intention est de dessécher l’humeur, de la changer en poudre et la laisser dans son vase de verre quarante jours, jusqu’à ce que ses couleurs variées se transforment comme les philosophes les ont décrites. En cuisant par ce moyen, les corps couvrent d’un vêtement leurs esprits et les substances spirituelles tingentes, et ils sont faits chauds». L’assemblée répondit : «Tu nous a éclairés, Effistus. Que celui à qui il plaît de dire quelque chose parle».

Discours trente-neuvième

Bacsen dit : «Chercheurs de cet art, vous n’arriverez à rien d’utile sans un grand travail de la pensée et un régime continuel. Celui donc qui aimera la patience prospérera dans cette disposition et pourra n’y adonner. Mais celui qui désirera comprendre très vite, qu’il ne lise pas nos livres, parce qu’il n’en retirerait que du dommage n’il voulait comprendre les choses les plus élevées en ne lisant qu’une seule fois, ou deux ou trois. Aussi, le Maître a-t-il dit : "Celui qui courbera son dos sur nos livres pour les lire n’y adonnera, ne n’embarrassera pas dans de vaines cogitations et priera Dieu, dominera sur la terre jusqu’à sa mort". Car ce que vous cherchez n’est pas une chose de peu de prix. Hélas sur vous, qui cherchez le plus grand trésor que Dieu donne en récompense. Vous ne savez donc pas que pour le plus petit motif du monde, les gens se tuent entre eux ; ne feraient-ils pas l’impossible pour un si excellent présent ? Le régime dépasse ce qui peut être embrassé par notre raison et n’est su que par l’inspiration divine. J’en ai vu autrefois qui connaissaient les éléments aussi bien que moi. L’un, voulant se mettre à régir cette disposition, ne put parvenir à une fin heureuse à cause de son mécontentement, de son défaut de science, du régime, de son impatience, de sa grande cupidité et de sa hâte à travailler.

On n’espère pas avoir du fruit d’un arbre qu’on vient de planter avant que le temps soit venu. Quand on sème du grain, on n’espère pas moissonner avant le temps des moissons. Comment voulez-vous donc avoir ce don après une seule lecture d’un livre, ou la première expérience d’un régime ? Les philosophes ont dit qu’on ne peut pas trouver ce qui est vrai sans faire d’erreur, et rien ne donne une si grande douleur au cœur que l’erreur dans cet art, quand on croit presque avoir le monde à soi et qu’on se trouve ne rien avoir dans les mains. Hélas, comprenez ce qu’a dit le philosophe et comment il a distingué l’Oeuvre en disant : "Broie, cuis, réitère et ne t’en fatigue pas". En effet, en cela il a distingué l’Oeuvre, c’est-à-dire mêler, cuire, rendre semblable, dessécher, chauffer, blanchir, triturer, cuire Péthélie, faire la rouille et teindre. Tout cela, ce sont plusieurs noms, mais ce n’est qu’un seul régime, et n’ils savaient qu’une seule décoction et une seule trituration soient suffisantes, ils n’auraient pas si souvent réitéré leurs dires comme ils l’ont fait, que le composé devait être broyé et cuit sans interruption et que vous ne vous en fatiguiez pas. Avec ces paroles, ils ont obscurci votre entendement, et il me suffirait de vous dire la même chose. Si vous voulez travailler selon la vérité de ce venin, ajustez sa complexion, ensuite cuisez souvent sans vous lasser de la décoction. Imbibez jusqu’à ce que soit fait comme je vous l’ai prescrit un esprit impalpable et que vous voyiez l’ixir revêtu d’un vêtement royal. Car quand vous aurez vu l’ixir changé en couleur tyrienne, vous aurez trouvé ce que les philosophes ont trouvé avant vous. Si vous comprenez mes paroles, vous verrez que, bien que mon discours soit mort, il contient cependant en lui la vie pour ceux qui sont intelligents, et qu’il dévoile sur-le-champ les ambiguïtés qui peuvent se présenter. Recommencez donc souvent à lire et relire, car le discours est mort, mais, énoncé par les livres, le discours est vivant. Aussi vous conseillons-nous de lire souvent et, sur ce que nous avons raconté, de méditer extrêmement».

Discours quarantième

Iargus dit : «Par ce que tu as traité, Bacsen, tu as mis de l’ordre dans ce qui était obscur». Et lui : «Parle donc, Iargus, selon ta générosité». Iargus dit alors : «Le cuivre dont j’ai parlé n’est pas du cuivre ni de l’étain vulgaire, mais c’est notre Œuvre qu’il faut mélanger au corps de la magnésie afin qu’il soit cuit et trituré sans ennui jusqu’à ce qu’il devienne pierre. Cette pierre est ensuite triturée dans son vaisseau avec l’eau de nitre. Puis mettez-la à liquéfier jusqu’à ce qu’elle soit décomposée. Il vous faut avoir de l’eau par laquelle plus vous cuisez, plus vous divisez jusqu’à ce que le cuivre ait de la rouille, qui est notre Oeuvre. Cuisez et triturez donc par le vinaigre d’Egypte».

Discours quarante-et-unième

Zimon dit : «Tout ce que tu as dit, Iargus, est vrai. Je ne vois cependant pas que, dans toute l’assemblée, on ait rien dit du cercle». Et lui : «Parle donc de cela selon ton opinion, Zimon». Il dit : «Je dis aux survenants que le cercle est changé en quatre éléments et n’est que d’une seule chose». L’assemblée répondit : «Expose donc pour les survenants la manière de régir ce que tu as dit». Et lui : «Volontiers. Il faut prendre une partie de notre cuivre et trois parties d’eau permanente, puis les mélanger et les cuire jusqu’à ce qu’ils soient épaissis et fassent une pierre dont les envieux dirent : "Prends du corps pur une partie et trois parties du cuivre de la magnésie. Ensuite, mélange au vinaigre masculin royal mêlé à la terre. Ferme le vaisseau, observe ce qui est dedans et cuis continuellement jusqu’à ce que cela devienne terre"».

Discours quarante-deuxième

Astanius dit : «Les trop longs discours, fils de la doctrine, ne font qu’augmenter les erreurs de la pensée. Quand nous lisons dans les livres des philosophes que la nature n’est qu’une et qu’elle surmonte tout, sachez que les choses sont composées d’un et d’une. Voyez comme la complexion de l’homme est faite d’âme et de corps. Il vous faut de même conjoindre aussi. Lorsque les philosophes préparèrent les choses, ils les conjoignirent et les ajoutèrent comme des mariés. Il en sortit une eau dorée». L’assemblée répondit : «Avant, tu parlais d’un travail, et maintenant tu passes à un autre. Que tu construis donc ton livre de façon ambiguë ! Et que tes paroles sont donc ténébreuses !» Et lui : «Poussez à la guerre le cuivre et l’argent vif, qu’ils n’efforcent de se faire mourir et qu’ils soient d’abord corrompus. Parce que le cuivre, absorbant l’argent vif, le coagule, et cet argent vif, absorbant le cuivre, est congelé. Pendant ce temps-là, excitez le combat, décomposez le corps jusqu’à ce qu’il soit réduit en poudre. Conjoignez le mâle à la femelle qui vient de la vapeur et de l’argent vif jusqu’à ce que le mâle et la femelle deviennent Péthel. Celui qui les convertit en esprit par l’éthel, qui ensuite les rend rouges, teint tout corps, parce que, lorsque vous broyez soigneusement le corps en le cuisant, vous en extrayez son âme spirituelle et excellente qui teint tout corps». L’assemblée répondit : «Montre donc aux survenants ce qu’est ce corps». Et lui : «C’est le soufre naturel que nous avons désigné par les noms de tous les corps».

Discours quarante-troisième

Dardaris dit : «Vous avez souvent traité du régime et, à cette occasion, vous avez traité de la conjonction. Je dis à ceux qui viendront qu’on ne peut pas extraire l’âme cachée si les corps ne sont faits non-corps par l’ethélie, en cuisant continuellement, et par la sublimation de l’ethélie. Et sachez que l’argent vif est igné, qu’il brûle tous les corps plus que le feu et les mortifie, que tout corps auquel il est mêlé est broyé et mis à mort. Il faut que la nature de l’ethélie soit faite des corps soigneusement broyés et exaltés par le mercure, et que la couleur ne soit pas fuyante, mais tingente, elle qui teint le cuivre dont l’assemblée a dit qu’il ne peut pas teindre avant d’être teint, mais quand il est teint, il teint. Et sachez que le corps du cuivre est gouverné par la magnésie, et que l’argent vif a quatre corps en lui, mais qu’il n’est qu’une chose humide, que c’est une eau de soufre, car les soufres sont contenus dans les soufres». L’assemblée dit : «Dardaris, montre aux survenants ce que sont les soufres». Et lui : «Les soufres sont les âmes qui furent cachées dans les quatre corps, qui en sont chichement extraites, se sont embrassées naturellement entre elles et ont teint. Si vous régissez par l’eau ce qui est caché dans le ventre du soufre, si vous le nettoyez bien, il se réjouira de rencontrer la nature et, pareillement, l’eau de retrouver son compagnon. Et sachez que les quatre corps ne sont pas teints, mais qu’ils teignent». Et l’assemblée : «Pourquoi ne dis-tu pas, selon l’usage des Anciens, que lorsqu’ils sont teints, ils teignent ?» Et lui : «Je dis que les quatre monnaies vulgaires ne sont pas teintes, mais qu’elles teignent le cuivre, et que le cuivre étant teint, il teint les monnaies vulgaires».

Discours quarante-quatrième

Moïse dit : «Cet un dont tu nous a parlé, Dardaris, les philosophes l’ont appelé de plusieurs noms, tantôt avec deux noms, tantôt avec trois». Dardaris répondit : «Nomme-les donc pour la postérité, Moïse, et sois sans envie». Et lui : «L’un est igné, le deux est le composé de celui-ci ; le trois est l’eau de soufre par laquelle le un est lavé et broyé jusqu’à son achèvement. Voyez ce que dit le philosophe, que l’argent vif qui teint l’or est l’argent vif cambar». Dardaris répondit : «Comment dis-tu ? Car le philosophe dit quelquefois c’est cambar, quelquefois c’est l’orpiment. L’argent vif cambar est la magnésie, tandis que l’argent vif orpiment tardif est le soufre qui monte du composé mélangé. Il vous faut donc unir cette chose épaisse avec le venin igné, pourrir et broyer soigneusement jusqu’à ce que l’esprit soit caché dans un autre esprit. Il se fait alors une teinture qui teint tout ce que vous voulez».

Discours quarante-cinquième

Platon dit : «Maîtres, quand ces corps seront dissouts, il vous faut prendre garde à ce qu’ils ne soient brûlés. Il faut les laver avec l’eau de mer jusqu’à ce que tout leur sel soit transformé en douceur, n’éclaircisse et teigne, que la teinture du cuivre soit faite qui ne fuie plus. Il faut en faire un esprit tingent et un autre à teindre, car l’esprit séparé du corps et caché dans un autre esprit les rend fuyants, l’un et l’autre. C’est pourquoi les sages ont dit d’ouvrir la porte de sortie à celui qui ne n’enfuit pas. Cette fuite cause la mort, car, en changeant ce qui est sulfureux en esprit semblable à lui, l’un et l’autre deviennent fuyants parce qu’ils sont devenus des esprits aériens qu’on fait monter dans l’air soigneusement. Les philosophes, voyant que ce qui ne fuyait pas, mis avec les fuyants, était rendu fuyant, réitérèrent, et ils devinrent non-fuyants, semblables au corps. Ils les introduisirent dans celui-ci pour qu’ils ne puissent plus fuir. Ils recommencèrent en effet d’en faire un corps semblable à ceux desquels ils avaient été extraits, et qui furent ainsi parachevés. C’est pourquoi le philosophe dit que le tingent et celui qui est à teindre deviennent une seule teinture. Cet esprit est humide et est caché dans un autre esprit. Et sachez que l’un des humides est froid et l’autre chaud, et bien que le froid ne convienne pas au chaud, ils deviennent cependant un seul. C’est pourquoi nous apportons les incorporels dans les corps pour régir ces corps jusqu’à ce que les incorporels soient devenus corps, ne fuyant pas un feu, ce qu’ils ne peuvent pas devenir, si ce n’est dans ceux-là. Car les esprits de toutes sortes fuient les corps ; ceux qui ne fuient pas sont meilleurs et plus précieux que tous les corps. Prenez donc ceux qui ne fuient pas. Joignez en le lavant le corporel avec l’incorporel. Donnez un corps à ce qui n’en a pas jusqu’à ce que vous changiez cela en corps au moyen des corps non fuyants. Avec les non-corps et le corporel par celui qui n’a pas de corps, jusqu’à ce que vous le changiez en un corps ne fuyant pas des corps. Changez la terre en eau, l’eau en feu, le feu en air, puis cachez le feu dans la profondeur de l’eau, et la terre dans le ventre de l’air. Mettez le chaud avec l’humide, le sec avec le froid. Et sachez que la nature surmonte la nature, nature se réjouit de nature et nature contient nature».

Discours quarante-sixième

Attamus dit : «On sait que l’assemblée a fréquemment traité de la rouille. Cependant, la rouille est un nom supposé». L’assemblée répondit : «Nomme donc la rouille par son vrai nom, car cela n’est pas à mépriser». Et lui : «La rouille est le second Oeuvre, qui est fait de l’or seul». L’assemblée répondit : «Pourquoi les philosophes l’ont-ils appelée la sangsue ?» II répondit : «C’est parce qu’elle est cachée dans l’or sulfureux comme la sangsue est cachée dans l’eau ; faire la rouille est donc faire le rouge, et il faut blanchir dans le premier Oeuvre. C’est là que les philosophes ordonnèrent de mettre la fleur de l’or et l’or par parties égales».

Discours quarante-septième

Mundus dit : «Attamus, tu as maintenant parlé de la rouille pour nos successeurs. Je parlerai donc du venin. Je dis que ce n’est pas un corps, parce que les esprits subtils l’ont fait lui-même un esprit ténu. Il teint le corps et le change en venin (ou teinture), en sorte que le philosophe prétend qu’il teint tous les corps. Les anciens philosophes ont été d’avis que celui qui convertit l’or en venin parvient à son but, et que celui qui ne le peut pas n’a rien. Je vous dis, fils de la doctrine, que si vous n’atténuez pas ces choses par le feu jusqu’à ce qu’elles montent comme un esprit, vous n’avez rien fait. Cet esprit fait le feu et est une fumée lourde qui, lorsque elle pénètre le corps, le réjouit. Tous les philosophes ont dit : "Prenez l’esprit noir et unissant et avec lui, décomposez les corps et les tourmentez jusqu’à ce qu’ils soient transformés"».

Discours quarante-huitième

Pythagoras dit : «Chercheurs de cet art, on sait que les philosophes ont traité très diversement de la succession. Je vous prescris de resserrer l’argent vif dans le corps de la magnésie, ou le corps de kuhul, ou le crachat de lune, ou le soufre incombustible, ou la chaux desséchée, ou l’alun, qui vient des fruits, comme vous le savez. Si, en effet, il y avait un régime pour chacun de ceux-ci, le philosophe ne dirait pas ce que vous savez. Comprenez donc que le soufre, et la chaux, et l’alun qui vient des fruits, et kuhul ne sont pas autre chose que l’eau de soufre, et sachez que la magnésie se mélange avec l’argent vif ; ils se joignent l’un et l’autre et n’attachent au soufre ensemble. Il ne vous faut donc pas laisser la magnésie sans argent vif avec qui elle est mise en composition, laquelle est de une pour dix. Elle est appelée la très forte composition, c’est d’elle que les philosophes ont parlé et sachez que la magnésie est blanchie avec l’argent vif. Il vous faut la congeler quand elle est blanche, car ce que les philosophes ont raconté dans leurs livres n’est pas un seul régime. La première congélation est celle de l’étain et du cuivre par le plomb. Par la seconde, l’eau de soufre est composée. Il faut savoir que l’Oeuvre n’est pas achevé et que la science de cet art n’est qu’une vapeur et une sublimation de l’eau, une conjonction de la magnésie à l’argent vif. C’est pourquoi les philosophes ont démontré dans leurs livres que l’eau pure du soufre vient du soufre seul, et qu’aucun soufre n’est fait sans sa chaux, l’argent vif et l’eau du soufre».

Discours quarante-neuvième

Belus dit : «Vous n’avez pas peu traité de la composition et du contact. La composition, le contact et la congélation ne sont qu’une seule chose. Prenez donc une partie de l’autre composition, et une partie du ferment de l’or que vous mettrez dans la pure eau de soufre, et à découvert vous aurez le secret qui teint tout corps». Pythagoras répondit : «Pourquoi, Belus, as-tu nommé le secret découvert sans en avoir montré le travail ?» Et lui : «C’est ainsi, Maître, que nous l’avons trouvé dans nos livres que j’ai eus des Anciens». Et Pythagoras : «C’est pour cela que je vous ai rassemblés, afin que les choses qui sont dans certains livres soient dégagées des ténèbres». Et lui : «Bien volontiers, Maître. On sait que l’eau pure qui vient du soufre n’est pas faite du seul soufre, mais est composée de plusieurs choses qui font un soufre fait de plusieurs autres. Comment alors, Maître, me faut-il les composer pour qu’elles deviennent un ?» Et lui : «Mélange dans le feu, Belus, le combattant avec le non-combattant, parce que, conjoints dans le feu, ils combattent convenablement ; car les venins chauds des médecins sont cuits par un feu doux, non brûlant. Ne voyez-vous pas comment les philosophes parlent de la décoction, disant qu’un peu de soufre brûle beaucoup de choses fortes ? Les humeurs sont appelées poix humide, baume, gomme et de noms semblables, ce qui fait que les philosophes ressemblent aux médecins, bien que la preuve du médecin soit plus démonstrative que celle du philosophe». L’assemblée répondit : «Puisses-tu, Belus, nous mettre sous les yeux la disposition de tes secrets dévoilés». Et lui : «J’apprends aux survenants que cet arcane procède de deux compositions, qui sont le soufre et la magnésie. Mais les philosophes, après que le mélange est fait et qu’ils sont rejoints ensemble en un, l’ont appelé eau et crachat des champignons, et or épais. Réduit en argent vif, ils l’ont appelé eau de soufre, et quand le soufre est contenu dans le soufre, ils disent que c’est le venin igné qui est l’arcane découvert, qui monte de ce que vous savez».

Discours cinquantième

Pandolfus dit : «Si tu voulais décrire pour le mieux la sublimation de l’eau de soufre, Belus, comment ferais-tu ?» L’assemblée : «Montre-le donc, Pandolfus». Et lui : «Les philosophes vous ordonnèrent de prendre l’argent vif de cambar, et ils dirent la vérité. Cependant, dans cette phrase, il y a un peu d’ambiguïté, que vous voulons débarrasser de ses obscurités, lorsqu’on dit que vous sublimiez l’argent vif de ses logettes et que vous tiriez l’argent vif de cambar. Il y a un autre cambar dans le soufre, ce que Belus vous a montré. Le soufre est mélangé au soufre, et il en découle plusieurs travaux. De celui sublimé par vous vient l’argent vif cambar. De l’éthélie vient l’orpiment, l’argent vif senderich, l’argent vif absemech ; de la magnésie, kuhul et beaucoup d’autres noms que dirent les philosophes d’après les transformations de la nature qui étaient cachées dans son ventre. Mais je dis que la perfection est dans tous les dix ou quatre qui se rassemblent dans son régime, quand la nature blanche est apparue et n’en est servie et qu’il ne paraît plus d’ombre. Les envieux l’ont alors appelée le plomb d’ebmich, magnésie, mardeck et cuivre blanc. En effet, le cuivre est blanchi et est devenu sans ombre, dont il a été débarrassé. Il rejette tous les corps épais, lourds, et ne se laisse pénétrer par aucun. Avec lui monte le pur esprit humide, esprit qui est la teinture. C’est pourquoi les sages ont dit que le cuivre a un corps et une âme. Son âme est l’esprit et son corps est la partie épaisse. Il vous faut donc décomposer le corps épais jusqu’à ce que vous en ayez extrait son esprit tingent. L’esprit en étant extrait, mélangez-le au soufre léger et vous parachèverez votre propos».

Discours cinquante-et-unième

Horfolcos dit : «Tu n’as rien expliqué d’autre, Pandolfus, que le dernier régime de ce corps. Tu as donc fait une description ambiguë pour les lecteurs. Si son régime était pris au commencement, tu en dissiperais les obscurités». L’assemblée dit : «Parle donc de cela aux survenants, autant qu’il te plaira». Et lui : «Chercheurs de cet art, il vous faut d’abord brûler le cuivre par un feu léger comme celui qui couve les œufs. Il faut brûler par l’humidité pour que son esprit ne soit pas brûlé. Que le vase soit bien fermé afin que la couleur augmente, que le corps du cuivre soit décomposé, que son esprit tingent soit extrait, de quoi les envieux dirent : "Prenez l’argent vif tiré de la fleur du cuivre". Ils l’ont appelé l’eau de notre cuivre, et venin igné extrait de toutes choses, comme ils dirent que l’éthélie est extraite de plusieurs choses. De plus, quelques-uns dirent qu’avec un qui a donné toutes choses, les corps sont rendus non-corps et les incorporels sont faits corps. Et sachez que tout corps est dissous avec l’esprit auquel il est mêlé, par qui, sans aucun doute, il sera rendu semblablement spirituel, et que tout esprit est altéré et coloré par les corps, en quoi consiste la couleur tingente, et il est rendu résistant au feu. Béni soit donc le nom de celui qui inspira aux sages de changer le corps en esprit, possédant la force et la couleur inaltérable et incorruptible, qui était d’abord un soufre fuyant et qui est maintenant devenu un soufre qui n’est ni fuyant ni combustible. Et sachez, fils de la doctrine, que celui qui peut rendre rouge votre esprit fuyant mêlé à ce corps, puis extraire par un subtil régime la nature ténue cachée dans le ventre de ce corps et de cet esprit, n’il est patient pour supporter la longueur de l’opération, il peut teindre tout corps. Aussi les envieux dirent : "Sachez que du cuivre, après qu’il est humecté par son humidité et broyé avec son eau, et cuit avec le soufre, si vous en extrayez le corps de Péthélie, vous trouverez qu’il n’adapte à toutes les teintures". Ils dirent aussi que les choses soigneusement triturées par le feu et sublimées par l’éthélie rendent les teintures fixes. Quand vous trouverez ces paroles dans les livres, cela signifie l’argent vif que nous appelons l’eau de soufre. Quelquefois, ils dirent que la monnaie est du plomb, ou du cuivre, ou du métal allié».

Discours cinquante-deuxième

Ixumdrus dit : «Tu as parfaitement traité, Horfolcos, du régime du cuivre et de l’esprit humide. Si tu continuais pour compléter ?»

Et lui : «Complète donc ce que j’ai omis, Ixumdrus». Et Ixumdrus : «Que l’on sache que l’éthélie, dont on vous a parlé et qu’on vous a révélée, les envieux l’ont appelée de beaucoup de noms. Quand elle est blanchie, elle blanchit et teint. Alors les philosophes l’appellent la fleur de l’or, parce que cela est naturel. Voyez comme les philosophes ont dit qu’avant de parvenir à ce terme, le cuivre ne teint pas, mais qu’une fois teint, il teint parce que l’argent vif, quand il est mélangé à sa teinture, teint. Lorsque ces dix choses sont mélangées, que les philosophes ont appelées urines fermentées, alors tout cela a été appelé multiplication. Par quelques-unes les corps de ceux-là étant mêlés, sont dits corsufle, colle d’or. Il faut donc estimer tous ces noms qu’on trouve dans les livres des philosophes comme vains et superflus. Il sont vrais, mais cependant fictifs, puisqu’ils n’ont tous qu’une opinion et une voie. À la vérité, c’est l’argent vif qui est extrait de tous, duquel toutes choses sont faites, qui est une eau pure qui détruit l’ombre du cuivre. Et vous saurez que cet argent vif, quand il est blanchi, devient soufre, et qu’il est contenu dans le soufre, que c’est un venin qui ressemble au marbre par son brillant. Les envieux l’appellent éthélie, orpiment, sanderichi teinture. Il en monte un pur esprit par un feu léger, toute la pure fleur sublimera, qui deviendra toute de l’argent vif. Cela est le grand secret que dirent les philosophes que seul le soufre blanchit le cuivre. Il vous faut cependant, chercheurs de cet art, bien vous mettre dans la pensée que ce soufre n’a pas pu blanchir le cuivre tant qu’il n’a pas été blanchi par le travail. Et sachez que ce soufre a dans l’habitude de n’enfuir, et il se fige avec ses corps épais. Il vous faut donc le contenir avec un autre argent vif du même genre, afin qu’il ne n’enfuie plus. C’est pourquoi les philosophes ont dit que les soufres sont contenus dans les soufres. Sachez de plus, que les soufres qui teignent n’enfuient ensuite, sans aucun doute, n’ils ne sont joints à un argent vif de leur genre. Ne croyez donc pas que ce qui teint et ensuite fuit soit la monnaie vulgaire. La véritable intention des philosophes est la monnaie philosophique qui, si elle n’est pas mélangée avec le blanc ou le rouge qui est l’argent vif de son genre, n’enfuirait certainement. Je vous prescris donc de mélanger l’argent vif avec l’argent vif jusqu’à ce qu’en soit faite une eau pure composée de deux. Cela est le grand arcane, dont la confection est de joindre la gomme et ses fleurs cuites par un feu doux et avec les terres ; et il devient une pointe d’épée rouge, puis est changé en rouille par le vinaigre et le sel nitre et change en rougeur toutes les excellentes teintures contenues dans notre monnaie».

Discours cinquante-troisième

Exumenus dit : «Les envieux ont ravagé tout notre art par la multitude des noms, mais il faut savoir que ton art est le travail des monnaies. Car les philosophes et les docteurs de cet art ordonnèrent de rendre l’or riche ; les philosophes appelèrent ce travail de tous les noms». L’assemblée répondit : «Enonce donc pour les survenants, Exumenus, quelques-uns de ces noms afin qu’ils n’en méfient». Et lui : «Ils l’ont appelé n’élever, sublimer, laver, broyer l’éthélie, blanchir par le feu, cuire la vapeur à diverses reprises et coaguler, changer en rouille, confectionner Péthel, le cuivre, les eaux de soufre, le coagulum. Par tout cela, on désigne le travail qui triture le cuivre et le blanchit. Et sachez que l’argent vif qui paraît blanc rougit quand la fumée du soufre tombe dessus, et il devient cambar. Aussi, quand l’argent vif est cuit avec ses compositions, il est changé en rouge. De cela, les philosophes ont dit que le plomb est rapidement converti de la nature. Voyez comme les philosophes ont dit sans envie : "La raison pour laquelle nous avons si souvent traité de la trituration et de la réitération est qu’il vous faut extraire les esprits qui sont dans le vaisseau, que le feu continuel ne manquerait pas de brûler". Mais l’eau mise avec ces choses empêche qu’elles soient brûlées par le feu, et ces choses deviennent telles que, plus la flamme les envahit, plus elles se cachent dans la profondeur de l’eau pour ne pas être endommagées par la chaleur du feu. L’eau les reçoit dans son ventre et en repousse la flamme du feu». L’assemblée répondit : «Si vous ne rendez pas les corps incorporels, vous n’êtes pas dans l’affaire». «En effet, les philosophes n’ont pas peu parlé de la sublimation de l’eau. Et sachez que si vous ne broyez soigneusement les choses avec le feu, l’éthélie ne montera pas, et si elle ne monte pas, vous ne ferez rien. Mais quand elle monte, exposée à la vue, elle devient l’instrument de la teinture pour ce que vous teignez. Au sujet de cette éthélie, Hermès dit : "Tamisez les choses". Un certain autre dit que si les choses ne sont pas soigneusement broyées par le feu, l’éthélie ne montera pas. Le maître a dit que je dise quelque chose à ceux qui raisonnent. Sachez que le vent du sud fait naître beaucoup de nuages et les sublime, et qu’il élève les vapeurs de la mer». L’assemblée répondit : «Tu as parlé obscurément». Et lui : «Je vais parler du vaisseau de terre et du vase dans lequel est le soufre incombustible. Je vous prescris de congeler l’argent vif coulant par plusieurs choses, afin que deux deviennent trois, que quatre deviennent un, et deux un».

Discours cinquante-quatrième

Anaxagoras dit : «Prenez le fuyant brûlé qui n’a pas de corps, et incorporez-le. Ensuite, prenez la fumée lourde pour la présenter à ce qui a soif». L’assemblée répondit : «Qu’est-ce que cette obscurité, Anaxagore ? Explique ce que tu dis et prends garde à ne pas être envieux». Et lui : «Je vous signifie que cet assoiffé est l’éthélie, qui est cuite en se reposant sur le soufre. Mettez-le dans un vase de verre et cuisez jusqu’à ce que le cambar soit fait. Alors Dieu vous donnera cet arcane que vous cherchez. Je vous ordonne de cuire continuellement et de recommencer sans vous lasser. Sachez que la perfection de cet Oeuvre est dans la composition de l’eau de soufre avec les tablettes et ensuite la cuire jusqu’à en faire la rouille. Tous les philosophes ont dit : "Celui qui peut changer l’or en rouille a déjà trouvé ce qu’il n’est proposé pour la teinture. Celui qui ne peut pas n’a rien"».

Discours cinquante-cinquième

Zenon dit : «Pythagoras a déjà parlé de l’eau que les envieux ont désignée par tous les noms. Il en a traité à la fin de son livre sur le ferment de l’or, commandant de mettre la pure eau de soufre avec un peu de sa gomme. Je m’étonne, assemblée, de voir comment les envieux, en traitant de la perfection de cet Oeuvre, en ont parlé avant de traiter du commencement». L’assemblée répondit : «Pourquoi as-tu négligé la putréfaction ?» Et lui : «Vous avez raison. La putréfaction ne se fait pas sans le sec et l’humide. En effet, le vulgaire putréfie par l’humide, mais l’humide n’est coagulé que par le sec. Cependant, c’est de l’un et de l’autre qu’est le commencement de l’Oeuvre, bien que les envieux aient divisé l’Oeuvre en trois parties, tout en disant que l’un fuit facilement et que l’autre est très fixe et immobile».

Discours cinquante-sixième

Constans dit : «Qu’avez-vous besoin des traités des envieux ? Je dis qu’il est nécessaire pour cet Oeuvre d’avoir quatre natures». Ils répondirent : «Montre-nous donc ce que sont ces quatre». Et lui : «La terre, l’eau, l’air et le feu. Ayez ces quatre éléments, sans lesquels rien n’a jamais été engendré. Mêlez le sec à l’humide, ce sont la terre et l’eau, et cuisez par le feu et l’air jusqu’à ce que l’esprit et l’âme soient desséchés. Et sachez que le subtil tingent se saisit de la force de la partie subtile de la terre, de la partie subtile du feu, de l’air et de l’eau, et l’esprit subtil est desséché. Introduisez donc ces parties subtiles dans cet esprit, parce que, par la force de notre Oeuvre, il est changé en terre quand ces choses deviennent subtiles. Ce corps est alors devenu aussi subtil que l’air et alors le corps mis sur les monnaies teint. Prenez garde, investigateurs de l’art, à ne pas multiplier les choses, car les envieux ont multiplié les régimes et vous ont ruinés ; ils ont décrit plusieurs régimes pour vous tromper. L’humide et tout ce qui est humide, le sec et tout ce qui est sec, toutes les pierres et les métaux, le fiel des animaux, la mer, les volatiles du ciel, les reptiles de la terre, ils ont invoqué tout cela. Il vous faut noter, vous qui voulez la teinture, que les corps sont teints par les corps. Je vous dis, cependant, que le philosophe a brièvement dit au commencement de son livre que, dans l’art de l’or, il y a l’argent vif de cambar et que dans la monnaie est l’argent vif du mâle. Ne cherchez rien au-delà de ceci, parce qu’il n’y a que des deux argents vifs qui, à la vérité, ne sont qu’un».

Discours cinquante-septième

Acratus dit : «J’avertis les survenants que je rapproche la philosophie du soleil et de la lune. Que celui donc qui veut atteindre la vérité prenne l’humeur du soleil et le crachat de la lune». L’assemblée répondit : «Pourquoi es-tu devenu l’adversaire de tes frères ?» Et lui : «Je ne dis que la vérité». Et eux : «Entreprends ce que l’assemblée a entre-pris». Et lui : «C’est ce que je voulais et, si toutefois vous le voulez, je prescris aux survenants de prendre la monnaie que les philosophes et Hermès ordonnèrent pour teindre une partie, et du cuivre des philosophes une partie, et la mélanger à la monnaie et de mettre ces quatre corps dans le vaisseau dont l’ouverture sera exactement fermée afin que l’eau ne sorte, puis le cuire sept jours. Alors le cuivre sera broyé avec la monnaie et on les trouvera tournés en eau. On les cuit à nouveau sans crainte lentement. Puis on ouvre et on trouve la noirceur apparaissant au-dessus. On recommence la même en cuisant toujours, jusqu’à ce que la noirceur kuhul, qui est la noirceur des monnaies, soit consumée. Une fois consumée, il apparaîtra la précieuse blancheur, puis on recommencera à la cuire dans son lieu jusqu’à ce qu’elle soit desséchée et changée en pierre. On cuit continuellement cette pierre engendrée par le cuivre et la monnaie par un feu plus fort que le premier, jusqu’à ce que la pierre soit brisée et abattue, réduite en cendre, qui est la précieuse cendre, ô fils de la doctrine, combien précieux est ce que l’on en fait ! Mélangez la cendre avec de l’eau, cuisez à nouveau jusqu’à ce que la cendre se liquéfie, puis cuisez et imbibez avec l’eau permanente jusqu’à ce que la composition soit douce et suave.

Puis imbibez avec le rouge jusqu’à ce qu’elle soit humide, et cuisez avec un feu encore plus fort. Veillez à ce que la bouche du vaisseau soit soigneusement close. Par ce régime, en effet, les corps fuyants deviennent non-fuyants, les esprits sont changés en corps et les corps en esprits et sont noués ensemble. Ensuite, ils deviennent tingents, ayant corps, esprit et âme. Ils végètent mutuellement entre eux». L’assemblée répondit : «Tu as maintenant déclaré aux survenants que la rouille du cuivre arrive après que la noirceur est blanchie par l’eau permanente, qu’ensuite elle est congelée et devient corps de la magnésie, puis que celui-ci est cuit jusqu’à ce que tout le corps soit brisé, et que ce qui fait soit changé en cendre, et que le cuivre soit sans ombre, et que cela soit encore fait en triturant par le travail des philosophes. Mais qu’as-tu donc laissé à ceux qui viendront en ce qui concerne les vrais noms propres des choses dont tu as parlé ?» Et lui : «En suivant vos traces, j’ai traité la chose de la même façon que vous». Bonellus répondit : «Tu as dit vrai. Si tu avais fait autrement, tes paroles ne seraient pas sanctionnées dans nos livres».

Discours cinquante-huitième

Baîgus dit : «Acratus et toute l’assemblée, on a dit, et vous l’avez vu, que le bienfaiteur trompe quelquefois. Cependant, cela n’empêche pas que son bienfait soit profitable». Et eux : «Tu dis vrai. Parle donc selon ta sentence, et tâche de ne pas être envieux». Et lui : «On saura que les envieux ont réparti les symboles de cet arcane dans la physique et l’astronomie. Ils ont suivi les constellations, les arbres, les métaux, les vapeurs, les reptiles, et les ont multipliés de façon équivoque, autant qu’ils l’ont pu ; ce que l’on aperçoit d’ordinaire dans tout leur Oeuvre. Je vous prescris cependant, investigateurs de la science, de prendre le fer, le mettre en lamelles, le mêler avec le venin et le mettre dans son vaisseau en fermant soigneusement l’ouverture. Et prenez garde d’y mettre trop d’humeur, ni de le laisser sec. Mais mélangez fortement comme une masse. Sachez que si vous mettez un excès d’eau, il ne restera pas dans le four ; mais si vous desséchez la masse, elle ne sera ni conjointe, ni cuite dans le four. Je vous conseille donc de le confectionner avec soin. Mettez-le ensuite dans son vaisseau dont la bouche sera fermée dedans et dehors avec du lut. Puis y mettez des charbons allumés pendant quelques jours ; après ouvrez-le et vous trouverez les lamelles liquéfiées. Vous trouverez des nœuds dans le couvercle du vase ; en effet, le vinaigre échauffé n’élève du fait de sa nature spirituelle et monte dans l’air. C’est pourquoi je vous prescris de retenir cette partie. Vous saurez aussi qu’il est congelé par les décoctions et par les ablutions que vous ferez nombreuses, et qu’il est coloré par le feu, et que sa nature est changée. Par cette décoction et cette liquéfaction, cambar n’est pas disjoint. Je vous apprends encore que par cette large décoction, la tierce partie du poids de l’eau est consumée, le reste devient vent qui reste dans les esprits d’un deuxième cambar. Et sachez que rien n’est plus excellent que le sable rouge de la mer, qui est le crachat de la lune rassemblé avec la lumière des rayons du soleil, car la rosée est congelée par la chaleur du soleil, la nuit, avant que la lune soit pleine. Alors, la rosée de l’assaillant est jointe à la victime et plus les jours passeront, plus elle sera congelée, car ce qui cuit au soleil est congelé. Et par ce combat, où le terrestre n’efforce de surmonter le feu, l’infirmité disparaît». Bonites répondit : «Ne sais-tu pas, Balgus, que le crachat de lune ne teint pas sans notre cuivre ?» Et Balgus : «Tu dis vrai». Et lui : «Pourquoi donc avez-vous négligé de parler de l’arbre dont celui qui mange le fruit n’a jamais faim ?» Et Balgus : «Quelqu’un m’a appris que celui qui n’est appliqué à la science jusqu’à ce qu’il trouve cet arbre, et a travaillé convenablement, en extrait le fruit et le mange. Je le questionnai et il me décrivit la pure blancheur et qu’il est certain que celle-ci est trouvée sans travail de la disposition ; à ce moment, la perfection fait qu’elle est bonne à manger. Je lui demandai alors comment elle est nourrie jusqu’à ce qu’elle fructifie. Il dit : "Prends cet arbre et bâtis-lui une maison pour l’entourer, ronde, obscure, environnée de rosée et mets-y un homme de grand âge de cent ans. Enferme-les, enchaîne -les et que la poussière ni le vent n’y pénètrent. Puis laisse-les dans leur maison cent jours. Je dis que ce vieillard ne cesse de manger du fruit de cet arbre tant que n’est pas écoulé le nombre des jours". Ô que ces natures sont admirables qui transforment l’âme de ce vieillard en un jeune corps et font que le père est devenu le fils. Béni soit Dieu le créateur parfait !»

Discours cinquante-neuvième

Theophilus dit : «Je désirerais parler de ce dont a traité Bonites». Et l’assemblée : «Dis, frère, car tu as parlé joliment». Et lui : «En suivant les traces de Bonites, je compléterai ce qu’il a dit. Il est à savoir que tous les philosophes, bien qu’ils aient caché cette disposition, ont quand même dit la vérité dans leurs traités, quand ils ont nommé l’eau de vie, parce que tout ce qui est mélangé à cette eau meurt, puis vit et est rajeuni. Et sachez, disciples, que le fer ne devient rouillé que par cette eau, parce qu’elle teint les lamelles, puis il est mis au soleil jusqu’à ce qu’elle les liquéfie ; que cela soit imbibé et ensuite congelé. Pendant ce temps-là, il devient rouille ; par cette illumination et par le repos, il devient meilleur». L’assemblée répondit : «Theophilus, prends garde de ne pas être envieux. Complète ton exposé». Et lui : «Quelques fruits sortent avant que l’arbre soit parfait et fleurissent au commencement de l’été. Et plus ils deviennent nombreux, plus ils sont beaux, jusqu’à ce qu’ils arrivent à leur terme. En mûrissant, ils deviennent doux. Il en est de même pour cette femme qui n’enfuit de ses enfants. Bien qu’à cause d’eux elle soit attachée à sa maison, elle est irritée, elle ne tolère ni d’être surmontée par son mari, ni qu’il ait un ornement. Celui-ci est furieux et l’aime ; il se bat avec elle et veille jusqu’à ce que leur accouplement soit accompli et que Dieu ait tout à fait formé son foetus. Par ses fils, il se multiplie autant qu’il veut. Son ornement a été brûlé par le feu, il n’avait d’autre raison que de produire le désir de l’accouplement. Celui-ci terminé, le mari est changé en la femme. Je vous apprendrai encore que le dragon ne meurt pas ; cependant, les philosophes concédèrent que la femme qui tuait ses conjoints en mourait. En effet, le ventre de cette femme est rempli d’armes et de venin. Le tombeau du dragon est creusé ; la femme est ensevelie avec lui, qui est fortement joint à la femme. Plus il l’enlace et n’enroule autour d’elle, plus son corps est divisé en parties dans le corps de la femme, par les armes féminines. Quand on le voit mélangé aux membres de la femme, on est certain qu’il est mort et entièrement changé en sang. Les philosophes, le voyant tourné en sang, le laissent au soleil pendant des jours, jusqu’à ce que la mollesse soit consumée et le sang desséché. Ils trouvent ce venin devenu apparent ; alors ce qui était occulte est montré».

Discours soixantième

Bonellus dit : «Vous devez savoir, disciples, que rien de ce que vous choisissez ne devient utile sans conjonction et régime, parce que le sperme est engendré du sang et du désir. Car l’homme n’approchant de la femme, le sperme est nourri par l’humeur de la matrice et le sang qui l’humectent et par la chaleur. Au bout de quarante nuits, le sperme prend forme. Et n’il n’y avait l’humidité du sang et la chaleur de la matrice, le sperme ne pourrait pas durer, ni le foetus être mené à terme. Dieu a constitué le sang et la chaleur en vue de nourrir le sperme jusqu’à ce qu’il le fasse naître quand il le veut. Une fois le foetus sorti, il n’est nourri par autre chose que par le lait et par le feu avec réserve, peu à peu, aussi longtemps qu’il est en poudre. Et plus il dessèche, plus ses os se renforcent. Il est ramené à la jeunesse, à laquelle, arrivant, il se suffit à lui-même. C’est ainsi que tu dois faire en cet art. Sachez que rien n’est jamais engendré sans chaleur et que le bain d’une chaleur intense fait périr ; mais il est anéanti par le froid. Mais n’il est tempéré, il est convenable au corps et lui est doux, parce que cela allège ses veines et augmente sa chair. Voici que j’ai tout montré aux disciples. Comprenez-le donc et en tout ce que vous entreprenez, craignez Dieu».

Discours soixante et unième

Moïse dit : «II faut savoir que les envieux, en feignant d’enseigner de travailler avec le plomb et le cuivre, ont trompé les survenants auxquels je déclare que les moyens pour travailler sont dans notre poudre blanche étoilée et brillante et dans notre pierre creuse et notre marbre. Aucune poudre n’est plus apte à notre travail, ni ne se joint mieux à notre composition que la poudre alocia, de laquelle sont faits les moyens pour travailler. De plus, les philosophes, ont dit : "Choisissez vos moyens dans l’œuf. Ils ne dirent cependant pas quel est cet œuf, ni de quel oiseau. Et sachez que le régime de ces choses est de tous les Œuvres le plus difficile, parce que si le composé est régi plus qu’il ne faut, la lumière recouverte par la mer sera éteinte. C’est pourquoi les philosophes ordonnèrent de ne pas perdre cela de vue. Prenez donc cette lune parfaite et la mettez dans le sable jusqu’à ce qu’il soit blanchi. Et sachez qu’en la mettant dans le sable et en recommençant, si vous n’avez pas de patience, vous ferez erreur en régissant et l’Oeuvre sera corrompu. Cuisez-le donc par un feu léger jusqu’à ce que vous le voyiez blanchi. Ensuite, éteignez-le dans le vinaigre et vous verrez un séparé de trois associés ensemble. Et sachez que l’ixir d’abord se mélange, deuxièmement brûle, troisièmement se liquéfie. Mettez neuf parties de vinaigre deux fois, la première quand on chauffe le vase, la deuxième quand le vase est chauffé».

Discours soixante-deuxième

Mundus dit : «II vous faut savoir, investigateurs de cet art, que quelques philosophes dirent et enseignèrent que kenckel ou les herbes geldum et carmen ne sont qu’une chose. Ne vous souciez donc pas de la pluralité des choses. Car la couleur tyrienne est la teinture des philosophes, à laquelle ils appliquèrent des noms suivant leur bon plaisir, et, lui retirant son véritable nom, l’appelèrent le noir parce qu’il est extrait de notre mer. Et sachez que les anciens prêtres n’ont rien estimé de plus digne pour les vêtements d’autel que cette couleur, parce que les autels sont purifiés et rien de malpropre ne doit y être mis ; ils ont fait les teintures avec le kenckel tyrien, qui est notre couleur tyrienne, qu’ils placèrent sur leurs autels et dans leurs trésors et qui est plus suave et plus pur que je ne puis le décrire ; qui est extrait de notre mer rouge très pure, qui est de très bonne odeur et, dans sa putréfaction, n’est ni sordide, ni immonde. Sachez que nous lui avons donné plusieurs noms, qui sont tous vrais ; par exemple, pour ceux qui ont de l’intelligence, on l’a appelé le blé qu’on a moulu, qui peut avoir un autre nom puisqu’on peut le séparer en diverses substances par des tamis variés dont viennent plusieurs genres qui ont chacun leur nom propre et pourtant tout est froment, appelé d’un seul nom dans lequel on comprend plusieurs noms distincts. De même notre pourpre tyrienne, dans chaque régime, selon le degré de sa couleur, reçoit de nous un nom».

Discours soixante-troisième

Le philosophe dit : «Je fais savoir aux survenants que la nature est mâle et femelle, parce que les envieux l’ont appelée le corps de la magnésie, et qu’en elle est le grand arcane. Donc, chercheurs de cet art, mettez la magnésie dans son vaisseau et cuisez-la soigneusement. Plusieurs jours après, ouvrez-le et vous trouverez tout changé en eau. Cuisez de même jusqu’à ce qu’il soit coagulé et se contienne lui-même. Dans les livres des envieux, quand vous les entendez parler de la mer, sachez qu’ils signifient l’humeur et par le linge, ils signifient le vaisseau des médecines. C’est ainsi qu’ils désignent la nature qui germe et fleurit. Quand les envieux disent : "Lave jusqu’à ce que la noirceur du cuivre n’en aille", certains appellent cette noirceur monnaie. Agadimon l’a clairement démontré quand il a expliqué ces paroles. Et il faut noter, chercheurs de cet art, qu’une fois les choses mêlées et souvent cuites, vous trouverez la noirceur susdite, c’est-à-dire que tout noircira ; c’est alors le plomb des sapients, dont ils ont si souvent traité dans leurs livres. Plusieurs l’appellent notre monnaie noire».

Discours soixante-quatrième

Pythagoras dit : «Que la diversité chez les philosophes est donc étonnante. Dans tout ce qu’ils proposèrent pour commencer, de leur accord mutuel il y a une petite chose très vile qui en recouvre une précieuse. Et si, chercheurs de cet art, le vulgaire connaissait cette chose de peu de valeur et très vile, ils ne voudraient pas le croire. Mais n’ils en savaient la puissance, ils ne la mépriseraient pas. Dieu l’a cachée dans la mer afin que le monde ne soit pas dévasté».

Discours soixante-cinquième

Horfolcos dit : «Sachez, vous qui êtes attachés à la sagesse, que lorsque Mundus a traité de cet art, il a formé les syllogismes les plus clairs. Celui qui ne comprend pas ce qu’il a dit n’est qu’une bête brute.

J’expliquerai donc un peu le régime pour que celui qui entre dans cet art ait plus d’assurance et considère les choses avec plus de certitude et, bien qu’il soit peu savant, qu’il assemble cependant le vil au cher et le cher au vil. Sachez que, pour commencer, il faut mélanger les éléments crus de bonne qualité, honnêtes et non cuits, mais rectifiés, les mêler par un feu doux et vous garder du feu intense, jusqu’à ce que les éléments soient conjoints et se suivent l’un l’autre, qu’une fois la complexion embrassée, ils soient peu à peu brûlés jusqu’à être desséchés par le feu doux. Et sachez qu’un seul esprit brûle et détruit un seul, et qu’un seul corps comporte un seul esprit et le mène à combattre contre le feu. Après la première combustion, il faut qu’il se lave, se purifie et se blanchisse par le feu tant que toutes choses deviennent d’une seule couleur. Il vous faut ensuite lui mélanger toute l’humeur, alors sa couleur sera exaltée. En effet les éléments se réjouissent d’être soigneusement cuits par le feu et changés en autres natures, car le liquéfié, qui est le principal, devient non liquéfié, l’humide devient sec, le corps épais devient esprit et l’esprit fugitif et fort combat contre le feu. Aussi le philosophe dit-il : "Convertissez les éléments et vous trouverez ce que vous cherchez". Convertir les éléments, c’est faire l’humide sec et le fuyant fixe. Cette disposition étant effectuée, on la laisse au feu jusqu’à ce que l’épais soit rendu atténué. Et sachez que la mort et la vie des éléments viennent du feu, que le composé germe de lui-même et engendre ce que vous cherchez avec la permission de Dieu. Vous verrez la sagesse de Dieu et ses miracles dans les couleurs qui commenceront à se montrer, jusqu’à ce que la couleur tyrienne soit accomplie. Ô nature admirable, qui teint les autres natures !

Ô nature céleste séparant et convertissant les éléments par le régime ! Rien dans la nature n’est plus précieux que ces natures qui multiplient le composé et le font devenir rouge et fixe».

Discours soixante-sixième

Exemiganus dit : «Tu as déjà parlé, Lucas, de l’argent vif dans lequel est la magnésie, ce qui te convient, et tu as conseillé aux survenants de faire des essais et de lire les livres, en sachant que les philosophes ont dit : "Considérez l’esprit latent et ne le méprisez pas, parce que quand il demeure jusqu’à la fin, c’est le grand arcane et il en est fait beaucoup de bien"».

Discours soixante-septième

Lucas dit : «Je dis aux survenants que ce que tu as dit est plus clair que ce qu’a dit le philosophe quand il énonce : "Brûlez le cuivre. Brûlez l’argent. Brûlez l’or"». Hermiganus répondit : «Voici de ténébreuses paroles». L’assemblée répondit : «Eclaire donc ce qui est ténébreux». Et lui : «Ce que l’on dit : "brûle, brûle, brûle", est divers par tant de noms, mais ce n’est qu’une seule et même chose». Et eux : «Hélas sur toi, qui as si brièvement parlé. Pourquoi le gâter par l’envie ?» Et lui : «Vous plaît-il que je parle mieux?» Et eux : «Oui». Et lui : «Je vous apprends que blanchir, c’est brûler, tandis que rendre rouge, c’est la vie. Les envieux ont multiplié les noms afin de tromper les survenants auxquels je fais savoir que la définition de cet art est la liquéfaction du corps et la séparation de l’âme du corps, car le cuivre, comme l’homme, a une âme et un corps. Il vous faut donc, fils de la doctrine, détruire le corps et en extraire l’âme. C’est pourquoi les philosophes ont dit que le corps ne pénètre pas le corps, mais une subtile nature, qui est l’âme, le pénètre et le teint. Dans la nature, il y a donc le corps et l’âme». L’assemblée répondit : «Tout en voulant expliquer, tu as avancé des paroles obscures». Et lui : «Je vous apprendrai qu’en parlant, les envieux ont dit que la splendeur de Saturne n’apparaît pas, si ce n’est sous un aspect obscur, quand il n’élève dans les airs et que Mercure est caché dans les rayons du Soleil. Ensuite, l’argent vif vivifie par sa force ignée et l’Oeuvre est parfait. Quand Vénus est orientale, elle précède le Soleil».

Discours soixante-huitième

Attamus dit : «Sachez, chercheurs de la science, que notre Oeuvre, dont vous faites l’étude, est engendré par la mer après Dieu, et que c’est elle qui l’accomplit. Prenez donc halfut, les vieilles pierres marines, et rôtissez-les sur les charbons jusqu’à ce qu’elles soient blanches. Puis éteignez-les dans du vinaigre blanc. S’il y en a eu vingt-quatre onces rôties, le tiers du vinaigre, c’est-à-dire huit onces, vous servira à éteindre leur chaleur, et broyez dans le vinaigre blanc et cuisez au soleil dans la terre noire pendant quarante-et-un jours. Le second Oeuvre se fait du dixième jour du mois de septembre au dixième degré de la Balance. Mais pour ce second Oeuvre, ne mettez pas de vinaigre, laissez cuire jusqu’à ce qu’il ait desséché son vinaigre et devienne une terre fixe comme la terre d’Egypte. Un Oeuvre peut être congelé plus vite qu’un autre ; cela vient de la variation dans la coction. Si, en effet, l’endroit où l’on fait la cuisson est humide et qu’il y ait de la rosée, la congélation sera plus rapide, tandis que, n’il est sec, elle sera plus tardive».

Discours soixante-neuvième

Florus dit : «Je crois que je vais compléter, Mundus, ce dont tu as traité. Tu n’as, en effet, pas tout dit de la disposition». Et lui : «Parle, philosophe». Et Florus : «Je vous apprends, fils de la doctrine, que le signe de la bonté de la première décoction est l’extraction de sa rougeur». Et lui : «Décris ce qu’est la rougeur». Et Florus : «Quand vous verrez qu’il est devenu tout noir, sachez que la blancheur est cachée dans le ventre de cette noirceur. Il vous faut donc l’extraire de cette noirceur très subtilement, vous savez les distinguer. Dans la deuxième décoction, cette blancheur doit être mise dans un vaisseau avec tout son dispositif, et la cuire doucement jusqu’à ce qu’elle soit entièrement blanche. Quand vous la voyez apparente et qu’elle recouvre tout, soyez assurés que la rougeur est cachée dans cette blancheur. Il vous faut alors l’en extraire et, pour cela, cuire jusqu’à ce que tout soit rouge. Sachez que cette noirceur était d’abord faite de la nature de mardeck, que la rougeur est extraite de cette noirceur, parce que cette noirceur a été corrigée en faisant la paix entre le fuyant et le non-fuyant, ce qui les réduit en un». L’assemblée répondit : «Et pourquoi cela n’est-il fait ?» Et lui : «Parce que la chose tourmentée, quand elle est submergée, se change elle-même en nature inaltérable et indélébile. Il vous faut donc connaître ce soufre qui noircit le corps. Sachez que ce soufre ne peut pas être manié ni touché, mais qu’il tourmente et teint, et que le soufre qui noircit est celui qui ouvre la porte au non-fuyant et qui change le non-fuyant en fuyant. Ne voyez-vous pas qu’en les tourmentant, on ne leur apporte ni préjudice, ni corruption, mais que les choses sont assemblées et avec utilité ? Si ce tourment, en effet, était nuisible et ne convenait pas, il ne les ferait pas n’embrasser jusqu’à ce que les couleurs en soient extraites, inaltérables et indélébiles, que nous appelons l’eau de soufre, laquelle eau nous appliquons à la teinture rouge qui n’est plus noircie par la suite. Et bien qu’elle ne noircisse pas après, elle n’est pas faite sans noirceur. Je vous ai donné la clef de l’Oeuvre».

Discours soixante-dixième

Mundus dit : «Sachez, investigateurs de cet art, que le principe est tout ; que si on ne l’a pas, tout ce qui l’améliore ne sert à rien. Ce qu’ont dit les maîtres de ce par quoi il est perfectionné est vrai ; que cette chose n’est pas corrigée avec des natures diverses, mais par une seule qui est convenable, qu’il vous faut régir avec retenue, car plusieurs se sont trompés par l’ignorance en la régissant. Ne vous souciez donc pas de ces nombreuses compositions que les philosophes mirent dans leurs livres, car la vérité n’est que d’une nature qui change naturellement parce que l’arcane est caché naturellement dans son ventre. Il n’est vu et n’est connu que par le savant. Celui donc qui la régit discrètement et connaît sa complexion en fait sortir cette nature qui surmonte toutes les autres natures. C’est alors que seront accomplies les paroles des maîtres, c’est-à-dire la nature est cachée dans la nature, la nature surmonte la nature et la nature retient la nature. Cependant, ce ne sont pas des natures diverses ni nombreuses, mais une seule, ayant en soi les choses desquelles sortent les autres choses. Voyez comment le magister commence par un et finit par un. Ensuite, ces choses réduites en un, nous l’appelons eau qui vainc toute nature».

Discours soixante-et-onzième

Bracus dit : «Mundus a bellement décrit l’eau de soufre. Si, en effet, les corps épais ne sont détruits par la nature qui n’a pas de corps, jusqu’à ce qu’ils deviennent des corps incorporels semblables à un esprit très ténu, vous ne pouvez pas avoir cette âme très ténue et tingente qui est cachée dans le ventre naturel. Et sachez que si vous ne détruisez pas le corps jusqu’à ce qu’il soit mort, et que vous n’en extrayez son âme qui est l’esprit tingent, vous ne pourrez rien teindre avec ce corps».

Discours soixante-douzième

Le philosophe dit : «La première composition, c’est-à-dire le corps de la magnésie, est faite de plusieurs choses, bien que, quand elles sont faites un, il n’ait plus qu’un nom. Ils l’ont appelé autrefois le cuivre blanc. Quand il est régi, il est appelé par dix noms, choisis d’après les couleurs qui apparaissent dans le corps de cette magnésie au cours du régime. Il faut donc que le plomb soit converti en noirceur ; alors les dix susdits apparaîtront dans le ferment de l’or avec le sericor qui est la composition à laquelle nous donnons dix noms. Par tous les noms sus-dits, nous ne signifions rien d’autre que le cuivre blanc, car il teint tout corps qui pénètre dans la composition.

La composition est double : l’une est humide, l’autre est sèche. Si elles sont cuites, elles deviennent un, qui est appelé du nom de bon parmi un grand nombre. Quand il est devenu rouge, il est dit la fleur de l’or, le ferment de l’or, l’or corallin, l’or du bec. Il est encore appelé soufre rouge regorgeant, orpiment rouge. Mais tant qu’il reste cru, le plomb de cuivre est dit baguette de métal et lamelle. Voici. J’ai montré les noms des crus, que j’ai distingués en même temps des noms des cuits. Soyez donc confirmés. Il me faut maintenant montrer la quantité du feu et le nombre de jours, puis les diverses intensités du feu à chacun de ses degrés, afin que celui qui aura ce livre soit hors du besoin ; parmi les autres qui n’ont pas cet art très précieux, il demeurera assuré. Vois les diverses façons du feu. L’un le fait de brindilles, l’un de cendre de charbon de flamme, l’autre sans flamme. L’expérience fait connaître comment se classent les qualités de chacun. Le plomb est le plomb de cuivre, en quoi est tout l’arcane dans les délais ou leurs parties. La perfection de l’arcane dépend des jours et des nuits dans son lieu propre. J’en traiterai par la suite. Sachez avec assurance que si un peu d’or est mis dans la composition, il en sortira une teinture pure et blanche. C’est pourquoi on trouve mention dans les trésors des premiers philosophes d’un or à haut degré ou or clair, ce qui n’explique par le fait qu’ils n’introduisent pas les mêmes choses dans leurs compositions, bien que les éléments y soient combinés et convertis en plomb de cuivre et, sortant de leurs natures premières, soient amenés à une seule et même nature. Alors donc, ils sont dits d’une seule nature et d’un genre unique. Après, le composé est mis dans un vase de verre pour qu’il boive son eau et change de couleurs. À chacun de ses degrés, que l’on surveille, quand il prendra la vénérable couleur de rougeur. C’est donc dans l’élixir que les philosophes disent qu’il faut mettre l’or, autant de fois que l’on voudra. Il ne faut cependant le mettre qu’une seule fois. Si tu veux avoir la certitude, vois ce que dit Democritus. Car il commence à parler du bas vers le haut, puis il recommence à rebours, du haut vers le bas. "Mets le plomb, le fer et le cuivre blanc avec". Puis il dit à l’inverse notre cuivre à l’égard de la monnaie, le plomb à l’égard de l’or et l’or à l’égard de l’or corallin, et l’or corallin à l’égard du safran d’or.

En outre, il ajoute deuxièmement en allant de haut en bas : "Mets l’or, les monnaies, le cuivre, le plomb et le fer". Il ressort donc de ses paroles qu’il ne met rien d’autre qu’un semi-or. Il est hors de doute que l’or ne se change pas en rouge sans plomb, ni cuivre, ni sans être imbibé du vinaigre connu des sages, jusqu’à ce que la coction l’amène à rougeur. Cette rougeur est donc celle que tous les philosophes signifièrent quand ils dirent chaque fois : "Mets de l’or et il se fera de l’or corallin. Mets de l’or corallin et il se fera de l’or pourpre". Toutes ces choses tirent leurs noms de leurs couleurs. Il faut donc mettre le vinaigre dans la composition, parce que les couleurs en viennent. C’est par ces noms que les philosophes exprimèrent les corps les plus puissants et leurs forces. Il faut donc le mettre une seule fois pour que se fasse la rougeur, ensuite lui mettre le vinaigre. Pour que les couleurs susdites apparaissent, il faut cuire quarante jours, jusqu’à ce que l’eau soit consommée et desséchée. Ensuite, il est imbibé, mis dans son vaisseau et cuit jusqu’à ce qu’il soit utilisable. Le premier degré en fait une épée jaune, le second une rouge, le troisième comme du safran sec broyé ordinaire. Donc on lui met la monnaie».

LES SEPT PARABOLES
DES ALLÉGORIES
DES SAGES

Première parabole
d’après la vision d’Arisîeus le philosophe

Pythagoras assembla encore une fois certains disciples des philosophes, choisis parmi les plus studieux. Le plus élevé était Arisleus, fils d’Abladi, puis Paris, fils de Belchiotus, Armenius, fils d’Archie, Meditantalus, Phaliseus, Echamissius et Parmenides et Eximesias, fils d’Admiri et Averca. Il demanda à Arisleus n’il pouvait rapporter un modèle ou une parabole qui conviendrait aux investigateurs de l’art pour cueillir le fruit que les disciples des philosophes susdits, ainsi que les autres, avaient décrit dans la Tourbe venant sur cet arbre immortel. Il répondit : «Bien volontiers. Je dirai toutefois ce que je pourrai, mais ce ne sera peut-être pas à la satisfaction de ce que tu veux». Pythagoras reprit : «Dis donc ce que tu seras capable de dire». Et lui : «Je me vis, moi et quelques-uns de la Tourbe, qui chevauchions au bord de la mer. Et voici que ces habitants marins couchaient ensemble et que rien ne n’engendrait parmi eux. Ils plantaient des arbres, mais ceux-ci ne fructifiaient pas. Ils semaient et rien ne naissait. Et je dis : "Que vous arrive-t-il ? Est-ce que, bien vous fussiez nombreux, il n’y a jamais un philosophe qui vous instruise ?" Ils répondirent : "Qu’est-ce qu’un philosophe ?" Je dis : "C’est celui qui connaît les choses". Et eux : "À quoi profite cette science ?" Et moi : "S’il y avait un philosophe parmi vous, vos enfants seraient multipliés et vos arbres naîtraient et ne mourraient pas, vos fruits ne manqueraient pas et vous seriez rois, surmontant tous vos ennemis". Entendant cela, ils en rendirent compte à leur roi, le seigneur marin. Quand nous fûmes convoqués par lui, et qu’il nous eut sollicités de lui rémettre ce don, nous répondîmes : "Nous vous apportons un don secret, c’est l’art d’engendrer et de planter des arbres et de semer, desquels arbres et fruits celui qui mangerait n’aurait jamais faim". Et lui : "C’est un grand don que votre Maître envoie, si cela est comme vous le dites". Et moi : "Seigneur, bien que tu sois roi, tu gouvernes et tu diriges mal, car tu as conjoint les mâles avec les mâles. Or sache que les mâles n’enfantent pas. La génération se fait, en effet, par la conjonction du mâle et de la femelle, et il se fait une génération si la nature est en commixtion à la nature, le mâle à la femelle, ce qui convient à ce qui convient, l’apte à l’apte". Et lui : "J’ai précisément un fils et une fille. Je suis le roi de mes sujets. C’est pourquoi eux n’en ont pas. Moi, j’ai porté mon fils et ma fille dans mon cerveau". Et moi : "Amène-nous ton fils, Thabritius". Ayant entendu, je demandai que nous soit amenée aussi sa soeur, Beya. Le roi dit : "Pourquoi voulez-vous Beya ?" Et moi : "Parce que la génération ne se fait pas sans elle, et bien qu’elle soit femme et sœur de son frère, elle l’améliore cependant parce qu’elle est de lui". Beya venue en notre présence, voici que c’est une fille blanche, tendre et douce. Thabritius et Beya étant conjoints par nous, voilà que le roi dit : "Est-ce que l’homme prend pour femme sa sœur ?" Et moi : "C’est ainsi que notre père Adam prescrivit de faire à ses fils et si tu y consens, ô roi, tu seras heureux et ils t’engendreront des rois et des reines et de nombreux petits-fils et petites-filles. Et ton fils Thabritius et sa soeur Beya n’enrichiront et, n’ils meurent, ils revivront". Le roi y ayant acquiescé, et le frère couchant avec sa sœur, voici qu’aussitôt Thabritius mourut. C’est pour cela que le roi, nous blâmant, moi et vous, nous mit en prison dans une maison de verre sur laquelle une autre est construite, sur laquelle il y en a encore une autre, et nous fûmes prisonniers dans trois maisons. Alors je dis au roi : "Pourquoi t’es-tu hâté de nous apporter une punition ? Remets-nous seulement ta fille à nouveau. Peut-être doit-elle rendre la vie à ton fils Thabritius". Et lui : "Est-ce que vous voulez en outre tuer ma fille ?" Et moi : "Ne te presse pas, roi, de nous donner la torture. Diffère quelque peu et amène-nous ta fille, et dans peu de temps, tu auras ton fils à nouveau vivant". Celle-ci amenée, elle demeura avec nous dans la prison pendant quatre-vingts jours et nous fûmes dans les ténèbres des tempêtes et de l’intense chaleur de l’été et l’agitation de la mer, comme jamais il ne nous était arrivé. Donc, nous étions fatigués, nous te vîmes en songe, Maître, et nous te demandâmes la grâce de nous apporter secours et de nous envoyer ton disciple Harforetus, qui est une autorité en ce qui concerne le nourrissement, ce qui nous fut accordé et nous fûmes réjouis de dire au roi : "Ton fils vit, qui était regardé comme mort"».

Deuxième parabole
De la pierre

II existe dans notre mer un petit poisson rond, dépourvu d’os et d’écaillés. Il contient une graisse d’admirable vertu. On le cuit à un feu doux jusqu’à ce que son humeur et sa graisse soient rongées et détruites. Ensuite, il doit être fortement trituré et imbibé d’eau de mer, jusqu’à ce qu’il soit ramolli. Puis on doit l’ensevelir pendant une semaine, puis le rôtir jusqu’à blanchissement. Lorsqu’il est brillant et assez blanchi, son eau lui est rendue, puis il est imbibé de sa propre humeur et alors seulement, après son imbibition par l’humeur, il est rôti jusqu’à ce qu’il apparaisse jaune. Il n’en fait le collyre des philosophes. Ceux qui n’en frottent les yeux peuvent facilement voir et comprendre les arcanes des philosophes.

Troisième parabole

II y a une racine que l’on broie avec sa tige verte et juteuse et sa propre humidité au soleil. Ensuite, on la met au bain où on la lave jusqu’à ce que son esprit ou le sel de sa racine paraisse par le lavage pur liquide et comme tingent qui doit être recueilli entièrement. Le corps ou les fèces noires et les écailles qui restent sont mises au bain pour les blanchir tout à fait, car ce qui est coulant en elles est souillé et ne peut être arraché sans un procédé laborieux et subtil. Le corps est donc pris et blanchi et broyé à une tiède chaleur, puis peu à peu arrosé d’eau de mer jusqu’à blanchissement complet. Étant blanchi, on lui rend son esprit, c’est-à-dire un lavage. Il n’en fait un élixir parfait, inchangeable à travers le temps. Cette racine étant sublimée avec une retorte refroidie se tourne en mercure.

Quatrième parabole

Prends la vipère, ôte sa tête et sa queue, car c’est dans ces deux endroits que réside son venin : c’est de là qu’il sort. Sépare donc la tête et la queue chacune à part et mets-les en vaisseau de verre. Prends le corps qui reste, cuis-le à un feu lent jusqu’à ce que la chair soit séparée des os. Mets ensuite sur une plaque et cuis aussi longtemps qu’il faut pour que le corps soit changé en esprit et que la partie fluente ait été enlevée ; alors sa mollesse ne peut plus diminuer. Joignez-le à sa tête et broyez-le jusqu’à ce que la fluabilité se fige dedans. Dessèche le corps à la manière du soleil ou du feu, et tu verras ce que tu cherches. Tout cela étant accompli de la sorte, sache que tu as un corps qui pénètre les corps et une nature qui contient la nature. Cette composition est appelée la Thériaque des philosophes.

Cinquième parabole

Ma mère m’a engendré et elle-même a été gestée par moi. Elle me dominait une seconde fois ; le reste du temps, je la dominerai, car je suis devenu le persécuteur de ma mère. Cependant, elle, comme une mère dévouée, me couve maintenant et nourrit son fils qu’elle a engendré jusqu’à ce qu’il atteigne à son état de perfection. Mets-moi donc dans un feu humide pour me broyer jusqu’à ce que la fin de l’Oeuvre se montre. Ensuite, quand l’Oeuvre est parfait, pousse-moi jusqu’à la rougeur par un feu fort parce qu’en moi l’humeur augmente par la chaleur et la destruction tue par la sécheresse.

Sixième parabole

Plonge l’esclave rouge dans la mère en gestation par parties égales ; fais mourir la mère. Coupe-lui les mains et les pieds. Quant à l’esclave, baigne-le et marie-les l’un avec l’autre dans un linge de verre que l’on appelle sera et, dessus, mets thonar. Bouche bien avec du lut de sapience. Prends alors le verre avec l’époux et l’épouse ; place-les dans le fourneau, fais rôtir par trois jours j ils seront alors deux en une seule chair. Après, retire cet homme blanc du vaisseau, broie-le avec la meule, ajoute-lui la clef de l’art avec l’aigle. Broie de nouveau avec l’huile d’olive, tellement qu’il se dessèche. Fais cela trois fois et tu auras la perfection finale.

Septième parabole

Une quantité duodénaire de vapeur de la terre primordiale est recueillie. Elle est débarrassée de toute terrestréité confuse, l’infection en est enlevée avec un menstrue convenable. On ajoute un seul grain du germe à faire fructifier. De jour en jour, pendant le mariage, il se recouvre de fumier philosophique, mûrissant dans un embrassement à l’état soluble par cette imprégnation favorable. Il ne faut pas le sortir, car il ne donnerait que peu de petits fruits au début de l’union. En sorte que par la disposition liquéfiante de la vapeur de l’un et de l’autre, dans leur réunion, il commence à resplendir. Il est préparé par l’expérience attentive qui convient à la discipline de nos enfants. Je dis qu’une telle vapeur onctueuse est le premier hylé des philosophes, de laquelle découlent trois qualités proportionnées qu’il ne t’est pas recommandé de séparer.

ALLEGORIES SUR LE LIVRE DE LA TOURBE

L’homme

Ici commencent les allégories sur le livre de la Tourbe. Premièrement, celle de l’homme. Prends l’homme dépouillé, extrais-le sur une pierre ou une plaque jusqu’à ce que son corps soit mortel, que son épaisseur soit disparue. Sache assurément que, lorsqu’il aura laissé sa grossièreté, il sera spirituel. Ensuite rends-lui son âme. Puis mets-le dans un bain pendant quarante jours, ainsi que le sperme est conservé dans l’utérus, ce qui est toujours le commencement de la régénération de la nature et c’est de là que la création se produit. Et que ce que tu te proposes soit suivi jusqu’à la fin.

Le taureau

Prends un taureau avec sa chair et son sang. Chausse son pied avec ses cornes. Change-le en eau, mélange avec son sang, extrais le tout. Ensuite sèche jusqu’à ce qu’il rougisse. Après, tu peux changer le cuivre en teinture autre.

Le coq

Prends un coq couronné d’une crête rouge. Fort tirant, plume-le. Mets ensuite sa tête dans un vase de verre et l’y conserve un temps. Puis enterre-le ; à nouveau extrais pour qu’il soit dompté et purifié ; étends-le sur le marbre. Après, à l’aide des plumes que tu lui as ôtées, dépouille-le et l’extrais et mets-le dans le fumier de cheval jusqu’à ce qu’il se revête des plumes qu’il a perdues. Quand vous entendrez un coq chanter comme les coqs, sachez que vous avez suivi la bonne voie.

La vipère

Prends la vipère que l’on appelle de Rexa. Ote-lui la tête et la queue : c’est dans ces deux parties que n’écoule le venin duquel procède l’esprit. Sépare donc la tête et la queue et mets-les chacune à part dans un vaisseau de verre. Prends le corps qui reste, cuis-le à un feu lent jusqu’à ce que les os se séparent de la chair. Mets ensuite sur la plaque et conserve-les là aussi longtemps qu’il faut pour que le corps soit changé en esprit et que tu en aies fait disparaître sa fluxibilité. La malléabilité ne peut plus alors être diminuée. Après cela, joins la tête et broie-la avec jusqu’à ce que le corps reprenne son flux. Dessèche le corps à la manière du soleil ou du feu et tu verras ce que tu cherches. Cela étant accompli, sache que tu as un corps qui pénètre tous les corps, une nature qui contient la nature et une nature cachée dans la nature qu’on appelle la perfection tyrienne des philosophes.

Le poisson

Dans la mer, il y a un poisson rond, dépourvu d’os et d’écaillés. Il contient une graine de vertu admirable qui sera utile à un feu lent, jusqu’à ce que son onctuosité et son humeur se retirent entièrement. Après quoi elle sera très fortement triturée et sera imbibée d’eau de mer jusqu’à ce qu’elle brille. Ensuite, on l’ensevelira pendant une semaine et après, on la rôtira pour qu’elle devienne blanche. Quand elle sera bien blanchie, son eau lui sera rendue, puis elle sera imbibée par sa propre humidité. Après l’imbibition par son humeur, elle sera rôtie jusqu’à ce qu’elle devienne jaune ; il n’en fera le collyre des philosophes avec lequel, si on frotte les yeux, les secrets des philosophes pourront facilement être vus.

L’éponge

Dans une mer de la lune, il y a une éponge plantée, qui possède du sang et ses sens. Elle est plantée dans la mer à la façon d’un arbre ; elle ne se déplace pas de son lieu. Si tu veux la gouverner, aie avec toi une faux avec quoi tu la faucheras. Prends garde à toi et tiens-toi éloigné pour que le sang n’en coule pas, car c’est le venin des philosophes. Lorsque donc tu prendras cette éponge, débarrasse-la de son sang. Ensuite, mets-la dans un vase de verre et l’y laisse. Après quoi, prends son corps, lave-le dans l’eau de mer jusqu’à ce qu’il soit purifié pour en faire un corps blanc sans trouble. Après, rends-lui son sang, puis broie fortement, tant que par sa puissance elle soit libérée de son odeur et devienne complètement sèche.

Les olives

Les hommes ont des olives dont ils extraient de l’huile et celle-ci est incombustible. Mais l’huile des philosophes n’est pas extraite ainsi. À la vérité, sa nature est incombustible, elle reste toujours telle qu’elle est. La manière de la faire est la suivante :

Les olives que nous avons, nous les prenons propres et entières ; nous les broyons avec leur eau. Puis nous les cuisons. Après, nous les mettons dans un lieu humide où nous les abandonnons jusqu’à ce qu’elles soient entièrement dissoutes et que l’huile soit séparée de leur corps épais. Nous faisons encore tomber la fèce au fond, l’eau se tient au milieu, tandis que l’huile monte vers le haut. Puis nous séparons l’eau, nous mettons sur une plaque échauffée, nous l’imbibons avec son eau jusqu’à ce que la fluxibilité qui est en lui devienne nettement visible et l’ensevelissons alors dans du fumier de cheval. Ensuite, nous le séchons et rôtis-sons au soleil et nous recommençons sept fois ou tant que nous y voyons quelque impureté et qu’il apparaisse pur et très blanc. Puis nous lui rendons son eau, le rôtissons jusqu’à ce qu’il soit devenu parfait, en l’excitant sans relâche. C’est l’onguent des philosophes qui, sans aliment, brûle et n’est pas brûlé.

La cendre

Prenez ma cendre de bois, imbibez-la d’eau de mer, la mettant dans le bain jusqu’à ce que soit dissoute sa noirceur, qui est appelée éthel. Sublimez-la dans une cucurbite avec un alambic de verre et en séparez l’humeur. Ensuite, dissolvez la cendre, prenez le soluté, lavez avec l’urine d’enfant ou avec l’eau de pluie jusqu’à ce qu’il soit blanc. Après cela, prenez l’éthel séparée du corps et broyez-la avec le corps soigneusement. Mettez dans un vase de verre, les laissant dans un endroit obscur, jusqu’à ce que vous voyiez le vaisseau briller et luire comme une hyacinthe.

Le safran

Le safran des philosophes est préparé comme suit. On prend sa racine avec la tige. Après qu’elle sera humide, elle est broyée avec son humidité au soleil Après cela, elle est laissé dans le bain jusqu’à ce que son esprit tingent pur et liquide monte à la surface, qui est à recueillir en totalité. Le corps résiduel est à laver parce qu’il reste une certaine impureté mêlée dans la fluxibilité, qu’on ne peut extirper sans un laborieux et subtil procédé. Le corps sera donc pris et lavé et sera blanchi à la manière de ceux qui rendent le lin blanc avec de la cendre et de l’eau de chaux blanche. Cela se fera à une tiède et lente chaleur de feu. Laissez-le ensuite pendant une nuit dans un endroit humide. Lavé ensuite avec de l’eau de mer, il est arrosé peu à peu jusqu’à ce qu’il blanchisse tout à fait et, une fois blanchi, on lui rend son esprit tingent. Il n’en fait l’élixir qui reste pour toujours ferme et parfait.

Le corail

Le corail est un certain végétal qui naît dans la mer. Il a des racines et des rameaux. Il est engendré humide. Lorsque le vent du nord souffle, il le durcit et en fait un corps rouge, comme peut le voir celui qui, naviguant en mer, le coupe sous l’eau. Et quand il en sort, il se change en pierre dont la couleur est rouge, et il n’assimile à la classe des pierres. Le peuple des Indiens l’utilise beaucoup. Notre corail des philosophes lui aussi est utilisé dans notre art de pareille façon. Ils le prennent et le broient fortement, l’imbibent d’eau de mer pendant vingt-et-un jours, le mettent au bain avec beaucoup d’humidité, jusqu’à ce que son esprit tingent surnage. Ils en prennent cet esprit, le mettent dans le vaisseau et laissent cette fèce comme morte. Elle n’est cependant ni blanchie, ni rouge. Ensuite, ils la mettent dans une sphère que nous appelons le tamis. Puis ils l’imbibent avec de l’eau de mer tiède, recommençant sept fois, lavant et sublimant jusqu’à ce qu’il prenne la forme de sel très blanc. Cela fait, ils lui rendent son esprit tingent. Et ensuite, ils le placent dans un lieu humide jusqu’à ce qu’il rougisse et qu’il en fasse une semence. Les philosophes en projettent sur le verre et font de celui-ci un verre incassable ; et quand il est mis sur de l’argent, il le convertit en or abryzum.

La pierre borites

Les philosophes prennent la pierre qui est appelée borites, que l’on dit être de couleur indienne et bigarrée. Ils la broient et l’imbibent d’eau de mer. Après, ils la mettent dans un vase de verre et l’y laissent pendant de longs jours dans un lieu humide, jusqu’à ce que le soufre qui est caché dedans en sorte.

Ils le recueillent et le mettent dans un vaisseau de verre. Ils lavent le corps qui est resté et qui est comme brunâtre avec de l’eau salée, puis le laissent à la chaleur du soleil en temps d’été, et recommencent tout cela jusqu’à ce qu’il brille comme du marbre blanc. Ils le mettent ensuite dans l’athanor et l’y dessèchent. Après quoi, ils lui rendent son soufre qu’ils en avaient extrait, le broient avec lui jusqu’à ce qu’il soit changé en pierre. De cette façon, l’élixir est accompli pour se toujours bien porter en cette vie.

L’herbe tinctoriale

Les teinturiers ont une herbe dont ils se servent pour teindre la laine. Ils en prennent seulement la teinture et laissent la partie ligneuse. Nous en avons une semblable dans notre art. Nous la broyons et la tamisons et l’imbibons souvent avec l’urine des enfants, jusqu’à ce qu’elle se ramollisse. Nous aurons de cette façon sa teinture en la mettant dans le fumier de cheval jusqu’à ce qu’elle soit purifiée et que la teinture se montre sur le corps. Nous prenons cette dernière et la mettons dans un vase de verre, tandis que son corps est broyé avec sa propre humeur et mis dans un endroit humide pour être lavé sans cesse jusqu’à ce qu’il secrète la blancheur de la neige. Après, nous lui joignons sa teinture purifiée que nous en avions extraite, nous l’en imbibons à la chaleur du soleil et il reçoit ainsi une puissance admirable et c’est là la description que les Anciens ont figurativement racontée dans leurs écrits.

FIN




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Maj : 04/11/2024