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La Magie des anciens🔗 cataloguesEntrée Data.Bnf absente Rechercher sur Sudoc Rechercher sur Openlibrary Rechercher sur Worldcat
L’Arbatel


AuteursDatesTypeLieuThèmesStatut
Arbatel
attr. Agrippa
attr. Paracelse
m.XVI
publ. 1575
Littérature (tech.)SuisseMagie
Théurgie

L’influence de l’Archidoxe se fait sentir dans cet ouvrage d’art notoire que l’on a d’ailleurs attribué à Paracelse dans certaines éditions. Le nom d’Arbatel peut être tout à la fois le pseudonyme de l’auteur et le nom de l’ange ayant révélé la méthode donnée dans l’ouvrage. S’il est probable que l’auteur soit de la mouvance paracelsienne, son identité demeure incertaine, même si en vertu de sa datation on peut proposer que l’ouvrage puisse être l’œuvre de Dorn ou Gohory.

Mêlant christianisme et magie et émaillant le texte de références savantes, il a eu une influence notable sur le développement du rosicrucisme, accompagnant la transition entre Paracelse, Dorn, Weigel puis Böhme qui sont des exemples d’auteurs l’ayant certainement eu entre les mains. Il se distingue en prenant à contre-pied l’archétype du grimoire par une datation vraisemblable, un style clair et aéré ainsi qu’une pratique où la profondeur se substitue à la grandiloquence. À noter qu’il contient dans son tableau final, une des (les ?) premières occurrences des termes "anthroposophie" et "théosophie".


Illustrations : én. de La Magie des anciens in Agrippa's Fourth book ... and arbatel of magic, 1793. | bs. Bibliothèque de la Société Max-Planck (Berlin, Allemagne). Entrée du catalogue inconnue Lien vers l’œuvre

Texte et traduction : du latin au français classique, Marc Haven, 1910. | bs. Bibliothèque Nationale de France (Paris, France). Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

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ארבעתאל
DE LA MAGIE DES ANCIENS ASCÈSE ABSOLUE DE LA SAGESSE

En toutes choses consulte le Seigneur, et ne pense, ne dis, ne fais rien que Dieu ne t’ait conseillé.

Celui qui marche frauduleusement révèle le secret : l’homme fidèle au contraire en esprit cache la chose.(1)

ARBATEL(2). De la Magie ou pneumatique des ANCIENS, TANT DES MAGES DU PEUPLE DE DIEU QUE DE ceux des Gentils, publiée pour célébrer la gloire de Dieu ET SON AMOUR POUR LES HOMMES.

Aujourd’hui pour la première fois mise en lumière contre les cacomages et les contempteurs des dons de Dieu pour l’usage et le bonheur de tous ceux qui sincèrement et pieusement aiment les créatures de Dieu et s’en servent, avec actions de grâce, pour honorer Dieu, se servir et servir leur prochain.

Magie qui a 9 tomes d’aphorismes de 7, septénaires(3).

Le premier tome est intitulé Isagoge ou livre des lois de la Magie ou Τò πνευμáτιχῆς, parce qu’il contient 49 aphorismes qui sont les préceptes les plus généraux de l’art.

Le deuxième est la magie microcosmique qui traite de ce que le microcosme par son esprit propre et par les génies qui lui sont adjoints par la nativité peut effectuer magiquement, c’est-à-dire par la science spirituelle, et comment il peut le faire.

Le troisième est la magie olympique montrant de quelle façon l’homme est tour à tour actif et passif par rapport à l’influx olympique.

Le quatrième est la magie hésiodique et homérique qui opère par l’intermédiaire des calo-démons comme n’étant pas hostiles à la race humaine.

La cinquième est la magie romaine ou sybilline qui enseigne l’emploi et l’action des esprits tutélaires auxquels sont distribuées les régions de l’univers. C’est la très insigne magie d’où est née la doctrine des Druides.

La sixième est la magie pythagoricienne qui opère seulement sur les esprits auxquels est donnée la connaissance des arts : physique, médecine, mathématiques, alchimie et sciences analogues.

La septième est la magie apollonienne qui a beaucoup de rapport avec les deux magies romaine et microcosmique ; elle a cependant ceci de particulier qu’elle exerce son pouvoir sur les esprits hostiles à l’homme.

La huitième est la magie hermétique, c’est-à-dire égyptienne, qui ne diffère pas beaucoup de la magie divine. Elle fait se manifester les dieux qui habitent les temples de tout genre.

Le neuvième est cette Sagesse qui émane du seul verbe de Dieu et que l’on appelle prophétique(4).

LIVRES D’ARBATEL SUR LA MAGIE
TOME Ier, DIT ISAGOGE

Au nom du Créateur des choses visibles et invisibles qui révèle à ceux qui l’invoquent les mystères de ses trésors et nous dispense largement et paternellement ses secrets sans mesure. Qu’il nous donne par son fils unique N.-S. J.-C. ses envoyés spirituels révélateurs de ses secrets pour que nous puissions écrire le livre d’Arbatel sur les plus grands secrets qu’il soit permis à l’homme de savoir et dont il puisse se servir sans offenser Dieu, AMEN.

PREMIER SEPTENAIRE D’APHORISMES

A. I. — Que celui qui veut savoir les secrets sache d’abord garder secrètement les secrets ; qu’il scelle ce qui doit être scellé, ne donne pas aux chiens ce qui est sacré et ne jette pas les perles aux pourceaux(5). Observe ces lois et les yeux de ton âme s’ouvriront pour comprendre les secrets et tu entendras une voix divine te révéler tout ce que ton âme aura désiré. Tu obtiendras les messages des anges de Dieu et des services plus parfaits des esprits dans la nature que ne le peut désirer aucun esprit humain.

A. II. — En toutes choses invoque le nom du Seigneur et ne commence aucune méditation, ni aucune action, sans l’avoir invoqué par son fils unique(6). Mais, sers-toi des esprits qui t’ont été donnés ou attribués comme serviteurs, sans témérité ni présomption, avec le respect dû au Seigneur des esprits : regarde-les comme des émanations de Dieu ; et, pour le reste de ta vie, travaille pacifiquement à honorer Dieu, à améliorer toi et ton prochain,

A. III. — Vis pour toi et pour les Muses, évite les amitiés de la multitude ; sois avare de ton temps, bienfaisant pour tous ; mets en œuvre tes qualités, veille sur ta vocation ; que jamais le Verbe de Dieu ne s’éloigne de ta bouche.

A. IV. — Obéis aux bons conseillers, fuis tout atermoiement. Accoutume-toi à la fermeté et au sérieux dans tous tes actes et dans toutes tes paroles. Aux tentations du tentateur résiste par le verbe de Dieu. Fuis le siècle, cherche le ciel. Ne te fie pas à ta sagesse, mais en toutes choses élève ta pensée vers Dieu, car il est dit dans l’Écriture : « Lorsque nous ne savons pas ce que nous voulons faire, nous élevons les yeux vers toi(7). » Lorsque viennent à nous manquer les forces humaines, alors jaillit comme un éclair le secours de Dieu, suivant l’expression de Philon.

A. V. — Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces, et ton prochain comme toi-même(8) : et le Seigneur te protégera comme la prunelle de son œil, te délivrera de tout mal et te remplira de tout son bien, et ton âme ne désirera rien qu’elle ne le possède immédiatement, pourvu que ce soit chose saine à ton corps et à ton âme,

A. VI. — Tout ce que tu auras appris, repasse-le souvent et fixe-le dans ta mémoire ; apprends beaucoup et non beaucoup de choses. L’esprit humain ne peut tout embrasser, à moins qu’il ne soit divinement régénéré ; mais pour celui-là, rien n’est si difficile ni si varié qu’il ne le puisse posséder.

A. VII. — « Invoque-moi au jour de l’épreuve et je t’exaucerai et tu me glorifieras », a dit le Seigneur(9); or, toute ignorance est une épreuve.

Invoque donc le Seigneur dans ton ignorance et il t’exaucera, et souviens-toi d’en rendre gloire à Dieu et de dire avec le Psalmiste : « Que la gloire ne soit pas pour nous, Seigneur, qu’elle ne soit pas pour nous, mais pour ton nom seul. »(10)

DEUXIÈME SEPTENAIRE

A. VIII. — L’Écriture atteste que Dieu imposa en même temps aux choses ou aux personnes leurs noms, leurs vertus et leurs fonctions, tous attributs émanés de ses trésors ; pour cette même raison, les caractères et les noms constellés ne tirent pas leur propriété de leur forme ou de la prononciation, mais de la force ou de la propriété que Dieu ou la nature a imprimée dans ce nom ou ce caractère. Il n’y a en effet ni dans le ciel, ni sur la terre, ni dans les enfers aucune vertu qui ne descende de Dieu ; et, sans sa grâce, rien ne peut transmettre ni actualiser ce qu’il a en puissance.

A. IX. La sagesse absolue est celle qui est en Dieu, puis vient celle des créatures spirituelles, puis celle des corporelles ; le quatrième degré est dans la nature et les choses naturelles(11). À la suite, mais à long intervalle, viennent les esprits du Rebelle et ceux qui sont réservés pour le jugement dernier ; en sixième lieu, les ministres des peines dans les enfers, serviteurs de Dieu, En septième lieu, les Pygmées qui tiennent une place peu négligeable et habitent les éléments et les choses élémentaires. Il convient de connaître et de distinguer tous les degrés qui différencient la sagesse du Créateur de celles des créatures afin que, s’il nous est utile d’attirer à nous quelque chose de l’une d’elles, nous sachions sur-le-champ la manière d’agir et la raison de l’acte, puisque toute la création n’a qu’un but, la nature humaine, et qu’un moyen, la nature humaine, comme en témoignent les Saintes Écritures, la raison et l’expérience.

A. X. — Dieu père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles, a voulu se refléter lui-même et se manifester dans l’Ecriture Sainte et, comme un père qui aime tendrement ses fils, il nous enseigne ce qui est utile, ce qui ne l’est pas, ce qu’il faut fuir, ce qu’il faut rechercher. Ensuite, par la promesse des plus grands biens corporels et éternels, il nous entraîne à l’obéissance ; par la menace du châtiment, il nous éloigne de ce qui nous serait nuisible. O toi qui me lis, retourne donc dans tes mains l’Ecriture Sainte, et les nuits et les jours, pour posséder aujourd’hui comme dans toute éternité le bonheur et la béatitude. Fais cela et tu vivras comme te l’enseignent les pages sacrées.

A. XI. — Le quaternaire est le nombre pythagoricien et le premier carré ; établissons-le donc ici comme fondement de toute la sagesse, après la sagesse révélée par Dieu même dans l’Ecriture Sainte, et présentée dans la nature à la contemplation des hommes.

Sache bien que celui qui tout entier dépend de Dieu est obéi et servi par toute la sagesse de la création(12) de gré ou de force, consciemment ou inconsciemment. En cela se manifeste la toute-puissance de Dieu. C’est là le point capital : vouloir se faire servir par la création et se distinguer de ceux qui ne veulent pas ; apprendre à nous adapter l’intelligence et la fonction de chaque être. Cet art ne s’obtient que divinement ; Dieu révèle ses secrets à qui bon lui semble ; celui auquel il ne veut rien dispenser de ses trésors, celui-là qui a encouru la colère divine, n’obtiendra rien même par la force, malgré Lui.

Donc, demandons à Dieu seul τὴν πνευμάτιχὴν έπισιμὴν, qui nous y fera miséricordieusement participer. Celui qui nous a donné son fils et nous a ordonné de prier pour obtenir son Esprit-Saint, comment ne nous soumettrait-il pas bien mieux encore toute la création visible ou invisible ? « Tout ce que vous demanderez vous sera accordé(13) ». N’abusez pas des dons de Dieu et tout coopérera à votre salut. Mais avant toute chose veillez à ce que votre nom soit inscrit au ciel : cela vous sera plus favorable qu’un esprit serviteur : ce sont les conseils du Christ.

A. XII. — Dans les Actes des Apôtres(14), l’Esprit dit à Pierre après sa vision : « Descends et n’hésite pas, car c’est moi qui les ai envoyés » lorsqu’il était mandé par le centurion Cornélius. — C’est de cette façon et par le verbe humain que tous les enseignements étaient transmis par les saints Anges de Dieu, comme cela est évident d’après les monuments égyptiens. Mais ils ont été dans la suite mélangés d’opinions humaines, pervertis par l’action des esprits malins qui sèment les zizanies et la discorde chez les enfants du doute, comme on le voit dans St-Paul et dans Hermès Trismégiste.

Il n’est pas d’autre base pour restaurer les arts que de s’instruire auprès des saints esprits de Dieu ; car la foi véritable est la foi à ce que l’on a entendu. Quant à être sûr de la véracité des révélations, cela dépend de ta foi en Dieu ; c’est la vérité, si tu peux dire avec Paul : « Je sais en qui je mets ma confiance(16) ».

Si aucun passereau ne peut périr sur terre sans la volonté du père qui est au ciel, combien plus, homme de peu de foi, Dieu ne permettra-t-il pas que tu sois déçu, si tu dépens de lui, si tu places en lui seul toute ton affection.

A. XIII. — Dieu est le Dieu vivant, et tout ce qui vit vit en lui ; il est véritablement יהוה qui se répand en toutes choses pour qu’elles soient ce quelles sont, et d’un seul mot de sa bouche par son fils a manifesté tout ce qui est pour que cela soit. Il a donné à toutes les étoiles, à toute l’armée du ciel leurs noms propres, Celui à qui Dieu révélera les noms de ses créatures, celui-là saura les véritables vertus et la nature des choses, l’ordre et l’harmonie de toute la création visible et invisible. Mais reste à recevoir de Dieu le pouvoir de manifester les vertus et de les faire passer de puissance en acte dans la nature et l’universelle création, des ténèbres

A. XIV. — Ton âme vit dans l’éternité par celui qui te créa ; invoque donc le Seigneur ton Dieu et obéis à lui seul. Tu parviendras à ce but si tu considères pour quelle fin Dieu t’a créé, ce que tu dois à Dieu, ce que tu dois à ton prochain. Dieu demande de toi que tu honores son fils et que tu gardes dans ton cœur le verbe de son fils. Si tu as ce respect, tu accomplis déjà la volonté de ton Père qui est aux deux. Tu dois à ton prochain les services de la charité, et d’amener au respect de son fils tout ce qui se réfugie vers toi : voilà la loi et les prophètes. Dans les choses temporelles tu dois invoquer Dieu comme un père pour qu’il te donne tout ce qui est nécessaire à cette vie. Tu dois faire participer aux dons de Dieu ton prochain, que ces dons soient spirituels ou corporels.

Tu prieras de la façon suivante :

« Seigneur du ciel et de la terre, formateur et créateur de toutes choses visibles et invisibles, moi, être indigne, je t’invoque, selon ton ordre, par le nom de ton fils unique N. S, J.-C., pour que tu envoies vers moi ton Esprit-Saint qui me dirige dans ta vérité, vers ton Bien absolu.

« Car je désire d’un profond désir la science de cette vie, la connaissance parfaite de ce qui m’est nécessaire, science plongée dans de telles ténèbres et souillée d’un si grand nombre d’opinions humaines que je sens par mes propres forces n’en pouvoir rien pénétrer si tu ne me diriges ; donne-moi un de tes esprits qui m’enseigne ces lois que tu veux nous voir apprendre et connaître pour te louer, t’honorer et servir notre prochain ; donne-moi un cœur docile pour que je saisisse facilement ce que tu m’enseigneras et que je l’enfouisse dans mon âme, prêt à le répandre comme un ruisseau de tes inépuisables trésors pour tous les usages nécessaires, et donne-moi cette grâce d’user de si grands bienfaits avec une humble crainte et un timide respect par .N, S. J.-C. avec ton Esprit-Saint. Amen ».

TROISIÈME SEPTENAIRE

A. XV. — On appelle esprits olympiques ceux qui habitent le firmament et les astres du firmament. Leur fonction est d’exécuter le destin, d’administrer les événements fatidiques autant qu’il plaît à Dieu et qu’il le permet de sorte qu’aucun mauvais démon, aucun mauvais destin ne pourra nuire à celui qui est assis à l’ombre du Très-Haut. Tout esprit olympique enseigne et accomplit tout ce que l’astre auquel il préside présage ; mais cependant il ne peut rien faire passer de puissance en acte sans la permission divine. Dieu seul en effet lui donne ce pouvoir et cette action. Tous les êtres supracélestes, célestes, sublunaires et infernaux obéissent à Dieu créateur : aussi efforce-toi d’entreprendre tout ce que tu entreprends avec l’aide de Dieu(17), et toutes tes entreprises atteindront le but souhaité et désirable. C’est ce que prouvent l’histoire du monde entier et l’expérience quotidienne. « Paix aux hommes de bonne volonté, la guerre pour les autres ! »(18) a dit le Seigneur.

A. XVI. — Sept sont les puissances ou les offices propres des esprits à qui Dieu a confié la direction de la machine du monde. Leurs astres visibles(19) sont Aratron, Bethor, Phaleg, Och, Hagith, Ophiel, Phul, en langue olympique(20). Chacun a sous ses ordres une nombreuse armée du firmament.

Aratron commande à 49 provinces visibles.
Bethor commande à 42 provinces visibles.
Phaleg commande à 35 provinces visibles.
Och commande à 28 provinces visibles.
Hagith commande à 21 provinces visibles.
Ophiel commande à 14 provinces visibles.
Phul commande à 7 provinces visibles.

Ce qui fait en tout 186 provinces dans l’Olympe, que gouvernent sept puissances que l’astronomie de la grâce étudie longuement, Il faut indiquer maintenant de quelle façon peut s’établir la communication avec ces princes et ces puissances. Aratron apparaît le samedi à la première heure et donne de très nettes réponses sur ses provinces et propriétés provinciales. De même pour les autres à leurs jours et heures. Chacun préside à 400 années. Le premier cycle, celui de Bethor, a commencé en l’an 60 av. J.-C, et a duré jusqu’à 430 ; Phaleg, de 430 à 920 ; Och, jusqu’en 1410 ; et Hagith régnera jusqu’en 1900.(20)

A. XVII. — Magiquement on évoque les sept premiers des gouverneurs simplement au jour et à l’heure où ils dominent visiblement et invisiblement par les noms et les vertus que Dieu leur a donnés en présentant le caractère qu’ils confirmeront ou traceront eux-mêmes,

Le gouverneur Aratron a en son pouvoir les choses naturelles qu’il produit, ce qui est à sa correspondance dans le milieu considéré, et que l’astronomie de la grâce attribue aux vertus saturniennes.

Ce qu’il fait aisément et volontiers, c’est :

De pouvoir changer sur-le-champ toutes choses en pierre, comme une plante ou un animal, et lui donner l’apparence même de la pierre ;

De changer les trésors en charbon et les charbons en trésors(21) ;

De donner des esprits familiers avec un pouvoir défini ;

D’enseigner l’Alchimie, la Magie, la Physique ;

De concilier à l’homme l’amitié des Pygmées, hommes poilus ;

De rendre invisible ;

De rendre fécond ce qui est infécond et de donner la longévité.

SON CARACTERE EST

Il a sous ses ordres 49 rois, 42 princes, 35 satrapes, 28 ducs, 21 ministres qui se tiennent debout devant lui, 14 familles, 7 messagers, et commande à 36.000 légions de chacune 490 unités(22);

Bethor gouverne ce qui est attribué à Jupiter ; il arrive dès qu’on l’invoque. Celui qui est digne de tracer son caractère est par lui élevé aux plus hautes dignités, mis en possession de ses trésors. Il concilie les Sylphes qui donnent de sincères réponses. Il transporte d’un lieu à un, autre les choses et les pierres précieuses et donne des médicaments d’un effet merveilleux. Il donne même des esprits familiers venus du firmament et peut prolonger la vie jusqu’à 700 ans si Dieu le permet.

SON CARACTÈRE EST

II a sous sa direction 42 rois, 35 princes, 28 ducs, 21 conseillers, 14 messagers, 7 ambassadeurs, 29,000 légions d’esprits.

Phaleg préside aux choses attribuées à Mars, prince de la paix. Celui à qui il donne son caractère est élevé aux plus hautes dignités dans l’art de la guerre.

SON CARACTÈRE EST

Och préside aux choses solaires et donne 6oo années de vie avec une santé robuste ; il distribue la sagesse suprême, il envoie de très beaux esprits, enseigne la médecine et change toutes choses en un or parfait et en pierres précieuses ; il donne de l’or et une bourse pleine d’or. Celui qui aura été jugé digne de son caractère se fera adorer comme un Dieu par les rois de l’univers entier.

SON CARACTÈRE EST

Il a sous sa dépendance 36,536 légions : à lui seul il administre toutes choses et ses esprits lui obéissent par centuries.

Hagith gouverne les choses de Vénus : il rend très beau celui qui est digne de posséder son caractère et l’orne de toute noblesse. Il change en un instant le cuivre en or et l’or en cuivre ; il procure des esprits qui obéissent fidèlement à leurs maîtres.

SON CARACTÈRE EST

Il a des légions de 4,000 esprits et à la tête de chaque millier il place des Rois aux époques fixées.

Ophiel est gouverneur des choses de Mercure ;

Ses esprits forment 100,000 légions : il donne facilement des esprits familiers, il enseigne tous les arts et celui qui est honoré de son caractère peut changer instantanément le vif-argent en pierre philosophale.

Phul se plaît dans ce caractère.

Par la parole et l’acte, il change tous les métaux en argent ; il gouverne les choses lunaires, guérit l’hydropisie, donne des ondins qui servent l’homme sous la forme corporelle et visible : il fait vivre 300 ans.

Préceptes très généraux de cet art secret

I. — Un gouverneur quelconque agit toujours avec tous ses esprits, tantôt, naturellement et alors toujours de la même manière, tantôt à son bon gré si Dieu ne l’empêche pas.

II. — Il peut même dans une matière non prédisposée, produire subitement ce qui naturellement demande un long laps de temps à se faire même dans une matière prédisposée. De même, le prince solaire Och prépare lentement l’or dans les montagnes, en moins de temps il le fabrique par voie chimique, en un instant par voie magique.

III. — Le vrai mage divin peut sur un seul geste de sa main avoir à son service les gouverneurs du monde et de toutes les créatures. Les gouverneurs du monde lui obéissent, viennent à son appel, exécutent ses ordres ; mais Dieu seul est l’auteur de ces miracles. C’est ainsi que Josué arrêta le soleil dans les cieux.

Pour les mages de moindre puissance, ils leur envoient des Esprits qui ne leur obéissent qu’en certaines affaires très déterminées. Les pseudomages, ils ne les écoutent pas et leur jettent quelques démons pour les leurrer et, sur l’ordre de Dieu, leur font encourir des périls variés(23), comme en témoigne Jérémie au sujet des magiciens juifs, chapitre VIII.

IV. — Dans tous les éléments, il y a sept gouverneurs avec leur armée qui sont mus d’un même mouvement avec le firmament, et toujours les inférieurs dépendent des supérieurs, comme l’enseigne la Philosophie de la grâce.

V. — Dès le ventre de sa mère, il est destiné à la magie, celui qui doit être un véritable mage ; les autres qui, d’eux-mêmes, s’ingénient à le devenir sont malheureux. Et c’est ici le lieu de dire avec Jean-Baptiste : Personne ne peut rien recevoir pour soi-même qui ne lui ait été donné par Dieu.(24)

VI. — Tout caractère donné dans un but quelconque par un esprit a son efficacité dans l’objet pour lequel il a été donné et dans un temps déterminé. Il faut donc s’en servir au jour et à l’heure de l’esprit planétaire qui l’a donné.

VII. — Dieu est vivant et ton âme est vivante. Tu conserveras le pacte que tu as conclu en Dieu avec l’esprit par la révélation pour que s’accomplissent toutes les promesses de l’Esprit.

A. XVIII. — Les noms des esprits olympiques sont rapportés diversement par divers auteurs. Mais ceux-là sont efficaces qui sont transmis à chacun par l’esprit révélateur visible ou invisible, et selon sa prédestination. Voilà pourquoi on les appelle constellés et leur efficacité s’étend rarement au-delà de quarante ans(25). Le plus sûr pour les débutants en notre science est donc d’opérer sans les noms et par la seule vertu des Esprits ; et si un d’eux a été prédestiné à la magie, tout le reste de l’art étudié viendra de lui-même à lui et au-delà de ses espérances. « Priez seulement pour avoir une foi constante » et Dieu ordonnera tout en temps opportun.

A. XIX. — L’Olympe et ses habitants se présentent d’eux-mêmes aux hommes sous la forme d’esprits et leur donnent leurs services, même s’ils les refusent ; combien mieux encore te seront-ils accordés si tu les demandes ! Les esprits du mal et les esprits destructeurs qui viennent à un homme y viennent par la haine du diable, attirés par les péchés des hommes comme une peine méritée. Que celui qui désire converser familièrement avec des esprits se garde donc de tout péché mortel(26), et qu’il prie fermement le Très-Haut de le prendre en sa garde, et il brisera les embûches et les obstacles de l’Adversaire. Bien sûr, Dieu ordonnera et imposera à son ennemi l’obligation de servir le mage(27).

A. XX. — Tout est possible à qui croit et à qui veut, tout est impossible à qui doute et à qui ne veut pas. Rien n’est plus contraire que la mobilité d’esprit, la légèreté, l’inconstance, la futilité, l’ébriété, la luxure, la désobéissance au Verbe de Dieu.

Il importe donc beaucoup d’être pieux, probe, constant dans ses paroles et dans ses actes, d’avoir une foi ferme en Dieu, d’être prudent, de n’être avare d’aucune chose que de sagesse qui est chose divine et sacrée.

A. XXI. — Quand tu voudras évoquer un esprit olympique, observe le lever du soleil le jour correspondant à l’esprit que tu désires et, disant l’oraison suivante, tu verras ton voeu se réaliser :

« Dieu tout-puissant, éternel, qui as fait toute la création pour ta glorification et ton honneur et pour le service de l’homme, je te prie de m’envoyer l’esprit N… d’ordre solaire pour me communiquer et m’apprendre ce sur quoi je l’interrogerai, ou pour qu’il me donne un remède contre l’hydropisie, etc. D’ailleurs que cela soit non par ma volonté, mais par la tienne, au nom de Jésus-Christ ton fils unique Notre Seigneur. Amen. »

Mais ne fatigue pas l’Esprit, l’heure une fois écoulée, à moins que ce ne soit un esprit familier. « Puisque tu es venu sans tumulte ni bruit, et que tu as répondu à ma demande, je rends grâce à Dieu au nom duquel tu es venu. Retourne en paix à tes affaires, prêt à revenir quand je t’appellerai par ton nom, ton nombre ou ta vertu puisque cela m’a été permis par le Créateur. Amen. »

Ecclés., ch. V : Ne parle pas avec précipitation et que ton cœur ne se hâte pas de proférer un verbe en face de Dieu. Dieu en effet est dans le ciel et toi sur la terre. Aussi tes paroles sont bien peu de choses : car dans la plus grande préoccupation arrive le sommeil(28).

Quatrième septenaire

A. XXII. — Nous appelons secret ce que par la seule industrie humaine et sans révélation, personne ne pourra savoir : science dont la connaissance a été cachée par Dieu dans la portion occulte de la nature, mais que cependant il a permis aux Esprits de révéler pour qu’il en soit fait bon usage. Et ces secrets sont soit d’ordre divin, soit d’ordre naturel, soit d’ordre humain. Fais un choix méticuleux et discret parmi les secrets qui auront le plus attiré ton attention.

A. XXIII. — Tout d’abord, étudie la nature de ce secret et sache s’il peut être obtenu soit par des intelligences séparées, soit par la mise en œuvre des facultés humaines ou de quelque autre façon. Cela fait, évoque l’esprit qui sait cet art, ou ce qu’il y a de secret en lui, de te l’enseigner brièvement et prie Dieu de t’inspirer sa grâce pour que tu parviennes au but secret désiré pour la louange et l’honneur de Dieu et pour le service de ton prochain.

A. XXIV.Les grands secrets sont au nombre de sept :

Le premier est la guérison de toutes les maladies dans l’espace de sept jours soit par les caractères, soit par les sciences naturelles, soit par les esprits supérieurs avec l’aide de Dieu ;

Le deuxième est de pouvoir à volonté prolonger sa vie jusqu’à un âge quelconque, je dis la vie corporelle et naturelle, comme faisaient nos premiers parents ;

Le troisième est d’avoir l’obéissance des créatures élémentaires qui ont la forme d’esprits personnifiés, à savoir les Pygmées, les Fées, les Dryades, les Sylvains, les Nymphes ;

Le quatrième est de pouvoir parler avec toutes les intelligences de l’univers, visibles et invisibles, de pouvoir les entendre sur quelque chose que ce soit, et de pouvoir être en rapport avec celle qui préside à une chose déterminée ;

Le cinquième est de pouvoir se gouverner soi-même vers la fin que Dieu nous a fixée ;

Le sixième est de connaître Dieu et le Christ et son Esprit-Saint. C’est là la perfection du microcosme ;

Le septième est de se régénérer comme Hénoch roi du monde inférieur(29).

Ces sept secrets, tout homme d’une âme ferme et honnête pourra les apprendre des esprits sans offenser Dieu.

Secrets moins importants également au nombre de sept :

La transmutation des métaux, qui est vulgairement appelée alchimie, chose sûre, mais qui n’est donnée qu’à bien peu et seulement par une grâce particulière. Rien ne sert de courir, rien ne sert de vouloir, il faut la grâce de Dieu ;

La cure des maladies par les métaux ou par action merveilleuse des pierres précieuses ou de la pierre philosophale et des préparations analogues ;

Pouvoir réaliser des merveilles astronomiques et mathématiques comme sont les machines hydrauliques et régler ses affaires par les influences célestes et les opérations de ce genre ;

Pouvoir réaliser toutes les œuvres de la Magie naturelle ;

Connaître tous les pronostics d’ordre physique ;

Connaître le fondement de tous les arts d’ordre manuel ou corporel ;

Connaître le fondement de tous les arts qui s’exercent par la nature angélique de l’homme.

Petits secrets au nombre de sept :

1. Faire son métier avec soin et gagner beaucoup d’argent ;

2. Monter d’une humble position aux dignités et aux honneurs et fonder une nouvelle famille qui soit illustre et fasse de grandes choses ;

3. Exceller dans l’art militaire, réussir de grandes entreprises et être la tête de la tête des rois et des princes ;

4. Etre un bon père de famille à la campagne et à la ville ;

5. Etre marchand industrieux et fortuné ;

6. Etre philosophe, mathématicien, médecin, aristotélicien, platonicien, ptoléméen, euclidien, hippocratique et galénique ;

7. Etre théologien, biblique, scholastique ; connaître tous les auteurs théologiens anciens et modernes.

A. XXV. Nous venons de dire quels sont les secrets, leur genre, leur espèce. Il reste à dire de quelle façon nous obtiendrons ce que nous désirons savoir. L’unique et la véritable voie vers tous les secrets est d’avoir recours à Dieu auteur de tout bien, et, comme le dit le Christ : « Cherche d’abord le royaume de Dieu et sa justice et le reste te sera donné par surcroît. »

Et aussi : « Prenez garde que votre cœur ne soit appesanti par la luxure, la gourmandise et les soins matériels de cette vie. »

Et aussi : « Confie tes projets à Dieu, et sa droite agira. »

Et aussi : « Je suis ton Dieu, ton Seigneur qui t’enseigne les choses utiles et te dirige dans la voie où tu marches. »

« Et je te donnerai l’intelligence et je t’instruirai, et de mon regard je te dirigerai sur la route. »

Et aussi : « Vous qui êtes pervers, vous savez enseigner le bien à vos enfants ; combien plus sûrement encore votre père qui est aux cieux vous donnera-t-il son Esprit-Saint si vous le demandez ! »

Et aussi : « Si vous voulez accomplir les volontés de mon père qui est aux cieux, vous serez véritablement mes disciples et nous viendrons à vous et nous ferons notre tabernacle de votre âme. »

Ces sept passages de l’Écriture, si tu les fais passer de la lettre à l’esprit, c’est-à-dire en acte, t’empêcheront de te tromper, te feront atteindre la borne désirée, ne pas t’éloigner de la voie droite, et Dieu lui-même par son Esprit-Saint t’enseignera l’utile et le vrai ; il te donnera même ses anges comme compagnons, comme maîtres et comme appuis pour pénétrer tous les secrets de l’univers. Il ordonnera à toutes les créatures de t’obéir pour que, joyeux et heureux, tu dises avec les apôtres : « L’Esprit m’est soumis », et enfin, ce qui est le principal, tu seras certain que ton nom est inscrit dans les cieux.

A. XXVI. — Une autre voie, et plus commune, est celle par laquelle Dieu te révèle, même inconsciemment, ses secrets soit par les Esprits qui ont les secrets en leur pouvoir, soit par les songes, soit par les visions et les impressions vives, ou bien, grâce à la figure astrologique de la nativité, par les intelligences célestes : c’est ce qui fait les héros, comme le sont presque tous les grands hommes, comme Platon, Aristote, Hippocrate, Galien, Euclide, Archimède, Hermès Trismégiste, le père des secrets avec Théophraste Paracelse, qui ont en eux toutes les vertus des secrets. À ce groupe se rattachent encore Homère, Hésiode, Orphée, Pythagore, à supposer que ceux-ci n’aient pas tenu leur puissance du précédent arcane. À eux se rattachent encore les enfants des nymphes(30), comme les fils de Mélusine et les fils des dieux, Achille, Enée, Hercule, et aussi Cyrus, Alexandre le Grand, Jules César, Lucullus, Sylla, Marius.

La loi est que chacun connaisse son génie(31) pour en suivre l’impulsion selon le verbe de Dieu et qu’il prenne garde aux embûches des mauvais génies pour n’être pas précipité dans le malheur comme Brutus et Marc Antoine. (Cf. Jovianus Pontanus, traités : de Fortuna et de Eutycho).

La troisième méthode est d’un travail pénible, et, sans le secours de quelque divinité, rien ne s’en peut tirer de grand ou de digne d’admiration, car il est écrit :

Tu nihil invita dices faciseve Minerva

Nous détestons tous les cacomages qui, par d’illicites superstitions, s’associent aux démons et obtiennent d’eux certaines choses que Dieu a permises comme châtiments. Car il y a certains maux qui sont l’œuvre du diable, comme l’atteste l’Écriture au sujet de Judas. À cette variété se rapporte toute l’idolâtrie des anciens et de notre âge et l’abus des sorts fait si souvent par la gentilité. À cela se rattachent aussi l’évocation charontique des mânes, l’œuvre de Saül avec la femme, l’évocation du soldat mort de Lucain pour prophétiser l’issue de la bataille de Pharsale et celles du même genre.

A. XXVII. — Fais un cercle ayant au centre A qui soit B, C, D, D, E, BC à l’Orient, CD au Nord, etc… Divise chaque quadrant en 7 parties de façon qu’il y ait en tout 28 parties et que chaque secteur soit divisé lui-même en 4, soit en tout 112 parties et il y a autant de secrets qu’il est défendu de révéler. Ce cercle ainsi divisé s’appelle SCEAU DES SECRETS de l’univers entier de qui, d’un centre A qui est l’ineffable Dieu, est émanée toute la circonférence. Le prince des secrets de l’Orient réside au milieu et a de chaque côté trois satrapes qui ont chacun quatre ministres sous leur dépendance et le prince lui aussi en a quatre. Tous les autres quadrants de même ont leur prince des secrets, leurs satrapes et leurs ministres quaternaires. Mais celui de l’Orient est le dispensateur de toute sagesse, celui de l’Occident de toute force, celui du Midi de toute culture, celui du Nord de toute rigueur dans la vie(32). À l’Orient donc sont fixés les grands secrets, au Midi les moyens, à l’Occident et au Nord les petits.

L’usage de ce cercle est de savoir d’où viennent les esprits ou les anges qui enseignent les secrets qui leur sont confiés par Dieu. Or leurs noms sont établis d’après leurs fonctions et leurs vertus, selon que Dieu distribue à chacun sa fonction. L’un a le pouvoir de l’épée, l’autre de la peste, un autre de la famine, qui doit frapper les peuples sur l’ordre de Dieu. Les autres sont les destructeurs des cités, comme ces deux anges qui furent envoyés pour renverser Sodome et Gomorrhe et les environs : l’exemple en est rapporté par les Écritures. Les uns sont les anges gardiens des royaumes, les autres des individus, suivant que chacun aura formé leur nom dans sa langue(33). Et ainsi celui qui le voudra invoquera l’ange de la Médecine, ou de la Philosophie, ou des Mathématiques, ou de la sagesse civile, ou de la Sagesse naturelle ou surnaturelle, ou de tel autre qu’il voudra. Qu’il demande sérieusement, dans tout l’élan de son cœur, avec foi et constance, et certainement il recevra ce qu’il désire de Dieu, père de tous ces esprits. Cette foi est supérieure à tout talisman, et soumet les anges à la volonté humaine. À cette foi s’ajoute la science caractéristique d’évoquer les anges, qui a pour source la seule révélation divine ; mais sans la foi susdite et qui doit la précéder, elle demeure dans les ténèbres. Si quelqu’un veut s’en servir uniquement comme d’une science mnémotechnique, comme d’un moyen plus simple créé par Dieu qui, pour cela, y a attaché cette vertu ou essence spirituelle, il pourra le faire sans que Dieu s’y oppose. Mais, qu’il prenne garde de ne pas tomber dans l’idolâtrie et dans les lacets du Diable qui, ardent à la chasse, capture facilement les imprudents. Or cet adversaire ne peut être maintenu que par le doigt de Dieu ; il est forcé d’obéir à l’homme de bien, d’incliner devant lui sa mauvaise volonté. Nombreuses sont les tribulations, grandes les tentations, lorsqu’il a reçu l’ordre de tendre des embûches au talon du Christ, ou à la semence de la femme. Ce n’est donc qu’avec crainte et tremblement que l’on doit aborder la Pneumatique, avec le plus grand respect de Dieu, et l’homme ne doit conserver avec les essences spirituelles qu’avec recueillement et sagesse. Qu’il se garde de toute légèreté, de tout orgueil, de toute avarice, de toute vanité, de toute jalousie, de toute impiété, celui qui tente une telle entreprise, s’il ne veut périr misérablement.

A. XXVIII. — Comme tout bien vient de Dieu qui est le seul bien, c’est à lui qu’il faut demander ce que nous voulons en le priant en esprit et vérité et d’un cœur simple. La conclusion du Secret des secrets est que chacun s’excite à prier pour ce qu’il désire et il ne souffrira pas de refus. Que le doute n’affaiblisse donc pas sa propre prière, car, à celui qui le prie, Dieu peut et veut accorder sa demande pourvu qu’il reconnaisse l’auteur du bienfait dont nous demandons humblement la réalisation. Ce père miséricordieux et bon aime ses fils de désir, comme dit Daniel, et les exauce avant même qu’ils n’aient pu vaincre la dureté de leur cœur à prier. Mais il ne veut pas que nous donnions le Saint aux chiens ni que nous méprisions et rejetions les merveilles(34) de son trésor. Aussi lis et relis souvent et avec soin le premier septenaire des secrets. Dirige et règle ta vie et toutes tes actions sur ces préceptes, et tout cédera à l’assentiment de ton âme en Dieu, auquel tu te confies.

Cinquième septenaire d’aphorismes

A. XXIX. — Pour que notre étude sur la magie procède régulièrement, laissons les préceptes généraux et abordons maintenant les explications spéciales. Les esprits sont ou des ministres du Verbe de Dieu, de son Eglise et des membres de cette Eglise, ou ce sont les serviteurs de la créature dans les choses corporelles, les uns conservateurs du corps et de l’âme, les autres destructeurs. De sorte que rien de bien ni de mal ne se fait sans un ordre sûr et une direction bien déterminée. Celui qui désire le bien comme but sera exaucé. Celui qui désire le mal l’obtiendra aussi et sur-le-champ par l’effet de justice absolue et par la conséquence de son opposition à la loi divine. Par conséquent, celui qui identifie son but avec le Verbe de Dieu, qui, comme à la pierre de touche, choisit entre le bien et le mal, qui décide en lui ce qu’il doit fuir, ce qu’il doit rechercher, qui suit avec fermeté la route qu’il a choisie et définie, – sans rien remettre au lendemain, – celui-là atteindra finalement le but qu’il s’est proposé.

A. XXX. — Ceux qui recherchent les richesses, l’éclat de cette vie, les magistratures, les honneurs, les dignités, les royautés, et cela magiquement, s’ils se font remarquer par leur zèle, l’obtiendront. À chacun selon son destin, son habileté et sa science magique. C’est ainsi que nous voyons dans l’histoire de Mélésinus qu’un certain mage décréta que désormais aucun Italien ne régnerait à Naples et réussit si bien que celui qui régnait à son époque même fut renversé. Tant est grande la puissance des anges gardiens ou protecteurs des royaumes du monde.

A. XXXI. — Evoque le prince d’un royaume(35) et obtiens la domination sur lui ; commande ce que tu voudras et cela sera exécuté jusqu’à ce que ce prince soit délié de son obéissance par un nouveau mage. C’est ainsi que de nouveau le royaume de Naples pourrait être restitué à l’Italie si quelque mage évoquait le prince qui a restitué l’ordre actuel et le forçait à détruire sa fondation. De même, il serait forcé de rendre les objets merveilleux enlevés au trésor magique, le livre, la gemme, et la corne magique, qui permettraient à qui les posséderait l’établissement de la monarchie du monde (36.) Mais ce mage, JUIF, a préféré vivre entre les dieux jusqu’au partage des biens transitoires de la terre, et son cœur est aveuglé car il n’a rien compris du Dieu du ciel et de la terre et il ne songe à rien de plus qu’à jouir, pour son éternelle perte, de délices immortelles. L’évocation en serait plus facile que celle du génie de Plotin dans le temple d’Isis(37).

A. XXXII. — C’est ainsi que les romains, instruits par les Livres Sybillins, se rendirent maîtres du Monde ; l’histoire le prouve.

Ce sont les Satrapes du prince du Royaume qui accordent les magistratures moins importantes ; que celui donc qui désire une charge ou une dignité de peu d’importance, évoque magiquement un Satrape du prince et ses voeux seront satisfaits.

A. XXXIII. — Mais celui qui, méprisant les dignités, aspire aux seules richesses, évoquera le prince des richesses ou un de ses satrapes et réussira dans le genre où il voudra s’enrichir, soit en biens terrestres, commerce, dons des grands, étude hermétique ou chimique, pourvu qu’il ait fait apparaître le prince qui préside à ces différentes spéculations et qu’il ait obtenu le droit de s’en faire obéir.

A. XXXIV. — Il n’existe qu’un seul genre, une seule forme d’évocation : cette formule, parfaitement connue autrefois des sibylles et des grands prêtres, est presque totalement perdue de nos jours par ignorance et impiété : ce qui en subsiste est dénaturé par la superstition et le mensonge.

A. XXXV. — L’esprit humain est seul producteur de miracles lorsqu’il s’est uni à l’esprit qu’il a choisi(38). Après cette union, il produit ce qu’il veut : c’est pourquoi il faut agir avec la plus grande prudence dans les hautes œuvres, de peur d’être leurré par les sirènes et autres monstres, esprits toujours épris de la société de l’homme. Abrite-toi donc sous les ailes du très-Haut pour ne pas t’offrir en proie au lion rugissant. Ceux qui recherchent les biens du monde échappent, en effet, difficilement aux lacets de Satan.

Sixième septenaire d’aphorismes

A. XXXVI. — Il faut veiller à ne pas mélanger expériences et expériences ; chaque opération doit être une et simple. Car Dieu et la nature ont ordonné chaque chose pour un but fixe et déterminé. Ainsi l’ont compris ceux qui soignent les maladies par les herbes et les racines les plus simples et n’en ont que plus de succès. C’est pour cela que dans les noms et les caractères constellés et dans les pierres et les autres objets se cachent des influences et des vertus qui, actualisées, sont d’un effet merveilleux.

Il en est de même des paroles qui, prononcées, font immédiatement apparaître à nos ordres les créatures visibles et invisibles, tant de notre monde que du monde aqueux, aérien, souterrain, olympique, supracéleste, infernal et enfin même divin.

Travaillons donc surtout dans la simplicité et demandons à Dieu la connaissance des choses simples : du reste, nous ne pouvons l’apprendre par aucune autre méthode, par aucune autre expérience.

A. XXXVII. — Chaque être occupe donc le lieu qui lui convient spécialement : il y a un ordre, une raison, un mode qui rendent aisée à apprendre la science des choses visibles et invisibles. Au point de vue de l’ordre, il y a des créatures de lumière et de ténèbres ; les dernières sont en proie à l’orgueil pour s’être précipitées dans les ténèbres, et, par leur rébellion, se sont faites les esclaves des peines éternelles. Leur royaume participe de la beauté, — car il ne pourrait subsister sans quelque qualité et sans quelqu’un des puissants des dons de Dieu — d’autre part il est repoussant et hideux, car il regorge de toutes les hontes et de tous les crimes ; idolâtrie, mépris de Dieu, blasphème contre le Seigneur et contre ses œuvres, culte des démons, révolte contre les lois, sédition, homicide, vol, tyrannie, adultères, plaisirs illicites, rapines, larcins, mensonges, parjures, désir de dominer. C’est ce mélange qui constitue le royaume des ténèbres. Mais les créatures de lumière par la vérité éternelle et la grâce de Dieu commandent même aux seigneurs des ténèbres, comme membres du Christ. Entre eux est une guerre éternelle jusqu’à ce que Dieu donne, à son dernier jugement, le signe de la paix.

A. XXXVIII. — Donc, à un premier point de vue, la magie est double : l’une est un don de Dieu aux créatures de lumière ; l’autre, venant également de Dieu est celle de ténèbres, et celle-ci, elle-même, comporte deux variétés : l’une, ayant le bien pour but, force les princes des ténèbres, sur l’ordre de Dieu, de faire du bien aux créatures ; l’autre ayant pour but le mal, est celle par laquelle Dieu, pour punir les méchants, les laisse être trompés magiquement ou les précipite à leur perte.

La seconde division de la magie est la suivante : on peut opérer, soit par des instruments visibles dans les choses visibles, soit par des instruments invisibles, soit encore en mélangeant les moyens, les instruments ou les effets.

La troisième est la suivante : une Magie opère seulement par l’invocation de Dieu ; elle est en partie prophétique et en partie philosophique comme la Théophrastique ; une autre espèce de Magie, par ignorance du vrai Dieu, opère avec l’aide des Princes des Esprits pour accomplir ses œuvres. Telle est la magie des alchimistes(39).

La quatrième distingue la magie de ceux qui opèrent en descendant du Dieu suprême par l’échelle des bons anges et exercent leur art par cette intervention substituée à celle de Dieu ; telle était la magie des Baalims(40) ; et la magie dont les adeptes évoquent les Satrapes des mauvais esprits, comme le faisaient ceux des gentils qui utilisaient les dieux inférieurs.

La cinquième division est la suivante : les uns agissent directement, face à face avec les Esprits — pouvoir bien rare — les autres opèrent par les songes et autres signes (augures et victimes chez les anciens).

La sixième est que les uns agissent par les créatures immortelles, les autres par les créatures mortelles, Nymphes, Satyres et autres habitants des éléments, comme les Pygmées.

La septième est qu’il existe certains hommes que les esprits servent momentanément, même sans rituels spéciaux, et d’autres auxquels ils obéissent difficilement, même quand ils sont évoqués selon l’art magique.

De toutes ces espèces de Magie, la plus noble est celle qui ne dépend que de Dieu ; la seconde celle où les Esprits servent d’eux-mêmes fidèlement ; la troisième, spéciale aux Chrétiens, est celle qui se fonde sur la puissance du Christ, au Ciel et à la Terre.

A. XXXIX.Les préparatifs nécessaires à l’étude de la magie sont au nombre de six :

Que le néophyte nuit et jour cherche comment s’élever à la véritable connaissance de Dieu soit par le verbe révélé et de là jusqu’à la création, soit par l’échelle de la création et des créatures, soit par les effets admirables que produisent les créatures visibles et invisibles de Dieu ;

Qu’il cherche par quelle voie l’homme peut descendre en lui-même, qu’il travaille à se connaître le mieux possible, à savoir ce qu’il a en lui de mortel, ce qu’il a d’immortel, ce qui dans chacune des parties de son être lui est spécial ou commun ;

Qu’il apprenne par son être immortel à cultiver, aimer, à respecter l’Eternel, puis par son être mortel, qu’il fasse ce qu’il sait être agréable à Dieu et utile à son prochain.

Ce sont là les trois grands et premiers préceptes, ceux par lesquels on devra se préparer à la conquête de la vraie Magie qui est la divine Sagesse ; c’est le seul moyen d’être trouvé digne de commander un jour aux créatures angéliques, non seulement occultement, mais manifestement et face à face.

Lorsqu’il sort du ventre de sa mère, chaque homme est destiné à un certain genre d’existence ; qu’il applique son attention à discerner s’il est né pour la Magie et pour quelle espèce de magie. Le choix lui sera facile s’il se dirige d’après nos enseignements, comme le succès s’il tente nos expériences. Car ce n’est qu’aux petits et aux humbles que sont accordés de si grands biens.

Qu’il surveille si, autour de lui, manifestement, se trouvent des esprits dont il sent la présence au moment où il va prendre de graves décisions. S’il se sent, c’est le témoignage que Dieu, par son ordination, l’a sacré mage, c’est-à-dire maître des Esprits pour l’accomplissement de choses merveilleuses. Ici, on pèche le plus souvent par négligence, par ignorance, par indifférence, même par excès de superstition ; mais on pèche aussi par ingratitude envers Dieu, ce qui a été finalement cause de la perte de beaucoup d’hommes et des plus célèbres. On pèche encore par témérité et par obstination ; enfin on pèche aussi quand on ne rend pas à Dieu tout l’honneur qui lui est dû pour les dons qu’on en reçoit, quand on préfère πάρεργα έργοις πάρεργα ἔργoις.

Aie la foi et la discrétion, si tu veux être mage, surtout ne divulgue rien des secrets qui te seront révélés par l’Esprit, comme il a été recommandé à Daniel. Il y a des choses à sceller qui ne doivent pas être divulguées. C’est ainsi que Paul n’était pas libre de publier ce qu’il avait vu par la révélation. Personne ne saurait croire combien il y a de choses en ce seul précepte.

La plus grande équité est nécessaire au mage futur ; qu’il n’entreprenne rien d’impie, de condamnable ou d’injuste ; qu’il n’admette même pas de pareilles pensées dans son âme ; c’est ainsi qu’il sera protégé divinement de tout mal(41).

A. XL. — Lorsque le mage sentira autour de lui agir quelque chose d’incorporel, soit par les sens extérieurs, soit par les sens intérieurs, qu’il se dirige selon les sept principes suivants pour obtenir l’œuvre magique :

1re Loi : Sache que Dieu est celui qui a envoyé vers toi cet esprit, et sache que Dieu regarde toutes tes actions et toutes tes pensées. Dirige donc ta vie suivant la loi établie, suivant le verbe de Dieu.

Dis toujours avec David : « Ne me retire pas ton Esprit-Saint : soutiens-moi dans la voie par ton souffle directeur, et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous de tout mal. Ne donne pas sur moi, je t’en prie, Père céleste, de puissance à l’esprit de mensonge que tu as déchaîné sur Achab pour qu’il mourût ; mais garde-moi dans ta vérité. » Amen.

Habitue-toi à éprouver les esprits comme le recommande l’Ecriture, car les épines ne produisent pas de raisins. Eprouvons tout, saisissons ce qui est bon et louable, fuyons ce qui répugne à la volonté divine.

Eloigne-toi très fortement de toute superstition, et la superstition, c’est d’attribuer la divinité à des choses en qui rien n’est divin, ou bien de vouloir rendre à Dieu de notre propre chef un culte que Dieu n’a pas commandé. Telles sont les cérémonies de magie satanique par quoi le démon veut impudemment être honoré comme un Dieu.

Fuis le culte des idoles : n’attribue pas de ton propre jugement une puissance divine aux idoles et aux autres choses où ni le Créateur ni la nature n’ont placé quoi que ce soit de tel, idoles que multiplient les cacomages(42).

Il faut fuir aussi les insidieux prestiges du diable qui, imitant la puissance du Créateur et de la Création, produit à son verbe des illusions capables de faire paraître les choses ce qu’elles ne sont pas, fausse création qui parodie le secret incommunicable du Dieu tout-puissant.

Reste attaché aux dons de Dieu et de l’Esprit-Saint pour les étudier avec zèle et les pénétrer de tout ton cœur.

A. XLI. — Arrivons aux neuf derniers aphorismes de ce volume par lesquels nous terminerons toute la magie isagogique si la miséricorde de Dieu le permet.

Il faut d’abord préciser ce que nous entendons par mage dans cette œuvre. Le mage, pour nous, est celui à qui, par la grâce divine, les essences spirituelles manifestées obéissent pour lui faire connaître tout l’univers et les choses qui y sont contenues, visibles et invisibles. Cette définition s’étend fort loin et est universelle.

Le cacomage est celui à qui obéissent par la permission divine les Esprits du Mal pour sa ruine temporelle et éternelle, pour troubler l’âme des hommes et les éloigner de Dieu. Tel fut Simon le Mage dont il est fait mention dans les Actes des Apôtres(43) et dans Clément et que saint Pierre fit précipiter sur la terre alors qu’il s’était fait élever dans les airs comme un Dieu par les esprits impurs(44).

Dans cette catégorie doivent aussi se ranger ceux qui sont marqués sur les lois des Douze Tables, célèbres par leurs méfaits et leurs maléfices.

De ces deux magies nous indiquerons les divisions et les espèces dans les tomes suivants. Il nous suffit d’avoir distingué ici la science du Bien de celle du Mal, science dont l’homme, pour sa perte, voulut avoir la possession comme l’indiquent Moïse et Hermès(45).

A. XLII. — Il faut savoir en deuxième lieu que le Mage est un être prédestiné à ce genre d’œuvres dès le ventre de sa mère et que personne ne progressera si peu que ce soit dans cette grande science, s’il ne fut divinement élu par la grâce pour le Bien ou pour le Mal, car il faut que soit accompli ce mot de l’Ecriture : « Il est inévitable que des scandales se produisent, mais malheur à l’homme qui s’en rendra coupable ! »(46). Aussi, comme nous l’avons dit plusieurs fois déjà, il faut vivre dans ce monde avec crainte et modération.

Je ne nie pas cependant que les deux variétés de magie ne soient possibles à atteindre pour qui travaille et avec zèle si les circonstances lui sont favorables. Mais qu’il n’aspire jamais à la pleine possession de la science. S’il la désirait, il en serait puni violemment en son corps et en son esprit. Tels ceux qui, par les opérations des sorciers, se font transporter soit sur le mont Oreb, soit dans des solitudes : ils sont mutilés de quelque membre, ou complètement mis en pièces, ou enfin deviennent fous, et cela leur arrive avec bien d’autres maux encore, dès que, quittant Dieu, ils se livrent à Satan.

Septième septenaire

A. XLIII. — Dieu est vivant et ses œuvres vivent dans l’état où elles ont choisi de vivre, car il a voulu que par leur liberté elles puissent se soumettre spontanément ou s’opposer à ses lois ; aux obéissants, il offrit ses récompenses, ses peines justes aux désobéissants. Par leur libre volonté, des Esprits orgueilleux et méprisant le fils de Dieu s’éloignèrent du créateur : ils sont réservés pour le jour de la colère. Il leur a été laissé un très grand pouvoir dans la création, pouvoir limité cependant, et toujours retenu dans cette limite par le frein de Dieu. Le Mage de Dieu, c’est-à-dire l’être illuminé de la sagesse divine, formé par Dieu, est conduit par sa main vers tout bien éternel et vers les plus modestes comme les plus grands des biens terrestres.

Grande est la puissance de Satan à cause des grands péchés des hommes ; aussi les mages de Satan ont-ils accompli des œuvres puissantes et plus qu’on ne pourrait le croire. Quoique maintenus dans leur sphère, ils dominent cependant la science humaine, en tout ce qui concerne les choses corporelles et transitoires. Beaucoup d’histoires très anciennes et l’exemple quotidien des événements le prouvent. Par le but qu’elle poursuit, chaque magie est spéciale : l’une mène aux biens éternels et ne se sert des biens temporels qu’avec actions de grâces ; l’autre, peu soucieuse de l’éternité, se livre tout entière au corporel pour jouir plus librement de tous les désirs et de toutes les délices, méprisant Dieu et sa colère.

A. XLIV. — Le passage de la vie ordinaire des hommes à la vie magique ne diffère pas du passage du sommeil à la veille(47). En effet, ce qui dans la vie ordinaire arrive à l’homme d’une façon inconsciente et ignorée arrive au mage consciemment et de sa pleine volonté.

Le mage comprend quand son esprit pense de lui-même ; sait s’il délibère, raisonne, décide, décrète l’acte à faire de lui-même ; et, quand au contraire ses pensées viennent d’une essence séparée qui l’assiste, il diagnostique de quel ordre émane cette intelligence séparée.

Mais l’homme non versé dans la magie est jeté de ci et de là par ses passions comme une bête sauvage, que ces passions émanent de lui ou des essences qui l’environnent. Il ne sait pas détourner les projets de ses ennemis par le verbe de Dieu ni se protéger contre les embûches du tentateur.

A. XLV. — Le plus grand précepte de la magie est de savoir ce que l’on doit accepter pour son usage d’un esprit assistant, ce qu’on en doit repousser. Le psalmiste nous l’apprend : « Comment le jeune homme corrigera-t-il sa voie ? En gardant ta parole, ô Seigneur !(48) ». Garder le verbe du Seigneur pour que le Malin ne l’enlève pas de notre cœur, c’est le plus grand précepte de la Sagesse ; le reste des suggestions qui ne sont pas contraires à la gloire de Dieu et à la charité envers le prochain, on doit les admettre et les recevoir sans chercher à savoir de quel esprit émanent ces avertissements. Prenons garde cependant de ne pas trop nous préoccuper de choses peu nécessaires, suivant la parole du Christ : « Marthe, Marthe, vous vous occupez de bien des choses : Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera point enlevée(49) ». C’est ainsi qu’il faut comprendre le mot du Christ : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît(50) ». Le reste c’est tout ce que réclame la portion mortelle du microcosme, la nourriture, le vêtement et les arts nécessaires à la vie.

A. XLVI. — Rien n’est plus estimable chez l’homme que la fermeté dans ses paroles et ses actions, et, comme le semblable attire le semblable, personne n’est plus heureux que ceux qui vivent ainsi. Car les anges saints les entourent et les protègent de leur garde et ils détestent au contraire les hommes de rien plus légers que les feuilles mortes. De là, nous tirons ce 46ème aphorisme : chacun appellera à lui les esprits conformes au genre de vie qu’il mènera. Mais avertissons bien celui qui voudrait se hausser au-dessus de sa vocation, qu’il ne se laisse pas hanter par quelque esprit malin, venu de l’extrémité des terres, qui le tromperait et finalement le précipiterait à sa ruine. Ce précepte est très important ; car Midas, voulant tout changer en or, appela à lui un tel esprit, maître de ces transmutations, que, trompé par lui, il fût mort de faim si la miséricorde divine n’avait pas eu pitié de sa folie. Il est arrivé, de notre temps, la même aventure à une pauvre femme de Francfort-sur-Oder qui volait et dévorait toute espèce d’argent. Oh ! si les hommes suivaient ces préceptes et ne prenaient pas l’histoire de Midas pour une fable(51), ils seraient plus zélés dans la modération de leurs passions et de leurs pensées et ne seraient pas continuellement agités par les vents des monts dorés d’Utopie. Ensuite il faut observer avec soin que de telles obsessions cèdent facilement au verbe magique quand elles sont récentes et qu’elles n’ont pas eu le temps de s’enraciner encore dans un esprit oisif et vide du verbe divin.

A. XLVII. — Celui qui sera fidèlement attaché à sa vocation aura ainsi de constants compagnons de ses études, qui lui procureront tous les succès désirables. S’il a en outre quelque connaissance de la magie, ils ne refuseront pas de se montrer à lui, et, dans les différentes fonctions auxquelles ils sont attribués, de le servir : bons et agissant pour son salut dans le bien, mauvais et agissant pour sa perte et sa ruine dans le mal. Les exemples en sont nombreux dans l’histoire du monde entier et tous les jours en amènent de nouveaux : dans le bien, Théodose avant sa victoire sur Arbogaste(52) ; dans le mal, Brutus, poursuivi avant sa mort par le génie de César qui conduisit à s’égorger lui-même celui qui avait tué le Père de la Patrie et son propre père.

A. XLVIII. — Toute magie est la révélation d’une classe d’esprit dont cette magie est la science propre. C’est ainsi que les neuf Muses initièrent Hésiode à la magie novénaire, comme il en témoigne lui-même dans la Théogonie(53) ; que le génie d’Ulysse initia Homère, comme le prouve sa Psigiogagie(54). Hermès fut instruit par l’esprit de l’âme des hauteurs ; Moïse, par Dieu lui-même, dans le buisson ardent ; les trois mages qui venaient chercher le Christ à Jérusalem, par l’ange du Seigneur qui les conduisait ; Daniel, par les anges du Seigneur.

Que personne, donc, ne s’avise de s’attribuer à soi-même la gloire de la possession de la magie ; car ce n’est ni la volonté ni l’effort humain qui la font acquérir, mais seule la miséricorde de Dieu ou quelque autre destinée spirituelle(55). De là l’origine de toute magie, de là son développement, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Voilà pourquoi Tagès, premier maître de la magie chez les Romains, surgit de la terre et déclara que par ordre céleste son culte était voué à Diane d’Ephèse. De même Apollon ; et toute la religion des gentils a été reçue de ces mêmes esprits et n’est pas, comme le pensent les Sadducéens, œuvre humaine.

A. XLIX. — Que la conclusion de cet Isagoge soit la même que ce que nous avons dit plus haut, à savoir : il n’y a qu’un Dieu, source de tout bien, et qu’un péché, la désobéissance envers la volonté de Dieu. De là la crainte du Seigneur, comme initiation à la Sagesse(56), de là l’utilité de toute magie. Car l’obéissance à la volonté de Dieu succède à la crainte du Seigneur, à celle-là la présence du Seigneur et de son Esprit-Saint, la domination sur les anges et sur tous les biens des inépuisables trésors divins.

Mais la magie inutile et condamnable procède du moment où, perdant en notre cœur la crainte de Dieu, le péché nous envahit ; aussitôt le prince de ce monde, le Dieu de ce siècle, y établit son royaume et ses rites en vue des avantages qu’il doit en retirer ; de même que l’araignée enveloppe de ses filets la mouche qui se jette sur sa toile, de même Satan entoure sa capture du filet des désirs jusqu’à ce qu’il l’ait épuisée et desséchée(57) pour en faire la matière du feu éternel ; d’autres, il les protège et les porte aux plus hauts sommets pour qu’ils tombent d’une chute plus grave. Regarde autour de toi, bienveillant lecteur, rappelle-toi les histoires sacrées et profanes, contemple ce qui se passe journellement et tu verras que le monde est plein de mages, dans leur double royaume, du Bien et du Mal.

Pour mieux le démontrer, et comme conclusion de notre Isagoge, je te donne ci-contre la division et la subdivision où chacun pourra voir la route qu’il a à suivre, celle qu’il a à fuir et de quelle façon chacun doit travailler et prendre de la peine pour atteindre le terme de cette vie et le seuil d’une autre.


Notes de Marc Haven

1. Proverbes. XI. 13. Bible-Cahen

2. Arbatel est le révélateur de la vérité, le producteur des mystères : il a matérialisé et publié la Loi Quaternaire de Dieu, mais sa révélation très occulte dans son expression reste pour les ignorants insidieuse et fallacieuse comme les démons et les serpents. Son nom symbolise également l’ange qui s’occupe de la matière, le prince des quatre points cardinaux.

3. Ces neuf tomes se divisent en trois ternaires dans chacun desquels se retrouvent les trois qualités.

4. Cette division de l’ascèse magique, la seule admise depuis longtemps, se trouvait à la base des initiations égyptienne et pythagoricienne aujourd’hui complètement délaissée et pervertie, car l’homme moderne a remplacé dans ses demeures le chaume (אככ) par l’or (זהב), dans sa vie l’activité productrice par la jouissance passive, et dès lors les voies de la magie apollonienne étaient fermées.

5. Mathieu, VII. 6. (Bible Osterwald).

6. Jean. XIV, 13.

7. Toute ignorance est anti-naturelle; la lumière est notre essence primitive. L’ignorance est une épreuve que nous devons vaincre par la prière.

8. C’est le drapeau (Deuter. VI. 4) que tout enfant d’Israël fixe sur le montant de ses portes lorsqu’il prend possession d’un bien quelconque sur cette terre.

9. Psaumes. XL. 15.

10. Psaume. CXV. 1.

11. Cf : Zohar, Section, V, p. 148 et 149.

12. Par tout ce qu’il y a de vivant, d’intelligent et de conscient dans la nature : et par là l’auteur entend même ce que nous appelons dans notre présomption nature inanimée.

13. Jean XIV, 13.

14. Actes des Apôtres, ch. x, § 20.

15. Rom. XIV, 14.

16. Arbatel répète ici ses premiers enseignements,: « Deo duce », premier degré de l’initiation ; « Ferro comite » deuxième degré. Le mage qui sait les lois de la nature a acquis sur les êtres une puissance telle que tout acte de sa pensée s’effectue nécessairement ; mais d’autre partie grand danger de cette puissance se fait voir ici et c’est la clef de cette si vraie phrase d’Eliphas Lévy ; « Toute faute, toute négligence peut être mortelle ».

17. Isaïe LVII, 21.

18. Cf. Boehme, l’Aurore naissante, chap. 1er et VIII, et la théorie de l’Astre noir dans Light of Egypt, Anonyme, Londres, 1891.

19. L’ancien chaldéen a conservé les racines de ces noms. Gaffarel retrouvait dans les étoiles les caractères principaux de cette langue céleste. Fr. M. van Helmont les revoyait se former dans les organes mêmes du langage articulé chez l’homme. Cf. Kircher, Œdipus Egypt., t. II. Cela nous indique que nous sommes en plein corps de l’ouvrage, c’est-à-dire qu’il faut marcher avec précaution et ne pas se laisser arrêter par les voiles extérieurs d’une traduction littérale.

20. Cf. De Septem Secundeis de Trithème et le Seder Olam Rabba.

21. Ou encore en excréments, vieux os, matières fétides, jamais en pierre. Cf. Th. Paracels, De occulta philosophia chap. VIII ; De Thesauris et occultis sub terra divitiis, p. 74, éd. G. Dorn., Lyon, 1578.

22. Ces caractères se distinguent de ceux d’Agrippa (Ph. occ., I. II, ch. XXIII) et de ceux des clavicules en ce qu’ils ne présentent ni sens cabalistique, ni sens astrologique, mais sont purement magiques.

23. Les annales du spiritisme sont pleines du récit des méfaits de ces « esprits farceurs », et des accidents causés par ces turbulentes et toujours dangereuses puissances. Cf. Le spiritisme, Dr. P. Gibier, pp. 327 et suiv. ; De Mirville, Des Esprits, pp. 381 et 413.

24. Jean, III, 27.

25. Un esprit évoqué par son nom de révélation est obligé d’accourir en quelque contrée qu’il soit du monde. (Cf. Clavicules, Pierre d’Aban et Arbatel : aph. précédents). Mais ces noms transitoires eux-mêmes sont personnels. Tout débutant doit donc commencer par l’étude et l’emploi de la seule vertu des Esprits. La prière lui apprendra bientôt la puissance de Dieu et les noms en אל (El). Dès lors, il est sur la voie ; mais il ne peut prendre véritablement le nom de mage, il ne gouverne les esprits, les monstres et les anges que lorsque pleinement réalisé, à l’âge de 40 ans, il connaît les noms en יה (Iah), les noms irrésistibles des Esprits.

26. Au sens banal du mot, car nul péché n’est, en fait, mortel ; le latin dit littéralement : extraordinaire.

27. Corollaire exact et effrayant de l’aphorisme XI. Quelle prudence, quelle timidité même il doit donner dans la pratique, et comme il fait concevoir le soin méticuleux exigé de l’adepte en toutes ses œuvres. Cf. Eliphas Lévy, Dogme, p. 35.

28. L’homme est soumis à la loi du binaire : c’est pour cela qu’il ne faut pas fatiguer l’Esprit (Cf. plus haut Aph. XV et qu’il est écrit : « C’est pourquoi il n’y a point de cils ni de paupières sur cet œil » (Idra Rabba, v. 115), et : « La vue grande ouverte, qui ne dort jamais, observe sans fin ». (Siphra Dzénioutha, v. 14).

29. Ces secrets d’ordre divin, au nombre de sept, évoquent immédiatement et justement à l’esprit la pleine possession de la sagesse. Le sixième précède la mort de l’individu ; c’est donc le dernier que l’initié puisse apprendre en cette vie. Le septième, le plus terrible, est l’éternel secret du Phénix que connaissaient les collèges égyptiens et hindous. L’Hénoch dont il s’agit ici est celui dont il est dit par Moïse dans le Sepher Bereschit, chap. V :
V. 23 : « Et le nombre de ses périodes lumineuses fut de cinq mutations temporelles, six décuples et trois centaines de mutations ».
V. 24 : « Comme il continue toujours à suivre les traces d’Ælohim, lui les Dieux, il cessa d’exister sans cesser d’être, car l’Etre des êtres le retira à lui ».

30. Cf. Abbé de Villars, Le Comte de Gabalis, IVe entretien, 1742, Paris.

31. Les ouvrages de Lenain (La science cabalistique) de Picatrix (Table des 72 génies), des astrologues donneront à ce sujet des renseignements précieux : ces génies, dès la naissance mis à la disposition du mage, sont plus faciles à évoquer, mais moins puissants que ceux attribués postérieurement et par grâce à celui qui le demande et le mérite.

32. À l’inverse de certain adepte de la Science chaldéo-grecque, mais d’accord avec la tradition hermétique et magique, nous conseillons donc avec Arbatel le printemps et l’été, la lune montante, le matin et le milieu du jour pour les travaux du grand-œuvre, réservant le reste de la vie aux occupations banales. Dans cette première période, il faut encore distinguer l’influence des deux princes sur les grands secrets et les moyens secrets comme l’indique notre auteur. La Fr∴ M∴ a conservé la lettre de ces enseignements.

33. L’homme a donné son nom à toute chose : lorsque nous voulons évoquer un génie qui nous mette en rapport avec son Dieu et le nôtre, il faut donc d’abord retrouver méthodiquement et dans sa plus grande pureté possible le nom primitivement attribué par nous à ce génie. Cet oubli passager dû à la rupture de l’équilibre et à la distension binaire du microcosme et du macrocosme est un des points importants de la science ésotérique. Ce nom retrouvé, nous pouvons commander au génie de porter à Dieu notre prière et l’exécution plus ou moins parfaite de notre ordre dépendra uniquement de la perfection plus ou moins grande de notre recherche préliminaire.

34. Cleinodiorum : Clenodium (pour Clinodium) signifie en basse latinité, objet précieux. Cf. : Du Cange. Cleinodorium doit-il se rapprocher de Kleinod, allemand ? Nous le supposons.

35. L’esprit directeur, l’égrégore de ce royaume.

36. Nous ne nous permettrons pas de commentaire. Un seul livre est digne d’en tenir lieu, c’est l’Etat social de l’homme. Nous avons conservé, avec tous les voiles dont l’auteur l’a enveloppé, l’exposé de ces hautes théories. Le fait spécial dont il est ici question et la séparation du royaume de Naples d’avec l’Italie en ce siècle. Les lecteurs qui auront su apprécier la science hermétique de l’œuvre d’Arbatel trouveront ici une des plus instructives applications de sa méthode.

37. Cf. Eliphas Lévy, Dogme de la Haute-Magie, Introd., p.16 et St-Yves d’Alveydre, Mission des Juifs, passim.

38. Car le premier acte de l’esprit devenu soumis est, avec la révélation de son nom et de son caractère, le don immédiat du Septenaire des talismans. Cf. Eliphas Lévi, Dogme de la Haute-Magie, et Cagliostro, L’œuvre de la régénération.

39. Des mercuriaux, dit exactement le texte.

40. Statues magiques de Baal chez les Phéniciens. Cf. : Juges VII, 33.

41. On voit par cet Aphorisme combien l’étude de la Vraie Magie est loin d’être à la portée de tous, et quelle est l’erreur de ceux qui se figurent que la puissance magique consiste dans la connaissance de quelques formules et l’application de certains rites. Ces pratiques peuvent faire d’un homme un Sorcier ; elles n’en feront jamais un Mage. – L’aphorisme suivant demande lui aussi la plus sérieuse attention.

42. C’est en astrologie cabalistique, comme en pure philosophie de la Tradition, cette tendance sensuelle qui a fait dévier du chemin un grand nombre d’esprits surtout orientaux.

43. Act. VIII, 8 sqq.

44. Le mage éclairé dirige les sphères inférieures après illumination des supérieures pour un SOI providentiel au nom d’אלהים. Le cacomage, non illuminé, mage noir, qui n’a pas sur les sphères inférieures ce même pouvoir qu’il ambitionne, se livre aux puissances astrales pour obtenir sur elles une illusoire et dangereuse royauté dont s’enorgueillit son MOI fatal.

45. Genèse III et Hermès Trismégiste Pimander. I.

46. Marc IX, 41. Luc XVII, I.

47. Complètement éveillés, tels sont les disciples de Gôtama.

48. Psalm. CXVIII, 9.

49. Luc, X, 41. 42.

50. Matt. VI. 33.

51. On ne trouve pas de fable dans la Tradition ; la fable, comme le roman et le journal, sont des productions d’esprits désoeuvrés et insignifiants en des jours de décadence. Ces symboles antiques sont donc vrais de toute la vérité d’une loi et nous retrouvons, aussi bien au moyen âge que de nos jours, ces cas de possession que tous les grands observateurs ont signalés.

52. Sur les bords du Frigidus (394).

53. Hesiodi Ascrœi, Theogonia, v. 25, 30 — Erga kai hemerai, v. 5, 10.

54. Sans doute par erreur d’impression pour Psychagogie.

55. Nous avons déjà vu cette expression (A. XXII). Il indique que l’œuvre humaine dans l’avancement magique, si importante qu’elle soit de fait, n’est rien à côté des grâces successives obtenues. La magie hindoue nous dit à ce sujet : Ainsi dois-tu faciliter l’éclosion de ton âme à l’éternel ; mais c’est l’éternel qui doit développer sa force et sa beauté, non pas le désir de la croissance ; car dans ce cas tu t’épanouis dans la luxuriance de la pureté ; dans l’autre, tu t’endurcis par la puissante passion de la stature personnelle. » Lum. sur le sent., § 8 et 20 : Quelque grand que soit l’abîme entre l’homme de bien et le pécheur, il est encore plus grand entre l’homme de bien et l’homme qui a atteint la connaissance ; il est incommensurable entre l’homme de bien et celui qui est sur le seuil de la divinité.

56. Ps. CX. 10.

57. Cette sève et ce sang que le vampire lui prend pour en faire sa propre nourriture, c’est la lumière divine spécialisée dans l’homme seul, et qui donne à cette forme la substance et la vie apparente. Et si l’homme avec amour ne lui fournissait son sang et ne l’engendrait comme son propre fils de sa portion la plus noble, son fantôme, parmi ceux de la nuit, s’effacerait bientôt.
Et c’est pour cela que les cabalistes appellent Lilith la femme de Satan et la reine des Stryges.





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Maj : 27/09/2024