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Bhavacakra

Données générales

Date de stabilisationLieu de la stabilisationLieu d’utilisation principalÉquivalents approximatifsÉléments d’ensemble
II (Divyavadana)IndePays dharmiques (Bouddhiques)= Roue de la fortune 👁
= Zodiaque
Cosmographie
Roue
Yama

Descriptions

Définition

Représentation figurative du samsara permettant de visualiser en une fois le système cosmologique du bouddhisme, la bahvacakra {roue de vie} est un symbole fondamental du vajrayana(1), qui trouve ses racines dans les interprétations de la Corbeille des commentaires {Abhidhamma} et de la Voie de la pureté {Visuddhimagga}.

► Le symbole figure Yama, l’effrayant défenseur du dharma, tenant et dévorant une roue - qu’on peut interpréter comme un labyrinthe et un miroir - constituée de trois cercles séparés en plusieurs sections. La présence du dieu laisse entendre que ces mondes sont tous en son pouvoir, c’est-à-dire soumis à l’impermanence et au temps, à la souffrance et à la mort.

Histoire

↪ Les Exploits divins {Divyavadana} rapportent que le Bouddha qui en serait le créateur, en aurait fait don au roi Rudrayana qui à l’aide de ce schéma put atteindre réalisation. Shakyamuni l’accompagna de cette sentence : Entreprenant ceci et laissant cela / Focalisé dans l’enseignement du Bouddha / Comme un éléphant dans une maison [au toit de] de chaume / Détruisant les forces du Seigneur de la Mort // Ceux qui avec une soigneuse conscience / Pratiquent cette doctrinale ascèse / Délaisseront la roue de la naissance / Menant la souffrance à son épuisement. Néanmoins la plus ancienne figuration connue est une fresque datant du V et qui se trouve dans les Grottes d’Ajanta, elle est dans un grand état de dégradation(2).

► Souvent peinte à l’extérieur des temples, la figure à pour fonction d’haranguer le fidèle en lui rappelant le caractère éphémère de l’existence ainsi qu’a éduquer les passants illettrés. Le même symbolisme est par ailleurs utilisé dans le cadre de l’astrologie tibétaine afin de présenter une roue zodiacale, de mettre en valeur les analogies et de rappeler le cadre dans lequel cette discipline s’exerce.

Description

I. Moyeu

◆ Le moyeu figure les trois poisons coproduits, souillures racines, cause de la souffrance et origine du mouvement de la roue. Ils sont figurés par trois animaux : le coq rouge, le porc noir et le serpent vert, symboles de rāga {Désir, passion, attachement}, d’avidyā {Ignorance} et de dvesha {Aversion, haine}. Ils sont représentés en train de s’entre-dévorer, usuellement en se mordant par la queue, bien que certaines anciennes figurations montrent le coq et le serpent émergeant du porc, laissant entendre que l’ignorance est la source suprême des maux.

↪ Ce moyeu est parfois entouré d’un autre cercle moitié noir et blanc figurant du coté blanc, des Humains passant progressivement de l’habit civil à l’habit religieux, soit du coté noir, des Humains nus, chutant de manière désordonnée.

↳ Ils sont parfois entraînés dans leur chute par des narakis qui sont disposés aux extrémités de leur demi-cercle, entendant par là que les plus méritants des religieux n’ayant atteint la réalisation deviennent des narakis et que ceux qui parmi eux ont épuisé leur karma de serviteur de Yama redeviennent des civils.

↳ Cette partie représente les êtres ayant commis de bonnes et de mauvaises actions et devant progresser vers le haut ou le bas de la roue. Ayant totalement ou partiellement déraciné les trois poisons illusoires, la communauté religieuse et les différents niveaux de bouddhas s’élèvent depuis le centre de la figure, pouvant rayonner en elle sans y être soumis.

II. Cercle intermédiaire

◆ Le cercle central se compose de quatre, cinq ou six espaces représentant un résumé des mondes du samsara.

↳ À l’origine ces espaces représentaient des conditions d’existence concrètes, qui caractérisés par des degrés de conscience déterminés étaient la conséquence d’une accumulation de karma.

↳ C’est notamment dans le Bardo Thodol où l’on trouve des instructions afin d’améliorer ses conditions d’existence prochaines, comme les pratiques du phowa qui permet dans sa maîtrise de se soustraire totalement au phénomène de transmigration.

↳ Néanmoins des interprétations plus tardives voient plus volontiers des analogies concrètes à ces espaces et les déterminent comme symbolisant des archétypes à plus ou moins grande échelle ayant traits à la sociologie et aux différentes classes sociales ainsi qu’à la psychologie individuelle.

↳ Dans le modèle à six sections, où les trois premières sont plus ou moins bonnes et les trois dernières plus ou moins mauvaises, le monde des devas est arūpa {sans forme}, celui des asuras, rupa {de forme}, les autres kama (de désir), on trouve ainsi les mondes correspondants aux entités suivantes :

Devas {Célestes} qui vivent dans l’abondance, les plaisirs et l’insouciance : ils sont arrogants et jouisseurs, détachés de la matière, ils n’entendent pas le dharma et en conséquence ne le pratiquent pas. Ils épuisent leur bon karma qu’ils ont acquis par la purification et le ravissement esthétique au point de finir par chuter dans les mondes plus ou moins mauvais.

Asuras {Anti-Dieux} (Titans) qui possèdent également l’abondance mais jaloux et violents, dirigeant leur puissance contre de mauvaises cibles et pour de mauvaises raisons, ils l’épuisent dans des guerres intestines et des conflits avec les dévas pour l’obtention des fruits du kalpavriksha {Arbre à souhait}, conflits qu’ils perdent systématiquement. Ils épuisent également leur bon karma qu’ils avaient acquis par l’effort constant d’une passion focalisée et finissent par s’entre-tuer ou périr sous les coups des dévas.

Manuṣya {Humains} qui ont un rapport équilibré au plaisir et à la souffrance, à la liberté et la vérité, au libre-arbitre et au destin : ils peuvent donc pratiquer au mieux le dharma. Leur vie est également la plus courte de tous les états d’existence, cette durée de vie va en augmentant à mesure que l’on s’éloigne de leur royaume. Comme ils sont entre ciel et terre et bien que seuls les animaux soient visibles avec les sens physiques, ils peuvent déduire depuis leur monde tous les royaumes par le biais de l’analogie : animaux végétaux et minéraux inférieurs à eux, psychisme et conscience au-dessus d’eux.

Tiryakas {Animaux} qui souffrent plus que les Humains, soumis à la violence, à la peur constante et à l’asservissement, ils ne sont qu’indolence et ignorance et se laissent guider par leurs instincts.

Pretas {Esprits affamés} (Fantômes) aux désirs exacerbés et à la grande avarice, qui souffrent d’une faim insatiable pour les objets sensuels sans pouvoir jamais en profiter.

Narakis {Habitants des enfers} qui sont prisonniers de la colère et de la haine, constricts et tourmentés tant par la chaleur et le froid, au point de ne pouvoir percevoir autre chose que la souffrance.

↪ Lorsqu’il dispose de cinq section les dieux sont regroupés et lorsqu’on dispose de quatre section, celle des dieux disparaît.

↪ Dans la section des dieux et des enfers, on trouve parfois respectivement représenté Shakra et Yama en dharmarâja {Juge karmique}, puis on y ajouta par la suite des formes d’Avalokiteshvara associé à autant de bîja de son mantra (ॐ मणि पद्मे हूँ (Oṃ maṇi padme hūṃ) {Hommage au joyau du lotus}) et correspondant aux voies de libération à suivre pour les êtres concernés.

↳ Ces voies sont symbolisées par des objets qui sont respectivement : le luth jouant la musique de l’impermanence, l’épée enflammée de la discrimination, le bol à aumônes et le bâton du religieux, le livre du dharma, la nourriture satisfaisante et l’amrita. Avalokiteshvara donne aux dieux la forme qu’ils attendent en modifiant son essence et donne au mortels l’objet résolvant leur problème.

III. Cercle extérieur

◆ Douze parties de la pratîtya-Samutpâda {Production conditionnée} en lien avec les vues du madhyamika et indiquant les nidana {causes, chaînes} individuelles de l’ignorance. Les symboles et leurs positionnement vis à vis des autres cercles peuvent légèrement varier selon l’école à laquelle appartient l’auteur de la figure.

● Femme aveugle : avidya {Ignorance}
● Potier : samskara {Forces créatrices de karma}
● Singe récoltant des fruits : vijñana {La conscience}
● Deux hommes dans un bateau : namarupa {Corps et esprit déterminants}
● Maison à six fenêtres : sadayatana {Les six sens de la connaissance}
● Couple d’amants : sparsa {Le contact}

● Flèche transperçant un œil : vedana {La sensation}
● Le buveur : trsna {La convoitise, l’avidité}
● Un homme récoltant des fruits : upadana {L’attachement, l’appropriation}
● Rapport sexuel : bhava {Le devenir}
● La parturiente : jati {La naissance}
● Le croque-mort : jaramarana {Décrépitude et mort}

IV. Décor

◆ On trouve de plus et parfois, des fioritures autour de la figure de manière à expliquer son contexte ou de donner des clefs d’interprétation. Les plus communes sont un Bouddha glorieux pointant une roue dharmique représentant le Noble chemin octuple, une terre pure ou une lune, allusion à la solution permettant de sortir de la roue.

Pour des développements plus importants, on consultera The wheel of birth and death, Bhikkhu Khantipalo, 1995. Lien vers l’œuvre (via Access to Insight)



1. En particulier du Tantra de kalachakra.

2. 𝕍 la page dédiée chez Himalayanart.