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Origène
Adamantios

Données générales

PériodeLieu
GénéralIIIPalestine
Naissance185Alexandrie, Égypte
Décès253 ( 68 ans)Tyr, Liban
Cause
Inhumation
Blessures physiquesCathédrale de Tyr (Liban)

DomaineCourantOrdre
Théologie
Exégèse biblique
Catholicisme
Origénisme 🎓

RelationsNom
Influence
Maître? Ammonios Saccas
ParClément d’Alexandrie
Philon d’Alexandrie
ÉlèveEusèbe de Césarée
Grégoire le Thaumaturge
SurÉsotérisme chrétien
Mysticisme chrétien
Pères cappadociens
Pères du désert
Ambroise de Milan
Basile de Césarée
Érasme
Evagre le Pontique
Grégoire de Nazianze
Jean Cassien
Critiqué parMéthode d’Olympe

Repères biographiques

I. Histoire

► Né d’une famille chrétienne, il voit son père se faire décapiter à 17 ans (208) sous Septime Sévère qui voulait stopper la propagation du christianisme. Son père aura aura eu le temps de lui donner une éducation tant religieuse que littéraire. Les biens de sa famille confisqués, il est obligé de subvenir aux besoins de cette dernière. Il succède donc à son père et donne ainsi des cours de grammaire, et prend la direction de l’École catéchétique d’Alexandrie en 203. Mis en contact avec des philosophes hellènes, il s’intéresse aux médio-platoniciens Plutarque, Maxime de Tyr et Alcinoos dans le but de comprendre et de convaincre ses adversaires. À la même période, il suit ? les cours d’Ammonios Saccas. Afin de devenir indépendant il vend sa bibliothèque.

► Étudiant et enseignant la Bible avec zèle, il donne des leçons publiques à Césarée après avoir du fuir Alexandrie suite à des émeutes, il y reviendra sur la demande de son évêque. Il enseignait tant les sciences profanes que sacrées, estimant que les premières, purifiées et orientées, préparent aux secondes ainsi que la philosophie qui n’est pas encore déconsidérée. Frugale, il se contente de peu, vivant comme un ascète. Prenant Matthieu (19:12) au sens littéral, il ira même jusqu’à s’émasculer afin qu’on ne lui reproche rien vis à vis des femmes qu’il instruisait. Il regrettera plus tard cet acte, s’étant rendu compte qu’il avait interprété la Bible à la lettre.

► À 45 ans (230), il est ordonné prêtre par l’évêque de Césarée mais il est destitué de ses fonctions et excommunié par celui de Jérusalem à cause de sa mutilation bien qu’il fut pourtant soutenu par les autres évêques. On réunit même un concile pour lui mais en vain. Il quitte Jérusalem et se rend de nouveau à Césarée en 232 où une école se forme autour de lui, malgré sa pratique sévère et inflexible. Il poursuit ses prédications et homélies et entretient une correspondance avec les grands du monde chrétien. Eusèbe, son successeur au Didascalée de Césarée nous apprend dans son Historia Ecclesiastica que victime de sa célébrité, critiqué pour son zèle et son manque d’orthodoxie, il est persécuté, emprisonné et torturé sous Dèce. Il continue néanmoins d’encourager ses compagnons par missives. Il meurt à Tyr, peu après sa libération sous Galle, probablement de ses blessures. Maître de Grégoire thaumaturge ce dernier sera lui-même le Maître de la mère de Basile de Césarée.

II. Pensée

◆ L’œuvre d’Origène constitue une somme de la littérature patristique, sa pensée est située entre la mystique eschatologique des martyrs et la mystique monastique; il est fidèle au pneumatisme du I. Il est l’un des pionniers de la théologie chrétienne, intéresse la formation de l’ésotérisme chrétien en posant ses jalons et avec son De principiis(1), nous obtenons le premier traité de dogmatique. Pour Origène la théologie est toujours en recherche et le fidèle doit faire un effort constant d’herméneutique afin de passer de la foi à la gnose. Il aura beaucoup écrit, transposant les méthodes des philosophes dans la chrétienté et luttant contre les hérésies de son temps(2). Son corpus polygraphique est composé de près de 2000 ouvrages, comportant des commentaires, homélies et scolies, des ouvrages apologétique et polémique ou encore des traités de théologie et de mystique…

↳ Ses Hexaples sont une Bible polyglotte augmentée des ses propres commentaires. Il y compare différentes versions de l’Ancien Testament qu’il place en colonnes parallèles accompagnés de signes critiques. La première contient le texte hébreu, la seconde sa traduction grecque et les quatre autres différentes versions grecques(3).

◆ Pour Origène l’Univers repose sur Dieu, qui est ineffable et inintelligible. Il engendre un fils, simultanément un et multiple, compréhension et incompréhensible. Du logos émanent les logicoï, créatures spirituelles pures. Lorsque l’amour refroidit en eux, Dieu les fixe dans la matière et afin de restaurer leur statut initial, cet amour doit s’embraser d’une façon qui soit de nouveau suffisante. Il y a donc une communication ininterrompue dans les deux sens entre les différents plans d’existence. Le Christ, force rédemption universelle, propage sa lumière dans l’universalité des plans du cosmos, du plus matériel au plus spirituel : il est en lui-même un passage permettant une spiritualisation des âmes par une identification à l’image intérieure de Dieu et ce, quelque soit le niveau considéré.

◆ Origène estime que l’Homme, doit se convertir au spirituel pour correspondre de nouveau à l’image du logos, image à partir de laquelle il fut crée. La reconnaissance de cette image créer un lien de parenté entre Dieu et sa créature et est le premier pas de la mystique. Pour aboutir à cette conversion, l’Homme doit se connaître lui-même car c’est en lui qu’il peut trouver sa nature divine. Il donne ainsi une importance fondamentale au mystère et au symbole, insistant sur cette dimension intérieure de la spiritualité, qui si elle se contentait de ses formes extérieures, sombrerait dans l’idolâtrie puis dans l’animalité. Plus même, pour Origène Ce n’est pas dans un lieu qu’il faut chercher un sanctuaire, mais c’est dans les actes, la vie, les mœurs […] peu importe que tu sois dans la maison ou sur le forum […] si tu sers le verbe de Dieu, tu es dans le sanctuaire, n’en aie aucune doute.

↳ Il souligne l’importance alors de l’édification du temple christique intérieur et de la Pâques perpétuelle où libre de soucis extérieurs, le chrétien peut recevoir la parole avec un cœur ouvert, focalisé sur la contemplation de la sagesse. Néanmoins, avant de parvenir à un degré supérieur de l’âme et passer de la foi à la gnose, des paraboles aux mystères, le fidèle doit endurer une phase de purification et faire preuve de persévérance. Avec Origène la scission entre christianisme intérieur et extérieur s’accentue :

● Il distingue d’une part, le corps du Christ, le corps Humain et la communauté des chrétiens du temple de Jérusalem. Son commentaire du Cantique des Cantiques permet, un passage du niveau universel au niveau de l’âme individuelle qui par l’entremise des sens spirituels peut connaître les vérités divines.

● D’autre part, il distingue deux types d’Hommes, ceux charnels, psychiques et extérieurs, ceux spirituels, pneumatiques et intérieurs, à chacun est dévolu, ses perceptions, sa nourriture et son amour (érôs/agápê). Les premiers sont les ombres des seconds et seuls les seconds peuvent connaître le divin de façon expérimentale, mais loin de tout élitisme, chaque âme à la capacité de devenir gnostique par le travail intérieur. L’âme aboutie atteint une supra-conscience et par la chasteté de son cœur et de son esprit, est libérée des liens des passions et retrouve sa virginité adamique dans laquelle le Christ et le Père peuvent séjourner et lui révéler par enstase, les mystères de l’univers.

Grand exégète si ce n’est l’un des inventeurs de cette discipline, esprit synthétique et producteur d’une œuvre vaste, c’est le premier théologien à avoir commenté les Écritures en entier à l’aide du sens littéral, moral et spirituel préparant ainsi la voie à la lectio divina. Il développe cette herméneutique anagogique dans son De principiis et son Contra Celsium : Dans l’Écriture, tout a un sens spirituel, mais tout n’a pas un sens littéral. Comme les platoniciens interprètent Homère, les personnages de la Bible prennent ainsi chez Origène un sens allégorique, gnostique et incarnent des processus spirituels. Le sens mystique, qui dépasse le sens mythique, s’adresse au "gnostique". Reprenant Philon, il distingue trois niveaux spirituels dont le gnostique, ἅγιος, est le sommet. Ce "parfait", possède un noûs purifié et orienté, c’est-à-dire qu’il est mu par un état de prière perpétuelle et d’ascèse renouvelée, le rendant crucifié au monde et maintenant en respect les démons. Il peut ainsi atteindre l’unité intellectuelle avec Dieu et se voir relever le sens ésotérique des écritures. Ce sens caché, qui se révèle potentiellement pour qui le cherche et se révèle pour qui en est digne, devient nourriture spirituelle. Chez Origène, la spéculation herméneutique ne contredit pas la foi, pas plus que l’appréhension des mystères n’oblitère la révélation.

III. Influence

■ Son œuvre, originale, quoique influencée Clément dont il amplifie les caractéristiques, teintée d’une influence néo-platonicienne et inspirée de la théosophie juive, est déterminante sur les mystiques contemplatifs. Elle fut perçue avec méfiance par les théologiens l’Église et s’il était admiré d’une part(4), on se méfiait de ses textes d’autre part. En conséquence, c’est surtout son Traité des Principes et Contre Celse qui fut beaucoup commenté. La pensée d’Origène ou du moins l’origénisme de ses disciples(5) fut maintes fois condamnée, en particulier au Concile de Constantinople II. Les théologiens d’alors estimèrent erronée : sa vision subordonnant le Fils au Père et de l’Esprit au Fils, la croyance en l’éternité de la matière et en la préexistence des âmes(6), la négation de l’éternité des peines et la forme sphérique des corps ressuscités.

Œuvres choisies

  • Traité des principes, 231.
  • Hexaples, 240.
  • Contre Celse, 248. Lien vers l’œuvre sur Remacle

  • Commentaire sur le Cantique des cantiques, III.
  • Homélies sur les Nombres, III.

Citations

Tu trouveras le sens divin. De ce sens il y a différentes espèces : une vue pour contempler les objets supra-corporels, comme c’est manifestement le cas pour les chérubins ou les séraphins ; une ouïe capable de distinguer des voix qui ne retentissent pas dans l’air ; un goût pour savourer le pain vivant qui est descendu du ciel pour donner la vie au monde ; de même un odorat, qui perçoit les réalités qui ont porté Paul à se dire "la bonne odeur du Christ" ; un toucher que possédait Jean, lorsqu’il nous dit qu’il a palpé de ses mains le Verbe de Vie. Les bienheureux prophètes ont trouvé ce sens divin. »
Contre Celse
Nous l’adoptons (la loi de Moïse), à condition pourtant que Jésus nous l’ait lue.
Homélies sur Josué
C’est ainsi qu’est la doctrine de la Loi et des Prophètes à l’école du Christ, affirme l’orateur. Amère est la lettre, elle est comme le brou ; en un second temps je parviendrai à la coquille, qui est la doctrine morale ; en un troisième temps, je découvrirai le sens des mystères dont se nourrissent les âmes des saints dans la vie présente et dans la vie future.
Homélies sur les nombres
Je n’appelle pas cette Loi un Ancien Testament si je la comprends en esprit. La Loi ne devient un Ancien Testament que pour ceux qui veulent la comprendre charnellement. Évidemment, pour eux elle est devenue ancienne, elle a vieilli parce qu’elle ne peut conserver sa force. Pour nous au contraire, qui la comprenons et l’expliquons en esprit et au sens de l’Évangile, elle est toujours nouvelle et les deux Testaments sont pour nous un Nouveau Testament, non à cause de la date temporelle, mais à cause de la nouveauté du sens.
Homélies sur les nombres
Toute science vient de Dieu.
Homélie sur les nombres
Où règne l’éternité, point n’est besoin du mariage.
Homélie sur Luc (39e)
L’essentiel pour l’alimentation est de parvenir à un équilibre et de s’y tenir.
attr. passim
Il est préférable de mourir en route pour un idéal trop élevé que de ne pas partir du tout.
attr. passim


1. Connu par la version latine de Rufin qui n’hésita pas à éroder le texte.

2. Marcionistes et valentiniens, docétistes et trinitaires.

3. Aquila, Symmaque, Septante et Théodotion.

4. Il est cité par Bernard de Clairveaux.

5. Dans ses textes qu’il nous reste, on ne trouve pas trace de métempsychose.

6. Qui choient par châtiment dans les corps matériels.