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Josef Maria Hoëné-Wronski

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Données générales

PériodeLieu
GénéralXVIII XIXFrance
Naissance23 Août 1776 Wolsztyn, Pologne
Décès9 Août 1853 (76 ans)Neilly-sur-Seine (France)
Cause
Inhumation
Cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine

DomaineCourantOrdre
Mathématiques
Philosophie
Mysticisme
Messianisme

RelationsNom
Entourage
RencontreÉliphas Lévi
Influence
SurAdam Mickiewicz
Éliphas Lévi
Francis Warrain
Papus
Stanislas de Guaita

Repères biographiques

I. Histoire

► Son père était l’architecte du dernier roi de Pologne. Il fit ses études à Varsovie et entra dans l’école d’artillerie. Jeune officier, il participe à la guerre d’indépendance de la Pologne entre 1791 et 1794. Suite à la bataille de Maciejowice en 1794, il est emprisonné quatre ans par les prussiens. Il voyage ensuite à travers l’Europe et arrive à Marseille en 1800 où il est élève de Joseph de Lalande et membre de l’observatoire à partir de 1803, il est naturalisé français par un décret du Directoire. Anobli, il se faisait appeler "De Wronski", il a également tronqué son nom "Hoëné-Wronski" en "Wronski" alors qu’il s’installe à Paris en 1810 où il tombe dans la misère. Il perd sa fille puis sa femme.

↪ Il publie pourtant la même année une Loi suprême des mathématiques qui lui vaut les éloges de l’Académie des sciences, puis fait suivre plusieurs ouvrages où les mathématiques s’absorbent de plus en plus dans une métaphysique visionnaire au vocabulaire grandiose où il ambitionne de démontrer rationnellement les grands principes. Dès lors, Wronski se sent investi d’une mission et parcours de nouveau l’Europe, pour tenter de convaincre les puissants de la nécessité de conjuguer droit humain et droit divin. C’est un échec, personne ne l’écoute, pas plus que ses ouvrages parviennent à trouver audience. À sa mort, ses manuscrits sont déposés à la Bibliothèque Nationale par sa veuve.

II. Pensée

◆ Son œuvre, composée d’un mysticisme mathématique, est teintée de pythagorisme ainsi que de messianisme. Sa conception de l’histoire universelle est formée de trois ères, l’humanité est actuellement à la seconde et le but de Wronski était de la pousser vers la troisième, l’ère messianique ou d’union avec l’absolue. Foi et science ne feront qu’un. Son travail est d’une ampleur grandiose, mais génie ardu et tourmenté selon Michelet, il fut peu reconnu de ses contemporains le jugeant commun quand ils ne le trouvaient pas incompréhensible.

↳ Savant ambitieux, Wronski était polyglotte : il parlait le français, l’hébreu et l’arabe ainsi qu’un certain nombre de langues mortes comme le grec, le latin et l’araméen. Il avait pour projet de réformer les mathématiques, l’astronomie et la technologie ainsi que l’économie, la psychologie ou encore l’histoire. Il voulait en outre, expliquer les aspects théosophiques de l’alchimie et de la qabale de façon scientifique.

◆ Il s’est également adonné au dessin industriel en concevant entre autre des véhicules tout-terrain. Là non plus, son travail n’a jamais trouvé de mécène et resta à l’état de projet. Il a par ailleurs tenté de fabriquer une machine au mouvement perpétuel et une autre pour prédire le futur, le prognomètre, précurseur de l’archéomètre, sur lequel il aurait été écrit : Toutes les sciences sont les degrés d’un cercle qui roule sur le même axe. L’avenir est dans le passé, mais il n’est pas contenu tout entier dans le présent. Les connaissances associées sont les rayons du prognomètre.

↳ Un an avant sa mort, il rencontre Lévi, qui sera séduit par ses idées. Il dira de lui : Il était prodigieusement savant, savant au point tel d’être inintelligible pour tout le monde, et peut-être aussi, parfois, pour lui-même, mais partisan tellement fanatique de l’occultisme qu’il ne voulait laisser soupçonner à aucun prix qu’il savait la qabale et étudiait la magie. Wronski eu ainsi plus de succès auprès des occultistes et après sa mort mais il garda une réputation d’homme érudit mais prétentieux, péremptoire et difficile d’accès.

III. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme écrit que Hoéné Wronski est un des esprits les plus étranges du commencement du siècle dernier. Ce mathématicien illuminé, né à Posen, passa la plus grande partie de sa vie en France, où il mourut, à Neuilly, en 1853. Doué d’un esprit puissant, il atteignit certainement une sphère philosophique très élevée, mais ses ouvrages demeurèrent incompris de son vivant, et sont totalement inconnus aujourd’hui. La forme qu’il leur donna, où des formules algébriques abstraites, même pour les professionnels des mathématiques, viennent à chaque instant interrompre le texte, ne contribua pas peu à éloigner de lui le public. Polonais d’origine, Wronski voyait une sorte de rédemption du monde par les races slaves, prédiction qui est loin d’avoir été réalisée. Il n’en demeure pas moins un esprit très élevé ; et le Projet de réforme du savoir humain, que nous extrayons de son grand ouvrage, le Messianisme, donne une idée de la puissance et de l’envergure de ses idées qui, appliquées avec plus de méthode et de sens pratique, eussent pu faire de lui un homme d’Etat de premier ordre.

Œuvres choisies

  • Philosophie critique de Kant, 1803. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Introduction à la philosophie des mathématiques, 1811. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Philosophie de l’infini, 1814. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Introduction à un ouvrage intitulé Le Sphinx, 1818. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Prodrome du Messianisme ; Révélation des destinées de l’humanité, 1831.
  • Messianisme, la Philosophie absolue, 1839. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Propédeutique Messianique , 1855 ⚱️. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Citations

Dans la première période, pour ennoblir le bien-être corporel ou de sentiment, qui fut alors son but dominant, l’homme développa le sentiment moral, et le réalisa, d’une manière positive, dans ses relations de sexe, de famille, et de société. Ce sentiment supérieur lui révéla le problème du précepte moral ; problème qu’il ne put établir sans admettre que sa propension au mal était la suite d’une chute morale. Mais, il ne put alors concevoir la solution de ce problème d’aucune autre manière qu’en considérant le précepte moral comme un commandement du Créateur, et l’obéissance à ce commandement comme le moyen de sa réhabilitation dans l’état primitif de béatitude, qui postule l’immortalité. - Ainsi, cette première révélation divine, constituant le théisme ou la religion primitive des hommes, qui établissait Dieu législateur suprême, et qui le douait alors naturellement de triples attributions séparées, à l’instar de la tricholomie impliquée dans une législature humaine, conduisit, dans cette première période, au gouvernement théocratique et par conséquent à la division hiérarchique de la société en castes distinctes. – C’est à cette première révélation divine, appartenant, avec plus ou moins de clarté, à tous les grands peuples de l’antiquité, en tant qu’elle établit le problème du précepte moral qu’il faut, en principe, rapporter surtout la révélation de Moïse, telle qu’elle forme pour nous l’Ancien-Testament. Et c’est dans l’espèce de contradiction logique qui se trouve entre la nécessité spéculative du bien, résultant de la considération du précepte moral comme commandement du Créateur, et l’impossibilité pratique du bien, résultant de l’effectivité de la chute morale, que s’établirent d’abord les Mystères du théisme ou de cette religion primitive des hommes.
Messianisme, la Philosophie absolue
Dieu créa l’homme immortel et doué d’une conscience ou d’un savoir absolu, parce que l’esprit fini du Créateur ne peut produire que ce qui est parfait et d’une durée éternelle.
Messianisme, la Philosophie absolue
[…] Nous possédons ainsi déjà les trois principes premiers de la raison, qui, comme nous venons de le voir, sont les trois premières déterminations de l’essence même de l’absolu. De plus, si l’on remarque, d’une part, que le savoir et l’être, en les prenant dans toute leur généralité, sont opposés, l’un à l’autre, comme sont opposées l’ontogénie et l’autothésie, dont ils constituent les conditions, ou comme le sont la spontanéité et l’inertie, qui forment leurs caractères, et, si l’on remarque d’autre part, que le savoir et l’être, ces conditions opposées, se trouvent neutralisés dans toute RÉALITÉ en général, qui, d’après la déduction que nous en avons donnée, est le principe fondamental de la raison, sa base primitive, on concevra que ces trois principes que nous venons de découvrir dans les déterminations de l’essence même de l’absolu, sont proprement les trois principes primitifs du Savoir Suprême ou de la Philosophie. LE SAVOIR, + L’Autogénie, Principe du mouvement | - L’ÊTRE, l’Authothésie, Principe de la fixité | ∞ LA RÉALITÉ, Principe de l’existence.
Messianisme, la Philosophie absolue
Tout système du savoir humain scientifique ou philosophique, ne peut s’établir que par l’application immédiate de la loi de création à cet ordre de réalités, physiques ou intellectuelles. Il en résulte, dans chaque science et dans la philosophie elle-même, trois lois primitives, constituant, l’une la loi suprême, l’autre le problème universel, et la troisième le concours téléologique entre les éléments hétérogènes de cet ordre de réalités. - C’est l’établissement de ces lois qui servira de base à la législation péremptoire des sciences et de la philosophie.
Messianisme, la Philosophie absolue