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Le Magistère
Ou manuel d’Horticustodiesie : carnet de notes de hiérognose fermentative stellogénérative à l’adresse des êtres disposant de la maturité ésotérique

PARTIE II.
L’Instructive discussion Entre un scribe détenteur d’un livre secret Et l’auteur du présent ouvrage
Ou le surpuissant décapiteur de הנּפלים : baigne tes mains et tes pieds dans leur sang et reçoit le baiser de ta bien-aimée

Si tu manges ce livre qui indique clairement la confection d’un nouveau-né lumineux, tu trouveras les trois joyaux qui y sont stéganographiquement cachés. Chaque joyau est plus lové que le précédent et le dernier, véritablement catholique-orthodoxe-copte car il est un lac encerclant une montagne : brutal et gradué à la fois… libre, tu pousseras dedans, maîtriseras la métempsychose : capable de lier et délier tous les sceaux et de faire passer l’intégralité de tes corps par les portes, sans rien en perdre par ce rebouturement rebouteur, aidé en cela par les anges et les élémentaires qui par la théurgie, opèrent alchimiquement.

Devant toi, l’obscur, la perception du voile, le véritable ésotérisme ! Fini et en mouvement, révélé et caché, par la grâce et la puissance : le nouveau-né devient alors un adulte dans toute sa mesure, possédant un corps avec ses cinq sens, il organise le chaos spirituel avec son imagination sensuelle, il a tiré les leçons d’en bas, fermé la boucle ! Efficient, produisant de bons fruits, valide pareillement dans ce monde et dans l’autre ! Décide-le ! Fais-le ! ECLOT POUR DIEU !

Tout est accompli hyperphysiquement et métaphysiquement avec 0, 1 et 2 ! / Par la fusion d’un généreux maître, d’une pure parèdre, d’un gardien angélique ! / Par la connaissance simultanée du processus de génération, des techniques d’unification, de la fabrication d’un équipement magique ! / Le verbe tournoyant autour de l’inénarrable principe, forçant la porte, poétiquement ce dit, voici tel qu’indispensable en pratique : Mythologie spiralée, escalier divin, vortex fatal ! | Ton corps l’a parfaitement accomplit : le moule est prêt, il attend que le métal vivant épouse sa forme, comprenne ses détours, apprenne les leçons. Fixe, souffre, ne fuis pas, bas-toi contre les légions de démons jusqu’au profond des abysses, à main nue, avec ton âme brûlante : pour que libéré, momifié, le corps soit emporté !

Mais si tu étudie ce livre du christianisme éternel et invisible, manuel cathartique à formules et charmes, bien des pratiques fondamentales tu tireras du magistère : toutes et leur contraire selon ton niveau d’avancement et ton point de focalisation. Ainsi, ô être parmi le peuple élu des spirituels ayant éveillé la divinité en toute chose, toi qui a prié pour la vocation, voici ce carnet : échange entre deux protagonistes du magistère, qui te donnera des indications amicales pour ne pas trop dévier de ta route. Tu apprendras ainsi le nouveau langage, la nouvelle pensée, universelle, permettant aux sages de communiquer avec les dragons; est-ce autre chose ?

Car oui, cet ouvrage t’évitera de chuter dans les écueils, de transformer ces lettres en fange pour les porcs, d’en parler avec arrogance, d’en faire commerce, de détourner ses voies dans le vice.
Car si cela devait arriver, Dieu et le Gardien te briseraient inévitablement les membres et te jetteraient pour toujours dans ce recoin obscur noyé de désespoir où le pus ronge tes chaires à vif, où des yeux jaunâtres fixent tes organes où des murmures se faufilent dans tes orifices.
Sois prêt : tu touches au sacré, au tabou : si ton âme n’est pas prête ce sera pour toi un poison, recule tant que tu le peux encore ! (Pour un qui comprendra, des milliers tomberont, car il faut du cœur !)
Pour que mes mots instables deviennent érection, que louchant, vibrant, ils fassent le point, que poésie se fasse science, que le secret se révèle, j’ai besoin que tu les fasses tiens.

Tu obtiendras la grande inversion : tu inspire les ordures, le mal et la douleur, tu expires les trésors, le bien et le plaisir, parce qu’en mélangeant dans le moyeu lumière et racines, ton axe de rotation à changé, tu as interchangé les dedans dans les dehors : ton suc est tiré du mouvement de transmutation même au lieu de le vampiriser de l’extérieur et ton évacuation est la lumière que tu as obtenu car tu en es saturé : Ô solaire combustion, arbre nourricier, pierre de transmutation ! Tu es bon par volonté et par pragmatisme : ta vertu est fatale et sans limites ! Explosive !

Aussi grâce à cet ouvrage, les tactiques militaires sont explicitées. Tu sauras comment cueillir le fruit et le donner à ta monture furieuse sans qu’elle te désarçonne ou te morde, et tu pourras aisément l’emporter dans ton champ de bataille et ainsi mourir en héros : ton feu martial sera le fanal pour attirer les faveurs des nymphes célestes, ces hiérodules inspiratrices s’uniront à tes animaux custodes et tu pourras transporter dans ta bourse les vingt-six cailloux contradictoires (de taille et de matière différente) : tous rectifié d’or par le dernier αω : les dieux se prosternent béats devant toi ! Tu possèdes et la rose bleue qui tournoie et l’œil mis-clos potencé car tu es véritable initié !

separateur

I.
Il est tôt le matin, le soleil ne darde encore que très peu les rayons matinaux au travers de la fenêtre.

Deux Hommes en tenue de voyage sont attablés et éclairés à la bougie dans le salon d’une auberge. Le premier ressemble à un moine et possède un livre aux pages blanches sur lequel il prend des notes. Le second, vêtu comme un noble, a un verre de terre cuite sculpté dans lequel il boit de temps en temps. Ils parlent depuis quelques minutes quant le moine lance d’un ton courtois et curieux :

1. I.S.X : Monsieur, je voudrais vous entretenir à présent d’un sujet qui me tient à cœur. J’ai parcouru votre curieux petit traité avec plaisir et je vous remercie d’avoir pris le temps de coucher sur le papier vos pensées et votre vision des choses. J’ai également pris soin de parcourir les annexes de votre ouvrage, en l’espèce de ces textes et dessins dont je vous sais le producteur et qui m’ont fort bien aidé à entendre votre exposé. Je souhaiterais néanmoins vous poser quelques questions afin d’éclairer votre art et ainsi pouvoir profiter plus avant des mots que vous avez si généreusement transmis. Êtes-vous disposé me venir en aide ?

E.G.M : Assurément, c’est un honneur pour moi que vous portiez de l’intérêt à ma personne et à mon témoignage : je suis alors votre obligé. J’ai figé mon âme dans cet écrit et j’espère que notre échange les mettra en marche s’ils sont assis et les fera courir s’ils marchent. Je vais faire en sorte de vous aider du mieux que je le puis !

2. I.S.X : Redites-moi s’il vous plaît monsieur, qu’est-ce que l’horticustodiesie ?

E.G.M : Avec plaisir. L’Hortus-Custōs-Dĭēs est une discipline parfaitement divine qui est exécutée par l’âme. Cette discipline est à la fois la connaissance intuitive de Dieu, la transformation de la conscience en prière et l’observation de manifestations analogiques de Dieu dans la nature : la transformation du corps en jouissance. C’est-à-dire en somme, une conversation avec le maître d’œuvre d’une part et l’observation de son œuvre d’autre part, qu’il s’agit d’imiter.

Il en résulte la formulation d’une méthode permettant de créer un lien entre notre corps physique et le Seigneur par l’entremise de l’âme qui se conforte plastiquement et au Maître et à l’œuvre.

Il s’agit en propre, d’une arboriculture divine consistant à récolter une graine, à l’enclore dans une terre propre, à y modérer un feu souterrain et une pluie céleste, à mentorer le tronc et les branches afin de capter la lumière et surtout la musique transcendante qui y est enclose. Projetée ainsi dans le temps, cette danse circulaire est harmonisée, surveillée et optimisée de façon à faire croître de parfaite façon la toile : une maison où des invités viennent se tenir au chaud, se nourrir, profiter de la musique et s’orienter c’est-à-dire, être soignés, honorés et guidés.

Qui est Dieu de toute éternité qui produit la musique, chasse le mal par sa lumière ?

C’est une science du climat, d’atmosphère, qui requière de maîtriser l’ambiance permettant de faire éclore puis de faire mûrir et enfin de guider. Cela fin de produire des fruits capables de multiplier la partition à l’infini de façon passive. Cette condition atteinte, l’horticustodiesie devient magistère, car la partition se joue seule et l’être se voit élevé à un stade d’existence supérieure.

En un mot lorsque le but de l’horticustodiesie est compris : il s’agit de soliculture !

Pour aller plus loin, je crois mon respectable camarade, que cette discipline repose sur trois piliers.

Tout d’abord, je crois que ces théosophes partagent la certitude d’une connaissance originelle et racine, d’une sagesse synthétique et totale réunissant tout les autres systèmes crées à travers l’espace et le temps. C’est cette connaissance que le théosophe cherche à atteindre et à partager, c’est cette connaissance ésotérique que décrit l’hermétisme.

Par suite, je crois aussi que cette connaissance prend la forme de l’alchimie, de la magie et de l’astrologie et que ces trois disciplines sont étudiées et pratiquées de concert. L’astrologie offre le "qui et quand", la magie le "quoi et le combien" et l’alchimie le "où et comment". Ces domaines ne sont pas médités ni utilisés dans un but utilitariste mais bien spirituel c’est à dire dans le but d’améliorer l’Homme et de concourir à sa réintégration en Dieu, qui est absolu, par l’entremise d’une gnose pratique micro et macrocosmique. Pour ce faire il doit à la fois annihiler sa personnalité sans pour autant la nier. Ainsi, il doit pénétrer ces domaines sans trop les matérialiser dans une compréhension populaire et superstitieuse, ni trop les subtiliser dans une compréhension savante et irréaliste. Cet axe double, réunissant deux choses si opposés, sont pour moi la marque la plus singulière de l’horticustodiesie.

Enfin, je crois aussi que l’hermétisme se caractérise par l’utilisation de symboles, d’allégories et de l’analogie à des fins d’étude, de pratique et d’expression. Les symboles ont cet avantage certain qu’ils savent s’adapter à celui qui les observe et qu’ainsi tout à chacun peut se nourrir à cette universelle science quel que soit son niveau de compréhension et sa manière d’entendre les choses. Ainsi même un coquin ou un saint, un fermier ou un médecin peut tirer des symboles une substance propre à le nourrir que ce soit en qualité, en quantité ou en manière. En ce sens l’hermétiste aura assurément à cœur d’élucider les vérités autant que de les voiler pudiquement afin d’exprimer la vérité une.

Voici, une science et un art universel de la transmutation et de la réintégration tant de l’Homme que de ce qui l’entoure : c’est à dire des objets physiques, de la société elle-même ou bien des idées. C’est aussi pour ces trois raisons que bien que ce soit ⊙ qui dirige l’Œuvre de manière théosophique c’est ☿ qui en est le maître d’œuvre de manière hermétique et ♁l ’occulte récipiendaire ésotérique. Autrement : l’herméneutique est le langage universel permettant à la sagesse de faire corps, à la bonne personne d’employer les méthodes justes de l’universelle rédemption.

On ne saurait ne pas ajouter encore que toute réalité spirituelle ne peut-être réellement atteinte sinon par l’organe suprême : extatique et instatique à la fois. Et que toute forme n’est que le véhicule d’une quintessence qu’il faut savoir percevoir, extraire et fixer. Sans cette démarche, aucune théosophie n’est possible car ainsi dépourvu d’instrument, aucune observation n’est possible, pas plus alors qu’une science et donc, avançant aveugle, l’artiste se perd irrémédiablement dans ses propres folies.
Prenons l’exemple : dans le plaisir gît la passion, dans la passion, la volupté, dans la volupté l’amour, et dans ces quatre, la vie. Ceci est hermétique. Alors pour atteindre la vie, il faut d’une part, d’abord connaître le plaisir qui est sa souche par rapport à l’Homme, sa parèdre par rapport à l’Univers, lui-même par rapport à Dieu. Pour l’Homme, le plaisir indique le centre de la vie et il faut qu’il soit assez intense pour qu’il puisse grimper jusqu’à l’amour, gardant ainsi l’axe à chaque état et indiquant la vie par son centre. Il doit d’autre part, développer sa connaissance d’un des quatre états en profondeur pour voir la substance de la vie qui est fonctionnellement identique dans chaque état. Ceci est théosophique. Et s’il sait à la fois descendre et monter chaque état, c’est bon, s’il connaît en profondeur chaque état, c’est bon. Et s’il connaît les deux simultanément, il peut alors changer un état en n’importe quel autre état car il voit la vie elle-même, il possède la quintessence qu’il a su extraire en détruisant les gangues et en unissant les états. Si par suite, il maîtrise le plaisir et la vie, il peut l’appliquer en spirale et broyer toute la création, comme le fait le tribunal : sa digestion est parfaite et c’est un véritable artiste dont l’œil voit les réalités spirituelles derrière les apparences grossières et subtiles.
Voici l’Horticustodiesie : une disposition électro-magnétique, une capacité à jongler avec les deux pôles de cette force de façon si rapide et harmonieuse que les échelles de lumière théosophiques reliant les pôles hermétiques se dissolvent, si rapidement encore que les deux pôles fusionnent en un seul, semblant statique mais rayonnant, bâtons et coupes fusionnées font épée plantée dans bouclier : le magicien devient le monde !

3. I.S.X : J’aimerais que vous me parliez de vous : par quelle manière êtes vous parvenu à obtenir votre gnose ?

E.G.M : Me concernant, j’ai principalement obtenu mes connaissances du verbe par la médiation de la physiologie Humaine, physique, psychique et spirituelle, dans laquelle j’ai lu extérieurement et intérieurement : extérieurement en utilisant l’hermétisme, avec le symbolisme et l’analogie, intérieurement en utilisant la mystique, contemplant occultement chaque partie de cette physiologie. J’ai ainsi entamé un voyage intérieur et un dialogue avec ses habitants, voyage que j’ai ensuite pu étendre à la nature entière, qui n’est qu’une dilatation de cette physiologie : le corps de Dieu.

J’ai ensuite vérifié la validité, c’est-à-dire l’opérativité de mes perceptions de manière également intérieure et extérieure, en mettant d’une part en action l’articulation de ces parties de différente manière, de façon raisonnée et portée par l’émotion et d’autre part en comparant mes conclusions à l’aide de tout les textes classiques que j’ai pu consulter sans limite de temps ou d’espace, qu’ils soient mythologiques, théologiques ou mystiques, je n’ai néanmoins eu aucun maître si ce n’est Dieu ni n’ai fait parti d’aucun ordre initiatique si ce n’est celui de mon entourage lui-même.

Aussi, j’ai finalement obtenu des effets internes et externes significatifs et augmentatifs, provocables et reproductibles, enfin, conformes au bien, ce qui m’a poussé à écrire cet ouvrage afin de partager mes visions et les méthodes que j’en ai tiré grâce à leur incarnation dans ma chaire : je suis volontiers persuadé que mieux utilisées et par des personnes avec une meilleure disposition que moi, ces techniques devraient produire des effets encore meilleurs, persuadé aussi que chacun selon ses besoins et son tempérament insistera sur tel ou tel point de mon exposé et pourra l’adapter à lui, car si les ingrédients et la technique sont commune, l’œuvre est nécessairement personnalisée afin de produire sa puissance. Ces techniques sont aussi ainsi, déposées dans ce carnet de notes, dans mon grimoire d’oraison contemplative, qui est un coffre rempli de mes débordements où j’ai placé les pierres qui flottaient à la surface de mon âme. Chacun peut se saisir des forces contenues dedans, les personnaliser, les développer, les spécifier, les améliorer, forger magistère avec moi et ceux qui m’ont précédé, et je souhaite qu’elles nourrissent longtemps et aussi qu’elles soit vite avalées : il s’agit de mon testament pour améliorer le monde et je crois que beaucoup en feront l’usage adéquat dans un esprit de justice et de charité, qu’elles seront utiles à la survie, au minimalisme et à la distribution.

Plus intimement encore, je me suis enfin nourrit aux sources de l’art, de la philosophie et de la psychologie, comme réalités vécues et pratiques pour trouver l’inspiration et les matériaux nécessaires à mon édification intérieure, ainsi, la contemplation esthétique, la pensée pure, mes relations avec les êtres vivants et mon propre corps physique ont étés mes principaux alliés.

En trois mots, je me suis principalement intéressé à l’art de la foudre, aux procédés d’arboriculture et à la science des miroirs. Mais honnêtement je n’ai que peu de mérite : je m’en suis remis à Dieu et il a daigné me prendre avec lui. C’était nommé : plus que parfaitement bien-aimé, il ne m’a guère laissé le choix, m’a dicté ce que je devais savoir pour changer l’argent en or et à cette fin, m’a fait rencontrer une noble et digne fontaine, et je l’en remercie.

4. I.S.X : Je comprends bien. Dites moi aussi quel est le but du magistère que vous décrivez ?

E.G.M : Chaque être mu par la volonté de transcendance, cherche à répondre à la question suivante : Qu’est-ce que Dieu, c’est-à-dire en pratique "le sens de la vie" et comment faire pour m’y conformer de la meilleure manière possible selon l’aspect du Seigneur que je suis ? Il se demande aussi : comment puis-je m’assurer intellectuellement, émotionnellement et physiquement que la marche que je suis est correcte, c’est-à-dire, obtenir les preuves que ce à quoi je m’attache est conforme à Dieu ? Enfin, il se demandera, comment puis-je offrir la lumière que je possède de manière à ce qu’elle soit opérante et enfin comment puis-je repousser les limites du royaume de Dieu en apportant cette juste luminosité ici-bas ? En bref, qu’est-ce que l’art de l’Homme, quels sont ses matières, outils et objectifs et comment y exceller afin de produire un chef d’œuvre de soi-même ?

Le magistère se propose de répondre à ces problèmes pour une certaine catégorie de personnes et dans le cadre d’une pratique ésotérique en permettant de mettre le pratiquant rendu pur et harmonieux, en rapport avec les forces de la vie, de la vérité et de la liberté avec lesquelles il peut commercer. Puis, si Dieu le veut, déclencher un accroissement de la sagesse et de la puissance ainsi qu’un éternel état glorieux et amoureux qui émanera dans toutes les directions. Ces quatre axes étant en permutation de manière à créer l’état de perfection recherché par l’entremise du tétramorphe, le tout au travers d’un rituel catholique, c’est-à-dire conforme à Dieu car synthétique et universel.

Il est en effet d’une part dogmatique et ordonné car conforme au verbe créateur de Dieu, et d’autre part évolutif et paradoxal - une fois qu’il devient vivant chez l’opérateur - car adapté à tout être de bonne volonté lorsqu’on n’en garde que le dogme. Cet être saura alors intuitivement l’adapter à son métier au sens transcendantal du terme par la grâce de l’inspiration. Car en effet, si la porte est universelle, la clef est unique pour chaque personne : c’est pour cette raison que le magistère se focalise sur la serrure. Finalement, le magistère met l’être à sa juste place, lui offrant une conscience unifiée avec l’univers tout en restant séparé de ce dernier, puis le secret de la magnésie opérative et du véritable verbe et enfin, les bonnes réponses à offrir au tribunal afin d’être autorisé à changer son axe de rotation et ainsi pouvoir dégager une lumière absolument pénétrante.

5. I.S.X : J’entends tout à fait votre explication et si ce n’était point le cas, je m’arrêterais là et patienterais jusqu’à vous poser cette prochaine question : Dites moi s’il vous plaît d’une manière qui m’est compréhensible, pourquoi les philosophes écrient ils de manière hermétique ?

E.G.M : Bien sur. Il existe trois raisons si l’artiste écrit de manière voilée, trois raisons qui ne font qu’une : Dieu, inconnaissable par son ineffabilité, autrui, qui est inconnu dans l’altérité et le mal, inconnu dont il faut se préserver ici-bas.

C’est d’abord, afin de sauvegarder le sens réel de son propos qui est dans l’idéal, à la fois philosophique, mystique et technique, qui recouvre les réalités microcosmiques, mésocosmiques et macrocosmiques, dont les niveaux de signification sont multiples. Ainsi, il ne pourrait en vérité, s’exprimer autrement que par symboles car plus ses propos se feraient précis, plus le sens réel de ce qu’il évoque se matérialiserait, se spécifierait et deviendrait de fait, moins spirituel, moins universel et donc moins vrai. Son propos est vérité car il s’applique en tout temps et en tout lieux : simultanément sur tout les plans.

En s’exprimant ainsi, ses idées ne se sclérosent pas et restent vivantes et ainsi il en fait tirer à n’importe quel lecteur d’objectifs résultats. Aussi, et, contrairement aux apparences, il guide l’auditeur dans le monde invisible, il veut par les mots lui faire quitter les mots pour pouvoir y revenir et fermer la boucle. Le texte fait une moitié du chemin et le lecteur une autre moitié, tout déséquilibre à ce niveau engendre de fâcheuses conséquences. Ainsi, un texte hermétique ne s’explique pas : il se dévoile dans l’esprit d’un lecteur et ce dernier le revoile afin de l’exprimer; on ne pourrait guider autrement. Toute tentative d’arracher le voile de la vérité pour l’exhiber nue aux yeux de la foule serait non seulement vain mais aussi dangereux car le roi ne supporte guère que l’on essaie de bafouer l’honneur de sa reine bien aimée. Aussi l’on peut affirmer que tout traité de philosophie, de quelque domaine technique ou bien toute expression artistique n’est que la morte dégradation de l’éternel, universel et vivante horticustodiesie.

J’ajoute ensuite, que les écrits sont le miroir de celui qui écrit : l’artiste s’applique à une œuvre conjugale qui est intime par essence, néfaste si exhibée. Les véritables techniques opératives sont si subtiles dans leurs opérations, si simples dans leurs articulations, qu’elles en deviennent absconses pour notre vocabulaire et nos perceptions. Aussi, usant d’artistiques métaphores s’enroulant autour de la rigide analogie, le philosophe glisse de barreaux en barreaux, s’exprimant d’un verbe poétique, afin de faire entendre au mieux le mystère ineffable. Il espère ainsi faire obtenir à ses auditeurs cette technique de déplacement pour qu’ils puissent aller eux-mêmes vers ce qui est secret dans ce qui obscur, lové ce qui est caché, enfermé ce qui est hermétique et refaire le chemin inverse pour véritablement accomplir l’œuvre. Elle est universelle dans son essence mais individuelle dans son application, on ne donc saurait la transmettre directement, pour ainsi dire concrètement, car techniquement il n’y a pas de secret, il n’y a qu’une vertu et un mythe qui se transmettent de façon plus ou moins habile, sont reçus et utilisés de façon plus ou moins habile. Mais comme le magistère est amalgamé avec l’âme de l’opérateur, une partie manque et celle-ci est cachée dans chaque opérateur et n’est visible que par lui.

S’il est enfin besoin de le préciser, l’hermétique permet dans ses œuvres inférieures d’également protéger l’auteur tant occultement que socialement pour des raisons qui varient selon les contextes d’époques et de lieux. Et enfin, il permet de voiler pudiquement le propos aux enfants turbulents afin qu’ils ne dénaturent pas le magistère pour l’employer à leurs propres fins égoïstes - chose qui s’est produite fréquemment dans l’histoire - ce qui est assurément un viol du magistère et aussi un moyen assuré qu’ils ont de se porter eux-mêmes préjudice. Car en effet, quiconque en ferait un emploi défaussé, même dans de bonnes intentions, par l’entremise d’une impuissance vitale, morale ou intellectuelle, court le risque de déséquilibrer son psychisme - et celui des personnes avec qui il est en relation - dans des proportions et un temps variables. Aucun philosophe s’il a connu la terrible puissance de Dieu n’oserait révéler le suprême arcane sinon poétiquement, sinon à un ami proche.

C’est pour ces raisons qu’une allégorie doit toujours être élégante afin de ne pas exciter les esprits qui sont encore puériles, médiocres, avides et mauvais, et les pousser à en faire quelque interprétation contre nature qui n’aurait pour effet que de mettre en relation avec des monstres.

6. I.S.X : Cela est très clair. Pourriez-vous maintenant me dire pourquoi les philosophes ont si diversement écrits et sont si diversement compris ?

E.G.M : Oui. Pour vous donner mon idée à ce sujet, veuillez s’il vous plaît comprendre que je pense qu’il est important d’entendre que l’horticustodiesie est à la fois une science et un art, elle est affaire d’objectivité et de technicité mais aussi de subjectivité et de mystique, tout deux reliés par une philosophie théologique. L’un nourrit l’autre et l’un demeure indissociable de l’autre.

Ainsi, cette sapience bien qu’universelle et éternelle est aussi conditionnée en ce qu’elle est exprimée par et pour chaque Homme disposant de ses propres dispositions et inclinaisons, son propre intellect, sa propre sensibilité et son propre corps. Ces choses sont elles-mêmes modifiées certes par l’Homme lui-même, ensuite par ce que Dieu à bien voulu lui confier mais aussi par son contexte social, moral et naturel qui peuvent teinter son être ou même contrecarrer sa quête de raison, de vertu et de santé.

Ajoutons en effet et enfin que chaque Homme est arrivé à un stade différent de son initiation vis à vis de l’absolu. Le but de l’Horticustodiesie est la quête de cet absolu, absolu que l’on doit atteindre tant dans son intellect, que dans ses sentiments, son corps et encore dans la nature extérieure. Néanmoins une infinité de variations et de stades existent. Certains Hommes sont plus proches de l’absolu dans leur esprit que dans leur âme, d’autres plus dans leur corps que dans leur esprit, certains ont résolu telle contradiction, d’autres partiellement, certains inspirent un début, d’autres maîtrisent un milieu ou élaborent une fin, certains sentent activement des symboles et parlent avec raison, d’autres imaginent passivement des philosophie et parlent comme le poète, certains sont frappés durement par une force extérieure et d’autres imitent plus qu’ils ne vivent vraiment le magistère et ainsi de suite dans d’infinies variations exprimant l’infinité des formes possibles. Il est vrai que la pratique et la théorie sont toute deux un peu décalées l’une de l’autre, mais ces phases sont toutes bien naturelles, aussi bien dans un Homme que dans l’histoire des idées et dans l’humanité.

De là monsieur, vient assurément le fait que les philosophes ont si diversement écrits et qu’on les a si diversement compris car bien que le but de celui qui parle et de celui qui écoute soit l’absolu, chacun embrasse les choses comme il le veut et le peut, projetant depuis son monde intérieur une manière spécifique de découper la Nature, en forme et en nombre tout en la regardant également d’une manière plus ou moins éloignée ou rapprochée.

C’est en permutant les princes, ducs, marquis et comtes dans toutes leurs admirables adaptations que l’on peut connaître la nature entière et ainsi avoir la clef pour comprendre tout les philosophes. Avec certitude, ces permutations sont visibles dans la graphie, le symbolisme et les allégories de la cour. Et cela est très bon car ils ont tous quelque chose de spécial à nous entretenir : le magistère s’opère partout et en tout temps, ses formes changent et ses opérations, qui sont gravées éternellement dans la vierge lumière de vie enseignante, demeurent invariables.

7. I.S.X : Merci pour cette explication. J’aimerais vous demander si vous pouviez me dire pourquoi dans votre traité, certains mots sont en italique ?

E.G.M : Absolument. Les mots en italique indiquent simplement que bien qu’ils correspondent à la définition qu’on leur donne habituellement, il est plus important que pour les autres de les comprendre non pas seulement dans leur sens primaire ou habituellement entendu mais aussi dans un sens symbolique ou d’une manière plus profonde. Cela indique que ce sont ces concepts auxquels il est prudent de penser et de ne pas se contenter de leur aspect extérieur. Autrement, ce sont des concepts et plus seulement des mots, et qui, en plus d’être symboliques, sont aussi ésotériques, c’est-à-dire qu’ils sont en somme, tirés du livre ouvert de la nature, d’où seul l’on apprend la véritable gnose et non pas de concepts produits par les humains qui n’ont qu’une valeur transitoire et somme toute nulle. Assurément, une bonne partie de mes mots doivent être pris en ce sens, mais j’ai voulu signaler les plus importants par cette typographie.

8. I.S.X : Je comprends. Pourriez-vous de plus, m’offrir une courte explication de ceux de ces termes qui devraient, à votre idée, être plus explicités afin que je ne me méprenne pas sur vos intentions ?

E.G.M : Je suis à votre service et je me plie avec plaisir à votre demande. Écoutez :

Vous aurez certainement entendu que Dieu est sa création : il est à la fois le sujet producteur de l’acte et l’objet sur lequel est fait l’œuvre. Il transcende sa création tout en étant immanent à elle. Afin que Dieu se change en Homme, il fait trois processus qui peuvent s’apparenter à un accouchement ou un rêve : les projections. Une projection est le processus de volonté et de conscience menant à une séparation de Dieu en deux parties : le sujet et l’objet.

Si nous regardons la première projection, elle est composée du roi et de la reine qui représentent analogiquement le Dieu en deux parties : d’un part le roi, responsable des anneaux, sujet producteur, agissant et transcendant, puis d’autre part sa création, c’est à dire la reine, représentant les logis, un objet passif, œuvré et immanent.

Notez dès à présent et cela est valable à tout les niveaux de projection, que premièrement malgré son acte créateur, la vérité initiale que Dieu est à la fois l’agissant et l’agit ne cesse plus d’être vraie : il y a juste à considérer ici que cette vérité qui portait sur un objet unique, porte à présent sur deux objets séparés. Secondement et néanmoins, ici le roi et la reine se considèrent comme un, mariés ou jumeaux alors qu’ils sont bien deux vis à vis de Dieu qui les as généré et en terme de puissance créatrice, ce que nous allons voir tout de suite.

Par suite, la création devenant créateur, elle génère une seconde projection contenant Dieu (Qui est ici le roi et la reine) et de une déclinaison fractale du roi et de la reine puisque ce niveau de Dieu les contient : au lieu de ne miroiter qu’un seul logis, il en génère deux, car les époux sont deux.

Afin de se représenter plus aisément à quel niveau de la création nous raisonnons, nous appelons les trois logis ainsi générés : l’univers, le monde et le abîme.

De nouveau, cette seconde projection, va générer une troisième projection, devant quant à elle contenir Dieu (Contenant l’univers (Contenant le roi et la reine), le monde et l’abîme), une déclinaison du roi, de la reine et une dernière de l’univers (Contenant le roi et la reine), puisque ce niveau de Dieu les contient.

Ainsi, Dieu se regarde lui-même, il a créer par sa multiplication propre un observateur le regardant depuis derrière ses voiles et devant sa face c’est à dire qu’il s’est crée extérieurement à lui-même sans rien omettre. Et c’est la raison pour laquelle l’Homme contient quatre logis que l’on nomme : les forges d’Héphaïstos, les jardins de Dionysos, le temple d’Apollon et la chambre d’Athéna.

La création est composée de logis spatiaux séparés par des anneaux temporels : Dieu à divisé dans sa création d’un coté son essence en tant que sujet et sa fonction en tant qu’objet et ceci de manière fractale et infinie afin de déployer sa perfection essentielle dans le temps ainsi que de manière finie afin de manifester sa perfection structurelle. C’est pour cela qu’il y a trois niveaux de lecture au dessus du sens littéral, de plus en plus subtils et un niveau ésotérique en dessous d’identification suprême.

De un, il est devenu deux, puis trois, ensuite quatre et de nouveau un. Voilà la quintessence.

Permettez-moi de vous l’illustrer par un schéma cosmogonique…

Le noble prend la plume du moine et dessin rapidement un dessin sur son livre avant de reposer la plume à la place où il l’a trouvée avant de poursuivre son explication.

Il y a par suite, trois sortes de logis et d’anneaux. La première sorte de logis les logis jumeaux sont au nombre de deux, les logis du magistère au nombre de trois et les logis de l’œuvre au nombre de quatre. La première sorte d’anneau est unique et nommé anneau éternel, la seconde sorte sont au nombre de deux, ce sont les anneaux du magistère et la dernière sorte au nombre de trois, ce sont les anneaux de Cronos.

L’Homme pouvant donc se voir lui-même de même que Dieu se voit lui-même tout en voyant l’Homme se voir lui-même. Il possède un moyen de rejoindre Dieu : D’abord, en traversant les portes du tribunal. Derrière étant le siège de Dieu, il est unique, néanmoins dans l’Homme il est double : il le voit comme le roi et la reine, comme le tribunal qui est sa propre conscience le regardant et le champ de pureté qui est la projection de Dieu le regardant.

Le sombre miroir est la partie la plus sombre de l’abîme à laquelle on va en augmentant, unissant et matérialisant. Il contient les trois racines qui sont la sève de tout les métaux, ces trois racines n’en font qu’une, leur combustion corrige les mauvais et exalte les justes, ce qui est fort utile. Le trône foudroyant est la partie la plus claire de l’univers à laquelle on va en réduisant, divisant et subtilisant. Il contient trois marches qui nourrissent les étoiles, ces trois marches sont une au niveau du trône, leur liquéfaction purifie les mauvais et instruit les justes, ce qui est fort bon. Assis sur le trône, les yeux sont levés et la fleur s’épanouit. Les deux jumeaux quant à eux sont emplis de conseils qui s’avèrent avisés une fois que l’on sait les tenir en respect. Pour l’un ou l’autre, c’est faire œuvre d’un excessif aveuglement que de vouloir se couper d’eux, ces voies mènent à des impasses et sont pourtant fort communes. La table ronde est la réussite de l’œuvre au premier degré, c’est la couronne qui assure de ne plus reculer dans le magistère car la prière est naturelle et sans efforts.

Il n’est pas foncièrement utile de parler des barons, chevaliers et écuyers, leur aide est fragmentaire et ponctuelle bien que nombreux pactisent avec eux s’imaginant qu’ils les mèneront vers l’absolu ou jouissant simplement de leur présence : nous nous contenterons de signaler qu’il peut être dangereux de traiter avec eux tant ils sont inconstants. De plus c’est à chacun de voir quels types de contrats il est bon de contracter avec eux. Ce sujet dépasse le cadre du traité que je commente ici. La cour est composée d’aides bien plus fiables.

Dans l’Homme, c’est le corps sensitif, l’âme sentimentale, l’esprit mental. L’étincelle spirituelle synthétise les trois précédents et demeure occulte aux Hommes. Lorsque l’étincelle est conjointe aux trois précédents, alors il y a le tribunal ésotérique qui est composé de trois couches occultes : la lumière diffuse, le néant et la lumière claire. Dans la lumière claire, il y a matrice et la graine, dans graine il y a la vie. Et dans l’Homme, c’est le corps intuitif, l’âme vertueuse et l’esprit intellectuel.

9. I.S.X : Je saisis tout à fait, ces informations sont en effet des précisions appréciables à votre exposé d’origine. Autrement, pourriez-vous encore m’entretenir à présent sur la pratique ?

E.G.M : Tout de suite. La pratique est la partie la plus basse de chaque logis. Ainsi l’on peut pratiquer avec son corps, son âme ou son esprit, avec deux d’entre eux ou les trois ensembles. Ce dernier moyen est assurément le meilleur. Pratiquer une chose dans l’esprit c’est manipuler la chose telle qu’elle apparaît dans l’abstraction, la pratiquer dans l’âme c’est la manipuler telle qu’elle apparaît réellement et la pratiquer dans le physique c’est voir son reflet inversé.

Lorsque l’on connaît une théorie ou une pratique dans quelque logis que ce soit, on peut par transposition analogique connaître toutes les théories et les pratiques dans tout les logis, encore faut-il que la cour de chaque logis soit apte à mimer les mouvements de celle qui sert de patron. C’est en cela que certains philosophes connaissent plus les principes qu’ils ne les ressentent et que certains artistes les ressentent plus qu’ils ne les connaissent. Mais bien entendu, l’hermétiste possède les deux : il sait aussi bien appliquer sa médecine sur lui-même que sur l’extérieur et c’est cette synthèse qui le rend supérieur tant en sagesse qu’en puissance. Il faut bien saisir ceci : Il y a l’esprit, l’âme et le corps. Et dans l’esprit, il y a un esprit, une âme et un corps. Et dans l’âme, il y a un esprit, une âme et un corps. Et dans le corps, il y a un esprit, une âme et un corps.

Voici par exemple : il faut connaître les sentiments de ses pensées ou encore les pensées de son corps, sans cela, toute subtilité pratique est vaine, pire même, un déséquilibre trop important est la cause des diverses maladies psychiques et des erreurs d’appréciation qui font croire à des chimères. Il est aussi important de savoir être patient tout en brûlant rapidement… il est fondamental de comprendre ce point, car le magistère mûrit de lui-même puisque étant naturel il doit simplement pouvoir prendre vie pour ensuite se dérouler seul : c’est un point difficile de l’art de savoir agir sans agir, influencer sans entraver, c’est comme avoir conscience qu’on rêve sans pour autant se réveiller, mais à l’envers et dans un état de plus en plus constant pour que le rêve qu’est le magistère fasse de plus en plus corps.

Notez encore que dans la pratique, le magistère est comme la création, donné selon un ordre temporel, cela afin de pouvoir fabriquer cet objet d’art depuis la perception concrète : telle lettre créer tel symbole, qui engendre telles conséquences. Mais une fois l’œuvre dignifiée, elle se recroqueville sur le temps et le dépasse en le perçant de l’intérieur, elle se subtilise en utilisant comme promontoire les manifestations linéaires précédentes : le fils peut alors engendrer le père, le grand glorifier le petit, l’engendré devenir la cause de son géniteur, car tout a remonté à l’origine et s’est retourné et ainsi, dans les apparences il est toujours semblable, mais dans le fond, quel Homme ! Le magistère est vertical et horizontal dans le temps, mais circulaire dans l’espace : à son départ, il y a deux ciels et les opérations se conçoivent alors de façon non duelles et donc tout à fait ésotériques, mais elles ne doivent pas être appréhendées sans avoir entièrement compris le déroulé temporel du magistère et fixé son centre de façon harmonieuse, sans cela, l’opération serait au meilleur d’un effet moindre, au pire dangereuse. Si l’espace est dépassé, le magistère s’obtient spontanément en une opération et sa maîtrise est absolue : on peut alors boire l’ambroisie jusqu’à la dernière goutte car elle pénètre au plus profond du profond.

J’ajouterais enfin au sujet de la pratique qu’il n’en existe qu’une seule permettant d’utiliser tout les logis dans leurs profondeurs et dans leurs hauteurs de manière simultanée. Il s’agit de l’union consciente avec son âme sœur : c’est la voie suprême et absolue car c’est assurément en mangeant une chose que l’on absorbe réellement son être, le moyen de devenir un ange mouvant. En ce sens, l’âme sœur est la seule chose dans la nature apte à offrir un pont vers l’absolu dans ce qu’il a de plus suprême. En effet si l’on recherche une perfection plus que parfaite de l’œuvre, il va s’agir de faire tourner les deux matières qui n’en font qu’une dans deux vases concordants aux logis identiques mais opposés et d’utiliser comme base la matière première de son éternel compagnon. Cela est fort délicat et doit être réservé à un opérateur ayant la grâce de Dieu qui sait reconnaître sa propre pierre d’angle.

10. I.S.X : Pouvez-vous me montrer la pratique que l’on peut tirer du magistère ?

E.G.M : Assurément. Hormis la suprême technique poétique et symbolique, on doit en tirer entre autres, des règles sociales, architecturales, musicales ou artisanales afin soit de suivre le chemin que l’on veut dans sa pratique manifestée du magistère, faire de belles œuvres autour de soi, nourrir son savoir en le confronter à la réalité. On peut aussi renforcer sa pratique du magistère en créant directement liens et boucles magiques dans l’esprit universel ainsi que Dieu le fit lui-même dans son œuvre, il ne s’agit donc que de déployer le magistère comme un origami que l’on aurait déplié. En voici quelques mots.

On suit cette voie dernièrement évoquée tout d’abord par la création d’instruments de puissance dont voici les plus importants. La première série combinée résume et détaille le corps de jouissance sacrificielle : La chandellefoudroyante ♐︎ charitablement indiquée dans le magistère et qui force son opération. Le double puits ♋︎ qui amène la matière du magistère à ♃ flotter. Puis le don de Macaire protège absolument, stoppant ♎︎ les démons par et les transformant en ⊙ parce qu’il est un don universel de sève coulant de l’arbre universel. Enfin le trident d’Athéna ♏︎ est une arme imparable des hommes couronnés et pieux ☿ contre les démons qui le craignent ainsi terriblement.

La seconde série combinée résume le corps de négation runique : Le grand vase de ☽ que l’on déploie en éventail et que l’on retourne pour en avaler le contenu, permet de capter le liquide ♍︎ céleste. Le grain de sable transparent-brillant de ☿ que l’on tient sur quatre axes et six retournés est tellement minuscule et compressé, mais doté d’une puissance régénératrice ♉︎ sans pareille et lorsqu’il est tenu et fixé, il offre la santé. Puis le double repos conciliateur de ♒︎ qui patiente et écoute, fait digérer les étoiles et avec lequel ♄ on doit serrer les mains. Enfin la queue de Mímir faite du ♀ de plus en plus subtil, érige une barrière de ♓︎ entre soi et les démons, cette même barrière qui fut utilisée par Dieu, l’autre main sur le cœur.

Voici comment en user du premier instrument : Il est pris en main dans un zodiaque tournoyant, il est associé au cri qui paralyse, au tourbillon qui absorbe tout comme une mâchoire universelle : il est brûlant, foudroyant, instantané et imparable. Le cri coule de la bouche sous le soleil et la lune, rédime tout les ordres de créatures : ravi les anges, transmute les démons. Les opérations clignotent : une fois hors du monde, dans l’oubli amoureux qui les rend opératifs et une fois dans le monde en impérieuse puissance qui édicte les lois. Ils sont reliés par la passion mouvant de haut en bas qui leur offre un coursier. Alors tu es immense, les monstres tout petits : leurs sortilèges sont ceux d’un insecte sur une montagne, les tiens comme une mer se déchaînant sur une fourmilière. Tes gardiens les font tournoyer en les disloquant, les écrasent au sol dans la mâchoire, les font dévorer par les loups chartreux.

Voici comment user du second instrument : Il est pris en main comme un cosmos vide, il est associé au silence verticalisateur, au centre de vacuité rempli d’une douce lumière qui rend aveugle et muet le mal et l’effraie par son mystère, lui faisant prendre le haut pour le bas et le bas pour le haut. Il charrie le froid paralysant et l’humus résiliant, une sagesse régénérative qui exauce les souhaits et capable de forcer les choses par une insistance ferme et déterminée. Elle est impossible à stopper car il possède un décret divin avec Sa signature, comme si un vœu coulait dans la création. Il fait de soi un invisible et un insaisissable, car il est de nature féerique. Il est un coffre de savoir intuitif et cave béante de sommeil, c’est un bateau sur l’océan à l’ancre parfaitement fixée par la foi inébranlable. Tout est ainsi uni d’un bloc, amoureusement lié, harmonieusement purifié et ordonné dans une valse d’une beauté saisissante. Il y a il seulement un seul adversaire existant dans cette crèche de paix et de maturation ?

Lorsqu’on superpose les deux instruments on révèle les fonctions naturelles : la terre à les racines profondes qui poussent la vie vers la surface, la graine tournoie dans l’obscurité germinative, le bouton de fleur est éclot et l’eau foudroyée se révèle être la lumière elle-même. Et lorsqu’on met l’épée dans le fourreau, on obtient des miracles : avec le premier on tisse car on tient une plume et un papier universel, avec le second on guérit car on met l’ingrédient de feu dans le flacon orbital, avec le troisième on voit car ce sont des yeux s’ouvrant avec une bougie souriante, avec le dernier on domine car on possède une épée et un bouclier capable de bannir en enfer. Et tisser est dominer, on obtient la liberté par la clef de lumière capable d’ouvrir et de fermer le tribunal. Et guérir est voir, on obtient la vérité par l’obtention de l’œuf capable de fertiliser les champs. Et la vie est la liberté et la vérité ! L’expansion universelle de la lumière par la respiration des runes et la purification du temps !

Ensuite, on suit cette voie martiale et magique au travers de ces quelques formules très excellentes que l’on exécute avec la lyre : avec les gestes et mouvements appropriés des mains et du corps, le ton et l’intonation requises et le psychisme disposé comme il se doit, le tout analogiquement lié comme il sied au magistère tel qu’il est écrit dans le contrat et par cela, notre volonté est absolue et rien ne peut s’y opposer, cette arme peut anéantir des Dieux car elle projette sur eux les ceintures ! Laissez-moi le temps mon ami, de vous écrire tout cela.

Le noble prend de nouveau la plume du mine et écrit plusieurs formules sur le livre de son compagnon. En quelques instants, plusieurs symboles accompagnés d’un texte apparaissent. Le titre est Parchemin du magistère pratique.

…le noble repose la plume à la place où il l’a trouvée et poursuit…

Or ce cercle et ces formules, il découle du magistère, comme vous vous en doutez, une infinité d’autres de ces espèces que chacun trouvera naturellement lors de son approfondissement. Néanmoins et concernant ce que j’ai donné, il est inutile sans pratique de singer les notes que j’ai écrites ici : car en premier lieu, même avec la transcription phonétique et mes indications supplémentaires, la bonne prononciation et l’herméneutique pourrait faire alors défaut. Et encore, je le répète : user de ces formules dans un but égoïste ne peut mener qu’à une grave catastrophe… la vie symbolique doit émerger de l’être pour être efficiente, car les symboles, les mots, les signes, ne sont que les véhicules des forces. Singer des symboles, s’ils sont analogiquement correspondants peut déclencher des forces à l’extérieur et aussi, ce qui est préférable, guider vers leurs équivalents vivants à l’intérieur. Mais ce serait vouloir avancer en aveugle que de prendre de tels risques, si du moins une sincérité certaine faisant office de guide ne vient pas servir de béquille !

De tels développements nous attireraient trop loin : la pratique effective est essentielle et le reste se déduira de lui-même à qui en est digne !

11. I.S.X : J’imagine ce que vous dites. Vous avez mes remerciements pour votre patience à mon égard. Pourriez-vous dans ce cas me résumer le magistère une quatrième fois d’une courte et différente manière, de telle façon que je puisse le transmettre aisément ?

E.G.M : Certainement. Toute l’œuvre résumée avec le plus de sincérité dont je puis faire preuve monsieur, je vous la donne séant : il s’agit de former, avec les matériaux de la nature, un corps spirituel, fait d’une nature qui combine ses parties de façon complémentaire et supplémentaire.

D’abord, il est un récipient modeste que tous possèdent, dans lequel on fait toute l’opération, mais qu’on doit perfectionner par sa science mathématique afin qu’il soit apte à résister à l’œuvre. Si une erreur algébrique, géométrique est présente, ce dernier s’ébréchera lors de l’opération.

Une fois possédé, on verse dans ce récipient un liquide très pur germant du cosmos infini qui se dépose dans chaque vaisseau. Puis on fait cuir graduellement ces larmes jusqu’à ce qu’elles s’évaporent par l’action d’un feu occulte très acide qui est produit par les métaux crucifiés diaboliquement dans la nature. Par une action double ce qui était fait de matière devient psychique et on produit les bonnes pensées.

Ensuite, cette évaporation, ce parfum hermétique qui est généré, on le joint à un sel divin lumineux dont les grains sont dispersés dans l’éther en de multiples ouroboros. Le parfum s’élève dans le canal lorsqu’on secoue intérieurement le vaisseau et s’y fixe en cristaux étoilés. Lorsque Dieu voit qu’un de ces cristaux est harmonieusement placé et assez agrégé, il y envoie artistiquement une lumière croisée qui répond sexuellement à celui-ci. Cette lumière animique, envoyée disloquée, est unie en un point, redisloquée et réunie de nouveau mais comme elle traverse par une porte étroite, elle est renversée, change de sexe, car elle passe d’un état psychique à un état pneumatique. Un mâle fait un mâle avec une femelle, une femelle fait femelle avec un mâle. Avec ceci, les sens sont sauvegardés dans la matière spirituelle, on garde mémoire, on peut transcrire poétiquement car on a fait naître en soi, un autre soi et on nomme ceci la spiritualité. Là, on prononce les bonnes paroles.

Lors de la formation de ce fœtus, une partie des forces cosmiques, devenues matérielles, psychiques, puis spirituelles, ne peuvent terminer leur élévation. On les fait alors circuler de l’alpha à l’oméga pouvant ainsi projeter la bénédiction du Seigneur sur divers simples comme les métaux crucifiés ou bien on s’en sert pour faire pleurer les anges, ou encore pour dénouer les dragons. On restitue ainsi directement ou de proche en proche, les forces cosmiques emmagasinées à leur réservoir d’origine. On fait alors les bons actes.

C’est scientifiquement pour cela, que tout est donné de surcroît et aussi pour cela que ce surcroît ne peut servir qu’à renforcer l’œuvre. L’Homme est un gué au centre d’un tore : un portail permettant de raffiner les puissances par l’action combinée du cycle aqueux passif et d’une transmutation ignée consciente. Pratiquer le magistère, c’est s’insérer comme pièce dans l’organisme cosmique, se ranger dans le fractal universel, sachant laisser à la fortunée nature ce qui est à elle et à la libre volonté ce qui lui appartient. C’est voir le passage suspendu entre deux opposés internes permettant de créer un inversé synthétique à sa totalité quadriélémentaire, pour ensuite les faire diriger par un troisième qui est leur synthèse exaltée puis tout ceci, glorifié et écho dans l’infini par la foi. C’est en somme, pousser le progrès illuminatif sans trahir la tradition réintégrative, résoudre 7 dans 1 : COMPRENDRE DIEU, comme-ci Dieu avait démonté son œuvre en pièces et attendait qu’on la remonte nous-mêmes, montrant notre capacité d’imitation de sa volonté et de travail conjoint avec la nature. Le magistère est ainsi la méthode infaillible, universelle et éternelle résonnant dans la création et émise par Dieu : il sera toujours pratiqué car c’est la vie, le quitter c’est s’autodétruire.

L’œuvre se résume ainsi en deux parties : d’une dissolution par un feu fleurissant et d’une coagulation par une eau frémissante, c’est l’union, le circulaire et le centre. Ou bien, elle se résume en trois parties : on augmente le feu animique, on uni sang et nerfs et on multiplie par la face et les cinq sens, c’est la séparation, le pyramidal et le sommet. Libre à chacun de diviser et développer ces parties selon ses connaissances, ses préférences et ses objectifs : les merveilles de Dieu sont infinies, sa loi éternelle !

Observez encore ceci : le magistère est composé des points suivants. La fabrication de l’outil qui est une cristallisation de la foi en un réceptacle géométrique et transparent. L’obtention de la matière sur laquelle opérer au travers de cet outil qui consiste à purifier les étoiles. La récolte, la presse et la mise en tribunal des fruits poussant de cette cuisson. Cela fait, le tribunal se met en mouvement et fait bouillir les champs en les faisant tourner. On sépare ensuite ce chaos baratté qui en résulte en deux parties opposées. Puis on les combine avec la matière dans le tribunal et tous ces métaux deviennent or. Et il en résulte enfin un puissant talisman qui magnétise naturellement la loi de Dieu !

J’aimerais juste enfin, vous parler du magistère de manière très simple et extérieure, celui qui suit ces instructions avec innocence et foi trouvera le fruit qu’il recherche. Certains sont même si purs que toute l’explication qui suit s’opère naturellement eu eux car Dieu les veut.

Voici : toute l’opération consiste simplement à se détendre totalement avec l’intention seulement dirigée en ce but, une fois réduit en bouillie et dans cet état de pureté, on doit désirer ardemment l’Être de façon à ce qu’une flamme s’allume dans l’obscurité. Lorsque ensuite on est pur et feu dans l’air, on doit ramasser sa conscience puis la retourner jusqu’à atteindre son opposé : au départ ce n’est que par touches et chaque choc repousse avec violence, puis à mesure que l’on pratique, les effleurements deviennent enlacements. Une fois la fusion opérée, Dieu, innocent, aura foi en toi. C’est tout simple, comme la vie et l’amour porté à un degré de subtilité infini !

Le noble sort un parchemin de sa ceinture et le tends au moine.

"Prenez ce parchemin qui résume le magistère et faites-en bon usage !"

Le moine consulte le parchemin G. Tableaux récapitulatifs un moment…

…puis le glisse soigneusement dans son livre.

12. I.S.X : C’est en effet un angle de présentation de votre œuvre qui est intéressant ! Pourriez vous s’il ne vous en coûte pas trop, vous étendre plus longuement et plus personnellement cette fois, avec le verbe dont vous avez le secret, sur quelques points d’attitude à adopter dans l’œuvre afin que je puisse imprégner du feu qui est votre ces pages, mais cela, dans un langage plus exotérique afin qu’un lecteur qui ne vous aurait pas en face comme c’est mon cas, puisse obtenir quelques indications aussi claires que possible dès le départ ?

E.G.M : Avec plaisir mais à mes risques et périls de trahir mon œuvre, je crois néanmoins pouvoir accéder à votre requête, car, mieux vaut qu’une personne de plus comprenne alors que ces propos vont peut-être en perdre cent autres. Je m’y emploie donc. Un profil contemplatif-extatique et moral-ascétique, voilà les dispositions pour faire bon usage de cette œuvre. Néanmoins même si un lecteur est tout comme moi, un celte chrétien, ce n’est peut-être pas là sa voie car comme toute œuvre, elle peut pour une raison ou une autre avoir certaines limites. Si mon aimable lecteur trouve cependant cette disposition admirable, il peut pratiquer le magistère tout de même, même un temps, afin de devenir peu à peu ce que je décris. Mais si ce parfum ne lui convient pas ou plus alors je lui présente mes excuses et prie qu’il me pardonne : je voulais simplement lui rendre service, lui partager mon expérience, afin de l’aider à s’épanouir, à voir ce que j’ai vu. Qu’il s’écarte alors sans hésiter et sans regrets : bien de mes frères dont les branches sont plus proches de lui sauront lui offrir leurs lumières et lorsqu’elles resplendiront en lui, enfin devenues siennes à leurs justes places, je viendrais les contempler avec une l’admiration béate de l’ignorant !

En revanche s’il est chrétien, qu’il sache tout d’abord que dans cette œuvre, il faut séparer la passion de la conscience, car la passion englobe la conscience et la rend prisonnière. La conscience est parfaite en soi, mais la passion doit quant à elle être épurée car étant positionnée à l’extérieur, elle fusionne naturellement avec les objets. s’il est celte également qu’il sache encore que si elle est retournée vers le haut puis exaltée et qu’on la réincruste ensuite à l’intérieur l’esprit, elle se tourne vers l’intérieur et devient de la puissance qui met en branle la vitalité et anime la conscience. C’est cette rédemption par le feu, cette résurrection d’amour qui est cherchée.

Je vous prie de noter encore comme conseils que chaque discipline, astrologie, magie, alchimie, est le symbole et l’expression pratique d’une réalité occulte : théosophie, théurgie, hermétisme. On s’en sert pour manifester ses énergies intérieures et comme tremplin pour les rejoindre. Il ne faut pas les prendre pour les véritables pratiques ésotériques qui sont par nature cachées et peuvent se résumer à des choses très simples comme la compréhension du cercle et du triangle interpénétrés. Ce point est important car combien ici bas s’habillent des vêtements de l’ésotérisme en jouant avec les lumières de la lune, imitant l’ombre de Dieu dont ils n’ont pas éprouvé la gloire dans leur cœur ?

L’œuvre est parfaite et éternelle car elle donne les mécanismes universels. Chacun y verra les leviers qu’il veut y voir selon ses besoins. Celui qui croit expliquer toute l’œuvre n’entend pas que chaque auteur ne fait que parler de lui-même car l’objectivation mène à la subjectivation et inversement. Que chacun sache rester à sa place selon le point où sa conscience se forme : les rois qui s’assemblent dans le physique, les artistes qui s’assemblent dans l’astral, les philosophes dans le mental et que chacun exerce la vertu à son niveau : si le fractal est ordonné consciemment à tout les niveaux, c’est le paradis, car la perfection hermétique de l’œuvre est d’arriver à appliquer les mécanismes sur chaque plan simultanément et de devenir le vide agissant au-delà des parties considérées selon son point de vu, comme inertes.

13. I.S.X : Je prend consciencieusement note de tout ce que vous me dites. Puis-je vous demander de me dire maintenant, avec le même esprit, quelle orientation d’esprit et d’âme il faudrait qu’un lecteur prenne en priorité afin de suivre avec le moins d’erreurs possibles le magistère que vous décrivez avec tant d’ardeur ?

E.G.M : Fort bien, je poursuis donc sur cette lancée. Le point qu’il me semble important d’observer est qu’il est fondamental que le psychisme puisse naviguer et se situer sur l’échelle universelle et mesurer à quelle barreau de perception il se situe pour estimer la situation d’un objet, sans cela ce n’est point du raisonnement et mieux vaut dire qu’on est aveugle : on comparera ce qui n’est pas comparable et l’analogie échappera totalement ainsi que tout les sens dans lesquels comprendre cet ouvrage. Car si l’analogie échappe alors on ne peut comprendre l’interaction entre les éléments et aucune mise en relation n’est donc envisageable et encore moins une mémorisation mnémotechnique permettant de visualiser l’édifice en une fois, de l’extérieur en quelque sorte, ce qui donne alors le statut de véritable maître, but final de tout nos travaux. Si cela est fait en revanche, on développe une véritable flexibilité et une saine intelligence qui fait si défaut aux doctes et abonde chez les innocents. Il doit aussi en complémentarité, obtenir la grâce par le charisme, être capable de permuter les éléments de l’univers, d’en modifier la teinte et l’équilibre pour les observer sous toutes les modalités. C’est ici que le travail commence car on obtient les vrais ingrédients, ici aussi qu’il se termine. Armé de ces lentilles micro-, macro- et kaléidoscopiques, il pourra faire mouvoir les éléments grâce au vent et au feu en croix et en cercle simultanément, seul moyen de transvaser réellement la conscience d’un plan à l’autre, car celui qui possède la clef doit aussi la faire tourner dans la serrure pour faire ouvrir la porte, pour pouvoir s’extraire de la matrice et créer un cosmos.

Il est donc important de noter que les planètes sont autant de corps superposés à l’intérieur de soi et en évoluant, des couches s’ajoutent. Béni est celui dont le ☉ resplendit toujours alors qu’il est incarné jusqu’à ♄ : sa force est si pénétrante qu’elle met l’univers à genoux : peu gardent leur ☉, peu évoluent jusqu’à ♄, voilà le double problème qui ne trouve sa résolution que dans les deux à la fois.

Aussi, l’homme de la terre, fait mûrir un corps, puis des sentiment et développe enfin l’intellect. Si au lieu de se déchirer en essayant d’agrandir son esprit et d’éterniser son corps, il se repliait sur lui-même, amenant l’esprit vers le corps et le corps vers l’esprit, dissolvant en se croisant la coque pour révéler leur intérieur inversé, l’âme s’en nourrirait et rejaillirait sur ses deux frères pour les renforcer d’une si habile et naturelle manière que tout les efforts qu’il consentirent jusque là pour leurs objectifs ne seraient que petites broutilles. Poursuivant sur ce second point et en le transposant dans le temps nous dirions qu’à l’intérieur de soi, il y a un enfant qu’il faut éduquer : le nourrir de la bonne façon, lui apprendre les bonnes manières et ainsi il croît et nourrit son père, puis il devient père à son tour et c’est ainsi que l’on devient immortel : les générations multipliées des métaux produisent la régénération solaire unique, d’illuminations en illuminations. Transposé dans l’espace, nous dirions que comme dans toute chose impliquant une projection génératrice : une incarnation, une création d’univers ou lorsqu’on va à la rencontre d’autrui, on trace naturellement une ligne du plus subtil au plus épais mais on doit centrer sa conscience sur le moyeu de la roue pour créer la prochaine dimension, pour accomplir un acte. Le blé de la phase finale de l’œuvre pousse de cette façon, comme des fibres nerveuses. L’on doit projeter son image d’un cran pour devenir réel, d’un autre cran pour atteindre les autres. Ainsi seul le cran du milieu permet de créer la plus value. La meilleure place est donc celle du service, de l’intermédiaire, du sélectionneur, du distributeur du subtil et de l’épais. Celui qui se retient de jouir matériellement et psychiquement et qui résiste aux déchirement des forces contraires. Le vrai paradis est donc ce lieu qui paraît le plus transitoire et illusoire, à cheval entre l’absolu et le relatif, que l’on peut nommer la place du prochain absolu, lieu paradoxal du tribunal, centre des portes : la fusion entre la roue et le monde.

Mais Dieu lui, ne se ressent pas, ne se pense pas, il se pressent et s’intuitionne, frôlé, à un cheveu de l’obtenir, c’est là, ni après ni avant, ni en bas, ni en haut, ni avec ni sans, tout ensemble, il est comme une peur positive, un choc momentané, une subjugation, la concentration dans l’oubli, dans la concentration dans l’oubli, où l’exclamation et l’interrogation se mêlent, figées dans l’éternité que l’on doit faire durer, MAINTENANT BOIS-LE ! Rendre la vue aux aveugles, tel est l’objet de ce livre car en l’Homme pousse le pressentiment apocalyptique, jusqu’à l’avènement du grand craquement qui fait accoucher le cosmos dans une symphonie libératrice : mourir en soi-même avant l’heure de la mort pour une seconde naissance, être initié à l’obscur mystère de son âme sœur, être sage de son vivant, bandant son arc, pour enfin recevoir les cadeaux du roi des fées la nuit venue. Résolument, aucun Homme ne peut survivre au magistère, mot de mort, mot de vie. Chacun voudra et pourra exalter les trois angles les plus élevés : le premier car il est le plus concret, le second car il est plus au centre et le dernier car il est le plus élevé. Le meilleur est celui qui participe des trois par l’intervention de l’invisible quatrième. Montrant le carrefour des trois voies qui n’en font qu’une, et cette une ne fait qu’un avec les trois voies, expliquant le mystère de la croix et les trois voies menant à Dieu, opérées simultanément. Faites moi confiance et pardonnez-moi s’il le faut : Si j’en dis trop, ce ne serait pas fertile, si je n’en dis pas assez je ne plante aucune graine, je pense bon de m’arrêter là !

14. I.S.X : Je comprend votre position, néanmoins pour compléter mes notes sur vos ajouts personnels à propos du magistère, j’ai besoin que vous m’entreteniez plus précisément sur la pratique.

E.G.M : Je finirais donc sur ce point, afin de faire honneur à votre intention, je vous prie de bien vouloir le noter comme je vais vous l’exprimer - en m’adressant directement au futur lecteur - afin que le feu que vous recopiez ici se transmette plus aisément dans ces mots. Je vais faire en sorte d’en dire le plus possible en y mettant toute ma passion afin qu’elle traverse l’espace et le temps. Me voila.

Tout le début de la pratique de cette science est de savoir tirer la quintessence des forces de la terre et de la fusionner avec une matière qui n’est pas la sienne : la pierre vile est cuite et devient de plus en plus légère, flottant, voyageant dans l’attirail jusqu’à se fixer, pourpre, au sommet.

Écoute moi lecteur curieux de l’opération : que l’appétence de tes instincts les plus vils soient portés sur les plus hautes vertus, ainsi même au plus bas des enfers, tu rebondiras avec grâce et vélocité, vers le plus haut des empyrées : Le vide non rempli par la foi est rempli par Satan mais en exaltant le serpent de vives vertus, il se recroqueville sur lui-même une fois arrivé au ciel, se nourrissant de forces célestes pour revenir en terre, attirant la part opposée, ouranienne, puis s’enfonçant plus profondément encore dans le labyrinthe. La vertu est la terre nourricière et la base même de toute œuvre. Ce qui n’est pas édifié sur la vertu mène à l’impasse car sans ce fil d’Ariane le serpent s’hypnotise lui-même par les reflets symboliques projetés depuis sa propre conscience. Plus profondément tu vas dans le labyrinthe, plus la lumière de ta vertu doit t’éclairer.

Mais tu ne doit pas omettre de planter la lance divine dans la racine du mystère de la gorge barrée, voie vers l’inconditionné. Voilà alors ce que tu ressentira sur la croix : le respect pour ton âme-sœur sera si fort, qu’il te poussera à vouloir la posséder, abolissant même le désir et l’amour comme d’inférieures manifestations de ta turbulente ardeur divine. Que les vivants se lèvent !

Car le degré supérieur de la doctrine est ainsi : lorsque les symboles émanent de toi comme la manifestation de ta théologie intérieure (ne brûle pas les étapes), étouffe les à l’intérieur de toi-même afin qu’ils ne se manifestent pas, mais plutôt que tu puisses les ouvrir en ton for, en extraire la puissance transformative afin de faire mûrir le blé. Si tu laisses les symboles s’échapper et que tu te laisses happer par leurs beaux reflets, tu spéculeras, mais si tu sais les avaler dans ton fertile néant, alors ils seront comme un sperme pour ton âme accouchante. Ce n’est qu’en les oubliant en toi-même, qu’ils traversent l’abîme de ta gorge et se formulent véritablement selon le flux. (Si une étape t’es inconnue, demeure nébuleuse, aide toi de ce livre, répète sans cesse les arcanes que tu as appris, ne t’arrêtes surtout par en route : perce et pénètre, désire toujours plus de lumière, car tu es sous terre : tu verras les graines plantées, arrosées par pluie et soleil mûrir en toi : te montrer la voie ! Car tout est lié, aucune opération n’est déliée, car c’est une seule et même opération !)

Ensuite et enfin lorsque la valkyrie vient te chercher dans ton temps relatif, elle, sagesse de ton archétypale éternité et que devant le juge tu arrives, applique bien ces conseils : voulant t’envoyer en haut vers le jardin d’éternité ou en bas vers les labyrinthes des pleurs, montre-lui ce que tu as appris, danse, tournoie autour de son trône, fusionne-toi dans ce grand être avec précaution et résolution, écroulant sur toi-même la nature cosmique de l’univers.

Dis toi : "Mon Père, rien de l’ancien moi ne subsistera, je ne serais plus qu’un feu de lumière dévorant t’entourant, véhicule passionné universellement pénétré par ta très sainte conscience salvatrice, parce que je veux le jugement du Christ ainsi que l’amère miséricorde de ma mère et de mon ami, n’interfère pas avec ma fusion ! Donne moi les runes pour l’amenti ! Fais moi admirer debout !"

Je te l’ordonne ! Résiste à cette extase : ne pas entrer en son jardin, ne pas jouir de lui, mais garder la porte, devenir un jugement vivant possédant le verbe : c’est sur les murs de sa citadelle que se lit son hermétisme, que nous pouvons comprendre ses hiéroglyphes. Oui, le plus grand honneur, est de garder le jardin : contemplant l’ascèse héroïque, je laisse les travées du chœur aux fidèles. Je garde le point entre les portes et le narthex et demande : es-tu sincère ? Dieu est inatteignable, mais le plus extérieur est le plus intérieur : plus petit je suis, plus à ma mort je ne ferais qu’un avec lui.

Vivant cela, tu seras alors l’avant-garde d’une humanité régénérée qui devra remonter le cycle ferreux dans lequel nous sommes tombés, par la voie contraire, complémentaire, supplémentaire, paradoxale, synthétique ! Et ce n’est qu’a la fin des temps, quant tous seront entrés, que dernier tu devras pénétrer avec ta lance victorieuse plantée au flanc, sperme de l’univers, plein de puissance vitale, capable comme jadis, tu as dévoré le soleil ! Plein de sagesse éternelle comme demain, tu t’es tatoué de terre ! Dans l’ovule, terriblement divine ! Tu sens maintenant ce que cela signifie ?

C’est ton instinct purifié qui fusionnera avec la vie, mettant à genoux la vérité et la liberté ! Met ton œil dans le fractal, ta langue dans la matrice, immense Homme, petite chose ! Verticalement identique, horizontalement identique !? Tu vois, tu vois ce que tu es ?!

Le noble, le regard enflammé, attrape la plume du moine et dessine à la hâte un symbole avant de retendre la dite plume à son scribe honoraire.

Comme deux serpents enlacés, par ce signe triple qui ne fait ici qu’un, toute magie sera à toi ! Avec ce livre, le voici, éclot, tu peux en comprendre le sens suprême gisant dans les trois portes !

Dionysos joue de la lyre, Apollon bois à la coupe ! Quelle douleur est-ce pour toi que de devoir vomir tes poésies, de devoir arracher ce qui est au ciel et le planter en terre. Lorsque tout confus du miel divin dans ta bouche, tu viens l’offrir aux incarnés. Les deux flammes dansent autour de l’axe, comme deux fouets qui claquent, deux langues de feu léchant et pénétrant la sphère intérieure. Tous aimés équanimement pour le Dieu en eux, tels l’argent ils sont aimés, aimés viscéralement avec passion, tel l’or ils sont aimés, aimé jusque dans la chaire avec fusion, tel le diamant l’aimé est adoré. Alors le tout est de retrouver la route qui relie sa fleur à son étoile, de se faire happer par ce continuum, de prendre ce portail : nul ne danse sur la mélodie d’un autre. Certains sont actifs, d’autres passifs, la voie de certains est de suivre d’autres, mais aucun ne danse comme eux car tous ne sont ni l’un ni l’autre. Par en haut, la voie des poils, en bas les écailles, au milieu les plumes : tout est placé sur la peau. C’est une question de se soumettre à la loi et c’est une question de tracer sa propre voie !

Le noble, ouvre un petit sachet en sort plusieurs galets gravés et les pose sur la table dans un ordre précis :

Les sept méthodes mises bout à bout, donnent le grand maillage suprême : ouvre la voie parfaite, le grand portail et nul ne saurait s’y opposer ! Avec cette succession, on recrée l’Homme : minéral, végétal et animal à la suite, comme Dieu le fit, avec des instruments analogues à ceux de la nature : la pierre est une graine qui respire sous terre, elle transpire et laisse sa sueur, qui prend racine en bas et jusqu’au centre enflammé de la terre, ainsi ce qui pousse est un végétal et non un feu destructeur. Cet arbre fait pousser des branches horizontales qui respirent de l’air, attirent la matière dans l’arbre pour former cet agneau qui est sacrifié pour devenir Homme, seul apte à respirer le feu à l’intérieur de lui-même, à l’émaner pour qu’une fois condensé, il soit un nouveau limon.

Avec une respiration régulière, accordée au rythme de la nature mais dont la focalisation directionnelle est à chaque fois opposée, on renforce la matrice : elle se développe de manière harmonieuse. Mais elle demande attention et soin, effort à chaque fois renouvelé pour combattre la tendance naturelle à l’effondrement sur soi et pour combattre celle qui se complaît dans l’unidirectionnalité. Tant d’avortements, de fœtus imparfaits, qui peuvent être contrecarrés par l’art.

Car il est vrai que le plus grand magicien est celui qui parvient à faire entrer les plumes du paon dans l’écaille de la tortue, dans un sens et l’autre, l’un devant l’autre. Une fois de l’autre coté, il a accès aux causes de la vitalité du monde et peut les manipuler grâce à la vérité et à la liberté. Il devient une puissance magique pure : un corps d’extase étant sperme sans jouissance, information pure qui fait pencher la nature entière, son plaisir fusionne avec le tout, sa volonté reste enclose, irradie, il est fait de vide magique, de magie pure, début et fin : il est la magie, la pure télépsychie ! Le moment de l’efficience est un ricanement, le moment où la volonté clignote avec l’ignorance, quand agir ne fait qu’un avec l’inaction, entre les deux paumes des mains jointes dans la prière verbo-magistérique ! Dans le soleil ! Lumière, foudre, feu ! Oui, dans la fine brèche, se cache le levier de puissance, absurdité logique, éclatante vérité cosmique !

15. I.S.X : Je vous remercie beaucoup pour ces douces paroles et je note tout ceci avec soin à l’adresse d’un futur lecteur qui voudra approcher au plus près l’aimable auteur de ce petit opus. Mais dites moi encore, monsieur, s’il vous plaît : en définitive, le magistère est-il simple à accomplir ?

E.G.M : Bien entendu : Il l’est variablement. Une fois le récipient prêt, le reste coule assurément de source si peu qu’on possède quelque sensibilité ou intellect, mais je me permet de vous dire que d’après ce que j’ai du endurer, chaque phase hormis la dernière est plus compliquée et mystérieuse que la précédente et sanctionne ainsi la gnose offerte par Dieu. L’une des difficultés, à mon avis, n’est pas tant de découvrir des fragments de l’opération mais de la dévoiler entièrement et surtout de la remettre dans l’ordre naturel.

Je vous dirais encore monsieur, que chaque étape, d’autant plus si elles sont exécutées dans l’ordre, offre son lot de pouvoirs et d’obstacles. Je prie sincèrement pour qu’a chaque phase, aucune spirale n’emporte quelque opérateur, mais aussi qu’il ose faire assez de détours afin d’obtenir la sagesse suffisante pour employer sa poudre à bon effet. S’il devait échouer à des phases de plus en plus élevées, le danger serait plus grand, car de plus haut il retomberait et toute la puissance qu’il a accumulée se retournerait contre lui : ses anges deviennent ses démons car par les portes qu’on lui a ouvertes, déferlerait les limbes qui l’entoureraient alors. Avec l’expérience doit venir la sagesse et la prudence de celui qui maîtrise son œuvre, mais aussi la persévérance qui apportée par la passion, ne doit jamais quitter celui qui ferait une erreur. Ce sont là, les seules vraies difficultés : une affaire de disposition intérieure, de capacité à la lucidité et à la contrition. Bien qu’elles soient simples à formuler, ces difficultés sont les plus mortelles pour la réussite du magistère !

16. I.S.X : C’est limpide. Puis-je vous redemander en quelques mots quelles sont les erreurs dont il faut se prémunir ?

E.G.M : J’en suis assurément honoré. Tout d’abord il ne faut pas entendre les propos des philosophes autrement que par allégories ni ne pas faire de ces allégories des réalités vivantes. Secondement il est inutile de poursuivre quelque œuvre sans être pieux. Troisièmement il est vain de construire des systèmes sur des idées non éprouvées : on dit "je ne sais pas". Il faut encore un esprit très ouvert, une âme intransigeante en Dieu, un corps à la mesure de ces deux choses. Tout manquement à ces préceptes conduit inéluctablement à l’échec.

Autrement dit, il est inutile de poursuivre le magistère sans avoir l’âme d’un enfant, inutile de le poursuivre dans le but d’obtenir autre chose que l’approbation de Dieu (Louée soit son omniprésence), inutile de le poursuivre si on le fait en dilettante sans y focaliser toutes ses ressources, dut-on en périr. Les erreurs principales à ne pas produire durant l’opération sont dans l’ordre : de mêler la terre à l’eau, car le récipient doit être très compact ; le feu ensuite, doit être modéré, sinon il ébrèche le récipient ; Par suite, on doit luter ce dernier afin que le parfum ne s’enfuit pas dans l’univers.

Et en vérité entendez : seul le manque d’amour est l’obstacle véritable empêchant la compréhension réelle et l’application efficiente du magistère : il faut s’éloigner de la lettre morte qui de sa raideur assèche le cœur et enfin mène à l’arrogance, qui est le pire de tout les maux car il enfonce l’être dans l’illusion. Sans sincérité, humilité et humour, tout est vain car on manque alors de rectitude, d’équilibre et d’intensité : on doit rechercher seulement la sagesse de l’esprit, la bonté de l’âme et la bravoure du corps, le reste n’est que copeaux. Le magistère est de l’intérieur, tout objet extérieur, expérience, livre ou discours n’est qu’un reflet et outil qui montre la voie. Je vous en prie, écoutez ma sévérité pour l’amour de Dieu : toute argumentation contraire à ce que je viens d’exposer est vaine, prétentieuse, assurément fausse et vient d’un esprit dérangé et d’une âme décadente qu’il faut prendre sincèrement en pitié car ses interprétations simplistes et torturées le font courir indéfiniment sur une roue angoissante… prions Dieu (louée soit son omniscience) qu’il l’en libère ! Et si un Homme devait se sentir médiocre ou peu privilégié, qu’il n’hésite pas à prier : je peux vous assurer que Dieu (louée soit son omnipotence) ne saurait jamais abandonner l’Homme qui l’appelant au bout de ses forces, pleure sincèrement sur son impuissance et son malheur.

17. I.S.X : Je vois. J’aimerais enfin vous demander si tout ici a été dit et si vous pouvez en ajouter plus ?

E.G.M : Une chose alors. Chacune des parties du magistère dont j’ai parlé pourrait sans doute remplir un livre entier si je devais les détailler avec exhaustivité ou donner les trop nombreuses méthodes permettant de les approfondir et qui s’adapteraient à chaque tempérament et chaque niveau. Que reste-il lorsque sont produits les anges, les loups et les corbeaux, qu’est-ce qui les tiens unis autour du trône vide, de l’arbre infini ? Où va cette véritable lumière lorsqu’ils ne la retiennent plus ? Bien que ce fut en l’adaptant à notre époque, de manière cohérente et en allant le plus possible au cœur des choses, je n’ai ici évoqué qu’une forme possible et générale des opérations du magistère en faisant en sorte de superposer trois clichés en mouvement de l’appareil et ses opérations à des stades significatifs de son évolution.

Est-ce néanmoins nécessaire d’en dire plus ? Trop en dire pourrait peut-être nuire au propos : l’aventure symbolique qui est propre à chacun doit assurément se vivre intérieurement et personnellement. Sans cela, quelle magie peut opérer ? Je vous prie de me croire : ce n’est pas l’heure du secret et ça ne l’a jamais été et c’est pour cette raison que tout dans cet ouvrage, du symbole de couverture aux pages de titres et de fin, des différentes parties, paragraphes ou illustrations qui le composent et jusque dans un seul et même propos, aussi dans la typographie, le ton employé et l’ordre des textes, pour tout ceci, il ne s’agit que d’une répétition inlassable et fractale du magistère ou d’une de ses parties afin que sa véritable forme spirituelle puisse par ce canal s’infiltrer dans la faille qui conviendra à chacun et qu’enfin il deviennent vivant dans celui qui parcourt ses pages pour qu’il puisse le comprendre entier dans son essence et ses manifestations.

J’ai lu les symboles de la nature divine et chanté les légendes humaines pour obtenir cette éternelle sagesse : j’ai frappé et on m’a ouvert, l’inspiration se révèle aux justes, se voile aux égoïstes. Plut à Dieu que les signes me fument révélés et que je fus accueilli dans l’honorable fraternité invisible des véritables hiérophantes.

18. I.S.X : Je vous remercie d’avoir ainsi partagé avec moi votre essence et c’est un honneur pour moi que vous m’ayez ainsi accordé votre confiance. Soyez certain que j’en ferais un usage dans le seul but de plaire à Dieu ainsi que vous l’avez si justement recommandé !

E.G.M : Je vous remercie quant à moi de vous être intéressé à mon propos, j’espère de tout cœur qu’ils vous sera utile et vous rapprochera du Saint-Esprit. Je serais par ailleurs fort aise si vous vouliez bien à votre tour partager avec mon humble personne quelque arcane dont vous avez le secret.

19. I.S.X : Assurément monsieur, mais une prochaine fois. Pour l’heure, remettons nous en route : nous avons encore du chemin à faire jusqu’à la prochaine étape.

E.G.M : Jusqu’à ce que Dieu décide que l’heure de nous séparer est venue, je vous suis avec joie : la médecine ne saurait s’opposer à sa volonté puisqu’elle l’accompagne !

Le soleil à présent entré dans le salon, les deux hommes qui paraissent être des compagnons de voyage sortent de l’auberge, le moine accroche avec précaution son livre à sa ceinture. Il est écrit un long titre sur sa couverture (Le Théâtre du miroir de Zagreus), suivit de trois symboles, le texte semble commencer tout de suite après.


Les Envoyés d’Ahura Mazda

separateur

II.
Le Théâtre du miroir de Zagreus
Ou l’œil chaviré, afin de devenir acteur hypostatique dans la θεωρία du magistère, un ཡི་དམ་ sans reflet.

MACROCOSMUS THEORICUS - MESOCOSMUS CATHOLICUS - MICROCOSMUS PRACTICUS

— Grimoire de l’identification à l’archétype supérieur revoilé tel que la psychologie la comprend —

Mon frère. Voici une technique magique simple à entendre, puissante à divers degrés et plaisante dans l’absolu qui te sera utile tout au long de ton cheminement et qui est une chaire complémentaire très habile du magistère alors conçu comme un squelette. Que ארבעתאל soit remercié de me l’avoir enseigné en me révélant à un jeune âge les secrets des deux opérations fondamentales ZI et US.

Cette chaire pourra te servir d’interface vivante entre toi et la loi éternelle, te permettant ainsi d’adoucir sa compréhension et son intégration, manifester transitoirement ses arcanes et finalement à terme, faire un golem tel Ganymède.

L’idéal est de comprendre et pratiquer d’abord le magistère avant de compléter ensuite ce dernier avec cette technique. Mais si le magistère te semble trop dogmatique ou incompréhensible commence alors par celle-ci, avec tous les risques que cela comporte : je te fournis ici un mode de locomotion mais pas de carte, tu devras donc faire le chemin seul : je souhaite que si tel est le cas, tu trouves un meilleur chemin que moi !

A. Construction et animation de la marionnette céleste.

1.1. Tout d’abord, imagine-toi dans une forme symbolique. Prend comme point de référence tes caractéristiques tant émotionnelles que mentales, tes peurs, tes désirs, tes conceptions, ta volonté, tout ce qui peut te définir en tant qu’être et cela bien sur, adapté à ta culture et à tes goûts. L’objectif étant de créer une métaphorisation ordonnée de ton univers intérieur.

1.2. Tu peux prendre toute apparence que tu désires, indépendamment de la race, du type, du sexe, de l’âge, tu peux même devenir un objet artificiel ou naturel, comme un château, un bateau ou une île. Tu peux en outre l’agrémenter des éléments qui te sembleront convenables : objets, environnement, entourage (voir société et univers entier) et même compétences ou métier, histoire personnelle et personnalité, en somme tu peux enrichir cette vision tant que tu le veux du moment que chaque élément a une signification pour toi et demeure en rapport avec ton être. Je ne vais pas m’étendre en énumération, les possibilités étant vastes telle l’imagination. Il est préférable d’octroyer à ce qui est maintenant un personnage métaphorique de toi-même, un nom et un symbole.

1.3.1. Évidemment, plus tu seras fin connaisseur de toi-même, plus ce personnage sera détaillé et les différents éléments auront une justification complexe et pertinente et seront ainsi chargés d’un impact animique considérable sur ton propre psychisme, créant ainsi une sympathie naturelle avec lui. Plus la marionnette sera animée, c’est à dire chargée de sens, plus grande sera ta connexion et ta foi en elle, plus grande sera alors sa puissance.

Bien évidemment avoir un sens réel est différent d’un sens fantasmé : tu devras toujours chercher la vérité si tu comptes avoir une marionnette puissante. Il est aussi bien évident que ce golem doit évoluer avec ton psychisme, il serait dès lors inconcevable qu’un évènement ayant eu un grand impact dans ta vie ne se reflète pas d’une manière ou d’une autre sur ce personnage.

1.3.2. Toute la difficulté est de savoir marier dans cette projection analogique de toi-même, réalisme et idéalisme, regrets et aspirations, en somme faire cohabiter harmonieusement ce que tu penses être (Ce qui doit être le plus proche possible avec ce que tu es vraiment) avec ce que tu aimerais être (Ce qui doit être le plus proche possible avec ce que tu dois devenir selon que Dieu l’ordonne).

De plus, mieux vaut une représentation simple et efficace qu’une représentation complexe mais inexacte : prend les mois ou les années qu’il te faut pour le rectifier et l’enrichir, l’enrichir de simplicité si cela s’avérait pertinent pour le sens.

C’est comme peindre un tableau de pied en cap de toi-même avec une peinture brillante d’une grande intensité sur du verre liquide mouvant et de différentes formes qui varient en concavité et en convexité selon la justesse de tes perceptions.

1.4.1. Afin de renforcer plus encore cette sympathie que tu as avec ce personnage, il faut lui adjoindre des éléments plus complexes déjà évoqués : un contexte, un entourage et une histoire, toujours dans le cadre de cette correspondance symbolique avec ton psychisme.

Afin que les éléments résonnent d’autant plus avec toi, tu peux utiliser des univers qui te sont les plus chers, néanmoins les éléments déjà chargés par d’autres et surtout ceux chargés par Dieu sont les plus puissants. Pourtant, si tu n’as pas peur, mieux vaut vibrer fortement avec un élément peu chargé que vibrer lentement avec un élément bien chargé (un équilibre est toujours plus ou moins recommandé). Tu verras plus loin que tu devras néanmoins te superposer peu à peu a la volonté de Dieu.

1.4.1.1. Sache néanmoins et sans mésestimer le mérite des univers religieux ou imaginaires qui s’avèrent très efficaces si on sait trouver un nichoir adéquat, que tel ou tel univers, en contrepartie des forces qu’il fournit, à tendance à lisser à son diapason avec plus ou moins de force tout ceux qui s’y relient. Le mieux reste comme à l’accoutumée le juste milieu : d’avoir la capacité de créer une bonne dose de ses propres référents dans un univers qui te fasse vibrer et soit fiable intentionnellement et de les relier ensuite le mieux possible à l’universel de façon à éviter le plus possible les intermédiaires : sache profiter des courants mais défriche ta propre voie.

1.4.2. Tu peux ainsi visualiser ton personnage durant des évènements de sa vie, de la même manière qu’un enfant ou un romancier imagine une histoire. Plus cette histoire sera entretenue longtemps, imaginée intensément, avec émotion et avec gestes, plus le lien en sera renforcé. Il faut en somme, faire autant qu’il se peut, œuvre d’acteur de théâtre, une identification à la première personne est plus adéquate mais dans la mesure où tout l’univers du personnage ne représente que ton psychisme, une focalisation extérieure est également envisageable si cela à ta préférence pour quelque raison que ce soit.

1.4.3. L’imagination utilisée avant l’endormissement et au réveil, pendant une activité physique ou contemplative offre de bons résultats, des adjuvants doux passant par les sens externes comme les oreilles, les yeux ou la peau sont des compagnons précieux et des adjuvants violents passant par les sens internes comme la bouche et le nez sont des alliés puissants mais dangereux.

D’une manière générale, il y a deux axes à observer : une régularité technique et une envie spontanée. Le suprême s’atteint par l’alliance des deux : ne force ni l’un ni l’autre sinon tu vas épuiser son contraire : une pratique anarchique sincère est bien meilleure qu’une pratique régulière mécanique. Essaie de pratiquer au minimum une fois par semaine, si possible toujours au même moment. Note aussi que cette pratique se cumule élégamment avec n’importe quelle pratique spirituelle sauf celles allant en sens contraire de ses éléments moraux ou techniques. Ces considérations évoquées en 1.4.3 sont en outre aussi valable pour le magistère.

B. Modification des masques.

1.1. Lorsqu’un lien est maintenu d’une manière qui te semblera correcte, le personnage sera pour toi tel une dagyde impalpable, proto-consciente et proto-autonome : ce qui est fait sur lui est fait sur toi et inversement. Bien que ce soit possible je te déconseille de dissocier le personnage de ton corps physique pour accomplir quelque action, garde le plutôt auprès ou dedans toi comme un miroir dans lequel tu peux t’observer et une sculpture de glaise que tu peux modeler à ta guise. Il sera ainsi identifié à tous les niveaux, tant objectifs que subjectifs, lié analogiquement par ses qualités et son apparence, lié linéairement par sa position spatiale.

1.2. Si le personnage s’avère suffisamment lié et que ton psychisme est assez passif, tu pourras observer des modifications automatiques du personnage (et de son univers) relativement à tes propres modifications psychiques et ainsi t’en servir comme oracle. Tu gardes ainsi un œil sur l’état actuel de ton psychisme et son évolution probable.

1.2.1. Note bien que si le personnage réagit trop rapidement comparativement à des sentiments transitoires (par exemple il est en colère quand tu es en colère ou il a faim quand tu as faim) c’est que tu ne l’as pas assez lié à des métaphores mais trop à ton être tel qu’il est linéairement et dans ce cas, ça n’a presque aucun intérêt opératif sinon dans un cadre que nous t’avons par ailleurs déconseillé en II.1.1. et augmente en sus le risque de rencontrer les problèmes évoqués en III.1.2 et III.1.3..

1.3. Si le personnage s’avère suffisamment lié et que ton psychisme est assez actif, tu pourras le modifier (lui et son univers) de façon à te modifier toi-même par rétroaction. Tu possède ainsi un moyen efficace de t’améliorer ainsi que tu le désires. Sois néanmoins très prudent : les règles que tu as utilisé pour le créer sont toujours les mêmes que quand tu le modifie : cela se fait par des liens analogiques et non logiques. La maîtrise de cette langue est donc indispensable, mais rien ne vaut l’expérimentation à petite dose et l’observation minutieuse du comportement électrique dansant dans le verre comme décrite en II.1.2..

1.3.1. Ces modifications sont une aide appréciable mais ne peuvent a moyen terme remplacer l’effort de volonté et leur efficacité est soumis à plusieurs facteurs, ne l’oublie pas sinon tu ne deviendras qu’un vain affabulateur, persuadé de choses qui n’existent pas concrètement alors que tu n’as fais que construire une route belle et pratique sur laquelle tu n’avances pas. Néanmoins avec de l’entraînement tu verras que c’est malgré tout la clef opérative qu’il te manquait pour produire de véritables résultats : gesticuler sans baliser est presque aussi inutile qu’une épée sans son fourreau ou un escrimeur sans son épée.

1.4.1. Maintenant et c’est enfin là le plus intéressant comme annoncé en I.1.4.2. : le chef d’œuvre consiste à incorporer petit à petit dans ton personnage une direction de plus en plus verticale à son évolution de manière à ce que ton propre psychisme inférieur s’en serve comme tuteur. Ainsi, même si en somme tu ne dois ajouter que Dieu à l’intérieur du personnage pour l’y conformer peu à peu puis t’y conformer, il est habile, prudent et efficace au départ d’ajouter des petites doses de désirs de qualités approchant Dieu.

1.4.2. Nous pouvons résumer ces masques par intensité, sincérité et grâce dans leur extrême matérialisé et Liberté, Vérité et Vie dans leur extrême spiritualité. Selon tes besoins tu peux demander toutes les qualités qui sont comprises entre ces deux trinités en interchangeant les masques avec sagesse. Si ces masques te paraissent trop froids n’hésite pas à leur donner la forme symbolique qui te semblera la plus adéquate : en vérité ils seront d’autant plus efficaces. Ajoutant de ta propre volonté des masques divins à la marionnette, cette dernière se conformera alors structurellement à Dieu : dans le reflet tu verras alors les commandements de Dieu appliqués à ton être métaphorisé que tu pourras alors transférer à ton psychisme : cet homoncule d’argent est fait selon la nature et renvoie à tes entrailles la lumière du soleil pour qu’il en sorte tes plantes qui à leur tour orneront l’homoncule. Voilà une voie harmonieuse dont tu peux maintenant régler l’intensité à ta guise.

1.4.3. Si tu m’as bien compris je t’ai donné la technique mais je ne saurais malgré mes tentatives faire de toi un artiste, il faudrait que tu puisses mimer plus ou moins longtemps un ami proche de toi et avancé dans la voie : mes explications pourraient à l’écrit faire des milliers de pages que tu pourrais ne pas avoir le déclic. C’est à toi de trouver ton propre chemin, ton individuation qui est parfaitement unique, chère à mon cœur. Sachant cela, sois patient, tu as beaucoup de temps devant toi, tu n’es pas en retard puisque rien ne te mesure : apprend à maîtriser ton instrument, fais du temps ton allié, flâne un peu, apprend à laisser la nature te pénétrer, occupe toi de ceux que tu aimes, garde foi en Dieu et en toi, et tu pourras ensuite réaliser de grandes choses, tu as ma parole !

C. Dangers et observations diverses.

1.1. Bien que le personnage créé soit entièrement dépendant et sous le contrôle de son créateur puisqu’il n’est en essence qu’une partie de lui-même et en fonction qu’un miroir traversé par une tension électrique, il peut entraîner sur le psychisme des dégâts plus ou moins graves si ce dernier n’a pas les qualités suffisantes de résistance et de flexibilité ou si l’utilisateur à une mauvaise compréhension des mécanismes en place.

1.2. Utilisez ainsi cette technique avec une extrême prudence si vous êtes une personne peu assurée dans la maîtrise de ses émotions, trop impressionnable ou trop fragile psychologiquement (notamment le type schizophrène ou bien borderline) : dans tout les cas dissolvez le golem déjà créé et pacifiez votre appareil psychique avant toute manipulation. Deux types d’erreurs, potentiellement cumulatives (dégénérant alors en psychose), se rencontrent le plus souvent et peuvent intervenir à n’importe quel moment de la pratique bien qu’échouer à un stade avancé à nécessairement des répercussions plus spectaculaires, surtout pour l’entourage.

1.3. Premier type : le personnage crée envahit en quelque sorte le psychisme de l’utilisateur de manière passive car l’identification est alors trop forte au niveau émotionnel au détriment du mental : cela peut soit empêcher le personnage d’évoluer de manière suffisamment significative ce qui a pour effet de faire stagner le psychisme entraînant une dépression, soit engendrant une mégalomanie due à l’excitation des forces traversant le psychisme et à une comparaison dépréciative entre le personnage et le psychisme, l’un et l’autre pôle étant lié.

Comme évoqué en II.1.2. cela est souvent du à un manque d’esprit d’abstraction et à une incapacité à utiliser convenablement les métaphores : l’esprit astral que doit être l’homoncule est alors enchaîné à la terre, se confondant alors avec la force vitale terrestre de l’opérateur. L’opération est dans ce cas pervertie et ne devient plus qu’une sœur imprudente de l’auto-persuasion.

1.4. Second type : le personnage crée envahit en quelque sorte le psychisme de l’utilisateur de manière active car l’identification est alors trop forte au niveau mental au détriment de l’émotionnel : cela peut entraîner le personnage à évoluer trop rapidement, ce qui peut rendre les interactions avec lui inopérantes. Cette forme d’erreur peut faire dégénérer ensuite l’homoncule de manière anarchique et persuadant alors l’utilisateur qu’il s’est retourné contre son psychisme ou qu’il en est du moins séparé entraînant dans ses cas les plus sévères une paranoïa pouvant dégénérer en dissociation psychique.

Ceci est rappelons le faux, puisqu’en définitive le golem n’est qu’une partie de la conscience que l’on a objectivé afin d’en faire une interface entre ce qui est connu et inconnu. Ce sentiment n’est qu’une mauvaise interprétation entretenue d’un signal de danger envoyé par le psychisme pour signifier qu’une de ses parties dégénère de manière irrationnelle : le psychisme a du mal à garder le sens des réalités et se laisse emporter par une subjectivité débridée.

2.1. Cette technique est un retournement conscient et actif d’un mécanisme naturel et passif de la nature humaine qui se tourne volontiers vers l’identification et la mimétique des êtres, des objets et des idées qu’elle perçoit, et ce en proportions diverses selon l’âge du sujet concerné. Ce mécanisme qui agit comme un moule permet au psychisme de changer, en bien ou en mal et beaucoup des Humains emploient sa contrepartie plus ou moins consciemment et plus ou moins par intermittence.

En outre, les initiations personnelles de la vie ou celles organisées par des sociétés ou organisations se donnent pour but de renforcer le lien avec le personnage ou de le mouler selon une forme plus ou moins exacte vis à vis de Dieu, en faisant vivre plus ou moins brutalement et par le biais du corps, l’âme ou l’esprit, des contenus relatifs à tel ou tel univers. Tout système tentant de corrompre le lien ou de mouler une forme contre-nature peut être considéré comme inopérant et dangereux car leur but conscient ou non, fréquemment paré de bonnes intentions, est de voler et soumettre l’exhalaison de l’âme de leur cible. Le personnage est destiné à être un vêtement de gloire pour le daïmon : descendu au plus bas, il ne saurait empêcher aucune montée.

2.1.1. Bien des troubles psychiques sont dues à une utilisation anarchique et inconsciente de ce double. Lorsque le double dégénère à un tel point que l’opérateur se persuade qu’il en est irrémédiablement déconnecté, il peut être possédé par un psychisme tiers et c’est là où la maladie psychique subjective s’aggrave en possession objective : il faut alors purifier la partie infectée, la dissoudre et la restituer à son possesseur original.

2.2. Ces deux aspects d’une même réalité sont à plus haut niveau en relation complémentaire : l’extérieur nourrit l’intérieur et l’intérieur nourrit l’extérieur dans un mouvement respiratoire constant. Le but final de l’opération - comme de toutes les choses en ce monde par ailleurs - est d’arriver à s’approprier la conscience pleine et entière de cette technique puis de pousser sa maîtrise afin qu’elle devienne elle aussi naturelle.

3.1. Comme un lien fonctionnel existe entre l’opérateur et le personnage, nous te recommandons vivement de garder au moins son nom (l’emploi de pseudonymes reste une option possible pour le protéger) voir son symbole secret. Au moyen terme, le golem te servira de bouclier, se superposant à ton identité civile, au long terme, une fois conformé à Dieu, le golem est de toutes façons inatteignable par toute action belliqueuse puisqu’il est gravé par le véritable nom que Dieu t’a octroyé, ce dernier étant par essence incorruptible.

Il est possible de se créer une multiplicité de personnages mais ce n’est pas conseillé car moins pratique et pertinent : dès que possible, fais en sorte de les fusionner en une seule entité, même si elle devait être chimérique.

3.2. Si l’homoncule venait à être blessé de telle manière qu’il ne cicatrise pas ou malade à tel point qu’il ne peut récupérer, chose qui ne peuvent arriver qu’a cause des failles de celui qui l’a généré, je te conseille d’amputer la partie altérée : si tu es bien habile et que la partie est tranchée nette, elle régénérera sans sa faiblesse précédente.

Toujours dans une optique médicale et hygiénique, penses également à changer le nom et le symbole du golem à mesure que sa forme évolue : la nécessité s’en fera ressentir pour toi au moment opportun, moment cyclique qui peut revenir rapidement ou lentement selon les opérateurs.

4.1. En prenant cette technique comme base et en l’approfondissant, tu pourras trouver bien d’autres méthodes d’application intéressantes et efficaces afin de manipuler le fluide universel : ton personnage peut par exemple servir de Masque momentané pour un psychisme tiers, tu peux y transférer ta conscience pour te déplacer avec ce dernier et laisser ton corps physique derrière toi, tu pourras déduire les marionnettes des autres (tout le monde en crée plus ou moins consciemment, des plus ou moins élaborées, des plus ou moins proches de Dieu donc véritablement puissantes). Enfin, quelle aide il peut t’apporter lors d’un danger ou à l’heure de la mort : il est comme un feu vivant que tu as entretenu, un amour sculpté qui brûle autour et dans ton âme.

4.1.2. C’est comme ça que j’ai fais la connaissance de celui en moi qui m’a transmit le magistère : au départ simple personnage récréatif, à force de souffler son verre de façon à ce qu’il soit de plus en plus adéquate à ce que Dieu en attendait, il s’est tissé naturellement les os du magistère dans sa chaire et il a pu me les dicter. Qui parle maintenant si ce n’est tous simultanément ?

4.1.3. Prend bien conscience que je ne parle ici que de la manipulation du psychisme : si tu pratique ces choses sans travailler sur la vertu, que tu ne réfléchis pas à ce qui est juste et beau, si tu manques de patience et de sincérité, tu glisseras lentement vers la folie et la sorcellerie et je ne donne pas cher de ton âme à plus ou moins long terme, te voilà prévenu.

D. Perception et manipulation de la marionnette terrestre.

1.1. Contrairement à la Céleste, la marionnette terrestre, reflet inversé de la première, se constitue naturellement. Elle est formée des résidus de la force céleste attribuée à chacun, qui ne sont pas immédiatement captés mais qui s’agglutinent dans le sol et produisent des racines. Elle est concrètement constituée de chaînes d’anneaux, petits ouroboros, boucles énergétiques fixées en Terre. Elle s’impose à chacun et en elle résident les démons.

1.1.1. On ne trouve un réel bénéfice et une absence de danger dans la pratique de la marionnette terrestre qu’en maîtrisant tout d’abord la marionnette céleste.

1.1.2. Son objet premier est de récupérer les forces célestes perdues afin de les réintégrer dans la marionnette céleste. Pour ce faire, la marionnette terrestre doit être manipulée avec un partenaire anthropomorphe du sexe opposé et d’un âge à peu près équivalent.

1.1.3. Les bénéfices secondaires de la cuisine de la marionnette terrestre sont une meilleure santé, une interpénétration énergétique avec le partenaire et un approfondissement du magistère.

1.2. Ces boucles :

1.2.1. Attirent d’une part le type d’énergie céleste qui les a vu constituées et se matérialisent de plus en plus créant un espace dans le néant. Ces matérialisations manifestent les tendances et la personnalité, les goûts et les obsessions de façons de plus en plus particularisées.

1.2.2. D’autre part, elles doivent être cuites pour suer peu à peu et libérer par évaporation les forces qu’elles concentrent et tirent du néant. Ce sont tels des bourgeons qui pour fleurir doivent réceptionner la lumière, l’eau et le tellurisme nécessaire.

1.2.3. Elles ne sauraient être brisées, sinon la force s’évapore et retourne inconsciemment à sa source alors que notre but est de les transmuter à chaque palier pour les faire revenir consciemment à leur source (avant de les fixer au centre afin de dominer leur destination et leur source par leur gravitation mais cette suite ne nous concerne pas ici).

2.1. Leur évaporation parfaite doit respecter certains points :

2.1.1. Le feu doit avoir trois couches de flamme : rouge, bleue et blanche. C’est-à-dire la volupté physique, esthétique et amoureuse, qui font respectivement, suer, évaporer et boire.

2.1.2. Le feu doit être augmenté de façon progressive. Il ne peut être augmenté que par la force céleste équivalente quelle que soit sa forme dans les trois couches.

2.1.3. Si le feu n’est pas triple, les boucles ne peuvent être bues afin de changer de palier. Si le feu est trop brutal, les boucles se brisent. S’il est trop faible, les boucles n’opèrent pas.

2.2. Les moyens de ralentir le feu sont de :

2.2.1. Contracter le périnée, rentrer le ventre, baisser la nuque, lever les yeux au ciel.

2.2.2. Respirer de façon lente et profonde en fonction de sa volonté. Produire des sons en fonction de son impulsion.

2.2.3. Rester dans l’a-penser de façon à ne pas faire mouvoir l’énergie imaginative.

2.3. Les moyens d’accélérer le feu sont de :

2.3.1. Relâcher toute tension et aller en véhémence.

2.3.2. Respirer en fonction de son plaisir.

2.3.3. Absorber son psychisme dans l’objet de son désir par le biais de l’imagination. Elle est normalement renforcée par la mise en branle des sens.

2.4. Les moyens de maintenir la triplicité du feu sont :

2.4.1. Contracter le périnée, aller en véhémence.

2.4.2. Que le plaisir et la respiration soient en concorde. Réciter les sons du magistère.

2.4.3. Faire concorder l’objet de son désir avec les sens et avec la visualisation du magistère.

2.5. Les paliers sont les suivants :

2.5.1. Perdu dans l’hésitation. Les boucles ne sont pas enflammées et fragiles. Les visions sont chimériques.

2.5.2. Conforté dans les flammes. Les boucles sont enflammées et solides. Les visions sont symboliques.

2.5.3. Brillant comme la lumière. Les boucles sont lumineuses et inaltérables. Les visions sont directes.

2.5.4. A chaque fois il faut faire suer, évaporer et boire. Le but est de se maintenir le plus longtemps possible au troisième palier, durant l’acte et hors de l’acte.

3. Pratiques acceptées ou non afin d’obtenir le fruit :

3.1. L’onanisme est déconseillé, l’orgasme onanique très déconseillé, l’éjaculation onanique totalement proscrite. Cela fragilise ou brise les boucles. Sans boucles, le sujet ne peut plus atteindre la divinité, tombe malade ou meurt.

3.3. La contemplation pornographique artistique, en particulier religieuse est tolérée car cela enflamme les boucles sans les briser. La contemplation pornographique non artistique, en particulier celle de sujets réels est totalement proscrite. Cela dévie et englue les forces psychiques.

3.4. L’orgasme à deux est toléré si les sujets ont la flamme bleue ou blanche. L’éjaculation à deux est tolérée si les sujets ont la flamme blanche et que le palier maximum est atteint. Toute autre situation est proscrite. L’éjaculation avec seulement la flamme rouge, évidemment totalement proscrite.

3.5. Les rapports buccaux sont tolérés. Les rapports anaux sont déconseillés. Le lotus et le baiser florentin sont conseillés.

3.6. L’absorption de chaires animales est proscrite. De drogues déconseillées. Cela sépare les flammes.

3.7. L’exercice physique et psychique, la contemplation artistique et l’absorption de plantes médicinales est conseillé. Cela uni les flammes.

3.8. Une morale élevée est fortement recommandée, car cela renforce la solidité des boucles, une morale défaillante fragilise ou empoisonne les boucles.

3.9. L’exercice du magistère évidemment recommandé.

Adieu

Le Rituel de Sotériologie
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