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Johannes von Heidenberg
Trithème

Données générales

PériodeLieu
GénéralXV XVIAllemagne
Naissance1er Février 1462 Trittenheim, Allemagne
Décès16 Décembre 1516 ( 54 ans)Würzburg, Allemagne
Cause
Inhumation
Abbaye de Saint-Jacques (Wurtzbourg, Bavière)

DomaineCourantOrdre
Théologie
Théurgie
Hermésisme
Qabale
Histoire
Cryptographie
CatholicismeLa Confrérie celtique
Ordre de Saint-Benoît 🎓

RelationsNom
Entourage
AmiAgricola
Maximilien Ier
Rencontre? Paracelse
Influence
MaîtreLibanius Gallus
CondiscipleJohannes Reuchlin
ParJakob Wimpfeling
Disciple? Agrippa de Nettesheim
SurRosicrucisme
Agrippa de Nettesheim
Giordano Bruno
Paracelse
Pierre Piobb
William Lily

Repères biographiques

I. Histoire

► Persécuté par un parâtre hostile à l’éducation, le comportement de son beau-père l’obligea à apprendre à lire en secret. Il fait ses études à Trèves à partir de 1479 grâce au soutien de son oncle maternel, puis à Heidelberg de 1480 à 1482 où il fait déjà montre d’une brillante intelligence et d’une culture encyclopédique. Il y fonde la Confrérie celtique, une société initiatique à laquelle Reuchlin fait parti. Alors qu’il retourne voir sa mère, il doit se mettre à l’abri d’une tempête de neige dans l’abbaye bénédictine Saint-Martin de Sponheim en 1482, il entre dans les ordres après avoir été en contact avec les moines qui y résidaient. Il devient abbé de cette même abbaye un an plus tard, elle était alors en déclin, en proie au désordre tant matériel que spirituel, il met les moines au travail et y applique une discipline sévère, la restaure et tente d’y concilier religions et humanités.

Premier bibliographe, il rénove et enrichit la bibliothèque, qui forte de 2000 volumes, jouit alors d’une excellente renommée dans la Germanie de l’époque et accueille les jeunes intellectuels de l’époque comme Conrad Celtes, Jacques Wimpfeling, son confrère Reuchlin et vraisemblablement Agrippa(1) à qui il aurait confié des manuscrits et donné ses encouragements pour la publication de sa Philosophie Occulte. Il entretient aussi des relations avec les princes allemands, le plus prestigieux étant l’empereur Maximilien Ier pour qui si on en croit la légende, il aurait fait paraître le fantôme de son épouse défunte en 1505. Néanmoins vingt ans plus tard, ses moines interceptent une lettre qui découvre son intérêt pour l’hermésisme. L’accusant de nécromancie et probablement pour échapper à la discipline de fer que l’abbé instaure au couvent, ils brûlent sa bibliothèque occulte. Il poursuit ses travaux en tant qu’abbé du monastère écossais de l’abbaye Saint-Jacques de Würzburg dès 1506 où il meurt 10 ans plus tard.

II. Pensée

◆ Son œuvre est composée de chroniques, dictionnaires et morales. Il s’intéresse peu à l’alchimie mais pratique l’arithmosophie pythagoricienne et kabbalistique et goûte également les Hermetica comme en témoigne son commentaire de la Table d’Émeraude. Son érudition l’a rendu rapidement célèbre, lui faisant correspondre avec les intellectuels de son temps. Chaînon important dans la transmission de l’ésotérisme occidental, il adhère à l’idée de prisca theologia promue par Ficin et qui sera ensuite amplifiée par Bruno. Certains l’estiment maître d’Agrippa et Paracelse(2). Sa pensée annonce également la théosophie de Böhme.

↳ Sa Stéganographie et Polygraphie, qui n’étaient à l’origine pas dédiées à l’impression sont des traités de théurgie et d’angélologie qui usent de techniques cryptographiques proches des systèmes herméneutiques kabbalistiques. Ils circulent d’abord sous forme manuscrite avant d’être imprimés en 1606. Le savoir en cette matière lui aurait été confié par Libanius Gallus, élève du polyglotte Fernand de Cordoue. Une épistole de Libanius à Trithème datée de 1505 est d’ailleurs reproduite dans l’édition de 1614 du Traité des causes secondes.

↳ Son Traité des causes secondes est une chronologie mystique où chaque période depuis le début du monde est gouverné par un ange planétaire. Chaque période est de 354 ans et 4 mois, elles se déploient sur trois cycles donnant 21 périodes. Il fixe la fin des temps pour 2235, moment où l’étoile Algol viendra par précession à un certain point des Gémeaux.

↳ Pour Trithème, la magie doit se soumettre à une ratio {méthode} qui permet de l’ouvrir à une connaissance. Certains traités de magie de sa bibliographie sont vraisemblablement apocryphes excepté son Veterum sophorum sigilla qui semble bien de sa main. Néanmoins, son traité de démonologie Antipalus maleficiorum où il classe les types de sorciers et différents types de divination parait lui aussi authentique. Le Praestigiis daemonum que Wier assurait tenir d’Aggripa puis Trithème porte quant à lui à caution.

III. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme dit que Jean Trithème ou de Trittenheim était issu d’une famille noble de l’électorat de Trèves. Après avoir fait des études assez sérieuses à Heidelberg, il s’arrêta par hasard dans le monastère bénédictin de Spanheim, et, épris soudain de la vie monacale, il s’y fixa définitivement. Il réforma les mœurs de ce monastère, alors en pleine décadence, ramena parmi les moines le goût de l’étude et enrichit la bibliothèque de près de deux mille volumes. Laborieux et savant, il écrivit un grand nombre de livres, la plupart historiques ; puis il s’adonna aux sciences occultes et composa des traités d’alchimie, un Traité Intelligences Secondes qui gouvernent les planètes, et de savants ouvrages de cryptographie où, pour la première fois, il exposa l’art des écritures secrètes et donna des règles pour leur déchiffrement. […]

Œuvres choisies

  • Steganographia, 1499.
  • Polygraphie et universelle escriture cabalistique {Polygraphia}, 1508. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Traité des causes secondes ou Intelligences régissant le monde après Dieu {De septem secundeis id est Intelligentiis sive spiritibus orbes post deum moventibus libellus, sive chronologia mystica}, 1508.
  • Philosophia naturalis, de geomantia, 1509.
  • Veterum sophorum sigilla et imagines magicae, 1612.

  • L’Art d’attirer des esprits dans les cristaux, XV XVI.

Citations

[…] Et ainsi continuant, vous pourrez aisément et facilement (avec un tant soit peu de diligence et de peine) entendre, connaître et conduire tout ordre numéral, par le moyen de cet algorithme. Lequel (comme il est dit) pourra fournir non seulement la connaissance des antiques caractères de Magie, mais aussi à la pure et parfaite intelligence de tous comptes et nombres, desquels anciennement ont fait et se sont servis les sus-dits magiciens et plusieurs autres philosophes, qui (Avec Aristote et les autres Pythagoriciens et Ptolémée) ont dicté et affirmé les caractères et élément littéraux et alphabétique, avoir et retenir en eux, et en leur innée qualité, certains moyens, formes et espèces de nombres : par la colligation et collection desquels et aussi moyennent la suite requise et sommaire réduction de ceux aux noms propres, espèce et qualité des choses, l’on pourra avoir aisé et sure connaissance et donner certains jugement non seulement des choses qui sont passées et présentes, mais aussi que celle qui sont futures et à venir.
Polygraphie et universelle escriture cabalistique
Or, la magie naturelle est pure, solide, stable et permise, celle qui convient surtout aux princes et relève leur éclat, qui n’a jamais été interdite par l’Église; ni défendue par le droit, car elle s’est appuyée d’abord sur les principes de la nature et n’admet aucune superstition. La magie, j’entends la magie naturelle, n’opère pas seulement des effets visibles, mais, en outre, elle illumine merveilleusement dans la connaissance de la divinité l’esprit de l’homme instruit en cet art, et elle procure à l’âme des fruits visibles.
Lettre au margrave de Brandebourg (25 décembre 1506)
Tous ceux que j’ai connus, vus, ou dont j’ai entendu parler en magie naturelle, et qui travaillent à la composition de figures, d’anneaux ou de sceaux, et aux opérations cachées de la nature, n’arrivent à aucun résultat […]. Après que ces anciens sages et philosophes, princes et rois, parfaitement instruits en la science de la magie naturelle, ont fermé les yeux à la lumière, ils ont laissé cette science voilée à l’étude par des mystères occultes et très cachés, pour que l’accès en fût fermé aux indignes.
Lettre au margrave de Brandebourg (25 décembre 1506) in Grandeur et adversité de Jean Trithème


1. On trouve la date de 1509.

2. De façon probablement plus symbolique que factuelle pour ce dernier.