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Antoine Fabre d’Olivet

Données générales

PériodeLieu
GénéralXVIII XIXFrance
Naissance8 décembre 1767 Ganges (Royaume de France, ajd. France)
Décès25 mars 1825 (57 ans)Paris, France
Cause
Inhumation
ApoplexieCimetière du Père-Lachaise 🗎⮵, 10ème D. (Paris, France)

DomaineCourantOrdre
Hermétisme
Philologie
Néo-platonisme
Néopythagorisme
Culte Théodoxique Universel 🎓

RelationsNom
Influence
ParCourt de Gébelin
Emanuel Swedenborg
Jakob Böehme
Jean-Baptiste-Claude Delisle de Sales
Jean-Philippe Dutoit-Membrini
Joseph de Maistre
Louis-Claude de Saint-Martin
Marsile Ficin
SurÉdouard Schuré
Éliphas Lévi
Enel
Gérard de Nerval
Papus
Saint-Yves d’Alveydre
Sédir
Stanislas de Guaita

Repères biographiques

I. Histoire

► Ses parents étaient des protestants cévenols tenanciers d’une auberge qui avaient vécu les dragonnades. Sa mère avait été au contact de Marie Durand dans la Tour de Constance. Comme ils le destinaient à une carrière commerciale, à 12 ans il part faire ses études à Paris. Il est remarqué par Jean-René Sigault qui le prend sous son aile et l’instruit de la médecine. Il utilise son temps libre pour étudier les illuminés et apprendre différentes langues dont l’allemand, l’anglais ainsi que le latin et le grec. Attiré par les lettres et la musique et doté d’une étonnante érudition faisant de lui l’un des derniers Humanistes, il abandonne le commerce de bonnets et décide de vivre modestement de sa plume. Il publie des romans, des œuvres musicales et des poèmes, un opéra et un drame.

↳ En 1790 il serait initié en Allemagne à une loge pythagoricienne à laquelle appartenait Dutoit-Membrini, on suppose par l’intermédiaire de Delisle de Sales. En 1797, il fonde une revue, l’Invisible et en 1799 il est nommé commis au ministère de la guerre. En 1802, la mort de sa fiancée qu’il rencontre en 1800, le pousse au suicide, mais ainsi qu’il le relate dans le manuscrit de ses Souvenirs, il affirme être entré en contact avec son spectre. Il se réorienta dès lors dans l’étude de l’occultisme.

► Il se marie en 1805, à 38 ans, avec Marie Varin, qu’il mettait en transe magnétique pour lui faire obtenir la clairvoyance. Ils eurent trois enfants mais se séparèrent quelque dix huit années plus tard en 1823. Il mis également au point un système pour guérir les sourds-muets, mais eu égard à l’opposition des corps médicaux installés, il fut interdit de pratiquer sa cure malgré ses résultats sur Rodolphe Grival, qu’il guérit par la suggestion hypnotique et la musique.

↪ Son Culte Théodoxique Universel, qu’il fonde en 1824, est un culte para-maçonnique pourvu d’un symbolisme agraire, vraisemblablement constitué dans l’intention de faire revivre les mystères éleusiaques. Accompagné de disciples, il y pratique le magnétisme curatif et l’évocation des morts, dans un but de concorde entre le monde visible et invisible. Il se lie à Madame Faure mais meurt peu après devant l’autel qu’il avait dédié aux dieux, d’apoplexie dira laconiquement Pierre Leroux, pour satisfaire un rituel dira Alveydre ou peut-être, croient certains, foudroyé par une opération magique ayant échappé à son contrôle.

■ Il se sera, dans sa jeunesse, penché sur la politique et brouillé avec Napoléon. Alors qu’il avait vécu les évènements de la révolution française, il rêvait d’une société théocratique, dans un positionnement critique vis à vis de cette révolution mais aussi des lumières. Les systèmes polythéistes auront sa préférence comparé au christianisme ambiant, bien qu’à cet égard, il estime que le paganisme, dédié aux masses, masque un monothéisme à l’usage des prêtres. Il se sera également investi dans l’étude philologie de l’occitan, faisant de lui un précurseur du félibrige. Il aura enfin écrit une autobiographie intitulée Mes Souvenir.

II. Pensée

◆ Ses ouvrages, s’ils sont discrets de son vivant, influenceront nettement les ésotéristes postérieurs du XIX. S’appuyant sur le pythagorisme et les mystères égyptiens, il y développe ses conceptions métaphysiques sur l’Homme universel et archétypal ainsi que sur l’histoire philosophique, sur les forces universelles qu’il lie à l’arithmosophie et sur l’origine et la portée du langage comme force spirituelle à partir de laquelle il tire une "grammaire absolue". En effet, Olivet est doté d’un esprit synthétique. Il estime qu’au-delà de la multiplicité inhérente à la matière, la tradition véhicule depuis les égyptiens un enseignement issu de l’unité transcendantale et primordiale via de grands instructeurs comme Moïse, Orphée et Pythagore.

● Son œuvre principale, La Langue hébraïque restituée, se propose de réviser la langue hébraïque en reprenant l’étude de ses racines, notamment à l’aide des hiéroglyphes égyptiens mais aussi en faisant une étude comparative des religions dans une perspective moniste. Il se propose ensuite de reprendre la Genèse et le Sefer Yetsirah à partir de son nouveau système. Il prétendait ainsi restaurer le véritable sens ésotérique de l’hébreu, perdu à la mort de Moïse, à la lumière des hiéroglyphes égyptiens dont il estimait posséder la clef et dont le sens aurait été préservé par le courant essénien.

● Précurseur en ce domaine, il s’était en outre penché sur les systèmes hindous, chinois et nordiques et leur interprétation, dans le but premier d’éclairer la Bible puis d’écrire l’histoire du règne hominal (qui suit le règne minéral, végétal et animal), l’Homme universel considéré comme une entité unique constitué de tous les êtres humains passés et futurs. Il s’acquitte de cette tâche dans sa seconde œuvre d’importance Histoire philosophique du genre humain où, contredisant l’histoire académique, il affirme que les principes présidant à cette discipline sont erronés. Le personnage central, de ce qui constitue une épopée, est le druide Ram qui est aussi le Dionysos grec, l’Osiris égyptien et le Rama hindou. Schuré d’ailleurs s’inspirera de cette vision pour ses Grands initiés.

● Olivet fonde sa pensée qui se veut synthétique, sur le ternaire providence, libre-arbitre et destin, forces qui s’expriment dans le cadre du quaternaire divin. Tout leur est soumis sauf Dieu qui les contient sans en être contenu. L’univers est constitué de trois plans englobés par la divinité : le monde physique, celui des essences intellectuelles et celui des principes vers lequel tend l’Homme. L’Homme justement, est pourvu d’un corps, d’une âme et d’un esprit, s’exprime par sa mémoire, son jugement et son imagination, qui sont couronnés par la volonté. Cette volonté lutte dans l’Homme comme dans l’histoire, contre le destin et doit s’accorder avec la providence afin de produire le bien, sinon le mal en cas de désaccord.

III. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme écrit que Cet auteur, un des plus originaux de son époque, n’a guère été connu et apprécié que depuis une trentaine d’années. Philosophe distingué, il a trouvé dans l’étude des langues beaucoup de principes philosophiques qui ont échappé aux linguistes vulgaires, et il en a tiré tout un système qui compte actuellement beaucoup d’adeptes. […]

🕮 Dujols, 17 ref.118 (Pour son ouvrage Les Vers dorés de Pythagore) : Les Vers dorés de Pythagore, dit Papus, renferment, en un seul volume, la somme d’érudition la plus fort qu’ait, peut-être produit le XIXe. Fabre d’Olivet y condense, sur le nom du Sage le plus vénéré de la Grèce, toute la synthèse des doctrines ésotériques des anciens. Les œuvres du puissant hiérophante sont, pour ainsi dire, entièrement irréfutables, car, pour les détruire, il faudrait anéantir l’antiquité elle-même. Bien qu’on ait prétendu que le Théosophe de Ganges faisait partie d’une Loge Pythagoricienne d’Allemagne, on ne sait rien de positif sur les origines de son Initiation. Il est certain qu’il détenait la clef de bien des mystères, et qu’il jouissait d’une puissance thaumaturgique remarquable. En 1811, il guérit un sourd-muet (Rodolphe Grivel) par un procédé découvert en déchiffrant un texte tiré d’un temple des Pharaons. Il connaissait à fond toues les puissances de la Volonté. Il faisait sortir des rayons de sa bibliothèque un volume à son choix, qui venait se placer de lui-même dans sa main, en s’imaginant qu’il avait l’auteur en personne devant ses yeux, phénomène qui se reproduisit fréquemment avec les ouvrages de Diderot, rapporte Hoefer. […]

𝕍 Fabre d’Olivet, Léon Cellier, 1953.

Œuvres choisies

  • Les Vers dorés de Pythagore, 1813. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • La Langue hébraïque restituée, 1815. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France
  • Caïn, 1823.
  • Histoire philosophique du genre humain, 1824. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France (On y trouve une courte biographie écrite par Sédir)
  • La Musique expliquée, 1896 ⚱️. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France

Citations

Jouir avant de posséder voilà l’instinct de l’homme : posséder avant de jouir voilà l’instinct de la femme.
Histoire philosophique du genre humain
(L’homme) est une plante qui porte des pensées, comme un rosier porte des roses, et un pommier des pommes.
Histoire philosophique du genre humain
Que l’Homme universel soit une puissance, c’est ce qui est constaté par tous les codes sacrés des nations, c’est ce qui est senti par tous les sages, c’est ce qui est même avoué par les vrais savants… Les deux autres puissances, au milieu desquelles il se trouve placé, sont le Destin et la Providence. Au-dessous de lui est le Destin, nature nécessitée et naturée ; au-dessus de lui est la Providence, nature libre et naturante. Il est, lui, comme règne hominal, la Volonté médiatrice, la force efficiente, placée entre ces deux natures pour leur servir de lien, de moyen de communication, et réunir deux actions, deux mouvements qui seraient incompatibles sans lui.
Histoire philosophique du Genre humain
Le signe découle directement du principe éternel de la Parole, émané de la divinité ; et s’il ne se présente pas partout sous la même forme et avec les mêmes attributs, c’est que les organes chargés de le produire au dehors, non seulement ne sont pas les mêmes chez tous les peuples, dans tous les âges, sous tous les climats ; mais reçoivent encore une impulsion que l’esprit humain modifie selon son état temporel. Le signe se borne aux inflexions simples de la voix. Il y a autant de signes que d’inflexions possibles. Ces inflexions sont en petit nombre. Les peuples qui les ont distingués de leurs combinaisons diverses, en les représentant par des caractères susceptibles de se lier entre eux, comme on le voit dans l’alphabet littéral que nous possédons, ont hâté le perfectionnement du langage, sous le rapport des formes extérieures, ceux qui, les confondant avec ces mêmes combinaisons, leur ont appliqué une série indéfinie de caractères composés, comme on le voit chez les Chinois, ont perfectionné ses images intérieures. Les Égyptiens qui possédaient à la fois le signe littéral et la combinaison hiéroglyphique, devaient être, ainsi qu’ils l’étaient en effet, pour l’état temporel des choses, le peuple le plus éclairé du Monde.
La Langue hébraïque restituée
Ces sages établissaient une harmonie, une analogie parfaite entre le ciel et la terre, l’intelligible et le sensible, la substance indivisible et la substance divisible ; de manière, que ce qui se passait dans une des régions de l’Univers ou des modifications du ternaire primordial, était l’image exacte de ce qui se passait dans l’autre.
Les Vers dorés de Pythagore
Et que, l’on ne s’y trompe point encore, la connaissance de l’origine du mal, si elle a été acquise, n’a jamais été ouvertement divulguée : elle était profondément ensevelie avec celle de l’unité de Dieu dans les mystères antiques, et n’en sortait qu’enveloppée d’un triple voile. Les initiés s’imposaient un silence sévère sur ce qu’ils appelaient les souffrances de Dieu, sa mort, sa descente aux enfers et sa résurrection. Ils savaient que le serpent était en général le symbole du Mal, et que c’était sous cette forme que Python avait combattu et d’abord déchiré Apollon. Les théosophes ne faisaient point un dogme public de l’unité de Dieu, précisément à cause de l’explication qu’il aurait fallu donner de l’origine du bien et du mal ; car sans cette explication, le dogme en lui-même aurait été incompréhensible.
Les Vers dorés de Pythagore
Le vrai disciple de Pythagore, mis en rapport avec les dieux par la contemplation, arrivait à ce haut degré de perfection appelé "autopsie" dans les mystères. Il voyait tomber devant lui le voile mensonger qui jusqu’alors lui avait caché la Vérité ; il contemplait la nature dans ses sources les plus éloignées. Pour arriver à ce degré sublime, il fallait que l’intelligence pénétrée par le rayon divin de l’inspiration, remplît l’entendement de lumière assez vive pour dissiper toutes illusions des sens,,exalter l’âme et la dégage entièrement de la matière (…) Toutes les initiations, toutes les doctrines mythologiques ne tendaient qu’à alléger l’âme du poids de la matière, à l’épurer, à l’éclairer par l’irradiation de l’intelligence, afin que, désireuse des biens spirituels, et s’élançant hors du cycle des générations, elle pût s’élever jusqu’à la source de son existence.
Les Vers dorés de Pythagore
L’homme développe, perfectionne ou déprave mais il ne crée rien.
Les Vers dorés de Pythagore