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Abu ’Ali al-Husayn ibn ’Abd Allah ibn Al-Hasan ibn Ali ibn Sina
Avicenne, le Prince des philosophes, le plus grand des médecins

Données générales

PériodeLieu
GénéralX XIPerse
Naissance7 août 980 Afshéna, Grand Khorasan (ajd. Ouzbékistan)
DécèsJuin 1037 (57 ans)Kedarnath, Inde
Cause
Inhumation
Maladie gastriqueMausolée d’Avicenne (Hamadan, Iran)

DomaineCourantOrdre
Alchimie
Médecine
Théologie
Métaphysique
Poésie
Avicennisme 🎓
École péripatéticienne
Chiisme duodécimain

RelationsNom
Influence
ParNéo-platonisme
Al-Farabi
Aristote
Dioscoride
Hippocrate
Galien
DiscipleAl-Juzjani
SurMédecine du moyen-âge
Maître Eckhart
Moïse Maïmonide
Raymond Lulle
Roger Bacon
Sohrawardi
Critiqué parParacelse

Repères biographiques

I. Histoire

► La vie d’Avicenne est connue grâce à la biographie rédigée par son disciple Al-Juzjani qui complète l’autobiographie de son maître, exercice à l’époque peu fréquent. Le père d’Avicenne, haut fonctionnaire au service des Samanides, appartenait à la secte chiite des ismaéliens. Précoce et doué d’une grande mémoire, il sut le Coran et reçut une éducation soignée et encyclopédique : il s’appliqua au droit, aux lettres comme aux sciences et bien sur à la médecine dès l’adolescence. Il soigne l’émir de Boukhara à 17 ans ce qui lui ouvre les portes de la bibliothèque royale. Après la mort de l’émir et de son père, il voyage beaucoup en Iran. Rendu à Djouzdjan, Abou Mohammed Chirazi lui donne une maison et lui permet de donner des cours publics.

► Continuant ses voyages, il est demandé à Hamadan où il soigne l’émir Chams-ad-Daula qui pour le récompenser le nomme Vizir en 1015. À la mort de l’émir, il est jeté en prison car on le suspectait d’espionnage. Là, il écrit son premier traité mystique, l’Allégorie mystique d’Hayy ben Yaqdhān qui inspirera Abubacer. Il est ensuite libéré par le gouverneur d’Ispahan, celui-là même qu’on accusait d’être son commanditaire. Ne se sentant plus en sécurité dans la mesure où la ville fut rendue à son geôlier, il quitta la ville pour Ispahan, déguisé en derviche. Là, il est bien accueilli par son nouveau mécène. Grand travailleur et médecin d’une haute réputation, il était capable de conduire ses activités politiques le jour et philosophiques la nuit. Il était fort célèbre, exerçant son art aussi bien auprès des pauvres que des puissants. Il fut aussi un adepte les plaisirs terrestres qui dit-on le conduisirent à contracter, lors d’un déplacement militaire menée par l’émir ’Ala ad-Dawla, la maladie intestinale à l’origine de sa mort, quoiqu’on évoque parfois la possibilité d’un empoisonnement criminel.

II. Influence

Son traité médical le Canon de la médecine, très bien organisé et traduit par Gérard de Crémone, ainsi que ses commentaires d’Aristote (teintés de néoplatonisme) qu’il essayait de fusionner avec la philosophie arabe firent autorité en occident jusqu’au XV, exerçant au même titre qu’Averroès, une influence profonde sur la pensée du moyen-âge. La médecine est chez lui plus un art de conserver la santé, tant psychologique que physique, que de guérir même s’il demeure le premier à avoir fait de nombreuses observations médicales qui se révélèrent justes. Il aura étudié un champ très large de la médecine en étudiant les effets des poisons et des astres ainsi que la psychosomatique. Il s’astreint à prouver que les miracles n’existent pas et que tout procède de cause naturelle.

◆ Avicenne est également un des plus grands philosophes de l’islam, capable de vastes synthèses et d’une profonde pénétration métaphysique. Son Livre de la science est le premier livre de philosophie écrit en persan et son Livre de la guérison de l’âme, monumentale somme de philosophie, aboutira en partie en occident dès le XII avec les traductions d’Abraham ibn Dawd Halevi, Gundissalvi et Scot. Avicenne reprend et amplifie Al-Farabi dont la pensée l’initie à la Métaphysique d’Aristote. Il insiste sur la valeur et la destinée de l’âme humaine.

■ Avicenne à écrit une œuvre savante que l’on jauge au maximum à environ deux cent cinquante ouvrages plus ou moins longs. Le pillage d’Ispahan entraînera la disparition d’une grande partie de sa production encyclopédique dont il ne reste que des fragments commentant Aristote. Comme son influence s’étend jusque dans l’ésotérisme latin, quelques apocryphes émaillent en sus son corpus, dont des ouvrages d’astrologie et de physiognomonie et de façon plus ou moins apocryphes, d’alchimie.

III. Pensée

◆ Sa cosmogonie de nature théosophique est une angélologie graduelle qui débute par la notion d’une intelligence primordiale auto-causale unique. Se pensant elle-même, elle passe de l’un au multiple, en s’émanant successivement en dix phases de création, en dix angeli intellectuales {intelligences chérubiniques} qui sont chacune engendrées par autant d’auto-contemplations. Chacun de ces ciels est animé par ses angeli caelestes {âmes célestes} afférents qui dépourvus de facultés sensibles, possèdent néanmoins l’imagination pure et dont le désir est tendu vers l’intelligence qui les a engendré. Ces phases intermédiaires aboutissent finalement sur l’esprit saint, al-ʿaql al-faʿʿāl {intellect agent} de la sphère lunaire, qui dépourvu de la puissance nécessaire pour générer un autre intellect, se fait dispensateur des formes et qualités variées distribuées aux parties du monde ; génératrice des âmes Humaines, elle est également la seule propre à illuminer l’Homme. Dans des récits mystiques qui annoncent la Conférence d’ʿAṭṭār, on peut rencontrer cet ange dans un espace intérieur idéal et mystique, qu’il qualifie d’oriental. Dans l’Homme enfin, Avicenne distingue ensuite trois formes de connaissance qui sont toutes issues de l’intellect agent et de nature illuminatives, quoique distinctes de la cause première : celle des principes, des abstractions et de la révélation qui correspondent à trois formes d’appréhensions intellectuelles.

IV. Documents pertinents

Grillot de Givry in Anthologie de l’occultisme dit que Abou Ali al Hosain ibn Sina, appelé en Europe Avicenne, est le plus célèbre des médecins arabes. Sa réputation dépassa bientôt les limites du monde musulman ; ses œuvres, traduites en latin, furent étudiées, pendant tout le Moyen-Age, dans les universités de Paris ; il est cité fréquemment par les théologiens, et, en particulier par saint Thomas d’Aquin. Il écrivit plusieurs traités d’alchimie, ainsi que des compilations fort habiles tirées des anciens médecins grecs. Il professa un curieux mysticisme, mêlé de sensualité, faisant alterner la prière avec les banquets, l’amour, le vin et même l’opium. Son influence sur le monde latin a été considérable, et ne peut se comparer qu’à celle que Paracelse exerça cinq siècles après lui ; il est, par contre, trop oublié aujourd’hui, et l’on pourrait citer de lui mainte page dont la lecture serait encore fort attrayante. […]

Œuvres choisies

  • Canon de la médecine {Al-Qânûn fi’l-Tibb}, 1020.
  • Le Livre de la Guérison de l’âme {Kitâb al-Shifâ}, 1024.
  • Le Livre de la Délivrance {Kitâb al-Najâh}, 1030.
  • Le Livre de la Science {Dânesh-Nâmeh}, 1033.

  • Traité sur le destin {Risâlet al-Qadr}, XI

  • attr. De l’Âme dans l’art de l’alchimie {De anima in arte alchemiae}, XII
  • attr. Traité des intelligences {De Intelligentiis}, XII
  • attr. Principes de l’art chimique {Artis chemicae principes}, XII

Citations

Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère et étouffe la haine ; alors le passé est comme s’il n’eût jamais existé.
De la Connaissance
Dieu ne fit la mort que pour des raisons de commodité.
Traité sur la délivrance de la crainte de la mort
Acquiers la connaissance de toi-même, et tu connaîtras ton Auteur.
attr. passim
Les réalités qui existent, ou bien possèdent l’être indépendamment de nous et de notre action, ou bien le reçoivent de nous et de notre activité. La connaissance des réalités du premier genre, on l’appelle "philosophie spéculative".
attr. passim
Marche avec des sandales jusqu’à ce que la sagesse te procure des souliers.
attr. passim
Quand je grandis, cité ne fut à ma mesure ; quand mon prix s’éleva, je manquai d’acheteurs.
attr. passim
Se tourner vers ce dont on n’a pas à s’occuper et compter sur la partie obéissante de l’âme est une faiblesse. Se réjouir de la parure de sa propre essence en tant qu’elle appartient à celle-ci, bien que cette parure soit réelle, est une orgueilleuse erreur. Mais se diriger par l’universalité vers le vrai, c’est le salut.
attr. passim