Personnalités collectives (X)
⟴Kamo (no Yasunori) | Devin 🞄 Japonais | 917 – 977
► Pratiquant du 暦術 (rekijutsu) {calendrologie} et du 天文道 (temmondō) {astrologie፧}, inyoka(1) et premier onmyōji. Fils de Kamo no Tadayuki et maître de Abe no Seimei.
◆ Personnage semi-légendaire, on trouve son histoire contée dans le 今昔物語集 (Konjaku monogatari shū) {Anthologie des histoires du passé}.
1.⟴ Importation de l’École du Yin-Yang.
⟴Kalābādhī (Al) Abū Bakr | Soufi 🞄 Ouzbèque | ≈ 925 – ≈ 994  
► Connu pour avoir rédigé le Kitab at-ta’arruf {Livre de l’information} qui, fondamental pour nous renseigner sur les premiers siècles du soufisme, en présente la doctrine, cite ses maîtres et défend son orthodoxie musulmane. Ce dernier point devenait important à aborder dans la mesure où al-Hallaj est exécuté à Bagdad en 922. Il s’agit d’un des deux traité le plus ancien traitant de soufisme qui fut rédigé en arabe.
⟴Miskawayh | Philosophe 🞄 Chiite 🞄 Iranien | 932 – 1030  
► Influencé par Al-Kindi et Adurbad-i Mahraspand, Miskawayh est un chiite néoplatonicien. Connu pour son تهذيب الأخلاق (Tahdhîb al-Akhlâq) {Le Raffinement du caractère}
qui traite d’éthique pratique.
◆ Ses œuvres furent ℙ compilées dans les Rasâ’il al-Ikhwân al-Safâ’ {Épîtres des Frères en pureté}.
Mystique, philosophe, Poète 🞄 Shivaïte, Tantrika 🞄 Indien | ≈ 950 – ≈ 1016  
Abhinavagupta | ► Peu d’informations biographiques sont disponible si ce n’est celles qu’il livre lui-même. Brahmane shivaïte du Kashmir et ascète, intéressé par l’art et l’esthétique (rasāsvadā) qu’il rapproche de l’extase mystique, il est un représentant très important de l’école moniste pratyabhijña de Somānanda. Perdant sa mère alors qu’il est encore jeune, cet évènement précipite son intérêt pour la spiritualité; il est éduqué par son père, qui, fidèle de Shiva, lui enseigne la logique, la littérature et la grammaire. Il suit ensuite l’enseignement de plusieurs maîtres: shivaïstes bien sûr, mais aussi vishnouïtes et bouddhistes, cependant, Śambhunātha est celui qu’il révère le plus. Particulièrement intéressé par le Mālinīvijayottara Tantra(1), attaché à la théorie du रस (rasā) {saveur (essentielle)} de Bharata, la notion de स्पन्द (spanda) {vibration (cosmique)} de Vasugupta, sa notion de l’absolu intègre la dualité et l’unité.
↳ Il écrit ainsi : Cet Un dont l’essence est l’immuable Lumière de toutes les clartés et de toutes les ténèbres, en qui clartés et ténèbres résident, c’est le Souverain même, nature innée de tous les êtres; la multitude des choses n’est rien d’autre que son énergie souveraine. / Et l’énergie ne se pose pas comme séparée de l’essence de celui qui la possède. Il y a éternellement identité des deux comme du feu et de son pouvoir de brûler. / Lui, le Dieu Bhairava, a pour caractéristique de maintenir l ’univers tout entier reflété, grâce à cette énergie, dans le miroir de son propre Soi. / Elle, la suprême Déesse, s’adonne à la prise de conscience de l’essence de celui même dont la plénitude en tout ce qui existe n’augmente ni ne diminue. / Ce Dieu s’adonne éternellement au plaisir de jouer avec cette Déesse ; omniscient, il suscite de façon simultanée les diverses émissions et résorptions. / Telle est son incomparable activité, éminemment difficile à accomplir ; telles, sa liberté sa souveraineté, son Essence consciente de soi. / Certes une lumière consciente limitée caractérise l’inconscience; par contre la Conscience n’a pas pour caractéristique l’inconscience parce qu’elle n’a pas de limite / Ainsi les émissions et résorptions se manifestent à cause de leur propre essences à l’intérieur du Soi, elles dont la différenciation dépend des énergies spécifiques de Celui qui est (essentiellement) libre. / Leur extrême diversité, ces mondes en haut, en bas, intermédiaires et ce qui les constitue, voilà l’existence douée de plaisir et de douleur. / L’imparfaite connaissance de ce (Bhairava), c’est elle que l’on considère comme Sa liberté, elle, en vérité, la transmigration, terreur des êtres bornés / Inclination de Sa grâce, tradition du maître ou traités religieux, que par l’une ou l’autre de ces approches s’éveille la Connaissance parfaite de la Réalité - le Seigneur suprême - voilà la délivrance, la plus haute souveraineté, la plénitude des êtres illuminés, voilà encore ce que l’on nomme libération en cette vie. / En réalité aucune différenciation n’existant en Parameśvara, ces deux, lien et libération, ne sont nullement séparés de l’Essence du Seigneur suprême. / Ainsi entre-t-on en contact de façon répétée avec Bhairava, nature innée de toute chose, qui repose sur le lotus du trident formé par les énergies : connaissance, activité subtile et volonté.
(Quinze stances sur la conscience in Hymnes de Abhinavagupta, Lilian Silburn, 1970)
► Il est principalement l’auteur de l’encyclopédique Tantrāloka {L’Élucidation du tantra} synthétisant les enseignements du Trika influencé par la kaulācāra et qui constitue l’un des traités les plus importants du tantrisme(2). Dans le domaine philosophique, il commente l’Īśvarapratyabhijñā {Stances sur la reconnaissance du Seigneur} d’Utpaladeva avec son traité sobrement intitulé Īśvarapratyabhijñā-vimarśini {Commentaires des Stances sur la reconnaissance du Seigneur}. Il est aussi l’auteur d’un commentaire(3) du Nāṭyaśāstra de Bharata, l’Abhinavabhāratī. Son influence dans le shivaïsme est si importante qu’il est parfois considéré comme un avatar de Shiva. Maître de Kṣemarāja.
1.⟴ Texte fondamental du Trika.
2.⟴ En fra. 𝕍 cette trad. partielle : La Lumière sur les tantras, Lilian Silburn, 1998.
3.⟴ Le plus ancien dont nous disposions.
⟴Abenragel Haly [Shaybani (al) Ali] | Astrologue, Philosophe, Poète 🞄 Sunnite 🞄 Espagnol (fl. Tunisie) | ≈ 965 – ≈ 1040  
► Autorité astrologique considérable, dit Ptolemeus alter, summus astrologus et notablement connu aussi comme "Albohazen". Né à Cordoue, on sait qu’il est à Bagdad en 988 (est-il formé là-bas ?). Astrologue, précepteur et chancelier du troisième émir ziride Al-Muizz ben Badis (reg. 1016 – 1062) à partir de 1016, il est ainsi actif en Ifriqiya. Auteur d’un Kitāb al-bāri’ fī aḥkām an-nujūm (≈ 1030-1060), qui, compilation encyclopédique, faisant un usage inédit d’aphorismes, et s’appuyant sur des autorités antérieures tels Hermès, Dorothée, Valens, Ptolémée, Masha’allah ou al-Kindî(1), connaîtra une immense renommée.
◆ Composé de 8 livres ils sont organisés comme suit : I-III abordent les généralités, IV-VI détaillent les nativités avec les transits, VII est dévolu aux élections, le dernier est dédié aux jugements annuels i.e. l’astrologie mondiale. Sur ordre d’Alphonse X de Castille, il sera traduit par Yehudā ben Moshe en vieux castillan (Libro complido de los judizios de las estrellas) en 1254. Il sera ensuite diffusé en lat. dans la traduction d’Aegidius de Tebaldis dès 1256 puis imprimé toujours en lat.(2) où là aussi, il devient très influent et constitue une source majeure pour la connaissance de l’astrologie፧ arabo-latine : d’abord 1485
, 1503 et 1523, 1525 à Venise puis dans un lat. plus élégant en 1551
et 1571 à Bâle. Il existe cependant une version en fra. (Du Jugement des estoilles) dès 1430 par Guillaume Harnois (notez plusieurs mss. à la BNF).
1.⟴ Mais beaucoup ne sont plus identifiables.
2.⟴ D’abord Praeclarissimus liber completes in judiciis astrorum puis simplement De Judiciis seu fatis stellarum.
⟴Abī al-H̲ayr (ibn) Abū Saʿīd | Poète 🞄 Soufi 🞄 Turkmène | 967 – 1049  
► Bien que né au Turkménistan, il a passé la majeure partie de sa vie à Nishapur. Son père, médecin et herboriste était intéressé par le soufisme et enfant déjà, Abū Saʿīd est mis en contact avec cette communauté qu’il finit par rejoindre à 23 ans après des études de théologie et de littérature. Influencé par Hallaj — qu’il révère — et Bastami, délaissant la philosophie, il s’exprime par la poésie(1) et est caractéristique de l’école mystique du Khorasan. Son attitude extatique, excentrique et indifférente lui valut également les critiques des autorités religieuses comme de certains soufis attachés au légalisme(2). اسرار التوحید فی (Asrār al-tawḥīd) {Les Mystères de l’unicité}, composé par son petit-fils, chef d’œuvre de la prose perse et œuvre fondatrice pour la littérature mystique soufie, contiennent l’essentiel de ce qui est connu de sa biographie historique et hagiographique ainsi que ses dits, poèmes et correspondances (ntm. avec Avicenne).
☩ 𝕍 La Direction spirituelle chez Abū Sa‘īd b. Abī l-Ḫayr in Les maîtres soufis et leurs disciples des IIIe-Ve siècles de l’hégire, Paul Ballanfat, 2012 .
1.⟴ Il s’avère fondamental pour la constitution de la poésie soufie, ntm. par l’emploi de champ lexical de l’amour pour décrire l’union mystique.
2.⟴ Attitude qui évoque celle des ملامتية (Malāmatiyya) {Gens du blâme}.