Personnalités collectives (XIII)
⟴Israeli Isaac (ben Joseph) | Astrologue 🞄 Espagnol | XIII – XIV  
► Élève de Asher ben Jehiel. Connu pour son Yesod Olam (1310), estimé comme l’un des meilleurs ouvrages hébraïques dans le domaine astronomique. L’ouvrage contient en outre, des éphémérides, un calendrier perpétuel et une chronologie religieuse.
■ Npc. avec Isaac Israeli ben Salomon dit "l’Ancien".
⟴Gui Bonatti | Astrologue, Astronome 🞄 Italien | ≈ 1210 – ≈ 1300  
► Sa biographie est fragmentaire et contradictoire. Probablement né à Forlì, il s’agit d’un astrologue fort populaire de son vivant, dont l’estime s’étend jusqu’au siècle suivant et auquel on attribue de nombreuses prédictions qui s’avérèrent exactes. Présent auprès des puissants pour lesquels ses conseils avaient un poids remarquable, acquis à la cause gibeline, Guido fut l’astrologue officiel de Florence, gravita dans les cours de Frédéric II, du seigneur Guido Novello da Polenta et des condottieres Ezzelino III da Romano et, surtout, Guido da Montefeltro avec qui il conduit une politique anti-papale. Guido moquait en effet l’ignorance des ecclésiastiques sur la question astrologique, si importante selon lui, même pour des questions d’ordre théologiques, quoiqu’il souligne l’intérêt clandestin de certains d’entre eux). Il méprisait par ailleurs les prophéties des religieux et des mystiques auxquelles il opposait son art astrologique. Sa popularité n’était du reste pas étrangère à sa réputation de mécréant voir de sorcier. 𝕍 la notice de Thorndike dans son History of magic (1923), L°5, pp.825-840.
◆ Son traité didactique d’astrologie en dix (douze en fait) livres Liber introductorius ad iudicia stellarum (1277, aussi Tractatus astronomiæ ou Liber astronomicus) eut un grand succès, fut fréquemment réimprimé et demeure sans doute l’ouvrage le plus important du XIII en cette matière. Les apports de Bonatti sont effectivement considérables et exhaustifs. À ses propres observations et scellé par un important souci de mise en pratique, il compile les textes les plus reconnus de son temps : d’Hermès à Dorothée, d’Albumasar, Alcabitius, ibn Qurra à Abenragel ou encore de Scot à Sabbioneta.
◆ Dante le cite en Enfer (XX, 118) parmi les astrologues, devins imposteurs et autres faux prophètes, dans la quatrième fosse du huitième cercle : Vedi Guido Bonatti ; vedi Asdente, / ch’avere inteso al cuoio e a lo spago / ora vorrebbe, ma tardi si pente
{Vois Guido Bonatti, vois Asdente, qui maintenant voudrait ne s’être mêlé que de cuir et de ligneul ; mais tard se repent}. Notez qu’après sa mort, il circula une rumeur voulant qu’il fut tardivement converti frère mineur dans une communauté franciscaine (rumeur particulièrement cocasse lorsqu’on sait l’hostilité qu’il avait en particulier pour les ordres mendiants), rumeur reprise par les hagiographes et les historiens franciscains mais qui n’a pas d’assise historique concrète. De même, Bonati est associé passim (ex. chez Gouchon) à une utilisation des mi-points antérieure au XX, mais nous n’avons pas trouvé de source primaire ou secondaire.
■ Npc. avec Antoine-François Bonatti moine franciscain professeur à l’Université de Padoue auteur d’un Universa astrosophia naturalis (1687) qui lui, a bien utilisé les mi-points pour les rectifications.
⟴Guillaume (de Moerbeke) | Prêtre, Traducteur 🞄 Dominicain 🞄 Belge | ≈ 1215 – 1286  

► Archevêque catholique de Corinthe dès 1278. Son œuvre est décisive pour la réception du savoir grec en Occident : il est en effet connu pour sa vaste et sérieuse entreprise de traduction du grec au latin, produisant ntm. la première traduction complète d’Aristote alors qu’une bonne partie des œuvres disponibles jusque là étaient issues du travail de l’École de traducteurs de Tolède. Aussi les documents disponibles en latin provenaient de sources arabo-syriaques plutôt que directement d’originaux grecs, ce qui explique par ailleurs l’absence d’une traduction latine de la Politique dont il n’existait pas de version arabe. Il traduit également des commentateurs grecs du Stagirite, ainsi que Proclus (dont il sauve certaines œuvres, les originaux ayant disparu depuis), Hippocrate, Galien, Ptolémée ou encore Archimède. Ami de Thomas d’Aquin, il correspond en outre avec les intellectuels de son temps comme Campanus. 𝕍 Guillaume de Moerbeke, traducteur de Proclus in Revue Philosophique de Louvain (T°51, N°31 pp. 349-373), Gérard Verbeke, 1953.
⟴Campanus de Novare Johannes | Astrologue, Mathématicien, Médecin 🞄 Italien | 1220 – 1296  
► Médecin de Boniface VIII. Sa traduction latine d’Euclide (1260) fut réimprimée durant deux siècles et son Theorica Planetarum est le premier ouvrage occidental livrant des instructions pour construire un planétarium.
► Quoique peu usité de nos jours (mais notablement défendu par Dom Néroman), Campanus est bien connu des astrologues pour son système de domification basé sur l’espace et repris d’Al-Biruni. Sa méthode consiste à trisecter les quatre quadrants de la sphère céleste en trois parties égales, à partir du premier vertical (Grand cercle perpendiculaire au méridien et passant à la fois aux zénith, nadir, et aux points cardinaux Est et Ouest de l’horizon) qui est alors divisé en arcs de 30° (Regiomontanus et Morin divisent eux, à partir de l’équateur). Naturellement, on projette ensuite ladite division sur l’écliptique par le truchement des grands cercles passant par les points nord et sud de l’horizon (qui sont les deux intersections de l’horizon avec le cercle du méridien local). Les cuspides se trouvant aux intersections entre ces divisions et l’écliptique, cela engendre des maisons inégales. Notez qu’avec cette domification, il est périlleux d’ériger des thèmes avec des latitudes géographiques extrêmes puisque les maisons sont grandement disproportionnées.
⟴Thierry de Freiberg | Théologien, Philosophe 🞄 Allemand | ≈ 1240 – › 1310  
► Théologien et auteur méconnu de la grande histoire des idées philosophico-religieuses mais pourtant aussi important qu’original et délicat. Producteur d’un vaste et universel corpus philosophique et scientifique (il se révèle habile en optique). Fixé à Paris en 1285 et reçu magister theologiæ en 1297, il est néoplatonicien malgré l’avènement de l’aristotélisme. Thierry est influencé par Albert (auquel il succède au poste de supérieur de la province dominicaine d’Allemagne de 1293 à 1296) et par les Éléments de Théologie de Proclus qu’il tente de concilier avec son interprétation de la psychologie augustinienne ainsi qu’avec l’aristotélisme (qui lui apparaît limitatif) et le thomisme naissant, thomisme qu’il critique cependant tant sur la métaphysique que sur l’aspect méthodologique. Influence Maître Eckhart et annonce Nicolas de Cues. 𝕍 stt. ses De visione beatifica (et pour un prolongement le De intellectu et intelligibili) ainsi que le De ente et essentia.
⟴Moschopoulos Manuel | Philologue, Grammairien 🞄 Grec | ≈ 1265 – ≈ 1316  
► Disciple de Maxime Planude. Producteur de scolies sur plusieurs auteurs classiques. Connu pour son traité Sur les carrés magiques qui est le plus ancien qu’on puisse trouver dans la littérature grecque. 𝕍 Le traité de Manuel Moschopoulos sur les carrés magiques in Annuaire de l’Association pour l’encouragement des études grecques en France (N°20, pp. 88-118), Paul Tannery, 1886.
⟴Namdev | Poète, Mystique 🞄 Indien | ≈ 1270 – ≈ 1350  
► Warkari célèbre pour ses abhang et bhajans, poèmes dévotionnels récités durant les kirtans {chants rituels}. Sa biographie est essentiellement hagiographique. Ses œuvres participent tant du saguṇa {avec attributs} que du nirguṇa {sans attributs} et sont influencées par le monisme. Ses poèmes sont mis par écrit au XIV et reconnu par le sikhisme, ses œuvres sont par la suite intégrées dans le Guru Granth Sahib.
⟴Maximos Kausokalybites | Mystique 🞄 Grec | ≈ 1280 – ≈ 1370
► Saint fol-en-Christ et ermite palamite hésychaste au Mont Athos, admiré de Grégoire le Sinaïte. Dit Καυσοκαλυβίτης {brûleur de cabanes} pour son habitude à incendier ses ermitages lorsqu’ils devenaient trop fréquentés par les pèlerins attirés par sa réputation de charismatique. On trouve plusieurs de ses textes dans la Philocalie des Pères neptiques. 𝕍 Deux Vies de saint Maxime le Kausokalybe in Analecta Bollandiana (N°54 pp. 38-112), François Halkin, 1936.
⟴Kalonymus ben Kalonymus | Philosophe, Traducteur 🞄 Français | 1286 – › 1328
► Traducteur de l’arabe et l’hébreu vers le latin (Averroès, Nicomaque de Gérase, Centiloque…) pour Robert d’Anjou dit "le sage", roi de Naples et comte de Provence. Producteur d’un remarquable traité d’arithmologie፧ : Sefer Melakhim (𝕍 Cod.hebr.290
bs. Bibliothèque d’État de Bavière).
⟴Gersonide | Théologien 🞄 Français | 1288 – 1344  
► Aristotélicien, averroïste, et commentateur hétérodoxe de la Torah (𝕍 son commentaire ésotérique du Cantique des Cantiques). Il tente de concilier ces traditions, notamment dans son ouvrage le plus connu : Sefer Milhamot Ha-Shem qui est inspiré du Guide des égarés de RaMBaM qu’il développe et critique. Dans cet ouvrage, il défend en outre le déterminisme astral en astrologie፧, astrologie qu’il estime en harmonie avec la théologie.
⟴Opicinus de Canistris | Prêtre, Écrivain, Artiste, Mystique 🞄 Français | 1293 – 1353  
► Nous intéresse pour ses Cartes anthropomorphes (1335, Pal.lat.1993
), diagrammes cosmologiques atypiques qu’il produit à la suite d’une maladie intervenue en 1334 au cours de laquelle il perd la mémoire, l’usage de la parole et de sa main droite. Il récupère cependant la majorité de ses fonctions et estime même qu’elles ont étés améliorées dans un sens spirituel. A également produit le Vat.lat.6435
, visuellement moins intéressant.