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Personnalités collectives (Antiquité)

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🙟 -VIII   

Homère Entrée Data.BnfEntrée Encyclopedia Britannica Entrée Larousse Entrée Treccani (sélectionnée)
Aède 🞄 Polythéisme grec 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VIII
Le Poète

I. Histoire

► Le nom ’Ομηρος (Hómēros) est sans doute un anthroponyme fictif signifiant ? "substitut" i.e. "l’interprète". On ne sait pratiquement rien sur le Homère historique et, processus fréquent, par l’accumulation de clichés historico-symboliques, il représente vraisemblablement une entité collective et une tradition poétique dite homérique entretenue par les homérides, organisation de rhapsodes de l’île de Chios. Très rapidement(1) et de l’antiquité classique à la période moderne, Homère est cependant considéré de façon permanente comme le plus grand poète de la culture occidentale. Pétrarque souffrira de ne point le lire dans le texte et Dante écrira : Mira colui con quella spada in mano, / che vien dinanzi ai tre sì come sire: / quelli è Omero poeta sovrano {Voyez celui qui a l’épée à la main, / qui se présente devant les trois (Horace, Ovide et Lucain) comme un géniteur : / c’est Homère le poète souverain} (Enfer, IV:86-88).

↪ Son œuvre constituera le mythe poétique par excellence pour l’occident, se destinera à une résonance culturelle considérable et demeurera la référence absolue pour une grande partie de la littérature européenne. Cette notoriété pour le monde occidental se construira via les premières traductions latines(2) et l’œuvre virgilienne, puis bénéficiera d’une seconde impulsion offerte par les traductions humanistes. La première édition imprimée du corpus homérique date de 1488. Finalement, Homère représente, en fait, l’archétype de l’aède : moitié chantre et transmetteur des valeurs héroïques, moitié poète et attaché à l’élégance et au divertissement; hiérophante pédagogue de la musique et du verbe mais aussi édificateur de ponts entre le sacré et le profane, la gnose et le savoir-faire.

► On suppose qu’Homère est né en Ionie, première région de Grèce qui se soit développée intellectuellement et artistiquement grâce aux contacts avec le Proche-Orient et l’Égypte(3). La ville exacte est impossible à déterminer dans la mesure où nombre de villes antiques se disputèrent la gloire d’être son lieu de naissance. Il était ? aède à la cour d’un prince troyen. Selon la mise en perspective des indices philologiques et archéologiques dont nous disposons, il raisonnable de situer sa naissance aux alentours du m.-VIII, lors de la transition entre les siècles obscurs et l’époque archaïque. La tradition antique le fait encore naître avant l’établissement des Jeux olympiques antiques en -776 et il serait mort à Íos, aux Cyclades. Cette tradition, constituée dès la fin de l’époque archaïque, l’entoure rapidement de légendes et le représente comme un vieil aède aveugle(4), demi-dieu, fils de la nymphe Créthéis, apparenté ou descendant d’Orphée, parcourant la Grèce pour chanter ses vers directement inspirés par les Muses(5). Selon les sophistes, remontant à Alcidamas au d.-IV, et à partir d’une anecdote du Travaux et les Jours, il aurait aussi participé à un ἄγών (ágōn) de poésie avec Hésiode. Il est surtout l’auteur désigné de l’Illiade et l’Odyssée.

↪ Notez que de l’époque alexandrienne à l’époque impériale, il existe en outre des vies d’Homères, pseudo-biographies plus ou moins fantastiques(6), mais elles sont naturellement toutes fictives. Quoiqu’il en soit, il est le plus ancien écrivain grec dont nous ayons réceptionné l’œuvre. D’autres poèmes du Cycle épique(7), dont il ne nous reste au mieux que des fragments, furent également attribués à Homère ainsi que des épigrammes, les Hymnes surtout, mais aussi les parodiques Margitès et Batrachomyomachia. Très tôt déjà, il y a, en fait, une réflexion autour de la "question homérique", à savoir s’il a existé et, le cas échéant, quelles œuvres il faudrait lui attribuer, si ses œuvres ont étés interpolées, etc. et ajd. l’analyse textuelle est la seule à fournir des indications sérieuses.

II. Œuvres et influence

L’Illiade et l’Odyssée, œuvres solaro-martienne et luno-mercurielle, tant structurellement que circonstanciellement, se fondent sur l’hexamètre dactylique du semi-légendaire Olen de Lycie, et sont vraisemblablement l’aboutissement d’une longue tradition poétique orale épique. À l’époque d’Homère déjà, la langue de rédaction, dite langue homérique, à prédominance ionique, est déjà archaïque; héritage peut-être, d’une langue poétique indo-européenne antérieure. Ces œuvres, qui mettent en avant les valeurs de la civilisation grecque antique et incorporent des mythes anciens et des motifs populaires, constituent les textes fondateurs de la littérature grecque et dateraient de f.-VIIId.-VII, mais reposent sans doute sur des évènements historiques relatifs à la Grèce archaïque et à la période mycénienne.

↪ Elles sont d’une importance capitale pour la compréhension de la religion et du culte dans anciens grecs et représentent la transition entre le monde des mystères et celui de l’objectivation mentale. Déjà, Homère établit la structure de sa psychologie selon : ψυχή (psȳchḕ) {souffle vital, des morts en particulier}, θυμός (thȳmòs) {émotions}, φρήν (phrḕn) {rationalité} et νοῦς (nūs) {intellect}. De plus, référence permanente du monde grec, bible du polythéisme grec même, répandue avant les réflexions des philosophes(8) et clef de voûte de l’éducation hellénistique dès le -VI(9), elles ont eux-mêmes constitué postérieurement une source d’influence normative pour la culture grecque ultérieure, façonnant de façon décisive les mythologies et l’iconographie panhellénique, en particulier au travers de la figure d’Achille.

► Dès le -VIII des groupes d’homérides se forment et, se déclarant descendant du poète, chantent les homerica. Au -VI, Pisistrate (reg. -561-527), tyran d’Athènes, élabore la première bibliothèque publique, fait publier les rhapsodies homériques et établit la récitation du poète durant les Panathénées. Par la suite, au -VI-V, apparaît l’exégèse allégorique de l’œuvre homérique, on cherche ainsi l’ὑπόνοια (hypónoia) de l’œuvre et, dès l’époque hellénistique, au plus tard sous la dynastie lagide, on divise l’Illiade en 24 rhapsodies, comme autant de lettres grecques. Homère fut cité par un nombre considérable de philosophes et commenté par un nombre qui demeure tout aussi impressionnant. On trouve dans cet exercice tant les présocratiques, pythagoriciens, platoniciens que les stoïciens, puis les latins comme Macrobe, Clément, les byzantins à partir de la f.VIII avec stt. Psellos, qui, commentant Homère, rapporteront la connaissance du grec à l’occident, les humanistes ensuite comme Rabelais et enfin le courant mytho-hermétique avec Bonus, Maier, Pernety, jusqu’à Hooghvorst, derniers maillons de la chaîne d’or d’Homère. Notez enfin que, fort de son immense notoriété et comme pour les œuvres de Virgile, il existe la pratique des sortes homericæ, bibliomancie, stichomancie, et même, encore plus précisément, rhapsodomancie déjà utilisée dans l’antiquité.

Il existe un nombre écrasant de documentations sur Homère et son œuvre. 𝕍 tout de même l’intéressant Arétè, timè, aidôs et némésis : le modèle homérique in Ktèma (20 pp. 177-211), Edmond Lévy, 1995. Lien vers le document sur Persée



1. Dès la fin de l’époque archaïque où son œuvre devient classique et influence massivement la phraséologie et métrique.

2. En fait, pour ainsi dire instantanées, dès Livius Andronicus.

3. Notamment avec l’école présocratique ionienne et le développement de l’ordre architectural ionique.

4. Motif commun pour qualifier celui qui voit le réel par sa pénétration prophétique et sa sagesse. L’idée d’un Homère aveugle vient du personnage de Démodocos, aède à la cour d’Alcinoos au chant VIII de l’Odyssée, dans lequel les anciens voyaient un autoportrait de l’auteur.

5. "Jeunes filles (les dēliádes), quel est le plus illustre des chanteurs qui fréquentent cette île ?" […] "C’est le chanteur aveugle. Il habite dans la montagneuse Chio : ses chants conserveront une éternelle renommée dans les siècles futurs." (Hymnes homériques, VIII, Apollon).

6. La plus ancienne, du -V, est justement faussement attribuée Hérodote. D’ailleurs, si on se repère aux propos d’Hérodote (Histoire, II:53) il aurait vécu avant -850, datation, nous l’avons vu, improbable et certainement fantaisiste.

7. Chants cypriens, Petite Iliade, Prise d’Œchalie, Thébaïde, Phocais

8. Poésie et philosophie s’affrontent fort tôt pour conquérir le terrain de la vérité et de l’éducation. Platon, qui cite Homère plus que tout autre philosophe, banni pourtant son œuvre de sa cité idéale (République III:398a-b) : […] Si jamais un homme habile dans l’art de prendre divers rôles et de se prêter à toutes sortes d’imitation, venait dans notre État et voulait nous faire entendre ses poèmes, nous lui rendrions hommage comme à un être sacré, merveilleux, plein de charmes, mais nous lut dirions qu’il n’y a pas d’homme comme lui dans notre État, et qu’il ne peut y en avoir; et nous le congédierions après avoir répandu des parfums sur sa tête et l’avoir couronné de bandelettes et nous nous contenterions d’un poète et d’un faiseur de fables plus austère et moins agréable, mais plus utile, dont le ton imiterait le langage de la vertu, et qui se conformerait, dans sa manière de dire, aux règles que nous aurions établies en nous chargeant de l’éducation des guerriers. […] il justifie (X:607b-c) : […] Puisque nous sommes revenus sur la poésie, voilà de quoi nous justifier de l’avoir bannie de notre république ; la raison nous en faisait un devoir. Au reste, de peur que la poésie elle-même ne nous accuse en cela de dureté et de rusticité, disons-lui que ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle est brouillée avec la philosophie. […] Malgré cela, protestons hautement que si la poésie imitative, et qui a pour but le plaisir, peut nous prouver par de bonnes raisons qu’on ne doit pas l’exclure d’un État bien policé, nous la recevrons à bras ouverts, parce que nous ne pouvons nous dissimuler à nous-mêmes la force et la douceur de ses charmes ; mais il n’est pas permis de trahir ce qu’on regarde comme la vérité. Autrement, mon cher ami, n’est-il pas vrai que l’enchanteresse te séduit aussi, surtout lorsqu’elle se présente à toi dans Homère ? […].
D’ailleurs, dans sa Vie des Philosophes (8), Laërce indique que : […] Hiéronymus (de Rhodes) raconte qu’étant descendu aux enfers, il (Pythagore) y vit l’ombre d’Hésiode attachée à une colonne d’airain et grinçant les dents, et celle d’Homère pendue à un arbre et environnée de serpents, en expiation de ce qu’ils avaient dit l’un et l’autre sur le compte des dieux ; […]. Cependant, ce fragment ne parait pas conforme à la position de Pythagore à ce propos, bien plus ambivalente : Comme Platon, il puise dans cette source traditionnelle mais la critique en même temps, ce qui, du point de vu ésotérique, se comprend parfaitement puisqu’une source, a fortiori poétique, ne saurait trouver son intérêt que dans une interprétation hermétique. Sans cela et malgré tous les efforts du poète, elle peut fort bien avoir les effets inverses de ceux attendus, notamment en menant à l’idolâtrie de l’anthropomorphisation abusive que pouvaient suggérer les dieux du cosmos homérique finalement rationnels, organisés et vivants sur l’Olympe; humains. Du reste, il ne faut pas oublier la place qu’avait alors l’étude d’Homère dans l’éducation grecque : celle de la culture dominante et, d’une façon ou d’une autre, sclérosante.

9. On faisait mémoriser aux écoliers des passages entiers de l’œuvre homérique.

Hésiode Entrée Data.Bnf
Aède 🞄 Polythéisme grec 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VIII -VII

I. Histoire

► Poète grec épique, père de la poésie didactique et gnomique considéré comme l’égal d’Homère dans la tradition grecque. Sa biographie, largement inconnue puisque dépendant seulement des éléments autobiographiques transmis dans ses œuvres est tardivement reconstruite notamment par Tzétzès et la Souda. Sans doute né en Béotie au pied du Mont Hélicon, il est fils d’un commerçant maritime devenu paysan (semble-t-il agriculteur et berger) afin de "fuir la pauvreté". Hérodote rapporte qu’il est un contemporain d’Homère, quoique plus jeune, puisque son activité semble manifestement s’étendre après la rédaction de l’Odyssée mais avant celle d’Archiloque(1). Rhapsode de profession mais n’ayant ? pas bénéficié de formation professionnelle(2), Hésiode aurait d’ailleurs affronté Homère dans un concours de poésie à Chalcis (Eubée) organisé pour les funérailles du roi Amphidamas(3), qu’il remporta à l’aide d’un texte célébrant la vie agricole et la paix tandis que les poèmes d’Homère, voués à la guerre ne purent remporter autant d’adhésion. Il dédia aux Muses de l’Hélicon le trépied qu’il reçoit en récompense.

↪ On sait, d’après les Travaux et les Jours, que suite au décès de son père, il eut un litige avec son frère Persès qui, désirant augmenter sa part de l’héritage, plaida contre lui et gagna la faveur des juges qu’il était — toujours d’après Hésiode — parvenu à corrompre. Cependant, mauvais gestionnaire, son frère se ruina et désira de nouveau intenter un procès à Hésiode. C’est son souhait de trouver une solution pacifique à ce conflit(4) qui l’encouragea dans l’écriture des Travaux. Cependant, tout ou une partie de ces informations biographiques, sur lesquels nombre d’érudits passionnés ont élaboré des élucubrations parfois très habiles, sont possiblement fictives, dans la mesure où l’aède pourrait n’avoir voulu que créer des motifs littéraires. Sa mort fait encore l’objet d’une légende rapportée par Plutarque dans son Banquet des Sept Sages : il aurait été assassiné par vengeance pour avoir séduit une jeune femme(5). De même, on fait de Stésichore son fils ou même son petit fils. Ses poèmes, qui marquent la transition entre les aèdes et les logographes, furent très renommés et chantés par les rhapsodes ultérieurs.

II. Œuvres

► Contrastant avec Homère, le style d’Hésiode est sobre mais non sans ironie et parfois entrecoupé d’une bonhomie espiègle, souvent subtil jusqu’aux γρίφοι {énigmes} aussi. Poète des humbles, sa langue, à caractère populaire, est rustique et pittoresque, quoique ponctuée d’une certaine candeur. Comparé à son aîné, il substitue l’élégance fulgurante à l’éloquence, il est mu par la volonté d’éduquer et d’édifier et aborde ainsi des sujets plus concrets et relevant de l’éthique sociale et morale, sujet qu’il est le premier à aborder. Ces intentions le poussent parfois à la rudesse et au pessimisme saturnien sans pour autant que cela l’empêche d’être saisissant dans la composition de ses tableaux. Trois œuvres sont généralement considérées comme étant d’Hésiode lui-même.

D’abord, sa Θεογονία {Théogonie}, fondamentale pour notre connaissance des mythes grecs archaïques et qui est son travail le plus ancien.

Ensuite ses Ἔργα καὶ Ἡμέραι {Travaux et les Jours}, poème de 828 vers qui débute par un ὔμνος κλητικός {hymne clétique} à Zeus (? d’origine orphique) et dont il manque l’épilogue. Hésiode y exhorte au travail et blâme l’oisiveté, loue la δίκη {justice} et blâme l’ὕϐρις {démesure}. Il y livre des informations sur les techniques agricoles et digresse sur la navigation, confie encore des considérations relatives aux saisons ainsi que des préceptes sur la morale et l’éthique, puis enfin des conseils sur l’économie et les relations sociales dans les affaires quotidiennes. Il développe dans ce texte, le mythe de Pandore et celui des cinq âges. Il aborde également le sujet des croyances populaires de l’époque archaïque, notamment celles en rapport avec les jours fastes et néfastes. Néanmoins, bien que à propos étant donné la destination du texte, on a voulu voir dans ce dernier chapitre une adjonction au texte original, dans une perspective chrestomathique. Le fait est qu’il existe comme pour Homère et depuis l’antiquité, une "question hésiodique" assez délicate dans la mesure où les textes d’Hésiode furent manifestement modifiés, amplifiés et des sections interpolées. On trouve par ailleurs dans ce texte, le premier exemple consistant de fable de la littérature occidentale(5).

Son Ἀσπὶς Ἡρακλέους {Bouclier d’Héraclès} enfin, en 480 vers, assez médiocre et dont l’attribution est plus douteuse, est inspiré de la description du bouclier d’Achille 🗎⮵ dans l’Iliade. Il serait du d.-VI

Par la suite, vraisemblablement d’un pseudo-Hésiode pour des raisons philologiques, le corpus hésiodique s’enrichit d’un certain nombre de poèmes hexamètres attribués par les anciens dont la plupart son perdus ou demeurent sous forme fragmentaire. Parmi ces travaux, le Γυναικῶν κατάλογος {Catalogue des femmes}, divisé en cinq livres, est le plus remarquable : mettant l’emphase sur les figures féminines(6) et délivrant des mythes de diverses régions grecques, il est fort important durant la période hellénistique et influencera la Bibliothèque d’Apollodore.

➽ L’œuvre hésiodique influence en outre la poésie élégiaque et iambique postérieure, Virgile en ses Géorgiques, Caton l’Ancien et Lucrèce.

Il existe énormément de papiers sur Hésiode et son œuvre. Nous vous proposons de 𝕍 d’abord 1. Poésie et religion chez Hésiode in Collection de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (ISTA 578, pp. 117-130), Marie-Christine Leclerc, 1995. Lien vers le document sur Persée | 2. La Sagesse d’Hésiode in Laval théologique et philosophique (4, 1 pp. 27–36), Clément Lockquell, 1948. Lien vers le document | 3. Notions abstraites chez Hésiode in Revue des Études Grecques (89, 426-427 pp. 265-291), Jacques Péron, 1976. Lien vers le document sur Persée | 4. La "Théogonie" d’Hésiode. Essai de comparaison indo-européenne in Revue de l’histoire des religions (197, 3 pp. 243-276), Dominique Briquel, 1980. Lien vers le document sur Persée



1. Le débat cependant, est encore vif à ce sujet, les deux partis ayant des arguments intéressants.

2. Il parle de lui-même en ces termes dans la Théogonie : Jadis elles (les muses) enseignèrent à Hésiode d’harmonieux accords, tandis qu’il faisait paître ses agneaux aux pieds du céleste Hélicon. […] elles me remirent pour sceptre un rameau de vert laurier superbe à cueillir ; puis, m’inspirant un divin langage pour me faire chanter le passé et l’avenir, elles m’ordonnèrent de célébrer l’origine des bienheureux immortels et de les choisir toujours elles-mêmes pour objet de mes premiers et de mes derniers chants. […]. Notez qu’avec ce passage, il est le premier auteur de la littérature occidentale à utiliser la première personne du singulier.

3. Il révèle lui-même sa victoire à ce concours dans ses Travaux, la présence d’Homère mettant en exergue la rivalité symbolique entre le chantre de la paix et celui de la guerre est un ajout ultérieur que l’on retrouve dans le Ἀγὼν Oμήρου καὶ Ἡσιόδου {Agôn d’Homère et Hesiode} du II mais dont le fond remonte à Alcidamas (-V).

4. Dont nous ne connaissons pas l’issue.

5. […] Un homme de Milet, s’il en faut croire ce que l’on dit, partageait avec Hésiode la table et l’hospitalité d’un habitant de Locres, et il avait séduit en secret la fille de leur hôte. Ces amours furent découvertes. On soupçonna Hésiode d’avoir eu, dès l’origine, connaissance de l’intrigue et d’avoir aidé à la dissimuler. Il n’en était nullement coupable ; mais, dans un premier moment de colère, on le rendit victime d’injustes calomnies. Les frères de la jeune fille l’ayant attendu dans une embuscade près d’un bois de la Locride consacré à Jupiter Néméen, l’assassinèrent, ainsi que l’homme qui le suivait et qui s’appelait Troïlus. Les deux cadavres furent jetés au sein de la mer. Celui de Troïlus se trouva emporté dans le fleuve Daphnus, où il fut arrêté un peu au-dessus de l’embouchure par un roc que baignaient les eaux et qui en a conservé jusqu’à nos jours le nom de Troïlus. Mais le corps d’Hésiode, au moment même où il était lancé de la terre, fut reçu par une flottille de dauphins qui le portèrent au promontoire de Rhium, près de Molycrie. Il se trouva qu’il y avait pour le moment à Rhium un sacrifice et une fête, que les Locriens célèbrent encore aujourd’hui en ce même lieu avec beaucoup d’éclat. À la vue du corps ainsi apporté on fut saisi d’un étonnement bien naturel. On accourut sur le rivage, on reconnut Hésiode tout fraîchement assassiné; et, en raison de la célébrité du poète, on n’eut rien de plus pressé que de faire une enquête sur ce meurtre. On y procéda sur-le-champ. Les assassins furent découverts, jetés tout vivants dans les flots, et leur habitation fut rasée. On ensevelit ensuite Hésiode près du bois de Némée. Mais le plus grand nombre des étrangers ne savent pas où est son tombeau. On le dérobe aux recherches des Orchoméniens qui, d’après un oracle, voudraient, dit-on, enlever ses restes et les ensevelir dans leur pays. […]

6. L’épervier et le rossignol où le premier lance méchamment au second : Δαιμονίη, τί λέληκας; ἔχει νύ σε πολλὸν ἀρείων· / τῇ δ' εἶς, ᾗ σ' ἂν ἐγώ περ ἄγω καὶ ἀοιδὸν ἐοῦσαν· / δεῖπνον δ', αἴ κ' ἐθέλω, ποιήσομαι ἠὲ μεθήσω. / ἄφρων δ', ὅς κ' ἐθέλῃ πρὸς κρείσσονας ἀντιφερίζειν· / νίκης τε στέρεται πρός τ' αἴσχεσιν ἄλγεα πάσχει. {Misérable, pourquoi piaille-tu ? Tu es sous l’emprise de quelqu’un de bien supérieur à toi, et tu iras où je t’emmènerai, tout chanteur que tu puisses être. Je ferai de toi mon dîner si je le souhaite, ou je te relâcherai. Il est insensé celui qui veut lutter contre les plus forts : car il est privé de la victoire et souffre de douleurs en plus de l’opprobre.}


🙟 -VII   

Aristée de Proconnèse
Poète, Chamane mystologue 🞄 Culte d’Apollon hyperboréen 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VII

Poète errant semi-légendaire auquel les commentateurs accordent divers pouvoirs occultes notamment la bilocation. On raconte que deux cent quarante ans après sa mort, il reparut à Métaponte, affirma qu’il était avec Apollon sous forme de corbeau et demanda qu’on érige une statue à son effigie et un autel à Apollon.

◆ Le chamanisme grec trouve son origine dans la Thrace et la Scythie. En effet, le poème des Arimaspea {Arimaspées} qui lui est attribué(1), narre ses voyages dans le nord où il raconte avoir rencontré des tribus comme les paisibles Hyperboréens qui vivent près de l’océan, les Issédons ainsi que les Arimaspes cyclopéens, qui sont en guerre contre les griffons, gardiens de l’or d’Apollon.



1. 𝕍 La Datation du poème l’Arimaspée d’Aristéas de Proconnèse in L’Antiquité Classique (62, pp. 35-67), Askold Ivantchik, 1993. Lien vers le document sur Persée


🙟 -VI   

Abaris le Scythe
Ecclésiastique (Prêtre), Chamane mystologue 🞄 Culte d’Apollon hyperboréen 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VI

Devin errant semi-légendaire auquel les commentateurs accordent divers pouvoirs occultes et qui fit l’objet de plusieurs pseudo-épigraphes.

Aurait rencontré et peut-être influencé Pythagore, de façon symbolique. Les chamanes errants précèdent et influencent en effet par leurs pratiques les organisations orphiques et pythagoriques. Une transmission de cet ordre est plus assurée par Phérécyde de Syros.

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Acousilaos d’Argos  Entrée Data.Bnf
Mythographe, Rhapsode prosaïque 🞄 Présocratisme 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VI

Héritier des chamanes mystologues errants. A écrit en ionien un ouvrage sur les généalogies théo-historiques qu’il aurait affirmé tirer d’une tablette de bronze découverte dans le jardin de son père. Les commentateurs assurent qu’il s’agit pour une large part d’une traduction d’Hésiode en prose. Son œuvre n’a survécu que sous forme de fragments.

➽ Parfois membre des Sept sages de Grèce, son œuvre influence la Bibliothèque d’Apollodore.

Hérodote qualifie les mythographes comme Cadmos et Hécatée de Milet, Acousilaos puis Phérécyde d’Athènes, de logographes, car leur discipline mélange poésie, histoire et mythes.

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Épiménide de Cnossos  Entrée Data.Bnf
Chamane mystologue, Rhapsode 🞄 Culte d’Apollon hyperboréen 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VI

► Laërce rapporte qu’étant enfant, il s’égare dans une caverne dédiée à Zeus et se voit octroyé le don de divination.

► Plutarque nous apprend qu’il aurait été appelé par Solon pour réformer les rituels religieux et qu’il aurait purifié Athènes après la pollution apportée par les Alcméonides. Il aurait produit une œuvre prosaïque et poétique aujourd’hui perdue, traitant de cosmogonie et de purifications, d’oracles et de la geste argonautique. Végétarien, il se nourrissait uniquement d’une substance végétale qu’il transportait dans un sabot de bœuf.

► On assure qu’ils serait mort à un âge extraordinaire, proche de trois cent ans. Pausanias nous apprend que mort, on aurait retrouvé plusieurs tatouages sur son corps, signe probable d’une initiation chamanique d’Asie centrale.

► Pour Onomacrite et Mélampous il est une des figures fondatrices de l’orphisme. Laërce estime qu’il aurait rencontré Pythagore et qu’ils auraient effectué une retraite dans la Grotte de Psychro.

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Phérécyde de Syros  Entrée Data.Bnf
Philosophe, Chamane mystologue 🞄 Présocratisme 🞄 Grèce (époque archaïque) | -VI

Oncle maternel de Pythagore dont il fut le maître, il enseignait dans une caverne. Influencé par la théologie égyptienne et l’orphisme, sa pensée représente une transition entre la mytho-poétique hésiodique et la philosophie présocratique.

◆ Laërce indique qu’il s’agit du premier des philosophes grecs à aborder des questions théologiques sur la nature et l’origine des dieux et Cicéron comme Augustin ajoutent qu’il est le premier à affirmer l’immortalité de l’âme. Porphyre mentionne dans son Antre des nymphes ses théories sur la métempsychose. La Souda mentionne enfin qu’il s’agit aussi avec Anaximandre un des premiers auteurs à écrire en prose. Parfois membre des Sept sages de Grèce.

◆ Son Pentemychos {Cinq niches} ou Heptamychia {Sept niches} est perdu et on ne connaît sa pensée que de façon indirecte. Il a formé une cosmologie basée sur une trinité : Zeus, Cthonie et Chronos.

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Hermotime de Clazomènes
Chamane mystologue 🞄 Présocratisme 🞄 Grèce (époque classique) | -VI -V

◆ Hermotime possède les pouvoirs occultes des chamanes. Pline rapporte une histoire narrant sa capacité à effectuer des voyages chamaniques durant lequel il pouvait rapporter des informations prophétiques ou seulement connues de personnes lointaines. Durant un de ses voyages sa femme livra son corps physique à ses ennemis, qui l’immolèrent. Les habitants édifièrent un temple en l’honneur de l’âme esseulée.

◆ Sextus Empiricus, le place auprès d’Empédocle, estimant qu’ils font parti de ces penseurs affirmant que la création est duelle et polaire : la matière est inanimée tandis que l’intellect l’anime. Aristote mentionne qu’Hermotime devançait Anaxagore dans l’affirmation voulant que le noûs soit la cause ultime de la création.

◆ Laërce rapporte qu’Hermotime prouva qu’il fut la réincarnation du troyen Euphorbe fils de Panthoos en reconnaissant un bouclier sacré dédié à Apollon par Ménélas. Pythagore dit-on, pensait être sa réincarnation, mais ils semblent contemporains. Hermotime est du reste, qualifié de pythagoricien par Lucien de Samosate.


🙟 -V   

Timée (De Locres)  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Pythagorisme 🞄 Locri Epizefiri | -V

Pythagoricien apparaissant dans Timée et Critias et dont l’existence est douteuse et sujette à débats dès l’antiquité. Un médioplatonicien et fragmentaire Sur la nature du monde et de l’âme Lien vers l’œuvre sur Remacle (-I I), bien connu des néoplatoniciens, est attribuée à un Pseudo-Timée de Locres.

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Hérodote  Entrée Data.BnfEntrée Treccani (sélectionnée)
Aède, Historien 🞄 Hellénisme 🞄 n. Empire achéménide, fl. Grande-Grèce | -484 -425

I. Histoire

► On sait peu de choses sur sa vie, nos connaissances étant essentiellement déduites de ses propres écrits et des propositions de la Souda. Il est né à Halicarnasse (ajd. Bodrum), ville-carrefour, commerçante par voie maritime et sous domination perse. Sans doute issu d’une famille riche et aristocratique, il reçoit une bonne éducation et il est ? initié à Homère par l’intermédiaire de son oncle, le poète Panyasis. Sa famille participe à une révolte avortée contre Lydgamis qui est inféodé aux envahisseurs et elle est alors exilée de la polis du jeune homme vers Samos, où il réside plusieurs années. Il effectue ensuite de nombreux et longs voyages dans le monde méditerranéen(1), ce qui à son époque reste exceptionnel. La Souda estime qu’il serait retourné à Halicarnasse avant -454, afin de participer à un autre soulèvement qui devra aboutir au renversement du tyran. Il quitte définitivement Halicarnasse et se rend à Athènes vers -445 où il donne régulièrement des lectures de son œuvre, devient l’ami de Sophocle et rencontre ? Périclès. Il participe ensuite à la fondation de la colonie panhellénique de Thourioï en 444-446, parrainée par Athènes, où il devient le compatriote de Protagoras et d’Hippodamos de Milet.

↪ De son vivant Hérodote avait la réputation d’être un λόγιος {savant, éloquent}, aède récitant de la prose, vraisemblablement héritier de ces intellectuels ioniens qui rédigent, à partir du m.-VI, des textes concernant la philosophie, les sciences naturelles et des sujets historiques. Hérodote est considéré comme le premier grand historien grec et donc européen, notamment par Cicéron qui, dans ses Lois, le qualifie de "Père de l’Histoire" et les commentateurs l’ont souvent comparé à Homère dans sa faculté à captiver ses lecteurs. Tout cela est certainement exagéré mais n’est pas dépourvu non plus de vérité, quoiqu’il faille aussi noter que son œuvre, dès l’antiquité puis dans le monde latin, fait déjà l’objet de critiques. Denys d’Halicarnasse devra notamment admirer son style, tandis que Plutarque, malgré l’utilisation qu’il fait des travaux d’Hérodote dans ses propres œuvres, écrira un traité critique incorporé à ses Œuvres morales : De Herodoti malignitate.

II. L’œuvre

► Hérodote est connu pour le seul ouvrage qui nous soit parvenu : les Ἱστορίαι (Historíai) {Histoires} Lien vers l’œuvre sur Remacle (litt. "enquête", "recherche"), sorte d’encyclopédie généreuse, aussi divertissante qu’instructive, chef-d’œuvre de la littérature grecque et première grande œuvre en prose de la littérature européenne. Destinée à être lue en public et fruit de ses propres ἱστορίης {recherches}, il y ambitionne, à la façon des poètes épiques, de "préserver la mémoire du passé concernant les réalisations mémorables accomplies par les Grecs et les non-Grecs". Bien que son objet principal soit les interactions entre la Grèce et la Perse, la résistance à l’impérialisme oriental en général et les guerres médiques (-490-479)(2) en particulier, cet exposé n’intervient qu’à la moitié de l’ouvrage. Souhaitant aller plus loin que la simple chronique, Hérodote prend soin de contextualiser son récit, dans un style clair et fluide, frais et charmant, à la narration rythmée et avec une pointe d’ironie, offrant une valeur littéraire certaine à son exposé. Ses "recherches" ont pour but de réfléchir au sens des événements, de mettre en valeur les causes et glissements évènementiels menant au conflit et à sa résolution, et non pas de relever simplement des faits. Cette œuvre aborde en fait, plusieurs disciplines dans lesquelles il est un précurseur et dont la distinction n’est encore pas nette : histoire et géographie, au sens moderne du terme, ethnographie et anthropologie, folkloristique et historiographie également. S’il est précédé par des mythographes et logographes et que plusieurs de ces contemporains pensent également ces notions(3), son œuvre se distingue par son équilibre, sa richesse et le fait qu’il parvienne à tisser une trame historique organique : longue et complexe mais toujours cohérente.

↪ Jusqu’à sa génération, l’histoire ne consiste pas seulement à relater et expliquer le cours des événements. Elle avait avant tout un but pédagogique et était l’affaire de conteurs qui combinaient les faits avec la poésie, le symbole et le mythe et qui n’hésitaient pas à réutiliser des récits de voyageurs sans mettre en doute leurs dires ou recroiser les sources. Bien qu’héritier des concepts de la Grèce archaïque(4), se posant lui aussi en simple rapporteur et parfois permissif au fabuleux, Hérodote entend, lui, tenter d’exposer des faits impartiaux, pratiquant une forme élémentaire de critique historique lorsque devant des invraisemblances ou la pluralité de sources contradictoires, cela s’avérait nécessaire. Il n’hésite pas non plus à réexaminer des faits jusqu’alors estimés comme acquis, quoiqu’il se montre prompt à expliquer les décisions politiques par une psychologie rudimentaire des dirigeants dont il esquisse une simple silhouette plus que par des facteurs politiques ou économiques globaux. Pour constituer ses Histoires, il s’est ainsi principalement appuyé sur son αὐτοψία (autopsíā) {vue par soi-même}, des informateurs et la tradition orale, mais aussi sur les quelques oracles et inscriptions qu’il pu récolter ainsi que de rares documents écrits, encore peu nombreux à son époque.

↪ Pour servir ses objectifs, Hérodote décrit les peuples de la méditerranée antique au travers de digressions tentaculaires, fréquentes et parfois très approfondies comme avec les perses, égyptiens et athéniens. Il fait en effet montre d’un intérêt certain à ce sujet, sans préjugés pour les non-grecs(5), et rend compte de tout ce qu’il estime être intéressant ou significatif, curieux ou divertissant : il rapporte donc le fruit de son enquête sur leurs histoires (ancienne et récente), et géographies, leurs faunes et leurs flores, leurs traditions, us et coutumes, leurs économies, institutions, religions et folklore, leurs vie quotidienne en général et, parfois, de simples anecdotes; les Grecs d’alors n’avaient d’ailleurs à son époque, qu’une connaissance très fragmentaire de leurs voisins(6). Explorant divers domaines, il se révèle parfois crédule ou peu alerte, notamment sur les questions militaires, mais intelligent et scrutateur, il sait voir l’essentiel. Les recherches archéologiques modernes ont d’ailleurs montré qu’Hérodote était un observateur consciencieux.

◆ Diodore de Sicile séparera le livre en neuf parties en les associant aux Muses et par la suite, l’ouvrage est divisé en neuf livres par les grammairiens alexandrins(7). Du fait de l’importance et de la variété des sujets abordés, les Histoires constituent une source précieuse de documentation sur les populations anciennes. Hérodote y est particulièrement attentif aux questions religieuses, notamment en Égypte, ce qui devra intéresser nos lecteurs.

Il existe un très grand nombre de papiers sur Hérodote. 𝕍 1⬝ Hérodote historien ? Quelques interprétations récentes in L’ Antiquité classique (44, 2 pp. 668-685), Herman Verdín, 1975. Lien vers le document sur Persée | 2⬝ L’Héritage épique chez Hérodote in Bulletin de l’Association Guillaume Budé (1, 1 pp. 4-13), Michèle Giraudeau, 1984. Lien vers le document sur Persée | 3⬝ Les Limites de la parole chez Hérodote in Pallas (48 pp. 105-117), Jacques Peron, 1998. Lien vers le document sur Persée | 𝕍 aussi ces deux numéros thématiques : 1⬝ Ktèma (20, pp.5-136), 1995. Lien vers le document sur Persée | et 2⬝ Hérodote et l’Égypte. Regards croisés sur le Livre II de l’Enquête d’Hérodote (Collection de la Maison de l’Orient méditerranéen ancien, Série littéraire et philosophique, 51), 2013. Lien vers le document sur Persée



1. Sud de l’Italie et Sicile, Macédoine, Grèce (Attique, Péloponnèse, Béotie) et Thasos, Thrace et Bosphore, Lydie, Phrygie et Pont, mer Noire et Scythie, Cyrénaïque et Égypte (vers 455), ainsi que le cœur de l’Empire perse, Élam, la Phénicie, la vallée de l’Euphrate et Babylone. Ses voyages étaient ceux des grandes routes, il n’était pas explorateur. Il est difficile d’affirmer qu’Hérodote ait réellement visité toutes les régions qu’il décrit et que ses informations soient de première main : peut-être a-t-il complété ses notes à l’appui d’autres sources et il a certainement eu recours à des interprètes. On a, en outre, proposé que ces voyages étaient d’abord dues à une activité commerciale.

2. Consistant dans l’invasion des cités-États grecques par l’Empire perse.

3. Comme ses contemporains Hécatée de Milet — qu’Hérodote cite deux fois comme source écrite — ou Hellanicos. Il sera immédiatement suivi par Thucydide, qui bien qu’il suive la même voie qu’Hérodote, le critique pour sa volonté de divertir et de céder au merveilleux, aussi le classe-t-il dans les logographes alors qu’il serait plus exact de dire qu’il est dans une position intermédiaire. Il faudra attendre Ératosthène deux siècles plus avant pour voir émerger le terme de "géographie".

4. Notamment la φθόνος θεῶν (phthónos theōn) {jalousie divine}, garante de l’ordre universel, en réduisant l’excès de fortune et l’arrogance qui en découle : Ne voyez-vous pas que le dieu lance sa foudre sur les plus grands animaux, et qu’il les fait disparaître, tandis que les petits ne lui causent pas même la plus légère inquiétude ? ne voyez-vous pas qu’elle tombe toujours sur les plus grands édifices et sur les arbres les plus élevés ? car Dieu se plaît à abaisser, tout ce qui s’élève trop haut. Ainsi une grande armée est souvent taillée en pièces par une petite. Dieu, dans sa jalousie, lui envoie des terreurs, ou la frappe d’aveuglement, et conséquemment elle périt d’une manière indigne de sa première fortune. Car il ne permet pas qu’un autre que lui s’élève et se glorifie. (VII, X.e).

5. Quoique à mesure que l’on s’éloigne vers les confins mystérieux du monde connu, les descriptions deviennent plus fantaisistes, se confondant avec les réalités psycho-spirituelles.

6. Leurs connaissances se limitait aux régions de la Méditerranée et de la mer Noire. Les territoires Celtes et Scythes, l’Afrique subsaharienne et la vallée de l’Indus étaient leurs horizons géographiques et ethnographiques et étaient auréolées de mystères.

7. Un prologue aborde d’abord les origines mythiques de l’inimitié entre l’Asie et l’Europe. 1 (Clio) : histoire des Lydiens et du roi Crésus, des Mèdes et des Perses jusqu’à la mort de Cyrus, vainqueur de Crésus. 2 (Euterpe) : histoire de l’Egypte jusqu’à sa soumission à Cambyse, successeur de Cyrus, justifiant par là cette grande digression. 3 (Thalie) : règne de Cambyse, fils de Cyrus. 4 (Melpomène) : règne Darius Ier jusqu’à son expédition manquée chez les scythes avec encore, une digression sur ces derniers. Suit une nouvelle expédition de Darius contre la Cyrénaïque et sur l’histoire cette région et de la Libye. 5 (Terpsichore) : Première guerre médique, rébellion des Ioniens jusqu’à la mort d’Aristagoras. Digressions sur l’histoire de Sparte et d’Athènes. 6 (Érato) : Exploits des Perses contre la Grèce jusqu’à la victoire grecque de Marathon et mort de Darius. 7 (Polymnie) : Seconde guerre médique et invasion Perse par Xerxès, sa défaite inattendue à la bataille des Thermopyles. 8 (Uranie) : batailles d’Artémision et de Salamine. 9 (Calliope) : batailles de Platées et de Mycale, prise de Sestos, sur l’Hellespont..

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Cébès de Thèbes  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Préplatonisme 🞄 Confédération béotienne | -V -IV

► Comme Simmias, Cébès est un thébain, d’abord auditeur de Philolaos de Crotone avant de devenir celui de Socrate. Dans le Phédon il est l’un des principaux interlocuteurs de Socrate. Laërce lui attribue trois dialogues parmi lesquels figure πίναξ (Pinax) {Le Tableau} Lien vers l’œuvre sur Remacle, œuvre morale et ascétique qui est plus vraisemblablement du I et que l’on trouve d’ordinaire à la suite du Manuel d’Épictète. Cette ekphrasis, célèbre à la renaissance (publ. princeps 1496) et semble-t-il, durant l’antiquité tardive, est naturellement influencée par le socratisme ainsi que, de façon plus cryptique, par le néopythagorisme. Fidèle au syncrétisme philosophique qui tend à sa former au I, le stoïcisme et le cynisme y sont évoqués mais aussi critiqués.

◆ L’ekphrasis est livrée à de jeunes auditeurs étrangers au temple de Cronos par un vieillard qui leur dévoile la signification d’un tableau, ex-voto qui se révèle avoir un sens pédagogique et eschatologique : […] Si le Repentir vient à le rencontrer, il le délivre de ce cruel esclavage, et, lui inspirant de nouveaux désirs, de nouvelles opinions, il lui donne le choix de deux routes, dont l’une doit le conduire à la Véritable Instruction, et l’autre à la fausse. S’il choisit la meilleure, au terme de son voyage il est purifié, arraché aux dangers qui le menaçaient, et il passe le reste de sa vie dans le sein du bonheur, à l’abri de toute disgrâce, sinon la Fausse Instruction l’engage dans des routes d’erreur. — Grand Jupiter, que ce danger est terrible ! Et la Fausse Instruction, où est-elle ? — Voyez-vous cette autre enceinte, et à l’entrée du vestibule cette femme parée avec tant d’art et de propreté ? La multitude et les hommes légers l’appellent Instruction, mais c’est un nom qu’elle ne mérite pas. Tous ceux qui doivent être préservés sont obligés de passer ici avant de parvenir au séjour de la véritable Instruction. — Est-ce qu’il n’y a pas d’autre chemin qui y conduise ? — Oui, il y en a d’autres. — Qui sont ceux que l’on voit se promener dans l’intérieur de l’enceinte ? — Ce sont les adorateurs de la Fausse Instruction, qui, séduits par elle, croient vivre avec la véritable. — Comment les appelez-vous? — Poètes, orateurs, dialecticiens, musiciens, arithméticiens, géomètres, astrologues, épicuriens, péripatéticiens, critiques, et autres qui leur ressemblent. […] Quelle route mène donc à la véritable Instruction ? — Voyez-vous cet endroit élevé qui parait inhabité, désert, cette porte étroite, et devant la porte un sentier peu fréquenté, qui semble escarpé, raboteux, impraticable? Là s’élève une hauteur d’un accès difficile, et environnée de tous côtés d’affreux précipices. Voilà le chemin qui y conduit.


🙟 -IV   

De Gan
Astrologue 🞄 Zhānxīngshù 🞄 Dynastie Zhou | -IV

Astrologue du royaume Zhou au début de la Période des Royaumes combattants. Héritier avec son contemporain Shi Shen du courant astrologique fondamental de la Chine, qui fut fondé durant le Dynastie Chang par le semi-légendaire Wuxian. Gan De est connu pour son observation minutieuse Jupiter et ses quatre lunes.

◆ Ses traités Suixing Jing {Canon sur Jupiter} et Tianwen Xingzhan {Prédictions astrologiques} sont perdus mais on trouve encore des occurrences de ces travaux dans des ouvrages ultérieurs comme dans l’encyclopédie d’astrologie chinoise Da Tang kai yuan zhan jing {Traité d’astrologie de Kaiyuan des Tang} (720) compilé par Gautama Siddha. On y trouve encore également, trois atlas stellaires confectionnés par Gan De.


🙟 -III   

Manéthon de Sebennytos  Entrée Data.Bnf
Historien, Ecclésiastique (Prêtre) 🞄 Polythéisme égyptien 🞄 Royaume Lagide | -III

Connu pour son Ægyptiaca dont l’on sait le contenu de façon indirecte par des citations - notamment Flavius Josèphe - et où Manéthon fixe l’histoire en trente dynasties de souverains d’Égypte qui se succèdent selon une logique cyclique.


🙟 -II   

Posidonios d’Apamée  Entrée Data.Bnf
Philosophe, Savant, Ésotériste 🞄 Médiostoïcisme, Médiopythagorisme 🞄 n. Empire séleucide, fl. Rhodes (Italia) | -135 -51

I. Histoire

► Principal représentant du médio-stoïcisme, sa vie nous est principalement connue par Sénèque le Jeune et Strabon. Né dans une famille grecque d’Apamée, certainement d’origine noble, il effectue ses études à Athènes où il devient le disciple de Panétios de Rhodes, dernier scholarque incontesté de l’École du Portique et aborde la philosophie selon le triptyque stoïque : physique, éthique, logique. En -110, son maître décède et il prend sa succession, devenant le sixième scholarque de l’école. Puis, entre -101 et -96, il effectue de nombreux voyages, en méditerranée occidentale notamment, pour faire des observations scientifiques. Il se rend en Italie et en Sicile, dans la Gaule narbonnaise, à Massalia {Marseille}, chez les Turdétans, à Gadès {Cardix} et le long des côtes septentrionales de l’Afrique, notablement en Égypte et en Nubie. Il se rend aussi en Dalmatie.

En -95 il se fixe à Rhodes, alors en pleine effervescence intellectuelle et commerciale, en devient citoyen et y fonde une école de philosophie qui aura fort bonne réputation et supplantera Athènes en tant que centre stoïque. Il occupe par ailleurs dans l’île, d’importantes fonctions politiques : il devient même l’un des prytanes, fonction la plus élevée. Il effectue notamment un voyage diplomatique à Rome en -87 où, ambassadeur, il se révèle favorable à l’orientation politique des Optimates romains et établit des relations avec Pompée, Cicéron, Publius Rutilius Rufus et Caius Marius, alors mourant. Son rôle dans la diffusion du stoïcisme dans le monde romain est fondamental.

II. Pensée

◆ Posidonius, polymathe, considéré comme l’Homme le plus savant de son temps est un éclectique et un synthétiseur, peu original mais fin observateur. Il accuse, dans sa philosophie stoïcienne, une réception d’influences présocratiques, héraclitéennes(1) en particulier, aristotéliciennes et platoniciennes(2), spécialement via le Timée dont il note les influences pythagoriciennes. Pour lui, le cosmos est dominé par trois forces : Zeus, la Nature et le destin. Accentuant les motifs du platonisme servant à combler l’espace entre le monde sub-lunaire et le sur-lunaire et à en assurer le passage de l’un à l’autre(3), il use de la doctrine de la sympathie qui justifie le destin et la divination. Il s’est encore occupé de "daimonologie" et en ce sens, peut être considéré comme le père de l’angélologie grecque. Enfin et plus précisément, il introduit également la théorie du destin astrologique, conditionné par les limites du stoïcisme originel et l’eschatologie platonicienne. Avec Diogène de Babylone et Antipater de Tyr, il est d’ailleurs l’introducteur, dans la pensée philosophique occidentale, de l’étude et la pratique de l’astrologie et de la divination(4) en tant que partie intégrante de l’idéal stoïcien.

↪ En sus, en matière de psychologie, il modère la radicalité intellectuelle de Chrysippe de Soles au profit d’une ouverture vers l’expérience, l’observation et le pragmatisme aristotélicien, attentif, dans sa dialectique, autant à l’étiologie qu’à la téléologie. Aussi, il se différencie notablement des autres stoïciens par l’introduction du principe d’irrationalité inhérent à tout Humain, incohérence de l’Homme avec son daímōn, et qui doit être rectifié pour pouvoir amener l’être vers sa pleine maturation intellectuelle, la démonstration amenant au discernement et au jugement n’étant ainsi pas systématiquement suffisante et devant s’adjoindre les procédés de la persuasion, la consolation et l’exhortation. Ces idées vis à vis de la métaphysique et du psychique font Posidonios un anticipateur de la médiation entre l’Orient et l’Occident et de l’harmonisation entre la philosophie, la religion et le mysticisme. Et, finalement, en ce sens, il annonce le néoplatonisme et se révèle un ésotériste d’une importance considérable.

III. Œuvres et influence

► Son influence sur la pensée ultérieure, quoique ignorée jusqu’au XIX, est formidable, inversement proportionnelle à ce que nous avons avons pu réceptionner de son œuvre, d’autant que les auteurs qui l’ont utilisé ne l’ont pas toujours directement cité. Universaliste, il se destine à une large diversité de sujets, en particulier l’histoire, la géographie et l’ethnographie(5) et, plus généralement, presque toutes les sciences naturelles, ntm. la météorologie, les mathématiques et l’astronomie(6) mais aussi la tactique militaire. Il les aborde avec une telle ampleur de vue et d’intensité que seul Aristote ou Ératosthène peut lui être comparé et qu’il se rend digne du surnom "d’athlète".

On lui connaît les titres d’une vingtaine d’œuvres, toutes écrites dans une optique et un cadre philosophique et accompagnées d’un style littéraire non dénué d’un vif humour. Cependant, elles ne subsistent que sous la forme de fragments et de témoignages, ce qui les rend difficile à reconstituer. Il écrit de nombreux ouvrages sur la théologie et l’éthique, notablement : Περὶ ϑεῶν {Sur les dieux}, Περί ηρώων και δαιμόνων {Sur les héros et les daímōnes}, Περὶ μαντικῆς {Sur les mantiques}, Περὶ παϑῶν {Sur les passions} et un commentaire du Timée. Son travail le plus célèbre, son Histoire en 52 livres couvrant environ la période de -146 à 85, est une continuation des Histoires de Polybe. Cette œuvre fut une source majeure pour le monde gréco-romain jusqu’au II, mais puisqu’elle est ajd. perdue, on n’en retrouve guère que des fragments dans la Géographie de Strabon, les Deipnosophistes d’Athénée de Naucratis et dans les Vies parallèles des hommes illustres de Plutarque.

➽ Il a eu pour auditeur Pompée (66 et 62) et Cicéron (-78 -77) qui rapporte ses vues dans sa trilogie De natura deorum, De Fato et De Divinatione, et le qualifie d’ailleurs de familiaris noster. Influence Sénèque qui portera Posidonius à l’époque médiévale au travers de ses Naturales Quaestiones, Plutarque, Proclus, Ptolémée et Nigidius Figulus ainsi que, d’une façon plus générale, le médio-platonisme.



1. Avec notamment le principe du πάντα ῥεῖ (pánta rheî) {Tout coule}, du feu comme moteur et transmutateur permanent du devenir de l’univers, l’idée d’une force vitale émanant du Soleil par l’intermédiaire de la chaleur ainsi qu’enfin, celle de l’union des opposés sous tendant le principe moniste et le cosmos organisé auquel l’Homme doit participer par sa vertu.

2. Préexistence et immortalité de l’âme, vitalisme cosmique et cosmos sensible, dialectique microcosme-macrocosme faisant de l’Homme l’intermédiaire par excellence. Du reste, son éthique est largement platonicienne.

3. Il estimait que les âmes, fragments de la force calorique animatrice, prenaient naissance dans le soleil et migraient vers leur destination terrestre en passant par la lune, devenant ensuite des Humains, des héros ou des daímōnes. Elles aspirent avant tout à la connaissance.

4. Qui peut être de trois types : divine par le prophète, fatale par l’astral, et naturelle, notamment par les songes.

5. Il est à l’origine de la théorie des climats voulant que ces derniers influent sur les tempérament des peuples. Il met également l’emphase sur les différences entre le ϑυμός (thymós) furieux des peuples barbares et le λόγος (lógos) raisonnable des peuples civilisés, justifiant par là, la domination des seconds sur les premiers; non sans faire preuve de sympathie pour cette puissance bestiale. Il étudie notamment les Celtes, en donne une description saisissante, faisant remarquer que malgré leurs mœurs débridées, ils restent attachés à l’autorité et la sagesse des druides "philosophes".

6. Intéressé par le mouvement des planètes du système solaire, il est aussi captivé par les innovations technologiques et est ? l’inventeur de la fameuse Machine d’Anticythère, si on estime qu’il s’agit bien du planétarium construit par le philosophe dont Cicéron rapporte la conception. Il souligne aussi et notablement, dans son De l’Océan, la correspondance entre le cours des marées et les phases de la lune et calcule le diamètre de la Terre avec une estimation remarquable.


🙟 -I   

Firmanus Lucius
Astrologue 🞄 Astrologie gréco-romaine 🞄 Empire Romain (Italia) | -I

► Contemporain de Cicéron et Varron qui participe à la popularisation des théories astrologiques dans la Rome d’alors. Cicéron indique dans son De divinatione que Firmanus était versé en astrologie chaldéenne et qu’il dressa l’horoscope de Rome (fixé le 21 Avril) à la demande de Varron.

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Polyhistor Alexandre
Historien 🞄 Royaume Attalide | -I

Historien et géographe prolifique, maître d’Hygin et, semble-t-il, prodigieusement érudit (d’où son pseudonyme), dont seuls des fragments insignifiants au regard de ses travaux nous sont parvenus. Étienne de Byzance et Pline l’Ancien se réfèrent à son œuvre géographique, Plutarque parle d’une Histoire des musiciens phrygiens et Eusèbe a également et notablement reprit un large passage consacré à l’histoire et aux coutumes juives dans sa Préparation évangélique. La Souda demeure la source la plus précise quant à sa biographie. Nous intéresse en tant que source du pythagorisme : Laërce dans ses Vies des philosophes cite sa Successions des philosophes, où Polyhistor fait référence à des Πυθαγορικά Ηυπομνήματα (Pythagorika hypomnèmata) {Mementos pythagoriques}(1) (2).



1. Clément note aussi l’existence de ce traité.

2. 𝕍 Les « Mémoires pythagoriques » cités par Alexandre Polyhistor in Revue des Études Grecques (58 274-278, pp. 1-65), André-Jean Festugière, 1945. Lien vers le document sur Persée

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Critodemus
Astrologue 🞄 Astrologie hellénistique 🞄 Empire Romain ( Grec) | -I I

► Cité par Ptolémée. Auteur d’une Vision traitant des chronocrates.

➽ Influence Valens.

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Thessalos de Tralles
Astrologue 🞄 Astrologie gréco-romaine 🞄 n. Empire Romain (Syria), fl. Empire Romain (Italia) | -I I

► Sans doute né à Tralles. Héritier du Pseudo-Néchepso, il développe l’astrobotanique. ? le même que le médecin fort orgueilleux (Pline l’évoque en XXIX:5,3) qui officia à la court de Néron et chef du courant médical des méthodiste. Vers la fin du règne de Néron, sa popularité sera éclipsée par celle de Crinas de Marseille. On dispose d’une Lettre à César Auguste livrant une biographie mais on hésite entre un texte authentique ou pseudo-épigraphe.

Cumont résume : Son auteur raconte comment, étudiant la médecine à Alexandrie, il trouva dans une bibliothèque un livre du roi Néchepso, où étaient indiquées les cures de toute espèce de maladies à opérer par l’emploi des plantes et des pierres consacrées aux signes du zodiaque. Mais lorsqu’émerveillé par de si belles promesses, il voulut appliquer ces précieuses recettes, il échoua misérablement. Au désespoir, il se rendit alors à Diospolis et obtint qu’un prêtre fît apparaître pour lui Asklépios. Le dieu lui révéla que Néchepso, bien qu’il eût connu les sympathies des plantes, avait ignoré, malgré son savoir et ses vertus, les lieux et les moments où il fallait cueillir les simples. Ainsi, ajouta-t-il comme exemple, la ciguë qui est vénéneuse en Italie, pays soumis au Scorpion, est comestible en Crète, régie par le Sagittaire et patrie de Zeus.

𝕍 1⬝ Le Médecin Thessalus et les plantes astrales d’Hermès Trismégiste in Revue de Philologie, de Littérature et d’Histoire Anciennes (42, 42 pp. 85-108), Franz Cumont, 1918 Lien vers l’œuvre | 2⬝ L’Expérience religieuse du médecin Thessalos in Hermétisme et mystique païenne, André-Jean Festugière, 1967.

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Thrasylle de Mendès  Entrée Data.Bnf
Astrologue 🞄 Astrologie gréco-romaine 🞄 ? Royaume Lagide | -I I

► Plus vraisemblablement alexandrin, d’une famille égyptiote ou égyptiote lui-même. Grammairien et compilateur, stoïcien et néoplatonicien néopythagorisant, il édite Platon et Démocrite d’Abdère. Tacite et Suétone rapportent qu’il fut l’ami et astrologue de Tibère qu’il rencontra lors de l’exil de l’empereur à Rhodes.

➽ Influence Porphyre, Vettius et Hephaestion de Thèbes.

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Nicomaque de Gérase  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Néopythagorisme 🞄 Empire Romain (Syria) | 60 120

Figure importante de l’école néopythagoricienne si on suit Porphyre, plus vraisemblablement vulgarisateur, Nicomaque est également influencé par le platonisme ce qui en fait un représentant du médioplatonisme. Il est avec Philon, l’un des promoteurs les plus importants de la mystique néopythagoricienne des nombres. Son Πυθαγόρου βίος (Pythagórou bíos) {Vie de Pythagore} et son recueil de dogmes pythagoriciens, tout deux perdus, furent des sources importantes pour les études néopythagoriciennes de Porphyre et Jamblique.

◆ Son traité didactique sur la théorie et les propriétés des nombres, Ἀριθμητικὴ εἰσαγωγή (Arithmētikē eisagōgē) {Introduction à l’arithmétique}, qui le premier, sépare l’arithmétique de la géométrie(1), fera autorité jusque la renaissance. Il sera commenté par Jamblique et Philopon; Proclus pensait même être sa réincarnation. Il y est principalement question de propriétés au sens philosophique et l’aspect calculatoire est élémentaire, tout comme les démonstrations théoriques qui laissent place aux expositions par l’exemple. L’ouvrage reprend en grande partie les thématiques abordées par Euclide dans ses Éléments même s’il présente ces informations d’une manière bien plus pédagogue, accessible. C’est la "traduction" (paraphrase) de Boèce en 505 qui permis à l’ouvrage de pénétrer le monde médiéval; il existait d’ailleurs une traduction d’Apulée, mais elle est désormais perdue. En outre, bien que précédé en cela par les babyloniens et les chinois, le texte contient cependant l’une des premières table de multiplication que l’on connaisse d’un texte gréco-romain ainsi que la première mention des nombres parfaits.

◆ Également auteur des traités Εγχειρίδιον Αρμονικης (Encheiridion Harmonikēs) {Sur l’Harmonie} d’abord, en vers, où il est question de musicologie pythagoricienne(2) où il aborde la notion d’harmonie des sphères et d’un volumineux Θεολογούμενα ἀριθμητικῆς (Theologoumena arithmetikēs) mentionné par Photius dans sa Bibliothèque, qui traite de la symbolique et de la mystique des nombres et dont on ne conserve bien malheureusement que des fragments.



1. Il considère la première comme étant ontologiquement antérieure.

2. Quoique influencée par Aristote.


🙟 I   

Teucer de Babylone
Astrologue 🞄 Astrologie gréco-égyptienne 🞄 Royaume Lagide | I II

► On sait peu de choses sur cet astrologue dont on ne possède que quelques fragments. Cependant ses ouvrages, notamment sur les décans et le zodiaque et incorporant des éléments de mélothésiques et iatromathématiques ont été lus par les astrologues grecs comme Valens et Rhetorius qui le citent abondamment. Il est également commenté par Antiochus et Porphyre et cité par Manilius ou encore Maternus.

Npc. son nom qui fait référence à la Forteresse romaine de Babylone du Caire et non pas à la ville mésopotamienne.


🙟 II   

Zhang Jiao
Politique 🞄 Taoïsme 🞄 Dynastie Han | 140 184

Chaman taoïste et fondateur de la secte Taiping dao. "Grand instructeur" et "Général des cieux", il fomenta en 184 un large soulèvement paysan, la Rébellion des Turbans jaunes, contre la dynastie Han qui n’était plus estimée dépositaire du mandat céleste. Le pouvoir central affaibli fit appel aux seigneurs guerriers de l’empire qui purent éteindre la révolte mais ces évènements précipitèrent la chute des Han.

↳ Leur empire éclate et après plusieurs conflits entre les seigneurs de guerre, la Chine s’ouvre sur la période des Trois Royaumes. Les turbans jaunes continuèrent à harceler les Han jusque vers la fin du siècle. Les troupes restantes rejoignirent ensuite le camp de Cao Cao dont les réformes étaient proches de celles souhaitées par Zhang.

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Nāgārjuna  Entrée Data.BnfEntrée Internet Encyclopedia of Philosophy Entrée Stanford Encyclopedia of Philosophy
Ecclésiastique (Moine), Philosophe 🞄 Bouddhisme (Mahāyāna:Mādhyamaka) 🞄 Empire sātavāhana | 150 250

I. Histoire

► On ne connait aucune information fiable sur la vie de Nāgārjuna. Les hagiographies, fragmentaires et confuses, indiquent qu’il aurait vécu en Inde du Sud. D’abord brahmane suivant les enseignements de Rāhulabhadra, il aurait été par la suite converti au bouddhisme(1) et devint conseiller et ami de Gautamīputra Śātakarṇi, sous l’Empire sātavāhana. Il fut sans doute renommé de son vivant, ? un des premiers abbés du mahāvihāra Nālandā et il est aussi considéré comme le maître d’Āryadeva qui poursuit et consolide sa pensée. Personnalité semi-légendaire, la tradition rapporte que, acārya renommé dès son adolescence et à même d’appréhender les articulations de la doctrine de la vacuité, il impressionna deux nāgas qui venaient écouter ses enseignements. Il eut ainsi l’opportunité de se rendre dans leur royaume, situé dans des grottes sous l’océan, afin de récupérer sept volumes des prajñāpāramitāsūtras traitant de ce sujet. Ces textes étaient jusqu’alors cachés sous la garde des nāgas par l’intermédiaire du Bouddha historique. Durant la période médiévale, il devient aussi un siddha, initié par le fameux mahāsiddha Sarahapāda(2), et éduqué en sciences occultes par les nāgas(3). Aussi, Nāgārjuna est tenu pour maîtriser aussi bien la magie que l’alchimie; il parvint d’ailleurs par ses connaissances, à prolonger sa vie jusque environ six cents ans, à divinir invisible ou à changer les pierres en or.

↪ Toutes ces histoires, accumulations de motifs symboliques, rendent compte, aussi bien de sa popularité que des agglutinations thématiques faisant de lui un personnage archétypal représentant d’une tradition, en l’occurence celle de la littérature prajñāparamitā dans son ensemble(4). Sa figure est vénérée et admirée par les bouddistes religieux et philosophes tant en Inde, qu’en Chine ou au Tibet où il est abondamment commenté(5). "Deuxième Bouddha" pour le mahāyāna dont il est le patriarche, il est considéré comme participant au second mouvement la roue du dharma. L’influence de ses écrits est naturellement considérable et il est ainsi considéré comme le philosophe bouddhique le plus important de ce courant. Ses oeuvres sont encore ajd. très étudiées, et il devra également intéresser les philosophes occidentaux dès le XX mais sera diversement interprêté.

II. Pensée

◆ La pensée de Nāgārjuna, qui s’occupe principalement de métaphysique et d’épistémologie. Elle est une transposition de la voie du milieu dans le domaine philosophie : souhaitant restaurer ce qui, selon lui, furent les enseignements originels du Bouddha, il tente de concilier les extrêmes des thèses de l’existence, idéaliste, et celle, pessimiste, de la non-existence, en faisant notamment un usage prépondérant du चतुष्कोटि (catuṣkoṭi) {tétralemme}(6). Si, cherchant à mettre fin aux débats entre écoles en prouvant l’inanité de leurs réflexions, il critique plusieurs systèmes de son temps — presque exclusivement par le truchement apagogique — c’est surtout un critique de l’ontologie pan-réaliste du sarvāstivāda, point de vue dominant à son époque(7). Ainsi, s’appuyant sur la प्रतीत्यसमुत्पाद (pratītyasamutpāda) {coproduction conditionnée}, l’अनात्मन् (anātman) et les prajñāpāramitāsūtras, il expose une philosophique sophistiquée, systématique et analytique. Dans celle-ci, les rapports de relationalité font fonction d’articulation méthodologique autour du concept de शून्यता (śūnyatā) {vacuité}(8) qui est le sujet central de sa réflexion(9) et le mène à nier tout substrat ontologique.

↪ Il démontre ainsi, par une dialectique apophatique d’oppositions et une déconstruction analytique, que tous les objets(10) sont dépourvus de svabhāva {nature propre} car toujours interdépendants, en mouvement, reliés et donc, fondamentalement sans réalité quoique permettant la progression. Dans sa pensée, il n’y a donc pas de but à atteindre, sinon à réaliser, par renversement, la bouddhéité omniprésente et éternelle, située au-delà des oppositions(11). La démonstration logique néanmoins, ne saurait être suffisante et la démarche philosophique doit culminer dans une expérience contemplative, accompagnée de la करुणा (karuṇā) {compassion} bodhisattvique comme moteur, corrolaire logique de l’interdépendance des phénomènes. Il est alors possible d’actualiser cette démonstration dans la conscience(12) et ainsi déraciner progressivement l’अविद्या (avidyā) {ignorance} par l’accumulation des mérites et de la sagesse.

↪ Ainsi, pour Nāgārjuna ce n’est pas que les phénomènes ne se produisent pas, mais plutôt que la nature existentielle que l’on donne à ces choses est erronnée car elle repose sur des représentations mentales illusoires. Il différencie donc ce qui est de l’ordre de paramārtha satya {vérité définitive} et ce qui est de l’ordre de la saṃvṛtisatya {vérité conventionelle}, développant ainsi la doctrine des deux Vérités : la première donne un substrat au second et le second est le moyen nécessaire pour appréhender le premier; ontologiquement, elles sont identiques.

III. Oeuvres et influence

◆ D’abord, auteur attesté des importants autant techniques et conçis मूलमध्यमककारिका (Mūlamadhyamakakārikā) {Stances-racine de la voie du milieu}, qui contiennent l’essentiel de sa pensée. C’est aussi le texte clef du mādhyamaka qui, accompagnant ses premiers développements, en oriente les conceptions de façon décisive. Par ce traité au style académique, il permet de faire transiter les sentences poétiques et paradoxales des sutras vers un système philosophique cohérent. Il est également l’auteur d’un Vigrahavyāvartanī {Dissolveur des litiges}, rédigé afin de répondre à ses détracteurs, ceux de l’école nyāya en particulier et dont la lecture entre en synergie avec l’ouvrage précédent. On lui accorde ensuite un autre traité d’importance, les Śūnyatāsaptati {70 stances sur la vacuité} et leur auto-commentaire. Il est encore vraisemblablement à l’origine de textes hymniques, éthiques et poétiques ainsi que des lettres à des mécènes(13) mais les spécialistes débattent toujours afin de déterminer lesquels doivent lui être exactement attribués. Toutes ses productions sont notablement écrites en sanskrit, rompant avec la tradition antérieure de l’hīnayāna d’écrire en pāli, choix qui sera suivi par les auteurs postérieurs et qui est en lien, causal ou conséquentiel, de l’origine brahamanique que lui accorde la tradition. D’autre part, Nāgārjuna organise ses textes à l’aide d’un chapitrage ce qui était également inhabituel et édicte encore une fois, une norme qui sera suivie par la suite.

Étant donné sa réputation, on en fait aussi l’auteur d’un grand nombre de traités, et plusieurs des textes philosophiques ou tantriques(14) qui lui sont attribués par certaines traditions datent en fait de dizaine d’années voir de plusieurs siècles après à la rédaction de son œuvre philosophique originelle. Notablement, Nāgārjuna est désigné comme étant à l’origine du fameux Pañcakrama {Cinq étapes}, qui décrit les étapes de la རྫོགས་རིམ་ (dzogrim) {phase de complétude}, du Yogaśataka, texte ayurvédique, ou encore du Mahāprajñāpāramitopadeśa {Exégèse sur un grand soutra de la Perfection de Sagesse}(15). Dans la lignée shingon, on lui attribue également la découverte du Mahāvairocanābhisaṃbodhi {Grand illuminateur parfaitement éveillé} qui lui aurait été transmis par Vajrasattva avec le Vajraśekhara {Pic du vajra}. On conserve en Chine, le 十二門論 (Shiermenlun) {Traité des douze portes}, traduit en chinois par Kumārajīva en 409 et l’un des trois traités de l’école Sanlun. Il faut aussi composer avec les homonymes, comme Nāgārjuna l’alchimiste et métallurgiste du X auteur du Rasaratnākara ou le Nāgārjuna, siddha du XII et auteur du Rasendra Mangala {La Félicité du seigneur des mercures}. En fait, "Nāgārjuna" est un nom utilisé par de nombreux auteurs de traités de tantrisme et d’ayurvéda, de pharmacologie et de chimie, ce qui explique les confusions de la tradition ultérieure consistant à faire du Nāgārjuna philosophe, un magicien et alchimiste(16).

𝕍 1⬝ Nâgârjuna in Les Études philosophiques (4 pp. 385-401), Guy Bugault, 1983. | 2⬝ Nāgārjuna’s Masterpiece: Logical, Mystical, Both, or Neither ? in Philosophy East and West (33, 2 pp. 385-401), L. Stafford Betty, 1983.



1. La tradition l’estime à l’origine du développement de l’important complexe universitaire monastique bouddhiste du site de Nāgārjunakoṇḍa (Andhra Pradesh).

2. Sarahapāda est du VIII.

3. Son nom d’ailleurs, vient de la combinaison de "naga" et "arjuna", parcequ’il a été éduqué par les nāgas et qu’il serait né sous un terminalia arjuna, éléments qu’on retrouve dans son iconographie.

4. Elle commence son développement -I et se poursuit jusqu’au VI. La forme tantrique prend la suite et débute au VI.

5. Notamment l’Akutobhayā, puis les commentaires de Buddhapālita, Bhāvaviveka, Candrakīrti ou encore Tsongkhapa. L’enseignement de Nagarjuna est de première importance pour le vajrayāna. Il est aussi considéré comme le 14ème patriarche du chán et du reste, il est intégré dans la lignée de nombreuses écoles sino-japonaises (Zhenyan, Tiāntái, Huáyán).

6. On ne peut pas déclarer "est vide", "non vide", "À la fois vide et non vide", ou "ni vide ni non vide". Ce ne sont que des mots, des désignations. (Stances-racine de la voie du milieu, XXII:4).

7. Le mahāyāna, à son époque, est encore hétérodoxe et donc, marginal et controversé.

8. Notion qu’il est, tout d’abord, fondamental de ne pas confondre avec अभाव (abhāva) {néant} et qu’il ne faut pas envisager comme le pivot d’une forme de scepticisme radical même si par plusieurs aspects, il est tentant de rapprocher la philosophie de Nāgārjuna du pyrrhonisme de Sextus Empiricus et sa ἐποχή (épochè) {cessation (du jugement)}.

9. Il en distingue pas moins de 18 sortes, l’ultime étant la सर्वधर्मशून्यता (sarvadharmaśūnyatā) {vacuité de tous les "dharmas"}.

10. Y compris saṃsāra, nirvāṇa et śūnyatā elle-même.

11. Ces oppositions et cet attachement au moyeu trouvent leur expression dans ses huit négations : ni abolition et ni création, ni anéantissement et ni éternité, ni unité et ni multiplicité, ni arrivée et ni départ.

12. Il ne livre lui-même aucune méthode.

13. Comme le Ratnāvalī, adressé à Gautamīputra où, vulgarisant sa pensée, il aborde le premier l’éthique du mahāyāna ainsi que la philosophie politique, faisant d’ailleurs de ce texte, l’unique représentant de ce domaine dans son courant de pensée.

14. Où il communique les techniques nécessaires pour obtenir des états de conscience subtils permettant ainsi d’accélérer la prise de conscience de la vacuité.

15. Commentaire encyclopédique scolastique sous forme de question-réponse du Pañcaviṃśatisāhasrikā Prajñāpāramitā {La Perfection de sagesse en huit mille stances}.

16. Pour une mise au point, consultez History of Indian medical literature (5), Gerrit Meulenbeld, 1999.


🙟 III   

Patañjali  Entrée Data.BnfEntrée Internet Encyclopedia of Philosophy
Ascète, Philosophe, Yogi 🞄 Hindouisme (Classique) 🞄 Empire kouchan | III

I. Histoire

► On sait fort peu de choses sur Patañjali. On hésite à le placer entre le -II et, plus vraisemblablement, le II-IV. Il est possible que ce soit une figure collective représentant les efforts de synthèse de l’école sāṃkhya autour des pratiques de leur tradition(1). Il est considéré par la tradition vishnouite comme un avatar de Shesha et il est encore dit qu’il aurait atteint le samādhi au temple Brahmapureeswarar de Thiruppattur (Tamil Nadu) ou bien au temple de Ramanathaswamy de Rameswaram (Tamil Nadu) pour l’école shaiva siddhanta. La majorité des critiques européens, ex. Renou, estime qu’il faut le différencier d’un autre Patañjali(2) du -II, grammarien, auteur d’un autre classique du monde indien, le Mahābhāṣya {Grand Commentaire}, qui, afin d’éclairer et étendre la grammaire de Pāṇini, s’articule autour d’une réfutation des critiques du Vārttika de Kātyāyana.

II. Le Yogasūtra

► Patañjali est le fondateur de la darśana du Yoga, méthode pratique d’ascèse psycho-physique, avec son ouvrage codificateur, le Yogasūtra Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France, qui, recueil systématique de 194 sūtra répartis en 4 pāda {chapitres}(3), en est l’ouvrage premier et fondamental(4). La pratique du yoga précédant très largement la création de cette œuvre, il existait naturellement d’autres systèmes précédant celui de Patañjali, mais ce dernier, système de neo-sāṃkhya influencé par l’Abhidharmakośabhāṣya bouddhiste et le jaïnisme, servira par la suite de référence, ou du moins d’étalon, aux systèmes de yogas ultérieurs. Il sera d’ailleurs très traduit bien que durant la période médiévale et moderne, il fut éclipsé par le Yoga-Yājñavalkya, plus tardif. Il ne devra être de nouveau populaire que grâce aux colons britanniques, à la Société Théosophique, au Raja Yoga (1896) de Vivekananda stt. mais à Krishnamacharya qui l’entérine comme référence aussi.

◆ Il définit d’emblée (I,2) dans le célèbre aphorisme : योगश्चित्तवृत्तिनिरोधः (Yogaś cittavṛttinirodhaḥ) {(La) méthode d’unification (est) l’abolition (des) fluctuations (des) perceptions} et présente son procédé en huit étapes : yama (moralité), niyama (abstinence), āsana (posture), prāṇayāma (discipline du souffle), pratyāhāra (retrait des sens), dhāraṇā (focalisation mentale), dhyāna (contemplation) et samādhi (absorption). Ce yoga fondamental est dit rāja {royal} ou aṣṭāṅga {octonaire}. Il indique en outre les méthodes du kriyā yoga {yoga de l’action} permettant, par la purification, de faciliter les enstases méditatives : tapas {ascèse}, svādhyāya {introspection} et Īśvara praṇidhāna {dévotion au Seigneur}.

𝕍 déjà Patanjali et le yoga, Mircea Eliade, 1962.



1. La Sāṃkhyakārikā d’Isvara Krishna, un des textes fondamentaux du sāṃkhya, sera rédigé, sinon à la même époque, du moins, au siècle suivant.

2. Il s’agit d’un seul et même auteur pour la tradition. On a rapidement estimé, sans doute à raison, qu’il était également l’auteur du bhāṣya {commentaire} attribué à Vyāsa et accompagnant le texte original, formant un tout : le Pātañjalayogaśāstra. À partir du X, on l’assimile parfois même à un troisième Patañjali, auteur d’un texte médical réputé, le Pātañjalatantra. Du reste, d’autres ouvrages, notamment d’alchimie, lui sont attribués. Une certaine confusion a, en outre, volontiers régné avec des homonymes, notamment le Patañjali auteur d’un Carakavarttika (VIII), commentaire du Charaka Samhita, traité fondamental de l’Ayurvéda.

3. Samādhi (absorption), Sādhana {pratique}, Vibhūti (pouvoirs yogiques), Kaivalyaa (absolutisation), respectivement en 52, 51, 56 et 33 strophes.

4. Il existe bien sûr, outre celui attribué à Vyâsa, de nombreux commentaires comme ceux de Vācaspati Miśra au X et de Bhoja f.XI. Les traductions sont également nombreuses mais 𝕍 d’abord L’Hindouisme, Anne-Marie Esnoul, 1972 et Le Yoga-Sῡtra de Patañjali suivi du Yoga-Bhāṣya de Vyāsa, Michel Angot 2008.

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Porphyre de Tyr  Entrée Data.BnfEntrée Stanford Encyclopedia of Philosophy
Théurge 🞄 Néoplatonisme 🞄 n. Empire Romain (Syrie-Phénicie), fl. Empire Romain (Italia)) | 234 310

I. Histoire

On connaît peu de choses précises sur sa vie. Né "Málkos"(1), dans une famille de notables, il reçoit une bonne éducation. Dès 254, il se rend à Athènes pour étudier la rhétorique auprès du médio-platonicien Longin, qui devient son ami, puis il va à Rome en 262-3 pour étudier la philosophie à Rome auprès de Plotin jusque 268. Peut-être surmené et afin de surmonter une maladie mélancolique et sur les conseils de son maître, il se fixe en Sicile. À la mort de Plotin, il devient le second scolarque de l’École néoplatonicienne de Rome. Il est ? le maître de Jamblique, mais il est probable que cette tradition existe seulement pour souligner que Prophyre est son aîné en philosophie.

II. Pensée et œuvres

► Prophyre fait preuve d’une activité philosophique et érudite, universelle et intense : il écrit plus de soixante ouvrages sur des sujets variés. Plus célèbre élève de Plotin et prenant en charge son héritage philosophique, il peut être considéré comme le consolidateur et le propagateur du néoplatonisme primitif. En 301, il termine en effet les Ennéades où il systématise et corrige stylistiquement les écrits du maître et faisant de lui son éditeur. Il sera en outre à l’origine d’une Vie de Plotin, texte publié en préface des Ennéades et qui demeure une source de premier plan pour connaître la vie du philosophe mais aussi celle de Porphyre lui-même(2). Sensible à l’aspect éthique, religieux et contemplatif du néo-platonisme(3), il produira des commentaires de Plotin et rédigera des résumés comme avec son Sententiae ad intelligibilia ducentes. Il composera en outre, de nombreux textes autonomes, dont une partie, aux titres pourtant prometteurs, sont ajd. perdus ou sous forme de fragments. Si Porphyre suit en général la pensée de son maître, il s’en détache cependant à plusieurs reprises, le complète sur certains points et le modifie sur d’autres, ntm. sous l’influence du médio-platonisme de Longin et du mysticisme mystérique des religions orientales comme avec le mithraïsme, les Oracles Chaldaïques et ? le christianisme.

↪ Porphyre demeure cependant un critique du christianisme et un défenseur de l’hellénisme dont l’œuvre inspira de nombreux travaux antichrétiens au IVV. Son Contre les Chrétiens, œuvre pionnière dans la critique historico-philologique de la Bible et où, respectant l’Homme-philosophe qu’est Jésus, il estime insensé d’en faire un Dieu, devra susciter des réponses des apologistes, ntm. d’Eusèbe de Césarée. L’ouvrage sera brûlé en public en 448 et tant condamné et censuré par les autorités impériales romaines qu’il est désormais perdu. De même, son De Philosophia ex oraculis haurienda, perdu également, ne subsiste que sous forme fragmentaire chez les auteurs chrétiens, comme chez Eusèbe, mais n’en demeure pas moins digne d’intérêt.

◆ Ensuite, contrairement à Plotin qui n’appréciait guère l’œuvre du Stagirite, Porphyre commente lapidairement et notablement les autrement plus accessibles Catégories dans son Isagogè(4) Lien vers l’œuvre. Il s’agit du premier commentaire néoplatonicien de la philosophie d’Aristote, qui, de tendance syncrétiste, consiste à éroder par l’herméneutique les différences entre les travaux de Platon et Aristote. Cet ouvrage introductif et finalement destiné à vulgariser la logique, anticipe les développements médiévaux dans ce domaine et le problème des universaux qui animera les débats scolastiques. Il fera excellente fortune : la trad. lat. de Boèce et les commentaires de Victorinus, lui permettront de devenir un manuel clef de la tradition chrétienne médiévale dans le domaine de la logique, ntm. au travers de sa présentation schématique illustrant en arborescence la classification logique des substances aristotéliciennes : l’arbre de Porphyre.

La plupart des ouvrages de Prophyre doivent être consultés par les lecteurs intéressés par le néoplatonisme et la théurgie contemplative. On verra, pour commencer, De l’Abstinence Lien vers l’œuvre où, éthique et ascétique, il plaide en faveur du végétarisme et permet à des fragments du pythagorisme de survivre; d’ailleurs, il rédige également une Vie de Pythagore, vraisemblablement partie de son Histoire de la philosophie, perdue. L’Antre des Nymphes Lien vers l’œuvre ensuite, très accessible, où il commente allégoriquement l’Odyssée puis sa Lettre à Anébon l’Égyptien qui, critique à l’égard de la religion et en faveur de la démarche philosophique, devra provoquer la réponse de Jamblique dans les Mystères d’Égypte. Porphyre commente également la Tétrabible — et propose un système de domification — les Oracles chaldaïques, le Timée et le Parménide. Il ne subsiste que des fragments de ses commentaires de les Ennéades, on les retrouve néanmoins dans la Théologie d’Aristote avec des paraphrases en arabe d’une partie des Ennéades, texte qui aura son importance pour Al-Kindi et Avicenne. Enfin, notez son intéressante Lettre à Marcella(5), destinée à son épouse, philosophe, veuve d’un ami et mère de sept enfants qu’il épouse tardivement. Il s’agit d’une œuvre consolatoire puis protreptique et gnomique, platonicienne mais aussi pythagoricienne et stoïque.

Il existe un grand nombre d’articles intéressants autour de Porphyre, 𝕍 d’abord 1⬝ Vie de Porphyre, le philosophe néoplatonicien, Joseph Bidez, 1913 Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France puis 2⬝ Plotin, Porphyre. Études néoplatoniciennes, Pierre Hadot, 1999. Ensuite, plusieurs détails intéressants dans : 3⬝ Boèce et Porphyre in Revue belge de Philologie et d’Histoire (2, 2 pp. 189-201), Joseph Bidez, 1923 Lien vers le document sur Persée et 4⬝ Fragments d’un commentaire de Porphyre sur le Parménide in Revue des Études Grecques (74, 351-353 pp. 410-438), Pierre Hadot, 1961 Lien vers le document sur Persée et aussi 5⬝ Une source hermétique de Porphyre : l’«Égyptien» du ’De Abstinentia’ in Revue des Études Grecques (49, 233 pp. 586-595), André-Jean Festugière, 1936. Lien vers le document sur Persée



1. De "Malik" {roi}. Il hellénise son nom en "Basileús" puis Longin le surnomme "Porphyrius" : la pourpre du lapis porphyrites, que l’on trouvait nombreuse dans sa patrie, était prestigieuse dans la Rome antique et associée à la puissance, à l’éternité et donc, à la royauté.

2. Les autres source sont un notice d’Eunape de Sardes dans sa Vies des philosophes et des sophistes et la Souda.

3. Il accentue le dualisme plotinien de l’âme et du corps et élabore une doctrine de l’anabase graduelle vers le noûs jusqu’à la contemplation face à face avec l’Un, par le truchement de l’exercice de l’ἀρετή (arété) {vertu} ce qui amené Augustin à spéculer qu’il fut chrétien à un moment de son parcours.

4. Ou Quinque voces, parce qu’il traite des cinq concepts γένος {genre}, εἶδος {espèce}, διαϕορά {différence}, ἴδιον {propre}, συμβεβηκός {accident}.

5. Texte grc. in Porphyrii. Opuscula tria, August Nauck, 1860. Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur Internet Archive.

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Lactance  Entrée Data.Bnf
Apologiste 🞄 Christianisme (Ancien) 🞄 Empire Romain (Afrique proconsulaire) | 250 325

► Certains auteurs prétendent qu’il se serait intéressé à l’alchimie, via peut-être son Carmen de ave phoenice {Chant sur l’oiseau phénix}. Il est vrai qu’en citant fréquemment des passages des Hermetica dans ses Institutiones Divinae et son Epitome il participera, au même titre que Tertullien (Adversus Valentinianos, XV et De anima, II:33), Arnobe (Adversus nationes, II:13) ou Augustin (De Civitate Dei VIII:23), à diffuser la pensée hermétique dans le monde médiéval.

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Paphnutia
Alchimiste 🞄 Hermétisme 🞄 Empire Romain (Ægyptus) | III IV

► Dit "La Vierge". Évoquée sur le ton critique par Zosime dans sa lettre à Théosébie Sur le traitement du corps métallique de la magnésie (7-8). Mais toi, ô bienheureuse, renonce à ces vains éléments dont on trouble tes oreilles ; car j’ai ouï dire que tu converses avec Paphnutia la vierge et certains hommes sans instruction. Les choses que tu leur entends dire sont vaines et tu entreprends de faire des raisonnements vides de sens. […] Ayant entendu ces choses (de la bouche) de ses contradicteurs (l’échec de Nilus, un des compagnons de Paphnutia), Paphnutia fut tournée en grande dérision ; et vous le serez aussi, si vous tombez dans la même démence.

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Héliodore d’Émèse  Entrée Data.Bnf
Écrivain 🞄 Néopythagorisme 🞄 Empire Romain (? Cœlé-Syrie) | III IV

Auteur des néo-pythagoriciennes Αἰθιοπικά {Éthiopiques} dont on ne sait rien sinon ce qu’il indique lui-même dans le roman en question : Phénicien d’Émèse, descendant d’Hélios, Héliodore fils de Théodose.


🙟 IV   

Ādurbād (ī Mahrspandān)
Théologien 🞄 Zoroastrisme 🞄 Empire sassanide | IV

Mowbedān {grand prêtre} actif sous l’empereur sassanide Chapour II qui a ? été impliqué dans la formalisation du canon zoroastrien ainsi que dans la controverse menant au bannissement du manichéisme. Connu pour les cinq andarz {parénèses} gnomiques qui lui sont attribués(1), ntm. dans le Dēnkart (X). Le plus connu est celui situé en III:199 où nous trouvons les Dix préceptes d’Ādurbād fils de Mahrspandān et d’autres sages orthodoxes(2) :

1. Ne garde pas à l’esprit de vengeance pécheresse.
2. N’amasse pas de richesses avec avidité, afin que le besoin ne t’atteigne pas.
3. Reçois bien tes hôtes, afin d’être bien reçu dans l’autre monde.
4. Prends une femme de ta propre descendance, afin que ta famille s’agrandisse vraiment.
5. Sois sincère au tribunal, que ce soit en tant que plaignant ou en tant que défendeur, afin d’être mieux sauvé dans un procès.
6. Abstiens-toi de tuer illégalement du bétail et des moutons, car cela te vaudra de durs comptes.
7. Ne prend pas ce monde pour principe.
8. Laisse les choses de ce monde aux dieux et ne doute pas des dieux, alors le monde t’appartiendra. (Ils feront en sorte que les choses soient pour le mieux pour ton corps et ton âme.) Fais les choses du monde spirituel pour toi-même, par toi-même.
9. [Chasse les démons de ton corps], car s’ils ne sont pas dans ton corps, ils ne sont pas dans le monde entier, et fais habiter les dieux dans ton corps, car s’ils habitent dans ton corps, ils habitent dans le monde entier.
10. Mets de l’ordre dans tel ou tel lieu, dans telle ou telle personne, en toi-même, et tu auras mis de l’ordre dans le monde entier.



1. Ce qui fait le plus prolifique auteur d’andarz, du moins parmi ceux qu’il nous reste.

2. Nous tirons et traduisons le texte de la thèse The Pahlavi Andarz Literature, Shaul Shaked, 1964.

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Ambroise (de Milan)  Entrée Data.Bnf Entrée Arlima
Ecclésiastique (Évêque), Théologien, Mystique 🞄 Christianisme (Nicéisme) 🞄 n. Empire Romain (Gaule belgique), fl. Empire Romain (Italia) | IV
Saint de l’Église orthodoxe, Saint de Église catholique romaine ( 1588, 7 décembre), Père et Docteur de l’Église catholique romaine

► Issu d’une famille noble d’Augusta Treverorum, son père est préfet du Prétoire des Gaules, aussi, il poursuit des études de droit à Rome et fait carrière dans la haute administration impériale, est désigné consul de la province de Ligurie-Émilie (Italie septentrionale) par Valentinien. Dépêché pour régler un conflit de succession suite au décès de l’évêque arien Auxence de Milan, il est finalement si apprécié qu’il est lui-même désigné par la population pour lui succéder; il devient donc Évêque de Milan de 374 à 397 alors qu’il n’était encore que catéchumène. Ambroise d’ailleurs, exercera une activité intense afin d’éradiquer l’hérésie arienne en Italie.

Tenant d’un christianisme platonisant, il est influencé par Plotin, Origène, Philon, Didyme, Basile de Césarée, mais aussi Cicéron, il pratique la lectio divina lecture allégorique des écritures saintes dont le procédé influencera Augustin de façon décisive et l’orientera dans sa conversion au christianisme. Ambroise le baptise lui-même en 390. Fort connu pour sa capacité oratoire et sa modération, il exalte notablement la virginité(1), il fait cependant preuve de peu d’originalité dans sa théologie, qui est essentiellement morale(2). Il s’est plus investi dans la politique en faisant reconnaître la supériorité de l’Église sur le pouvoir impérial et, plus concrètement, en faisant pénétrer plus encore le christianisme dans les institutions, vision qui sera totalement accomplie durant l’ère médiévale. Il est cependant un précurseur du chant liturgique, composant lui-même des hymnes(3), fort reprises également au moyen-âge et d’autre part, Augustin affirme que c’est encore lui qui introduisit la lecture silencieuse, pratique lourde de conséquence pour un monde encore fort attaché à la transmission orale.

➽ Influence Érigène.

◆ Son attribut des abeilles vient du fait qu’étant nourrisson, des abeilles se seraient posées sur son visage et auraient pénétré sa bouche sans lui faire du mal, y laissant même du miel.

𝕍 Saint Ambroise de Milan in Bulletin de l’Association Guillaume Budé (51 pp. 367-394), Maurice Testard, 1992. Lien vers le document sur Persée



1. Sa sœur était une vierge consacrée à Dieu.

2. De Officiis ministrorum {Des Devoirs des ministres} tente pour la première fois une synthèse de l’éthique chrétienne. Lien vers le site

3. On lui attribue le Te Deum.

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Chalcidius  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Médioplatonisme, Christianisme (Nicéisme) 🞄 Empire Romain ( Grèce) | IV

Médioplatonicien, sans doute chrétien, influencé notamment par Porphyre, Numenios, Posidonios ou encore Alcinoos, Chalcidius est connu pour sa traduction latine partielle(1) et son long commentaire du Timée : Interpretatio latina partis prioris Timaei Platonis et Commentarius in eundem. Il y reprend l’Exposition des connaissances mathématiques de Théon de Smyrne. Cet ouvrage fut, pour les latins, la seule source de Platon avant les traductions de Henri Aristippe en 1158 et se révéla particulièrement influent sur l’École de Chartres et les conceptions cosmologiques du moyen-âge en général. Hormis cela, on sait peu de choses sur la vie de Chalcidius.

𝕍 Le Platonisme du XIIe siècle in Revue des sciences philosophiques et théologiques (71, 2 pp. 243-259), Gregory Tullio, 1987.



1. 17a – 53c Un, deux, trois. […] vous serez en état de me suivre.

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Sosipatra
Devineresse, Théurge 🞄 Néoplatonisme 🞄 Empire Romain (Asia) | IV

► Femme d’Eustathe de Cappadoce, important disciple de Jamblique. Établit sa propre école philosophique à Pergame en parallèle à celle d’Édésios de Cappadoce, successeur à l’École néoplatonicienne d’Apamé. Comme aucun écrit ne nous est parvenu, on ne la connaît que grâce à la Vies de philosophes (V) d’Eunape qui la décrit comme charismatique et experte en théurgie et en divination.

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Basile de Césarée  Entrée Data.BnfEntrée Catholic Encyclopedia
Ecclésiastique (Évêque), Théologien, Mystique 🞄 Christianisme (Nicéisme) 🞄 Empire Romain (Cappadoce) | 329 379
Basilius Magnus | Père de l’Église grecque, Père cappadocien, Grand hiérarque du christianisme oriental, Saint de l’Église catholique romaine ( 1588, 2 Janvier), Docteur de l’Église catholique romaine (1568)

I. Histoire

► Né dans une famille chrétienne aisée de Césarée(1) suivant les enseignements de Grégoire le Thaumaturge, élève d’Origène et demeurée fidèle à l’Église malgré les persécutions. Frère de Grégoire de Nysse. Il étudie la rhétorique, la littérature et la philosophie dans sa ville natale, puis à Constantinople et Athènes où il se rapproche de Grégoire de Nazianze — avec qui il entretiendra une amitié et une relation épistolaire — rencontre Julien, le futur empereur et a pour professeur le prolifique Libanios d’Antioche. De retour à Césarée, il est avocat et enseigne la rhétorique en 356. Cependant, rapidement, en 357, et sous l’influence de sa sœur, il renonce à sa carrière, se fait baptiser et se tourne vers la vie contemplative dont il apprend les pratiques au cours de voyages au Moyen-orient(2).

↪ Il fonde ensuite un monastère cénobitique sur les bords de l’Iris, dont l’organisation fut l’archétype de ceux fondés par la suite en orient. Il y reçoit régulièrement la visite de Grégoire. Sous Julien, qui impose des rigueurs aux chrétiens, il revient à Cesarée afin d’assister l’évêque. Ordonné prêtre par Eusèbe de Césarée(3), il est ensuite désigné archevêque de Césaré en 370, non sans mal dans la mesure où Basile est nicéiste(4). Valens, comme Constance II est de confession arienne et, particulièrement impétueux, il voulu faire embrasser l’arianisme à Basile. Cependant, il résista et combattra toute sa vie cette doctrine(5) ainsi que la sabellienne et la macédonienne, se démarquant pourtant par un esprit subtil ainsi que par une intention œcuménique, comme tous les pères cappadociens(6). Ces questions théologiques sur la nature de la divinité qui animèrent sa vie purent trouver une manifestation dogmatique concrète et normative dans le Premier concile de Constantinople (381). La théologie de Basile est du reste, autant une θεωρία (i.e. une voie de contemplation) qu’une πρᾶξις (i.e. une voie d’ascèse). Basile est aussi connu pour avoir organisé les premières œuvres de charité, fondant des hospices, le rendant très populaire déjà à son époque.

II. Œuvres et influence

◆ Basile est un disciple d’Origène dont, avec Grégoire, il compila les textes dans une Philocalie ( 360). Il rédigea des commentaires sur les Psaumes, des homélies ainsi que des traités dogmatiques (notablement un Sur le Saint-Esprit, 374), de morale et d’ascétisme, notamment deux Asceticon (361) relatifs à la législation de la vie monastique monastique(7) qui constituent la synthèse de son savoir spirituel et ascétique. Ces textes, qu’il rédige vraisemblablement en partie avec l’assistance de Grégoire de Nazianze, devront être une source d’inspiration pour Cassien et Benoît de Nursie ainsi que d’être d’une grande influence dans le monachisme oriental(8), en particulier dans l’Église orthodoxe qui pratique par ailleurs toujours la liturgie de saint Basile. Dans son Aux Jeunes gens, fort apprécié à la renaissance, il indique comment tirer profit de la littérature classique grecque, païenne; dans ses œuvres, lui-même s’inspire du néoplatonisme, du stoïcisme, tout en s’appuyant sur la tradition de l’Église. Basile est surtout connu pour ses Homélies sur l’Hexaméron ( 370) Lien vers l’œuvre sur Remacle, traité inspiré des travaux antérieurs d’Origène et d’Ambroise. Il influencera les pères qui suivront et constituera le prototype de ce genre littéraire destiné à aborder spécialement le sujet de la création(9), de plus, par sa forme, ce traité annonce les encyclopédies médiévales.



1. Alors capitale de la Cappadoce.

2. 357-358 : Égypte surtout, mais aussi Palestine, Syrie et Mésopotamie.

3. Avec qui il sera en conflit sur la question de l’ascétisme.

4. Une unique οὐσία pour le Père, le Fils et l’Esprit, cependant qu’ils persistent simultanément en une hypostase individuelle au sein de la divinité.

5. Il écrit son Contre Eunome, anoméiste, en 364.

6. Ambroise est autrement plus inflexible.

7. Obéissance au directeur spirituel, modération vis à vis de la taille et de l’éloignement des cénobites et de l’austérité des moines, travail manuel, étude de la Bible et prière.

8. Les moines basiliens suivent sa règle.

9. Basile ne traite que des cinq premiers jours.

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Grégoire (de Nazianze)  Entrée Data.BnfEntrée Catholic Encyclopedia
Ecclésiastique (Évêque), Théologien, Mystique 🞄 Christianisme (Nicéisme) 🞄 Empire Romain (Cappadoce) | 330 390
Le Théologien, Théologien de la Trinité, Le Démosthème chrétien | Père de l’Église grecque, Père cappadocien, Grand Hiérarque du christianisme oriental, Saint de l’Église catholique romaine ( 1588, 2 Janvier), Docteur de l’Église catholique romaine (1568)

I. Histoire

► De parents grecs, Grégoire est doué d’une nature délicate, studieuse et solitaire. Il est attiré par l’idéal ascétique et contemplatif, encouragé en cela par sa mère, mais est aussi intéressé par la rhétorique et les philosophies platoniques, aristotéliques et le stoïques. Il effectue d’abord effectue ses études à Césarée de Cappadoce, Césarée de Palestine, brièvement à Alexandrie et enfin à Athènes, où il a pour professeur les rhéteurs Himérios et Prohérésios. Il y rencontre le futur empereur Julien(1) et Basile de Césarée, avec qui il se lie d’amitié et échangera nombre de missives dont on connaît une vingtaine d’exemples. En outre, après leurs études, il ira le rejoindre dans sa communauté monastique située sur les bords de l’Iris, collaborera avec lui afin de compiler une Philocalie (≈ 360) dédié aux travaux d’Origène et demeurera un compagnon fidèle notamment dans la lutte de Basile contre l’empereur arien Valens (reg. 364-378).

↪ Il est ordonné prêtre en 362 par son père, qui, évêque de Césarée(2), était souffrant et avait besoin de soutien dans les affaires ecclésiastiques et familiales. Dix ans plus tard, Grégoire est encore désigné à contrecœur évêque de Sasime (372, ajd. Sason) par Basile(3), puis il devient celui de Nazianze (374, ajd. ? Bekarlar) de façon momentanée, afin d’assurer la succession de son père dans l’attente d’un remplaçant. Il est enfin ordonné évêque de Constantinople (379), suite à la mort de Basile, faisant de lui le champion du nicéisme. Là, prenant la succession de son ami dans les affaires politiques, il est reconnu pour ses capacités oratoires et sa connaissance profonde des Écritures, aussi, de nombreux étudiants viennent l’écouter. La doctrine nicéiste bénéficie finalement de la restauration de l’orthodoxie à Constantinople par Théodose Ier (reg. 379-395) lors du Concile de Constantinople I (381) qui entérine nombre des thèses formulées par Grégoire faisant de lui l’instigateur du paradigme théologique des byzantins. Cependant, le concile est bouleversé par la mort de Mélèce Ier d’Antioche qui présidait aux débats et Grégoire devra prendra sa place dans un contexte politique tendu. Irrité par les machinations administratives et politiques, souhaitant enfin pouvoir vivre la vie à laquelle il a toujours aspiré, il se retire à Nazianze en 382, écrivant ses meilleurs poèmes religieux et prenant progressivement ses distances avec le monde. Il surveille toutefois les progressions de ses pairs : il rédige des lettres mettant notamment en garde contre l’apollinarisme naissant.

II. Œuvre

◆ Il aura beaucoup écrit, il est cependant plus littéraire et poétique que dialecticien : pas de commentaires mais on possède de lui quarante-cinq homélies, quelques poèmes théologiques et un long poème autobiographique ainsi que près de 250 lettres. Étant donné la puissance oratoire et littéraire de ses sermons qui, égalant presque Chrysostome, mêlaient imagination fertile et passion enflammée, les manuscrits de ses œuvres furent enluminées plus que ceux de n’importe quel autre père de l’Église d’Orient. Avec les autres pères cappadociens, il prendra une part active au triomphe de la doctrine nicéenne contre l’arianisme, notamment avec ses cinq Discours théologiques où il expose le dogme de la Trinité, défendant ainsi l’orthodoxie. Il écrit : […] En somme, je ne trouve aucune image qui me donne pleine satisfaction pour illustrer le concept de la Trinité ; il faudrait que l’on ait assez de sagesse pour n’emprunter à l’exemple choisi que certains traits et rejeter le reste. Aussi ai-je fini par me dire que le mieux était d’abandonner les images et les ombres, qui sont trompeuses et qui demeurent très loin de la vérité ; je préfère m’attacher aux pensées les plus conformes à la piété, me contenter de peu de mots et prendre pour guide l’Esprit, pour garder jusqu’à la fin la lumière que j’ai reçue de lui […]. Ami de Grégoire de Nysse et maître en théologie d’Évagre le Pontique, il eut aussi Jérôme de Stridon pour élève.

𝕍 1⬝ Grégoire de Nazianze. Le miroir de l’Intelligence ou le dialogue avec la Lumière in Théologiques (16, 2 pp. 31-47), Francis Gautier, 2008 Lien vers le document | 2⬝ Grégoire de Nazianze, lecteur de la littérature hermétique in Vigiliae Christianae (36, 3 pp. 251-260), Jean Pépin, 1982.



1. Il devra écrire ses deux virulents Discours contre Julien contre lui lorsqu’en 362, l’empereur décidera de promulguer un édit interdisant aux chrétiens d’apprendre et d’enseigner la grammaire, la rhétorique et la philosophie.

2. Et qui fut converti par les hypsistariens.

3. Qui avait besoin de consolider ses postions administratives contre Anthimus de Tyane suite aux répartitions administratives de la province de Cappadocia effectuées par Valens en 371. Il ne prendra, en fait, jamais possession de l’évêché et devra en tenir rigueur à Basile.

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Julien (Empereur)  Entrée Data.Bnf
Politique (Empereur), Philosophe 🞄 Polythéisme grec (Sol Invictus), Mithraïsme, Néoplatonisme 🞄 n. Empire Byzantin (Cappadoce), fl. Empire Romain (Ægyptus) | 331 363
Le Philosophe, L’Empereur-Philosophe, Le Philosophe couronné, L’Apostat

I.a. Formation

► Né à Constantinople peu de temps après son inauguration, il est le fils de Flavius Julius Constantius, demi-frère de Constantin Ier. Sa mère meurt peu de temps après sa naissance. Il est le dernier survivant mâle de la branche cadette des descendants de l’empereur Constance Chlore(1) suite au massacre de Constantinople en 337(2). Orphelin, il est envoyé chez sa grand-mère maternelle et son oncle, mis sous surveillance. L’éducation de Julien fut prise en charge par l’évêque arien Eusèbe de Nicomédie et, baptisé et éduqué dans la foi chrétienne, il étudia la philosophie et la rhétorique. Lecteur à l’église, on le promet à une carrière ecclésiastique. Néanmoins, l’eunuque scythe Mardonius eut l’opportunité de le mettre en contact avec les œuvres d’Homère et Hésiode — qu’il devait apprendre par cœur à la façon hellène — aux œuvres philosophiques grecques et à la culture classique en général. Encouragé par son mentor à voir la beauté littéraire et idéale, il est frappé par ces récits et le jeune homme s’attache ainsi finalement plus à la culture hellénistique qu’à la romaine. Il passe ensuite six tristes années en Cappadoce, isolé, réuni avec son demi-frère avec qui il ne partage rien et instruit par Georges de Cappadoce dont il ne goûtait guère les leçons.

↪ Revenu à la cour, il suit les cours de Nicoclès de Sparte, helléniste cultivé qui interprétait allégoriquement les poèmes homériques. Il finit par se détourner effectivement du christianisme et s’oriente vers le néoplatonisme sous l’influence de Libanios d’abord, dont il récupère les écrits, puis surtout de Maxime d’Éphèse, thaumaturge néo-platonicien dont il fait la rencontre par l’intermédiaire d’Édésios de Cappadoce, fondateur de l’école néoplatonicienne de Pergame. Il se fait finalement initier au culte de Mithra en 351. Suite à la nomination de Gallus en tant que César, il est autorisé à se rendre à Athènes, ville de peu d’importance politique à l’époque. Là, il étudie la philosophie, se lie avec le théurge néo-platonicien Priscus d’Épire, visite les temples et les sanctuaires les plus célèbres des mystères et fait la connaissance de Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze.

I.b. Accession au pouvoir impérial et réformes

► Toutefois, en 355, Julien est finalement nommé gouverneur des Gaules avec le titre de César(3) par Constance II(4). Il épouse la sœur de l’empereur, Hélène, et est envoyé en Gaule, territoire alors menacée par les Francs et les Alamans. Julien, bien que trapu et vif d’esprit, n’est pas militaire, ignore les détails de la situation socio-politique de la Gaule, et est accompagné d’espions plus que d’alliés; il fait, en fait, certainement plus figure de représentant que de seigneur de guerre. Lecteur de César et sans doute porté par sa foi, il fait pourtant montre de compétences militaires insoupçonnées(5) et prend le contrôle de la Gaule. Il se fixe à Paris et, adepte d’un gouvernement ferme mais juste, il réorganise fiscalement, administrativement et économiquement le territoire, réduisant les taxes mais augmentant les revenus. Ces succès inattendus provoquent la jalousie de Constance qui réduit ses rentrées et lui réclame des troupes en 360. Néanmoins, s’étant toujours comporté de façon irréprochable et disposant d’une armée, largement composée de gaulois et qu’il savait diriger et défendre par la plume, il est acclamé Auguste par ses soldats qui veulent demeurer avec lui plutôt que de partir en Orient. Décidé à réformer et restaurer l’Empire, il marche alors à la rencontre de Constance qui meurt cependant en 361, avant de pouvoir l’affronter. Julien se saisit ainsi du pouvoir, s’apostasie et se proclame païen publiquement. Il sera le dernier dirigeant ouvertement païen.

Prenant Marc-Aurèle pour modèle, il proclame qu’il est du devoir du roi d’obéir aux lois et se décide à appliquer les mêmes réformes qu’en Gaule(6). En matière religieuse, il estime devoir faire en sorte de restaurer la religion païenne tombée en décadence face à la propagation triomphante du christianisme. Il simplifie le cérémonial et réforme le clergé sur une base intellectuelle néoplatonicienne unie au mithraïsme et au culte de Sol Invictus. Ses interventions envers le christianisme, sont d’abord neutres et conciliatrices : il rappelle les évêques chrétiens exilés par Constance et proclame la liberté de culte pour toutes les religions dans un édit de 361. Pourtant, à l’image de la plupart des notables de son temps qui étaient encore païens, Julien méprisait les chrétiens qui pour lui étaient rustres et superstitieux, le christianisme lui apparaissait comme absurde d’un point de vu éthico-religieux d’autant que la haute classe politique, corrompue, hypocrite et débauchée, lui en donnait de malheureux exemples. Aussi, ses actions se font ensuite plus vexatoires, quoiqu’il ne recouru jamais à la violence(7). Cependant, désirant prendre exemple sur Alexandre et Trajan, il lève une armée considérable de 65 000 hommes pour combattre les perses sassanides qui menacent les frontières orientales de l’empire. Il avance jusqu’à la capitale, Ctésiphon, et confine ses adversaires. La victoire cependant, n’est pas décisive et, contraint de se retirer pour des raisons logistiques, il est mortellement blessé dans une escarmouche en 363. Cette campagne sera la dernière tentative d’expansion impériale occidentale vers l’Est. Dernier des constantiniens, dernier héros grec sans doute, son règne aura donc été extrêmement court.

II. Pensée et œuvres

► Julien est un philosophe et homme de lettres, d’un naturel grave et austère mais aussi éloquent et affable. Principalement influencé par Jamblique, il est l’auteur d’écrits philosophiques, politiques et satiriques ainsi que de lettres qui ne manquent pas d’intérêt. Quoiqu’il ne s’estime pas lui-même philosophe, il est l’un des principaux auteurs grecs et le plus important auteur néoplatonicien du IV, auteur de deux œuvres panégyriques importantes pour le néo-platonisme : l’Hymne à Hélios (362) Lien vers l’œuvre d’abord, où il s’inspire du Sur le soleil de Porphyre, de Plotin et des Oracles chaldaïques et interprète le culte de Sol Invictus à la lumière des hiérarchies de Jamblique. Il y distingue le soleil physique d’un soleil hyperphysique assimilable à l’Un et dont il tire son origine et sa vie(8). L’Hymne à la Mère des Dieux (362) Lien vers l’œuvre ensuite où il produit une exégèse néoplatonicienne du mythe d’Attis : l’automutilation d’Attis est alors le symbole du reflux de l’énergie créatrice dispensée par les intelligences supérieures, qui, ayant trouvé sa limite formelle nécessaire, retourne à sa source qui est la Grande Mère Cybèle. Cette interprétation influencera le Des dieux et du monde(9), et Proclus dans son Commentaire sur le Cratyle. Sa politique favorable à la restauration du paganisme ainsi que son Contre les Galiléens(10) (362/3) Lien vers l’œuvre, ont amené les chrétiens à le surnommer "l’Apostat", en référence à son apostasie de 361. Sa mémoire sera louée par les païens comme Libanios et Ammien Marcellin tandis que les chrétiens comme Grégoire de Nazianze ne tarissent pas de critiques. Sa politique religieuse du reste, n’aura pas d’effet durable.

Il existe plusieurs papiers intéressants sur Julien mais 𝕍 ? d’abord 1⬝ L’Hellénisme de l’empereur Julien in Bulletin de l’Association Guillaume Budé (2 pp. 192-202), Claude Fouquet, 1981 Lien vers le document sur Persée puis 2⬝ Comment l’empereur Julien tâcha de fonder une église païenne in Revue belge de Philologie et d’Histoire (6, 1-2 pp. 123-146), W. Koch, 1927 Lien vers le document sur Persée et enfin 3⬝ Les Initiations mystériques de l’empereur Julien in Collection de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (463 pp. 89-104), Nancy Gauthier, 1992. Lien vers le document sur Persée



1. Vraisemblablement du fait de son jeune âge, avec son demi-frère Gallus et sans doute à l’instigation de l’impératrice Eusébie.

2. Ces meurtres sont exécutés par la garde prétorienne à l’instigation de trois des fils de Constantin Ier qui, décédé, n’avait pas laissé d’instruction de succession.

3. Ce qui fait de lui un successeur potentiel et légitime.

4. Cela fait suite à l’exécution de Gallus en 354 du fait de sa cruauté et de son incompétence en Gaule, et également, par l’intermédiaire de manœuvres politiques non sans rapport avec le fait que le couple impérial soit sans enfants.

5. Il parvient à vaincre les Alamans à Strasbourg, les francs près de la Meuse, libère des prisonniers et rouvre le Rhin à la navigation.

6. Il allège la charge fiscale des provinciaux tout en réduisant drastiquement le personnel, tant dans la cour que dans l’administration. Il améliore le service postal, abolit les privilèges, y compris ceux du clergé chrétien, et, afin de combattre la corruption, il fait en sorte de placer aux postes clefs des hommes cultivés et participant aux vertus qu’il respecte. Il encourage en outre l’autonomie des cités de l’empire en leur restituant un autonomie économique et administrative.

7. Persuadé de la nécessité que l’état impose une direction religieuse, il prend notamment la mesure, de fermer les écoles de littérature et de philosophie aux chrétiens. Il leur ordonne également de restaurer les temples qu’ils avaient détruits, protège les Juifs et les groupes chrétiens hérétiques, sans doute dans le but d’exacerber les débats théologiques et, d’une façon générale, renforce les cultes religieux locaux au détriment du monothéisme chrétien.

8. Ainsi, selon moi, la lumière du Soleil doit avoir avec tout ce qui est visible la même analogie que la vérité avec tout ce qui est intellectuel. Le grand tout, que je dis émané de l’idée du premier et souverain bien, parce qu’il était de toute éternité dans la substance de celui-ci, en a reçu la domination sur tous les dieux intelligents, et il distribue à ces dieux intelligents les dons qu’il tient du souverain bien, et que comporte la nature des êtres intellectuels. Ainsi le bien propre aux êtres intellectuels, la beauté, l’essence, la perfection, l’harmonie de l’ensemble, le souverain bien le leur communique et le fait rayonner sur eux par sa puissance, représentative de tout bien. Or, c’est le Soleil qui distribue ces biens aux êtres intellectuels, préposé qu’il est par le souverain bien pour leur commander et pour régner sur eux, quoiqu’ils soient nés avec lui et qu’ils émanent de la même substance, mais dans la vue sans doute qu’un seul principe, représentatif du bon et disposant de tous les biens, gouvernât tout suivant la raison. Mais un troisième Soleil est apparent; je parle de ce disque lumineux, qui est pour tous les êtres sensibles un principe évidemment générateur et conservateur, et qui, visible lui-même, communique aux êtres visibles tout ce que nous avons dit que le Grand Soleil communique aux dieux intelligents. […] Je dirai donc que d’un seul dieu, qui est le monde intelligent, provient le Roi Soleil, destiné à être le médiateur des êtres intellectuels, médiateurs eux-mêmes, et à les présider, en vertu de sa force mitoyenne, conciliante, amie, et propre à réunir, dans un seul ensemble, les êtres extrêmes, les derniers et les premiers, parce qu’il offre, dans sa substance, un moyen de perfection, de liaison et de principe vital, et que lui-même est l’auteur, non seulement des biens de toute espèce dont jouit le monde visible, qu’il orne et qu’il éclaire de sa splendeur rayonnante, mais parce qu’il engendre de lui-même la substance des anges solaires, et qu’il renferme la cause incréée des êtres ainsi que la cause éternelle des êtres immortels et le principe inaltérable de la vie.

9. De Flavius Sallustius ou Secundus Salutius.

10. Que nous connaissons en partie grâce au Contre Julien (435) de Cyrille d’Alexandrie. Le fait que Cyrille doive encore le réfuter montre la conscience qu’avaient les intellectuels chrétiens du danger que représentait la pensée de Julien.

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Évagre le Pontique  Entrée Data.Bnf
Ascète, Mystique 🞄 Christianisme (Nicéisme, "du Désert") 🞄 n. Empire Romain (Cappadoce), fl. Empire Romain (Ægyptus) | 346 399
Le Solitaire | Docteur en théologie mystique et Saint de l’Église syriaque orthodoxe, Saint de l’Église apostolique arménienne

I. Histoire

► Moine anachorète au désert d’Égypte. Fils d’un évêque rural, originaire d’Ibora (ajd. İverönü), au bord de la mer noir, dans la province du Pont en Asie Mineure. Il étudie à Néocésarée (ajd. Niksar) puis à Constantinople où il débute sa carrière et obtient une bonne réputation comme hérésiologue et prédicateur. Il est formé par les pères Cappadociens : Basile de Césarée l’ordonne lecteur, puis Grégoire de Nazianze, son maître en théologie, l’ordonne ensuite diacre en 379, il l’accompagnera d’ailleurs au concile de Constantinople (381).

↪ Suite à une histoire d’amour passionnelle avec une femme mariée, il décide de devenir moine en 383. Il se rend d’abord momentanément à Jérusalem auprès de Rufin d’Aquilée et de Mélanie l’Ancienne. Puis, après une grave maladie et sur les conseils de cette dernière, il part près d’Alexandrie en 385, au désert de Nitrie, rejoindre une communauté cénobitique où il se rapproche de Macaire d’Alexandrie et de Macaire de Scété durant deux ans avant de choisir la vie d’anachorète au désert des Kellia, gagnant sa vie comme copiste. Il est le premier à systématiser la pensée ascétique chrétienne, consignant l’enseignement oral des Pères du désert. Évagre est, en fait, le premier moine ayant produit une œuvre littéraire d’une large ampleur(1), quoiqu’elle nous soit essentiellement parvenue sous forme fragmentaire et dans différentes langues : grec dans l’original mais fort rares, latines chez Rufin puis Gennade, puis stt. syriaques et arméniennes. Ses œuvres les plus connues sont d’abord son Monachikos, divisée en deux sections : le Πρακτικός (Praktikos) pour les moines débutants et le Γνωστικός (Gnostikos) destiné aux praticiens avancés. Ensuite les néoplatoniques Γνωστικὰ κεφάλαια (Gnostika kephalaia) touchant à la métaphysique.

➽ Cependant et bien que jouissant d’une bonne réputation à son époque, sa pensée, comme celle de Didyme l’Aveugle, est par la suite critiqué par Jérôme de Stridon et condamnée pour origénisme au Deuxième concile de Constantinople (553), voyant en lui un précurseur du pélagianisme et entachant sa réputation ainsi que la notoriété de ses écrits, concourant ainsi à les faire disparaître quoiqu’ils continuèrent de circuler sous la forme pseudo-épigraphe. Évagre Influence cependant Denys, Maxime le Confesseur, Dorothée de Gaza, Isaac de Ninive, Climaque, Siméon le Nouveau Théologien ainsi que, de façon plus globale, la tradition hésychaste. Dans le monde latin, il influence très notablement Cassien, qui transmettra sa pensée à l’occident et reprendra notamment ses huit pensées idolâtres qu’il reformalisera dans les fameux péchés capitaux.

II. Pensée

Influencé par Clément et Origène, considérant que le savoir théologique ne peut être séparé de la pratique ascétique et que le savoir est indissociable de l’expérimentation directe(2), Évagre développe en effet une psychologia, dans laquelle il désigne finement huit λογισμοι (logísmoi) {pensées idolâtres}, démons qui obscurcissent la vision de Dieu : gourmandise, fornication, avarice de nature concupiscibles (i.e. désireuses), tristesse, colère, acédie qui sont de nature irascibles (i.e.) frustrées et enfin vaine gloire et orgueil, de nature intellectuelles. Si ces pensées peuvent naître, l’ascète à le pouvoir de se refuser à ce qu’elles s’installent et, devenant trop excessives, influent sur sa volonté, ses émotions et ses actions. Pour ce faire, il doit exercer sa vigilance et analyser les mécanismes présidant à l’apparition de ces "maladies fondamentales de l’âme" afin de pouvoir distinguer leur nature et leur origine. S’il parvient à se soustraire à leur influence, à les restituer à leur juste place dans la structure psychique et à en prendre le contrôle, il atteint l’απάθεια (apatheia) {impassibilité (de l’âme aux choses terrestres)}, terrain fertile à l’apparition de l’amour permettant de passer de la pratique de la vie ascétique purificatrice à la gnose de la vie contemplative, prière établissant avec Dieu un dialogue de nature mystique et à la vertu illuminatrice. Évagre conseillait notablement de s’abstenir d’utiliser des images physiques ou mentales pendant la prière.

𝕍 1⬝ Un Philosophe au désert : Évagre le Pontique in Revue de l’histoire des religions (180, 1 pp. 29-56), Antoine Guillaumont, 1972 Lien vers le document sur Persée. | 𝕍 aussi 2⬝ ce site Lien vers le site de Joel Kalvesmaki dédié à Évagre.



1. Recueils de sentences, scolies, commentaires, lettres, courts traités. Cette activité était en effet rare voir proscrite pour les anachorètes qui, de plus, étaient pour la plupart analphabètes.

2. Si vous êtes un théologien, vous prierez vraiment. Et si vous priez vraiment, vous êtes un théologien écrit-t-il dans la sentence 61 de ses 153 Maximes sur la Prière.

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Chrysostome Jean Entrée Data.BnfEntrée Encyclopedia (sélectionnée) Entrée Catholic Encyclopedia
Ecclésiastique (Patriarche), Prédicateur 🞄 Christianisme (Nicéisme) 🞄 Empire Romain (Cœlé-Syrie) | 347 407
Père de l’Église orthodoxe, Docteur de l’Église catholique romaine, Saint de l’Église catholique romaine ( 1588, 13 septembre), Docteur de l’Église copte, Grand hiérarque du christianisme oriental

Chrysostome est l’unn des principaux théologiens de la patristique grecque et sans doute l’orateur le plus célèbre du christianisme. Il naît à Antioche, son père officier militaire dans l’armée syrienne, meurt alors qu’il est encore jeune, il est donc élevé par sa mère. Formé à la rhétorique à l’école de Libanios, il est cependant rapidement lassé de la vie profane et, à la faveur d’une rencontre avec l’évêque Mélèce Ier, il se fait baptiser vers 370. Il est ensuite élevé en religion par Flavien et de Diodore de Tarse, fondateur d’une école catéchétique dans la tradition de l’École théologique d’Antioche et dans laquelle il rencontre Théodore de Mopsueste de qui il devient proche. Chrysostome se retire durant six ans comme anachorète puis, de retour à Antioche, est ordonné diacre en 381 par Mélèce, l’année même où Flavien succède à ce dernier, puis ensuite ordonné prêtre en 386 par Flavien. Fort de sa réputation de prédicateur, sur la décision de l’administration de l’empereur Arcadius et malgré son opposition, il succède à Nectaire comme Patriarche de Constantinople de 397 à 404.

► Son surnom "Chrysostome", attr. VI, provient de sa formidable éloquence et sa rhétorique persuasive : il était à la fois accessible(1) et habile à ménager les charges caustiques, les persuasions émouvantes et les traits d’humour. Chrysostome fut en effet célèbre pour ses homélies(2), où, peu original mais mettant l’emphase sur la morale et la pratique plutôt que sur la dogmatique et l’intellectualisme, il défend l’orthodoxie chrétienne, exalte l’ascétisme, défend les opprimés et vilipende la corruption des mœurs. Menant une vie simple, extrêmement populaire parmi les couches populaires, à Antioche comme à Constantinople, son mandat fut néanmoins houleux car il était regardé avec circonspection puis défiance par une partie de la noblesse et le clergé local.

↪ Intransigeant et constatant de la corruption dans le clergé, il effectue en effet rapidement des réformes zélées et proches du cénobitisme qui inquiétèrent son clergé et les évêques voisins. De plus, critiquant vertement l’aristocratie, il est d’ailleurs poussé par deux fois à l’exil(3) par l’impératrice Eudoxie, épouse d’Arcadius, qu’il compara dans un discours à Hérodiade et Jézabel et autour de laquelle se coalisèrent ses adversaires, notamment l’évêque Théophile d’Alexandrie. Accusé, entre autre, d’origénisme(4), il est banni mais fut rapidement défendu par ses partisans qui n’acceptèrent pas que leur évêque fut écarté et qui semèrent le chaos dans Constantinople. Aussi, fort d’une grande popularité et jouissant toujours d’une certaine influence par le truchement de correspondances, l’empereur demande à ce qu’on l’envoie au loin, près de la Mer Noire, mais déjà âgé et sans doute maltraité, il ne survécu point au voyage. Il est rapidement réhabilité puisque en 437, ses reliques sont ramenées à Constantinople et accueillies par l’archevêque Proclus et l’empereur Théodose II, fils d’Arcadius et d’Eudoxie. À quelques exceptions la liturgie eucharistique dite de Chrysostome est celle principalement utilisée dans l’Église orthodoxe depuis le XIII.

𝕍 Jean Chrysostome : un pasteur face à des demi-chrétiens in Topoi. Orient-Occident (Supplément 5 pp. 439-457), Laurence Brottier, 2004. Lien vers le document sur Persée



1. L’École théologique d’Antioche repousse l’usage de l’allégorie et du reste, Chrysostome n’est pas un théologien spéculatif.

2. Ses homélies exégétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament étaient fort diffusées au moyen-âge. Époque à laquelle on lui a parfois attribué le Physiologus et l’Opus Imperfectum.

3. 403 d’abord, mais il est rappelé immédiatement, puis 404.

4. Sous le prétexte fallacieux qu’il accepta de prêter refuge à des moines sympathisants d’Origène qui avaient étés expulsés d’Égypte par Théophile.

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Maron
Anachorète 🞄 Christianisme (syriaque) 🞄 Empire Romain (Syrie première) | 350 410
Saint de l’Église antiochienne syriaque maronite (Information inconnue, 9 Février), Saint de l’Église orthodoxe

D’abord prêtre, Maron devient anachorète aux Monts Taurus. Il menait sa vie religieuse en extérieur, près d’un temple païen converti en église. De son vivant, il attire les pèlerins, menés par sa réputation de thaumaturge et de mystique. Jean Chrysostome qui a peut-être étudié à Antioche-sur-l’Oronte à ses cotés, lui écrit une lettre révérencieuse. Ses disciples formèrent le noyau de l’Église antiochienne syriaque maronite qui, autocéphale et de rite syriaque antiochien est cependant chalcédoniste et une des Églises catholiques orientales.

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Macrobe [Theodosius Flavius]  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Néoplatonisme 🞄 Empire Romain (Afrique proconsulaire) | 370 430

► Peu de choses sont connues sur Macrobe sinon qu’il fut un érudit et un haut magistrat romain ou un militaire de haut rang, vraisemblablement issu du milieu païen de Symmaque. Influencé par Aulu-Gelle et Plutarque, il est l’auteur des virgiliennes Saturnales Lien vers l’œuvre, dernières représentantes du genre symposiaque; et, quoique incomplètes, elles abordent nombre de sujets. Auteur encore du néoplatonicien(1) Commentaire au Songe de Scipion Lien vers l’œuvre, où plane l’ombre permanente du Timée auquel il fait fréquemment référence; il est, pour cette œuvre, sans doute influencé par Porphyre et Victorinus. Ce dernier ouvrage fut très lu dans l’occident médiéval du IXXII et son importance dans la diffusion du platonisme et du néoplatonisme(2) est considérable, constituant, en fait, une des principales sources du platonisme médiéval. Par ailleurs, il a permis au texte d’origine de Cicéron de survivre, puisque ce sera la seule source de cette œuvre jusqu’au XVIII.



1. Et de façon moindre, aristotélicien et pythagoricien.

2. Et des théories afférentes telles l’Homme-microcosme.

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Synésios (de Cyrène) (et l’Alchimiste)  Entrée Data.Bnf Entrée Data.Bnf
Philosophe, Ecclésiastique (évêque), Alchimiste 🞄 Néoplatonisme, Christianisme (Nicéisme) 🞄 Empire Romain (Afrique proconsulaire) | 373 414

I. Histoire

► Né à Cyrène (ajd. Shahat), il est le dernier fils d’une famille aristocratique rurale respectée, prétendant descendre des fondateurs de la ville, les Héraclides. De culture vraisemblablement chrétienne, ce sont de riches propriétaires fonciers. Ayant reçut une solide éducation, Synésios effectue des études supérieures à Alexandrie, à l’école néoplatonicienne dirigée par Hypathie où, accompagné de son frère Evoptios, il se révèle un étudiant studieux. Il restera en contact épistolaire avec La Dame nourrira pour elle une grande dévotion toute sa vie durant. Parallèlement à ses études, il se rapproche également des Gnostiques, présents dans la cité, ainsi que des chrétiens et notamment du patriarche Théophile d’Alexandrie. Il séjourne également à Athènes, afin de parfaire ses connaissances, mais il en revient finalement déçu.

↪ Synésios rentre ensuite dans sa ville natale où il s’adonne à la gestion et à la sécurisation de ses biens, à des charges dans sa province incombant à son rang, aux lettres et à la philosophie puis également à la chasse. On sait par la suite, qu’en 399-402, il fut envoyé en qualité de diplomate à Constantinople, auprès du jeune empereur Arcadius (reg. 395–408), auquel il adresse un discours, afin d’obtenir un allègement de l’impôt pour sa contrée, poussée à la pauvreté à cause de gouverneurs égoïstes et de catastrophes naturelles. En 403-404 il est encore à Alexandrie où il est marié à une chrétienne par Théophile d’Alexandrie. Cependant, dès 405-412, la Cyrénaïque fait l’objet de razzias de la part des nomades austuriens (berbères) ce qui pousse Synésios à revenir à Cyrène et à s’improviser officier, les institutions de l’Empire étant globalement impuissantes. Il apporte son aide et ses conseils à la population, ce qui, mettant en avant ses qualités de responsable politique, lui permet de devenir populaire.

↪ Sa villa est néanmoins détruite en 408 et il se fixe non loin, à Ptolémaïs (ajd. Tolmeitha). Le siège épiscopal de la Pentapole cyrénaïque étant vraisemblablement vacant en 411, il accepte à contre-cœur l’opportunité de devenir métropolite de Ptolémaïs alors qu’il n’est encore que catéchumène : il aura ? effectué son baptême simultanément à sa consécration épiscopale. Les rituels furent accomplis par Théophile d’Alexandrie qui accepta d’ailleurs les conditions de Synésios qui tint à rester intègre et à cultiver une certaine indépendance : d’abord, conserver son mariage avec sa femme auquel il était très attaché, ensuite, maintenir également ses convictions platoniciennes(1) : son but était de plaire à Dieu, son espoir, de progresser dans la philosophie en embrassant cette voie. Il se révéla être consciencieux et zêlé dans la tâche qu’on lui confia : il surveille notamment les élections des évêques, lutte contre les eunomiens et s’oppose encore courageusement à Andronicus, un des gouverneurs militaires qui opprimaient la Cyrénaïque, et qu’il excommunia pour avoir porté atteinte au droit d’asile. Malgré son rejet du monachisme, qu’en tant qu’aristocrate il ne peut soutenir, Synésios fondera un monastère et il fut également prêt à consentir à certaines concessions dans son enseignement public quant aux opinions populaires parmi les chrétiens. Néanmoins, l’époque était instable et il du souffrir une seconde invasion de sa patrie et la mort de ses trois fils ce qui le pesa énormément. On fixe la date de sa mort avant celle d’Hypathie puisqu’il ne fait pas mention de cet évènement tragique de ses dernières lettres et du reste, Evoptios, qui lui succède comme évêque, assiste en cette qualité au Concile d’Ephèse en 431.

II. Œuvres

On conserve de lui 9 hymnes Lien vers l’œuvre sur Remacle philosophico-théologiques (1 est apocryphe) qu’il compose avant de devenir évêque. Rédigées en vers anapestiques et ioniques, leur contenu est principalement de nature néoplatonicienne(2) et de celle du christianisme, influence qui s’accentue avec le temps aboutissant à une tentative de médiation plus que de réelle synthèse. On y trouve également une inspiration gnostique marquée, influencée par l’hermétisme, produisant un contenu comparable aux hymnes que l’on peut trouver dans les Papyri graecae magicae. Ensuite, on trouve plusieurs discours comme un épidictique Sur la Royauté Lien vers l’œuvre sur Remacle qu’il fit à Arcadius(3) à propos de l’empereur romain idéal, De la Providence Lien vers l’œuvre sur Remacle, qui use de l’allégorie mythologique d’Osiris et de Typhon pour exposer les vicissitudes de la cour de Constantinople et deviser sur l’origine du mal et la nature de la réalité ou bien encore Des Rêves Lien vers l’œuvre sur Remacle où il expose le fait que l’esprit est toujours alerte malgré le sommeil, devise sur l’origine et la signification des rêves et estime que la fonction divinatoire des songes sont un moyen remarquable pour obtenir les révélations divines car l’imagination, facteur central, est un lien privilégié avec les réalités planétaires et métaphysiques(4). Il existe encore des exercices rhétoriques comme un Dion Lien vers l’œuvre sur Remacle en l’honneur de Dion de Pruse où il défend ses conceptions et rapproche la théologie et la philosophie(5). Enfin, épistolographe, on dispose d’une remarquable correspondance de 157 lettres, rédigées en 399-413 et adressées à une quarantaine de correspondants différents. Précieuses et écrites dans un style fluide et talentueux, elles renseignent tant sur les circonstances intellectuelles et morales, culturelles, politiques et économiques, de son époque que sur lui-même : on y découvre un homme sincère et vif, intelligent et cultivé, connaisseur des auteurs classiques(6). Son œuvre le fait ajd. reconnaître non seulement comme une personnalité intéressante et attachante mais aussi comme un des meilleurs écrivains de son époque.

◆ Nous avons regroupé l’entrée Synésios de Cyrène avec Synésios dit "l’Alchimiste", dans la mesure où plusieurs chercheurs, à commencer par Lenglet du Fresnoy puis Berthelot, ont proposé qu’ils soient une seule et même personne : les dates pourraient concorder et l’idée que Synésios ait pu rédiger ce traité dans sa jeunesse est plausible(7). On ne sait rien sur ce Synésios philosophe par le feu, sinon qu’il est l’auteur d’un Εἰς τὴν βίβλον Δημοκρίτου (Ei̓s tī̀n vívlon Dīmokrítou) {Sur le Livre de Démocrite} Lien vers l’œuvre sur Remacle, qui est un commentaire du pseudo-Démocrite, notamment des Questions naturelles et mystérieuses. On lui associe encore un Vrai Livre. Sur l’Œuvre des philosophes Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France mais qui pour sa part, ne semble pas devoir dater d’avant la f.XVI et qui, en dernière analyse, ne peut dater d’avant le IX.

𝕍 1⬝ Synesius of Cyrene: Early life and conversion to philosophy in California studies in classical antiquity (7, pp. 55-88), Jay Bregman, 1974. | 2⬝ Synesius and the pneumatic vehicle of the soul in early neoplatonism in On Prophecy, dreams and human imagination: Synesius, De insommniis (pp. 125-156), Ilinca Tanaseanu-Döbler, 2014. | Si possible, 𝕍 aussi son 3⬝ Synesios und die theurgie in Synesios von Kyrene: Politik - Literatur - Philosophie (Studies in byzantine history and civilization, 6), Ilinca Tanaseanu-Döbler, 2012.



1. Notamment éternité de la Création, préexistence de l’âme, rejet de la résurrection de la chair.

2. Avec, fidèle à Hypathie, une inclinaison pour Porphyre et une influence des Oracles chaldaïques.

3. Dans une version sans doute bien plus diplomatique que celle qui nous est parvenue..

4. L’ouvrage, qui devra être son plus populaire, trouvera un public d’abord chez les byzantins, où l’oeuvre de Synésios est tenue en bonne estime, Psellos devra en faire l’éloge. Inconnu dans l’occident médiéval, il émerge dès la renaissance : Ficin le traduira et il sera longuement commenté par Cardan.

5. Il s’exercera à réfuter son Éloge des cheveux avec un amusant Éloge de la calvitie.

6. À noter dans une lettre à Hypathie, la première mention connue de l’hydroscopium (aéromètre ou pèse-liqueur).

7. Pour d’autres cependant, ce Synésios serait du d.III.

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Hephestion (de Thèbes)  Entrée Data.Bnf
Astrologue 🞄 Astrologie hellénistique 🞄 Empire Romain (Ægyptus) | 380 d.V

Connu pour son Ἀποτελεσματικά (Apotelesmatika) {Des pronostics astrologiques} (415) qui présente une somme des principes astrologiques en tentant de synthétiser, principalement, Ptolémée et Dorothée de Sidon. Par son œuvre de compilation, il permet d’ailleurs à des textes de Dorothée de survivre. Si l’ouvrage, l’un des derniers de l’astrologie hellénistique, aura un impact sur l’astrologie byzantine, il est relativement inconnu de l’astrologie arabe.

■ Il donne lui-même sa date de naissance dans le second livre de l’Apotelesmatika (2:23) ainsi que le seul thème d’un empereur romain que nous possédions, celui d’Hadrien (réalisé par Antigone de Nicée après la mort de l’empereur), par ailleurs lui-même astrologue.


🙟 V   

Vincent de Lérins  Entrée Data.Bnf
Ecclésiastique (Moine), Théologien 🞄 Christianisme (Semi-pélagianisme) 🞄 Empire Romain (Occidental) | V 445
Saint de l’Église catholique romaine (1657, 24 Mai), Saint de l’Église orthodoxe

► Frère aîné de Loup de Troyes, il est moine gaulois du monastère de Lérins et ordonné prêtre en 434. Vincent est l’un des principaux représentant du semi-pélagianisme : auteur d’un Commonitorium {Aide-mémoire} (434) qu’il rédige sous le nom de "Peregrinus" et où il critique la grâce augustinienne et sa doctrine de la prédestination. L’ouvrage, rédigé trois ans après le Concile d’Éphèse (qui à cette occasion écarta le nestorianisme), se révèle fondamental pour la théologie et la dogmatique. Cet ouvrage contient notablement dans son troisième chapitre le fameux Canon lérinien, définition de la foi catholique : Magnopere curandum est ut id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est : hoc est etenim vere proprieque catholicum. Hoc ita demum et si sequamur universalitatem, antiquitatem, consensionem. {Il faut prendre grand soin de tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous : cela est effectivement, véritablement et proprement catholique. Ainsi, nous suivons l’universalité, l’antiquité et le consensus.}

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Denys l’Aréopagite [Pseudo-]  Entrée Data.BnfEntrée Catholic Encyclopedia Entrée Internet Encyclopedia of Philosophy Entrée Stanford Encyclopedia of Philosophy
Théologien, Mystique 🞄 Christianisme (Syriaque orthodoxe) 🞄 Empire Romain ( Syria) | V VI
Divinus Dionysius, Theologorum principem (pour Denys le Chartreux)

I. Histoire

On ne sait que fort peu de choses sur l’auteur pseudépigraphique que l’on nomme simplement par son pseudonyme "Denys l’Aréopagite" et qu’il convient de désigner plus précisément sous le nom de Pseudo-Denys l’Aréopagite. L’auteur, un moine syrien, choisi en effet son pseudonyme selon cet anecdotique converti de saint Paul en Actes des Apôtres (XVII, 16-34)(1), considéré par la tradition comme un saint et le premier évêque d’Athènes. À cause d’Hilduin et malgré les doutes d’Aquin, Abélard ou encore du Cusain, il est confondu avec une malheureuse persistance jusque la renaissance avec Denis de Paris, premier évêque de Paris au III. Plus récemment, Stiglmayr à ex. tenté de l’identifier à Sévère d’Antioche mais malgré des parallèles séduisants, la piste fut peu suivie comme toutes les autres, notamment celles voulant que Denys fut Damascios ou encore Pierre le Foulon. Denys affirmait détenir ses connaissance d’un "Hierotheus", en fait pseudo-Hierotheus, Étienne Bar Soudaïli, également moine syrien et origéniste. Chez Denys, l’influence de Clément est évidente et ultimement, les motifs initiatiques des mystères encore visibles.

II. Œuvres

◆ Auteur de quatre traités théologiques(2) et de dix lettres mystiques(3), rédigés en grec(4) dans un style remarquable et dans lesquelles il fait confluer philosophie du néoplatonisme(5), théologie chrétienne et prière contemplative. Il élabore un système théologique mystico-spéculatif complet, couvrant les champs de la Trinité et des hiérarchies triadiques qui en sont l’image, de l’incarnation-rédemption ainsi que l’eschatologie. Il y aborde la théologie négative puis les noms divins et la symbolique, affirmant, de façon plotinienne, que la nature de Dieu(6) transcende la dualité au-delà du paradoxe de la négation et de l’affirmation simultanées. Cette dualité paradoxale produit, dans le monde phénoménal, les paires de concepts opposés mais leur expérience synchrone mène, de façon concomitante, à expérimenter, pour ainsi dire sensitivement et esthétiquement, la lumière née des ténèbres en transcendant les déterminations des distinctions catégorielles logico-discursives. Il résout ainsi la dualité apophatisme-cataphatisme par la via emnientiae et amène, par l’obtention d’une gnose, à la transformation ontologique de l’âme qui est déifiée car unie à Dieu. Il traite encore de la hiérarchie céleste des anges selon neuf chœurs qu’il met en parallèle avec une hiérarchie terrestre et qui, toutes deux unies, mènent à l’union extatique à Dieu. Il propose enfin une synthèse des sacrements.

III. Influence

➽ Son corpus est traduit en latin, d’abord par Hilduin vers 830(7), puis par Érigène(8) vers 860 mais aussi Jean Sarrazin en 1167 et Grossetête vers 1240. Ces textes jouirent d’un prestige considérable auprès des théologiens latins et sont d’une importance fondamentale pour le développement de la mystique et de l’ésotérisme occidental. Les églises grecques et orientales furent tout naturellement influencées par ces traités qui se combinèrent aisément à l’influence platonicienne déjà présente. On retrouve d’ailleurs des synthèses comparables chez les pères cappadociens de peu antérieurs qui l’influencent sans doute, en particulier Grégoire de Nysse. Chez les théologiens byzantins, d’abord Maxime le Confesseur, a peine postérieur et qui déjà se réfère à Denys dans sa Mystagogie, puis chez Jean Damascène. Ou, bien plus tard, avec Grégoire Palamas.

↪ Mais il a en effet également été abondamment commenté en occident, notamment par Hugues de Saint-Victor, Aquin ou Albert et seul Augustin dispose d’une stature comparable. Plus influent des pères grecs, son autorité, dominant en fait la mystique occidentale, débordant largement sur la théologie, l’ésotérisme et l’esthétique et dont l’importance sur l’angélologie est décisive, se poursuit chez les mystiques rhénano-flammands, notamment Gerson, puis notablement, chez l’auteur anonyme du Nuage de l’Inconnaissance(9), chez l’humanisme de De Cues, Ficin(10) et Lefèvre d’Étaples ensuite, dans la mystique espagnole du siècle d’or enfin, avec notamment Jean de la Croix. Denys, en fait, établit finalement une nette tendance néoplatonicienne dans un large segment de la doctrine de l’Église latine et finit, par le truchement de la théosophie, par déboucher ultimo dans l’illuminisme de Saint-Martin et la mystique de Blake.

𝕍 1⬝ Le Pseudo-Denys l’Aréopagite, ses précurseurs et sa postérité in Dialogues d’histoire ancienne (7 pp. 323-332), Édouard Des Places, 1981 Lien vers le document sur Persée | 2⬝ Quelques Réflexions à propos du Pseudo-Denys l’Aréopagite et de la mystique chrétienne en général in Revue d’Histoire et de Philosophie religieuses (27, 1-2 pp. 37-63), Jean-Michel Hornus, 1957. Lien vers le document sur Persée



1. Quelques personnes néanmoins s’attachèrent à lui et crurent ; de ce nombre furent Denys l’Aréopagite, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.

2. La Théologie mystique et les Noms divins, la Hiérarchie céleste et la Hiérarchie ecclésiastique.

3. 𝕍 stt. les lettres I-V. La lettre XI, que l’on trouve dans la trad. d’Érigène parait suspecte.

4. Et mentionnés pour la première fois en 532, à Constantinople, par Sévère d’Antioche, chef de file des monophysistes modérés débattant avec des chalcédonistes lors d’un synode.

5. Plotin et Proclus stt., l’influence structurelle est la plus franche dans la Théologie et les Noms.

6. Qui, auteur et but de la création, à la fois transcendant et immanent, est ainsi simultanément omnibénébolent et, si on nous l’accorde, ὑπέρεθελοντής {hyperbénévolent}.

7. À partir du Grec 437 Lien vers le catalogue Lien vers l’œuvre bs. BNF.

8. Qui en tire l’essentiel de son système.

9. Qui d’ailleurs, traduit librement la Théologie mystique dans son Deonise Hid Divinity.

10. Qui traduit également Denys et met en exergue le lien entre son œuvre, la magie céleste et l’hermétisme de l’Asclepios.

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Apollinaire Sidoine  Entrée Data.Bnf
Politique, Poète 🞄 Christianisme (Chalcédonisme) 🞄 Empire Romain (Occidental) | 430 485
Saint de l’Église catholique romaine (Information inconnue, 21 août)

► Préfet de Rome en 468, évêque d’Auvergne en 471. Nous intéresse pour ses Carmina Lien vers l’œuvre sur Remacle influencés par l’astrologie.

↪ Son Panégyrique de majorien chante en effet : Lorsque le destin plaçait le jeune Jupiter au-dessus des astres, et que le nouveau dieu prenait possession de son antique empire, les dieux s’empressèrent de porter leurs hommages à l’immortel souverain, et dirent un chant pareil sur des modes différents. / Mars, avec la trompette retentissante, célébra la gloire de son père et loua ses foudres sur un ton mâle et fier. Arcas et le Sagittaire firent entendre des accords mélodieux, également renommés, l’un pour la harpe l’autre pour la lyre. Le chœur des Muses vint applaudir ensuite; elles mariaient à des accents divers leurs chalumeaux, leurs gestes, leurs voix et leurs danses. Mais l’on dit que, même après les concerts des habitants de l’Olympe, le dieu ne dédaigna pas les chants modestes des divinités inférieures. Les Dryades unies aux Faunes, les Bacchantes mêlées aux Satyres, laissèrent tomber, troupe rustique, de gracieuses mélodies. Le dieu Pan et ses frères descendirent des hauteurs du Ménale; même après les sons de la lyre, les aigres sons de la flûte furent agréables à Jupiter. Parmi eux, Chiron, dansant aux accords de l’archet sonore, ployait gauchement et d’une façon plaisante ses membres de cheval. Il se fit écouter, et mérita de plaire, quoique le hennissement se mêlât à sa voix. / Ainsi donc, toute langue riche ou pauvre payait un tribut de louanges, et la victime du sacrifice c’était un chant. De même, ô César, vous la plus haute espérance de notre siècle, je viens, après les grands de l’empire, vous apporter un faible encens. Je chante hardiment en présence du docte Victor, qui parle d’ordinaire ou par la bouche de Phébus, ou par la vôtre. Sa dignité de questeur en ce palais éternel, ne m’empêche pas de le regarder toujours comme mon maître. Que toute langue, ô Prince, vous offre donc un tribut d’hommages, car vous vous faites de nos cœurs des temples nouveaux.

𝕍 L’Astrologie chez les gallo-romains ( X) in Revue des Études Anciennes (11, 4 pp. 301-346), Henri De la Ville de Mirmont, 1909. Lien vers le document sur Persée

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Énée de Gaza  Entrée Data.Bnf
Philosophe 🞄 Néoplatonisme, Christianisme (Chalcédonisme) 🞄 Empire Romain (Palaestina Prima) | 450 518

► Disciple de Hiéroclès d’Alexandrie et, passionné de rhétorique, il est enseignant et membre de l’École de Gaza. Interprète les auteurs antiques à la lumière du christianisme. On connaît stt. de lui un Théophraste ou dialogue sur l’âme Lien vers l’œuvre sur Remacle. A également laissé vingt-cinq lettres grâce auxquelles on étend un peu les maigres informations que nous disposons sur lui.

𝕍 Essai d’une biographie d’Énée de Gaza in Oriens Christianus (7 pp. 349-369), Legier E., 1907. Lien vers l’œuvre sur Internet Archive


🙟 VI   

Prashastapada  Entrée Data.Bnf
Théologien 🞄 Brahmanisme 🞄 Empire Gupta | VI

Livre le commentaire le plus ancien du Vaisheshika Sutra vers 530, développant ainsi la perspective mécaniste et atomiste de son darśana.

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Rhétorius (d’Égypte)
Astrologue 🞄 Astrologie hellénistique 🞄 Empire byzantin | VI VII

Un des derniers représentants de l’astrologie hellénistique, auteur d’un Compendium qui est influencé par Valens et surtout Antiochus d’Athènes qu’il cite abondamment.

➽ Le monde byzantin sera fera le relais de son œuvre et il influencera Théophile d’Edesse puis le monde arabe par l’intermédiaire de Masha’allah.

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Sūn Sīmiǎo [Sun Zhenren]  Entrée Data.Bnf
Médecin, Alchimiste 🞄 Taoïsme 🞄 Dynastie Sui | 581 682

► Sūn Sīmiǎo, né sous les Sui, est l’un des plus importants médecin de la Dynastie Tang, comparable dans son rayonnement et ses méthodes à Ge Hong et Tao Honjing. Brillant élève, il étudie les canons taoïstes, confucianistes et bouddhiques mais d’une santé fragile et fréquemment malade, il s’oriente vers la médecine. Il vécu presque tout sa vie reclus dans les montagnes, cueillant les simples et exerçant la médecine auprès des gens ordinaires, gracieusement parfois, et ce, malgré les nominations répétées des empereurs pour faire carrière dans la haute administration. Intéressé par l’étude du Livre des mutations (il était attentif aux techniques divinatoires), du Livre de la voie et de la vertu et du Vrai classique du sud fleuri, il écrira plusieurs ouvrages qui sont restés des références dans le domaine de la médecine traditionnelle chinoise. Il est proche du moine bouddhiste Dàoxuān, fondateur de la secte nanshan et historien du bouddhisme.

► En médecine, son apport à la pharmacognosie est particulièrement remarquable. Il est l’auteur de deux traités majeurs et imposants, synthétisant les savoirs de l’époque et livrant un nombre considérable de formules médicales : 千金要 (Qianjin yaofang) {Formules valant mille or} en 652 et son complément le 千金翼方 (Qian jin yi fang) en 682, année de son décès. Dans le premier, il effectue une rétrospective de la médecine, livre des formules d’herboristerie, des considérations sur l’acupuncture, la moxibustion (dont il était expert), l’évaluation du pouls. Il y traite enfin d’hygiène physique et psychique(1), de diététique(2) et de la confection de l’élixir d’immortalité. Dans le second ouvrage, il est question de remèdes issus du folklore, des talismans, incantations et exorcismes utiles dans le domaine médical. Sa pratique est basée sur les wǔxíng et, fort de ses nombreux voyages, il tente de combiner les connaissances indiennes et chinoises. Il est en outre le premier médecin chinois à écrire sur la déontologie du médecin : mépris de la fortune et de la gloire, indistinction quant aux qualités physiques, psychologiques ou sociales des patients. Il livrera également plusieurs traités sur le taoïsme et les techniques de longévité. Il décède à 101 an et, fort de sa réputation, il est révéré comme le yao wang {roi de la médecine} et canonisé Sun Zhenren.



1. Contrôle des émotions, nourrissement de l’esprit et pratique de la vertu.

2. L’alimentation est le socle sur lequel fonder la thérapeutique.

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Qarni (Al) Uwais
Mystique 🞄 Islam (Primitif) 🞄 Yemen (Sassanide) | 594 657

Combat avec Ali à la Bataille de Siffin (657) contre Muʿawiya Ier (reg. 661–680) où il trouve la mort. Inspirateur de la tariqa des Ouwéyssi qui met l’emphase sur la transmission spirituelle par l’intermédiaire du `alam al-arwaah {monde des esprits}. En effet Al-Qarni, qui n’a jamais rencontré le Prophète, est pourtant estimé comme conscient de son influence spirituelle.


🙟 VII   

Théodore Bar Koni  Entrée Data.Bnf
Théologien 🞄 Christianisme (Nestorianisme) 🞄 Califat Rashidun | VII VIII

► On sait fort peu de choses sur lui, les dates sont incertaines. Évêque de l’Église de l’Orient, il enseigne à l’École exégétique de Kashkar à Beth Aramaye (près de Wasit), durant le Califat Rashidun. Auteur d’un Liber scholiorum (? 792)(1) qui est le seul ouvrage lui étant attribué qui nous soit parvenu. Il s’agit d’un exposé catéchétique et apologétique de la foi chrétienne en onze ܡܝܡܪܶܐ (mēmrē) {homélies métriques} présenté sous la forme didactique de questions-réponses où il critique notamment l’islam, le manichéisme et le zoroastrisme. Notez qu’il s’agit du dernier auteur à mentionner ce qu’il reste de la mémoire de Gilgamesh(2) avant sa redécouverte au XIX.



1. 𝕍 ex. Syriaque 366 Lien vers l’œuvre sur la Bibliothèque Nationale de France Lien vers le catalogue, trans. Corpus sciptorum christianorum orientalium Scriptores Syri 65 Lien vers l’œuvre sur Internet Archive, trad. fra. 𝕍 Corpus sciptorum christianorum orientalium 187, Scriptores Syri 187. Lien vers l’œuvre sur Internet Archive

2. II:120 : Quels sont les rois depuis Nemrod jusqu’à Abraham, et quels furent leurs noms ? […] Le douzième, Ganmagos, et aux jours de celui-ci naquit Abraham à Our des Chaldéens.

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Abī Ṭālib (Ibn) ʿAlī  Entrée Data.BnfEntrée Encyclopædia Iranica
Théologien, Mystique, Politique 🞄 Islam (Islam primitif) 🞄 n. La Mecque, fl. Califat Rashidun | 630 695
أمير المؤمنين (amīr al-mu‘minīn) {Commandeur des croyants}, Le Lion

I. Histoire

► Estimé fort et juste, porteur de Zulfikar et réputé pour ses exploits guerriers, mais aussi austère, pieux et doux, il est le modèle de la chevalerie pour l’islam. Il serait né dans la Kaaba. Cousin(1), gendre(2), fils adoptif(3), ami et compagnon du Prophète. C’est un des premiers convertis à l’islam, le premier pour certains, le second après Khadija pour d’autres, et un fidèle actif de l’islam originel : il participe à l’hégire(4), à la plupart des campagnes militaires, est dépêché pour détruire les idoles de la Kaaba et Mahomet le désigne même comme le premier des scribes du Coran.

↪ Malgré sa position avantageuse auprès du Prophète, sa popularité, ainsi que certaines paroles de Mahomet laissant penser qu’ʿAlī serait à même de lui succéder(5), il n’en est rien. À la mort de Mahomet, Abū Bakr(6) est désigné comme successeur en l’absence d’ʿAlī alors que ce dernier organise les funérailles du Prophète. Mais ʿAlī refuse de reconnaître la légitimité d’Abū Bakr, et de même il ne donne pas plus son assentiment à ʿUmar et ʿUthmān (il est plus mitigé pour ce dernier) qui succèdent successivement à Abū Bakr quoiqu’il se contente de se retirer de la vie publique et s’attacher à l’étude du Coran, raison pour laquelle il est néanmoins régulièrement consulté. Après l’assassinat d’ʿUthmān, ʿAlī devient lui-même calife, faisant de lui le quatrième calife de l’islam (reg. 656-661), il sera le dernier des rāshidūn {Bien guidés}.

↪ Cependant, ῾Ā’isha, veuve de Mahomet, qui ne s’entendait guère avec ʿAlī, l’accuse d’avoir été en collusion avec les assassins de son prédécesseur. Elle s’allie avec l’ancien scribe de Mahomet, gouverneur de Syrie et futur fondateur du califat des Omeyyades (661), Muʿāwiyah (qui est aussi un cousin d’ʿUthmān) déclenchant la Première Fitna. Malgré ses victoires militaires et le soutien des anṣār, ʿAlī se heurte à une partie de ses propres partisans, les kharidjites, qui refusent la voie diplomatique entre ʿAlī et Muʿāwiyah. En effet, cet évènement, semble-t-il, est forcé par un stratagème de Muʿāwiyah consistant a ficher des pages du Coran sur les lances de ses hommes, ce dernier étant sur le point de perdre l’affrontement. Leur tentative de conciliation dont l’issue ne semble pas claire (les sources divergent), est nonobstant un échec puisque Muʿāwiyah poursuit ses escarmouches. La position d’ʿAlī est finalement affaiblie par une série de déconvenues politiques et militaires. Ultimo, il est lui-même assassiné par les kharidjites sur le seuil de la Grande Mosquée de Koufa. Ces derniers voulaient certes tuer ʿAlī, mais également Muʿāwiyah ainsi qu’ʿAmr ibn al-ʿĀṣ (en possession de l’Égypte) dirigeants responsables des luttes intestines dans l’islam. Seul ʿAlī cependant fut touché et Muʿāwiyah put ainsi fonder sa dynastie, d’autant qu’Ḥasan, fils d’ʿAlī, abandonne rapidement toute prétention au titre de calife.

II. Influence

C’est à partir des évènements autour de la personne d’ʿAlī que les branches principales de l’islam émergent : le sunnisme reconnaissent les quatre ar-Rashidun et sont les héritiers de Muʿāwiyah. Le chiisme provient des Alides, descendants spirituels d’ʿAlī et de leurs partisans, qui parvinrent à se fixer en Irak et en Iran. Enfin, le kharidjisme, issu des éléments contestataires des premiers compagnons d’ʿAlī refusent de reconnaître la légitimité des uns et les autres et estiment que le titre de calife doit revenir au plus méritant. Pour le chiisme et le soufisme(7) ʿAlī fut le véritable héritier de Mahomet, en particulier de son ولاية (walāyah) {pouvoir spirituel}, de ses connaissances théologiques, gnostiques et ésotériques(8), il est ainsi détenteur de pouvoirs spirituels et surnaturels. Il est tenu pour avoir participé au miʿraj du Prophète(9) et joue également un rôle d’intercesseur lors du jugement dernier tout comme il est dit représenter l’alliance de l’intellect et de la foi(10). Pour le chiisme duodécimain, il est le premier des douze imams, Chirazi fera ntm. grand cas des ḥadīths d’ʿAlī. Après Mahomet, il est le musulman le plus évoqué, cependant que sa figure est naturellement plus contrastée selon l’appartenance à tel ou tel courant de l’auteur du texte. Le Mausolée de l’imam Ali situé à Najaf est fort vénéré.



1. Son père est l’oncle paternel de Mahomet et son tuteur.

2. Il épouse Fāṭimah, une des filles de Mahomet, a qui il reste fidèle de son vivant malgré la polygamie et avec qui il a deux fils, Ḥasan, second imam des chiites et Ḥusayn, le troisième.

3. Mahomet et Khadija l’adoptent finalement.

4. Il dort dans le lit Mahomet pour couvrir sa fuite.

5. Dont le fameux ḥadīth : Celui dont je suis le mawlā, ʿAlī en est aussi le mawlā auquel les ésotéristes musulmans ont donné une grande portée.

6. Autrefois ennemi de Mahomet puis son beau-père, père de sa troisième épouse ῾Ā’isha.

7. Une vaste majorité des soufis, font descendre leur filiation spirituelle du Lion.

8. Comme le جَفْر (jafr).

9. Car ils sont tout deux constitués de la même نور (nūr) {lumière (illuminatrice)}.

10. Il est considéré comme un précurseur de la théologie islamique notamment dans le domaine du tawḥīd.

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Valère (du Bierzo) [Valerius Bergidensis]  Entrée Data.Bnf
Ermite, Mystique 🞄 Christianisme (Semi-pélagianisme) 🞄 Royaume wisigoth | 630 695

Aristocrate wisigoth qui, vers 20 ans, se retire comme moine(1) puis, sur le modèle d’Antoine le Grand, fait le choix de l’érémitisme. Il a cependant été scribe à l’Abbaye de San Pedro de Montes. Plusieurs de ses écrits nous sont parvenus : ntm. trois petits traité autobiographiques(2), trois visions de l’au-delà (qui lui furent rapportées) et des poésies.



1. au Monastère de Compludo fondé par Fructueux de Braga.

2. Notablement écrits à la première personne du singulier.

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Huìnéng Entrée Data.BnfEntrée Internet Encyclopedia of Philosophy
Moine 🞄 Bouddhisme (Chán) 🞄 Dynastie Tang | 638 713

I. Hagiographie et pensée

► Huìnéng serait né à Canton dans une famille très pauvre. Analphabète et laïc, il entend cependant un moine réciter la Perfection de sagesse du diamant coupeur à trente ans, alors qu’il livre du bois de chauffage dans une auberge. Il décide de se rendre à 800km de là et d’entrer au monastère des Monts Huang où il devient le disciple du cinquième patriarche du chán, Hóngrěn. Peu apprécié du fait de son origine "barbare", il est relégué dans la cuisine et l’arrière-cour afférente où il pile du riz et coupe du bois, non sans être secrètement instruit par le maître. Cependant, huit mois plus tard, lorsque Hóngrěn entend choisir un successeur, il se démarque, notamment de Yùquán Shénxiù, alors chef des moines et élève préféré du maître. Demandant à ses élèves d’écrire une poésie sur leur compréhension du dharma et de l’éveil, Shénxiù, le favori, fut le seul à s’astreindre à la tâche et écrit sur un mur en face de la cellule du patriarche : 身是菩提樹,/ 心如明鏡臺。 / 時時勤拂拭, / 勿使惹塵埃。 {Le corps est l’Arbre de la Bodhi, / Le cœur est tel le miroir clair sur un support, / Régulièrement, il faut le nettoyer, / Afin qu’il ne s’empoussière} mais Huìnéng fait écrire à coté en réplique : 菩提本無樹, / 明鏡亦非臺。 / 本來無一物, / 何處惹塵埃。 {Il n’y a ni Arbre de la Bodhi / Ni de miroir clair sur son support / Intrinsèquement, il y a la vacuité / Où la poussière pourrait-elle se déposer ?}(1). Ces deux poèmes, bien que complémentaires, mettent en exergue, selon l’interprétation célèbre de Guīfēng Zōngmì(2), l’opposition entre les approches gradualistes et subitistes.

↪ Hóngrěn, voyant le poème intuitif de Huìnéng, l’efface pour ne pas provoquer la colère des moines instruits, puis lui rend discrètement visite la nuit. Il lui explique le sens du Sūtra du Diamant, provoquant son illumination avec le passage Un bodhisattva doit développer un esprit qui ne forme aucun attachement ou aversion pour quoi que ce soit. Le patriarche décide alors de faire de Huìnéng son véritable successeur alors qu’officiellement, il choisit Shénxiù. Il lui lègue sa robe(3) et son bol, lui demande de transmettre les enseignements aux habitants du sud, mais lui réclame aussi de ne pas enseigner immédiatement et lui conseille cependant de se cacher pour échapper à la colère de Shénxiù et ses partisans. Dix ans après, en 677, Huìnéng se rend au Temple Guangxiao de Guangzhou où il fait sa première intervention publique : l’anecdote célèbre que l’on retrouve dans la Barrière sans porte (29), est relative à son intercession dans la querelle entre deux moines pour savoir si le mouvement d’un pennon est du à lui-même où au vent qui l’actionne. Huìnéng tranche : ni l’un, ni l’autre, c’est l’esprit qui bouge ! Le maître du monastère, impressionné par cette réponse, lui donne la tonsure et devient son disciple. Dès lors, Huìnéng commence à enseigner inlassablement et fonde finalement le Bǎolín-sì (plus tard Nánhuá-sì). Mort, sa momie, endommagée par les gardes rouges pendant la révolution culturelle, est conservée dans le monastère Nánhuá-sì de Shaoguan (Guangdong).

Sur le fondement, notamment, du Sutra du Diamant et du Mahāparinirvāṇa Sūtra, il insiste sur le fait que tous les hommes possèdent en eux la nature de Bouddha, que cette nature est originelle et que pour l’atteindre, il faut avant tout pratiquer afin de se libérer de la pensée délibérée et duelle, ainsi que de l’attachement aux choses; l’érudition, l’étude et les bonnes œuvres, marque du 渐悟 (jiànwù) {éveil graduel} et même les exercices spirituels devenant finalement, accessoires voir inutiles ou même néfastes au processus brutal du 頓悟 (dùnwù) {éveil subite} qui peut parfaitement intervenir dans le quotidien. En fait, l’enseignement de Huìnéng est une synthèse de différentes écoles et une redéfinition sémantique des termes techniques, à commencer par ceux de la pratique méditative. Ce faisant, il donne au chán, alors encore fortement empreint de l’influence indienne, une tonalité spécifiquement chinoise en intégrant de nombreux éléments taoïstes et l’ouvre à sa période la plus dynamique.

II. Histoire et influence

► "Dàjiàn" Huìnéng est une figure semi-légendaire, quoique fondamentale pour les débuts de l’histoire du chán(4). Sixième patriarche du bouddhisme chán, fondateur de l’北宗禪 (beizōng) {École du Sud}, dite subitiste, et auteur symbolique du texte fondateur de son école, le célébrissime 六祖大師法寶壇經 (Liùzǔdàshī fábǎotánjīng) {Sūtra de l’Estrade} (d.VIII). Seule œuvre de langue chinoise ayant acquis le titre de "sūtra", il s’agit d’un recueil de sermons et d’herméneutique de textes bouddhiques dont l’établissement est attribuée à son disciple Fa Hai(5), mais dont la rédaction paraît(6), s’étaler en fait sur plusieurs siècles et révéler, paradoxalement vis à vis de la philosophie chán, plusieurs couches rédactionnelles contenant diverses tendances doctrinales. L’essentiel de la biographie de Huìnéng est justement connue par cet ouvrage ainsi que par le Recueil de la transmission de la Lampe (1004), constituant une hagiographie, bien que vraisemblablement basée sur un personnage historique dont l’influence paraît s’être limitée à un rayonnement d’ordre régional si on se contente de consulter la liste des étudiants les plus importants de Hongren.

◆ Hézé Shénhuì succède à Huìnéng. D’un point de vu historique, il semble que ce soit l’intervention schismatique, propagandiste, militante et polémique de ce dernier qui soit à l’origine du fait que le sixième patriarche soit Huìnéng et non Shénxiù. Disciple proclamé de Huìnéng, il aurait vraisemblablement forgé son histoire légendaire vers 730, ainsi qu’une lignée de patriarches du chán jusqu’au Bouddha, de façon à soutenir auprès de la cour impériale sa critique radicale du système de Shénxiù, qu’il qualifie d’南宗禪 (nánzōng) {école du nord} et de "gradualiste"(7), école alors dominante et orthodoxe et dont il est néanmoins issu en dernière analyse. Les deux branches du chán finirent par s’éteindre l’une et l’autre, mais l’influence postérieure des enseignements de Shénhuì et son prosélytisme furent tels que dès la f.VIII, toutes les écoles ultérieures estimèrent tirer leur origine de la doctrine subitiste de Huìnéng. Dès 796, son enseignement est adoubé par l’empereur Táng Dézōng et la légitimité officielle de la lignée de Hóngrěn passe à Huìnéng et Shénhuì. La tradition chán affirme que ses élèves, Nanyue Huairang et Qingyuan Xingsi et leurs successeurs, sont à l’origine des écoles Caodong (Sōtō au Japon) et Linji (Rinzai au Japon).



1. Il existe plusieurs variantes.

2. Héritier de Hézé Shénhuì, cinquième patriarche de l’école Huayan et patriarche de l’école Heze.

3. Héritée de Bodhidharma.

4. Et par extension, pour le zen, le sŏn et le thiê ‘n.

5. Qui semble appartenir à l’école Niutou, ou école de la Tête de Boeuf, de Fǎróng, très influencée par les enseignements Tiantai.

6. Selon des manuscrits découverts aux Grottes de Mogao à Dunhuang.

7. Distinction doctrinale sujette à débat depuis les polémiques initiées par le courant Xuánxué au III.