Personnalités collectives (XV)
⟴Cibinensis Melchior | Alchimiste 🞄 Hongrois | XV – XVI  
► Connu pour son texte alchimique écrit sous forme de messe : Processus sub forma missae (≈ 1525). Il est d’abord publié par Nicolas Barnaud dans son Commentariolum in aenigmaticum quoddam epitaphium (1597) puis dans le Théâtre Chimique dès sa première édition en 1602. Le texte est enfin notablement présenté avec une illustration de Melchior 🗎⮵ dans les Symboles de la table d’or des douze nations de Maier en 1617.
► Jung qui a interprété le symbolisme de ce texte dans Psychologie et Alchimie (1944), a estimé que son auteur est le chapelain Nicolas Melchior Szebeni, astrologue à la cour de Vladislas II de Hongrie. On a également proposé de l’identifier à l’archevêque Miklós Oláh.
⟴Jabez (Ben Hayyim) Joseph | Théologien 🞄 Espagnol | XV – XVI
► Exégète et homéliste influencé par la mystique kabbalistique de Ḥayyaṭ. Jabez était un critique de la philosophie, de son rationalisme et de l’aristotélisation du judaïsme auquel il substitue la foi. À cette fin, il critique notamment la pensée de Maïmonide.
⟴Libanius Gallus | Théurge 🞄 Français | XV – XVI
► Disciple de Pelagius et maître de Trithème, selon les dires du célèbre abbé. Un échange épistolaire à eu lieu entre eux.
☩ 𝕍 Qui était Libanius Gallus ? in Studia Lulliana (V°6, N°01-02, pp.127-138), François Secret, 1962.
⟴Bongo Pietro | Clerc, Ésotériste 🞄 Humaniste 🞄 Italien | XV – 1601  
► De noble extraction, Bongo est polyglotte et polymathe, y compris ès sciences occultes. Chanoine et chantre de la Cathédrale de Bergame. Tente de rapprocher pythagorisme et christianisme. Il aborde l’arithmologie፧ dans son Numerorum Mysteria
(1591)(1), ouvrage qui, approuvé par le Saint-Office en 1591, connu le succès dans toute l’Europe. L’ouvrage, couvrant tous les domaines d’application de cette matière, citant de larges sources et finalement modèle du genre, fut a bon droit considéré comme une encyclopédie de la scientia numerorum, discipline indispensable, selon Bongo, pour comprendre la Bible.
1.⟴ D’abord De Mystica numerorum significatione, 1583.
⟴Bolingbroke Roger | Clerc, Astrologue 🞄 Anglais | XV – 1441
► Il est secrétaire d’Éléonore Cobham, épouse de Humphrey de Lancastre, premier duc de Gloucester et héritier au trône. Bolingbroke est accusé de conspiration et de sorcellerie contre le jeune Henri VI avec un groupe de clercs et une sorcière 👁 de cour patentée, Margery Jourdemayne. Il est hanged, drawn and quartered en 1441. Shakespeare reprend l’histoire dans son Henry VI 2 (I:4) sans doute à partir des Chroniques Holinshed.
⟴Ganivet Jean | Astrologue 🞄 Franciscain 🞄 Français | XV – 1496  
► Franciscain connu pour son influent Amicus Medicorum
(1431, première impression 1496), traité d’astrologie médicale organisé en quatre sections de sept chapitres, que Ganivet rédige à la demande du médecin bruxellois Henry Amicus et inspiré par le De urina non visa (1220) de Guillaume l’Anglais. L’objet de l’ouvrage est de
guider les médecins dans la pratique de la médecine vis à vis de l’influence des cieux, à la fois en temps d’épidémie et à d’autres moments de l’année, afin que les médecins puissent eux-mêmes connaître les heures et les moments où ils doivent administrer des médicaments
. Il propose en outre plusieurs jugements d’horoscopes.
⟴Bellanti Lucio | Condottiere, Médecin, Astrologue 🞄 Italien | XV – 1499
► En tant qu’astrologue, Bellanti jouissait d’un certain renom à Florence : il a prédit la mort prématurée de Pic et celle, violente, de Savonarole. Connu pour son scolastique De Astrologica veritate (1498), souvent cité et réimprimé au XIV. Dans cet ouvrage il réfute de façon systématique et frontale les vues des Disputationes de Pic en s’appuyant sur Aquin et Scot. En fait, il y attaque stt. les positions de Savonarole qu’il estime avoir déformé les propos (et corrompu la foi) du Phénix des esprits.
⟴Fillâtre Guillaume | Évêque 🞄 Français | ≈ 1400 – 1473  
► Dignitaire de l’Ordre de la Toison d’Or. Écrit une Thoison d’Or (1468) qui annonce l’interprétation alchimique du mythe afférent.
⟴Mansel Jean | Historiographe 🞄 Français | ≈ 1400 – 1473  

► Sa Fleur des histoires est influencée par le symbolisme initiatico-alchimique.
⟴Denys le Chartreux [Dionysius van Leeuw] | Mystique, Théologien 🞄 Chartreux 🞄 Belge | 1402 – 1471  

► Aussi "Denys de Ryckel", dit "docteur extatique" ou "le dernier des scolastiques", il est bienheureux pour quelques martyrologes cartusiens. Platoniste chrétien influencé par la mystique flamande, compilateur et synthétiseur de la vita spiritualis, c’est un commentateur du Pseudo-Denys l’Aréopagite, Boèce, Climaque et de la Bible dont il glose tous les livres. Conseiller des notables, restaurateur de la discipline ecclésiastique, il est important pour la mystique catholique du XV – XVI qui le cite fréquemment.
☩ 𝕍 déjà le concis Denys le Chartreux, 1402-1471, sa vie, son rôle, une nouvelle édition de ses ouvrages (1896)
de Mougel.
⟴Retz (De) Gilles [Montmorency-Laval (De)] | Seigneur 🞄 Français | ≈ 1405 – 1440  
► Il participe de façon notoire à la Guerre de Cent Ans jusqu’à être sacré Maréchal de France par Charles VII. Ayant dilapidé sa fortune, il eut recours aux pratiques occultes et invocations sataniques afin de restaurer sa richesse matérielle. Manifestement psychotique et sadique, surnommé "Barbe Bleue", il est tristement célèbre pour sa condamnation pour pendaison suite à des centaines de meurtres d’enfants commis dans des conditions atroces.
◆ Hormis la biographie de l’abbé Bossard(1), une étude, inspiré du travail précédent a été écrite par Huysmans : Gilles de Rais (1897).
1.⟴ Gilles de Rais, 1885
.
⟴Bonincontri Lorenzo | Astrologue, Poète 🞄 Humaniste 🞄 Italien | 1410 – 1491  
► D’abord soldat, il s’intéresse à l’astrologie፧ vers 1460. Bonincontri, ami de Ficin et Giovanni Pontano(1), a fréquenté les principaux centres humanistes italiens : Naples (1450-1475) où il enseigne l’astrologie, Florence (1475-1478) et Rome (1483-1491) où il est le protégé de Sixte IV.
► Auteur de deux œuvres poétiques où se rencontrent science antique et philosophie chrétienne platonisante : un Rerum naturalium (1469-1472) concernant principalement la théologie et la philosophie et un De rebus coelestibus (1472-1475), philosophique encore, mais plus largement pénétré d’astrologie que le précédent. Il est encore l’auteur d’une édition commentée des Astronomiques (1484), d’un commentaire sur le Centiloque (1477) et d’un Tractatus revolutionum (1491) composé à partir d’études sur la Tétrabible.
1.⟴ Qui le qualifie de "nobilis astrologus".
⟴Henri VI (Roi d’Angleterre) | Roi 🞄 Anglais | 1421 – 1471  
► Soutient les faiseurs d’or en abolissant l’interdiction de son prédécesseur Henri IV datant de 1403. Ne parait pas aller plus avant.
⟴Dawani (al) Jalal al-Din | Philosophe, Mystique 🞄 Iranien | 1426 – 1502
► Actif à Chiraz. Poète, auteur prolifique et prolixe, il combine la philosophie illuminative de Sohrawardi(1), l’aristotélisme et Ibn Arabi. Célèbre pour ses longues controverses avec Sadr ad-Din Dashtaki puis son fils, Ghyath al-Din Mansur Dashtaki, tous deux également influencé par Sohrawardi(2).
1.⟴ Dont il commente les Hayākil al Nūr {Temples de la lumière}.
2.⟴ Ghyath à d’ailleurs lui aussi produit un commentaire des Temples de la lumière.
⟴Manfredi Girolamo | Médecin, Astrologue 🞄 Humaniste 🞄 Italien | ≈ 1430 – 1492  
► Né à Bologne, il étudie dans cette même ville, puis à Ferrare — où il est diplômé en 1455 et entre en contact avec les milieux humanistes — et enfin à Parme où il obtient un diplôme de médecine. Il enseigne finalement la philosophie, l’astronomie ainsi que la médecine dans sa ville natale toute sa vie durant et était fort d’une excellente réputation, tant en tant que pédagogue(1) qu’en tant qu’astrologue. Position certes politiquement compliquée dans l’Italie de l’époque mais Manfredi su se préserver des princes et de l’Inquisition. Adepte de l’astrologie divinatoire, il est attaqué par Pic dans ses Disputationes adversus astrologiam divinatricem. Connu pour son encyclopédique populaire Liber de homine ou Il Perché (1474)
, écrit en langue vernaculaire et fréquemment réédité jusqu’au XIX. Il y est question d’entretien de la santé et de considérations physiologico-astrologiques, proche dans la forme des Problemata physica d’Aristote. Auteur également d’un Centiloquium de medicis et infirmis (1488)
, traité astrologico-médical influencé par les théories du Secretum secretorum. Entre dans les ordres mineurs et obtient sa tonsure en 1459.
1.⟴ Il n’hésitait d’ailleurs pas à vulgariser et à rédiger en vulgari eloquentia.
⟴Édouard IV (Roi d’Angleterre) | Roi 🞄 Anglais | 1442 – 1483
► Soutient les faiseurs d’or, notamment Ripley, mais ne parait pas aller plus avant.
⟴Maestro di Tavarnelle | Peintre 🞄 ℙ Italien ou ? français | XV – XVI
► Maître peintre anonyme de l’École florentine. ? de l’atelier de Filippino Lippi. Parfois également identifié aux Maestro di Ovidio et à celui dei Cassoni Campana. Sujets mythologiques et sacrés de saveur hermétique : Thésée et le Minotaure (d.XVI), Histoire de Thésée et Ariane (d.XVI) ou sa Vierge à l’Enfant entrônée (1519).
⟴Bianchini Giovanni | Astrologue 🞄 Italien | 1410 – 1469  
► Connu pour ses Tabulae astronomiae (1495) basées sur les Tables alphonsines.
⟴Doget John | Prêtre 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Anglais | 1435 – 1501
► Mêlé à des débats autour de l’ésotérisme፧ dans le cadre de son commentaire du Phédon où il tentait de rapprocher platonisme et christianisme.
⟴Prisciani Pellegrino | Astrologue 🞄 Italien | 1435 – 1518  
► Astrologue, influencé par Peuerbach et sans doute Bianchini. Il était professeur d’astrologie፧ à l’Université de Ferrare et bibliothécaire ainsi que secrétaire de la Maison d’Este.
► Pour Pellegrino, les astres, causae secundae sont médiateurs entre Dieu et la nature. Il est principalement connu pour être à l’auteur du programme astrologique des fresques du Palais Schifanoia.
⟴Botticelli Sandro [Filipepi Alessandro] 👁 | Peintre 🞄 Renaissant (première) 🞄 Italien | 1444 – 1510  
❙ 
I. Histoire et parcours artistique
► Sans que l’on soit certain de la source de son surnom "Botticelli", on s’accorde à penser qu’il viendrait de l’un de ses frères, ? de Giovanni, orfèvre(1). Fils d’un tanneur, Botticelli lui-même s’initie d’abord au métier de son frère, entrée en matière dont il conservera dans son art, certains traits caractéristiques : la minutie dans les détails ainsi que les contours et la fréquence avec laquelle il rehausse d’or ses œuvres. Cependant, ayant l’opportunité de croiser des artistes peintres qui fréquentent l’atelier, il découvre sa vocation et, en 1465, il devient l’élève de Filippo Lippi. En 1469, il est déjà maître, forme même le fils de son défunt maître, Filippino et rejoint la Guilde de Saint-Luc. Le style de Botticelli, par ailleurs influencé d’abord par Verrocchio et Pollaiuolo(2), s’affirme distinctement dès son Adoration des Mages (1475) 🗎⮵ et son Saint Augustin dans son cabinet de travail (1480) 🗎⮵ à l’Église Ognissanti, arborant tout deux, d’abord, des couleurs riches et accompagnés ensuite de lignes douces mais à l’exécution plus tranchantes et nerveuse, robuste et vigoureuse que lors de ses années d’apprentissage.
↪ Les Médicis(3) eurent recours aux services de l’artiste et devinrent ses mécènes : cette famille et leur entourage lui commandent des portraits (domaine où il excelle), des peintures tant sacrées que profanes, des fresques pour des chapelles ou encore des cartons de tapisserie; sa première commande est une figure allégorique : La Force (1470) 🗎⮵. Le Printemps (1478) 🗎⮵ — un des chef-d’œuvre de l’ésotérisme፧ pictural — et la Naissance de Vénus (≈ 1485) 🗎⮵, proches de la pensée de Ficin et de la poésie de Politien, assurent sa renommée(4) et constituent encore ajd. pour la critique, les archétypes de la peinture renaissante. Cependant, sa puissante et pieuse Madone du Magnificat (1481) 🗎⮵, son subtil et vivant Pallas et le Centaure (1482) 🗎⮵ ou son érotico-occulte Vénus et Mars (1482) 🗎⮵ n’en sont pas moins remarquables pour l’histoire de l’art et l’ésotériste intéressé par l’herméneutique des œuvres artistiques. La renommée de Botticelli provient certes d’une part, de ses peintures figurant les mythes antiques et au travers desquelles il véhicule des significations philosophiques et littéraires, mais elle provient d’autre part aussi, des fresques sacrées de la Chapelle Sixtine qu’il élabore en 1481 avec d’autres peintres (Ghirlandaio, Le Pérugin et Rosselli) : on lui doit notamment Les Épreuves de Moïse (1481) 🗎⮵, La Punition des Rebelles (1481-1482) 🗎⮵ ou La Tentation du Christ (1481-1482) 🗎⮵.
↪ On observe notablement que, dans les dernières productions du peintre, le décès de Lorenzo en 1492 et l’abandon de Florence par Lorenzo di Pierfrancesco, ainsi que la violente crise politique, religieuse et artistique qui s’en suivent, accablent et irritent vraisemblablement et comme on peut s’y attendre, Botticelli; la fin des Médicis accompagnant le déclin des arts. Plusieurs de ses œuvres furent d’ailleurs sacrifiées dans les autodafés de Savonarole mais il produit aussi plusieurs tableaux, annonçant le maniérisme et au mysticisme religieux accusé, tel sa Nativité Mystique (1500) 🗎⮵. Dans ses Vies des meilleurs peintres (1550), qui constitue, comme pour beaucoup d’artistes de cette époque, la source biographique principale de Botticelli, Vasari lui décrit une fin de vie peu reluisante : pauvreté, faiblesse morale et partisan de Savonarole mais, a l’appui de plusieurs documents, ces observations ne font pas l’unanimité parmi la critique historique; il semblerait notamment que sa famille resta plutôt dans un certain confort financier.
II. Style et influence
◆ Peintre du sacré et du profane associé à l’apogée des Médicis et de Florence, le style de Botticelli est harmonieux et exquis, raffiné, élégant et fleuri, ondulant et gracieux, plein de souplesse dans le mouvement, empli d’une grâce indolente et d’une solaire mélancolie, en plus d’être riche en narration, images et en suggestions tant dans ses compositions que dans ses éléments(5) à l’aide d’un sens certain de la vitalité; sens de l’équilibre, profondeur du sentiment et grandeur de la vision qui, en plus d’une faculté à aller à l’essentiel, ne pourront guère être plus tard atteints que par Moreau 👁. Il a formalisé un nouvel idéal de beauté pour la société florentine en particulier et renaissante en général, en plus d’illustrer par ses thématiques, intentions et allusions, le climat culturel de l’époque : goût pour la beauté et la thématique de l’amour(6), la recherche philosophique et religieuse ainsi qu’un attrait, une admiration même, pour l’antiquité, le tout dans le cadre de l’idéal chrétien. Botticelli est par ailleurs l’un des premiers artistes à illustrer des œuvres littéraires(7), contribuant ainsi à faire émerger le dessin comme un art à part entière et non plus comme une simple étape préparatoire de la peinture. Influence les préraphaélites qui le redécouvrent : son art est en effet pratiquement oublié de sa mort jusqu’au XIX, rapidement démodé par De Vinci 👁, Raphaël 👁 et Michel-Ange 👁.
1.⟴ À Florence, "battiloro", déformé "battigello".
2.⟴ Il l’est aussi plus généralement par la théorie de l’art d’Alberti et également par Memling en ce qui concerne les portraits et les paysages..
3.⟴ Qu’il rencontre par l’intermédiaire de la famille Vespucci avec qui il est voisin.
4.⟴ Avec sa Vénus, il réintroduit d’ailleurs pour de bon le nu féminin dans l’art occidental.
5.⟴ Grâce à ses échanges avec Politien ou Pic dont il était proche.
6.⟴ Notons la figure féminine idéalisée d’ordre ficinienne : lumineuse, vertueuse et porteuse d’un sensualisme virginal, grande et mince, au regard doux mais perçant, déployant des cheveux blonds sophistiqués et détaillés..
7.⟴ Ntm. des scènes de la Divine Comédie 👁, œuvre qu’il admirait considérable et étudiait, ainsi qu’une nouvelle de Boccace.
⟴Głogów (De) Jean | Polymathe, Astrologue 🞄 Polonais | 1445 – 1507
► Effectue ses études à l’Université de Cracovie dès 1962 puis poursuit toute sa carrière dans ce même établissement en tant qu’enseignant dès 1468. Érudit influencé par Aquin et Albert, il commente Aristote, Ptolémée, Joannes de Sacrobosco et est également influencé par Albumasar et Abenragel. Il a écrit sur divers sujets; en matière d’astrologie፧, notablement l’auteur d’un Introductorium in scientian nativitatum (1494) et d’une somme, le Tractatus praeclarissimus (1514). Également connu pour l’une de ses pronostications postulant l’avènement d’un "moine noir" qui provoquera une grande confusion dans le christianisme; interprété rétrospectivement comme désignant Luther portant la robe noire des augustins.
⟴Valla Giorgio | Philologue, Mathématicien 🞄 Humaniste 🞄 Italien | 1447 – 1499  
► Formé par Lascaris. Traduit notablement en latin la Poétique d’Aristote, les Hiéroglyphes d’Horapollon (Vat. lat. 3898
), il sera d’ailleurs le maître de Pierio Valeriano, auteur de l’influent livre d’emblèmes Ieroglifici
(1602). Commente Pline, Ptolémée et Cicéron. Auteur enfin, d’une encyclopédie : De Expetendis et fugiendis rebus où il est question du quadrivium(1), d’humanités, de droit, de philosophie naturelle ou encore de médecine.
1.⟴ On trouve ainsi de l’arithmétique et de la musicologie boécienne ou de la géométrie euclidienne..
⟴Ḥayyaṭ Judah ben Jacob | Qabaliste 🞄 Judaïsme 🞄 Espagnol | ≈ 1450 – ≈ 1510
► Important qabaliste pour la communauté italienne, il naît cependant en Espagne. Il étudie d’abord la qabale avec Samuel ibn Shraga, puis vers 1482, il pose une série de dix-huit questions sur la kabbale à Joseph Alcastiel. Ḥayyaṭ est grandement influencé par le Zohar(1), principalement au travers des תקוני הזהר (Tikunei haZohar), il estime d’ailleurs, tout comme dans cet ouvrage, l’étude du Zohar désirable pour hâter la venue du Messie.
↪ Suite à l’Expulsion des Juifs d’Espagne et après plusieurs vicissitudes, il se fixe en Italie en 1494. À la demande d’Hayyim Jabez, il est à Mantoue, auteur d’un ouvrage devenu classique, le Minḥat Yehudah (1558), "commentaire"(2) de l’anonyme מַעֲרֶכֶת הָאֱלֹהוּת (Ma‘arekhet ha-’Elohut) alors fort populaire dans les milieux qabalistes italiens. Ḥayyaṭ critique autant la mystique extatique d’Aboulafia que la position qabalistico-philosophique d’Ibn Latif, il est proche des idées de Menahem Recanati.
1.⟴ Dont il regroupe pieusement des fragments..
2.⟴ Il expose plutôt, de façon systématique, ses idées liées à la théosophie du Zohar.
⟴Zacuto Abraham | Astrologue 🞄 Espagnol | 1450 – 1521  
► Astrologue de Manuel Ier du Portugal. Auteur de plusieurs ouvrages astrologiques. Produit une Histoire du peuple juif, précurseur dans l’histoire juive post-biblique.
⟴Stabius Johann | Historiographe, Astronome-astrologue, Cartographe 🞄 Autrichien | ≈ 1450 – 1522  
► Humaniste à la cour de l’empereur Maximilien Ier, Stabius est un astrologue dans la lignée de Peurbach et Regiomontanus, il met au point la projection cordiforme dans le domaine cartographique. Producteur d’un Horoscopion pour l’année 1512. Ami de son confrère Johannes Werner(1), Conrad Celtes et Durer. En 1515 ils ont collaboré sur la première carte globulaire, puis, avec Konrad Heinfogel, sur les premiers planisphères et enfin, les premières cartes célestes destinées à l’impression.
1.⟴ Qui reprendra sa projection cordiforme dans son Nova translatio primi libri geographiaae C. Ptolemaei.
⟴Ravidas | Poète, Mystique 🞄 Indien | 1450 – 1526  
► Né intouchable, fermement contre le système des jāti {castes}, c’est un contemporain de Kabîr. Il est peut-être un disciple de Ramananda ou à tout le moins, ramanandi. Ses poésies bhakti comportent des éléments nettement nirguna {sans attributs}. Il a vraisemblablement connu Nanak et bhagat {saint} du sikhisme, plusieurs de ses poèmes sont intégrées dans le Guru Granth Sahib. Au d.XX, une communauté ravidassienne aujourd’hui importante s’est formée en se détachant du sikhisme. Elle met l’emphase autour de la personne et de l’enseignement de Ravidas.
⟴Lefèvre d’Étaples Jacques [Faber Stapulensis] | Théologien, Philosophe 🞄 Humaniste, Catholique, Néoplatonicien (médicéen) 🞄 Français | 1450 – 1536  
► Humaniste chrétien catholique à l’influence considérable, lui-même influencé par le protestantisme et la devotio moderna, le néoplatonisme et De Cues. Il est un précurseur de l’humanisme français et de la philologie. Professeur de philosophie au Collège du Cardinal-Lemoine (1490-1507), puis vicaire général de son élève Guillaume Briçonnet (devenu évêque de Meaux), précepteur des enfants de François Ier en 1526-1530 puis enfin, au service de Marguerite de Navarre. Il eut pour élève Charles de Bovelles et Van Clichtove. Fondateur et membre important du Cénacle de Meaux regroupant des humanistes évangéliques. Son action intellectuelle participera a chasser la scolastique vieillissante, il milite également pour la réforme de l’Église. C’est un correspondant d’Erasme, l’autre géant du premier humanisme de qui il se différencie de par son vif intérêt pour l’hermétisme qu’il estime être précurseur du christianisme.
► Lors de ses voyages en Italie (1491, 1500 et 1507) il rencontre Ficin, Pic, Politien et Barbaro. Intéressé par la magie naturelle(1), la mystique et la métaphysique, il publie et annote Aristote, Euclide, le Corpus Hermeticum(2), le pseudo-Denys, Hugues et Richard de Saint-Victor, Lulle, Hildegarde(3), Mechtilde de Hackeborn, Élisabeth de Schönau, Mombaer, Ruisbroek(4) et De Cues. Traduit en français l’Ancien Testament à partir de la Vulgate en 1530.
☩ 𝕍 Les Commentaires de Lefèvre d’Etaples au Corpus Hermeticum in Présence d’Hermes Trismégiste (Cahiers de l’Hermétisme N°13, pp. 167-183), Isabelle Pantin, 1988.
1.⟴ De magia naturali vers 1493, resté longtemps ms., d’ailleurs première mention française de la "qabale", 𝕍 Reg.lat.1115
.
2.⟴ Auquel il ajoute l’Asclépios en 1505 et le Crater Hermetis de Lazarelli.
3.⟴ Édition princeps du Scivias.
4.⟴ Également première traduction française.
⟴Da Correggio Giovanni | Hermésiste, Prédicateur 🞄 Italien | ? 1451 –XVI
► Figure atypique voir excentrique de la renaissance dont on ne trouve trace qu’au travers des témoignages de ses contemporains. Da Correggio est un prédicateur apocalyptique itinérant doté d’une certaine éloquence et d’un sens ostentatoire de la théâtralité. Il s’affublait de plusieurs titres prestigieux, s’estimait prophète et nouveau messie, "fils de Dieu", "ange de sagesse", "Mathusalem", "Enoch", "Pymandre", "Hermès Trismégiste", "Jeune Hermès" ou "la plus parfaite manifestation du Christ". Admiré par Lazzarelli qui le décrit (et l’allégorise) dans son Epistola di Enoch et rend notamment compte de sa première apparition à Rome en 1481 où il tente d’attirer l’attention de Sixte IV. En 1484, il pénètre à Rome accompagné de sa femme, ses enfants et ses disciples. Il est vêtu de noir, ceint d’une couronne d’épines et chevauche un cheval également noir. Recherché pour hérésie, il est inquiété par l’Inquisition et écroué plusieurs fois. On le trouve par la suite de façon sporadique en plusieurs endroits de l’Italie et de la France où il rencontre Louis XII et diffuse les textes hermétiques. En 1506 il produit un De quercu Julii pontificis, sive De lapide philosophico liber (Harley 4081
) et on perd sa trace.
⟴Stöffler Johannes | Astrologue, Prêtre 🞄 Allemand | 1452 – 1531  
► Pasteur dans le canton de Justingen et professeur de mathématiques à l’Université de Tübingen. Célèbre pour sa fabrication d’outils astronomiques, son Elucidatio fabricae ususque Astrolabii
en 1512 est le premier traité allemand sur l’astrolabe. Également connu pour la publication annuelle d’un almanach qui poursuit Regiomontanus, à partir de 1499 et jusqu’à sa mort. En 1499 justement, il prit position en faveur d’inondations diluviennes concernant la date du 20 Février 1524. Maître de Schöner et ami de Reuchlin pour qui il produit des outils et des horoscopes.
⟴Novara Domenico | Astrologue 🞄 Italien | 1454 – 1504  
► Élève de Regiomontanus, maître de Copernic et critique du système planétaire de Ptolémée. Professeur à l’Université de Bologne, il pourrait avoir été proche des néo-platoniciens de Florence mais des désaccords subsistent à ce sujet.
⟴Miechowita Maciej [Karpiga Maciej] | Médecin, Ésotériste 🞄 Polonais | 1457 – 1523  
► Professeur, recteur et doyen de la prestigieuse Université Jagellon. Miechowita est un érudit renaissant : "second Hippocrate", il est médecin de Sigismond Ier de Pologne et plus célèbre astrologue de Cracovie. Géographe et historien encore, puisqu’il donne dans son Tractatus de duabus Sarmatiis (1517), la première description ethnographique de l’Europe de l’Est. Il porte enfin un intérêt à l’alchimie፧, comme beaucoup d’intellectuels de Cracovie tel son confrère Adam de Bochen.
⟴Galatino Pietro | Théologien, Qabaliste (chrétien) 🞄 Franciscain 🞄 Italien | 1460 – 1540  
► Rejoint l’Ordre des Frères mineurs vers 1480. Il étudie les langues orientales à Rome où il entre en contact avec Gilles de Viterbe. Du fait de l’Augenspiegel (1511) de Reuchlin (avec qui il correspond), l’époque était à la controverse sur l’autorité des écrits juifs. Ainsi, à la demande de sa hiérarchie, Galatino rédige un très populaire Opus de Arcanis catholicæ veritatis (1518)
, qui, apologétique, cherche à démontrer que le Talmud et la qabale sont une préfiguration et une démonstration de la grandeur du christianisme. Inspiré par le Pugio Fidei de Raimond Martin, le Victoria adversus impios Hebraeos de Porchetus de Salvaticis et, influencé par le prophétisme joachimiste, il y met en scène Reuchlin, qu’il défend, et son opposant Van Hoogstraten. Écrit également un commentaire sur l’Apocalypse, toujours dans un prisme joachimo-qabalistique. En outre, Galatino serait à l’origine de la prononciation du tétragrammaton en "Jéhovah" dans son Divini nominis Tetragrammaton interpretatio contra Judaeos (1507).
⟴Virdung Johannes | Astrologue, Médecin 🞄 Allemand | 1463 – 1538  
► Astrologue à la cour du comte palatins du Rhin et correspondant de Trithème. Connu pour ses Tabulae resolutae qui s’appuient sur les Tables alphonsines, Regiomontanus et Peuerbach. Connu en outre pour son interprétation millénariste de l’Apocalypse, Practica von dem Entchrist (1510). Concernant la fameuse grande conjonction en Poissons de 1524, il prédit, au lieu des inondations, des soulèvements et un affaiblissement du christianisme. Les contemporains y virent la description de la Guerre des Paysans allemands, dont le déclenchement est lié entre autres, à la réforme.
⟴Ṭaiṭazaḳ Joseph [MahaRITaTS] | Théologien, Qabaliste, Ascète 🞄 Juif, École qabalistique de Safed 🞄 Espagnol [fl. Grèce] | ? ≈ 1470 – ? ≈ 1540  
► Ascète et qabaliste spécialiste de l’exégèse Talmud dont il a publié plusieurs commentaires. Influencé par Aboulafia et l’artistotélisme d’Aquin, il soutien Molkho(1). Il est à la racine de l’École qabalistique de Safed dont il est le père spirituel. Ses études talmuniques font autorité à son époque, il a formé de nombreux disciples tels Samuel de Medina ou Alkabeẓ. Et, bien qu’il ne partage pas ses vues, ses connaissances comme sa sainteté sont estimées par Caro.
1.⟴ Quoique l’on ne sache guère si c’est lui qui l’influence ou l’inverse.
⟴Ciruelo Pedro | Théologien, Mathématicien, Astrologue 🞄 Espagnol | 1465 – 1548  
► El maestro Ciruelo, enseignait les mathématiques à Paris. Auteur d’une Apostelesmata astrologiae christianae (1521), fort influent en Espagne au XVI et d’une Introductio astrologica (1523). En plus de défendre l’astrologie፧ durant une période où des débats ont lieu à son sujet, il tente d’accorder théologie chrétienne et astrologie. Pour lui, les spéculations de l’astrologie arabe contaminent l’œuvre ptoléméenne et il convient d’expurger les pratiques superstitieuses de l’art d’Uranie. Dans sa Reprobación de supersticiones y hechicerías, il aborde et critique en outre les pratiques superstitieuses(1) et ceux qui en font usage(2).
1.⟴ Essentiellement divinatoires et magiques.
2.⟴ Ou plus précisément, impute la faute au Diable.
⟴Colet John | Prêtre 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Anglais | 1467 – 1519  
► Ami d’Érasme. Intéressé par l’humanisme chrétien, il amène le néoplatonisme médicéen en Angleterre.
⟴Mirandole (De la) Pic Jean-François | Philosophe, Théologien 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Italien | 1469 – 1533  
► Neveu de Pic de la Mirandole, il est particulièrement influencé par l’œuvre de son oncle(1), quoiqu’il s’en détache sur plusieurs points. Intéressé par le pyrrhonisme de Sextus Empiricus et fidéiste(2), il affirme également la primauté de la révélation chrétienne sur la philosophie antique du paganisme ainsi que leur incompatibilité. Il est en outre, comme son oncle, fort permissif à l’influence de Savonarole, qu’il défend en vain et dont il écrit aussi une biographie apologétique. Il était ainsi évidemment critique envers l’astrologie፧ prédictive.
► Produit, dans le cadre d’une problématique chrétienne, un aristotélicien et augustinien De imaginatione (1501)(3) premier ouvrage exclusivement dédié au sujet. S’il accepte généralement la théorie de l’imaginatio de Ficin et admet son rôle principiel dans comme levier opérant de l’âme፧, il fait preuve de scepticisme envers la propriété transitive qu’aurait cette faculté dans son De rerum praenotione (1506-1507). Rédige aussi un dialogue à quatre personnages : Strix, sive de ludificatione daemonum (1423). Cet ouvrage, en harmonie avec le Malleus maleficarum à pour objet d’affirmer la réalité de la sorcellerie, des possessions démoniaques et du sabbat.
1.⟴ Il édite son opera omnia et écrit sa biographie.
2.⟴ Il critique ainsi autant Aristote qu’Aquin.
3.⟴ Trad. fra. de Jean-Antoine de Baïf : Traitte de l’imagination (1557), 𝕍 BNF 8-S-1292.
⟴Fribergius Calbus | Médecin 🞄 Allemand | 1470 – 1540
► Connu pour son Bergbüchlein (1505) qui traite des techniques minières et qui influence Agricola. Le texte est encore imprégné des conceptions médiévales relatives à l’embryologie des métaux et à l’influence des astres quant à leur génération ce qui en conséquence, ne manque pas d’intéresser l’alchimie፧.
⟴Champier Symphorien | Médecin, Historien, Ésotériste 🞄 Catholique, Humaniste, Néoplatonicien (médicéen) 🞄 Français | 1471 – 1539  
I. Histoire
► Docteur en médecine diplômé à Montpellier en 1495, il est le médecin d’Antoine de Lorraine dès 1509. Ami de Lefèvre d’Étaples, qui l’influence spécialement, et d’Agrippa. Il se fixe à Lyon en 1520 et crée (ou du moins s’implique fortement dans) le Collège des docteurs de Lyon et aide a fonder l’École de médecine de Lyon. Très réputé dans la Capitale des Gaules, en France et même au niveau européen pour ses ouvrages de médecine et de botanique, il écrit beaucoup. Critique de la médecine arabe, il estime que leur science est une falsification du savoir des grecs. Champier sera très investi dans la ville de Lyon, d’un point de vu politique d’abord, où il occupe de hautes fonctions et historique ensuite, cherchant à démontrer la haute antiquité de la Capitale des Gaules.
II. Travaux
► Nous intéresse ntm., sa Nef des Princes (1502)
qui traduit Ficin, et sa Nef des Dames vertueuses (1503)
qui, sans doute inspiré du De mulieribus claris (1374) de Boccace (il s’appuie sur le Décaméron passim), popularise, sous les auspices de Ficin, la théorie de l’amour platonicienne et néoplaticienne. Il est en outre, l’auteur de plusieurs textes ésotériques : un Dialogus singularissimus et perutilis in magicarum destructionem (1503)
dédié à l’exposition et l’explication de la magie, de la sorcellerie et de la divination et d’une courte Epistola campegiana de tranmutatione metallorum contra alchimistas (1532) au titre transparent. Rédige encore les ouvrages de compilation De quadruplici vita (1507)
— qui contient la traduction latine de Lazzarelli des Diffinitiones Asclepii issus du Corpus Hermeticum — et un De triplici disciplina (1509)
, toujours évidemment fortement influencés par Ficin mais aussi Pic. Ces deux ouvrages sont décisifs dans la transmission du néoplatonisme médicéen auprès des intellectuels français. Rappelons que ces derniers recevront avec plus de circonspection que les italiens ou les allemands les influences magiques des textes hermétiques.
☩ 𝕍 les notes de Thorndike in History of magic and experimental science (T°5,pp. 111-126 ) puis Lefèvre d’Étaples, Symphorien Champier, and the secret names of God in Journal of the Warburg and Courtauld Institutes (V°40, pp. 189-211), Brian Copenhaver, 1977. Et enfin, de façon plus conséquente, Symphorien Champier and the reception of the occultist tradition in renaissance France, Brian Copenhaver, 1978.
⟴Clichtove (Van) Josse | Théologien 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Belge (fl. France) | ≈ 1472 – 1543
► Effectue sa formation à Louvain puis à Paris où il reçoit son doctorat de théologie en 1506. Il eut Lefèvre d’Étaples pour professeur et, devenu son ami et collaborateur, commentera plusieurs de ses œuvres. Membre du cercle fabriste, professeur des arts libéraux et de théologie ainsi que bibliothécaire à la Sorbonne, il est aussi le précepteur de Guillaume Briçonnet. C’est encore et surtout un adversaire de Luther et d’Érasme, il prend d’ailleurs une part active au Concile de Sens. Il commente notablement Aristote et est favorable, comme son maître, aux travaux de Reuchlin. Nous intéresse d’ailleurs pour son De mystica numerorum significatione opusculum (1513)
, premier ouvrage qui, quoique court, est exclusivement dédié à la symbolique des nombres et à l’arithmologie፧. Théologien orthodoxe, il y traite des nombres seulement présents dans les Écritures et son interprétation est dans la ligne des Pères et de ses confrères quoique signée par une érudition et un mysticisme remarquable.
⟴Gaurico Luca | Astrologue 🞄 Italien | 1476 – 1558  
► Gaurico put jouir d’une excellente réputation de son vivant, faisant de lui l’astrologue le plus en vue des puissants. Il servit notamment Catherine de Médicis et Paul III, qui le nomma évêque. Versé dans les prédictions à caractère politique, il défend l’astrologie judiciaire dans son Oratio de Inventoribus et Astrologiae Laudibus (1508). Il est cependant principalement connu pour son Tractatus Astrologicus (1552) où il prolonge sa défense de l’astrologie judiciaire en érigeant de nombreux thèmes de papes, rois, savants et artistes. Recteur d’une école d’astrologie à Ferrare, il est en outre, le maître de Scaliger.
◆ Une anecdote raconte qu’il serait l’astrologue qui aurait annoncé à Catherine de Médicis qu’elle mourrait "près de Saint-Germain" ce qui amena la souveraine à éviter tout contact avec ce nom propre. Pourtant elle ne put tromper le destin, puisque le prêtre appelée auprès d’elle pour l’extrême-onction répondait au nom de Julien de Saint-Germain. Une autre version de l’anecdote mentionne plutôt Ruggieri comme étant l’astrologue en question.
⟴Schöner Johann | Astrologue 🞄 Allemand | 1477 – 1547  
► Mathématicien, astrologue et astronome. Disciple de Stöffler et héritier des manuscrits et des outils de Regiomontanus, il édite son œuvre. Il publie un exhaustif Opusculum Astrologicum {Opuscule astrologique} (1539) et un Judiciis Nativitatum {Jugement des nativités} (1545) qui montrent un intérêt pour la généthliaque. De grande renommée, il fait avancer la cartographie et la cosmographie profane. Il est l’inventeur d’un des premiers globes terrestres. Humaniste et prêtre catholique puis converti au protestantisme sous l’influence de Melanchthon.
⟴More Thomas | Chanoine, Saint, Lord chancelier 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Anglais | 1478 – 1535  
► Ami d’Érasme. Son Utopie, vision spéculative d’une société idéale s’inspire du platonisme. Lord grand chancelier sous Henri VIII il est finalement accusé de haute trahison et meurt exécuté.
⟴Charles (de Bovelles) | Philosophe, Mathématicien, Mystique 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Français | ‹ 1479 – ›1566  
► Élève puis enseignant au Collège du Cardinal-Lemoine où il a eu Lefèvre d’Étaples pour maître et qui, comme Clichtove, devient son ami. Chanoine de la Cathédrale de Noyon. Rationaliste scolastique, il est cependant influencé par le lullisme(1), le néoplatonisme médicéen et le néopythagorisme. Dans son De sensu (1510), il défend l’idée que la Terre est un être vivant. Son Art et science de Géométrie (1514) est le premier traité de géométrie en français. Auteur d’un Divinae caliginis liber (1526) où s’intéresse à la théologie négative de Denys et De Cues. Critique vertement Trithème qu’il estime être un sorcier après avoir pu parcourir un manuscrit de la Stéganographie.
☩ 𝕍 Le Rationalisme mystique de Charles de Bovelles professeur au Collège du Cardinal Lemoine in Nouvelle Revue du XVIe Siècle (V°13, N°1, pp.87-103), Jean-Claude Margolin, 1995.
1.⟴ Il écrit d’ailleurs une Vie de Lulle.
⟴Thenaud Jean | Théologien, Qabaliste (chrétien) 🞄 Franciscain, Humaniste 🞄 Français | ≈ 1480 – ≈ › 1542  
► Protégé de Louise de Savoie, il est précepteur du futur François Ier. À la demande de sa mécène, il rédige à destination du jeune héritier, dès 1508, le Triumphe des vertuz, miroir des princes contenant la première traduction française de l’Éloge de la folie d’Érasme. Cependant, l’ouvrage en quatre parties mettra dix ans à être terminé. Il lui écrit également l’Introduction à la Cabale, ouvrage commandé par le Roi qui était curieux du sujet. À la demande de Louise de Savoie, Thenaud entreprend aussi un voyage en terre sainte en 1511-1513, passant par l’Égypte. Il raconte son périple dans le Voyage d’Outre Mer (1523) qui sera lu par Rabelais. Abbé du Monastère des cordeliers d’Angoulême dès 1529 puis aumônier du roi dès 1532.
☩ 𝕍 Jean Thénaud, voyageur et kabbaliste de la renaissance in Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance (T°16, N°1, pp.139-144), François Secret, 1954.
⟴Riccio Paolo | Médecin, Philosophe, Qabaliste (chrétien) 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Allemand | 1480 – 1541
► Médecin juif converti catholique en 1505, disciple de Pomponazzi, Riccio est également le premier titulaire de la chaire d’hébreu à l’Université de Pavie où il enseigne la philosophie et la médecine à place d’Érasme. Intéressé par la qabale et l’astrologie፧, il est en outre, un membre important de la fameuse Sodalitas celtica {Confrérie celtique} de Trithème. Il fut encore médecin de Maximilien Ier et précepteur du futur empereur Ferdinand Ier.
► Riccio est attaché à l’idée d’harmoniser le Talmud et la qabale avec la doctrine chrétienne, il s’appuie pour cela sur Pic et sur son élève en hébreu Reuchlin. Il édite princeps, traduit librement de heb. vers lat. et annote une partie des שערי אורה (Sha’ari Ora) {Portes de la lumière, Portæ Lucis} de Gikatila. Par l’intermédiaire de cet ouvrage, il influence Reuchlin dans la rédaction de son De Arte Cabbalistica. Il traduit également le Talmud en lat., de façon très partielle et produit plusieurs textes autour de la religion, la philosophie et la qabale. Connu pour sa controverse avec le théologien catholique contre-réformiste Johannes Eck, Riccio soutenant l’idée néoplatonicienne que les astres sont pourvus d’une âme.
⟴Camillo Giulio [Delminio] | Philosophe, Hermétiste 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Italien | ≈ 1480 – 1544  
► Homme de lettre et érudit, il enseigne la rhétorique et la logique à l’Université de Bologne. Admirateur de Cicéron(1), ami de Pietro Bembo et Sebastiano Serlio, proche de Titien, il fut vraisemblablement influencé par Zorzi. Connu pour son projet architectural de mnémonique universelle hermético-qabalistique le Théâtre de mémoire, sorte d’amphithéâtre vitruvien en bois, qui lui valu l’admiration de maints artistes et intellectuels autant que l’incompréhension et les sarcasmes de certains. Pour Camillo, la pratique de la rhétorique, qui soit s’adosser aux grands auteurs(2) est un art de transmutation du verbe(3), changeant sa forme par le biais de permutations dans la ligne de Lulle. Cet art peut être exhaussée au rang métaphysique en se focalisant sur les concordances mis à jour par le néoplatonisme, l’hermétisme et la qabale et servir d’outil magique afin de circuler sur l’échelle reliant le microcosme au macrocosme.
↪ Son théâtre, cosmogramme architectural structuré analogiquement en 49 loci, se propose d’aider à développer cette compétence. Ces loci sont obtenus par les permutations de deux fois sept degrés verticaux et horizontaux associés respectivement aux planètes et aux degrés de la création et logeant chacun une figure mytho-symbolique. Attirant l’attention de François Ier, Camillo se rend en France en 1530 et voit son projet financé sous réserve que le résultat soit réservé au roi. Perdant cependant la faveur du souverain, il trouve un nouveau mécène à Milan en 1544 dans la personne d’Alfonso de Ávalos alors gouverneur de la città meneghina, mais l’ambitieux projet ne voit toutefois jamais le jour. Il le décrit néanmoins dans son Idea del theatro (1550)
rédigé peu avant sa mort.
☩ Il existe plusieurs papiers intéressants à son sujet, ntm. et évidemment en ita. mais 𝕍 déjà Mémoire et invention : les machines rhétoriques de Giulio Camillo in Publications de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (N°25, pp. 179-189), Lina Bolzoni, 2014 puis Giulio Camillo Delminio et l’« art transmutatoire » in Alchimie et philosophie à la Renaissance (pp. 193-204 ), Cesare Vasoli, 1993.
1.⟴ Dont il s’astreint à une analyse quasi "anatomique".
2.⟴ Cicéron, Virgile, Pétrarque, Boccace.
3.⟴ Au même titre que l’alchimie፧ pour les corps et la déification pour l’esprit.
⟴Lavi (ibn) Shimon | Kabbaliste 🞄 Séfarade | 1486 – 1585
► Hakham {sage} connu pour avoir revitalisé les taqqanot {lois communautaires} et les études torahniques à Tripoli. Il l’est encore pour son commentaire du Zohar, le Ketem Paz {Or fin} qui est l’un des premiers qui furent rédigés et demeure le plus important du Maghreb. Il met d’une part l’emphase sur l’exégèse remez {symbolique} et la théurgie et d’autre part, contient des considérations sur les sephiroth ainsi que sur l’alchimie፧. Il est enfin également connu pour son piyyout {poème (liturgique)} Bar Yochai. L’influence de son œuvre est prépondérante chez les juifs de Libye qui suivent toujours les traditions qu’il a instauré, notamment le chant, chaque vendredi soir de shabbat, du piyyout précité.
⟴Torquatus Antonius | Médecin, Astrologue 🞄 Italien | fl. 1490 – 1495
► Obscur, on le sait présent à la cour d’Este de Ferrare : il a donc vraisemblablement connu Prisciani. Auteur d’un De Eversione Europæ prognosticon (1480) ouvrage de prophéties(1) célèbre en son temps et ayant eu un impact tant politico-propagandiste qu’astrologico-religieux. A participé à entériner l’idée de catastrophes à survenir pour la grande conjonction Jupiter-Saturne en Cancer de 1503. ? en fait Antoine de Cadenet, médecin de Salon-de-Provence.
1.⟴ Réforme luthérienne, Sac de Rome de 1527, prise de Constantinople par les Turcs…
⟴Pighius Albert | Théologien catholique, Mathématicien, Astronome-astrologue 🞄 Hollandais | ≈ 1490 – 1542  
► Rhétoricien habile envoyé combattre la réforme et notamment Calvin. Producteur d’une défense de l’astrologie፧ : Astrologiæ defensio adversus prognosticatorum vulgus (1518).
⟴Agricola Georgius [Pawer Georg] | Médecin, Naturaliste, Minéralogiste 🞄 Humaniste 🞄 Allemand | 1494 – 1555  
I. Histoire
► "Magister Islebius"(1), père de la minéralogie moderne et de la métallurgie. D’abord intéressé par la théologie, la philosophie et la philologie, il enseigne le latin et le grec en 1519, mais en 1522 il s’intéresse ensuite à la médecine, la physique et la chimie. Il étudie d’abord à Leipzig puis se rend en Italie, à Bologne, Padoue puis Ferrare où il obtient son doctorat de médecine. En 1527, il se fixe à Jáchymov (Saint-Joachimsthal) en tant que médecin; son intérêt cependant, se tourne ensuite vers les mines, les minéraux et les végétaux qui s’y trouvent. Trouvant une nouvelle vocation, notamment au travers de d’un intérêt pour les propriétés médicales des minéraux, il s’installe ensuite à Chemnitz en 1533 en tant que stadtphysikus {médecin de la ville}, région la plus riche en mines d’Europe célèbre pour ses mines d’argent, il est également désigné maire de Chemnitz et historiographe par le prince électeur Maurice de Saxe. Ami de Trithème, il fait parti de la Sodalitas celtica {Confrérie celtique}.
■ Npc. avec son contemporain Daniel Meyer dit "Philopistius Agricola" (≈ 1490-1540), théologien franciscain suisse(5), ni avec Johann Agricola (1590-1668) médecin et alchimiste postérieur, ni même avec Rudolph Agricola (1444-1485), humaniste néerlandais antérieur (nous avons vu ces confusions passim).
II. Travaux
► Influencé par Théophraste, Fribergius et Biringuccio, encouragé par Erasme et inspiré par le De Re Rustica (1472), il est connu pour son ouvrage posthume De Re metallica (1556, 12 V°), à la fois théorique et pratique, encyclopédique, méthodique et précis, quoique assez verbeux et pourvu de magnifiques et nombreuses gravures de Basilius Wehring. Dans cet ouvrage, fondé sur l’observation et l’expérience, il expose une synthèse des connaissances minières, géologiques et stt. métallurgiques de son époque(2). Il est l’inventeur de méthodes pour exploiter les mines et traiter le minerai(3), techniques révolutionnaires qui perdurèrent pour l’essentiel jusqu’au XVIII. Cet ouvrage est également un ouvrage alchimique(4), bien qu’il critique la métallogénie "organique" et la géologie minière d’Aristote, Avicenne et Albert. Du reste il est incidemment question dans cet ouvrage, des esprits telluriques présents dans les mines et de la virgula furcata pour trouver les gisements. En outre, dans son De Natura fossilium (1546), Agricola livre, pour la première fois, des descriptions analytiques de minéraux selon leurs propriétés physiques, ce qui en fait le premier ouvrage de référence en la matière. Dans cet ouvrage, il décrit de nouveaux minéraux, dont le bismuth.
1.⟴ Il est né à Eisleben.
2.⟴ L’Histoire naturelle de Pline l’Ancien était, à ce moment, toujours la référence !
3.⟴ Ntm. les processus d’extraction et d’affinage des métaux.
4.⟴ Beaucoup de techniques sont encore en cette matière et il reste fidèle au cadre des éléments.
5.⟴ Auteur de l’ouvrage alchimique Galerazeya, sive revelator secretorum
en 1531; C° : De Lapide Philosophorum, De Arabico Elyzir, De Auro potabili et Pomis Paradisi.
⟴Steuco Agostino | Prêtre, Philologue 🞄 Catholique, Humaniste 🞄 Italien | 1497 – 1548  
► Évêque augustinien spécialiste de l’Ancien Testament, ami de Zarlino, polyglotte et bibliothécaire de la collection papale de manuscrits et d’estampes du Vatican en 1538. S’est notablement engagé contre la réforme(1) et participe au Concile de Trente à Bologne en 1547. Nous intéresse pour son fameux De Perenni philosophia
(1540), goûté durant le XVI – XVII(2). Il s’agit du premier ouvrage consacré à l’idée de prisca philosophia, idée initialement élaborée par le néoplatonisme médicéen, où il tente de concilier les systèmes magico-religieux et philosophiques antiques et le christianisme dans un catholicisme platonisant(3). Dans le contexte d’un âge d’or initial qui se dégrade progressivement, il estimait en effet que la sagesse, unique en son essence, est toujours accessible, quoique différemment appréhendée quantitativement et qualitativement selon les époques et que, le savoir antique(4) contenait ainsi dans son noyau, en germe, la révélation chrétienne. C’est par l’intermédiaire de cet ouvrage que le terme de "philosophia perennis" est introduit.
☩ 𝕍 La symphonie des savoirs dans le De perenni philosophia d’Agostino Steuco, Lucia Tissi, 2018.
1.⟴ Il critique Luther et Erasme.
2.⟴ Il influencera ntm. Leibniz.
3.⟴ Chose qui ne lui valut d’ailleurs aucune suspicion de sa hiérarchie contrairement au Nova de Universis Philosophia de Patrizi.
4.⟴ Fragments orphiques, textes hermétiques et théosophiques, Oracles Chaldaïques, oracles sibyllins et bien sûr, Platon, Aristote ou encore Proclus.